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lle avait cherché, une nouvelle fois, à voir Ginny à l'infirmerie, et avait trouvé porte close... ou pour être plus précise, elle s'était fait méchamment rembarrer par l'infirmière acariâtre qui lui avait appris sans l'ombre d'une gentillesse que pour le moment, son amie n'avait droit à aucune visite. Cette situation était à la fois incroyablement frustrante et terriblement désagréable, quand on connaissait l'identité de celui qui, justement, l'avait conduit jusqu'à l'infirmerie, en bon chevalier servant, prétextant l'avoir trouvé dans cet état... Qui était-ce ? Je vous le donne en mille. Tom Jedusor. Et ce qu'il lui avait fait ? Manifestement, ce n'était pas encore aujourd'hui qu'elle le saurait. Passablement agacée, Hermione avait préféré ne pas rejoindre directement sa salle commune et, plutôt, prendre un peu d'air frais. Les cours de la journée étaient terminés, de même qu'était déjà passée l'heure du dîner. Par cette journée encore froide d'hiver, il n'y avait pas grand monde pour se hasarder à se promener à l'extérieur de l'école de magie. Tant mieux, ça l'arrangeait grandement, elle avait justement besoin d'être un peu seul, ne serait-ce que pour s'accorder un temps de réflexion. Dernièrement, la situation s'envenimait à un point que ressemblait sévèrement à un point de non retour. Bien sûr, il était hors de question de baisser les bras, encore moins alors que l'ennemi s'en était pris aussi directement à l'un d'entre eux (quoique les accusations à l'encontre de Luna n'étaient pas vraiment plus heureuses).

Elle demeura seule, assise sur un banc, à apprécier le silence relatif tout en essayant de rassembler au mieux ses idées, pndant plusieurs longues minutes avant d'en convenir : ce dont elle avait besoin, plus que de solitude, c'était d'une véritable conversation avec Harry. Depuis la veille, quand ils avaient découverts que Ginny avait été conduite à l'infirmerie, ils n'avaient guère eu l'occasion de parler, et pourtant, une conversation sérieuse faisait plus que s'imposer. Finalement, elle se décida, elle tira de son sac un carnet dont elle arracha l'une des feuille, elle y rédigea rapidement un mot pour demander à Harry de la rejoindre, et envoya l'avion en papier voler à l'aide d'un sortilège. Elle passa les minutes qui suivirent à attendre fébrilement que son meilleur ami la rejoigne. Elle avait envoyé le mot voler en direction de la salle commune des rouge et or, supposant qu'il s'y trouverait certainement... espérant que Ron ne serait pas avec lui. Non pas que sa présence l'indispose, c'était même tout le contraire (au point que c'en devenait vraiment trop troublant par moments), mais, qu'ils le veuillent ou non, et même s'ils ne l'avaient jamais exactement exprimé de vive voix, ils menaient le groupe des voyageurs... et si viendrait le moment où il faudrait qu'ils se réunissent tous (et ce serait loin de leur faire du mal) il semblait préférable qu'ils parlent seuls avant d'impliquer les autres.... Qu'ils s'assurent au moins d'être d'accord l'un avec l'autre. Hermione, en attendant Harry, tira un livre fraîchement emprunté à la bibliothèque, mais elle n'était pas exactement en condition pour se concentrer. Quand Harry arriva enfin, elle avait à peine lu deux pages.

-Salut. Tu as bien eu mon message ?

Bon... s'il était là, ça signifiait bien que oui.

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e silence qui s'installa entre eux quelques secondes était significatif. Il ne faisait pas partie de ces sourires lourds, pesants, ou gênés qui pouvaient prendre place parfois entre deux personnes, et qui n'avait rien d'agréables. Le fait est, en ce qui les concernait, que si la conversation entre eux promettait d'être très longue, il n'y avait pas besoin de mettre des mots sur leur ressenti à tous les deux, il est plus qu'évident qu'ils partageaient le même. Ils avaient l'un comme l'autre la pleine conscience de la situation, et de ses bien trop nombreuses difficultés. Ils savaient qu'il leur fallait agir, et agir le plus efficacement possible. Il y avait tant de fronts sur lesquels il était nécessaire de combattre ! Il y avait tant de question auxquels il fallait des réponses le plus immédiatement possible, tant de problèmes à impérativement résoudre... Les points à aborder étaient extrêmement nombreux, oui, c'est l'évidence même. Et tout pouvait pourtant se résumer en une seule question que Harry fut le premier des deux à poser. Hermione esquissa un sourire en coin, avant de reprendre la parole. Bien sûr, elle n'avait pas de réponse formelle et manifeste à lui donner. Si elle en avait eu une, ils n'en seraient pas là...

