Les livres et parchemins étaient éparpillés au sol, dans le hall, bondés d’élèves à cette heure-ci. Toutefois, comme dans un commun accord, les spectateurs avaient laissé libre tout un cercle au centre duquel se trouvait Craig, 13 ans et élève à Poufsouffle, à genoux pour ramasser ses affaires, et 4 élèves de Serpentard, plus âgés que lui, ne cessant leurs railleries depuis qu’ils avaient volontairement frapper dans les affaires que leur cadet tenait dans ses bras pour les faire tomber au sol.

Alors le bâtard, tu dis rien ?, le railla le chef de la petite bande en se penchant sur lui. Tu vas même pas te défendre un peu ?

Je suis sûr qu’il nous lancerait un sort s’il pouvait le p… p… p… prononcer !, lança le plus laid des quatre en imitant le bégaiement dont souffrait leur victime depuis toujours, sous les rires moqueurs des autres élèves.

Rien d’étonnant, reprit le premier bien fort pour être entendu, tout le monde sait que les bâtard ont des tares, comme pour les chiens ! Bâtard, sang-de-bourbe, Poufsouffle et b… b… b… bègue ! T’as toutes les tares mon vieux !

Le visage en feu, Craig était incapable de retenir les larmes qui lui coulaient sur les joues. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de rapidement terminer de ramasser ses affaires et d’ensuite tenter de disparaitre dans l’école. Mais une voix masculine, connue de tous, tonna au même instant pour prendre sa défense. Il s’agissait du Professeur de Sortilège et, accessoirement, Directeur de la maison Serpentard. Ce dernier, tentant toujours d’inculquer des notions de respects à ses élèves, n’hésita alors pas à coller les 4 membres de sa propre maison avant de disperser les autres adolescents et de s’accroupir devant le jeune garçon en pleure.

Dans le monde, il y a ceux qui ont la vie facile et ceux qui ont la vie dure. Malheureusement pour lui, Craig s’était toujours senti du côté des seconds. Il fallait dire que dès le départ, les choses étaient mal partie pour lui. Sa mère, Abby, était une ouvrière mignonne de Belfast, pleine de vie et attachante. Très attachante à en croire son patron. Mais plus si attachante que cela lorsqu’elle en tomba enceinte. Afin de ne pas s’assurer un scandale, surtout auprès de sa femme, le Patron lui versa de l’argent pour qu’elle disparaisse de la ville et de sa vie avec ce bébé bâtard qu’elle portait en elle.

Abby s’installa à Cork, trouva un emploi dans une nouvelle usine et mit au monde un petit garçon aux cheveux blond tirant sur le roux et couvert de tâches de rousseurs. Ayant toujours assumée ses choix, Abby, malgré les regards mauvais que cela lui valu, ne chercha jamais d’excuses quant à l’absence du père de son enfant. Contrairement à beaucoup d’autre jeune femme dans sa situation, elle ne chercha pas à se marier à tout prit pour donner un semblant de légitimité à son enfant. Elle protégea son fil du mieux qu’elle pu, lui accordant bien plus d’amour à elle seule que ne l’aurait fait deux parents bien distinct. Craig étant né le jour même de Noël, elle n’avait de cesse de lui répéter qu’il était le plus beau cadeau qu’elle aurait pu souhaiter.

Hélas pour lui, en plus d’être un enfant bâtard, Craig s’avéra être bègue, ce qui lui valu le double de railleries de la part de ses camarades d’école. Mais les années passant, plus l’enfant était moqué et plus des choses étranges se passait. Un jour, les élèves jurèrent avoir vu Tommy Clarks, le tortionnaire attitré de Craig, voler dans les airs avant de retomber contre un mur, assurant que c’était ainsi qu’il s’était cassé le bras. Une autre fois, se furent les fenêtres de la salle de gym qui explosèrent en pleine partie de ballon dont Craig était la cible. Bientôt, les superstitieuses locale se mirent à chuchoter que le petit bâtard n’était autre que l’engeance même du Diable et certaine aînées commencèrent à se signer sur son passage et sur celui de sa mère.

Et puis lors de l’été de 1920, alors que le monde se remettait gentiment des blessures de la Guerre Mondiale, un étrange courrier arriva chez les Evans, porté par une chouette d’une taille impressionnante. Une école, bien particulière, attendait Craig dès la rentrée. Témoin des facultés exceptionnelles de son fils, Abby ne mit pas longtemps avant de croire en la véracité de ce parchemin et c’est ainsi que quelques semaines plus tard, Craig découvrait Poudlard et le monde des sorciers, auquel il appartenait.

