C

lyde détestait par-dessus tout les repas de famille. Certes, on mangeait bien, et c'était déjà ça, mais au-delà de ça... Pour lui, ça rimait avec ennui profond, et il était passé maître dans l'art d'inventer des excuses afin de s'épargner ce genre d'événements... Surtout que ses rapports avec sa famille étaient loin d'être franchement joyeux, même s'il les entretenait juste ce qu'il fallait afin qu'il ne vienne pas à son père l'idée de lui couper les vivres. Dernièrement, décliner ce genre d'invitation était devenu d'autant plus une nécessité que le couple Hornby n'avait encore parlé à personne de la grossesse de Bonnie... Une échéance qui ne saurait être longuement retardée, mais qu'il prenait grand souin de fuir... Non mais quel bordel, ça aussi. Bref, définitivement, les repas de famille, très peu pour lui... Et pourtant, pourtant, il faisait bel et bien une exception ce soir-là, et pour tout dire, il la faisait même de bon coeur. Parce que ce n'était pas exactement sa "famille" qu'il allait voir (de ce qu'il savait, Abby serait présente, mais pas ses parents), mais Jo, puisque sa cousine fêtait la réussite de ses ASPIC.

Honnêtement, fêter la réussite de ses examens, Clyde n'en voyait pas franchement l'intérêt (en même temps, même s'il avait obtenu ses ASPIC la seconde fois, ce n'est pas pour autant qu'on pouvait affirmer qu'il les avait réussis)... Mais si ça faisait plaisir à tout le monde... Clyde savait que Jo avait l'intention de rejoindre une école allemande à la rentrée, alors ce dîner serait sans doute la dernière occasion qu'il aurait de parler avec elle avant longtemps. Pas qu'ils parlent ensemble constamment non plus, ceci dit, mais disons que ce serait l'occasion, au moins. Bref, il était donc venu, seul (ça valait mieux) et en retard (parce que c'était lui). Quand il arriva sur place, il salua sa cousine avec l'un de ses habituels sourires nonchalants aux lèvres.

-Salut, des félicitation s'imposent, j'imagine. Même si tu rempiles pour encore plus d'études.

Quand on pouvait enfin s'épargner cours et professeurs, Clyde avait un peu de mal à comprendre qu'on puisse éprouver l'envie de remettre ça, mais en même temps, Jo et lui n'avaient jamais eu la même manière de fonctionner, et ils le savaient pertinemment, ce qui ne leur avait pas empêché de trouver un terrain d'entente au final. Surtout après la mort d'Oly...

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Q

luand Clyde avait été invité à fêter le diplôme de sa cousine en présence de la famille, le jeune homme s'était attendu à des célébrations en grande pompe, et donc à pouvoir se fondre dans la masse sans spécialement se faire remarquer. Même si la famille de Jo s'était réduite par la force des circonstances, quand on appartenait à une grande famille de sang pur, on était plus ou moins le parent de tout le monde, alors il était simple de remplir une salle de réception. Mais non, la soirée ne se profilait pas du tout comme le jeune homme l'avait présumé. De toute évidence, ils allaient être en comité plus que restreint, et en plus, on avait attendu son arrivée pour commencer. Non mais quelle idée. Clyde se permettait d'arriver en retard, mais il n'était pas regardant, il permettait aussi aux gens de commencer sans lui, il préférait, même, qu'on commence sans lui. C'est sûr qu'il y avait quelque chose de flatteur dans le fait de se faire attendre, mais ce n'est pas pour autant que Clyde courait après, surtout pas ce soit où il laissait sans souci à sa cousine le titre de reine de la soirée. Il n'y avait pas grand monde autour de la table, mais Clyde se contenta de hausser les épaules en guise d'excuse avant de venir s'installer tandis que Jo lui disait qu'elle partait étudier en Allemagne. Il ne suivait pas grand-chose, mais ça, il l'avait effectivement retenu. Pour la peine, il aurait bien aimé qu'elle se souvienne de son boulot. Bon, il n'en glandait pas une, mais ça faisait un bail maintenant qu'il n'en glandait pas une au même endroit, après tout.