-Il faut passer à la vitesse supérieure. affirma-t-elle d'un ton déterminé. La prochaine fois, je doute qu'il se contente seulement de blesser l'un d'entre nous. Ce qu'il a fait à Ginny était une mise en garde... Entre autres... Au-delà de la mise en garde, Hermione était convaincue qu'il y avait autre chose. Il s'en était pris à Ginny parce qu'elle était fragile... vis à vis de lui tout du moins... Et il avait sûrement voulu obtenir quelque chose d'elle. Y était-il parvenu ou non ? Malheureusement, tant qu'on ne lui donnerait pas accès à cette infirmerie de malheur, ils n'auraient aucun moyen de le savoir. Ce point-ci devait rester en suspens pour le moment, donc. Il faut qu'on parvienne à anticiper ses prochaines actions. C'est seulement comme ça qu'on arrivera à reprendre l'avantage.

Plus facile à dire qu'à faire... Jedusor semblait avoir une ou deux longueurs d'avance... Mais il fallait qu'ils tentent le tout pour le tout, quoi qu'il en soit. Ils ne pouvaient pas rester là, à attendre sagement de retourner dans leur époque, d'autant qu'ils avaient eux-même enclenché une machine infernale qui pourrait bien avoir des conséquences néfastes sur le futur. Ils devaient réparer ce qu'ils avaient involontairement détruit... et aussi.. aller jusqu'au bout de leur décision. Ils s'étaient trop investis. Ils n'étaient pas là pour rien. Ils devaient détruire le mal à sa source... Leur retour chez eux n'était pas la priorité... S'ils rentraient seulement chez eux.

-Comment s'est passé ton rendez-vous avec Pomona ?

Elle savait que le rouge et or avait rencontré la jeune femme, après avoir involontairement révélé à Jedusor qu'elle possédait son journal. Pomona était une jeune femme qu'Hermione estimait, peut-être parce qu'elles se ressemblaient par plusieurs aspects. Dans tous les cas, il leur fallait compter sur elle, et sur cette résistance qui n'aurait sans doute pas existé s'ils n'avaient pas bouleversé le passé. Bref, très clairement, ça les concernait. Autant commencer par là.

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ue ni Harry, ni Pomona, ne soient parvenus à une solution satisfaisante concernant le journal de Jedusor n'était malheureusement pas très surprenant. Pomona était une jeune femme brillante, intelligente, déterminée et pleine de ressources, mais face à leur adversaire, ce n'était pas forcément suffisant. Bien sûr, profiter de sa visite pour le cuisiner et tenter de discerner le point faible de leur ennemi (tout le monde en a au moins un, après tout, même l'Héritier de Serpentard) semblait indispensable, restait à savoir comment procéder, exactement, et si Harry et Pomona, au terme de leur échange, ne semblaient pas avoir trouvé de solution satisfaisante, Hermione n'avait pas davantage d'idées, si ce n'est que le moment venu, il faudrait qu'ils s'arrangent pour être présents, ou au moins l'un d'entre eux, et surtout, il faudrait qu'ils parviennent à déterminer à l'avance le moment où il choisirait de payer une petite visite à l'ancienne vert et argent. C'était encore quelque chose à déterminer et à planifier, mais Hermione accepta de laisser le sujet de côté quand son interlocuteur aborda un nouveau sujet, une idée émise par Pomona.

