C

enlyn ne savait pas exactement combien de temps s'était écoulé tandis que, du haut de son brossdur, elle avait sillonné le ciel gallois. Elle avait perdu la notion du temps, et ça lui allait très bien comme ça. Elle avait enfin le sentiment d'être libre. Quand elle volait, elle avait cette impression malheureusement fausse de laisser ses soucis au sol et de s'abandonner à la sensation du vent dans ses cheveux, à la caresse du soleil d'août, à la vitesse, quand elle accélérait un peu la cadence de son balai. Elle adorait voler, et cette propension qu'avait ce sport à la délester de ses problèmes et considérations n'y était sans doute pas pour rien. Elle se sentait toujours plus forte, plus sereine, plus capable, dans le ciel. Combien de temps y avait-elle passé après la mort de son père ! Et combien de temps y passait-elle maintenant ! Il faut dire que ces histoires de voyage temporel et de descendance venue des années 1990 avaient été difficiles à assumer, et pourtant, elle n'était pas la plus touchée par cette histoire. Les plus à plaindre restaient Louisa et Rhian. Rhian... Ces derniers temps, elle passait plus de temps dehors qu'à la maison et elle s'en voulait un peu. En essayant d'apaiser sa conscience, elle en oubliait parfois d'être présente pour son frère jumeau, qu'elle comptait pourtant aimer et protéger quoi qu'il arrive. Elle s'était finalement résignée à poser pieds à terre, un peu à contrecœur, consciente qu'il ne fallait surtout pas négliger son frère, et qu'il était important qu'elle vienne le retrouver.

Elle avait donc rangé son balai et, quelque peu épuisée par l'effort, avait fait un pas dans l'entrée. On était venu déposer du courrier dans l'entrée quand elle était dehors. Leur mère était absente, allez savoir où, et Rhian était sûrement dans sa chambre et n'avait pas dû entendre le passage du hibou. Intriguée, Cenlyn se pencha pour ramasser la lettre au sol. Le nom de l'expéditeur n'était pas inconnu à Cenlyn, c'était celui de Caelan, que Cenlyn connaissait et appréciait assez, même si elles ne s'étaient pas revues depuis un moment. Ce qui ne la rassurait pas davantage, d'ailleurs. Plus étrange encore, la lettre était destinée aux jumeaux Potter et non à leur mère. Pour elle, ces nouvelles après tout ce temps avaient peu de chances d'être bonnes. Avec une appréhension nouvelle, elle ouvrit l'enveloppe.

Je suis désolée de vous transmettre l'information de cette manière. Votre mère est à Sainte-Mangouste. Elle n'est pour l'instant pas en état de rentrer et de vous écrire. Je suis avec elle, je viens vous voir rapidement.
Surtout, ne vous inquiétez pas, et restez chez vous, je fais au plus vite.
J'ai hâte de vous revoir.

Caelan

Le teint de Cenlyn blanchit instantanément, tandis qu'elle lisait et relisait encore et encore cette missive alarmante.

-Rhian ! cria-t-elle pour appeler son frère, tout en tendant la lettre en direction de l'endroit où il apparaîtrait sans doute, afin qu'il la lise à son tour.

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A

vec appréhension, Cenlyn regardait son frère parcourir la lettre de Caelan du regard, et cela lui procurait un sentiment absolument horrible. Elle avait le sentiment de sentir son cœur se briser à mesure qu'il découvrait l'horreur qui était en train de se produire, et en conséquence, son cœur à elle se brisait aussi. Elle avait le sentiment qu'on enfonçait un poignard dans sa poitrine. C'était horrible, elle avait peur pour sa mère, et ce sentiment d'angoisse se conjuguait à celui qu'elle voyait naître chez son frère. Subir l'épreuve était chose terrible, voir Rhian la subir en même temps qu'elle, c'était pire encore. Elle resserra aussi fort que possible son étreinte quand son frère se serra dans ses bras. Elle se sentait totalement démunie, face à une situation qui la dépassait complètement, elle ne savait que croire et que penser, quelles émotions l'accaparer. Cenlyn se sentait partagée entre la peur, celle de devenir orpheline, la colère, celle d'avoir la confirmation que leur mère leur mentait depuis tout ce temps, et la compassion, car si cette situation lui faisait du mal, elle n'imaginait pas ce qu'il devait en être de Rhian, que les derniers événements avaient déjà tant fragilisé. Qu'est-ce qu'on doit faire ? demandait-il. Si seulement elle le savait. Elle aimerait bien pouvoir trouver les mots qui rassureraient Rhian, savoir quoi faire, savoir comment empêcher les larmes qui menaçaient de s'échapper de ses yeux de couler le long de ses joues... mais elle ne s'en pensait pas capable. À la fois confrontée à sa détresse et à celle de son frère, elle se sentait bouleversée et impuissante. Qu'est-ce qu'ils devaient faire, oui ?...