Malheureusement, passé les premiers jours d’émerveillement, il découvrit que les jeunes sorciers pouvaient être aussi cruels que les enfants normaux. D’abord raillé à cause de son bégaiement qui lui posait particulièrement problème lors des cours pratique demandant la formulation de sorts, des élèves découvrir sa filiation unique et les moqueries recommencèrent alors de plus belle jusqu’à ce jour de février 1922 où, les larmes coulant sur ses joues alors qu’il ramassait ses affaires, le Professeur Carlaigh vint à son secours.

Contrairement à d’autres Directeur de la maison Serpentard connu à travers l’histoire, le Professeur Carlaigh était réellement un homme bon qui se souciait aussi bien des élèves au sang-pur que de ceux issus du monde des moldus.

Dès ce jour, il prit le jeune adolescent sous son aile. S’étant renseigner sur des techniques aussi bien magiques de moldues, il prit le temps, des années durant, à apprendre à Craig à gérer sa respiration et son articulation afin d’être en mesure de parlant de manière correcte. Dès lors, même si sa diction est toujours restée plus lente que la normale afin de lui laisser le temps de prononcer correctement chaque mot, Craig fut en mesure de s’exprimer correctement, ce qui lui changea grandement la vie. D’ailleurs bien des années plus tard, alors devenu adulte, il fut de ceux pleurant le plus la mort du Professeur lors de son enterrement.

Devenu adulte, Craig avait parfaitement conscience qu’il pouvait faire une croix sur les carrières intense comme auror ou demandant une trop grande éloquence, tel que Professeur. Toutefois, ses excellents résultats scolaires, ses connaissances du monde moldu, son imagination débordante et sa facilité a inventé des histoires crédible en un instant lui ouvrirent les portes du Ministère et plus précisément du Comité des inventions d’excuses à l’usage des moldus.

Il fallait dire que ce grand blond parlant toujours de manière si posée attirait facilement la sympathie et, surtout, la confiance des gens. Ainsi, il s’avéra rapidement être une excellent élément. De plus, après des années d’enfer à l’école, Craig trouva enfin sa place parmi ses collègues qui l’acceptèrent amicalement et il pu enfin tirer un trait sur son passé de souffre-douleur même si certaines cicatrices ne pourraient jamais guérir. Dans les premiers temps, il était d’ailleurs mortifié lorsque, pour une raison ou pour une autre, il se retrouvait à tout à coup bégayer devant ses collègues mais jamais aucun d’entre eux ne se moquèrent. Au contraire, ils se montrèrent toujours patients, plaisantant parfois gentiment à ce sujet pour le détendre.

De part son emploi, Craig n’était pas vraiment au courant de ce qu’il se passait du côté des mages noirs. Et à vrai dire, il ne s’y intéressait pas. Il ne comprenait pas la haine que des sorciers pouvaient vouer à des gens comme lui finalement. Et lorsque la seconde Guerre Mondiale éclata et qu’un certain Hitler s’entoura en secret de sorciers pour parvenir à ses fins, il eu bien trop de travail pour avoir le temps d’y penser. Rejoignant les agents travaillant à la réparation des accidents de sorcellerie et un groupe d’Oubliators, il s’infiltra dans les troupes de commandement militaires moldues anglaises afin que lui et l’équipe dont il faisait partie puissent directement travailler de l’intérieur et lorsque la guerre se termina, se fut avec soulagement qu’il retrouva le Ministère et son bureau.

Pour ce qui fut de sa vie privée, bien que resté très proche de sa mère, il décida de rester vivre en Angleterre alors que cette dernière, avec les années avait quittée Cork pour Dublin et… se marier ! En effet, Abby fini par trouver l’amour à l’âge de 43 ans auprès d’un homme veuf qui n’en n’avait que faire de savoir qu’elle avait eu un fils sans être mariée et tout deux vivent désormais à Dublin et heureux.

Pour Craig, les choses ne se combinèrent malheureusement pas ainsi. Malgré quelques histoires d’amours ici et là parsemée sur les années, il est, jusqu’à présent, toujours resté célibataire, n’ayant jamais trouvé celle avec qui il pourrait se marier et fonder cette famille qu’il espérait pourtant tellement avoir. Mais les moqueries sur son statut et son handicape qu’il avait enduré une bonne partie de sa vie l’empêchèrent d’avoir suffisamment confiance en lui pour séduire.

Il fut fiancé à une époque, alors qu'il avait 26 ans, mais aussi cruel que cela puisse paraitre, la jeune femme issue d'une grande famille et préférant vivre dans la superficialité que dans le vraie vie, avait finalement fait machine arrière, craignant que sous le coup de l'émotion, Craig ne se mette a bégayer en prononçant ses vœux, devant sa famille et amis.

Bien que blessé, Craig décida de voir le bon côté des choses et c'est promis, depuis, que s'il devait se marier un jour ce serait avec quelqu'un l'aimant pour lui et non pour le prestige de sa place au Ministère.