-Je bosse toujours au ministère, au département de la coopération magique internationale. Rien que le nom ultra-pompeux de ce département lui donner envie de bailler, mais bon, paraît que son père en était le directeur, on reçoit le piston qu'on peut. Bref, on s'en fout. Et il ne disait pas ça pour ne pas accaparer l'attention, il disait vraiment ça parce qu'il considérait qu'on s'en foutait bel et bien... De toute manière, il passait plus de temps à sécher le travail ou à glander sur sa chaise qu'à travailler, donc dans tous les cas. Bon alors, pourquoi tu vas carrément t'enterrer en Allemagne, t'en as marre de voir nos tronches, c'est ça ?

Ce serait un motif compréhensible.

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C

llyde afficha un fin sourire quand Jo affirma que oui, il y avait bel et bien des tronches qu'elle aurait plaisir à fuir. Au moins, elle n'hésitait pas à le dire. Cette réponse l'amusait d'autant plus qu'il se doutait qu'elle était plutôt sincère. Le jeune homme était loin d'avoir suivi tous les détails, il faut dire qu'il se fichait un peu de ces histoires de lycée, mais il avait cru comprendre que la scolarité de sa cousine n'avait pas toujours été simple, surtout ces dernières années (où il n'avait plus été à Poudlard pour le constater de ses propres yeux, donc). En même temps, les années lycée étaient des années ingrates, pour pas mal de monde, et si certains pensaient à Poudlard avec nostalgie, beaucoup étaient ravis d'être débarrassés une bonne fois pour toutes ces fichues tronches qui leur avaient causé souci. Alors soit, du moment que ce n'était pas le seul prétexte qui la poussait à fuir en territoire germanique (qui n'était pas forcément le plus hospitalier d'Europe à l'heure actuelle), ce pouvait sûrement être considéré comme un bonus, et ce n'était certainement pas si mal. Elle précisa d'ailleurs ce que serait la nature de ses études, là-bas.

Elle allait étudier les langues anciennes. Très bien pour elle. Clyde, lui, n'ajurait jamais eu la patience de faire ce genre d'études... ou des études tout court, d'ailleurs. Il fallait sans doute passer sa vie le nez plongé dans des bouquins et passer son temps à constamment rabâcher de vieilles connaissances déjà acquises. Alors oui, forcément, il fallait avoir la patience et l'érudition que Clyde n'aurait jamais de son côté. Mais en même temps, c'était évidemment le problème de Jo, pas le sien.

-Si c'est ton truc, écoute, dit-il en haussant les épaules. C'est cool. J'espère que ça va te plaire.

Mais en même temps, il n'y avait pas de raison. Si elle s'était orientée dans une voix aussi précise, c'était qu'elle devait vraiment être passionnée, et c'était une chance que de pouvoir mener des études (puis une carrière) en parfaite concordance avec vos passions. Tout le monde ne pouvait pas se payer un tel luxe. En vérité, rares étaient les personnes qui étaient réellement capables de se payer un tel luxe. Clyde n'en voyait aucune dans son entourage...

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C

llyde, quelque part, admirait la propention de Jo à se réjouir de ses projets d'avenir. Pour lui, les études (ou le travail, il mettait les deux dans le même panier) étaient forcément désagréables et ennuyeuses, même si elles devaient porter sur un sujet susceptible de nous intéresser (et aucun sujet n'intéressait suffisamment le jeune homme pour que ça vaille la peine d'en faire une vocation à vrai dire). Le jeune homme était heureux pour elle dans tous les cas. L'essentiel, c'était qu'elle trouve sa voix, et qu'elle se plaise où et quoi qu'elle fasse. Quelque part, il se sentait même soulagé d'entendre qu'elle partait en Allemagne. Ce n'était certes pas très loin, et le pays avait été dévasté par la guerre, mais au moins, elle serait à l'abri des troubles qui sévissaient en Grande-Bretagne... même s'ils risquaient fort de s'étendre s'ils ne parvenaient à rien. Il avait perdu Oly, déjà, s'il pouvait préserver au moins un autre membre de sa famille des griffes du mal, il ne s'en priverait pas. Un autre membre de sa famille auquel il tenait, précisons, ce qui limitait un peu les choses. Jo enchaîna sur la question à ne sans doute pas poser à l'heure actuelle.

-Hum... eh bien... J'imagine qu'il est temps de l'annoncer...