-J'en sais rien, admit-elle sans lâcher les bras de son frère. Mais on va s'en tirer, tout va bien se passer, maman est plus forte que ça, elle va s'en sortir.

Cenlyn n'était pas certaine de pouvoir le croire elle-même, mais elle pensait qu'il n'était pas tant de se laisser abattre mais toujors de croire qu'ils allaient pouvoir s'en sortir. L'état dans lequel se trouvait Purdey était manifestement grave, mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'allait pas s'en sortir. Quant à eux, s'ils ne se battaient pas maintenant, s'ils ne parvenaient pas à croire en une solution, ils ne s'en sortiraient jamais. Malheureusement, pour le moment, ils ne pouvaient pas vraiment agir mais seulement attendre, même si ce n'était pas le plus agréable. Elle avait très envie de se rendre immédiatement à Sainte-Mangouste mais elle savait pertinemment que ce ne serait pas une bonne chose.

-Pour l'instant, on doit attendre Caelan, c'est tout ce qu'on peut faire.

C'était horriblement frustrant comme attitude, malheureusement, elle ne pensait pas qu'ils aient beaucoup d'autres choix. C'était le moment d'être raisonnables... même si la jaune et noir n'aimait pas être raisonnable, encore moins maintenant.

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L

e nœud qu'elle sentait naître dans la gorge de son frère, Cenlyn sentait grandir le même au creux de sa propre gorge... Elle se sentait horriblement inquiète pour sa mère, bien sûr, et cette inquiétude se jumelait à celle qu'elle éprouvait pour son frère. Elle ne vivait pas seulement son propre malheur, elle vivait aussi celui de son frère. Elle ne supportait pas qu'il aille mal, et il souffrait déjà suffisamment comme cela. C'était un véritable crève-cœur que de le voir dans cet était, que de regarder ses larmes couler et de savoir que quoi qu'elle puisse faire ou dire, elle ne serait pas en mesure de le rassurer ou de le faire sourire... parce qu'elle-même ne se sentait pas bien, parce que la situation était insoluble, parce qu'il n'y avait rien qu'ils puissent faire. Ils n'avaient pas d'autre choix que d'attendre, de patienter, d'espérer que tout irait bien, sans pouvoir avoir la moindre certitude. Si elle avait seulement pu sécher les larmes de son frère, elle aurait réussi à se sentir ne serait-ce qu'un peu mieux... Sauf que pour cela, il aurait fallu qu'elle-même n'ait pas le sentiment que les larmes étaient en train de poindre au coin de ses yeux (et ce n'était pas qu'une impression). Si elle n'avait pas fondu en larmes encore, c'était seulement parce qu'elle voulait rester aussi forte que possible pour eux deux. S'ils craquaient tous les deux, ils n'arriveraient à rien. Plus facile à dire qu'à faire, bien sûr... Sitôt que Caelan serait là, il était fort à parier que la demoiselle ne saurait plus se contenir... Déjà là, c'était difficile. Plus difficile encore quand Rhian émit l'hypothèse que Purdey pourrait ne pas s'en sortir. Oh, elle y pensait, elle aussi... mais elle n'avait aucune envie d'affronter de trop près cette hypothèse. Et si leur mère ne s'en sortait pas, qu'est-ce qu'ils allaient devenir ? Elle n'en savait rien. Elle ne voulait pas savoir.

