On peut tout fuir, sauf sa conscience. (James)

James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Cela faisait plusieurs heures que Sasha était assise sur son lit, dans sa chambre plongée dans le noire. Elle savait que son frère avait quitté la maison pour aller à son travail, pensant sans doute qu’elle dormait encore. Mais ce n’était pas le cas, elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Et alors que son estomac commençait à réclamer qu’on s’occupe de lui, elle ne bougeait pas. Son regard ne quittait pas le mur en face d’elle, son corps tremblait par moment. Mais elle n’avait pas froid, malgré que l’hiver soit encore bien présent, elle n’avait pas froid. Elle tremblait simplement parce que les images de ce qu’elle avait fait lui revenaient à l’esprit. Ce n’était pas la première fois qu’elle tuait quelqu’un, elle en prenait un réel plaisir. Mais c’était tellement différent cette fois-ci, parce que sa cible était vraiment différente. En réalité, Sasha n’avait pas réellement d’affection pour Nemesis. Elle avait décidé de ne jamais s’attacher à cette femme, parce qu’elle connaissait trop bien la relation qu’elle avait avec son frère. Elle savait d’avance que la femme allait la détester une fois qu’elle apprendrait les sentiments qu’elle avait pour l’homme, même si entre temps il s’avérait qu’ils n’étaient plus ensemble. Cependant, elle ne pouvait pas s’empêcher de sentir une boule dans son estomac à chaque fois qu’elle repensait à la femme. Elle l’avait tué, elle n’était pas seule mais quand même, elle avait tué la sœur de l’homme qu’elle aimait. Et tout cela pour faire plaisir à un adolescent avide de pouvoir qui prenait un malin plaisir à détruire sa vie à petit feu.

Sasha finit par prendre la décision de se lever et de descendre dans le salon, profitant de l’absence de son frère. Ce n’était pas qu’elle l’évitait, mais depuis son retour d’Azkaban elle n’était pas réellement elle-même. Elle ne dormait plus, elle faisait de nombreux cauchemars et elle appréciait de moins en moins la présence des autres. D’ailleurs, elle ne sortait quasiment plus de chez elle, sauf quand elle n’avait pas le choix ou qu’elle avait quelque chose de précis à faire. Aller au mariage de cette veuve noire d’Anya, rencontrer son fils, tuer Nemesis, elle en avait fait des choses tout de même depuis son retour. Il était sans aucun doute trop tôt pour boire de l’alcool, mais Sasha attrapa une bière dans le réfrigérateur avant de l’ouvrir et d’en boire une grande gorgée. Elle recracha cependant cette gorgée, alors que le goût lui brulait la gorge. Ce fut du sang qu’elle recracha sur le sol, avant qu’elle ne reprenne ses esprits et comprenne qu’elle venait simplement d’avoir une hallucination. Elle attrapa sa toute nouvelle baguette pour nettoyer les dégâts au moment où quelqu’un frappa à la porte. Sasha n’attendait personne et n’avait clairement pas envie de voir quelqu’un. Elle posa sa bière sur la table du salon avant de s’approcher de la porte pour l’ouvrir.

« Angus n’est pas là. » Dit-elle froidement à l’homme devant elle, James. C’était un ami de son frère, qu’elle n’appréciait pas outre mesure pour plusieurs raisons. « Ça n’a pas l’air d’aller… »

D’ordinaire, elle n’en avait vraiment que faire de ce qu’il pouvait vivre ou ressentir, mais il semblait réellement pas dans son assiette.

On peut tout fuir sauf sa conscience

U

n bonheur n'arrive jamais seul. Parce qu'il s'accompagne alors d'autres bonheurs consécutifs, faisant de votre vie une avalanche rose bonbon de joies de toutes sortes ? Non, parce que pour tout bonheur éprouvé, il faut supporter le retour de bâton : chaque bonheur s'accompagne d'un malheur équivalent... C'est en tous cas ce que James, dans un élan manifeste de pessimiste, se voyait contraint de penser désormais. Depuis qu'il était avec Ethan, il vivait comme en dehors des réalités. Il savait pertinemment que ce n'était pas juste, il avait pleinement conscience que sa plénitude à lui faisait la douleur de celle qui, pour l'heure, était encore son épouse, il savait que la morale elle-même répudiait ce qui éveillait tant de plaisir en son coeur... Manifestement, il fallait qu'il paye son trop plein de béatitude, il fallait qu'un pan d sa vie se fracasse. Bien sûr, c'était simplissime que de réduire ce qui s'était passé à une histoire quelconque de karma, il n'empêche que c'était à se demander... alors qu'il lui semblait n'avoir été jamais aussi bien de toute sa vie, voilà qu'il expérimentait l'une des douleurs les plus fortes qui lui ait jamais été donnée d'éprouver.

Nemesis était morte. Pire encore, elle avait été assassinée. Sa meilleure amie n'était plus, et James avait beau retourner la situation dans tous les sens, il ne comprenait pas. Seule demeurait la douleur, d'autant plus terrible qu'elle était brutale. Et il lui était d'autant plus complexe de faire son deuil qu'il était parfaitement incapable de comprendre ce qui avait bien pu se passer. Désemparer, ne voulant pas accabler Ethan avec ses problèmes, il avait voulu rendre visite à son meilleur ami restant. Leur relation s'était quelque peu... refroidie depuis que James avait tout appris à Angus de ses inclinations, mais il restait malgré tout un ami fidèle et loyal. S'il y avait quelqu'un avec qui il pouvait partager ses angoisses et, qui sait, oublier sa tristesse, c'était bien lui, et c'est à sa porte qu'il songea en premier lieu à toquer. Sauf que quand la porte en question s'ouvrit, ce ne fut pas à Angus qu'il eut affaire, mais à Sasha, sa soeur. James et Sasha ne s'étaient jamais vraiment parlés, mais n'avaient jamais vraiment cherché à le faire non plus. On ne pouvait pas franchement dire qu'ils s'appréciaient, tous les deux... Enfin, James n'avait rien contre elle, il ne s'était seulement jamais senti d'affinités avec elle. Et par conséquent, il n'avait pas forcément envie de passer du temps en sa compagnie. Déjà qu'il n'était pas au meilleur de sa forme... Apprendre qu'Angus n'était pas là déçut beaucoup James. Il aurait véritablement besoin d'une présence amie... Mais c'était de sa faute, aussi, il aurait dû prévenir de sa visite et il ne l'avait pas fait, préférant passer à l'improviste, s'étant décidé sur un coup de tête. En définitive, il serait bien parti de suite, du coup, mais ça ne se faisait pas, et ça se faisait encore moins maintenant que Sasha avait constaté son état.

-Non j'ai... été mieux. Il ne se voyait pas nier les faits, d'autant que cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Toi non plus, ça n'a pas l'air d'aller fort. remarqua-t-il en la considérant plus attentivement du regard. Visiblement, il n'était pas le seul à ne pas être au meilleur de sa forme.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Honnêtement, Sasha aurait aimé que James ne sonne pas à sa porte. Ce n’était pas qu’elle ne l’aimait pas, mais bon elle ne l’aimait pas. Elle n’avait aucune affinité avec lui, elle ne le détestait pas non plus, mais sa présence l’indifférait d’habitude. Quand Angus et lui se voyaient, elle s’éclipsait. Il n’était pas de ces amis à son frère qui pouvaient devenir les siens également. Elle savait donc parfaitement qu’il venait pour voir son frère, malheureusement il n’était pas là. Sasha l’aurait bien renvoyé chez lui, si elle n’avait pas vu la tête qu’il faisait. Et le pire, c’était qu’elle ne savait pas encore que tout cela était de sa faute. Sans savoir réellement pourquoi, la jeune femme lui fit remarquer qu’il ne semblait pas dans son assiette. Ce qu’il ne nia pas, en même temps cela aurait été idiot. Elle ne le connaissait pas bien, mais ça se voyait assez qu’il n’allait pas bien. Et apparemment, cela se voyait également qu’elle n’allait pas bien. Enfin, ils n’avaient sans aucun doute pas les mêmes problèmes.

« Effectivement. » Se contenta-t-elle de répondre. Il devait être au courant de ce qu’elle avait vécu, du moins de la partie officielle. Sasha imaginait mal Angus ne pas se confier à son ami sur l’emprisonnement de sa sœur, même s’il était évident qu’il n’aurait pas parlé des raisons ou qu’il aurait été dans le sens de son innocence. Au pire, James l’aurait lu dans les journaux. Enfin, Sasha ne pouvait pas cacher cette partie de sa vie. Pour le reste, elle préférait faire comme si cela n’existait pas. « Je sais pas quand Angus rentre. » En même temps, la jeune femme ne savait même pas quelle heure il pouvait être. Elle n’avait aucune idée du moment de la journée qu’il était. Peut-être qu’Angus allait arriver rapidement de son travail, ou alors il avait encore de nombreuses heures devant lui. « Tu peux l’attendre ici si tu veux. »

Il semblait clair que James avait besoin de parler à son frère, alors autant qu’il reste. Au fond, elle devait bien avouer que ça ne la dérangeait pas trop, au moins ça lui faisait une présence. Elle supportait difficilement la solitude ces derniers temps, comme elle ne supportait pas la foule. En quelque sorte, elle se retrouvait rarement dans une position qu’elle appréciait. Sasha ne savait pas ce qui pouvait arriver à l’ami de son frère, mais s’il se trouvait là c’était pour une bonne raison donc. Pourquoi pas, elle pouvait bien faire un effort. Elle n’avait rien contre lui techniquement après tout, ils n’avaient juste aucune affinité et ses airs avaient tendance à l’agacer.

« Tu veux une bière ? » Bon, comme avant, elle ne savait pas si la période de la journée convenait réellement à une boisson alcoolisé. Mais elle se disait qu’au vu de la tête que James tirait, cela ne lui ferait pas de mal de boire un peu d’alcool. Et puis au moins, elle avait proposé quelque chose. « Ou… autre chose ? »

Son frère ne pourrait pas lui dire qu’elle ne se montrait pas en hôte respectable.

