Soirées mondaines, tasses et autres joyeusetés [Anna/Anya ]

Soirées mondaines, tasses et autres joyeusetés

A

rmando regardait son reflet dans le miroir. Quel que soit l'angle sous lequel il considérait son reflet, il lui était plus que désagréable que de constater que ce dernier ne lui renvoyait jamais que l'image d'un homme vieux et usé. Voyez ces sillons profonds sur son visage, et les cernes sous ses yeux. Il n'était plus à l'âge où l'on peut décemment espérer plaire, plus à l'âge où il y ait même ne serait-ce que le début d'un intérêt à essayer. Et pourtant, n'était-ce pas là ce qu'il faisait, alors qu'il examinait dans le moindre détail l'élégante robe de sorcier qu'il avait choisi de porter pour la soirée. Bien sûr, il se devait de donner une bonne image. Il en avait parfaitement conscience, c'était, après tout, pour son école que cette soirée était organisé, et puisqu'il en était le "digne" (indigne au regard de beaucoup) représentant, il se devait de faire bonne figure, de donner la meilleure image de lui-même. C'était néanmoins se mentir effrontément à lui-même que de décréter que là était sa seule motivation... Tout comme affirmer sans ciller qu'il n'avait pas trouvé Anya Armyanski, celle chez qui cette réception avait eu lieu, particulièrement séduisante, serait un mensonge ce qu'il y a de plus éhonté.

Une heure avant l'heure officielle de la réception, et ainsi qu'il l'avait promis à Anya, avec laquelle il était resté régulièrement en contact afin d'organiser comme il se doit cette soirée supposée redorer le blason de son école (au fond, il n'avait pas fait grand chose, d'ailleurs, Anya s'y connaissait comme personne pour organiser ce genre d'événements. Ses idées étaient toutes judicieuses, ses conseils avisés. En bref, comme souvent, il faisait surtout tapisserie). Venir ainsi en avance lui permettrait ainsi de régler les derniers détails avant la venue des convives. Et, il faut bien l'admettre, cela permettrait également au directeur de profiter de la présence d'Anya avant qu'il n'ait à la partager avec d'autres (que voulez-vous, il s'était laissé séduire par son tempérament de feu, son intelligence remarquable, son charme certain, ses...tasses).

Il s'était rendu à Pré-au-lard, profitant de ce détour pour régler quelques détails de moyenne importance, puis avait transplané jusqu'à l'imposant manoir d'Anya Armyanski. Il y avait déjà mis les pieds afin d'étudier les lieux pour organiser comme il se devait cette réception singulière. Autant d'occasions que le directeur avait prises pour telles, lui permettant de faire sa cour, en se l'admettant à peine à lui-même, à l'intrigante femme. Il avait à son intention acheté un bouquet de fleur, qu'il tenait à la main, de quoi la "remercier pour l'aide qu'il lui apportait", aucune arrière pensée, bien sûr. Mais après qu'il eut toqué à la porte, il fut surpris de voir que ce n'était pas elle qui lui avait ouvert, mais une autre femme, en plusieurs points similaire à Anya.

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Cela faisait déjà quelques temps qu'Anna était au courant des agissements de sa grande sœur. Pas des années, plutôt des jours en fait. Mais c'était des jours de trop. Pourtant, même si pour le moment elle l'avait soigneusement évité en veillant à ne pas lui dire ce qu'elle savait. Arriverait bien un moment où ça allait coincer. Elle ne savait pas si elle devait lui en parler ou non, mais le fait est qu'Anya lui avait demandé de venir à une de ses soirées mondaines. Ce n'était pas la première fois et Anna faisait tout à fait confiance à sa sœur pour ce genre de choses. Ceci dit elle n'avait pas spécialement envie d'y aller non plus. Enfin, elle ne pouvait pas lui refuser ce service qui au fond ne lui coûtait pas grand chose.

La jeune femme pris le temps qu'il lui fallait pour se préparer. Ce n'était pas comme si elle avait autre chose à faire de toute façon. Et puis finalement, cela faisait quelques temps qu'elle n'avait pas été vue à ce genre de petites soirées. Dans ce milieu, se montrer un peu ne faisait pas de mal. Au contraire. Alors Anna avait choisi une robe qui saurait la mettre en valeur. De ces tenues qui savent mettre son teint en avant sans la faire passer pour plus pâle qu'elle ne l'était vraiment. Quelque chose qui saurait ne pas la rendre trop grande. C'était important aussi. Elle opta pour une robe assez ample, rouge. Du coup, elle avait le collier qui saurait parfaitement s'accorder avec. Avec de petites perles rouges qui donnaient un peu l'impression qu'elle portait de la dentelle. Après un rapide tour devant la glace, la jeune femme alla rejoindre celle qui devait certainement l'attendre.

En arrivant chez Anya, les deux femmes ne purent s'empêcher de rire. Vous savez, le coup classique des deux sœurs habillées de la même manière. Mis à part les détails, c'était le même principe. Robe rouge et collier dentelle. Du coup, elles furent un peu plus détendues, l'une comme l'autre. Parce que mine de rien, Anya aussi s'était un peu inquiété de revoir sa sœur depuis que son fils était allé se réfugier chez elle. Mais visiblement, elles pourraient au moins passer une soirée ensemble. Les deux femmes se remirent donc aux préparatifs. Finalement, il ne restait plus grand chose à faire. Ce qui était prévisible. Mais de toute façon, on toqua rapidement à la porte. Autant vous dire qu'Anna était surprise. La réception ne devait commencer que dans une heure.

-C'est certainement le directeur. Je lui ai demandé de venir en avance. Tu veux bien aller ouvrir?

Anna s'exécuta. Sa sœur était occupée à accrocher une banderole alors autant qu'elle le fasse. Et je ne vous cache pas qu'elle était curieuse de le rencontrer. Entre ce qu'elle avait lu dans les journaux, ce qu'elle avait entendu de potins et ce que son neveu lui avait raconté, Armando Dippet attirait son attention... et sa curiosité. C'est donc souriante qu'elle lui ouvrit et se retrouva nez à nez avec un bouquet de fleurs. Puisque ce n'était pas elle qui vivait ici, la jeune femme compris que le directeur avait prévu de les offrir à sa sœur. Ce qui l'amusait beaucoup au passage. Serait-il charmé par la belle aînée des Armyanski? Autant dire qu'il risquait d'être déçu. Du moins, c'était ce que pensait la plus jeune.

-Mr Dippet je suppose? Je vous en pris, entrez.

Elle le débarrassa de son manteau et l'accompagna dans le hall où Anya venait de finir. Souriante également, cette dernière vînt ver eux. Sans oublier de remarquer les fleurs bien entendu. Une femme aussi vaniteuse ne pouvait que se sentir flattée d'en recevoir.

-Ces fleurs sont sublimes, je vous remercie.

Anya les pris et les sentit, par pur réflexe surtout. Que voulez-vous, cela faisait un certain temps qu'elle recevait des fleurs.

-Vous avez fait la connaissance de ma sœur, Anna. Je lui ai également demandé de venir m'aider. J'espère que vous ne m'en voudrez pas de l'avoir fait sans vous demander avant?

Anna était intérieurement en pleine observation. Y aurait-il vraiment quelque chose dans l'air? Le fait est que le directeur avait l'air soumis et Anya un peu plus... jeune? Elle ne savait pas comme l'exprimer, mais c'était bizarre et assez drôle.

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P

assé l'instant de la surprise, Dippet réaccrocha un sourire à son visage alors qu'il saluait cette inconnue (pour l'heure tout du moins) qui lui avait ouvert la porte en lieu et place de la personne à laquelle il s'était attendue. Alors qu'il pénétrait à l'intérieur de ce manoir qu'il commençait à bien connaître, et qu'Anya vint vers lui, lui apprenant au passage que cette femme était sa soeur, il se demanda comment il avait fait pour ne pas s'en rendre compte immédiatement. À les voir ainsi côte à côte, l'on ne pouvait pourtant pas avoir le moindre doute, et pas seulement parce qu'elles étaient toutes les deux vêtues de façon similaire, dans d'élégantes robes rouges qui... hum... disons qu'elles savaient parfaitement mettre leurs formes en valeur, elles avaient plus d'un point commun, toutes les deux. Deux femmes d'une grande élégance qui ne pouvaient nier partager le même sang. Un ravissement à regarder, de toute évidence, bien que le directeur fit au mieux pour ne pas se laisser aller à des pensées à ce point triviales. Quand Anya lui prit les fleurs des mains, il accepta le compliment qu'elle fit sur leur beauté avec un léger sourire (abruti et niais sur le visage) avant que de refocaliser son attention sur Anna. Anna et Anya. On ne pouvait pas dire que les parents des soeurs Armyanski brillaient par leur créativité (en même temps, quand on s'appelait Armando, on avait de quoi se taire. Certes).

-Enchanté, Anna. Si j'avais su que vous seriez là, j'aurais amené un bouquet supplémentaire.

Pas pour la draguer de manière éhontée, bien sûr (loin de lui une telle idée, voyons, même si elle présentait également des arguments - par arguments entendez tasses - qui pouvaient bien ne pas le laisser indifférents), mais par simple décence et au nom de la plus pure des politesses, bien sûr.

-Et avoir des mains supplémentaires avant que tout le monde n'arrive ne pourra pas faire de mal. ajouta-t-il, ne se départissant pas de son sourire aimable. Le plus aimable qu'il puisse afficher, même. Je vous remercie de vous joindre à cette soirée, vous n'imaginez pas à quel point cette soirée est importante pour l'école.