-Dis pas ça... répondit-elle en resserrant son étreinte. Elle préférait le déni total à cette réalité à affronter. Elle va se battre, elle se bat toujours. Oui, sauf que leur père s'était battu, lui aussi, et ça ne l'avait malheureusement pas empêcher de passer l'arme à gauche. Ils ne pouvaient négliger la perspective de devenir orphelins... mais Cenlyn avait envie de fermer les yeux dessus, malgré tout. Et si jamais... elle prit une grande inspiration qui manqua de se muer en sanglots. Je serai toujours là pour toi, moi, même si elle doit partir, moi je serai là pour toi, et tu seras là pour moi. Et on s'en sortira.

Elle aurait préféré éluder la question, elle ne voulait pas faire face au pire, mais elle ne voulait pas laisser Rhian sans réponse. S'il ne devait rester qu'eux deux, ils resteraient quand même une famille, et ils arriveraient à s'en sortir.

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C

enlyn afficha un fin sourire quand son frère lui affirma qu'il serait toujours là pour elle. Elle le savait, il n'avait pas besoin de l'affirmer, mais ça lui faisait malgré tout de l'entendre. C'était le moment de s'assurer, l'un comme l'autre, de leur soutien mutuel, pour s'assurer qu'ils supporteraient l'épreuve quoi qu'il advienne. Elle ne savait pas ce qui se passerait, elle ne savait pas ce qui les attendait, elle avait bien conscience, au rythme où ils allaient, que leurs ennuis n'étaient absolument pas finis, loin s'en faut. Mais au moins, ces ennuis, ils les affronteraient tous les deux ensemble, parce qu'à deux, ils étaient capables de tout, ils étaient plus forts. Ils étaient des Potter, ils feraient honneur au nom de leur père, au nom de leur mère... Quoi qu'il advienne, ils se tiendraient forts, ils se tiendraient prêts, et ils s'en sortiraient. Quand l'un douterait, l'autre lui inoculerait des certitudes, quand l'un serait blessé, l'autre le soignerait, quand l'un souffrirait, l'autre l'apaiserait. Ils étaient parfaitement complémentaires, et c'était cette complémentarité qui saurait les préserver du mal qui les guettait constamment, comme une plaie qui s'infectait et qui ne savait se guérir. Ce ne serait pas toujours facile, mais ils pourraient toujours s'en sortir, même face au pire. Rhian savait que même si elle aurait du mal à se remettre de la mort de sa mère, comme cela avait été dur pour eux de perdre leur père. Mais elle ne supporterait absolument pas, par contre, d'être séparée de son jumeau. Ça, ce serait sans l'ombre d'un doute au-dessus de leurs forces, mais ça n'arriverait pas. Ils pourraient compter l'un sur l'autre quoi qu'il advienne.

-Exactement, frangin. Tout va bien se passer.

C'était peut-être un mensonge, mais ce n'était pas grave, certains mensonges sont bienveillants et ils ne tromperaient pas Rhian non plus, mais ils étaient apaisants et rassurants, e c'était tout ce qui comptait en la circonstance. Puisqu'ils ne pouvaient rien faire, puisqu'ils étaient contraints d'attendre sans possibilité d'intervenir, autant se rassurer comme ils le pouvaient. Pas accepter la situation, juste accepter qu'ils s'en relèveraient quelle que soit l'issue.

-Bon... on va pas rester plantés là à attendre, dit-elle d'un ton qu'elle voulait détendu, comme s'ils se contentaient d'attendre le magicobus. Ça te dit, on se fait une partie de bataille explosive ?

Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, c'était peut-être donner l'impression qu'ils s'en moquaient, alors que ce n'était pas du tout le cas, chacun supportait l'angoisse et la douleur comme il le pouvait. Ce ne serait pas forcément efficace, mais il ne servait à rien d'attendre dans la tristesse et le silence. Ça ne ferait qu'empirer le tout.