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J

ames hésita un peu quand Sasha lui proposa de rester afin d'attendre Angus. Il n'avait pas la moindre idée du temps qu'il lui faudrait patienter avant que son meilleur ami ne revienne, et visiblement, la soeur de ce dernier non plus. Il n'avait rien en particulier contre Sasha, mais il n'était pas certain que leur conversation puisse aller et mener bien loin s'ils devaient rester dans la même pièce tous les deux... En même temps, il avait vraiment besoin d'une présence amie. Il se sentait comme au trente-sixième dessous, et il n'y avait qu'Angus qui saurait lui apporter le soutien et le réconfort dont il avait besoin. Certes, il pourrait également aller trouver Gabrielle, mais si peu de temps avant son mariage, il ne voulait pas qu'elle ait à porter le poids de ses problèmes à lui, il ne voulait lui offrir que le plus positif. Alors finalement, il hocha la tête à la proposition de Sasha d'attendre Angus à l'intérieur. De toute façon, à présent qu'elle l'avait proposé, il se voyait vraiment mal refuser. Il pénétra donc à l'intérieur, et se laissa tomber sur l'un des canapés du salon quand Sasha lui proposa à boire.

-Une bière, ce sera très bien. répondit-il d'un ton presque absent.

Il n'était pas dans sa nature de boire de l'alcool, pas même une bière de temps en temps. Il fallait vraiment que la situation soit particulière pour qu'il ne néglige pas une bière au profit d'un simple verre d'eau, mais le fait est que, à cet instant précis, n'importe quoi qui soit susceptible de lui embrumer l'esprit et de faire ses pensées plus légères était bon à prendre. Alors qu'il attendait donc qu'elle les serve, il observa Sasha plus attentivement. Il n'avait suivi que de loin ce qui était arrivé à la jeune femme. Il savait qu'elle avait été en prison, il savait qu'elle en était sortie in extremis, mais il n'avait pas su exactement quelles avaient été les circonstances de tout cela. Angus avait crié à l'erreur judiciaire, et le libraire l'avait cru sur parole, car après tout, même s'il n'appréciait pas outre mesure Sasha Davis, il ne l'imaginait pas une seule seconde capable de commettre le moindre crime. En tous cas, cela justifiait clairement qu'elle ne semble pas aller au mieux. Il hésitait à revenir là-dessus. Ce n'est pas le genre de choses qui se font... Et en même temps, difficile d'occulter le sujet et de faire comme si de rien n'était.

-Je suis soulagé de te revoir, tu sais, j'étais inquiet pour toi. Rapport à ....

Il préféra ne pas préciser son propos, ce qu'il sous-entendait paraissait des plus évident. Avait-il été inquiet pour Sasha... Pour tout dire, il l'avait surtout été pour Angus. Il savait à quel point il était proche de sa soeur. Les Davis n'avaient plus de parents, ils étaient tout l'un pour l'autre. C'était une chose dont James avait conscience et qu'il avait toujours respecté. Il but une première gorgée de bière, qui lui donna un prétexte pour ne pas finir sa phrase. Il n'avait pas forcément envie de rappeler à Sasha de mauvais souvenirs... Il pensait juste qu'il serait plutôt difficile de faire comme si de rien n'était.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

James et Sasha ne s’étaient jamais réellement parlé au fond, ils s’étaient contentés de s’éviter. Du moins, la jeune femme avait évité l’homme le plus possible. Après tout, c’était un ami de son frère, ils n’avaient rien à voir ensemble. On ne pouvait donc pas dire qu’elle le connaissait vraiment, ni même si elle faisait bien de l’inviter à attendre Angus. Après tout, elle ne savait même pas quand il allait rentrer, peut-être dans quelques heures. Les deux sorciers risquaient donc fortement de tourner en boucle à un moment ou à un autre. Mais au vu de la tête de James, Sasha devait bien avouer qu’elle n’avait pas envie de le laisser retourner dans la nature. Et un peu de présence ne lui ferait peut-être pas de mal. Ainsi, elle ne pensait pas vraiment à ce qui torturait son esprit, du moins c’était ce qu’elle espérait. Elle alla donc chercher une bière après que James se soit installé sur l’un des canapés, afin de la lui apporté. Il ne semblait pas avoir déjà vu le jeune homme consommer de l’alcool, ce que son frère faisait régulièrement par contre. Soit elle n’avait pas eu l’occasion de le voir, soit il ne le faisait pas souvent. Mais au vu de sa tête, une bière fraiche ne pourrait que faire du bien de toute manière. Sasha s’installa à son tour sur un des fauteuils, rabattant ses jambes. Elle avait sa propre bière en main, qu’elle avait commencée avant que James n’arrive.

Sans surprise, l’homme finit par mentionner le fait qu’elle avait fini en prison. Ce n’était un secret pour personne que la jeune femme avait fait un tour à Azkaban, alors qu’un ami de son frère soit au courant ne l’étonnait pas. Ses paroles plus cependant. Il ne termina pas sa phrase, mais Sasha savait de quoi il parlait. Cependant, elle n’avait pas spécialement envie de croire en ses paroles.

« Tu t’inquiétais pour moi ou pour mon frère ? » Répondit-elle un peu sèchement. Ils ne s’appréciaient pas, elle n’avait pas besoin de se montrer aimable en toute circonstance après tout. Même si au fond, le fait qu’il s’inquiète pour son frère ne la dérangeait pas plus que cela, c’était normal après tout. Angus avait subi les conséquences de ses actes après tout. « Je me suis inquiétée pour lui aussi… » La fois où Angus était venu la voir à Azkaban, on ne pouvait pas dire que les choses se soient très bien passées. L’homme avait découvert le monstre qu’elle était, avant de finalement devoir la quitter rapidement. Elle s’en était sorti, comme elle le lui avait promis, mais elle ne savait pas réellement s’il se remettait de cette aventure. « On en a pas trop reparlé depuis, mais je sais que ça a été difficile pour lui. »

Sasha préférait tourner la conversation vers son frère, James était plus apte à se plaindre du sort de l’homme que du sien. Et puis, ça ne servait à rien de s’étendre sur son sujet. Evidemment, que les choses avaient été difficile pour elle. Rien n’était simple en prison, on ne pouvait pas se sentir bien là bas.

On peut tout fuir sauf sa conscience

L

a question que lui posa Sasha était franche et on ne peut plus direct, cependant, James ne pouvait pas vraiment lui reprocher de lui faire une telle remarque, quand bien même, en ce qui le concernait, jamais il n'aurait osé aborder les choses si frontalement. En fait, il se serait contenté de garder le tout pour lui, ce n'est pas comme s'il était du genre à extérioriser dans tous les cas... Mais bon, ils avaient des tempéraments très différents, l'un et l'autre, ce n'est pas nouveau, et c'est pour cette raison, d'ailleurs, qu'ils n'avaient jamais véritablement essayé de s'entendre et s'étaient contenté de vivre leurs vies en parallèle sans chercher plus loin à se connaître. Pas besoin de mieux se connaître, ou même de se parler, après tout... Sauf dans des situations telles que celles-ci. Finalement un peu gêné, James tenta de dissimuler le tout en buvant une gorgée de sa bière. D'accord. Elle avait sans doute raison, le fait est que s'il n'y avait eu que Sasha dans cette affaire, et si elle n'avait pas été la soeur d'Angus, son sort en prison ne l'aurait pas vraiment intéressé. C'était assez honteux de l'admettre mais bon, c'était un fait.. Il n'avait pas l'intention de démentir le propos de Sasha, tout ce qu'il pourrait dire semblerait hypocrite. Et en plus, déjà qu'il n'était pas un grand menteur, s'il devait commencer à se justifier, déstabilisé comme il l'était, il ne ferait que s'enfoncer davantage. Autant admettre les faits. C'était bel et bien pour Angus qu'il s'était inquiété. Et au fond, il s'inquiétait encore.

-Oui, il a eu peur pour toi.

Il ne fallait pas être devin pour l'avoir constaté, en même temps, quand bien même James n'avait pas été le meilleur ami d'Angus, il l'aurait sans doute deviné assez rapidement. La situation avait été violente et brutale, et même si James n'avait pu suivre les choses que d'assez loin, il savait combien cela avait été dur pour Angus. Au fond, il semblait que ça les arrangeait l'un et l'autre de changer de sujet, en bref, de ce que tous les deux avaient en commun, c'est à dire le frère de Sasha.

-Je m'en veux un peu, du coup, de venir là, avec mes problèmes...

Et en même temps, il ne savait vraiment plus à qui se confier. Il n'y avait qu'une personne avec qui il avait envie de parler, et elle habitait ici, et qu'importe qu'une certaine tension ait trouvé place au sein de leur relation depuis qu'Angus savait pour lui et Ethan... Il ne savait pas vraiment pourquoi il venait de mettre ça le tapis. Si c'était pour passer pour un geignard, en tous cas, ça devait être clairement réussi, mais il n'avait pas vraiment réfléchi avant de parler. James était venu là sans s'avertir parce qu'il avait besoin de parler, et comme il n'en avait pas encore eu l'occasion, ce besoin n'avait pas disparu. Et Sasha risquait fort de se retrouver le récipiendaire de ses malheurs et de ses angoisses s'il n'y prêtait pas garde.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

D’une manière générale, Sasha avait l’habitude de se montrer franche et de ne pas mâcher ses mots. Elle ne pensait pas que James puisse s’inquiéter pour elle, il avait sans aucun doute été inquiet mais pour son frère. Il n’y avait aucune affection entre eux, s’ils se connaissaient et faisaient preuve de respect, c’était simplement pour Angus. La jeune femme savait à quel point cet homme pouvait être proche de son frère, mais elle n’allait pas forcément l’aimer pour cette raison. Ainsi, elle ne manqua pas de soulever ce petit détail, n’en voulant absolument pas à James. Il n’y avait aucune raison qu’il s’inquiète pour elle, au fond il n’y avait aucune raison pour que quelqu’un s’inquiète pour elle. Angus méritait bien plus les inquiétudes des autres, les siens par exemple. Elle se faisait du mourons pour son frère, parce qu’elle n’avait clairement pas été une bonne sœur ces derniers temps. Elle aurait aimé épargner à son aîné les conséquences de ses actes, elle cherchait à l’épargner encore en continuant de lui mentir (en même temps elle mentait à tout le monde). Elle n’était pas spécialement surprise d’entendre James lui affirmer que son frère avait eu peur. Il l’avait forcément remarqué, Angus était incapable de cacher son angoisse quand cela la concerné. C’était touchant en un sens, mais Sasha ne faisait que culpabiliser de plus en plus. Comme si elle avait besoin de nouveaux prétextes pour se sentir coupable. Elle se demandait de plus si elle n’était pas simplement un poison pour son frère, s’il ne s’en sortirait pas mieux sans elle. Si tout le monde ne s’en sortirait pas mieux sans elle.