Pour Poudlard ou pour lui ? Là était toute la question. Car, au fond, avec ou sans soirée, l'école de magie ne serait peut-être pas radicalement changée, quoiqu'il fallait espérer que son blason soit ne serait-ce qu'un peu redorée.

-Alors, que puis-je faire pour me rendre utile ?

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Anya avait commencé à préparer cette fête depuis quelques temps déjà. Elle avait donc reçut Armando chez elle plusieurs fois. Imaginez, un parent d'élève qui invite le directeur chez lui c'est rare. Qu'un parent d'élève l'invite et lui brandisse ses tasses sous le nez, cela devait être la première fois. Certainement la dernière aussi. Mais cette femme avait ses raisons. Elle le voulait. C'est sa cible. Et c'était son jeu. Si il voulait jouer, c'était lui qui voyait. Qu'il fasse attention de ne pas oublier qu'il ne connaissait pas toutes les règles. Enfin, à sa guise. Ce n'était pas Anya qui allait s'en plaindre.

Présenter sa sœur à cet homme, c'était s'attirer un peu plus d'attention. Parce que sa petite sœur, elle faisait la divorcée modèle, mais elle était plus jeune et encore bien jolie. Alors un peu plus de pitiez à avoir pour ces pauvres femmes seules. Oui, elle se servait un peu d'elle. Mais cela n'enlevait pas son amour pour cette petite sœur qu'elle avait toujours voulut protéger. Et Anna ne risquait rien à se montrer un peu. Sans compter qu'elle ne l'avait pas du tout forcé à venir. Anya lui avait proposé et sa petite sœur avait accepté. Si elle n'en avait pas eut envie l'aînée n'aurait pas insisté.

Armando Dippet avait l'air... complètement idiot. Visiblement ravi de pouvoir profiter de cette invasion de tasses. Même si Anya ne se sentait pas très à l'aise qu'il prenne le temps d'observer celles de sa sœur. Vieille habitude de protection. Si elle faisait exprès de les montrer, Anna pas du tout. Ou du moins pas dans le but de se faire séduire. La pauvre. Mais dire au directeur de regarder ailleurs serait se griller elle-même. Elle préféra donc ne rien dire. Et le laissa reporter son attention sur le visage (encore charmeur ceci dit) de sa chère petite sœur.

-Enchanté, Anna. Si j'avais su que vous seriez là, j'aurais amené un bouquet supplémentaire.

La jeune femme rougit à ces paroles. Elle, en revanche, elle n'avait pas l'habitude d'en recevoir des fleurs. Anya sourit, faussement fière de d'Anna. Elle était véritablement fière d'elle, au quotidien. Mais pas parce qu'on s'intéressait à elle. C'était une femme possessive et c'était sa petite sœur. Le reste était simple à comprendre.

-Et avoir des mains supplémentaires avant que tout le monde n'arrive ne pourra pas faire de mal. Je vous remercie de vous joindre à cette soirée, vous n'imaginez pas à quel point cette soirée est importante pour l'école.

C'est cela. Pour l'école. Comme si Anya n'avait pas remarqué son petit jeu tout aussi pathétique qu'amusant. Elle se laissait draguer depuis plusieurs semaines maintenant. Et le fait que Dippet soit le directeur de l'école de son fils ne lui posait absolument aucun problème. Elle se laissait faire très facilement et le provoquait un peu. Pour ce soir, sa sœur servirait de témoin qu'elle soit au courant ou non de ses anciennes manies, Anya comptait sur elle.

-C'est un plaisir Monsieur.
-Anna est pire que moi. Andreï compte beaucoup pour elle et votre école est un peu sa protection depuis quelques temps.

Même si elle disait cela sur un ton léger, Anya parlait pourtant bien justement en rapprochant sa sœur aux joues rosies par le bras. Elle l'aimait sa petite sœur adorée. Elle aurait du mal à le supporter si elles devaient se séparer. Mais elle n'était pas là pour penser à cela. Il fallait s'occuper du directeur et de cette soirée. Anya se permit pourtant un sourire et un regard complice auquel Anna s'empressa de répondre.

-Alors, que puis-je faire pour me rendre utile ?

La belle lâcha sa sœur pour prendre un air un peu plus sérieux. Oui, ils n'avaient pas fini. Et même si c'était pas loin, il restait deux ou trois choses à faire. Et les musiciens qui allaient arriver. Il fallait que la salle soit en place, prête à recevoir les invités.

-Anna, tu voudrais bien aller mettre Fluffy dehors?
-Oui, bien sûr.
-Merci chérie. Mr Dippet, vous voulez bien venir avec moi? Je vais avoir besoin de vous pour le choix des décors centraux.

En fait, elle savait déjà ce qu'elle allait faire puisqu'ils étaient fait sur-mesure. Elle voulait juste son avis pour les placer. Ils allèrent donc chercher des bannières sous l'escalier. Il y en avait une pour chaque maison. De toute beauté. Elles pouvaient rivaliser avec celles de l'école. La plus grosse elle était le blason de l'école. Celle-là finirait au dessus de l'escalier devant la grande fenêtre. Elle serait la première vue.

-Dites-moi ce que vous en pensez. Je ne sais pas comment agencer tout ça.

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A

nna avait beau sembler, aux yeux du directeur de Poudlard, presque aussi charmante et agréable que sa soeur, il demeurait ce "presque" qui faisait que, bientôt, il ne su à nouveau n'avoir d'yeux que pour Anya. Que voulez-vous, le pauvre homme était sujugué, et il semblait qu'il n'y ait plus rien à faire désormais pour qu'il détourne son regard ou son attention d'elle. Oh, n'allons pas jusqu'à dire qu'il se sentait soudainement devenir amoureux transi, c'était clairement exagéré, d'autant que ces choses là n'étaient plus de son âge depuis bien longtemps. Il les avait laissé aux oubliettes dès lors que son épouse était décédée. Ce n'était jamais qu'ile attirance ce qu'il y a de plus physiologiquement acceptable, mais qui le faisait agir comme le plus parfait des crétins, lui qui, d'ordinaire déjà, était bien loin d'être une flèche, et croyez-moi, c'est peu de le dire. S'il pouvait lui arriver en de très rares occasions d'avoir des éclairs d'intelligence et de lucidité (quoique puissent en dire les mauvaises langues, il n'avait pas atteint ce poste à grands renforts de pistonnages divers et le devait donc à un certain mérite), lorsque l'affaire touchait aux relations humaines (et malheureusement, celles-ci sont d'une très grande importance, cela va sans dire), il était le plus grand des empotés, toutes catégories confondues. Et il en donnait à nouveau un sérieux exemple, le pire étant sans aucun doute qu'il ne s'en rendait même pas compte. Les deux soeurs Armyanski, en leurs fors intérieurs devaient certainement moquer son attitude, mais il n'y voyait que du feu. De toute façon, il ne voyait plus rien, que le feu qu'il pensait jusqu'ici éteint, d'un rouge ardent, comme celui de la robe de celle qu'il ne parvenait pas à lâcher du regard. Au point qu'il fut enchanté de se retrouver à nouveau seul avec Anya, quand sa soeur se chargea de mettre son chien, une espèce de molosse que Dippet trouvait au passage particulièrement moche (mais vu sa tête, il pouvait parler). Il la laissa la conduire jusqu'à ses bannières conçues expréssement pour l'événement. La réputation d'Anya se confirmait. Quand elle faisait les choses, elle était loin de les faire à moitié, et cette soirée avait toutes les chances d'être un franc succès. Ces bannières étaient absolument sublimes.

-Elles sont vraiment magnifiques. Vous n'aviez pas à vous donner autant de mal.

Bien sûr, il se doutait bien qu'elle ne les avait pas faites elle-même (quoi que, si c'était le cas, elle avait définitivement plus d'un talent caché - il n'avait pas idée), elle avait sûrement fait appel à un spécialiste. Mais cela, quoi qu'il en soit, nécessite forcément des moyens, cela restait en tous les cas admirable. De toute façon, Anya aurait pu se contenter de marcher dans la rue qu'il aurait trouvé cela admirable quand même. À ces quelques compliments, il ajouta quelques suggestions quant à la disposition éventuelle de ses banderoles. C'est un fait, il n'était pas décorateur dans l'âme, mais au moins pouvait-il se donner l'impression d'être ne serait-ce qu'un peu utile (dans son cas, c'était déjà beaucoup).

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Anna et Anya étaient très semblables. Et à bien des niveaux. Mais il y avait des moments où elles pouvaient vraiment être les deux femmes les plus opposées du monde. Par exemple, il suffisait de voir leur intérêt pour les hommes. Anna ne s'y intéressait plus du tout. Elle se sentait tellement mal d'avoir perdu son mari parce qu'elle avait été incapable de lui donner des enfants qu'elle ne prêtait plus la moindre attention à ces hommes qui pour la plupart préféraient faire l'inverse. Alors que sa sœur, cela faisait un paquet d'années qu'elle en voyait plusieurs à la fois. Elle s'en cachait bien entendu, mais le résultat était là. Anya faisait tout son possible pour être désirée de tous et se laissait parfois faire. Même si c'était un peu différent, c'était ce qu'elle faisait avec Armando Dippet. À ce moment précis, il pouvait se permettre des choses qu'Anna n'accepterait pas. Mais cela faisait partie de son plan.

