Helén était encore une toute jeune vampire, malgré ses deux siècles d’existence. Il faut dire qu'évoluer avec des références immortelles, du coup, c'était infantilisent. Bon, elle ne connaissait pas beaucoup d'autre vampires... elle avait récemment rencontré sa mère. Ou du moins celle qui l'avait mise au monde. Parler de mère était encore une autre affaire. En fait, elle ne pensait pas la revoir. Elle ne voulait pas la revoir. Sans blague. Certes elle lui avait couru après pendant un paquet de temps, et juste pour se disputer avec une fois... c'était un peu bête dit comme ça. Mais effectivement, elle ne voulait pas la revoir. Une femme ignoble d'après elle. Elle avait simplement voulut lui signifier clairement. Du coup, maintenant Helén reprenait une vie normale. Enfin, normale, pour un vampire bien sûr. Ce qui n'était pas rien tout de même. Elle n'était pas comme sa chère mère. Elle ne s'était pas installé depuis très longtemps. Alors, dans le temps qu'elle avait eu, elle s'était trouvé juste un petit appartement. C'était déjà bien et même largement suffisant. De toute façon, elle détestait rester en place. Alors elle dormait tranquillement la journée et son temps libre elle le passait dehors. En fait, elle commençait à se dire qu'elle devrait peut-être se trouver un petit travail. Histoire de s'installer vraiment. Maintenant qu'elle avait trouvé celle après qui elle avait courut presque toute sa vie, elle ne pensait pas bouger tout de suite. Mais bon... en même temps... pourquoi se presser?..

Le soir tombait doucement. Helén était du genre à ne pas se réveiller très tôt. Ou tard pour le reste du monde plutôt. Elle n'avait pas de contraintes (ou ne pensait pas en avoir) et en profitait. Pourquoi se lever dès le coucher du soleil sou prétexte que c'était plus confortable. Ça l'était tout autant en pleine nui. Même si ce jour-là elle n'avait pas attendu que la lune soit haute pour sortir. Elle voulait se balader un peu avant d'aller manger. Elle n'était pas du genre à se cacher non plus. Elle se cachait pour manger tout de même là c'était une question de logique. Elle n'avait pas reçu l'éducation des autres vampires, mais elle n'était pas idiote pour autant. Mais autrement elle appréciait même la compagnie. Celle des sorciers surtout. Ils la fascinaient. Elle voulait comprendre cette histoire de sentiments. Elle ne saisissait pas tout. Mais elle adorerait. Helén était sans doute la chose la plus étrange qui ne soit jamais arrivée à son espèce. Probablement parce qu'elle était une anomalie même pour eux. Les vampires n'étaient pas autorisés à se reproduire entre eux. Alors il ne devrait pas y avoir de telle créature. Et alors sans la moindre éducation adaptée... tout cela pour dire qu'elle aimait passer du temps parmi les sorciers et essayer de les comprendre et de les imiter. Helén adorerait pouvoir ressentir autant de choses. Comme tout le monde elle avait des sentiments... mais ce n'était pas pareil.

Helén était allée dans les rues de Londres et s'était installé dans un bar. Elle regardait un peu partout, entrait dans les têtes où elle pouvait entrer et essayait de comprendre ce qui se disait autour d'elle. Elle était curieuse...

Mes journées sont d’une longueur abominable. Que l’on ne se méprenne pas, il s’avère que plus le temps passe, plus j’adore mon travail. Si, dans un premier temps, j’ai pu avoir un sentiment de recul vis à vis de mon poste au ministère (devoir son emploi à un membre de sa famille n’a vraiment pas grand chose de gratifiant... j’aurais très nettement préféré devoir ma situation à mes propres mérites, malheureusement je ne pouvais ni contester la parole de mon père, ni passer à côté de l’occasion de me faire un nom), je commence vraiment à me plaire et à m’intégrer au département des mystères. Aux côtés de Jacob Hoover, j’apprends énormément, et j’ai le sentiment de m’améliorer un peu chaque jour. Visiblement, mon travail est apprécié, puisque de stagiaire, je suis devenu employé... J’ignore si, une fois de plus, je le dois à mes compétences, à la place de mon père, ou au fait qu’ils aient préféré m’embaucher afin que je ne révèle pas leurs petits secrets (s’ils savaient...)... Le fait est, dans tous les cas, que j’en suis là. Le travail ne manque pas, et je m’y investis avec une passion qui me surprend moi-même... Bien sûr, tout cela a un but. Un autre but, je veux dire. Chaque bribe d’information concernant les voyageurs temporels (quelle heureux hasard que j’aterrisse pile dans le service adéquat, et auprès de la personne qui gère leur sort, je la garde précisieusement à l’esprit pour la retranscrire minutieusement une fois chez moi... C’est un travail de longue haleine, mais il en vaut la peine si, tout à la fois, je parviens à être l’employé modèle, le mari aimant, et le chevalier de Walpurgis investi dans la plus grande des causes... Quoi qu’il en soit, cela justifie que, souvent, quand je quitte enfin le ministère, fatigué et fourbu, la nuit est tombé depuis un moment déjà.

Mon cerveau a l’air d’avoir doublé de volume alors que je sors enfin à l’air libre et parcours les rues de Londres, j’ai l’impression qu’il cogne contre ma boîte cranienne au rythme des battements de mon coeur. Ou que les battements de mon coeur s’y calquent. Dans tous les cas, c’est vraiment très très désagréable. Je décide de ne pas rentrer chez moi de suite. Je sais qu’Elena rentrera tard, et je n’ai pas spécialement envie de rester seul avec mes pensées pour le moment, d’autant que je sais que je finirais invariablement par me remettre au travail si je me retrouve seul. Et là, je n’ai pas envie de travailler. Là, j’ai plutôt envie de me détendre un peu et de me vider l’esprit. C’est ce qui guide finalement mes pas vers le pub le plus proche. Je suis loin d’être un pilier de bar, l’odeur de tabac, la compagnie des poivrots et cette ambiance étouffée ne sont pas forcément mon dada... mais j’ai besoin de ça ce soir, je crois, un petit verre de whisky pur, feu, et on est reparti, non ?

... Un vrai discours d’alcoolique. Mon seul soulagement dans ma misère est d’avoir tout de même conscience de ne pas en être un. L’endroit est bondé. J’aurais peut-être dû viser un autre bar mais je doute qu’il y en ait le moindre qui ne soit pas à ce point noir de monde. Dommage, j’ai envie de m’asseoir... Je vais peut-être le pouvoir. Il y a une rouquine à la peau très pâle assise seule, une chaise vide à côté d’elle. J’ignore si j’ai vraiment envie de faire la conversation, mais puisque je suis certain de ne pas vouloir rester debout... Je commande ma consommation au bar, et emporte mon verre avec moi avant de me diriger vers la jeune femme (en tous cas, en apparence, elle a l’air jeune).

-Excusez-moi... cette place est libre ?