Il avait évité d'aborder le sujet jusqu'alors, mais puisqu'on abordait sa relation avec Bonnie, il n'avait peut-être plus vraiment le choix. Evoquer la grossesse de Bonnie après la naissance du gosse risquait d'être un tantinet contreproductif. Même s'il aimerait bien.. ou dans l'idéal, il préfèrerait encore remonter le temps histoire de ne pas avoir à s'en soucier du tout. Mais c'était comme ça... Elle lui laissait une ouverture, et c'était encore plus simple de parler de ça que de dire la vérité, à savoir que Bonnie le trompait (dans la mesure où c'était de la tromperie puisque même mariés, il ne considérait pas qu'ils étaient ensemble), et qu'elle était enceinte d'un autre.

-Bonnie est enceinte.

Voilà voilà, la bombe était lâchée, et il s'attendait d'un instant à l'autre à recevoir des félicitations pour une situation de laquelle il n'était pas responsable et qu'il se serait bien épargné. Il n'avait pas le choix, c'était comme ça, voilà tout... Il allait devoir faire avec.

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B

lon, le moins que l'on puisse dire, c'est que la nouvelle de la prétendue paternité de Clyde ne laissait clairement pas Jo indifférente, rien que pour le plaisir de la voir s'étouffer une nouvelle fois avec un petit pois, le jeune homme se ferait un plaisir de réitérer la nouvelle s'il devait avoir l'assurance qu'elle ait le même impact. Entendons-nous bien, il n'éprouvait aucun plaisir à voir sa cousine s'étouffer, mais c'était assez drôle de la voir à ce point décontenancée par une telle révélation. En même temps, Clyde n'aurait sans doute pas eu une réaction différente si son épouse lui avait appris de but en blanc qu'elle était enceinte.

Mais puisque c'était une chose qu'ils avaient comprise en même temps, forcément, c'était pas arrivé... Clyde se demandait quand même d'où venait le choc, le fait qu'il ait définitivement mis un pied dans le monde des adultes ou la perspective de le voir s'occuper d'un marmot. Dans un cas comme dans l'autre, c'est sûr qu'il y avait de quoi s'angoisser. Mais ne nous affolons pas, Clyde Hornby resterait un grand enfant quoi qu'il advienne. Quant au gosse... eh, c'était même pas le sien, Bonnie n'aurait qu'à se démerder... Clyde, de son côté, en tout cas, ne comptait pas faire le moindre effort à son sujet.

Son "Euh... oui... c'est bien" achevait de témoigner de son parfait manque d'enthousiasme. Heureusement, il en fallait largement plus pour vexer le jeune homme (pour peu qu'il soit possible de le vexer - ce qui était le cas, mais il fallait chercher loin tout de même), sinon, il pourrait vraiment mal le prendre. En fait, si Bonnie était effectivement enceinte de lui, peut-être qu'il l'aurait mal pris, mais pour le coup, il était quand même plus de l'avis de Jo que du reste de la tablée qui au moins faisait mine de se réjouir : c'était vraiment n'importe quoi, tout cette histoire. Il répondit laconiquement aux questions qu'on lui posa sur comment allait Bonnie, sur le nom qu'on donnerait leur progéniture, et toutes les conneries d'usage que lui avait rabâché quiconque avait su que sa femme attendait un heureux événement. Finalement, quand on accepta de prêter un peu moins attention à lui, Clyde reporta son attention sur Jo et lui dit à voix basse.

-N'aie pas l'air encore plus heureuse pour moi, surtout, ta mâchoire risquerait de se décrocher à force de sourire comme ça, se permit-il d'ironiser d'un ton complice.

-

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J

lo s'excusa. Si Clyde avait été un autre que Clyde, il aurait peut-être considéré que c'était un début, mais tout de même pas suffisant, et que la nouvelle méritait au moins qu'elle fasse l'effort de formuler des félicitations ou de pointer du doigt ce qui n'allait pas à ses yeux... Seulement, Clyde était Clyde, et donc, au fond, ça lui était un peu égal, la manière dont les autres pouvaient bien prendre la nouvelle du moment qu'on ne venait pas trop l'emmerder avec... En fait, il était plus curieux de savoir ce qui la dérangeait tant dans cette information que de lui reprocher de trouver cette information dérangeante... parce qu'il était après tout le premier à estimer qu'elle l'était, quand bien même il savait faire bonne figure auprès de la famille, qui ne manqua pas d'ailleurs d'y aller de ses commentaires sur les questions (à l'exception de Jo, manifestement, qui restait tout de même muette sur la question - en fait, Clyde allait finir par penser que le souci n'était pas qu'elle soit choquée par la nouvelle, mais juste qu'elle s'en foutait royalement. Et c'était tout à fait son droit).