Un espion, donc ? Un agent double qui se chargerait d'assister aux réunions des chevaliers de Walpurgis et leur en rapporterait le contenu dans les moindres détails ? Oui, il est clair que cela pourrait leur être utile. Leur principal problème était que Tom Jedusor parvenait toujours avoir une longueur d'avance sur eux, si ils arrivaient à infiltrer l'un des leurs chez les chevaliers, cela leur offrirait une opportunité non négligeable, et un avantage olus que certain. Oui, l'idée était excellente, bien sûr, mais comment s'y prendre ? Et qui choisir ? Le préfet en chef des verts et argent n'était certainement pas le genre de personne que l'on abuse facilement.... Mais apparemment, la question avait été réfléchie, et bien réfléchie. Andreï Armyanski, oui, Hermione avait déjà entendu parler de lui, ou le connaissait de vue, tout du moins, le tout nouveau beau-fils du dircteur de Poudlard, à qui l'on attribuait une attitude... changeante, dernièrement.

-C'est une bonne idée... Il se pouvait même que ce soit une idée indispensable. Pomona doit avoir de bonnes raisons de penser à Armyanski... Même si cela avait été délicat au départ, Hermone avait appris à faire confiance à la meneuse de la résistance, elle leur avait déjà prouvé à plus d'une reprise sa détermination, de même qu'elle n'avait jamais hésité à s'impliquer concrètement dans leur lutte contre Jedusor, quitte à se mettre en péril (preuve en était avec cette histoire de journal). Mais il faudra être prudent, Jedusor doit se montrer de plus en plus prudent dans la sélection de ses mangemor.... enfin, de ses chevaliers. Il faudrait l'entraîner à l'occlumancie, s'assurer qu'il... ne nous trahira pas.

Une fois n'est pas coutume, elle songeait qu'elle ne s'exprimerait sans doute pas différemment si elle planifiait une véritable guerre. Mais en fait, c'était sûrement ça, la clé, ils étaient bel et bien en guerre. Et l'ennemi devenait de plus en plus puissant. Pour espérer le vaincre, il fallait savoir utiliser des armes peut-être moins... conventionnelles mais plus efficaces. L'heure était à l'offensive.

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ermione se mordilla la lèvre inférieure, quand Harry parla de son incapacité à enseigner un art qu'il ne maîtrisait pas lui-même, à savoir l'occlumancie. La rouge et or préféra s'épargner tout commentaire, les commentaires sur la question, elle en avait fait assez à leur époque, quand elle avait à plusieurs reprises fait remarquer à Harry qu'il ferait bien de prendre plus au sérieux les cours que lui donnaient le professeur Rogue. Ce n'était pas la peine de revenir là-dessus, et l'heure n'était pas aux reproches quoi qu'il en soit, Harry avait déjà payé le prix de ses erreurs. Après tout, si Harry n'avait pas laissé Lord Voldemort pénétrer son esprit, si ce dernier ne lui avait pas envoyé une vision fausse, ne lui avait pas tendu de piège, ils ne seraient sans doute pas là... Même si ce voyage temporel avait sûrement un sens, une raison d'être... Vaincre le mal nécessitait peut-être qu'il soit détruit à sa source, dans tous les cas, inutile de blâmer le survivant, même s'il mettait en exergue un problème de taille. Hermione n'était pas plus habilitée que Harry à apprendre l'occlumencie au jeune Andreï Armyanski si ce dernier acceptait de se joindre à leurs manigances. Il allait falloir qu'ils prennent toutes les précautions possibles pour ne pas envoyer le vert et argent au casse-pipe, mais chaque chose en son temps, le convaincre serait déjà un début... Pour le reste, leur réunion prochaine ne serait que d'autant plus importante, pour mettre les détails en place.

Oui, parvenir à le convaincre serait déjà un bon début, et malheureusement, ce ne serait pas simple. Elle ne lui avait jamais véritablement parlé. Elle savait seulement qui il était de nom, de visage, et de réputation, elle ne s'était pas intéressée plus avant à lui (tout comme elle évitait, de manière générale, ceux qui appartenaient à la maison des verts et argent), et il ne lui semblait pas qu'aucun des autres voyageurs ou des résistants l'ait fait non plus. Il allait donc falloir partir de zéro et la jouer fine. Il allait falloir ruser...faire preuve d'une certaine patience, aussi, même si, à la vérité, ils n'avaient pas tant de temps que cela devant eux.