Enfin, elle n’était pas la seule à avoir des ennuis. James en avait, c’était même pour cette raison qu’il se trouvait là. Il n’était pas bien difficile de remarquer qu’il n’était pas dans son assiette, raison pour laquelle Sasha avait décidé de le laisser entrer. Il avait besoin de son ami, Angus devait être l’homme de la situation. Ce qu’il avait pu vivre à cause d’elle ne devait pas l’empêcher d’être présent quand ses amis en avaient besoin. Sasha se retint de pousser un soupir d’agacement, en voyant James se plaindre, parce qu’elle imaginait bien que ses problèmes n’étaient pas minimes.

« Qu’est-ce qu’il t’arrive ? »

Si Sasha posait la question, c’était principalement par curiosité. Une curiosité malsaine sans doute, mais elle n’avait aucune intention de faire croire à James qu’elle s’inquiétait de son sort. Cependant, elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander ce qui pouvait bien arriver à James pour qu’il vienne chez eux avec une tête de six pieds de long, acceptant même de boire de l’alcool. Sa situation devait être grave, alors puisqu’il se trouvait là, elle avait bien envie de savoir. Même si elle ne se doutait pas encore à l’instant qu’elle allait amèrement regretter de découvrir la vérité. Elle n’imaginait pas du tout que ce qui arrivait à James avait un grand rapport avec ce qui était en train de la perturber.

On peut tout fuir sauf sa conscience

J

ames n'était toujours pas certain d'avoir bien fait en ayant entrouvert la porte en laissant entendre à Sasha qu'il avait des problèmes, des problèmes suffisamment lourd pour qu'ils lui pèsent terriblement sur la conscience, pour qu'il veuille se confier à Angus.... ou même à sa soeur, seulement pour se délester de ce poids sur son coeur, de ce noeud à l'estomac, de cette impression de perdre complètement pied... Quand Sasha lui demanda ce qu'il lui arrivait, sans doute plus par pure curiosité que parce qu'elle se souciait véritablement de ses problèmes, il songea, bien sûr, à rebrousser chemin, parce que s'il fallait qu'il se confie, ce n'était pas auprès d'elle, avec qui il n'avait jamais vraiment eu d'atomes crochus, qu'il était supposé le faire... Mais il avait vraiment besoin de parler. Il avait le sentiment que son crâne allait exploser, à ce rythme, s'il ne confiait pas ses peines et son désarroi à quelqu'un, n'importe qui, même si ça devait être la première venue, eh bien soit. Au moins, il cesserait pour de bon d'intérioriser.

-Je... j'ai perdu quelqu'un à qui je tenais... la meilleure amie que j'ai jamais eu, avec Angus.

Et même, l'on pouvait dire que Nemesis et Angus étaient ses seuls véritables amis. Avec Gabrielle, également, qui était arrivée dans sa vie plus récemment. Oh, des connaissances avec lesquelles il s'entendait bien, il y en avait d'autres, bien sûr. Un certain nombre, même. Mais ce n'était pas pareil, il n'avait pas avec eux la même complicité. À Nemesis comme à Angus et Gabrielle, James avait osé tout dire, confier jusqu'à ses inavouables secrets. Nemesis, en dépit de son caractère... instable, avait été présente pour lui et surtout, l'avait soutenue (peut-être parce qu'elle était heureuse qu'ils puisse ensemble former leur petit club d'adultères, certes...), et lui il n'avait pas su voir qu'elle avait des problèmes... Et elle était morte assassinée.

-Tu en as peut-être entendu parler ? Nemesis Colloway, l'avocate...

C'était en tous cas sous ce titre très officiel qu'elle avait été présentée dans les quelques feuilles de choux qui avaient rapporté l'affaire. Il faut dire que son nom était apparu même dans la Gazette. C'est ce qui arrive, quand on a une certaine réputation, un statut social, et surtout que l'on meurt dans de mystérieuses circonstances que personne, absolument personne, n'est capable d'expliquer. Sauf les principaux concernés, bien sûr. Les criminels, donc.

-Je suis... complètement perdu.

Complètement perdu, parce qu'il n'y comprenait rien. Rien ne l'avait préparé à ce qu'on le prive si brutalement de sa meilleure amie. Tout semblait aller si bien, pourtant !! Il avait voulu croire que tout allait si bien... Que pour une fois, les choses abondaient dans son sens. Mais non. C'est comme si une instance, quelque part, le punissait pour ses choix, des choix que la société dans laquelle il vivait réprouvait entièrement, bien sûr.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

C’était de la curiosité, tout simplement. C’était parce qu’elle était curieuse et qu’elle n’avait aucune honte de cette curiosité qu’elle posa la question à James. L’homme savait, en partie, ce qui pouvait la tracasser, elle voulait savoir ce qui lui arrivait en contrepartie donc. Mais évidemment, elle était à mille lieues de se douter de ce qu’elle allait découvrir. Que cela fasse du bien à James de parler, cela lui était égale. Elle cherchait juste à comprendre ce qui avait bien pu le mettre dans cet état. Elle commença à regretter d’avoir posé cette question quand elle découvrit que l’homme avait perdu un être cher. C’était la chose la plus logique, l’évènement qui avait tendance à être le plus dur à supporter. Sasha n’avait pas spécialement envie de jouer les épaules confortables où James pourraient pleurer le décès de sa meilleure amie. Mais elle n’allait pas le devenir, parce que le reste arrivait. Quand la jeune femme entendit le nom de la sœur de Gwendall, elle sentit son cœur s’arrêter net. Sa main lâcha la bière qu’elle tenait et cette dernière vint s’écraser dans un fracas sur le sol. Jamais, ô grand jamais, l’ancienne médicomage n’aurait imaginé entendre ce nom sortir de la bouche de l’ami de son frère. Outre le fait qu’elle n’imaginait pas une seule seconde James et Nemesis être amis (ils n’avaient rien à voir l’un et l’autre), elle trouvait que le destin était simplement en train de lui jouer un nouveau mauvais tour. Parce que l’ami de son frère était en train de pleurer la mort qu’elle avait causé elle-même, pas seule, mais elle était responsable quand même.

« Merde. » Dit-elle subitement en reprenant ses esprits, sortant sa toute nouvelle baguette pour nettoyer les débris au sol. « Je la connais oui… »

Sa voix était plus que cassée, elle peinait à cacher le trouble que cette révélation venait de lui faire. La jeune femme ne savait pas si elle culpabilisait sincèrement d’avoir tué Nemesis, cette dernière était un poison pour l’humanité après tout. Si elle ne l’avait pas fait, l’avocat n’aurait pas hésité une seule seconde à la tuer elle. La preuve avec le poison qu’il y avait dans le verre que sa « chère belle-sœur » lui avait offert ce soir-là. La jeune femme n’avait que faire de cette Nemesis, si seulement elle n’avait pas été la sœur de Gwendall. Ce n’était pas pour rien qu’une certaine personne lui avait demandé à elle de la tuer, cette dite personne s’amusait grandement à pourrir petit à petit ce qui lui restait de vie.

« Tu t’en remettra. » Sasha ne savait même pas pourquoi elle disait cela, alors qu’elle se levait. « Ça prendra du temps, mais tu t’en remettra. »

La jeune femme se dirigea vers la cuisine afin de se prendre un verre propre et sortir une bouteille d’alcool bien plus fort. Ce n’était plus de la bière qu’elle avait besoin là, c’était quelque chose de fort pouvant éventuellement lui retourner la tête. Si seulement elle pouvait arrêter de penser, de cogiter.

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E

n évoquant les raisons de son chagrin et de sa morosité, James ne s'était pas attendu à une telle réaction de la part de Sasha. Il le savait autant que la plupart : la mort ne nous affecte que lorsque nous nous sentons concernés par elle. Combien de fois, en lisant La Gazette du Sorcier, le libraire avait-il laissé son regard trainer du côté de la rubrique nécrologique sans verser la moindre larme ? Pour lui, ils n'étaient jamais que des noms, des noms et rien de plus. Ces gens, pourtant, avaient une famille et des amis qui eux, souffraient aussi profondément qu'il pouvait le faire lui-même. Sasha, si elle n'avait pas connu Nemesis (et James ne pensait pas qu'elle la connaissait autrement que, peut-être, de nom), se serait sûrement contenté de présenter ses condoléances à son interlocuteur, sans forcément y mettre de formes, et cela aurait été tout. On pouvait faire mine de compatir au deuil d'une autre personne, mais la compassion l'empathie véritable, ressemblaient à des sortes de mythes dont on cherchait à se convaincre pour se donner l'air plus digne qu'on ne l'était en réalité. Sasha n'aurait eu aucune raison de compatir. Ce n'était même pas exactement comme s'ils s'entendaient particulièrement bien en premier lieu... Et pourtant, sa réaction avait été des plus vives.

