C'était vraiment difficile. Les conditions de vies dans une endroit pareil n'étaient pas non plus faites pour être agréables. Autrement cela perdrait pas mal d'intérêt. Mais se posaient-ils des questions? Leur arrivait-il de se demander si ce qu'ils faisaient était suffisant? Morticia était sûre que non. Ce n'était pas possible autrement. Il était même possible qu'ils soient parfois vraiment sadiques. C'était l'avis de l'ancien professeur de Poudlard. Ancien, car, après-tout, qui voudrait encore d'elle comme professeur maintenant? Déjà la première fois c'était limite. Mais si elle sortait, elle ne pourrait pas trouver autre chose. Elle le savait. Elle pouvait déjà le sentir. Comme si on pouvait vraiment laisser une femme qui sortait de là s'occuper de classes. Rien que de s'occuper de n'importe qui on lui refuserait à coup sûr. Qui ferait confiance à une folle de toute façon? Personne, bien sûr. Même si elle n'était pas vraiment folle. Elle continuait à le hurler à qui osait passer l'oreille près d'elle. Morticia n'était pas folle. C'était eux qui ne comprenaient pas. Ils ne cherchaient même pas à comprendre.

Morticia n'en pouvait plus. Il fallait absolument qu'elle sorte. C'était une question de survie là. Si elle restait trop longtemps elle finirait vraiment par devenir cinglée. C'était un peu comme une obligation physiologique. Peut-être qu'il y avait une part de mimétisme. Mais ce qui était sûr, c'est qu'à force de lui donner tout ces médicaments, ça allait arriver. Déjà qu'ils ne s'étaient pas encore rendu compte qu'elle arrivait à en éviter certains. Le jour où ils s'en rendraient compte, elle serait dans de beaux draps. Il est certain qu'elle perdrait en lucidité. Et pas qu'un peu. Ça lui faisait franchement peur d'ailleurs. Ils la rendaient parfois aussi réactive qu'une asperge quand ils s'y mettaient, si ils en rajoutaient à quoi fallait-il s'attendre? Morticia préférait ne pas vraiment réfléchir à la question. De toute façon, elle ne serait certainement plus consciente de rien à ce moment alors pourquoi se demander à quel point on aura l'air mal? C'était se faire plus de mal pour rien. Tout ce qu'il fallait maintenant, c'était sortir de là avant que cela ne lui tombe vraiment dessus.

Il était temps de tirer sa dernière carte du jeu. Il lui restait une dernière chance,une seule. Et elle prenait l'apparence d'un jeune avocate de talent, d'après ce qu'elle savait. Elles n'avaient parlé ensemble qu'une fois, dans un bar. Mais elle avait promis. Nemesis Colloway lui avait assuré qu'elle l'aiderait. Elle devrait pouvoir la sortir de là elle. Alors comme pour Anna et Flynn, Morticia avait donné son nom pour qu'on la contacte. Elle le savait, quand Nemesis viendrait à son tour, cela voudrait dire que Morty serait bientôt libre. Elle avait dit avoir des relations. Cela ne devrait pas être trop long. Peut-être même qu'elle l'aiderait à retrouver du travail après? Mais ça c'était secondaire. Elle voulait déjà sortir d'ici, le reste elle verrait après.

Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait donné son nom. Cela ne devrait pas tarder. Le temps qu'ils la retrouvent et qu'ils lui écrivent. Pour les autres cela avait été un peu long aussi. Enfin, en fait, Anna était venue plus tôt. Parce qu'elles travaillaient ensemble avant et ils étaient venu la chercher à l'école. Alors elle avait été mise au courant plus tôt. Mais Flynn n'avait été prévenu qu'après. Alors Nemesis ne pourrait sans doute pas venir tout de suite. Mais cela ne devrait plus tarder. Morticia était dans sa chambre, elle se tournait les pouces. Elle n'avait juste pas envie de voir les autres. Et sa "camarade de chambre" n'y était pas. C'était donc l'endroit parfait pour qu'on lui foute la paix. Pourtant ce n'était pas arrivé. Un homme qu'elle ne connaissait pas était venu. Il n'était pas habillé comme les autres médecins mais n'avait pas l'air non plus d'être malade. Et visiblement, c'était bien pour elle qu'il était là. Morticia le fixa, à la fois curieuse et méfiante. Mais même en cherchant, elle ne se souvenait pas l'avoir déjà vu...