-Il va falloir s'attirer sa confiance, se lier d'amitié avec lui avant toute autre chose. Si on lui parle directement de nos projets, il ne voudra jamais nous rejoindre (ou en tous cas, elle en doutait fort), et on risque de manquer notre occasion. Elle marqua une pause, prit une grande inspiration. Je déteste avoir à dire ça... mais il va falloir utiliser les mêmes méthodes que lui.

Par lui, bien sûr, elle entendait Tom Jedusor. Elle répugnait à faire ce genre de remarques, mais c'était bel et bien le cas. Le mal qu'ils devaient affronter méritait bien qu'ils fassent un peu de mal eux aussi, malheureusement, et pour convaincre Armyanski, ils seraient bien contraints d'utiliser des méthodes auxquels l'héritier de Salazar Serpentard n'aurait pas rechigné : manipulation, un peu de charme... abuser de la confiance d'autrui... Même si Hermione se promettait de traiter Andreï avec respect et considération, elle. Et surtout, ne le forcerait jamais à faire quelque chose qu'il ne voudrait pas faire.

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arry avait visiblement parfaitement saisi où elle venait en venir. Devoir employer les mêmes méthodes que leur ennemi n'était clairement pas une perspective qui lui plaisait, mais ils étaient acculés. Ils n'avaient tout simplement pas le choix. C'était vraiment désagréable de se dire qu'il fallait jouer le jeu de la manipulation pour parvenir à leurs fins, mais ils ne pouvaient vraiment plus se permettre de faire la fine bouche à ce stade. Elle comptait seulement mettre plus de respect dans l'initiative que ce qu'en aurait mis Tom Jedusor. D'une manière ou d'une autre, ils allaient manipuler Andreï Armyanski, mais il était hors de question de l'utiliser. Si le vert et argent décidait de les lâcher, n'adhérait pas à leur cause, ou s'ils n'arrivaient tout simplement pas à le convaincre. Il était hors de question qu'ils le forcent à quoi que ce soit. Restait à espérer que le jeune homme y trouverait son compte et trouverait de l'intérêt à tout cela. Ils allaient devoir se montrer convaincants. Problème, ils n'étaient pas forcément les plus doués en terme de relations humaines. Mais en même temps, de ce que la rouge et or avait pu en voir, leur cible commune ne l'était pas davantage non plus. Hermione afficha un léger sourire, quand Harry osa émettre l'hypothèse que, qui, sait, Armyanski était quelqu'un de bien. À ce stade, il fallait l'espérer, oui. Ça leur faciliterait la tâche.

-Qui sait. Elle poussa un léger soupir, qui n'était pas tant défaitiste qu'amusé, au final. À ce point de leur situation, mieux valait positiver. Dans quoi est-ce qu'on s'est embarqués, hein ? Elle passa un bras au-dessus de l'épaule de Harry (un geste purement amical, promis juré).

En même temps, ils n'avaient pas vraiment choisi d'en arriver là. C'était la situation qui les avait propulsé à cet instant particulier, et ils n'auraient pas été ... eux... s'ils étaient restés passifs, et s'ils n'avaient pas cherché à agir. D'autant que quand le hasard vous place sur le chemin de votre ennemi juré à l'heure où il est encore vulnérable, difficile de ne pas y voir un signe. Sans compter que, de son côté, l'ennemi n'hésitait pas à frapper fort. Ce qui était arrivé à Ginny en était la preuve formelle.

-Comment tu le supportes ? ...Pour Ginny ?

Sa question était clairement orientée, ils avaient tous une raison de s'inquiéter pour elle, ils étaient tous concernés, et surtout, ils avaient tous de l'affection pour elle. Mais elle devinait que Harry avait toutes les raisons de le vivre très mal. Comme elle supporterait plus difficilement que tout le reste qu'il arrive quelque chose à Ron... On ne la lui faisait pas, elle savait bien que, en dépit des circonstances, il y avait quelque chose entre Harry et Ginny. Il n'y avait peut-être que le principal concerné pour conserver ses oeillères. D'ailleurs, elle n'était pas certaine que Harry saisirait ce que sous-entendait exactement sa question... Et d'ailleurs, encore fallait-il qu'il veuille bien en parler. Il n'était pas forcé, après tout. Mais puisqu'ils en étaient à aborder les sujets sérieux.

