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a rentrée scolaire était dors et déjà entamée depuis une bonne semaine. D'ordinaire, chaque année, Luna avait ce sentiment qui était commun à beaucoup d'autres, elle le savait, celui de n'avoir jamais été vraiment en vacances et de repartir pour une année de cours qui s'ancrait dans la continuité de toutes les autres, sans réelle pause entre deux. Cette fois, ce n'était pas le cas. Et pour cause, il s'était passé bien trop de choses au cours de l'été pour que l'on puisse passer l'éponge sur ce dernier en un mouvement. Impossible non. Le mensonge de Harry et d'Hermione, qui avait semé le trouble au sein du groupe (au point que, pour l'heure, la bleue et bronze n'avait aucune nouvelle de Ginny et pas la moindre idée de comment la joindre), les réunions des résistants, les découvertes qui s'en étaient suivies... avaient fait de leurs deux mois d'été une période longuissime. Aussi, la demoiselle n'éprouvait pas le même sentiment. D'autant qu'aucune routine, bonne ou mauvaise, ne s'installait, cette année. Ses amis n'étaient plus là, et elle le ressentait. Ils lui manquaient terriblement, en une semaine à peine, elle le ressentait déjà... Mais elle était là pour une raison précise. Et cette raison, elle l'avait à cet instant même sous les yeux.

Alors que la jeune femme avait quitté son dortoir, elle croisa le regard de Louisa, installée dans la salle commune de serdaigle. Depuis plusieurs jours qu'elle était revenue, elle n'avait pas encore osé aborder la jeune fille, quand bien même elle savait par l'intermédiaire de Harry qu'elle était au courant, elle avait eu des difficultés à aborder le sujet en sa compagnie. Avec Rhian, c'était bien plus simple. Ils s'étaient rapprochés. Bien malgré eux, certes. Mais quand même. Et ça aidait. Louisa et elle ne s'étaient jamais adressées la parole, alors forcément, ça changeait la donne. Mais si elle voulait la protéger de la meilleure manière possible, et comme elle l'avait promis, elle se devait de lui consacrer du temps et de se présenter au moins officiellement à elle. Elle ne savait vraiment trop ce qu'elle allait dire ou faire, mais de toute façon, avant toute chose, il fallait briser la glace. Aussi choisit-elle, au lieu d'aller prendre son petit déjeuner dans la grande salle, de s'installer auprès de la jeune fille. Peut-être n'apprécierait-elle pas sa démarche, un rien intrusive, mais tant pis, si elle devait être rembarrée, Luna ne pourrait pas prétendre avoir l'habitude. Elle s'assit donc à côté de Louisa et lui adressa un grand sourire, qu'elle espérait encourageant.

-Salut.

Ce fut le seul mot qu'elle prononça, pour commencer. La jeune femme avait pour habitude d'être assez directe, de ne pas mâcher ses mots. Mais elle n'avait pas de raison de s'y prendre ainsi, elle voulait seulement apprendre à mieux connaître Louisa, c'est tout.

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e ton qu'employa Louisa pour s'adresser à elle fut des plus froids et distants, mais Luna ne s'en formalisa pas. À vrai dire, elle pouvait très bien comprendre. Toutes les deux, elles ne s'étaient jamais parlé jusqu'alors, n'avaient pas forcément eu des raisons de le faire. Toutes les deux étaient des solitaires, chacune à leur manière, et pour des raisons différentes. Et par ailleurs, leur différence d'âge n'avait pas forcément aidé le dialogue entre elles. Alors qu'elle engageait enfin la conversation avec elle, il était normal que Louisa se défie, parce que, tout simplement, elle savait très bien que la jeune femme ne faisait pas cela sans aucune raison, qu'elle n'était pas désintéressée. Luna le savait par l'intermédiaire de Harry : la jeune fille était au courant de tout (et c'était tant mieux, car si Luna avait dû l'apprendre à son interlocutrice, jamais elle ne l'aurait cru). Elle devait forcément l'associer, donc, par conséquent, à un événement de sa vie qui ne devait vraiment pas être plaisant à ses yeux. Bref, en définitive, la jeune femme devait être la dernière personne que la bleue et bronze puisse avoir envie de rencontrer. Mais tant pis, Luna insisterait, et elle espérait bien, au final, que la future grand-mère de Harry saurait l'apprécier, ou tout du moins la tolérer. Sans cela, comment pourrait-elle véritablement lui assurer une protection digne de ce nom.