Il laissa donc passer les commentaires, réagit à certains, roula des yeux tandis que sa soeur aimait à en rajouter une couche (elle n'arrêtait pas depuis qu'elle avait appris la nouvelle... qu'elle avait su plutôt que le reste de l'assemblée, bien sûr, puisqu'elle avait été la première de sa famille, en fait, à qui il en avait parlé... à qui il avait voulu en parler, plus exactement. Même s'il s'en voulait de devoir omettre quelques détails de choix). Et le dîner s'écoula tranquillement. Ils en arrivaient au dessert. Très bien, on ne savait jamais trop à quel moment ce moment pointerait le bout de son nez durant ces dîners à rallonge. Et ce fut à ce moment-là que Jo accepta de reprendre une nouvelle fois la parole.

-Ben oui, bien sûr, répondit Clyde d'un ton évident, alors que Jo lui demandait si elle pouvait lui parler de quelque chose.

Elle piquait clairement sa curiosité. Pourquoi en passer par cette formule et ne pas lui parler directement ? Dans sa tête, il voyait défiler mille possibilités, et au bout du compte, il se disait que si Jo semblait si... absente de ce repas qui avait pourtant été organisé en son honneur, c'était peut-être seulement qu'elle avait un truc à l'esprit. Et un truc grave, même.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

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B

lon, de toute évidence, elle avait définitivement quelque chose d'important à lui apprendre, puisqu'elle ne se contenta pas de lui parler de but en blanc de ce qui la tracassait mais décida de le conduire à l'écart pour lui parler à l'abri des oreilles indiscrètes. Bon, c'était définitivement bizarre, et le jeune homme était de moins en moins serein pour sa part. Le silence les enveloppa un bon moment, et si Clyde n'était en temps normal pas le moins du monde dérangé par le silence, force lui était de reconnaître que celui-ci avait un je ne sais quoi d'opressant, bref, ça ne lui plaisait pas beaucoup, et il avait vraiment peur de ce qu'elle allait lui dire. Et il ne devait pas avoir tort d'avoir peur. Le jeune homme se contenta de hocher la tête quand Jo lui demanda de l'écouter sans l'interrompre. Soit. Il n'était pas forcément dans la nature de Clyde d'avoir l'impolitesse d'interrompre les gens de toute façon. Sauf quand il avait dans l'intention d'agacer son interlocuteur, mais clairement, ce n'était pas le cas à l'heure actuelle. La situation paraissait de toute façon trop grave pour réellement oser en rire.

Dès qu'il entendit le nom d'Olive, Clyde sut pour de bon que toutes ses appréhensions avaient effectivement fondées. Le sujet de la mort de sa soeur était très délicat, d'autant plus qu'au sein de sa famille, il était aussi tabou que ne l'avait été sa maladie avant cela. Mais il n'y avait pas que ça... Comment se faisait-il que Jo sache tout cela ? Clyde devait bien admettre être un peu sonné par ce qu'il l'entendait dire, pas parce qu'il ignorait tout de ce qu'elle pensait lui apprendre, mais parce qu'il ne s'était pas imaginé que Jo en sache autant de son côté. Elle savait que Jedusor était responsable du décès d'Olive, elle savait que Pomona et les voyageurs étaient morts également par sa faute (même s'ils étaient très vivants pour des morts, en réalité, mais il allait garder cette information pour lui). Il se crispa quand elle parlait d'arrêter ce mage noir. Il n'avait clairement pas envie que sa cousine se mette en tête de mener une vendetta personnelle et solitaires contre Voldemort. Il était heureux qu'elle parte en Allemagne en partie pour s'éloigner un peu du danger, ce n'était pas pour qu'elle commence à se laisser porter par ce genre d'intention.