James sursauta légèrement quand la bouteille de bière que la jeune femme tenait entre ses mains l'instant d'avant glissa pour tomber sur le sol avec fracas, se brisant en multitude d'éclats de verre. Elle nettoya vite les débris à l'aide de sa baguette, mais les mots qu'elle prononça lui laissèrent bien entendre, et sans l'ombre d'un doute, qu'elle savait qui était Nemesis, et qu'elle la connaissait ieux que si elle n'avait été à ses yeux qu'un nom lu à la va-vite dans un journal. De là à deviner... ? Non, bien sûr que non, cette pensée n'osait même pas lui traverser l'esprit. Il songea un temps qu'il veait peut-être de lui apprendre le décès de son amie, qu'elle n'était pas au courant. Mais il oublia vite cette hypothèse. Elle paraissait plus perturbée que surprise. Sûrement parce qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'un sujet qui devait être encore douloureux pour elle (autant qu'il l'était pour lui) soit ainsi mis sur le tapis. Il s'en remettrait, disait-elle... Mais elle, s'en remettrait-elle. Elle avait disparu de son champ de vision quelques instants et y était revenue armée d'un verre d'alcool bien plus fort que le précédent... Il se contenta de répliquer par un haussement d'épaules. Oui... Il s'en remettrait sans doute, oui... Mais ça lui prendrait du temps, à n'en pas douter. Et en attendant, ça faisait vraiment très mal.

-Tu pourrais m'en servir un ? Demanda-t-il en désignant d'un geste de la tête le verre d'alcool qu'elle tenait entre ses mains. Il n'était pas un grand buveur, non, mais en la circonstance, ça lui semblait approprié. Puis il embraya, ne dissimulant pas sa curiosité. Vous étiez très proches, toutes les deux ?

Il ne concevait pas d'autres raisons qui puissent justifier sa réaction.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Quelle était la probabilité pour que James souffre de la mort de la femme que Sasha avait tué ? Pas énorme et pourtant, ils se retrouvaient bien là à parler de Nemesis. La jeune femme regrettait sincèrement d'avoir abordé le sujet, d'avoir entraîné la conversation vers ce sens. Elle aurait aimé ne rien savoir. Et pas parce qu'il s'agissait de James, mais parce que sa culpabilité faisait rage. Le plus dur dans la mort de cette femme, c'était qu'elle soit responsable de son décès. Sasha avait eu l'occasion de découvrir le vrai visage de Nemesis, cette femme prête à empoisonner la première venue parce qu'elle disait tenir à son frère. Autant, Sasha avait une relation très fusionnelle avec son frère (même si ces derniers temps ils peinaient à se comprendre), autant elle n'irait pas l'empêcher d'aimer quelqu'un. Mais il était impossible de comparer les relations des Davis à celle des Colloway. Sasha aurait donc aimé ne pas entendre le nom de sa victime sortir de la bouche de l'ami de son frère, elle aurait aimé mettre cette histoire de côté. Sauf que le destin avait semble-t-il décidé de jouer avec ses nerfs. Elle ne parvint pas à se contrôler, elle laissa tomber la bouteille au sol. La jeune femme ne fit même pas réellement attention au sursaut de James, elle était bien plus préoccupée par son sort à elle. L'image du cadavre de Nemesis lui revenait en tête, pour bien la faire souffrir encore plus.

Sasha tourna son regard vers James quand il lui demanda un verre d'alcool fort également, elle hésita quelques secondes. Non pas que cela la dérange de servir de l'alcool à son invité, mais elle ne s'y attendait juste pas. On ne pouvait pas dire que le libraire soit le genre de personne à boire de l'alcool comme cela, il devait être très désespéré. Ce qui était normal s'il venait de perdre sa meilleure amie. Sasha ne comprenait pas comment ce type avait pu réellement être ami avec l'avocate, ils ne se ressemblaient tellement pas. Autant elle avait pu avoir plus d'affection pour Nemesis que pour James à une époque, elle pensait clairement qu'il méritait bien mieux qu'elle. Au bout d'un moment, elle se contenta de lui tendre son propre verre plein avant d'aller s'en servir un autre.

« Non. » Commença-t-elle pour répondre à la question de l'homme, sur le fait qu'elle soit proche de Nemesis. Non vraiment on ne pouvait pas dire une chose comme ça. « Je la connaissais pas beaucoup. » Le peu qu'elle avait cru connaitre de cette femme s'était révélé faux de toute façon. « Mais j'étais proche de son frère. »

Sasha espérait que cela allait permettre de justifier sa réaction légèrement excessive. On ne pouvait pas dire que cela soit dans son avantage que quelques personnes commencent à se poser des questions. Personne ne devait imaginer une seconde qu'elle soit l'assassin de l'avocate.

« Mais vous étiez proche vous ? » Sasha laissait transparaitre son étonnement dans sa phrase. « Vous ne vous ressemblez pas du tout... »

On peut tout fuir sauf sa conscience

J

ames but d'une traite le contenu du verre que lui tendit Sasha. C'est certain, il allait le sentir passer, lui qui tenait terriblement mal l'alcool.... mais les circonstances étaient exceptionnelles, elles méritaient bien qu'il fasse quelques excès, pour le moment tout du moins. Il fit une légère grimace en sentant l'alcool lui brûler la gorge, puis glisser jusqu'à son estomac. Bon, ça ferait du bien par où ça passerait. Pendant ce temps, Sasha lui apprenait l'état de sa relation avec Nemesis. Ils ne se connaissaient pas si bien que cela... Pourquoi cette réaction, dans ce cas ? Ah, elle était proche de son frère... Peut-être plus que proche, même. Voilà qui pouvait justifier pas mal de choses, en effet. Dans tous les cas, ils l'avaient tous les deux connus, et chacun à leur manière, ils encaissaient le coup, supportaient cette mort comme ils le pouvaient. Pour des raisons totalement différentes, c'est certain... mais cela, le libraire n'était pas encore à même de le comprendre. Il valait mieux, d'ailleurs, qu'il ne le comprenne jamais. Vint alors cette question à laquelle James aurait pu aisément s'attendre. Il est vrai que, lorsqu'on comparait les tempéraments respectifs de James, et de sa défunte meilleure amie, l'on pouvait aisément se dire que quelque chose clochait. Leurs caractères étaient aux antipodes, et leur amitié, par conséquent, insolite. Mais c'est pour cette raison que James aimait tant Nemesis, parce que, si rien ne semblait les rapprocher, ils étaient tout bonnement complémentaires, elle disposait des qualités et des défauts qu'il ne possédait pas, et réciproquement. C'est comme cela qu'avait toujours fonctionné leur amitié. Et maintenant, ce n'était plus que des cendres, et des souvenirs qui, peu à peu, se résumeraient au néant.

-Je sais... le jour et la nuit, pas vrai ? Sauf qu'il avait toujours cru que la nuit, c'était lui. Personne n'a jamais compris pourquoi on s'appréciait autant, même moi, je suis pas sûr que je saurais te dire. Mais... elle a toujours été là, dans des situations ou d'autres m'auraient tourné le dos, n'auraient plus voulu entendre parler de moi, ou pire...

Et elle l'avait toujours soutenu. Quand il avait eu des doutes, quand il n'avait plus su comment s'en sortir, elle était là. Elle était là première à qui il avait avoué son homosexualité, elle était la première à avoir su son aventure avec Ethan, elle n'avait guère eu l'occasion d'apprendre la tournure qu'avaient pris les choses, mais elle aurait continué de le soutenir, il le savait bien. Elle était jusqu'à accepter de sous-entendre à Lindsay qu'elle était sa maîtresse pour que cette dernière ne la soupçonne pas d'être avec un homme, alors qu'elle avait ses propres soucis personnels à résoudre. Bien sûr, il ne voyait qu'un côté de la médaille. Il se prétendait peut-être son meilleur ami, mais il ignorait tout de la noirceur qu'avait pu contenir l'âme de la jeune femme, de ce qu'elle pouvait avoir de mauvais en elle, ces secrets qui lui auraient fait froid dans le dos s'il avait su. Peut-être serait-il bon qu'il sache. Il idéalisait Nemesis, il tomberait certainement de haut.

-Elle me manque...

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Sasha avait réellement du mal à comprendre comment Nemesis et James pouvaient être amis. Autant, la jeune femme avait su trouver en sa “belle-sœur” des qualités qu’elle appréciait, autant elle trouvait James particulièrement mou. Elle n’avait jamais d’affection pour l’homme (on ne pouvait pas dire qu’elle réellement eu de l’affection pour Nemesis, mais elle s’était sentit plus proche d’elle en tout cas), elle se contentait de le supporter parce qu’il était l’ami de son frère. Alors découvrir qu’ils étaient proches au point d’être meilleurs amis la perturbé. Elle ne manqua pas de le signaler d’ailleurs, elle n’avait pas spécialement sa langue dans sa bouche quand elle se trouvait en présence de l’ami d’Angus. Et ce dernier ne sembla pas réellement offusqué de ses paroles, il confirma même qu’ils étaient très différents avec sa meilleure amie. Le jour et la nuit, c’était effectivement cela. Sauf que l’ancienne médicomage avait plus le sentiment que James étaient le jour. Quand il dressa le portrait de Nemesis, Sasha eu le sentiment de ne pas l’entendre décrire la même personne. Il semblait que la femme fut très présente pour lui, il en avait de la chance finalement. Quand il se mit à gémir de nouveau, parlant de son manque, Sasha poussa un soupire. Elle n’avait pas spécialement envie de jouer les épaules compatissantes pour lui.

« Aller, un autre coup ! »

Dit-elle en remplissant de nouveau le verre de James. Elle savait qu’il n’était pas du genre à boire, mais elle savait aussi qu’il souffrait donc, l’alcool ça passait toujours bien. Au pire, il allait finir bourré et Angus viendrait récupérer son ami le cadavre quand il allait daigner rentrer. Mais au moins, la jeune femme préférait être celle qui remplissait le verre d’alcool plutôt que celle qui tapotait dans le dos pour réconforter. Surtout qu’au final, c’était quand même elle (certes pas seule, mais elle) qui avait assassinée Nemesis. Elle était donc la moins placé pour soulager quelqu’un de la douleur de sa perte.

