Hyppolite est ce qu'on pourrait appeler un enfant chanceux. Il est né au milieu de deux parents aimants, de deux parents qui s'aiment, et de deux parents suffisamment fortunés pour qu'Hyppolite ne sache pas ce que misère veut dire. Sans compter qu'ils sont sorciers tous les deux, alors le garçonnet n'a pas non plus connu la haine de l'autre ou la discrimination. Quand il considère l'histoire de beaucoup de ses camarades de classe, il se dit qu'il a une sacrée chance... même s'il ne peut pas s'empêcher de se plaindre. L'enfance d'Hyppolite a été heureuse et merveilleuse au sens premier du terme. Avec un père magizoologiste, c'est normal ! Il a grandi au milieu de créatures magiques de toute sorte, et il a adoré ça. Il trouvait (et trouve toujours, même s'il l'avoue moins) le métier de son père exceptionnel. Petit, il n'avait d'yeux que pour son père, il rêvait de lui ressembler. Il aimait beaucoup sa mère aussi, bien sûr, mais elle avait un métier plus banal quand même (même s'il savait qu'elle avait été Auror, et il aimait bien qu'elle lui parle de cette période de sa vie)... C'est plus tard que la situation s'est inversé.

L'année avant son entrée à Poudlard, Norbert avait été peu présent chez les Dragonneau, et le jour où il avait reçu sa lettre d'admiration, il n'avait pas été là pour fêter ça. Son père avait toujours été absent comme ça, mais à l'époque, Hyppolite s'en rendait moins compte. Maintenant, ça lui sautait aux yeux. Et il le vivait mal. Le métier de son père, qu'il avait admiré, étant le responsable. Il devint plus désagréable quand il fut question d'évoquer les créatures de Norbert. Et elles étaient un sujet de discussion récurrent pourtant. C'était peut-être un caprice de gosse, mais ça le pesait beaucoup.

Il fut envoyé à Poufsouffle, comme son père avant lui, et ses premiers mois à Poudlard ne furent pas facile. Ses parents lui manquaient cruellement et il avait beaucoup de mal à se faire des amis. Il ne se sentait pas à sa place à Poudlard, et quand il rentrait, il avait l'impression qu'il n'avait pas manqué assez à ses parents. Il développait un vrai complexe d'infériorité, et il ne savait rien faire contre, quand il cherchait à se raisonner, les vieilles angoisses reprenaient le dessus aussitôt. Et sa situation empira quand son cousin vint s'installer chez eux en Angleterre. Hyppolite se sentit aussitôt jaloux d'Adrian, il a l'impression qu'il a plus d'intérêt pour son père que lui-même. Comme s'il lui fallait ça pour n'avoir aucune confiance en lui. Quand il a apprit que sa tante le rejoignait elle aussi, il avait failli éclater de joie. Bon débarras ! Mais même s'il n'aura plus à le supporter chez lui, il le verrait quand même régulièrement à Poudlard. Et cette idée l'agace beaucoup.