-T'aurais dû m'en parler avant, surtout, répliqua-t-il alors. Depuis quand est-ce qu'elle savait exactement ? Pourquoi attendre le jour où il prétendait devenir papa pour lui balancer ça à la figure ? Je suis courant, Jo. Je sais pas comment t'as appris tout ça, mais... c'est pas ton rôle d'arrêter ce cinglé, ni le mien (un peu de mauvaise foi par ci). Y a des sorciers compétents sur le coup, commence pas à faire n'importe quoi, Oly voudrait pas ça.

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le moins que l'on puisse dire, c'est que Jo n'y allait pas de main morte. C'était une bonne chose, vraiment, qu'elle exprime le fond de sa pensée, et c'était le genre d'attitude que Clyde ne pouvait qu'encourager, mais il avait tendance à la trouver... directe et assez irrespectueuse, pour le coup. Parce qu'il avait un peu le sentient de se laisser insulter. Ce n'était sans doute pas le cas, mais en gros, en disant que c'était son raisonnement qui permettait au mal de se propager, il avait un peu le sentiment qu'il l'accusait indirectement de la mort de sa soeur, comme si c'était son manque de réaction de l'époque qui avait précipité sa chute. Ce n'était pas le cas, bien sûr, du moins pas tout à fait, mais malgré tout, Clyde se sentait culpabilisé à mort... Ce qui avait d'autant moins de fondement que, contrairement à ce qu'il prétendait, il agissait bel et bien. Mais à l'heure actuel, il s'imaginait à la place du Clyde passif qu'il était très souvent, et être ainsi recadré sans aucun tact à l'heure où on évoquait la mort d'Olive, c'était quand même un peu éprouvant.

-OK, si tu veux, et tu comptes faire quoi, alors ? Foncer dans le tas la tête la première et l'affronter avec tous ses sbires ? Je ne pense pas que d'autres s'occupent du problème, je le sais, et c'est des pros, des gens qui savent vraiment ce qu'ils font. Il marqua une légère pause. Déjà que j'ai perdu Oly, tu me rendrais service si tu acceptais de rester en vie, tu peux le comprendre, ça ?

Sa voix s'était teintée d'un léger tremblement qui lui ressemblait en soi très peu. Rien ne semblait pouvoir ébranler la patience et la nonchalance de Clyde, pourtant, mais sous ses airs de larve finie, l'on ne pouvait ignorer le fait qu'il restait humain quoi qu'il en soit, et qu'un coeur battait sous ce tas de flegme. Rarement, mais toujours davantage quand il était question de sa soeur et des circonstances de sa mère. S'il devait perdre sa cousine aussi, à cause du même sale type complètement taré, honnêtement, il lui serait impossible de ne pas se le reprocher juste... éternellement.

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lo avait beau affirmer qu'elle faisait attention à elle, Clyde n'était vraiment pas certain qu'il pouvait la croire sur parole, à vrai dire. Parce que ce n'étaient que des mots, et qu'il n'avait pas le sentiment que ce qu'elle assurait en cet instant coïncidant avec le discours qu'elle avait prononcé un peu plus tôt. Bon d'accord, c'était peut-être lui qui se montait la tête avec tout ça et qui prenait les choses de travers, mais il avait vraiment le sentiment que Jo avait l'intention de se frotter au danger directement, en cherchant à s'en prendre à Jedusor. Bien sûr, il avait extrapolé, l'instant d'avant, et il se doutait qu'elle n'était pas bête au point d'aller frapper à la porte du QG des mangemorts, où qu'il se trouve, baguette à la main, mais vouloir s'investir, c'était déjà prendre des risques... Surtout si elle agissait seule dans son coin. Bien sûr, Clyde était mal placé pour parler, mais d'un autre côté, il avait bien eu envie de réplique à sa cousine qu'elle n'avait pas à s'en faire pour lui puisqu'il était un incapable à la mentalité je m'en foutiste (ce qui était assez vrai).

Pas la peine de mettre de l'huile sur le feu absolument pour rien. Dans tous les cas, non, il ne voulait pas qu'elle s'en fasse, et il n'estimait pas craindre grand-chose par ailleurs. Même au sein de la Résistance, Clyde se considérait comme un planqué. De toute façon, les résistants se contentaient de canaliser l'information, quand Clyde parlait des individus compétents qui cherchaient à arrêter Jedusor, il pensait bien davantage à l'Ysbridion, aux anciens Wardens qui avaient parfaitement su prouver leur valeur par le passé. Ces hommes et ces femmes s'étaient frottés à Grindelwald en personne et en étaient sortis victorieux. On pouvait leur faire confiance. Mais bien sûr, encore faudrait-il que Jo connaisse leur existence.