« Tu as de la chance d’avoir vu son bon côté… »

Pourquoi venait-elle de prononcer ces mots ? Elle n’en savait vraiment rien. L’alcool qu’elle buvait depuis tout à l’heure en était sans doute la cause, en tout cas sa langue se déliait plus qu’elle ne le voulait. Ce n’était pas le moment, ni la personne d’ailleurs, pour mentionner les travers de la jeune morte. Mais elle pensait quand même chaque mot. Il semblait que l’avocate avait deux visages et on ne pouvait pas dire que Sasha avait eu l’occasion de voir le plus doux, du moins lors de leur dernière conversation. Parce qu’au final, le poison, il ne venait pas de l’ancienne médicomage mais bien de la victime. Nemesis avait bien essayé de la tuer après tout, même si la situation s’était retournée contre elle. Et même si Sasha était de toute façon venu chez elle pour l’assassiner. Enfin, tous cela étaient des détails que la jeune femme n’avait pas l’intention de mentionner, surtout pas avec James. Qu’il continue de la voir si parfaite sa meilleure amie, cela n’allait pas changer le cours des évènements de toute manière.

On peut tout fuir sauf sa conscience

J

ames n'attendait pas vraiment de Sasha qu'elle joue le rôle de l'amie surgie de nulle part, de la psy, ou de l'oreille compatissante, il ne l'envisageait dans aucun de ces rôles, pour tout dire. Non pas qu'elle ne puisse pas être une amie en or... après tout, elle l'était peut-être pour d'autres, mais ce n'était pas ainsi qu'il la connaissait. Pour lui, elle n'était jamais que la soeur de son meilleur ami, cette soeur qu'il n'avait jamais forcément apprécié, quoi qu'il en soit. Il ne voulait pas forcément la voir dans un rôle différent de celui-là, s'il lui fallait vraiment se confier, ce serait auprès d'Angus ou de Gabrielle. Si elle avait été encore en vie, cela aurait été auprès de Nemesis. Non, s'il avait parlé si librement d'elle, c'est juste qu'il avait eu envie d'exprimer tout cela à haute voix, peu importe que cela intéresse véritablement son interlocutrice ou que, au contraire, elle s'en fiche complètement.

Il avait juste besoin, un besoin viscéral, d'extérioriser sa souffrance, cet étau qui lui serrait le coeur et lui faisait un mal de chien. Il ne lui reprocha pas, donc, de ne lui adresser aucun mot témoignant d'une quelconque empathie. S'il l'avait entendue faire, il l'aurait sûrement trouvé hypocrite, de toute manière. Il n'avait besoin de la fausse compassion de personne. En fait, c'était là le genre d'attitude qu'il exécrait plus que n'importe quelle autre. Alors il se contenta d'acquiescer quand elle lui proposa de reremplir son verre. Il ne devrait pas boire autant. Pour certains, ça n'aurait peut-être pas l'air d'être beaucoup, mais il en fallait peu à James pour être complètement saoul, alors Angus risquait fort de le retrouver dans un état pitoyable quand il rentrerait enfin. Et ne parlons même pas de l'état dans lequel le retrouverait Ethan quand il rentrerait enfin. Qu'importe. Pour l'heure, James ne pourrait pas s'en moquer davantage, en fait, il ne prenait même pas la peine d'y penser, il avait l'impression que ce breuvage était le seul remède efficace contre sa douleur, pour le moment. Alors qu'il buvait une gorgée bien trop grande pour sa tolérance, il manqua de la recracher quand il entendit Sasha faire une réflexion à laquelle il ne s'était pas le moins du monde attendu. Le bon côté de qui ? De Nemesis, à tous les coups ? Mais pourquoi lui parlait-elle de ça ? Pourquoi maintenant ? Et qu'avait)elle, en fait, contre elle ?

-Qu'est-ce que tu veux dire ? lui demanda-t-il, fixant son regard dans le sien, les sourcils froncés.

Maintenant qu'elle avait lancé le sujet, il était hors de question qu'elle ne lui réponde pas. Il voulait savoir de quoi elle parlait exactement. S'il était clair que James avait une vision plus qu'idéalisée de feu sa meilleure ami, il se demandait tout de même ce qu'on pouvait avoir à lui reprocher. Ce n'était pas forcément une bonne chose que de gâcher le souvenir pour le moment intact d'une personne qu'il avait sincèrement aimé, et qui lui manquait déjà beaucoup.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Que James se confie à elle et s’épanche sur ce qu’il ressentait, c’était une chose. Mais Sasha n’avait aucune envie de compatir et de jouer l’épaule où il allait pouvoir pleurer, elle ne le fit pas d’ailleurs. Le mieux qu’elle puisse faire, c’était juste de remplir le verre de l’homme. S’il avait besoin de quelqu’un pour lui remonter le moral, il le ferait avec quelqu’un d’autre. D’ailleurs, s’il se trouvait là, c’était bien parce qu’il avait l’intention de parler avec Angus. Sasha savait bien que l’ami de son frère n’était pas vraiment le genre de personne à boire, elle trouvait bien souvent qu’il était bien trop coincé d’ailleurs. Ce n’était pas forcément une bonne attitude de sa part de remplir son verre, mais tant pis. Angus assumerait en rentrant si jamais il trouvait James en train de ramper au sol complètement soul. Il n’avait qu’à rentrer plus tôt s’il n’était pas content.

Sauf qu’il n’y avait clairement pas que James qui avait consommé trop d’alcool. Sasha avait bien plus l’habitude d’en boire que lui, surtout dernièrement, mais elle avait tendance à trop délier la langue quand elle avait un coup dans le nez. Déjà qu’en temps normal, elle peinait à garder pour elle ce qu’elle pensait, c’était pire dans ce genre d’état, surtout avec ce genre de sujet. Nemesis n’était pas quelqu’un de bien, quoi que puisse penser James. L’homme avait eu la chance de voir la bonne face de l’avocate, ce n’était pas son cas à elle. Bien sûr elle était celle qui l’avait tué, bien sûr elle était un assassin (et sa première victime n’était pas Nemesis), mais sa victime était loin d’être un ange. Sinon, l’homme qui partageait un bout de sa vie ne l’aurait pas couvert comme cela.

« Rien du tout ! » Répondit-elle sèchement quand James lui demanda des explications, son regard plongeait dans le sien. L’homme n’était clairement pas la bonne personne pour parler de ce genre de chose. Ce n’était pas dans l’intérêt de Sasha qu’il découvre qu’elle avait une dent contre Nemesis (même si en réalité, elle n’en avait pas une si grande que cela). Il n’y avait aucune raison qu’il la soupçonne. Mais dans tous les cas, son rôle n’était pas de casser l’image que James avait de sa meilleure amie. Sauf qu’en même temps, elle n’avait pas l’esprit clair et qu’elle était loin d’être raisonnable. « Je dis juste que ton amie était loin d’être une sainte et que tu as eu la chance de ne pas avoir à faire à son gourou… »

Voilà qu’elle continuait à s’enfoncer. Au point où elle en était, elle ne pouvait sans doute pas faire pire (à moins qu’elle se mettait à avouer à James qu’elle avait assassiné Nemesis, mais il ne fallait pas pousser trop le bouchon non plus). Cela lui faisait du bien aussi de dire à cet homme qui pleurait la mort de sa victime, que cette dernière n’était pas si gentille que cela. Que le monde se portait sans doute beaucoup mieux sans elle. Afin d’essayer de se déculpabiliser un peu sans doute.

On peut tout fuir sauf sa conscience

I

l est toujours difficile de voir ses certitudes être remises en cause, et quand ces certitudes concernent quelqu’un à qui l’on tient énormément, c’est pire encore. Là, pour James, il était d’autant plus difficile d’entendre quelqu’un balancer sa meilleure amie de son piédestal que cette-dernière était tout de même décédé très récemment. Aux morts plus encore qu’à tous les autres (et quelque part, c’est sans doute injuste), l’on doit plus de respect qu’à tout autre. Enterrer plus bas que terre quelqu’un qui, justement, était déjà intérêt, et qui n’avait logiquement aucun moyen de se défendre, c’était violent, quand même. Et James avait vraiment le sentiment que Sasha avait des griefs concrets contre Nemesis. Quel autre intérêt aurait-elle de lui dire ce qu’elle avait dit. D’accord, le libraire et la soeur d’Angus n’avaient jamais été les meilleurs amis du monde, mais de là à enfoncer l’autre dans son malheur, quand même pas, non ! Et le fait qu’ils aient tous les deux un coup dans le nez ne justifiait en rien qu’elle ait prononcé les mots qu’elle prononçait. Quand bien même Sasha n’avait pas poursuivi après avoir décrété qu’elle ne voulait rien dire quand elle disait qu’il n’avait vu que le bon côté de Nemesis, il aurait insisté afin d’en apprendre davantage et lui tirer les vers du nez. Mais en plus, elle en rajouta. Némésis loin d’être une sainte, d’accord… Après tout, personne ne l’était, pas même lui. Mais quand elle lui parla de ces histoires de gourou, il fut clair qu’il ne pouvait pas la laisser plus longtemps faire des insinuations et ne pas les justifier. C’était de l’honneur de sa meilleure amie, qu’il était question. Et visiblement, Sasha en voulait à l’avocate pour une raison bien précise. James voulait savoir laquelle, et même s’il n’était pas de nature à s’imposer de manière générale, il se sentait prêt à hausser le ton si elle n’allait pas au bout de sa réflexion.

-Si tu ne voulais rien dire, fallait pas commencer à m’en parler. T’en as trop dit, là, alors explique-moi. J’ai le droit de savoir de quoi tu parles, tu crois pas ?