-Tu le sais bien, répondit-elle avec une grande douceur tout en venant s'installer à côté d'elle tout en lui demander davantage son avis. Bien sûr, si Louisa insistait davantage, alors la jeune femme s'en irait et ne dérangerait pas davantage Louisa. Mais pour le moment, elle tenait vraiment à cette discussion, en espérant qu'elle porterait ses fruits et leur serait favorable. Je pense que ce serait bien qu'on essaye de devenir amies, tu vois ? dit-elle de son habituelle voix cristalline, avec ce détachement qui pouvait donner l'impression qu'elle parlait de la pluie et du beau temps. Ce sera plus simple, pour toutes les deux.

Mais bien sûr, on ne devient pas amies en un claquement de doigts, Luna était bien placée pour le savoir. Le nombre de ses amis se comptait sur les doigts d'une seule main (concrètement, oui, puisque même s'il y avait quelques exceptions notables, on pouvait tout de même affirmer qu'ils étaient cinq en tout et pour tout), et la plupart des gens qui apprenaient à la connaître n'avaient pas forcément davantage envie de la connaître, bien au contraire. Un simple aperçu en disait finalement assez long de sa folie naturelle. Mais tout de même, si un semblant d'entente parvenait à s'instaurer entre elles, ce serait très clairement plus simple.

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a réaction de Louisa n'eut rien pour surprendre Luna, bien au contraire, rien pour la décontenancer ou la déranger non plus par ailleurs, elle était habituée aux railleries et aux comportements agressifs, ça faisait partie du quotidien de la bleue et bronze. Et elle ne s'en plaignait pas, non, elle ne se plaindrait jamais du comportement des autres, et elle accueillit la réponse de Louisa avec son calme habituel. Elle ne voyait pas de raisons de s'emporter contre Louisa ou même de prendre la mouche même si la réaction de la demoiselle était virulente, d'autant plus que la jeune femme comprenait très bien pourquoi son interlocutrice réagissait de la sorte. Au vu de ce qu'elle savait, de tout ce qui la troublait, il était normal qu'elle n'accueille pas avec enthousiasme une preuve supplémentaire de ce qui allait lui arriver... Et au fond, oui, elle avait parfaitement raison. C'était dit d'un ton tout sauf amène, et qui aurait pu entraîner de déplaisantes réactions chez d'autres, mais le propos n'en restait pas moins véridique, effectivement.

Elle avait raison, l'amitié ne fonctionnait pas comme ça. Il ne suffisait pas de vouloir être l'ami de quelqu'un pour qu'une telle chose fonctionne. L'amitié, comme l'amour, est un sentiment qui s'impose à vous. Il peut s'apprivoiser, s'adopter progressivement, il est vrai, mais il ne pouvait pas se provoquer sans prédispositions. Luna le savait pertinemment, même si on pouvait affirmer que la jeune femme n'était pas une experte dans le domaine de l'amitié. Il est vrai que le nombre de ses amis était moindre, elle n'avait pas de leçons à donner à ce sujet. Mais au contact de Ginny, Neville, Harry, Ron et Hermione, elle avait bien compris ce qu'était une réelle amitié, et surtout, qu'elle ne se planifiait pas. Qui aurait pu imaginer qu'elle se ferait des amis de ces personnes-là. Et pourtant, en l'absence de son père, ils étaient devenus ce qu'elle avait de plus précieux au monde. Elle avait également raison en affirmant que son choix à elle n'avait pas à être le sien. Oui, c'était certain.

-Tu as raison, répondit Luna avec sa douceur habituelle. Ce n'est pas ton choix, je ne veux pas te l'imposer. Mais tu sais... Elle s'installa auprès de Louisa sans attendre l'avis de la jeune fille. Quand je suis arrivée ici, dans cette époque, j'étais perdue, ça m'a aidé de pouvoir en parler à des gens qui puissent me comprendre, au courant de ce qui m'arrivait. Elle parlait toujours avec autant de douceur, de sa voix cristalline. Alors sans être amies, si tu as envie de parler...

Elle n'avait pas envie d'influencer son choix, non, de lui imposer le sien non plus, c'est vrai, mais elle n'allait pas lâcher prise pour autant. Elle avait eu une mission. Et elle y tenait.