Que la belle demande à sa sœur de sortir le chien d'Andreï avait bien entendu pour but de pouvoir rester seule avec ce cher directeur. Au fond, aller attacher Fluffy dehors n'avait rien de compliqué. Mais si c'était Anna qui le faisait, sa sœur pourrait continuer son jeu du chat et de la souris. Mais cette fois plus que les autres, la souris faisait ce qu'il fallait pour émoustiller son chat. Ses tasses bien rehaussées, sa robe moulante juste ce qu'il faut, ses gestes calculés. Oui, ce soir, elle voulait faire avancer les choses. Parce que ce soir était particulier. Ils devaient passer du bon temps ensemble, c'était le principe de ce genre de soirées. Ce soir, Anya serait l'image qui introduirait Armando. Il devrait la suivre pour entrer dans ce monde fermé des soirées de charité.

Pour le moment, elle le laissait admirer ce qu'elle avait fait faire par un artiste reconnu pour ce genre de tâches. Oui, la belle était fière de ce que cela donnait. Elle laissa cet homme de plus de quarante ans de plus qu'elle donner son avis et regarder au bon endroit lorsqu'elle se retourna brusquement, l'air de rien, alors qu'elle savait parfaitement qu'il était juste derrière elle. Durant quelques secondes, Anya eut les visage à quelques centimètres de son visage. Faussement embarrassée, elle rougit, sourit et s'excusa brièvement en se dégageant. Manipulation réveille-toi!

-Elles sont vraiment magnifiques. Vous n'aviez pas à vous donner autant de mal.

Flatteur. Mais c'était le but aussi. C'était ce qu'elle avait voulut. Elle attendait ces compliments parce qu'elle pouvait réagir de cette fausse modestie e le flatter lui-même un peu plus. Un jeu délicieux.

-Je vous en pris, je ne me donne pas tant de mal que cela. Et puis, vous et votre école le méritez bien.

Les conseils bien peu avisés du directeur furent légèrement modifiés pour finir comme Anya l'avait prévu au départ. Deux banderoles de chaque côtés de la pièces et le blason au centre au dessus de l'escalier. La belle accrocha tout ça juste avant que sa sœur ne revienne. Anna était toujours souriante et se sentait prête à commencer.

Lorsqu'on toqua une fois de plus, Anya alla ouvrir. Il s'agissait certainement des musiciens. Elle y alla parce que comme cela elle pourrait leur donner les instructions pour la soiré. Anna se retrouva donc seule avec le directeur. Étrangement, elle se sentait un peu intimidée. Elle n'osa donc rien dire, regardant ses mains avec une attention toute nouvelle.

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I

l ne fallait pas grand chose pour gonfler l'égo d'Armando Dippet. Et pour cause, son égo, de base, était absolument ridicule, ce genre de choses risibles dont on peut parfaitement se moquer, que l'on peut écraser de la pointe de sa semelle, avec laquelle on peut sans mal jouer. Il était crédule, plutôt imbécile. En bref, un rien pouvait lui donner l'impression d'être indispensable. Et en l'occurrence, c'était bien ce qui était en train de se passer. Aucun de ses conseils en terme de décoration ne devait être, ne serait-ce qu'un peu judicieux, même si, grisé par l'idée de servir à quelque chose, par l'idée que son opinion ait vraiment de l'importance, il ne s'en rendait pas compte. De la même manière, il ne réalisait pas la moindre seconde qu'Anya le manipulait complètement. Cette fois-ci comme toutes les autres, à la réalité. Elle avait ce talent singulier qui ne pourrait que lui être utile avec Dippet, ce don de faire croire aux autres (et aux hommes en particulier) qu'elle les écoutait, et appréciait leurs idées, quand, en vérité, c'était elle qui prenait absolument toutes les initiatives, et ne retenait aucune des siennes. Oui, elle le menait très clairement à la baguette, et lui, suivait comme un brave petit toutou parfaitement docile, qui n'avait pas la moindre idée du sale tour qu'on était en train de lui jouer. Il avait l'impression de jouer un rôle d'importance dans cette soirée alors que, ni plus ni moins, il faisait tapisserie. Voilà, tout était dit. Mais certainement pas pensé par le directeur de Poudlard. Bref, plus crédule tu meurs. Il admirait, dans un sifflement inélégant, les banderoles à présent accrochées au plafond, qui venaient donner un cachet supplémentaire aux lieux et donnaient le ton d'une soirée qui ne manquerait pas d'être passionnante, il en était à présent convaincu, quand l'on sonna à la porte. Anya alla ouvrir, le directeur la suivit du regard, ne pouvant s'empêcher de lorgner sur ses formes ô combien généreuses, évidemment mises en valeur dans sa belle robe rouge.

Puis finalement, son regard se porta sur Anna, avec laquelle il se retrouvait désormais seul. Pendant quelques secondes, un silence légèrement gêné vint alourdir un temps l'atmosphère. Faire la conversation, il fallait qu'elle fasse la conversation. Mais que dire ? Il n'en avait pas la moindre idée. Mieux valait, néanmoins, dire n'importe quoi que de laisser un silence trop pesant s'installer. Le directeur de l'école de magie abhorrait vraiment le silence plus que toute autre chose.

-Hum... et sinon, que faites-vous, dans la vie, quand vous n'assistez pas votre soeur dans ses soirées de charité ?

C'était une question assez bateau, au final, mais c'était encore la meilleure chose qu'il ait trouvé à dire pour relancer la conversation. Après tout, qu'importe si l'amorce était banale, c'était à ce genre de civilités que l'on procédait lorsqu'on rencontrait quelqu'un pour la première fois et qu'on cherchait à faire connaissance, non ?

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Invité

Armando Dippet était un homme... assez particulier. Anna ne le connaissait pas, c'est vrai, mais elle pouvait déjà voir certaines choses. Et pour ne pas vous mentir, elle commençait à se demander comment cet homme avait réussit à devenir directeur d'une grande école comme Poudlard. Parce que là, comme ça, face à elle, il n'avait pas l'air très menaçant ou même un peu autoritaire. Alors bon, Anna était quelqu'un de timide. Raison pour laquelle elle était effectivement assez impressionnée par le personnage. Mais autrement, ce n'était pas vraiment comme elle l'avait imaginé.

Avec Anya, on aurait même pu croire que c'était elle qui dirigeait. Sa sœur était tout à fait cordiale et essayait de lui donner de la place dans les décisions qu'il leur fallait prendre. Mais Anna sentait autre chose. Certainement cette autorité naturelle dont Anya pouvait faire preuve. Même si elle pouvait faire bien pire, elle menait tout naturellement les choses. En plus, cette fois, c'était pour une soirée dont elle maîtrisait parfaitement l'organisation. Ce n'était pas sa première et certainement pas sa dernière. Anna savait théoriquement le faire aussi, mais pas aussi bien. Quand à Dippet... disons que cela ne devait pas être dans ses habitudes.

Lorsque la jeune femme revînt dans le hall, elle eut l'occasion d'entendre ce petit sifflement qu'elle fut étonné d'apprendre qu'il venait du directeur. Il avait l'air d'aimer ce que sa sœur avait fait pour lui et son école. Mais lorsqu'on sonna à la porte et qu'Anya alla ouvrir, sa petite sœur ne remarqua pas les regards pourtant bien peu discrets que le directeur posait sur elle. En même temps, la brune ne pouvait pas nier que son aînée avait certains atouts et que beaucoup se laissaient tenter à les regarder. Pour cette fois, elle n'avait rien vu pourtant. Tant mieux pour lui dirons nous.

Si Anna n'aimait pas particulièrement le silence, ce dernier pouvait être bien rassurant. Et pour le coup, puisqu'elle ne se sentait pas à l'aise avec Dippet, elle ne voyait pas quoi dire à un homme comme lui.

-Hum... et sinon, que faites-vous, dans la vie, quand vous n'assistez pas votre sœur dans ses soirées de charité ?

Faire connaissance avec le directeur de son neveu était déjà un peu particulier. Dans le sens où c'était un domaine assez personnel. Mais le voir aussi peu assuré face à elle était peut-être plus perturbant encore. Parce qu'au final, c'était lui qui devait être le meneur face à elle. Pas l'inverse. Et pour le coup, ils étaient juste deux pauvres moutons qui attendaient leur berger qui était dans l'entrée avec ses musiciens.

-Et bien, depuis peu je suis nourrice. Mais avant j'étais sans emploie. Et à vrai dire, Anya n'a pas vraiment besoin de mon aide. En général c'est plutôt l'inverse...

La jeune femme était souriante et essayait de se faire légère. Le ton de la plaisanterie était certainement préférable à ses lamentations devenues de plus en plus fréquentes. Ce n'était pas le problème de cet homme.
Mais Anya finit par revenir avec les musiciens, l'air un peu autoritaire tout de même. Elle leur dit où s'installer avant de revenir vers ses invités... un peu plus souriante tout de même.

-Si vous le voulez bien nous devrions les laisser se mettre en place.

Anya entraîna sa sœur et sa cible dans le salon, à côté, pour pouvoir tranquillement discuter un peu en attendant que le beau monde fasse son arrivée. Elle les invité à s'asseoire et fit de même.