Son ton était manifestement agacé, et l’on pouvait y entendre la colère qu’il ressentait, cette colère à l’idée d’avoir l’impression que quelque chose de crucial lui échappait. Il n’aimait pas qu’on joue avec ses nerfs… Il pouvait faire avec au quotidien, sauf que là, il avait bu. S’il est quelqu’un que l’on pouvait prendre pour exemple afin d’affirmer que l’alcool a le pouvoir de déshiniber les plus discrets, James en était un parfait. Il aurait clairement parlé différemment si son estomac n’avait pas dors et déjà ingéré tant d’alcool (à combien de verres en étaient-ils, au fait ? ), mais au final, ce n’était pas plus mal qu’il soit dans un tel état. Il voulait savoir, il voulait comprendre. Et aussi, il aurait peut-être plus de facilités à entendre ce que Sasha pourrait lui dire… Ou pas. Il se pouvait qu’il se contente tout simplement de tout rejeter en bloc. la solution de facilité est toujours tentante.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Sasha en avait assez de son habitude à trop parler, à se laisser aller quand elle buvait trop ou simplement quand elle se laissait emporter par ses sentiments. Ce qui était un mélange des deux actuellement. Ce qui était arrivé avec Nemesis hantait son esprit. Elle avait cru au début pouvoir s’entendre avec la femme, avant de se rendre compte qu’elle était loin d’être un ange. La jeune femme avait eu l’occasion de voir le vrai visage de l’avocat quand elle s’était rendue chez elle, dans l’intention de la tuer pour le compte de Tom. Oh, Sasha était loin d’être un ange ce n’était pas ce qu’elle reprochait réellement à Nemesis. Ce qu’elle n’appréciait pas, c’était simplement de voir que certaines personnes étaient capables de voir en elle quelqu’un de merveilleux. Ce qui était le cas de James, l’homme avait une vision trop idéale de celle pour qui il versait ses larmes. Cela l’énervait, en d’autre terme, elle se laissait aller à l’énervement. Sasha n’avait aucune intention d’en dire trop sur ce qu’elle pouvait penser de Nemesis, parce que c’était dangereux pour elle. Personne ne devait le savoir, ainsi personne ne ferait le lien avec sa mort. Elle ne pouvait pas laisser quelqu’un découvrir qu’elle était l’assassin (la co-assassin, mais quand même) de cette femme. James était en plus la dernière personne que Sasha voulait mettre sur cette piste. Sauf qu’il semblait clair que l’homme n’avait aucune envie de la laisser s’en sortir de cette manière. La jeune femme regrettait vraiment d’en avoir trop dit, parce qu’elle ne pouvait pas contredire les paroles de l’ami de son frère.

Sasha ne le quitta pas des yeux pendant plusieurs secondes, gardant le silence, les dents serraient. Elle n’aimait pas ça, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir parler. Elle ne devait pas le faire normalement, mais puisqu’il semblait vouloir à ce point obtenir des réponses. Oh, elle n’allait pas non plus tout dire. Elle n’avait pas ingéré assez d’alcool pour se vendre, elle ne le ferait d’ailleurs jamais. Sasha avait trop souffert en prison, elle avait développé un esprit de conservation afin de ne plus y retourner. Sauf que ce n’était pas évident de ne pas se vendre dans ce genre de situation.

« Nemesis, ton amie, était une garce de première ! » Lança-t-elle, sans baisser ses yeux. Il voulait savoir ? Il allait savoir. « Elle était capable du pire, simplement parce qu’elle cherchait à tout contrôler. Elle était un poison pour le reste du monde. Quand on ne faisait pas comme elle voulait, on était éliminable. » Comme le fait d’aimer son frère par exemple. « Crois-moi, le monde se porte bien mieux sans elle. »

Qu’il la croit ou non, cela lui était égal pour le coup. Elle le pensait et c’était la seule chose qui l’importait. Cependant, si elle pouvait changer la vision de James, elle aurait gagné un point. Nemesis n’était pas une sainte et sa mort arrangeait le sort de nombreuses personnes, d’elle et Kieran déjà.

On peut tout fuir sauf sa conscience

I

l avait voulu entendre ce que Sasha avait à dire au sujet de Nemesis, ce qu'elle pensait réellement d'elle, l'y contraignant presque, voilà qui était fait. Et il se demandait à présent s'il n'aurait pas mieux fait de s'abstenir. Chacun des mots qu'elle prononçait à l'adresse de sa meilleure amie défunte était aussi tranchant que des lames de rasoir, et James en éprouvait un véritable frisson d'horreur. Comment pouvait-elle manquer à ce point de respect à une personne décédée. Et pas n'importe qui... James n'arrivait pas le moins du monde à reconnaître sa meilleure amie dans le portrait que Sasha était en train de dresser d'elle. C'était comme si tous les deux ne faisaient pas référence à la même personne. C'était à peine croyable, tout de même. Une seule et même personne ne pouvait pas ainsi disposer de deux facettes si contrastées, et en apparence incompatibles ! Ou alors il fallait que l'une de ces deux facettes ne soit que pure illusion, un tissu de mensonge là seulement pour servir d'autres intérêts.

Se pourrait-il que Nemesis lui ait montré d'elle une image biaisée, érronnée, dans l'unique but de le manipuler ? C'était trop douloureux à croire pour qu'il l'accepte, encore plus maintenant qu'elle avait quitté ce monde. Elle avait été si présente et attentive avec lui. Quand il lui avait appris son homosexualité, son adultère, elle ne l'avait pas jugé une seule seconde... pour justifier son propre adultère ? Non, il ne pouvait pas concevoir les choses de la sorte. Elle ne pouvait pas être ce monstre d'égoïsme que lui présentait Sasha... Mais pourquoi est-ce qu'elle mentirait ? Quel intérêt aurait-elle à ainsi cracher sur le cadavre de l'avocate ? Elle avait dû lui faire du mal, pour qu'elle en vienne à tant d'amertume, et si le libraire avait seulement envie de lui dire qu'elle avait tort, la partie de lui qui se mettait à douter le retenait de lancer à la soeur de son meilleur ami les piques sévères et odieuses qui lui venaient à l'esprit.

-Comment peux-tu dire une chose pareille... se contenta-t-il donc de souffler tout d'abord, lui adressant un regard sombre, encore, tout de même, soucieux de laver l'honneur de cette femme dont la perte lui avait tiré tant de larmes et l'avait rendu misérable. Qu'est-ce qu'elle t'as fait pour que tu oses dire ça d'elle ? demanda-t-il sans la lâcher du regard.

Il ne pouvait pas croire qu'elle avait prononcé ces mots gratuitement, uniquement pour lyncher une morte. Il n'avait pas forcément une très grande estime pour elle, mais jamais il n'irait croire une telle chose... Alors il y avait forcément autre chose. Nemesis lui avait forcément fait ou dit quelque chose. Et il voulait savoir quoi. Ce n'était pas forcément une bonne chose, il en avait conscience. Tant qu'il le pouvait, mieux valait sans doute qu'il garde intacte l'image qu'il avait de sa meilleure amie afin de pouvoir honorer sa mémoire sans que cette dernière soit entachée par tout ce qui aurait pu être dit d'horrible à son sujet. Mais les mots prononcés par Sasha lui pesaient désormais sur la conscience, et il avait besoin de savoir de quoi il retournait exactement, de comprendre de quoi la jeune femme accusait très exactement l'avocate.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Il avait voulu l’entendre, elle avait parlé. Sasha regrettait sincèrement de se laisser aller de la sorte et de montrer à James le fait qu’elle détestait Nemesis. S’il n’y avait pas eu cette histoire avec Gwendall, la jeune femme n’aurait eu aucune raison de ne pas aimer l’avocate sans doute. Sauf qu’il y avait Gwendall. Et même s’ils n’étaient plus ensemble (pour le moment), Sasha continuait de l’aimer et c’était bien trop pour Nemesis. Sauf que ce n’était vraiment pas raisonnable de sa part de montrer à quel point elle la détestait, parce que cela pouvait conduire James à penser qu’elle était son assassin. Il ne fallait pas que ça arrive, il ne fallait pas que quelqu’un se doute de ce qu’elle avait fait (avec Kieran, mais elle l’avait fait quand même). Il ne fallait pas que Gwendall découvre un jour qu’elle avait participé à la mort de sa sœur. Tout cela devait rester cacher, tout cela devait rester secret. Sauf que James la poussait à bout et elle ne pouvait pas s’empêcher de « cracher » sur la défunte. Sasha n’avait aucune affection pour l’ami de son frère, mais ça l’énervait de le voir posséder une telle image de son amie. Elle n’était pas quelqu’un de bien contrairement à ce que le libraire semblait croire.

« Parce que c’est la vérité. » Dit-elle lourdement quand le jeune homme lui demanda comment elle pouvait dire de telles choses. Il ne la croyait pas évidemment, mais c’était bien lui qui avait voulu qu’elle parle. Leurs regards ne se lâchaient pas, alors qu’il lui demanda ce que Nemesis avait bien pu lui faire. Sasha hésita une seconde avant de reprendre la parole. « Si elle n’était pas morte, tu aurais dû consoler mon frère parce que c’est moi qui serait six pieds sous terre. »

Encore une fois, Sasha prenait des risques en prononçant ces mots. Mais il fallait bien qu’elle prouve à James qu’elle ne se contentait pas de cracher pour rien sur une morte. Au fond, elle devrait ne rien avoir à faire de ce que l’ami de son frère pouvait bien penser d’elle, mais l’alcool qu’elle avait ingurgité n’aidait vraiment pas son esprit à réfléchir correctement. Et au fil du temps, elle s’enfonçait de plus en plus. Pourtant, elle ne mentait pas, elle disait la vérité depuis le début. Sasha savait bien que si jamais Nemesis n’était pas morte, elle aurait sans aucun doute payé les conséquences de ses actes. Actes étant simplement d’être tombé amoureuse de Gwendall. L’avocat n’avait simplement pas eu le temps d’agir, même si elle avait tenté quand même. Après tout, le poison venait bien d’elle au final. Pour le coup, Tom lui avait quand même plus ou moins sauvé la vie. Parce que si Sasha l’avait tué, c’était en partie pour se sauver la vie, mais aussi en partie pour suivre les ordres de son « maitre ». Hors, elle préférait garder à l’esprit qu’elle avait simplement suivit les ordres.