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ermione ferma doucement les yeux quand Harry la serra dans ses bras, profitant de cette étreinte fraternelle et bienveillante. L'affection se dissipait au profit de leurs obligations, dernièrement, il y avait tant à faire, tant à gérer, tant à penser... Alors même si elle savait pouvoir compter sur l'amitié indéfectible de tous les voyageurs temporels, elle n'en était pas moins à regretter leurs instants de complicité et de simplicité, qu'ils s'accordaient bien moins à présent que chaque instant semblait si grave. Même encore maintenant, leur discussion n'avait rien de légère, mais il était agréable malgré tout de s'abandonner à un simple geste d'affection. Elle n'avait plus ses parents, pour cela, Hermione s'était toujours sentie un peu moins proche de Luna et de Neville, Ginny était entre la vie et la mort, et Ron... disons qu'elle s'y prenait à cent fois avant de ne serait-ce que le toucher... Ce qui était complètement idiot, puisqu'elle en mourait d'envie, en vérité. Alors oui, juste là, un instant, se rappeler que l'on était aimé et entouré, ça faisait un bien fou, à elle, et à Harry aussi, sans doute, qui, même s'il tentait de le cacher du mieux qu'il le pouvait, était certainement celui qui vivait le plus difficilement la situation. Puisque, s'il fallait mettre clairement des mots sur la situation, il aimait Ginny, il se pouvait qu'il en prenne seulement conscience, mais Hermione l'avait deviné depuis un moment déjà, et en supposant quelle douleur ce serait pour elle que de savoir Ron à l'infirmerie sans savoir combien il pouvait souffrir, elle ne devinait que trop bien combien il devait avoir du mal,  à cet instant, bien plus qu'eux tous, contrairement à ce qu'il pouvait bien dire.

Il se rattrapa d'ailleurs un peu, donnant à Hermione la réponse qu'elle attendait davantage que la précédente. Elle comprenait parfaitement cette colère, mais elle la regrettait tout autant, Harry n'avait pas à se sentir coupable de ce qui était arrivé à Ginny. Il n'y avait qu'un seul et unique responsable à tout cela, et c'était Tom Jedusor. Le futur seigneur des ténèbres était l'unique responsable, et cela ne rendait que d'autant plus urgent le fait d'agir à son encontre, quitte à prendre des risques et des mesures dont ils ne se seraient peut-être jamais imaginés capables. Hermione déposa une main rassurante sur son épaule.

-Ne dis pas n'importe quoi. dit-elle doucement. Elle a de la chance de t'avoir et elle le sait, tu n'aurais pas pu empêcher ce qui lui est arrivé.

Enfin là, pour le coup, elle tentait de s'en convaincre elle-même. Il est vrai que dans leur tentative de nuire à Jedusor, ils piétinaient, et en attendant, Jedusor se faisait de plus en plus violent et dangereux, mais qu'aurait-il fallu faire ? La surveiller 24 heures sur 24 ? Hermione ne pensait pas que ça arrangerait quoi que ce soit. Surtout quand on connaissait le tempérament de Ginny. Cette dernière aurait sûrement piqué une crise si elle s'était sentie à ce point harcelée. De cette épreuve, ils n'en ressortiraient que plus forts. Hermione avait envie de le croire, en tous cas.

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ermione poussa un léger soupir à la réflexion de Harry sans pour autant insister davantage. Elle comprenait bien qu'il serait inutile de le convaincre de ce qu'elle disait. Sa culpabilité était quelque part tout à son honneur, même s'il n'aurait vraiment pas dû s'en embarrasser. Mais ce n'était pas à elle de lui faire comprendre que Ginny ne lui en voudrait en aucun cas, et surtout, qu'elle avait besoin de lui autant qu'il avait besoin d'elle. C'était elle qui devait le lui dire... C'était à eux de régler leurs histoires, leur histoire... Car si Hermione avait vu clair dans les sentiments de Harry, elle ne pensait pas que ceux de Ginny étaient bien différent non plus, et si elle avait fait preuve de plus de mauvaise foi qu'elle n'en possédait en réalité, elle aurait affirmé que ces deux-là mettaient du temps à se trouver. Mais oui, ça aurait été faire preuve de mauvaise foi en effet, puisque Ron et elle se tournaient autour depuis beaucoup trop longtemps pour attester sans mentir qu'il n'y avait rien. Et d'ailleurs, Harry aussi l'avait remarqué, et il ne manqua pas de lui retourner sa question. Ses joues s'empourprèrent légèrement quand il évoqua leur meilleur ami à tous les deux (mais qu'elle aimait sans aucun doute plus encore de son côté), mais elle n'allait pas nier l'évidence, après tout, alors elle se contenta d'une réponse honnête. Après tout, Harry avait fait preuve de sincérité avant elle. C'était à son tour à présent de s'expriment en toute honnêteté sur ce qu'elle ressentait.