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S

i mauvais psychologue Armando Dippet pouvait-il être, si mauvaises ses capacités d'analyse étaient-elles, il ne pensait pas avoir tort lorsqu'il s'imaginait qu'il y avait, à l'heure actuelle, une tension quasi pesante dans ce salon, alors que la belle Anya l'avait laissé seul avec sa soeur. Allez savoir d'où provenait ce malaise, très exactement, mais les faits étaient ce qu'ils étaient, et l'on ne pouvait nier cette sensation quasi palpable. Le directeur de Poudlard avait tenté d'en faire fi, en faisant un brin de conversation avec son interlocutrice, en tentant de s'intéresser à elle et à sa vie, mais, au final, ça ne dissipait en rien cette espèce de tension qui flottait dans l'air, et qui ne voulait pas s'en aller. Est-ce qu'il s'intéressait vraiment à ce qu'elle faisait dans la vie ? Eh bien... à dire vrai... non, et il se considérait lui-même comme un parfait malpropre (mais qui le dissimulait très bien que de penser ainsi). Certes, Anna Armyanski était une femme charmante, attirante physiquement, polie, aimable, mais elle ne possédait pas cette sorte de charisme quasi surhumain, ce pouvoir d'attraction qu'avait sur lui (et sur beaucoup d'autres individus, sans nul doute) sa soeur. Si bien que, étant venu quasi exclusivement pour elle (et... ah, oui... pour l'école, un peu, quand même), il peinait à ne serait-ce qu'échanger quelques mots ce qu'il y a de plus banals avec Anna. À son propos, lorsqu'elle lui apprit, qu'elle avait été sans emploi un bon moment (ce qui ne surprit pas franchement Dippet, il faut dire qu'à l'époque, nombreuses étaient les femmes qui demeuraient au foyer et s'occupaient de leur mari et de leurs enfants pour seul travail - mais il ne lui semblait pas qu'Anna ait évoqué le moindre époux ou le moindre enfant), et qu'elle avait à présent décroché un poste en tant que nourrice, il ne su que dire d'autres sinon prononcer un vague "Ah oui, bien, très bien..." qui se voulait intéresser, mais qui ne dissimulait rien du malaise ambiant. Pire, en lieu et place de l'altérer, voilà que cela l'amplifiait ! Heureusement, Anya ne fut tout de même pas longue à revenir. Elle suggéra de laisser aux musiciens le soin de s'installer, pendant qu'eux-même passaient dans le salon, histoire de bavarder un peu avant que les choses sérieuses ne commencent. Il ne fallait plus grand chose, en effet, pour que tout soit fin prêt, et que les prestigieux invités qui devaient se déplacer pour l'occasion ne fassent leur apparition. Ils allaient être accueillis dans les règles de l'art, c'est le moins que l'on puisse dire. Anya avait mit les petits plats dans les grands, et autant dire que cela ravissait notre directeur au plus haut point (ça et la sublime hôtesse de la soirée, bien sûr). Les soeurs Armyanski et Dippet prirent donc place dans le salon adjacent. Pendant quelques secondes, le silence se fit... Et Dippet partit en quête d'un sujet de conversation, n'importe lequel, juste pour ne pas le laisser durer.

-Alors... hum... les vacances approchent. Vous avez prévu quelque chose de particulier ?

Bateau, comme sujet ? Noooon, pensez-vous !!

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En général, Anna n'était pas quelqu'un de ben compliqué à comprendre. Pas du tout. Mais c'était quelqu'un d'ouvert. Et quoi qu'un peu timide, elle était charmante. Anya ne s'était donc pas du tout inquiété de la laisser avec le directeur. Surtout que lui n'était clairement pas quelqu'un de dangereux. Pas du tout. Si il se laissait mener comme ça par la belle, sa sœur devrait survivre à quelques minutes seule avec lui. Et puis c'était un abruti. Ce qui n'était pas le cas de la jeune Armyanski. En bref, Anya n'était pas inquiète, alors que sa sœur si. Mais bon, tant pis.

Ce que le directeur pouvait éventuellement apprendre d'Anna ne lui était finalement pas d'un grand intérêt. Ce qui n'était pas étonnant puisque son interlocutrice était d'une normalité affolante. Et quel soulagement cela avait été de revoir notre belle ukrainienne revenir avec eux. Anna se sentait mieux et Dippet... aussi, visiblement. De quoi rendre l'organisatrice de toute cette affaire ravie. Elle voulait le voir tomber lentement dans un piège qui le conduirait à une fin sinistre mais assez prévisible finalement. Si Armando Dippet tentait sa chance dans les bras de la si désirable ukrainienne, il ne verrait rien venir. La tendresse dont elle pouvait faire preuve cachait souvent quelque chose de bien plus noir. Mais c'était ce qu'il fallait. Et Anya l'aurait. Elle avait toujours ce qu'elle voulait. Depuis toujours.

Le silence qui pouvait effectivement se faire pesant dans ce salon n'était pas forcément volontaire. Anna était intimidée... comme toujours, et Anya pensait tout simplement à ce qu'il faudrait faire durant la soirée ou le lendemain. Du coup, Armando, plus personne ne s'en occupait. Le pauvre homme. Et ce n'était pas fini pour lui malheureusement.

-Alors... hum... les vacances approchent. Vous avez prévu quelque chose de particulier ?

Question assurément embarrassante et fâcheuse. Les vacances se rapprochaient et Anya savait que son fils ne voulait toujours pas la revoir. Elle avait un peu à contrecœur accepté que ce soit sa petite sœur qui l'accueille pour ces vacances de noël. Elle avait posé ses conditions bien sûr. Mais les faits étaient là. Son fils la fuyait pour aller se réfugier chez sa tante. Alors oui, la belle trouvait cela un peu injuste et n'aimait pas cette idée. Mais face à Armando, elle ferait mine de ne rien voir. Ce qui permettrait accessoirement de ne pas faire culpabiliser Anna. Elle non plus n'était pas très à l'aise avec cette idée mais Anya ne pouvait nier savoir à quel point elle était contente de pouvoir avoir Andreï avec elle pendant deux semaines. C'était consolant de le savoir finalement.

-Et bien pas vraiment. Si ce n'est qu'Andreï veut les passer chez Anna.
-Mais nous passerons les fêtes ensemble comme toujours.
-Oui, c'est... comment dire... une tradition. Nos parents ne sont pas de gens très aimables et il existe quelques conflits. Alors cela fait un certain temps que nous les fêtons ici, tout les trois.

Et oui, ils avaient leurs petites habitudes. Mais il fallait voir le bon côté des choses. Si Anya était aussi libre, elle pourrait certainement faire avancer les choses dans tout ses projets divers et variés. Entre autres, elle pourrait se pencher sur la cas Dippet. Et pas juste se pencher de manière imagée. Elle avait bien remarqué l'effet magique de la technique de la tasse et elle comptait bien l'utiliser! À commencer par maintenant en faisant mine de regarder par la porte où en étaient les musiciens. Et dire que sa pudique sœur ne voyait rien de ce manège pourtant assez gros. Mais Anna était encore un peu bloquée avec le côté calculateur de sa sœur et tout cela lui passait un peu au dessus de la tête...

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E

n décidant d'aborder le sujet des vacances de Noël, le directeur de Poudlard pensait vraiment ne rien dire de gênant ou d'indiscret. Pour lui, cela n'avait rien de différent du fait de parler de la pluie ou du beau temps, ce n'étaient jamais que des conventions que l'on abordait lorsqu'on voulait éviter qu'un lourd silence pèse sur la conversation. Au final, il aurait mieux valu pour lui qu'il se cantonne à la météo, vraiment. Mais cela, comment aurait-il pu le deviner ? Il lui arrivait souvent d'être très maladroit sans même sans rendre compte, à faire des erreurs là où beaucoup auraient compris qu'il y en avait une... mais là, en l'occurrence, il était difficilement blâmable. N'importe qui eût pu commettre la même bévue : et pour cause, impossible pour lui, ainsi que pour quiconque n'appartenant pas à la famille Armyanski de savoir ce qui se tramait entre eux. D'ailleurs, si Dippet en avait su quoi que ce soit, il aurait immédiatement fui les deux soeurs, et surtout cette veuve noire dont il était, malheureusement pour lui, dors et déjà épris, nul doute que cela causerait sa perte. En les entendant parler, il eut effectivement le sentiment d'avoir, sans le faire exprès, évoquer un point sensible, mais il fit mine de ne rien avoir remarqué... Quand bien même leurs attitudes ne les aurait pas trahi, le fait qu'Andreï choisisse de passer ses vacances de fin d'année chez sa tante plutôt que chez sa mère semblait signifier qu'il y avait un problème... Mais ce n'était pas forcément grave pour autant... Après tout, Andreï était à l'âge de la crise d'adolescence, peut-être était-ce sa manière à lui de rentrer en mini rébellion contre sa mère.

-Ce genre de traditions, c'est important, c'est une bonne chose de les faire perdurer. Lorsque ma femme... était encore en vie. L'on pouvait percevoir une sincère émotion dans le ton de la voix du directeur de Poudlard, elle pouvait sembler ridicules à certains, mais elle était pourtant sincère. La disparition de sa femme avait laissé en son coeur un vide qu'il ne pensait pas pouvoir voir comblé à nouveau. Il aurait mieux valu pour lui qu'il ne le soit jamais. Nous avions pour habitude de réveillonner en tête à tête dans le restaurant de notre premier rendez-vous. Puisque leurs parents étaient malheureusement décédés. Dîner de Noël en petit comité, certes, mais qui suffisait largement au bonheur du directeur. À présent, je suis en tête à tête avec moi-même.

C'est dire à quel point sa vie était profondément pathétique. Mais sur ce point, on ne vous apprend rien. Il agrémenta son discours d'un léger soupir, avant d'ajouter.

-Enfin, je ne me plains pas, je dîne dans l'un des meilleurs restaurants de Londres à chaque vingt-cinq au soir, je ne suis pas le plus ma loti.

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Invité

Armando Dippet n'avait pas l'air d'être quelqu'un de mal intentionné. Juste très maladroit. Un peu trop certainement. Mais Anna ne pensait pas qu'il avait voulut toucher un point sensible en abordant le sujet des vacances qui se rapprochaient. Il ne pouvait pas savoir. C'était compliqué, depuis longtemps, mais ce n'était certainement pas le directeur qui allait le savoir. Anna doutait très sérieusement qu'Andreï aille parler à un homme comme lui de ce genre de choses alors il n'y avait pas de raisons.