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tablir le dialogue avec Louisa était bien loin d'être une tâche aisée, loin s'en faut. Luna, de base, n'était déjà pas le genre de personne avec laquelle il fallait s'attendre à mener un dialogue complet, cohérent et construit, c'est certain, mais dans des circonstances telles que celles-ci, l'affaire était encore plus complexe. Ceci dit, la bleue et bronze se surprenait qu'elle avait peut-être trouvé le bon angle d'approche avec Louisa. La jeune fille se braquait, elle n'était pas prête à assumer sa situation, et c'était normal. Personne ne devrait vivre une situation pareille, et encore moins une jeune fille de son âge. Ceci dit, elle paraissait à présent plus encline à l'écouter, ou en tout cas à s'ouvrir sur ce sujet délicat. Elle ne disait pas grand chose encore, mais le simple fait qu'elle évoque ses difficultés à s'exprimer et son désemparement en disait long, déjà. Elle acceptait d'en dire davantage sur le mal qui l'obsédait. Luna saurait-elle l'aider à le supporter ? Ce n'était pas sûr du tout, mais au moins la bleue et bronze aurait exprimé ce qu'elle avait sur le cœur. Et ça lui ferait du bien, déjà. Luna osa poser une main qu'elle voulait apaisante sur l'épaule de son interlocutrice. Elle ne savait pas si les mots qu'elle prononcerait sauraient avoir le moindre impact sur la jeune fille, mais elle y comptait en tout cas.

-C'est normal, dit-elle avec douceur après que Louisa eut affirmé qu'elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. C'était logique, c'était difficile, c'était rare, comme situation. Luna en savait quelque chose, même si elle-même la vivait différemment, c'est sûr, d'un autre point de vue en tout cas. Je peux essayer de t'aider à comprendre, lui suggéra-t-elle alors, même si c'était évidemment facile à dire, mais peut-être pas si facile que ça à faire, en réalité. Elle adressa à Louisa le sourire qu'elle voulait le plus apaisant possible. Elle voulait vraiment que la bleue et bronze se sente en confiance, qu'elle se sente à même d'aborder plus sereinement la situation. Pour Luna aussi, cette dernière était inédite. Allez savoir si elle saurait bien s'y prendre. Mais elle y comptait, en tous les cas. Qu'est-ce que tu ressens ? demanda-t-elle alors, qui cherchait à commencer quelque part, du mieux qu'elle pouvait.

Est-ce qu'il s'agissait de faire la psychanalyse de Louisa ? Peut-être un peu, oui, si ça pouvait la soulager en tout cas, même si la jeune femme n'était pas forcément la plus experte dans ce domaine. Elle avait une capacité d'écoute... et, à sa manière, une capacité de conseil. Mais à sa manière tout de même, ce qui ne voulait pas forcément dire grand-chose, de fait.

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una avait beau avoir invité Louisa à la confidence, elle n'avait absolument pas été certaine que cette dernière s'y résoudrait pour autant. Du peu qu'elle était parvenu à comprendre d'elle, elle avait bien intégré le fait que la demoiselle était particulièrement bornée, peu influençable et donc difficile à convaincre, même pour son propre bien. Alors forcément, elle aurait parfaitement compris qu'une réponse négative ou un silence borné fasse barrage à la moindre de ses tentatives de se rapprocher d'elle. Pourtant, ce ne fut pas ce qui se passa. À la grande surprise de la bleue et bronze, elle accepta de baisser un peu les armes et de lui répondre, avec une grande honnêteté (ou alors elle mentait particulièrement bien) et une fragilité touchante, que Luna lui découvrait seulement à présent. Du haut de ses à peine treize ans, Louisa était une jeune fille forte, très mature, qui avait déjà connu des épreuves difficiles et s'en était relevée, cela se ressentait immédiatement chez elle. Elle était forte, oui, mais à force de tout encaisser sans broncher, il était normal de craquer à un moment ou à un autre. Luna était contente de pouvoir être là pour elle. De tenter de la préserver du point de rupture. Elle se doutait très clairement que ce n'était pas encore gagné, mais Luna, malgré les rebuffades de Louisa, trouvait cette dernière attachante. Autant que Rhian, elle voulait la protéger. Louisa se livra donc au sujet de son mal-être sous les yeux de Luna qui lui accorda une oreille des plus attentives. Elle lui apprenait ses angoisses. Celles liées, bien sûr, à ce criminel qui voulait leur peau, celle de voir sa relation avec Rhian se dégrader, celle de perdre pour toujours ce qu'elle avait jusqu'alors. Malheureusement, ses peurs étaient fondés, et Luna ne pouvait pas lui promettre, sur aucun de ces point, qu'elle serait à un moment ou à un autre préservée de ses craintes. Il était malheureusement probable qu'elles se concrétisent tous.