-C'est compliqué... admit-elle finalement en baissant légèrement les yeux. J'ai l'impression que cette situation le pèse plus qu'il ne veut bien l'admettre, mais il n'en parle jamais... Je sais que c'est sa manière de supporter ce qui arrive, que sa famille lui manque et c'est douloureux, mais par moments, j'ai l'impression qu'il nie totalement la situation. C'est tellement... exaspérant. C'est comme si j'étais totalement impuissante à l'aider, ou comme s'il ne voulait pas que je l'aide.

C'était sorti tout seul, et quelque part, ça faisait du bien. C'était le genre de réflexions qu'elle gardait généralement pour elle. Parce qu'elle ne voulait pas embarrasser qui que ce soit avec ses états d'âme, et encore moins mettre Harry dans l'embarras, ou le mettre en porte-à-faux vis à vis de lui, c'était son meilleur ami, après tout, mais Harry était le sien, aussi, dans un même temps. Ce n'était en rien des reproches faits à l'adresse de Ron, par ailleurs, elle ne négligeait pas sa situation, et était certaine qu'il encaissait beaucoup sans rien dire. S'il réagissait d'une manière différente qu'elle à la situation, cela ne signifiait en rien que sa manière à lui valait moins que la sienne, bien au contraire. Lui, au moins, essayait de se forger un équilibre. Elle, elle n'en était pas capable. Et elle ne pensait pas en être capable tant que Tom Jedusor n'aurait pas été anéanti ainsi qu'il fallait qu'il le soit, pour que tout ça ne soit pas arrivé en vain.

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ui, c'est sûr, Ron était comme ça. Il avait toujours été ainsi, et il le serait sans doute toujours, puisque cela faisait partie intégrante de son caractère. Ce n'était pas comme si elle le découvrait maintenant, elle l'avait toujours su, c'est ce qui faisait la plus grande différence entre elle et le jeune homme, mais c'est ce qui faisait qu'ils se complétaient également. Ce qui lui plaisait autant que cela pouvait la contrarier par moments... Comme maintenant. Mais elle était sur les nerfs, ça n'aidait pas. Elle souffrait différemment le poids de tout ce qui leur tombait dessus, et la crainte de ne pas être à la hauteur de tous les obstacles qui jonchaient leur chemin. C'était plus qu'évident, c'était bel et bien le jeune homme qui avait raison, c'était la situation qui était compliquée, et qui compliquait tout au passage. Et exacerbait au passage des aspects de leur caractère qui n'étaient pas forcément des plus enviables. Rien de tout cela n'avait de chances de s'améliorer dans les temps proches. À moins d'un miracle. À moins qu'ils ne trouvent un moyen de retrouver leur époque. Hermione, il faut bien le dire, y croyait de moins en moins. Elle avait eu ce genre d'espoirs l'année passée, c'est vrai... Sauf qu'entretemps, justement, il s'était déroulé plus d'une année, et y croire devenait de plus en plus complexe. Et à côté de cela, la situation s'envenimait sur de nombreux points. Ce n'était vraiment pas rassurant. Oui, ça irait mieux quand tout serait fini, quand ils seraient rentrés chez eux... mais ce moment n'était-il pas pure utopie, qu'il était absurde de reconnaître comme réalisable.

-Tu y crois vraiment ? finit-elle par demander, d'une voix blanche. Tu crois vraiment qu'on finira par rentrer ?