Mais puisque le sujet avait été abordé, Anna avait fait son possible pour rassurer sa sœur. Elle garderait Andreï chez elle mais si Anya voulait le voir, elle la laisserait faire. C'était la moindre des choses. C'était tout de même sa mère et elle avait tout les droits sur lui. Quand à Anna... et bien quelque part elle avait aussi des droits sur elle. Parce qu'elle lui devait beaucoup finalement. Anya avait pris soin d'elle et c'était elle l'aînée. Et elle l'avait toujours soutenu jusque là.

Anna était ainsi dans ses pensées quand le directeur repris la parole. La jeune femme lui redonna alors toute son attention.

-Ce genre de traditions, c'est important, c'est une bonne chose de les faire perdurer. Lorsque ma femme... était encore en vie.

C'est vrai. Anna n'avait jamais pensé à ce côté de la vie du directeur. Elle n'était pas particulièrement curieuse, mais elle n'avait pas pensé à se demander si cet homme était marié ou non. Au moins, là, elle était fixée. Le pauvre homme était d'un seul coup plus ému. Du coup, Anna aussi. C'est d'un sourire un peu triste qu'elle lui répondait sans parler.

-Nous avions pour habitude de réveillonner en tête à tête dans le restaurant de notre premier rendez-vous.

C'était trop mignon. Ça lui faisait un peu penser à ces vieux couples sans famille proche qui savaient uniquement profiter de ce qu'ils avaient. Elle se demandait si ils avaient eut des enfants. Bah oui, c'était Anna. Ses questions étaient toutes orientées... mais elle trouvait vraiment l'histoire du directeur touchante. Même si il faut admettre qu'avec la différence d'âge, ça faisait un peu comme si son père lui racontait son histoire au coin u feu après un dîner de famille. Non pas qu'elle avait la moindre envie de l'imaginer comme étant son père. Il était touchant mais pas à ce point...

-À présent, je suis en tête à tête avec moi-même.

Anna baissa un peu les yeux à cette remarque. Il faut dire que c'était le genre de choses qu'elle pouvait tout à fait dire aussi. Tout ces jours comme la Saint Valentin et autres anniversaires de mariages où elle se retrouvait seule et déprimée. Tout ces jours où elle se disait qu'elle avait été heureuse à la même date il y a quelques années. Mais où aujourd'hui elle se retrouvait juste seule et triste, à des kilomètres de l'homme qu'elle aimait toujours.

-Enfin, je ne me plains pas, je dîne dans l'un des meilleurs restaurants de Londres à chaque vingt-cinq au soir, je ne suis pas le plus mal loti.

Anna comprenait très bien pourquoi il continuait à faire tout ça. De son côté c'était déjà moins... touchant. Elle faisait la tête pendant tout la journée, sortait parfois une bouteille si vraiment elle se sentait mal, et passait son temps dans les vieux albums photo en reniflant. Pour le moins pathétique comme habitudes. Un peu dans ses pensée alors qu'elle reprenait la parole.

-Quelque part, en continuant de faire tout ça, vous n'êtes pas vraiment seul. Vous continuez à partager ça avec elle.

Anna lui souriait gentiment. Elle ne voulait pas du tout lui faire de peine en disant cela. Simplement lui signifier gentiment qu'elle comprenait. Ce qui n'avait pas échappé à Anya qui lui pris la main. Elle savait que sa petite sœur avait du mal avec sa situation et forcément elle était touchée aussi. Quand à Dippet et sa femme décédée, Anya ne s'en préoccupait pas vraiment. De toute façon, elle voulait prendre la place de cette femme alors pas besoin de faire de sentiments pour le moment.

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L

e directeur de Poudlard ne savait même pas pourquoi il s'était ainsi laissé aller à parler de son ex femme, ou du pathétique tableau qu'il offrait tous les vingt-cinq décembres au soir à tous les clients de ce restaurant où il allait une fois l'an, ça lui était venu d'un coup. S'il ne connaissait pas Anna, il avait tout de même passé beaucoup de temps en présence d'Anya, dernièrement, il considérait qu'ils étaient tout de même plus que de simples "collègues" qui organisaient ensemble une soirée de charité, sans doute voulait-il plus, mais sans se faire d'illusions (enfin ça...), il considérait tout de même Anya comme son amie, et n'était-ce pas avec ses amis que l'on partageait ce genre d'anecdotes, pour certaines amusantes, pour d'autres plus tristes et mélancoliques. Il ne se formalisa pas de l'absence de réaction de la belle Anya. De ce qu'il pensait avoir comprit d'elle (et le fait est qu'il n'avait absolument rien comprit), il l'imaginait un peu froide en apparence, uniquement parce qu'elle était secrète et réservée. Cette pauvre femme savait pertinemment ce que cela faisait de perdre quelqu'un que l'on aime, elle l'avait vécu, et trois fois, qui plus est (Merlin, oui, il était ce qu'il y a de plus naïf), elle devait être de nature à intérioriser sa douleur. C'était ce qui faisait d'elle la femme forte, volontaire et indépendante qu'elle était, c'était du moins tout ce que Dippet voyait d'elle, et c'était tout ce qui, irrémédiablement, l'attirait en elle, à l'heure où il n'aurait dû s'armer que d'une saine méfiance. Anna elle, semblait déjà plus expansive, plus prompte à l'empathie, et il ne put s'empêcher de lui accorder un sourire quand elle donna une justification tout à fait juste de ce qu'il ressentait effectivement. Permettre à cette situation d'être perpétuée, c'était la possibilité pour lui de ne pas la laisser complètement partir, de continuer à la faire vivre, d'une certaine manière. Certains diraient sans doute que ce n'était pas la manière la plus saine de procéder, mais c'était celle qu'il préférait. Il ne pourrait jamais la laisser totalement partir. Même s'il se sentait très clairement attiré par une autre femme, désormais, ce n'est pas pour autant que tout son amour et son affection n'étaient pas la pure propriété de son épouse décédée.

-C'est exactement ça. Il adressa un sourire à Anna. Enfin, je n'avais pas l'intention d'alourdir l'ambiance, je m'en excuse.

Car c'était tout de même un peu ce qu'il avait fait, non ? Sans oublier qu'il ne s'adressait peut-être pas aux meilleures personnes pour évoquer son amour perdu. Entre celle qui avait perdue successivement tous ses maris (et jamais trois sans quatre, comme on dit... ah bon, on dit pas ça ? ), et celle qui avait souffert d'un divorce (mais ça, il l'ignorait)... il y avait tout de même de meilleures personnes auxquelles parler de ça. Quoique, au moins, elles étaient tout à fait susceptibles de le comprendre.

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Anya n'avait objectivement rien à faire du beau discours du directeur. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire les histoires de sa femme? Elle ne l'avait jamais connu et si elle avait été capable d'aimer un tel homme, cela ne devait pas être une grosse perte. Comment pouvait-on vraiment aimer Armando Dippet? Pour la belle, ce n'était pas pareil. Elle ne faisait que lui monter un bateau énorme. Même si il tombait totalement dedans de manière assez déconcertante.

Si seulement vous saviez à quel point elle avait du mal à tenir face à tant de paroles pleines de sentiments qui n'avaient plus aucune raison d'être. Anya ne pouvait vraiment pas l'écouter avec tout ça. Elle s'ennuyait. Oui, elle allait tout simplement jusqu'à s'ennuyer. Finalement ça allait être plus dur qu'elle le pensait. Si il était tout le temps comme ça, cela serait bien compliqué de tenir pour la belle. Non, là, vraiment, c'était dur. C'était presque une envie de bailler qui la prenait. Heureusement qu'il y avait Anna pour distraire l'attention. Elle, visiblement, ça la touchait. Et allez, encore un truc qui déplaisait à Anya.

Oui, parce qu'on ne pouvait pas toucher à sa petite sœur comme ça. Et si elle devait la récupérer à la petite cuillère le lendemain, il le sentirait passer. Il avait visiblement le don d'aborder les sujets qui font mal. D'abord les vacances et maintenant le mariage. Il lui faudrait de la patience, Anya s'en rendait compte comme jamais. Mon dieu. Mais dans quelle galère elle se lançait là. Mais pas question de faire demi-tour. Même si elle ne savait pas à quel point.

Si Anya savait que Dippet était tombé dans son piège, elle n savait pas à quel point elle avait raison. Si pour elle cet homme n'était encore qu'une victime potentielle, pour lui cela allait plus loin. Ceci dit, Anya ne le pensait pas du tout comme son ami ou même un proche de quelconque manière. Même si cela devrait venir... en apparence. Et même plus encore. Mais bon, pour le moment, elle s'ennuyait et essayait comme elle pouvait de consoler un peu sa sœur. La pauvre ne s'ennuyait pas et se sentait un peu trop concernée par les propos de cet homme devenu soporifique.

-C'est exactement ça.

Et un sourire niais de plus. Pathétique. C'était pas gagné cette soirée pour redorer l'image de ce pauvre type. Mais Anna ne le prenait visiblement pas de la même manière. Elle lui souriait plus sincèrement. Sur elle ça faisait tout de suite moins crétin. Ce qu'elle était bien sa petite sœur.

-Enfin, je n'avais pas l'intention d'alourdir l'ambiance, je m'en excuse.

Bon, cette fois, ça serait à Anya de reprendre les rennes de cette conversation. Autrement sa cible et sa sœur finiraient en dépression. Et puis parler des amours perdus, ça va bien deux minutes. Ou au moins il fallait rafraîchir un peu tout ça. Enfin, elle ferait ce qu'elle pourrait. Toujours la main de sa sœur dans la sienne, elle sourit doucement à Armando.