-J'ai peur moi aussi, répondit-elle d'un ton si détaché que l'on pouvait doutait de sa sincérité (même si elle était effectivement honnête à cent pour cent), avec sa légèreté toute habituelle. Je sais que quand je rentrerai. Si elle rentrait un jour... elle se permettait une certaine réserve à ce sujet, qui lui semblait plutôt nécessaire. Tout aura changé, ce sera plus ce que j'ai connu. Ça fait peur, de ne pas savoir. Elle haussa les épaules. Mais je me dis aussi que ce qu'on fait ici fera que ce qui aura changé aura changé en mieux. Elle adressa un fin sourire à Louisa tout en tournant vers elle ses yeux globuleux. Même si rien ne doit plus être pareil pour tout, peut-être que ce sera pour le mieux aussi.

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mesure que Louisa l'écoutait parler, Luna avait le sentiment qu'elle se détendait un peu, qu'elle se sentait en tout cas plus apte à s'ouvrir, ce qui était une bonne chose. La bleue et bronze pouvait sans mal comprendre la réserve et l'agressivité de son interlocutrice, mais pour autant, elle savait que cette-dernière pourrait bien lui être fatale. Luna tenait à cœur le fait de devoir protéger la jeune femme autant qu'il lui fallait protéger Rhian, alors elle avait besoin pour cela que sa camarade se laisse aider. Apparemment, cette idée faisait son chemin dans l'esprit de l'élève de troisième année. Et c'était tant mieux, il serait bien plus aisé de la convaincre de la sorte. Ceci dit, même si Louisa acceptait d'entendre ce que sa camarade avait à lui dire, ce n'était pas pour autant qu'elle adhérait complètement à son propos. Il n'y avait pas de quoi se sentir véritablement surprise à ce sujet, il est vrai que si Luna s'était penchée sur son propre cas pour inviter Louisa à se confier, leurs cas de figure étaient malgré tout différent. Pour elle, l'avenir devait changer et s'améliorer, sa crainte était de perdre tous ses repères. Pour Louisa, l'avenir devait demeurer le même dans les grandes lignes, sans quoi Harry risquait fort de disparaître... D'avance, elle savait qui devrait partager sa vie et avec qui elle devrait fonder une famille. En soi, si cela avait dû se produire, alors c'est qu'ils étaient bel et bien compatibles et destinés à être heureux ensemble... après tout, n'étaient-ils pas déjà amis ? Mais comment observer la situation de cette manière sans jamais douté quand le choix ne se présentait plus à vous comme tel mais vous était en fait imposé ? Il était normal que Louisa se sente un rien défaitiste.

-Pas tout, non, se permit de corriger Luna avec sa douceur de ton habituelle, qui tenait à ce que son interlocutrice trouve un certain optimiste à sa situation, même si ce ne serait sans doute pas simple tous les jours. Même très compliqué, bien souvent, et à plus d'un titre. En même temps, c'était vrai, Louisa ne savait finalement qu'un seul élément de son avenir. Il était décisif, certes, mais il ne faisait pas tout. La vie, bien souvent, d'ailleurs, tenaient à ses détails. Tu as encore plein de choses à découvrir sur ton avenir, et tu les découvriras quand tu les vivras. Et même pour le reste... Elle poussa un soupir. Personne ne t'obligera à agir à l'inverse de ce que tu souhaites.

Personne, non, elle devrait vivre les choses comme elle l'entendrait, selon ses propres choix, ses désirs... Même si il fallait vraiment espérer que ces désirs en question n'empêchent pas l'existence de celui qui, en premier lieu, avait provoqué ce voyage temporel.

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una hocha la tête, très honnêtement, quand Louisa lui demanda si elle croyait réellement dans le propos qu'elle venait de tenir. C'était le cas, oui, elle y croyait bel et bien. De manière générale, Luna était quelqu'un d'intègre, de très sincère, qui n'avait pour nature de dissimuler le fond de sa pensée. Si elle devait mentir, elle le faisait à contrecœur (et ça avait manqué de la détruire alors qu'elle voyait Aulne se substituer à Luna contre sa volonté, sans réaliser ce qui se passait), sans l'ombre d'un doute. En l'occurrence, elle n'avait aucune raison de mentir, ce qu'elle disait donc, elle le pensait dans la moindre syllabe. Elle aimerait que Louisa la croie sur parole, dans l'espoir que cela représente un véritable soulagement pour elle... Ce n'était apparemment pas le cas. Elle était presque vexée de ce que son interlocutrice daignait avancer, l'idée qu'elle ait été mandatée par le reste des voyageurs, que son propos soit biaisé. La jeune femme avait beau respecter les intérêts de la résistance, elle avait choisi de veiller sur Rhian et Louisa sans pression et sans l'ombre d'une obligation. Quoi qu'elle puisse dire, Luna considérait qu'elle commençait à les connaître, et quand elle agissait, ce n'était pas en pensant aux intérêts de la résistance, c'était en pensant à leurs intérêts à eux, quitte à nier les problèmes que le comportement du futur coule pouvait engendrer... Pour peu que ce comportement se produise réellement dans le futur, ce qui était incertain à présent... Comme à peu près tout le reste, au vu des circonstances. Oui, elle n'avait pas tort, le sort de Harry était peut-être celui qui lui importait le plus, mais elle n'appréciait pas d'être si vivement rejetée, alors que ses intentions étaient réellement pures. Elle avait été la proie de suffisamment de manipulateurs pour ne pas vouloir être taxée de manipulatrice.