-Et toi ? demanda-t-il d'instinct, lui retournant sa question. Après tout, Clyde était le frère d'Oly, il lui semblait logique d'en savoir plus que Jo... et il se demandait vraiment de quelle façon sa cousine avait tout découvert. Malgré tout, il lui répondit. Olive m'avait plus ou moins parlé de lui avant...

Il voudrait que ce soit vrai... mais Oly ne lui disait rien, elle avait préféré se confier à Pomona plutôt qu'à lui. Elle avait peut-être bien fait, puisque Pomona avait su agir en conséquence comme lui-même en aurait été incapable, mais il n'en était rien... Simplement, il ne pouvait pas lui parler de Pomona, plus maintenant. Dans les circonstances actuelles, moins il y avait de personnes informées sur la résistance, mieux c'était, pour le bien des fugitifs qui n'étaient morts que sur le papier.

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c4

létait donc Pomona qui avait appris toute la vérité à Jo. Au fond, Clyde n’était pas vraiment étonné de l’apprendre. Après tout, celle qui en avait toujours su plus que tous les autres, c’était bel et bien Pomona, et sans elle, jamais Clyde n’aurait su tout ce qui se tramait derrière la mère de sa sœur, il en aurait souffert sans pour autant comprendre tous les tenants et aboutissants. Est-ce que ça rendait la souffrance plus supportable ? Peut-être pas, mais ça permettait de mieux l’identifier, et aussi de faire quelque chose pour l’atténuer, ne serait-ce qu’un tout petit peu. Ceci dit, il était étonné que Pomona ait parlé de tout cela avec Jo. Certes, elle était sa cousine, mais quand bien même, il ne l’imaginait pas répandre ainsi ces informations aux quatre vents. En tout cas pas sans arrière-pensée. Quand elle avait discuté de tout cela avec lui, c’était clairement avec l’intention de le faire rejoindre la Résistance, mais Jo, elle, ne faisait pas partie de la Résistance (il n’était peut-être pas toujours très attentif à ce qui l’entourait, mais c’était tout de même une information à côté de laquelle il aurait été pour lui impossible de passer.

Bref, dans tous les cas, ils avaient appris la vérité de la même manière, ce n’est pas pour autant que les conséquences en seraient. Il fut plus étonné par ce qu’elle lui dit ensuite. Si elle savait qui était Voldemort et ce qu’il avait fait à sa sœur, comment se faisait-il qu’elle ne soit pas plus au courant que ce qu’il planifiait de faire, de la nature de ses intentions. Mais peut-être y avait-il un autre sens à sa question ? Un sens qu’il ne comprenait pas vraiment, dans ce cas…

-Euh, j’en sais rien, je suis pas dans sa tête, répondit-il, totalement décontenancé par cette question, et incapable de savoir ce qu’elle pouvait bien attendre comme réponse. Je veux dire, c’est assez évident qu’il veut un monde gouverné par les sorciers de sang pur, mais après, je sais pas s’il a d’autres intentions à part ça… Et puis si les gens le suivent, j’imagine que c’est parce qu’ils sont d’accord avec lui… Ou parce qu’il les fait flipper.

Il ne pouvait pas se montrer plus précis avec elle. La Résistance avant une idée globale des ambitions de l’ennemi, ce n’est pas pour autant qu’il pouvait vraiment prétendre tout comprendre de ce qui se passait dans la tête de ce psychopathe. Et il avait envie de penser que c’était plutôt bon signe pour sa santé d’esprit.

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C

llyde s'attendait à ce que Jo lui pose de nouvelles questions, mais peut-être avait-elle compris qu'il n'en savait pas assez. Ses interrogations étaient bien évidemment légitimes, plus que légitimes, même, mais ce n'est pas pour autant qu'il pouvait vraiment l'aider à percer les mystères qu'elle pointait du doigt. Le jeune homme ne savait pas vraiment si ses réponses sauraient lui servir en quoi que ce soit, mais il l'espérait, quelque part, parce que Jo méritait de mener une vie sereine.