-Non, vous n'avez pas à vous excuser. Nous ne pouvons pas vous en vouloir de parler de ce qui vous tient à cœur. D'autant plus que vous en parlez à des personnes qui peuvent vous comprendre.

Bon, ce n'était pas encore tout à fait ça. Mais au moins elle réagissait.

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L

e directeur avait vu juste, ou du moins, il le pensait vraiment à l'heure actuelle, alors qu'il accueillait avec sincérité les sourires compatissants d'Anna et les remarques agréables d'Anya : les soeurs Armyanski étaient des femmes exceptionnelles. Au fond, c'est certain, il n'avait pas complètement tort, mais pas dans le sens qu'il imaginait. En ce qui concernait celle qui le fascinait le plus, en tous les cas, je parle bien sûr de notre veuve noire, celle qui allait peut-être le rendre heureux, mais qui mettrait le terme le plus violent qu'on puisse imaginer à sa pathétique existence. Il ne se rendait compte de rien, bien sûr, il ne fallait pas trop en demander à son pauvre esprit ô combien influençable. Pour lui, il passait le plus agréable des moments, il n'y avait aucune ombre au tableau, personne pour jouer les hypocrites, et moins encore d'épée de Damocles bien tranchante reposant juste au-dessus de sa tête. Merlin, oui, il était naïf, et c'était un défaut que le temps ne savait résoudre, un défaut qui devait seulement le perdre, sans autre issue possible. En bref, quand bien même il s'était considéré maladroit que de s'être ainsi épanché sur son passé, et sur le deuil encore douloureux de sa défunte épouse, il se sentait bien à la seule idée d'avoir su se trouver une oreille attentive, des personnes, comme le disait si bien la sublime Anya, susceptibles de le comprendre. C'est que c'était une chose que de souffrir l'absence d'un être cher, une douleur dont on ne guérissait jamais totalement. L'exprimer faisait du bien, mais l'on trouvait rarement en face de soi l'interlocuteur qui soit véritablement susceptible de vous comprendre, et de vous offrir une sincère compassion. Anna et Anya, toutes les deux à leur manière, avaient souffert du départ de personnes qui comptaient énormément pour elles, alors quand il leur parlait de la mort de sa très chère femme, il aimait à trouver des oreilles attentives et sincèrement - du moins le pensait-il - compatissantes. Certes, ce n'était pas l'objet de discussion le plus joyeux et agréable du monde, mais parler de ce qui était plus dur et de ce qui faisait plus mal, ce n'était pas une mauvaise chose, parfois. Il arrivait même que cela fasse du bien. Néanmoins, il valait mieux ne pas trop s'appesantir longtemps non plus. Plomber légèrement l'ambiance était une chose... l'alourdir définitivement à la veille de leur grande célébration, ce n'était pas le meilleur qu'on pouvait leur souhaiter non plus.

-J'admets que ça fait du bien d'en parler. Il y avait longtemps que je n'avais plus parlé d'elle.

et quand il ne parlait plus d'elle, son souvenir s'amenuisait, puis se faisait presque impalpable. Enfin, il choisit de ne rien ajouter du tout, même si évoquer feu son épouse lui faisait du bien, il n'avait pas envie de jouer les égocentrés et de mettre tout le monde mal à l'aise par ces mots, donc, il mettait un point final à la conversation. L'ennui, c'est que, de fait, il se sentait dans l'obligation de la relancer, ne supportant pas le silence... Enfin, silence relatif, puisque l'on entendait tout de même, dans la pièce d'à côté, les instruments que l'on accorde. Bruit tout à coup perturbé lorsqu'on sonna à la porte.

-Ah...

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Anna commençait doucement à apprécier Armando Dippet. Pas comme lui appréciait sa sœur bien entendu. Mais elle le trouvait simplement touchant. Même si il était un tout petit peu impressionnant encore (un tout petit peu, je précise...), elle le trouvait affreusement humain. Et étrangement inférieur. Ce n'était pas souvent, mais elle se trouvait plus forte que lui. Parce que même si elle compatissait, elle ne se laisserait pas aller à de telles paroles devant des femmes qu'elle ne connaissait pas vraiment. Lui, visiblement, ça ne lui posait pas de problème. C'était un peu limite. Mais bon, tant pis, elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.

Au moins, Anna savait l'écouter. Parce que même si elle ne le savait pas, elle était bien la seule à le faire ici. Sa sœur n'en aillant tout simplement rien à faire. De la même manière elle ne savait pas ce que sa sœur avait vraiment en tête. Elle imaginait qu'elle n'avait rien de bien joyeux. Parce que sinon, elle ne lui tiendrait pas la main comme ça. Qu'elle veuille la rassurer était tout à fait honorable de sa part. Mais il ne devait pas y avoir que ça. La jeune femme ne soupçonnait pas que cet élan d'amour bien que discret avait également un but de mise en scène. Alors elle pensait qu'il s'agissait d'une demande implicite de soutien de sa part. Parce qu'il s'agissait de deuil de l'être aimé et que, même si elle savait ce que sa sœur avait fait, elle ne pouvait pas croire qu'elle l'avait fait sans regret. Que voulez-vous, elle idéalisait Anya depuis des années, elle ne pouvait pas lui en vouloir autant d'un seul coup.

-J'admets que ça fait du bien d'en parler. Il y avait longtemps que je n'avais plus parlé d'elle.

Anna savait de quoi il parlait. Même si elle n'aimait pas particulièrement parler d'elle et de ses souvenirs avec Ivan, se laisser aller à le faire parfois avec une personne de confiance pouvait faire du bien. Elle trouvait simplement un peu mal placé de le faire avec elle ou sa sœur. Elle ne connaissait pas cet homme avant ces dernières minutes. Et elle trouvait simplement que c'était déplacé. Mais qui était-elle pour lui en vouloir.

-Cela peut être compliqué, mais je sais que quelque part c'est un soulagement de le faire parfois.

Gentille et attentionnée comme elle l'était, Anna continuait à le soutenir et à lui sourire. Pas très utile certainement. Sauf que finalement, personne ne lui demandait d'être d'une efficacité redoutable.
Heureusement pour elle (mais aussi pour sa sœur), on sonna enfin à la porte. Ce qui annonçait l'arrivée des premiers invités. Et c'était souvent le moment que choisissait Anna pour se replier doucement dans son coin. Mais ce soir, elle resterait bien sûr derrière sa sœur, mais aussi près du directeur, juste pour la forme. Anya, elle, sourit malicieusement à Armando.

-Prêt professeur?

Comme si elle s'en souciait vraiment... non, Anya s'en moquait. Mais sa sœur s'en amusait un peu. Et cela devînt encore plus drôle lorsque le directeur se retrouva nez à nez avec le ministre. Oui. Le ministre. En charmante compagnie, mais le ministre quand même. Anya avait été obligée d'insister pour avoir droit à sa présence, mais il était là et visiblement pas si déçu que cela. Et il faut bien admettre qu'Anna elle-même était un peu... intimidée. Sa sœur avait l'air tout à fait à l'aise mais disons que la plus jeune était d'un naturel un peu plus timide.

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É

voquer le souvenir de sa défunte épouse n'avait pas forcément été la meilleure idée que l'on puisse concevoir (sans déconner ? ). Pas seulement parce qu'en ravivant le sien, il avait peut-être rappelé ses interlocutrices à des moments douloureux de leurs existences, qu'elles auraient peut-être préféré ne pas se remémorer pour l'heure. Ça avait été plus fort que lui. Armando Dippet n'était pas un solitaire par nature, il avait été isolé socialement sans le vouloir, de par sa maladresse, de par le ridicule de sa réputation, quand bien même il avait bien fallu qu'il se distingue par quelques faits d'exceptions pour accéder à ce palier de l'échelle sociale, alors il ne pouvait pas dire avoir véritablement beaucoup d'amis à qui confier ses déboires et ses impressions. Les relations humaines demeuraient un véritable et insondable mystère pour lui, et quand il se perdait en maladresses de la sorte, c'était bien parce qu'il souffrait de ce qui faisait son tempérament, tempérament auquel il ne pouvait contrevenir, tempérament qui était presque devenu une seconde nature avec le temps... Mais ce n'était pas seulement pour cela qu'il aurait sans doute dû conserver son discours émouvant pour plus tard, ou encore mieux, pour jamais (car aussi triste que cela puisse sembler, il ne lui paraissait pas avoir commis le moindre impair à l'instant), c'était également et tout simplement parce que, à l'approche de ces célébrations au cours desquelles, il le fallait bien, il serait mis à l'honneur, il semblait essentiel qu'il arbore une attitude impeccable, et ce n'était pas quelques larmes émues ou une voix chevrotante qui lui permettraient de remporter l'adhésion générale et d'espérer obtenir un quelconque soutien financier de la part de ceux qui se seraient déplacés pour lui. Et quel beau monde ! Quand on sonna à la porte, Armando fit au mieux pour récupérer le peu de contenance qu'il était capable de posséder. Était-il prêt, ainsi que le lui demandait Anya ? Rien n'était moins sûr, mais après tout, il était bien trop tard pour faire marche arrière à présent. Ce serait absolument stupide, et complètement déplacée. Alors, avec ce dont il était capable de dignité, il hocha la tête, se leva de sa place, et se dirigea vers la porte d'entrée en même temps que l'aînée des soeurs Armyanski. Et quel hôte d'honneur venait ouvrir les festivités ! Monsieur le ministre en personne. Si Anya lui avait appris l'avoir invité, le directeur de Poudlard ne pensait pas qu'il ferait le déplacement. C'était plutôt bon signe. Au moins le sort de l'école de magie l'intéressait-il sans doute. Ne serait-ce qu'un tant soit peu.

