La fin de l'année, enfin elle approche ! Y'a des signes qui ne trompent pas, et comme une atmosphère singulière, un parfum dans l'air, typique de ce genre de période, que j'adore. Pour cause, comme n'importe quel adolescent normalement constitué, j'ai hâte d'être cet été, de pouvoir rentrer chez la famille, et de prendre un peu l'air loin de Poudlard. Quand la plupart des élèves stressent à l'approche des examens, moi, j'attends avec impatience qu'ils arrivent, comme ça, ensuite, je pourrais tout simplement mettre mes mains dans mes poches et rentrer au bercail. Angoisser pour les examens ? Moi ? Allons bon ! Comme si j'avais que ça à faire ! Non, ça va, je les appréhende bien. J'ai cette chance exaspérante de ne pas avoir à fournir beaucoup d'efforts pour obtenir de bons résultats, ou au moins des résultats corrects. J'ai eu mes BUSE en ne faisant vraiment pas grand chose pour, je compte bien réitérer l'exploit avec mes ASPIC. Et donc, évidemment, ça ne m'encourage pas des masses à être ultra studieux et à m'enfermer comme le reste de mes camarades dans la bibliothèque pour m'avaler des bouquins et des bouquins, alors que, franchement, y'a mieux à faire... Genre, ben... rien, absolument rien. Et ne rien faire, je maîtrise. Il commence à faire beau, c'est le moment idéal. Surtout que, quand tous les élèves bachotent à l'intérieur, enfermés entre leurs quatre murs, la cours de l'école est presque entièrement vide, c'est là qu'on se rend compte combien elle est grande et imposante. Et j'aime bien avoir l'idée d'avoir tout cet espace rien que pour moi. Enfin, pas que pour moi quand même, j'exagère. Ce serait quand même un peu dommage d'être vraiment tout seul, tout seul. Alors forcément, j'ai embarqué ma meilleure amie avec moi.

Je ne sais pas si Dora avait vraiment d'autres plans de prévu, si elle a vraiment envie d'être là, ou si elle m'a suivi par pitié, dans tous les cas, je lui ai pas laissé franchement le choix, et je l'ai littéralement traînée depuis la salle commune jusqu'à la cour de l'école. Comme ça, sans raison. Je ne sais même pas ce qu'on va bien pouvoir faire. N'importe quoi qui n'implique pas d'être studieux ou d'ouvrir un livre m'ira très bien. On peut même ne rien faire du tout et se contenter de rester à poirauter en bavardant assis sur un banc, moi ça me va. C'est pas parce que au nom de je ne sais pas quelle opération du saint esprit, on se retrouve résistants du dimanche qu'on doit forcément passer notre temps à mener une lutte sans merci contre les forces des ténèbres et qu'on ne peut pas se contenter de glander allègrement entre amis, après tout. Je tourne mon regard vers Dora, m'interrogeant légèrement sur ce que j'ai pu l'empêcher de faire ou non en l'obligeant à m'accompagner, tout ça sans raison précise. Bon, au pire, si elle fait un peu la tête, je suis sûr que je n'aurais pas beaucoup de mal à la dérider, après tout.

-Alors, tu veux faire quoi ? Je lui demande comme si c'était elle qui avait eu l'idée qu'on vienne ici.

Moi ? Obliger ma meilleure amie à faire quelque chose en particulier, à lui imposer mon programme ? Certainement pas, voyons ! C'est loin de me ressembler ! Ou peut-être que si. En fait, j'aime bien me dire que rien ne me ressemble et que je suis imprévisible (ce qui est complètement faux, bien évidemment). Dans tous les cas, je l'ai entraînée précipitamment dans le parc sans l'ombre d'un plan d'action, et j'en suis fier. Allez, quoi, on va forcément trouver quelque chose à faire. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent (non, je n'en rajoute pas du tout), c'est quand même mieux, il faut bien le dire, que de rester coincer dans sa salle commune à faire des trucs absurdes de type "réviser". Bon, c'est sûr, une petite partie de cartes explosives, en plein air, ça aurait pas été de refus. Mais Dora n'est pas la seule à ne pas vouloir retourner à la salle commune. Flemme intense. Grand dieu, toutes ces marches à monter ! Non, non, on trouvera bien autre chose. Ça va, le monde est à notre portée (quoi, j'en rajoute, de nouveau ?), ce ne sera pas bien difficile de parvenir à ses fins.

-Mais je veux faire quelque chose. j'affirme avec fougue. J'ai juste pas encore décidé quoi. je lui réponds en lui rendant son sourire moqueur (hors de question de lui en laisser le monopole).

N'empêche que, maintenant, je vais devoir réfléchir à ce que l'on va faire, tous les deux. J'espérais bien, j'avoue, ne pas écoper de cette tâche ingrate et la laisser entièrement à Dora. Mais ce serait quand même bien mal la connaître que de croire qu'elle allait me laisser m'en tirer à si bon compte. Me laisser m'en tirer tout court. Et bon, quand même, c'est ma meilleure amie. Donc je la connais bien. Bon, en fait, elle émet une suggestions, si on peut appeler cela une suggestion. Je pourrais l'envoyer paître, quand elle me traite de vil serviteur. Question d'honneur. Mais j'ai pas d'honneur. Et j'ai pas davantage de fierté.

-Bien sûr, ma reine. je réplique en souriant. Vous savez bien que je ne suis que votre humble bouffon.

Est-ce que je m'apprête à me couvrir de ridicule pour continuer de voir sourire ma meilleure amie. Mais bien sûr. Nos vies ont, à certains moments, pris des tournants beaucoup trop dramatiques, alors toutes les occasions de se détendre sont les bienvenues. Et pour ce qui est de me donner en spectacle... Ce n'est pas comme si ça pouvait me déranger. C'est une seconde nature, chez moi.

-Tu as le choix. Soit on s'en prend au premier groupe de serpentards venus, soit on va se baigner avec le calamar géant. Soit... tu me donnes le gage que tu veux et tu te gausses en me regardant faire le truc débile de ton choix.