Si le sang de Phèdre est ce qu'il y a de plus pur, les parents de Phèdre ne correspondent en rien au cliché du sang pur moyen, fier de son statut, vivant dans l'oppulence et méprisant tout ce qui se rapporterait de près ou de loin aux moldus. Non, les Snowden étaient deux sorciers vivant de leurs modestes revenus, qui avaient le respect le plus total pour tout ce qui respire. Y compris les moldus. Et Phèdre aurait pu suivre le même chemin qu'eux... Pour preuve, sa prime éducation, elle la fit dans un école moldue dans la petite île écossaise où elle vivait alors, au milieu de camarades qui auraient pu la croire comme eux. Son enfance fut insouciante. Un temps. Puis ses pouvoirs commencèrent à se manifester. Phèdre ne contrôlait rien, et ses camarades, témoins des phénomènes étranges dont elle était à l'origine, ne tardèrent pas à faire ce que tout un chacun à cet âge a la tentation de faire en se retrouvant face à ce qu'il ne comprend pas et qu'il lui fit peur : ils lui firent vivre un enfer, à leur échelle, lui faisant subir humiliations après humiliations. Ce fut sans doute à partir de là que Phèdre cessa de vouloir se mêler aux autres, l'éventualité du rejet était bien trop violente pour elle. Ses parents finirent par accepter de la déscolariser.  Mais le harcèlement des habitants du village ne cessa pas pour autant, au point que les Snowden furent contraints de déménager.

Installée à Edimbourgh à partir de ses neuf ans, Phèdre aurait peut-être pu se réconcilier avec les moldus, c'était sans compter sur ce moldu qui, au détour d'une ruelle, agressa violemment Mrs Snowden. Elle survécut à l'agression, mais en resta diminuée. Agoraphobe, enfermée dans son mutisme, elle refusait dès lors de parler à Phèdre ou à son époux, époux qui accueillait chacun de ses silences par une gorgée d'hydromel bon-marché. Cet inconnu avait détruit sa famille. Bien sûr, c'était un moldu tout comme il aurait pu être un sorcier, mais Phèdre n'avait pas besoin de davantage pour vouer à ces êtres inférieurs une haine viscérale.

Elle eut quelques scrupules à se rendre à Poudlard en recevant sa lettre de l'école. Entre sa mère malade et son père alcoolique, elle avait été contrainte de mûrir avant l'heure et accomplissait pour la famille bien des tâches qui n'auraient pas dû lui revenir. Mais elle avait besoin de souffler, de vivre pour elle-même, et surtout, elle avait hâte de ne plus être entourée que de sorciers comme elle, alors elle oublia bien vite ses états d'âme et rejoignit les rangs de Poudlard où, aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, elle fut envoyée à Gryffondor. Élève brillante et renfermée, elle mena ses études d'une main de maître, sans pour autant tisser le moindre lien amicale avec qui que ce soit. Si elle était à présent parmi les siens, accorder sa confiance à autrui resta un exercice difficile pour elle. Toutes les vacances, elle rentrait retrouver ses parents dans un état chaque fois plus lamentable. Elle compatit d'abord puis, au fil des années, se détacha progressivement d'eux, finit même par les détester, honnissant leur faiblesse et leur laisser-aller. Elle, elle refusait de se lamenter sur son sort, elle comptait bien s'en sortir seule, sans l'aide de ses parents. Elle s'imaginait un petit talent pour l'écriture et espérait devenir écrivain.

Elle devint journaliste. En soi, c'est un travail qui lui plaît, on la paye pour écrire, ce qu'elle aime et sait faire, elle n'est pas à plaindre... Même si elle doit constamment subir le harcèlement de son rédacteur en chef et la prise en charge de sujets "tout juste bon pour elle" selon ses dires, qui n'ont rien de bien palpitants, donc. Ce fut dans le cadre de la rédaction d'un article sur Gringotts qu'elle fit la connaissance d'un briseur de sort du nom d'Aaron Jefferson, qui sut assez miraculeusement percer sa carapace, et lui fit découvrir l'Hydre, cette organisation créée en parallèle des mangemorts pour rendre honneur à Grindelwald et ne pas se soumettre à un adolescent dont, dit-on, le sang ne serait même pas entièrement pur. Elle s'investit dorénavant pleinement auprès de l'Hydre, tout en s'exaspérant de voir Aaron, de son côté, retourner sa veste et embrasser finalement la cause des mangemorts. Soit, ça lui apprendrait à accorder sa confiance à quelqu'un. Qu'importe, son investissement au sein de l'Hydre ne s'en est vu que renforcé, et elle compte bien profiter de sa place au sein de la gazette du Sorcier pour que l'organisation s'attire les faveurs des médias.