-Monsieur Fletchey, merci d'avoir pu vous libérer. Ajoutez à cela quelques compliments à l'adresse de son épouse... Même s'il était bien moins expérimenté dans ce domaine que pouvait l'être Anya, il savait quand même faire de la lèche au moment voulu. On atterrissait pas à son poste par hasard non plus.

Peu à peu, les invités faisaient leur entrée, jusqu'à ce que l'imposant salon, qui avait semblé bien vide jusque là, soit presque bondé. Allez savoir quels arguments Anya avait utilisé pour les convaincre de venir, mais il y avait du beau monde, tous là pour lui - ou du moins pour son école. Le directeur sentait la tension monter d'un cran, mais il parvenait encore à garder un peu de contenance, alors qu'il serrait une main après l'autre, tenait quelques propos de courtoisie de rigueur, sans encore entrer dans le vif du sujet... Le discours qu'il avait expressément rédigé pour l'occasion et qui reposait dans la poche intérieure de sa veste semblait comme attendre de se moquer de ses faibles talents d'orateur.

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Mais quelle idée. Qu'est-ce qu'il avait eut besoin de parler de sa femme? C'était stupide tout de même. Ceci dit, cet homme était une stupidité à lui tout seul. Un erreur totale de la nature. Une calamité. Et la cible d'Anya. Mais quelle galère. Ceci dit, c'était une chose sur laquelle elle ne reviendrai certainement pas. Parce que du coup, c'était facile. Très facile même. Et cette soirée, ça allait certainement faire bouger pas mal de choses.

Anya avait bien vu le regard du directeur à l'arrivée du ministre. C'était amusant. Parce qu'elle l'avait prévenu tout de même. Mais il était visiblement surpris. Oui, vraiment, c'était amusant. Il faut dire qu'il était franchement nul comme type. Il faudrait certainement qu'elle se batte un peu pour conserver une once de crédibilité si elle finissait Mrs Dippet... Brr, c'était pas engageant vu comme ça. Mais alors pas du tout. Anya Dippet. Merlin, il faudrait qu'elle supporte ça aussi. Autant dire qu'entre l'homme et le nom, cette histoire risquait d'être plus rapide que les autres. Sans compter qu'il était plus tout jeune...

La belle le laissa saluer le ministre et sa femme. Au final, si cet homme avait pris la peine de venir et d'effectivement se libérer, c'était parce qu'Anya avait ses petits secrets. Entre autres, elle s'entendait très bien avec la femme du ministre. C'était quelque chose qui lui restait d'une vieille mission avec les Neo-grindelwaldiens. Mais il était certain que cela pouvait servir. Lorsqu'elle salua le ministre avec un profond respect puis sa femme avec plus de légèrement, elle sentait que la soirée avait bel et bien débuté. Au début, elle restait beaucoup avec Anna. Pace qu'elle n'était pas tout à fait dans son élément et qu'elle se sentait mieux avec elle qu'avec Armando. De toute façon, il avait assez à faire à serrer un nombre de mains toujours grandissant. De quoi satisfaire la belle.

Au bout d'un moment, elle vit que ce cher directeur perdait en assurance. Ce n'était pas une bonne idée. Pas maintenant. Alors plus par pitié qu'autre chose, elle se dirigea vers lui, toujours souriante. Elle salua quelques personnes au passage et finit par venir le prendre par le bras pour le soustraire à une conversation politique à laquelle il n'avait finalement pas grand chose à voir. Toujours le tenant contre elle à cause du monde qui occupait le salon, elle voulait lui redonner un peu de confiance en lui.

-Vous pâlissez professeur. Ce n'est pas le moment. La soirée vient de commencer.

Ceci dit, elle restait assez légère. Ce n'était pour l'effrayer mais le détendre. Armando était plus crispé qu'un lapin devant un gnome. Et ce n'était pas comme ça qu'il allait attirer la sympathie du beau monde présent.

-Allez, venez, je vais vous aider.

Anya se mit alors à jouer avec un peu plus de conviction. Elle avait l'air totalement dans son élément et introduisait Armando dans n'importe quelle conversation. Comment pouvait-elle réussir un tel exploit? Facile, elle le tenait toujours par le bras. De ce fait, elle montrait qu'elle le soutenait et il pouvait passer partout. Cette femme était diabolique.

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A

rmando Dippet n'avait jamais été quelqu'un de très éloquent ou expansif. Quand on accédait à un rang aussi élevé que le sien (on avait beau remettre en cause son intégrité, il n'en demeurait pas moins que ce n'était pas rien que d'être directeur de Poudlard), l'on supposait qu'on devait être un grand orateur, imposer d'office le respect, être digne... autant de qualités incroyables qu'il n'avait absolument pas. Non, il n'était pas comme ça. Il était un homme discret, réservé, pas très à l'aise en société, mais qui avait toujours très bien fait son travail en tant que directeur de l'école de magie. Oui oui, il faisait bien son travail, quoi qu'on puisse en dire, et même si ses compétences étaient plus que jamais mises en doute. Oui, c'est sûr que dernièrement, bon nombre de ses choix étaient contestables, mais il s'était retrouvé dans une situation que peu de ses prédécesseurs étaient susceptibles de lui envier. L'ouverture de la chambre des secrets, la mort successive de tous ces élèves... On l'accusait de tous les mots, on le tenait pour responsable de tout ce qui était arrivé, mais concrètement, à son échelle, c'est un fait, ils étaient bien peu nombreux, ceux qui pouvaient prétendre qu'ils auraient pu faire mieux à sa place. Bon, après, il restait toujours d'autres décisions, par contre très contestables, qu'il ne savait en rien justifier... Mais nul n'est parfait, hein ? Lui moins encore que les autres. Bref. Quoi qu'il en soit, le fait est qu'il n'était pas le moins du monde à l'aise en société. C'est vrai, oui, il s'était psychologiquement préparé à cette soirée, ce n'était pas pour autant qu'il ne sentait pas l'angoisse envahir tout son être. Il n'était décidément pas fait pour ça. Ah ! Heureusement qu'Anya était là ! (Merlin, si il savait seument) Sa présence le rassurait, et au bras d'une si belle et charismatique créature, il gagnait en assurance. Il faisait plus aisément la conversation, il parvenait même à se montrer éloquent et à ne pas sortir trop de débilités à la seconde (en fait, à l'inverse, il s'avérait même qu'il déblatérait des choses plutôt intelligentes - ce qui était un exploit, en ce qui le concernait)... Miracle ! Et qu'il devait à la présence rayonnante et apaisante de la diabolique Anya Armyanski. Quand les convives trouvèrent chacun à qui parler, et qu'on lui prêta enfin moins attention, il trouva le temps d'adresser ces quelques mots à l'hôtesse de la soirée.

-Je vous remercie vraiment de tout ce que vous faites pour moi, vraiment. Vous n'imaginez pas à quel point vous m'êtes d'un grand secours. J'aurais eu du mal à supporter ça seul, je dois dire. J'ai du mal avec ce genre d'événements publics. Sans blague ? Ça n'avait échappé à personne. Votre soutien me rassure.

Pauvre chose fragile, stupide et influençable qui allait souffrir de ses erreurs de la plus cruelle (mais méritée - parce que franchement, sa perte n'en serait une pour personne -) des manières !

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Anya n'était pas une femme si sympathique au fond. Avec son fils ou sa sœur, elle était bien souvent une femme adorable. Mais c'est bien là la seule exception à la règle cruelle de la belle ukrainienne. C'était comme ces plantes carnivores aux couleurs éclatantes. En les voyant, comment pourrai-on en vouloir à une mouche de vouloir s'y poser, profiter de la douceur qu'elle pourrait leur offrir. C'était affreusement tentant, il faut bien l'admettre. Mas l'issue était tout aussi funeste pour la mouche que pour ce pauvre directeur. Si cet homme se laissait effectivement avoir par les charmes de son hôtesse, il n'aurait pas même le temps de le regretter. Ou peut-être Anya prendrait-elle se temps tout de même. Elle verrait sur le moment.

Pour l'instant, elle avait assez de courage pour rester près de lui et lui offrir son soutien... et son bras accessoirement. Alors qu'elle pensait pouvoir le lâcher après l'avoir mis en confiance, ce n'était visiblement pas dans son idée. C'est donc toujours dans son élan de pitié qu'elle restait accroché à lui. Elle ne cherchai pas même à lui échapper et gardait bien sagement son bras sur le sien. C'était... troublant... c'était une fois aussi près qu'elle voyait très clairement les ravages du temps. Finalement c'était assez horrible. Et la belle se sentait d'un seul coup tellement jeune! Sans oublier attirante. Oui, parce que si elle avait fait des efforts pour attirer l'œil d'Armando, il n'était bien entendu pas le seul à en profiter. Une victoire délicieuse pour la vanité.

Anya et Armando faisaient le tour des groupes qui s'étaient formés au sein de l'assemblée pour serrer toutes les mains. Étrangement, il avait l'air de vraiment prendre confiance. Il avait même l'air de gagner en intelligence. Finalement, son cas n'était peut-être pas désespéré. Ceci dit, c'était pas gagné non plus. Alors qu'on semblait leur porter moins d'intérêt, Anya se dit qu'il serait judicieux de ne pas attendre trop longtemps avant de laisser son invité prendre la parole. Elle l'entraîna donc doucement vers le hall ou s'était rassemblé la plus grande partie des invités.