C'était une chose, et une chose rassurante, que de se consoler en s'espérant ce genre de finalité, en supposant que, à un moment donné, ils retrouveraient leur routine d'autrefois... mais Hermione ne savait plus trop s'il fallait trop compter dessus. Le ministère de la magie travaillait sur leur cas depuis des mois et ne semblait arriver à rien, et le plus grand sorcier de tous les temps (Dumbledore, même encore jeune, restait cela à ses yeux) ne semblait pas plus apte à leur offrir ce genre de solutions miracles.. Alors peut-être fallait-il commencer à accepter que le reste de leurs vies, il allait falloir qu'ils le passent ici. Ça n'avait rien de réconfortant ou d'agréable comme perspective, mais plus le temps passait, plus cela s'imposait, bien malheureusement. Enfin, son humeur du moment ne devait pas aider. Avec Ginny à l'infirmerie, et incapable de savoir comment elle allait, Hermione était quelque peu sur les nerfs, et tous leurs projets pour contrer Jedusor ne lui donnaient pas l'impression d'être franchement sur le départ... Pour peu que la situation tourne à nouveau à leur avantage, elle parviendrait peut-être à se montrer plus optimiste. Il fallait bien l'être un peu pour affronter la vie au jour le jour ces derniers temps. Et qui sait, à force de recherches, on finirait peut-être bien par les renvoyer d'où ils venaient.

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arry cherchait-il à la rassurer seulement, et ce en mentant effrontément, ou croyait-il vraiment en ce qu’il disait ? Elle n’en savait trop rien… Elle se voyait bien incapable de démêler le vrai du faux. Et pour cause, la situation était délicate, et le sujet sensible, si sensible en vérité que la jeune femme se supposait trop influencée par sa propre opinion pour interpréter convenablement le propos de son interlocuteur ou de savoir ce qu’il pensait réellement. À force d’allées d’amitié, Hermione était convaincue de pouvoir aisément reconnaître les moments où son meilleur ami était parfaitement honnête avec elle et ceux où ils ne disaient pas ce qu’il pensait… un mensonge destiné à la protéger. Mais un mensonge tout de même. Pas cette fois. C’est que, quand elle posait cette question, elle savait pertinemment ce qu’elle avait envie d’entendre, exactement ce que le jeune homme avait dit, parce qu’elle avait besoin d’être rassurée, quitte à prendre le contrepied de toutes les vraisemblances imaginables, quitte à mettre son si précieux pragmatisme de côté. Les mots étaient plaisants. Pas entièrement rassurants, mais plaisants tout de même. Elle, elle arrivait de moins en moins à croire à leur retour, c’est un fait, et elle craignait que leur situation n’aille qu’empirant. Eux coincés dans cette époque, cernés, piégés, acculés… Mais il n’était pas temps de perdre espoir. Bien au contraire, même. S’il y avait un moment où il fallait qu’ils prennent les choses en main et gardent la foi, c’était bien maintenant. Alors que Ginny avait été violemment et injustement agressé, alors que le mal se répandait comme une maladie sévère… Parce que s’il y avait un moment où il fallait se battre plus que tout autre, c’était celui-ci, cet instant précis. Harry y croyait ou disait y croire, alors il faudrait qu’Hermione y croit… Ou dise y croire.

-D’accord… prononça-t-elle doucement, mais en employant un ton assuré. Moi aussi, j’y crois. Elle était peut-être un peu moins crédible que le Survivant avant elle, mais ce n’était vraiment pas faute d’avoir essayé. Ces mots prononcés, elle jeta un oeil à sa montre. Je vais te laisser. Je dois.. aller à la bibliothèque.

C’était là qu’elle passait le plus clair de son temps, quoi qu’il en soit, et c’était donc par essence une excuse valable que personne ne cherchait jamais à contredire. Non pas qu’Hermione n’ait pas envie de passer plus de temps en compagnie de son meilleur ami, mais mieux valait que leur discussion s’achève sur une note optimiste, non ? Alors soit, elle n’avait rien de particulier à faire à la bibliothèque (même si elle trouverait toujours), mais il lui semblait que c’était le moment de couper court à la conversation, pour eux-deux.

-On se tient au courant, d’accord ?

Il le faudrait bien, quoi qu’il en soit… Il était manifeste qu’il était grand temps pour eux de passer à la vitesse supérieure et de faire preuve d’un soupçon d’agressivité. Hermione ne savait pas si elle se sentait prête pour cela mais choisissait de le faire. Les autres le seraient-ils également.

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