Dans les circonstances actuelles, c'était presque peine perdue, mais peu importe, ça ne coûtait après tout rien d'essayer. Lui, il n'avait plus grand monde à protéger, alors s'il pouvait faire ce minimum d'efforts avec ceux qui lui restaient, il en avait la plus ferme des intentions... il n'imaginait pas les choses autrement. Jo ne posa pas plus de questions, non, à la place, elle formula une requête à laquelle le jeune homme ne pouvait qu'accepter de se montrer attentif à sa volonté. Il sentait bien que c'était important pour elle, et c'était au final le moins qu'il puisse faire pour sa part, à n'en point douter.

-C'est pas simple à comprendre, en même temps, admit Clyde quand Jo lui dit qu'elle avait voulu lui parler de Lord Voldemort, mais qu'elle n'était pas certaine d'avoir su s'y prendre comme il le fallait.

La jeune femme elle-même n'avait pas tout compris aux intentions du mage noir, normal que son père soit perdu. Et même si la presse en faisait ses choux gras, il n'était pas pour autant simple de comprendre totalement la situation... lui-même était bien souvent largué.

-Je veillerai sur ton père, c'est promis. Enfin, je ferai de mon mieux, en tout cas.

Il ne pouvait malgré tout pas s'assurer constamment du bien-être de monsieur Benett. Et ce serait présomptueux de dire qu'il serait capable en quoi que ce soit de sauver à coup sûr cet homme s'il devait être en danger. Il n'y avait pas forcément de raison, mais ça tenait à coeur à Jo, et elle était à peu près la seule personne pour laquelle Clyde était capable de faire ce genre d'effort (ce qui voulait dire beaucoup.. parce que Clyde et efforts, ça n'allait pas spécialement ensemble).

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llyde esquissa un léger sourire quand sa cousine le remercia. Il n'estimait vraiment pas mériter cette gratitude, d’autant qu'il ne pouvait absolument pas garantie à la jeune femme de pouvoir faire quoi que ce soit en ce qui concernait son père. Ceci dit, la réponse de Jo ne pouvait que l’encourager à fournir les efforts nécessaires pour qu'elle puisse partie sereinement en Allemagne en se faisant peut-être un peu moins de soucis pour ses proches. Au fond, maintenant qu'il prenait conscience de tout ce que savait sa cousine  , il se sentait assez soulagé  de savoir qu'elle allait partir à l’étranger. Certes, elle allait lui manquer, c’était même une évidence, mais au moins, elle serait tenue à l’écart du danger immédiat que représentait Tom Envie Jedusor. Le jeune homme restait tout de même perturbé par les révélations qu’elle lui avait faites. Comme si la situation n’était pas déjà bien assez difficile et complexe comme cela.

Il ne sut pas trop comment réagir ni quoi répondre quand son interlocutrice lui demanda si il connaissait le nom des fidèles de Jedusor. Il était clairement partagé entre deux réponses bien distinctes, pour ne pas dire aux antipodes l’une de l’autre. Oui, grâce à la résistance, il connaissait le nom de plusieurs des sbires à la solde de Lord Voldemort, mais serait-il le lui apprendre pour autant ? Il n’en était pas certain.

D'un côté, il se disait que connaître leurs noms lui permettrait de s'en protéger comme il se doit… D’un autre… après qu'elle lui ait si concrètement appris vouloir trouver in moyen d’arrêter le mage noir, et même si c’était tout à son honneur, il avait peur qu’elle fasse une sonnerie. S'il lâchait des noms et que cela finissait par se retourner contre Jo, il ne se le pardonnerait clairement pas.. Aussi se décida-t-il finalement pour un compromis et fit doucement non de la tête, un air navré (et qui n’était réellement) sur le visage.

-J'ai pas de nom précis, répondit-il finalement d'un ton désolé, bien conscient du fait que cette réponse n'allait dans doute pas plaire à son interlocutrice. Tant pis. Il pensait à son bien, et un jour, avec un peu de chance, elle réussirait à le comprendre. Mais méfie-toi des grandes familles de sangs purs, c'est là qu'ils pululent.

C’était un conseil qui lui semblait avisé, et il ne pensait pas prendre beaucoup de risques en lui disant cela. Si déjà, elle pouvait se tenir à distance de ces personnes-là, ils seraient plus ou moins en sécurité… même s'ils étaient tous deux la preuve que tous les sangs purs n’étaient pas à mettre dans le même panier.

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