« Sors d’ici ! » Lança la jeune femme soudainement en se levant, posant fortement son verre sur la table basse. « Sors de chez moi ! »

Tant pis s’il voulait voir Angus, Sasha en avait assez de le voir là. Parce qu’il la faisait parler, parce qu’elle craignait d’en dire finalement trop. Personne ne devait savoir, surtout pas James.

On peut tout fuir sauf sa conscience

N

on, il ne s'en irait pas, il n'avait pas envie de s'en aller. Planté là comme un piquet, il avait beau avoir l'esprit embrumé par ce qu'il avait consommé d'alcool, il avait malgré tout le sentiment d'avoir atteint un nouveau degré de lucidité... Et avoir gagné une certaine bravoure. James était généralement si à cheval sur la politesse, et craignait tant de contrarier les personnes qui l'entouraient, qu'il les apprécient ou non, qu'il était de nature à ne pas insister et à s'en aller normalement dans ce genre de situations. Mais là, il avait suffisamment d'alcool dans le sang pour ne pas se laisser démonter. Il n'avait pas l'intention de s'en aller sans découvrir les reproches précis que Sasha avait affaire à Nemesis. Et quels reproches ! Ce n'était pas une animosité innocente que la soeur d'Angus éprouvait pour celle que James avait considéré comme sa meilleure amie, c'était une haine profonde et viscérale. Et ce qu'ellle lui disait de lui, même si elle ne lui apprenait rien de précis était alarmant.

Non, elle ne pouvait pas lui demander de partir comme ça. Il avait besoin d'en savoir plus, il avait le sentiment véritable que c'était infiniment nécessaire à son travail de deuil, et qu'il ne parviendrait à rien, encore moins qu'avant à surmonter ce coup du sort, s'il était dans l'ignorance de certaines choses. Sasha, tout de même, venait quand même de lui apprendre que Nemesis aurait été susceptible de la tuer. Non parce que c'était bel et bien ce qu'elle lui avouait à demi-mot, non ? Et il avait envie et besoin de comprendre. Non, pas un seul instant il n'associait pour autant Sasha à la mort de la jeune femme, il la pensait incapable d'une telle chose (mais en même temps, il en était de même pour elle), il avait besoin de comprendre exactement les griefs précis du libraire à l'encontre de celle dont il n'arriverait jamais à faire le deuil s'il la laissait en plan comme ça, là, maintenant, tout de suite.

-Non. s'opposa-t-il d'un ton qu'il s'étonna lui-même de percevoir aussi ferme. Généralement, il était bien rare de sentir autant de détermination dans le ton de sa voix. Ce dernier s'apaisa malgré tout au moment de reprendre la parole. Il ne voulait pas qu'elle se braque non plus, loin de lui cette idée. Loin de là. Il avait juste besoin de comprendre, de comprendre à tout prix. Dis moi ce qu'elle t'as fait. Je te croirais sur parole, je te le promets, mais il faut que je sache.

Parviendrait-il à la croire bel et bien ? Au fond ce n'était pas si certain. Il n'avait jamais eu de véritable estime pour Sasha, à l'inverse de Nemesis, mais il fallait qu'il entendre ce son de cloche. Après, il pourrait bien en faire tout ce qu'il voulait. ... Ceci dit, il se sentait plus prompt à la croire qu'au début de leur conversation. L'alcool aidant, peut-être. Sasha avait l'air parfaitement honnête vis à vis de lui. Et James commençait à croire que Nemesis avait dû terriblement la faire souffrir pour déclencher chez elle de telles réaction.

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James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Sasha avait le don de trop parler, bien souvent. C'était quelque chose qu'elle faisait très souvent, alors qu'elle avait énormément de chose à cacher. Elle se laissait emporter par ses sentiments, par l'alcool qu'elle buvait et elle laissait des bides de choses s'enfuir. Sasha n'avait eu aucune envie de parler de ce qu'elle avait contre Nemesis, parce qu'elle ne devait surtout pas mettre quelqu'un sur la piste qu'elle puisse être l'assassin. Personne ne devait deviner qu'elle avait tué la soeur de l'homme qu'elle aimait (et qui allait devenir son époux, même si elle ne le savait pas encore). La jeune femme avait déjà été en prison, elle n'avait aucune envie de retourner à Azkaban. Mais surtout, elle ne voulait pas qu'un jour Gwendall découvre ce qu'elle avait fait, même si elle ne pouvait pas s'empêcher de continuer de penser que l'avocate avait eu ce qu'elle avait mérité. Et cela, même si elle s'était rendue chez la femme sous les ordres de Tom, qu'elle ne pouvait évidemment pas contester.

Sasha espérait donc que James allait quitter sa maison, qu'il allait partir sans demander plus d'explication. Elle préférait largement fuir que d'assumer ce qu'elle venait de dire. Malheureusement, l'ami de son frère semblait soudainement pris d'un élan de courage. Sasha avait vraiment cru qu'il serait le genre de personne prêt à partir sans insister, parce qu'il était bien trop poli pour ça. Mais au lieu de partir, il affirma clairement son refus. Sasha serra des dents, lançant un regard noir à celui qui était assis dans l'un des fauteuils de son salon. Il voulait en savoir plus, il voulait qu'elle lui explique tout. James assura même qu'il allait la croire. Au fond, ce n'était pas le souci. Il pouvait la croire ou non, Sasha n'en avait que faire de ce qu'il pensait d'elle. Elle voulait simplement éviter de mettre quelqu'un sur la piste de sa culpabilité. Sauf qu'il insistait vraiment, il semblait vouloir à tout prix connaitre ce que Nemesis avait fait. Sauf que ça avait un rapport direct avec sa mère.

« Tu fais chier... » Elle n'avait jamais parlé comme ça à James, même si elle n'avait jamais fait preuve de vraiment de sympathie à son égard. Cependant, elle restait quand même cordiale. Sauf qu'elle était énervée de la situation et surtout que l'alcool embrumait son esprit. « Elle a appris que j'aimais son frère, ça l'a rendu dingue ok. » Finalement, la situation était assez simple. « Elle a essayé de me tuer. C'est trop excessif, mais elle était comme ça. »

Le fait que Nemesis soit quelqu'un de violent n'était pas le souci pour Sasha, elle ne pouvait évidemment pas reprocher les actions de la jeune femme décédée. Mais elle ne supportait pas qu'elle ait cherché à la tuer simplement parce qu'elle avait des sentiments pour son frère. Enfin, cette histoire était réglée de toute façon. Nemesis était morte à présent, elle ne pourrait plus jamais nuire à quelqu'un. Et avec un peu de chance, elle n'allait plus avoir une image parfaite aux yeux de ses proches amis. Le but de Sasha n'était pas de détruire son image, mais elle ne supportait vraiment pas que James la voit comme un ange qu'elle était loin d'être.

On peut tout fuir sauf sa conscience

C'

était bien la première fois que Sasha s'adressait de cette manière à James, si durement et si désagréablement. Ils ne s'étaient jamais leurré l'un et l'autre quant au fait qu'ils ne s'appréciaient pas outre mesure, mais ils avaient su faire illusion jusque là, ne serait-ce que par respect envers Angus. Certes, ils n'avaient pas grand chose en commun, leurs tempéraments étaient bien différents, et ils n'étaient sans doute pas faits pour s'entendre, mais ils avaient toujours réussi malgré tout à demeurer au moins courtois, faute d'être forcément agréables. Sauf que la conversation prenait un tournant qu'aucun des deux n'aurait pu s'imaginer, et qui invitait peut-être moins à se montrer cordial. D'autant que si l'alcool était en train de monter très sévèrement à la tête de James, il semblait que Sasha, pour sa part, n'était pas préservée des effets néfastes de cet alcool qui vous invite toujours à parler bien plus que de raison. James grimaça mais préféra ne rien rétorquer à son "tu fais chier", l'alcool lui donnait du tempérament et lui offrait de se dresser avec moins de crainte contre ceux qui l'entouraient et pour ce en quoi il croyait, mais même alcoolisé, il n'en restait pas moins pacifique et non violent, pas le genre à embrayer sur une insulte et à faire tourner le tout au pugilat. Il préféra attendre sa réponse, puisque Sasha semblait prête à lui en donner une...

...et cette réponse en question l'estomaqua. Certes, elle avait sous-entendu ce qu'elle lui confirmait à présent, mais entendre ces mots prononcés si frontalement, ce n'était pas particulièrement agréable pour autant. Bon, que Sasha soit amoureuse du frère de Nemesis... c'était un élément qu'il n'avait pas en sa possession jusque là, mais qui ne lui semblait de loin pas être le plus important... Ce sur quoi il restait bloqué, c'était la tentative de meurtre dont Sasha parlait. Bon, d'accord, James avait juré qu'il ne remettrait pas la parole de son interlocutrice en cause, mais merde ! On parlait tout de même de Nemesis, sa meilleure amie qu'il avait tout à coup le sentiment de ne vraiment pas connaître, tentant de tuer Sasha uniquement... parce qu'elle aimait son frère. Oh, James n'était pas sans savoir combien Nemesis était possessive avec Gwendall, comme l'inverse était vrai, à en juger par l'affaire Kieran qu'elle lui avait expliqué en confidence, même si à ce rythme, James allait finir par remettre en cause absolument tout ce qu'elle avait bien pu lui dire... Tout de même, au point de tenter d'empoisonner Sasha ! Il avait bien envie de protester, de traiter cette dernière de menteuse. Mais il s'abstenait. Parce qu'au fond, il ressentait qu'elle pouvait bien dire vrai, qu'il le veuille ou non. Et parce qu'il lui avait fait une promesse. Il était bien contraint de la respecter, à présent.

-Et comment tu t'en es sortie ? demanda-t-il avec une froideur dans le ton de la voix qui lui ressemblait bien peu.