-Tu te trompes, répondit doucement Luna, qui se sentait presque capable de perdre patience, cette patience proverbiale, face au comportement pour le moins fermé de son interlocutrice. C'est moi qui ai choisi de vous aider, personne ne me l'a demandé.

Elle retrouvait sa douceur à mesure qu'elle parlait. On pourrait arguer qu'elle mentait, quelque part, puisque Rhian et Louisa avaient effectivement été à l'ordre du jour lors de la dernière réunion de la résistance, mais ça n'ôtait vraiment rien au fait que la jeune femme avait voulu leur tendre la main, qu'elle l'aurait fait même si personne n'avait jugé cela nécessaire - même si, évidemment, leur sort concernait bien trop de personnes pour que ce cas de figure se présente réellement.

-Je tiens à vous, c'est la vérité.

Même à Louisa, qu'elle connaissait pourtant à peine. C'était comme ça, elle se sentait proche d'elle. Comme de Rhian.

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una l'avait bien compris, quoi que son interlocutrice puisse dire ou faire, rien ne saurait réellement convaincre Louisa qu'elle était bien attentionnée, que tout ce qu'elle souhaitait était de les protéger, elle et Rhian. Au fond, elle pouvait bien comprendre ses réticences. La jeune femme ne connaissait pas réellement les deux adolescents. Certes, elle avait eu plus d'occasions de parler à Rhian (et puis il y avait eu l'épisode du filtre d'amour, sur lequel il valait mieux ne pas revenir, pour elle comme pour son interlocutrice en fait), mais malgré tout, on ne pouvait pas forcément dire qu'ils étaient véritablement amis, tous les deux. Mais elle se faisait pourtant un réel devoir de les aider, et du souci pour eux. Évidemment, elle tenait à Harry et voulait le soutenir également, mais puisqu'aider les uns revenait à protéger l'autre, où était le mal ? Il n'y avait pas de mal. Pas à ses yeux, en tout cas. La jeune femme apprécierait que son interlocutrice comprenne, pas seulement pour que sa parole soit entendue, mais aussi parce qu'elle ne pourrait tout simplement pas mener à bien cette mission qu'elle s'était confiée à elle-même s'ils n'y mettaient pas plus du leurs, s'ils ne se laissaient pas aider. Au moment où ils se sentaient seuls, plus seuls que jamais, ils prenaient le parti de s'isoler. C'était une erreur, une erreur fatale. Que Luna pouvait comprendre car il lui était arrivé à elle aussi de la commettre dans les premiers temps de son voyage temporel. Mais tout de même.

Luna avait envie de répliquer quelque chose d'autre, d'avancer un nouvel argument qui pourrait peut-être cette fois convaincre son interlocutrice, définitivement difficile à persuader, mais ce dialogue était un dialogue de sourd, et la bleue et bronze avait dans l'intuition que si elle insistait encore un peu plus auprès de sa camarade, cette dernière allait se braquer et elle allait perdre définitivement l'occasion de gagner, faute de son affection, au moins sa confiance. Il valait mieux lui laisser un peu de temps. Avec un peu de chance, elle repenserait à leur conversation. Avec encore plus de chance, elle changerait d'avis à son sujet et saurait se tourner vers elle au moment propice. Bon, malheureusement, tout cela appartenait au champ des hypothèses, elle ne pouvait être sûrs de rien, bien évidemment. Mais ça se tentait. Même si le temps n'était malheureusement pas ce dont ils disposaient en abondance. Déjà qu'ils avaient triché pour en obtenir un peu plus. Enfin, Louisa lui demanda de s'en aller, et donc, Luna allait s'exécuter.

-D'accord, j'y vais, répondit-elle doucement. Mais si tu as besoin de parler, je suis là, ajouta-t-elle du même ton.

Elle lui adressa un fin sourire avant de daigner s'en aller. Elle n'était vraiment pas certaine que cette conversation ait été réellement concluante. Mais au moins avait-elle essayé.

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