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enlyn n'était vraiment pas certaine que ni elle, ni son jumeau seraient réellement d'humeur à jouer, vraiment capables d'oublier un temps la peur qui leur serrait forcément les entrailles, mais elle préférait cela au fait de rester seuls tous les deux à attendre en se regardant en chiens de faïence. Le temps passerait peut-être plus vite, comme cela. Ça se tentait, en tout cas. Rhian paraissait du même avis que la jeune fille, quoi qu'il en soit, et cette dernière devait bien reconnaître que ça la rassurait un peu. Elle n'avait pas envie de passer pour la fille ingrate et indifférente qu'elle n'était pas le moins du monde. À l'heure actuelle, elle s'avérait simplement décontenancée par des sentiments diffus et désagréables, la peur, l'angoisse même, la rage, la colère, la rancœur, tout cela ne faisait pas bon ménage. Une partie de bataille explosive n'allait sans doute rien résoudre, mais c'était toujours mieux que rien. La jaune et noir parvint à esquisser un très fin sourire quand son frère suggéra de chercher des choses à grignoter tandis qu'elle-même mit le jeu en place. Elle appréciait l'initiative, même si pour sa part, elle ne s'imaginait pas capable de manger quoi que ce soit. Elle se disait que si elle avalait le moindre aliment, son organisme le rejetterait aussitôt. Elle se sentait en vrac, et sans même avoir encore avalé quoi que ce soit, elle avait déjà la nausée, alors... Elle ne contesta cependant pas l'idée de Rhian, qui après tout corroborait la sienne, qui consistait à donner un semblant de légèreté à une situation ignoblement pesante. Pendant que le garçon fouillait dans les placards de la cuisine pour dénicher des choses à grignoter, Cenlyn, elle, s'emparait du jeu de cartes explosives qu'elle disposa en deux tas égaux sur la table de la salle à manger. Elle prenait place sur une chaise quand Rhian revint, armé de quelques victuailles qui lui auraient semblé bien alléchantes en d'autres circonstances mais qui, à l'heure actuelle, ne savaient rien lui inspirer du tout.

-Cette fois-ci ? demanda-t-elle, faisant mine de s'offusquer quand son frère la prévint de ne pas tricher. Je ne triche jamais, moi, monsieur, répliqua-t-elle alors. C'était faux. Même si Cenlyn aimait devoir ses victoires à elle-seule et était globalement fair-play, elle restait une mauvaise joueuse, et à ce titre, il avait pu lui arriver de tricher à quelques rares occasions. Mais elle doutait fort que Rhian soit plus innocent qu'elle si on partait de ce principe. Tout ça parce que tu acceptes pas que je sois plus douée que toi à ce jeu-là !

Encore une fois, il n'y avait pas de raison, d'autant que les batailles de carte explosives reposaient sur le hasard, le hasard et rien d'autre. Mais c'était une manière de détendre l'atmosphère... et Cenlyn n'était pas entièrement convaincue qu'elle soit totalement efficace. Ils faisaient ce qu'ils pouvaient, en tout cas.

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enlyn adressa une grimace pour le moins enfantine (mais en même temps, même s'ils avaient tendance à l'oublier, à force, ils étaient encore des enfants, au fond) à son jumeau quand il osa lui affirma qu'elle n'était pas plus douée que lui. Bon, d'accord, il avait parfaitement raison. Elle n'était certainement pas plus forte que lui, dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, en réalité. Elle trouvait, globalement, que son frère valait beaucoup plus qu'elle et il y avait bon nombre de ses qualités qu'elle aurait apprécié de pouvoir lui emprunter de temps à autre. Oh, elle savait qu'elle avait ses qualités propres, qui n'appartenaient qu'à elle (par exemple son don pour le Quiddich), mais ce n'était pas grand-chose en comparaison des manifestes qualités humaines que Rhian possédait. Elle-même avait bien du mal à rivaliser. Tenez, par exemple, le rouge et or ne trichait jamais... alors que par moments, Cenlyn, elle, ne pouvait pas s'en empêcher (et en l'occurrence, elle comptait bien le prouver de nouveau... quoique c'était peut-être le moment de jouer fair-play et de laisser son frère gagner). Bref, quoi qu'il en soit, ce n'était qu'une petite pique sans importance, que son frère lui avait adressée. De quoi apporter un peu de légèreté à une situation qui était bien loin de l'être.