Parce qu'il avait envie et besoin de douter pour que cette histoire ne le rende pas complètement dingue. Après tout, comment Sasha aurait-elle pu survivre à une tentative de meurtre et ne pas porter plainte contre l'avocate, toute avocate pouvait-elle justement être. Il avait besoin d'entendre sa version des faits, qu'importe s'il décidait ou non d'y croire ou pas en définitive.

code by Mandy

James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Sasha s’était pourtant juré de ne jamais parler de cette histoire à personne, de ne jamais mentionner le fait qu’elle avait vu Nemesis et que cette dernière avait tenté de la tuer. Evidemment, la jeune femme n’était pas encore assez alcoolisée pour qu’elle puisse mentionner le fait qu’elle avait participé à sa mort, elle ne le serait jamais d’ailleurs. Et pas seulement parce qu’elle risquait de tout perdre si jamais elle mentionnait ce détail. James ne devait donc pas savoir qu’elle avait un rapport avec le décès de sa meilleure amie, même s’il en savait un peu plus concernant les griefs qu’il y avait entre les deux sorcières. James faisait clairement chier, c’était ce que pensait Sasha et elle ne manqua pas de l’exprimer. Même si normalement, la jeune femme prenait quand même soin de ne pas parler de cette manière à l’ami de son frère. Mais la situation, la conversation et l’alcool faisaient un cocktail explosif. Et puis, elle pouvait bien se permettre puis qu’elle répondait à sa question. Elle lui avoua donc que Nemesis avait essayé de l’empoisonner en apprenant qu’elle avait des sentiments pour Gwendall. Et ce n’était que la strict vérité, elle ne pouvait simplement pas se permettre de lui parler de la suite. Ce qu’il avait visiblement envie de savoir au vu de sa question suivante.

Sasha serra un peu des dents en entendant le ton qu’employait James. Elle était certaine qu’il ne la croyait pas, comment pouvait-il la croire ? Il voyait Nemesis comme une sainte, qu’elle n’était pas du tout. Avant toute cette histoire, l’ancienne médicomage savait parfaitement que l’avocate n’était pas une sainte. Elle l’avait vu se défendre à merveille contre des hommes un peu trop collant et ne pas hésiter à faire couler le sang. Cette femme avait vraiment le don de montrer plusieurs visages et de parvenir à embobiner son monde. Kieran n’avait sans doute pas eu tort quand il disait que le monde se porterait bien mieux sans elle.

« Je ne suis pas débile au point de boire une coupe de champagne servit par une femme que je sais profondément possessive envers son frère. » Avait-elle répondit sèchement. Elle n’avait pas spécialement envie de faire d’effort de toute façon. « Surtout après m’avoir giflé. »

Encore une fois, la jeune femme se contentait simplement de raconter la vérité. Elle évitait de mentionner le fait que Nemesis s’était montrée bien plus violente ensuite et qu’elle avait tenté de la forcer à boire ce poison. Comme elle ne parlait évidemment pas de la présence de Kieran.

« Je me suis contentée de la fuir. » Elle marqua une pause avant de reprendre. « Et maintenant elle est morte alors ça n’a plus d’importance. »

Si elle pouvait en plus de disparaitre du monde, quitter l’esprit des autres, cela arrangerait grandement les affaires de Sasha. Mais ce n’était évidemment pas simple ça, parce que Nemesis avait quand même énormément de proches, trop de proches même. Elle était un vrai poison, définitivement.

On peut tout fuir sauf sa conscience

I

l était difficile et désagréable d'entendre parler en des termes si cruels de quelqu'un que l'on avait pourtant profondément aimé, dont on avait été très proche, pour qui on s'était senti prêt à tout... mais, outre le fait que Sasha n'avait aucune raison de lui mentir sur la question, et encore moins d'inventer une histoire pareille, James devait reconnaître que ce récit n'était peut-être pas aussi rocambolesque et fantaisiste que ce qu'il avait envie de soutenir, afin de se voiler la face encore un peu... Elle était excessive, c'était un fait, ça avait toujours été le cas... Et au nom de ses émotions et de ses sentiments, qu'elle vivait également avec une intensité similaire, ce serait mentir que de dire qu'il n'avait pas pressenti qu'elle était bien capable de faire couler le sang... Il n'aurait jamais imaginé, néanmoins, qu'elle serait effectivement passée à l'acte un jour. Ce constat lui remuait l'estomac, il avait le sentiment qu'il allait être malade... Ou bien était-ce seulement l'alcool ? Dans tous les cas, accepter la réalité le mettait dans un état de mal-être total. Et si Nemesis avait vraiment tenté d'empoisonner Sasha.

-Empoisonnée... souffla-t-il plus pour lui-même que vraiment pour Sasha... Puis, plus fort, cette fois, en levant les yeux vers la soeur de son meilleur ami. Elle est morte empoisonnée.

C'était une chose que Sasha savait déjà peut-être, mais cet élément d'information le troublait tout à coup. Est-ce que ça signifiait qu'il soupçonnait tout à coup Sasha ? Pas forcément, à vrai dire, si elle était coutumière de la méthode, et bien moins innocente qu'elle le prétendait, il se pouvait bien qu'un autre ait voulu retourner son venin contre elle... Ou bien ? Si elle avait, comme ça, du venin à sa disposition, c'était peut-être que, contrairement à ce qui se murmurait, il n'y avait pas d'assassins. Nemesis était excessive en tout. Et si elle s'était donnée la mort ? Qu'est-ce qui valait le mieux ? Que devait-il croire ? Fallait-il qu'il écoute le récit de Sasha et ne remette rien en question ? Ou fallait-il plutôt qu'il doute de tout. Il était complètement paumé... C'était chose difficile que de remettre en cause toutes ses croyances et toutes ses convictions pour affronter la vérité. Il l'avait déjà fait, c'est vrai, et récemment, même, mais ça avait quand même été bien plus plaisant qu'en cet instant, où l'ange se transformait en démon, l'innocente en assassin. Il hésita, et ne fut même pas certain d'y croire quand il prononça les mots suivants. À nouveau, l'alcool ne devait pas aider.

-Je suis désolé... de ce qu'elle t'a fait.

Si c'était vrai, il lui semblait que quelqu'un devait des excuses à la jeune femme, et Nemesis n'allait pas miraculeusement reparaître pour présenter ses excuses, donc... Il se sentait redevable... parce que si c'était vrai et qu'il n'avait rien vu.. que par conséquent, il avait indirectement cautionné ses actes, alors il ne valait pas forcément mieux qu'elle. C'était vraiment une situation étrange, et s'il devait reconnaître que tout était vrai, alors cela remettait en cause tant de choses qu'il commençait à s'interroger sur le moindre instant qu'il avait pu passer avec celle qu'il avait cru être sa meilleure amie.

code by Mandy

James & Sasha

On peut tout fuir, sauf sa conscience.

Sasha en disait trop, vraiment trop. Elle savait qu’elle était en train de se rendre sur un chemin plus que glissant, qu’elle était en train de jouer avec le feu. Mais James avait voulu savoir et la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de trouver idiot qu’il soit à ce point fasciné par Nemesis. Cette femme n’avait rien de bon en elle, elle n’avait aucune raison de se retrouver à ce point responsable de la tristesse de nombreuses personnes. Sasha pouvait bien comprendre que certaines personnes soient peinés de la mort de la femme, son frère par exemple qu’elle ne pouvait que comprendre, mais elle n’aimait pas cette idéologie que James avait pour elle. Il l’imaginait comme une sainte, alors qu’elle n’était clairement pas plus sainte qu’elle-même. Sasha n’avait aucune affection pour le jeune homme, cela lui permettait donc de se montrer un peu plus dure avec lui afin de lui montrer la vérité. Après tout, il pouvait bien la détester pour cela, ça lui était bien égal. Même si du coup, elle révélait des choses qu’elle aurait dû garder pour elle. La jeune femme sentit son corps se tendre tout entier quand James mentionna le fait que Nemesis avait été tué par empoissonnement. Sasha était au courant, elle ne pouvait que l’être, et elle espérait que James n’était pas en train de comprendre. Si jamais l’homme arrivait à la conclusion qu’elle avait un rapport avec la mort de l’avocate, la jeune femme allait avoir de gros ennuis. Elle ne le quittait donc pas du regard, sentant son cœur s’emballer. Le fait qu’elle soit fortement alcoolisée ne l’aidait clairement pas à avoir les idées claires et à ne pas paniquer. Elle commençait à craindre de retourner à Azkaban, de se retrouver de nouveau en prison. En un sens, elle méritait clairement d’y aller, mais elle n’avait aucune envie de retrouver cet endroit. Et elle n’avait surtout pas envie que Gwendall découvre ce qu’elle avait fait.

Et puis finalement, James s’excusa au nom de Nemesis. Sasha ne sut pas vraiment comment prendre ça, si elle devait vraiment le croire ou non. Est-ce qu’il était vraiment désolé, ou est-ce qu’il disait ça juste comme ça ? Elle ne pouvait pas en être sûre, et surtout elle trouvait cela inutile. Parce qu’il n’y avait aucune raison d’être désolée de la part de Nemesis, parce qu’elle n’était pas le genre de femme à l’être. Si l’avocate était encore de ce monde, Sasha était persuadée qu’elle ne prendrait pas la peine de s’excuser pour son attitude. Comme l’ancienne médicomage n’avait pas envie de l’être pour avoir tué cette dernière.

« C’est passé maintenant, y’a plus rien à dire dessus. »

Ajouta-t-elle, elle en avait assez de parler de cette histoire avec James. Elle avait envie de changer de sujet, elle avait peur de continuer à s’enfoncer de plus en plus dans ce chemin dangereux. En cette seconde, Sasha se félicitait assez d’avoir alcoolisé le système de James, avec un peu de chance il oublierait un peu cette discussion. Ou pas.

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On peut tout fuir, sauf sa conscience. (James)

On peut tout fuir, sauf sa conscience. (James)

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