C'était un jeu, un simple jeu qui pourrait facilement les rassurer, qui leur permettait de se calmer, de s'apaiser, de se sentir mieux, d'avoir le sentiment que rien au monde ne pouvait les atteindre. C'était un jeu rassurant, tranquillisant, stimulant. Cenlyn abattit la carte suivante sur la table, le jeu se poursuivit. Jusque-là, la jaune et noir n'avait pas triché. Oui, ça faisait du bien, ça faisait du bien.
Leur mère était une grande joueuse. Cenlyn avait hérité ça d'elle, et dans l'ensemble, les jumeaux avaient hérité de cette même volonté de gagner, comme s'ils jouaient leur vie dans une simple partie de carte alors même qu'ils en oubliaient le score ensuite, quelque temps après. Ils avaient aussi hérité leur aptitude à être de bien trop mauvais perdants. Cenlyn se souvenait de leur dernière partie de carte... Elle avait été très animée, mais c'était un moment agréable. Ils étaient ensemble tous les trois, les jumeaux n'étaient pas encore en proie à tous les dilemmes auxquels ils étaient à présent confronté. Ils menaient un train de vie simple, paisible, agréable.. c'était parfait, c'était simple... Sa mère allait bien. Elle n'était pas entre la vie et la mort, ils n'attendaient pas désespérément après des nouvelles qui pourraient peut-être être funestes. Sans qu'elle l'ait vu venir, l'émotion gagna Cenlyn tout à coup. Elle n'avait absolument rien pu contrôler. Ça l'avait puissamment saisie à la gorge, et les larmes lui montèrent aux yeux. Finalement, elle fondit en larmes.

-Désolée, s'excusa-t-elle dans un sanglot en s'essuyant les yeux.

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enlyn n'avait vraiment pas voulu craquer, et elle s'en voulut profondément d'avoir ainsi cédé à la pression, à la peur et à la tristesse. Elle avait voulu être forte, elle avait tout fait dans ce but, elle voulait être forte pour eux deux, et surtout, elle n'avait pas voulu que son frère jumeau la voie dans cet état. Malheureusement, elle n'avait su contrôler ni ses larmes, ni ses sanglots, ils avaient été plus forts qu'elle. Incapable qu'elle avait été de se retenir, elle supportait maintenant la culpabilité d'avoir ainsi craqué en plus de la faiblesse émotionnelle qu'elle affichait. Ceci dit, elle devait reconnaître que ça faisait du bien, de ne pas contenir plus ses émotions. Les larmes la menaçaient depuis un bon moment, depuis l'instant où elle avait lu la lettre de Caelan, impossible pour elle d'y résister, et même si elle s'en voulait de ne pas avoir su se montrer aussi forte qu'elle l'aurait voulu vis-à-vis de Rhian, elle apprécia, pour une fois, d'être consolée par lui. Elle s'abandonna à ses larmes et à ses bras un instant, resserrant leur étreinte en sanglotant. C'était trop dur, beaucoup trop dur pour qu'elle fasse semblant de rien. L'épreuve était bien trop douloureuse, l'angoisse lui serrait l'estomac, comment faire abstraction. Après quelques secondes, Cenlyn décida malgré tout de quitter les bras de son frère, alors qu'il lui disait que ce jeu n'était pas une bonne idée, et que de toute façon, Caelan ne tarderait pas. il fallait l'espérer, oui. Non pas que la présence de l'amie de leur mère changerait tout à la situation, mais elle devait avouer avoir besoin d'une présence adulte, qu'un adulte se charge de prendre les choses en main, pour qu'elle et son frère n'aient plus qu'à se laisser porter par les circonstances. Elle avait envie de se déresponsabiliser de tout. C'était loin d'être une attitude judicieuse, mais elle n'aurait su lutter contre, elle se sentait aussi incapable et inutile qu'une bête poupée de chiffon. Cenlyn essuya ses larmes d'un revers de manche et fit de son mieux pour afficher un léger sourire, mais il ressembla sans doute plus à une grimace.

-Si, c'était une bonne idée, affirma-t-elle, la voix un peu tremblante. Et elle le pensait toujours. D'accord, elle avait craqué, mais ce n'était pas une raison. Rester là, les bras croisés, à déprimer, ne les mènerait à rien, après tout. Te défile pas parce que tu sais que je vais encore gagner, répliqua-t-elle, toujours dans l'espoir de détendre l'atmosphère, tout en sachant qu'elle était tout sauf crédible de son côté.

Elle allait reprendre la partie comme si de rien n'était quand elle entendit le bruit distinctif d'un transplanage de l'autre côté de la porte d'entrée. Caelan était arrivée.

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