-Je vous remercie vraiment de tout ce que vous faites pour moi, vraiment. Vous n'imaginez pas à quel point vous m'êtes d'un grand secours. J'aurais eu du mal à supporter ça seul, je dois dire. J'ai du mal avec ce genre d'événements publics.

Mais c'est qu'il devenait presque touchant le petit directeur. C'était tout dans le sentiment et plein de... guimauve. Pitoyable. Non, finalement c'était certainement un cas désespéré. Mais il fallait voir le bon côté des choses. Il n'aurait pas parlé ainsi si il ne se sentait pas un peu plus qu'un simple directeur devant un parent d'élève. Bon, il était certain que ce n'était pas le grand amour. Le contraire serait inquiétant. Mais disons qu'il avait l'air de l'apprécier. Et au fond, c'était bien ce qu'elle voulait. Alors Anya arrêta de marcher quelques instant pour le regarder dans un sourire. Mais une fois encore, tout n'était que mensonge.

-Votre soutien me rassure.

Pour un peu notre immonde femme vénale pourrait se laisser attendrir. Sauf qu'il s'agissait d'une immonde femme vénale et aussi pleine d'une ambition morbide. Elle voulait aussi bien son bonheur que sa mort. Parce que malheureusement, l'un n'allait pas sans l'autre. Si elle suivait ses plans qui menaient à la mort de ce pauvre type, elle deviendrait obligatoirement proche de lui... trop proche... même si il ne s'agirait que d'apparences. Il fallait bien faire de compromis dans la vie.
Anya posa sa main sur celle du directeur, faussement touchée par ses propos. Elle était loin leur première entrevue. La belle avait décidé de faire avancer les choses alors forcément, ça avançait. Ceci dit, ça allait vite, il fallait bien l'admettre.

-Et bien je... je ne sais pas trop quoi vous dire. Vous... vous le méritez. Et si je peux faire cela pour vous, c'est avec plaisir.

Après un petit moment où elle laissa planer une légère gêne un peu béate, Anya repris sa marche vers le hall... sans lâcher Armando. Elle se trouvait trop généreuse avec lui. C'était limite si elle le maternait pas avec tout ça. Mais bon, disons qu'il fallait y aller franchement avec lui. La subtilité, il risquait de ne pas comprendre.
Une fois dans le hall, elle l'entraîna avec elle pour monter quelques marches pour être un peu en hauteur. Elle finit par le lâcher pour prendre la parole d'une voix haute, forte et claire. Une représentation du début à la fin...

-Mesdames et Messieurs, je vous souhaite la bienvenue pour une nouvelle soirée ensemble. Comme vous le savez, elle a un but bien particulier. Poudlard est une école qui, j'en suis certaine, vous tien autant à cœur qu'à moi. Et en ce moment, elle a bien besoin de notre aide. C'est pourquoi je vous remercie d'être là pour elle, mais aussi pour son directeur que je vais laisser parler. Chers amis, Armando Dippet.

Il était presque certain que jamais cet homme n'avait été autant applaudit. Et le voilà qui se retrouvait sur le devant de la scène. Anya était sûre que ce moment serait délicieux. Le voir en plein dans son moment de solitude intense. Mais puisqu'elle avait un rôle à tenir, elle resta en arrière, mais hocha un petit coup la tête en souriant, juste pour l'encourager... magnifique.

Soirées mondaines, tasses et autres joyeusetés

A

nya avait le don de l'apaiser, de le rassurer. Certains lui auraient peut-être fait les confidences qu'ils lui avaient faites uniquement pour s'attirer la sympathie de la veuve noire en l'attendrissait (comme si quiconque d'autre que sa famille de sang était capable de l'attendrir !), mais ce n'était pas le cas de Dippet. En terme de relations humaines, c'est bien connu, il était aussi doué qu'une huître atrophiée, alors vous pensez bien qu'il ne saurait pas être à ce point stratège ! Réfléchir lui donnait mal au crâne de manière générale, alors à ça en plus... Non, vraiment, il avait seulement dit ce qu'il avait sur le coeur, et avec une honnêteté des plus déconcertantes, qui plus est. Auprès d'elle, il arrivait presque à trouver moyen de se sentir à l'aise, il en oubliait quasiment ses doutes et son angoisse. À cela, une seule explication, que plusieurs interdits ne lui permettaient que de penser, sans ouvertement l'exprimer... Même si les propos tout sucre tout miel qu'elle lui avait adresser pour le rassurer, avec cette marque d'hésitation dans sa voix, qui lui ressemblait si peu, le touchait sincèrement, et ne faisait que regonfler son égo et sa confiance en lui.

Du moins, ça eut cet effet là pendant la fraction de secondes où il se promena de convives en convives, oubliant complètement ce discours qui demeurait encore dans sa poche, et qu'il était tout sauf impatient de prononcé. Sauf que le moment était venu. Anya guida Dippet dans la fosse aux lions, et si elle-même, en l'introduisant, s'en sortit impeccablement, lui, de son côté, voyait toute cette assurance nouvellement acquise fondre comme neige au soleil. Tandis que le contact avec l'hôtesse de ces lieux était rompu, il sentait ses mains plus moites que jamais, quelques perles de sueur perler son front, et des sueurs froides l'envahir. Merlin ! S'il était une chose qu'il détestait plus que toute autre chose, c'était de parler en public. Il devait fournir un effort incroyable pour ne pas montrer à tous qu'il tremblait pas comme une feuille, pour ne pas laisser sa voix chevroter, et pour ne pas bégayer bêtement.

-Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Toux nerveuse. Tout d'abord, je vous remercie tous d'avoir répondu si nombreux à notre invitation, et je tiens tout particulièrement à remercier Anya Armyanski, sans qui cette soirée n'aurait pas été possible.

S'en était suivi un long discours pas spécialement vivant et clairement plus ennuyeux (que beaucoup auraient trouvé bien plus palpitant s'il avait ponctué le tout par un magistral "allez tous vous faire foutre" ) sur l'avenir de l'école, les difficultés qu'elle rencontrait; ses différents projets... Bien sûr, tout du long, il n'avait presque pas quitté son discours des yeux, seul moyen pour lui de se rassurer et de ne pas trop bafouiller. Quand il avait fini son discours, il était blanc comme un linge, mais l'assistance applaudit vivement malgré tout. De l'avantage de savoir bien écrire faute de savoir correctement s'exprimer. Tant qu'il lisait son blabla, ça passait. Se tournant vers Anya, il lui adressa un sourire mi-soulagé, mi-reconnaissant, espérant qu'elle accueillerait plus encore que les autres cet effort oratoire avec enthousiasme.

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Anya n'avait jamais vraiment eut de problèmes pour parler devant les autres. Ajoutez à cela les cours de théâtre de sa jeunesse et vous comprendrez qu'elle se sentait tout à fait dans son élément devant toutes ces personnes qui étaient venu pour l'école... enfin presque... certains... en partie...
Quand le directeur lui avait fait ses pathétiques aveux tout gluants de sentiments, la belle avait eut du mal à garder son sérieux. Sans rire, ce type était pathétique. Et il en demandait beaucoup qu'il n'y paraissait à sa belle hôtesse. Pas parce qu'elle était cette pauvre veuve pleine de chagrin et morte d'ennui et de solitude. Mais bien parce qu'elle ne l'était pas du tout. Et qu'elle trouvait tout simplement terriblement difficile de ne pas réagir devant tant de pathétique.

Anya resta don un peu en arrière lorsque Dippet fut tout de même obligé de prendre la parole. Elle resta derrière lui mais lui souriait pour essayait de le rassurer. Peut-être pourrait-elle continuer à jouer à ça encore un peu. Mais au fond, elle riait bien. Elle se moquait carrément de lui en fait. Comme si elle n'avait pas senti cette petite hésitation chez son interlocuteur lorsqu'elle avait retiré sa main. Son front qui s'était mis à briller de manière assez peu sympathique. Et ses mains qui tremblaient un peu alors qu'il tenait son discours. Pitoyable et très amusant en fait.

-Mesdames, mesdemoiselles. Tout d'abord, je vous remercie tous d'avoir répondu si nombreux à notre invitation, et je tiens tout particulièrement à remercier Anya Armyanski, sans qui cette soirée n'aurait pas été possible.

Pour tout vous dire, Anya ne s'attendais pas vraiment à ça. Enfin, le discours interminable, c'était prévisible. La nervosité extrême n'avait pas été très dure à prévoir non plus. Mais que ce pauvre type soit aussi barbant... il avait certainement touché le fond là. Elle espérait que les invités arrivent à suivre quelque chose. Bon, la belle devait bien admettre que le discours en lui-même n'était pas si mal rédigé. Mais justement, son auteur resté le nez collé dessus. Ce qui faisait perdre tout son intérêt à l'action. Ou plutôt qui enlevait toute action. Au moins maintenant, elle saurait que ce n'était pas une très bonne idée de faire parler Armando...

Enfin, le supplice pris fin. Anya s'empressa d'applaudir avec ferveur pour lui montrer et très faux soutien. Elle souriait faussement satisfaite et s'approcha de lui. Elle voulut le débloquer de cet état totalement fébrile et encore un peu impressionné en posant une main dans son dos et l'autre sur son bras. Elle l'invita doucement à descendre les quelques marchent qui les mettaient encore en valeur.

-Vous vous en êtes très bien sorti professeur. Je suis sûre que ça va marcher.

Bien sûr que ça allait marcher. C'était Anya qui avait tout organisé. Cette soirée ne pouvait être qu'un succès. Mais bon, dire à cet homme que c'était grâce à lui pouvait aider un minimum.
Anya rompit ensuite le contact physique pour ne pas trop insister. Elle était tout de même sensé être veuve. Mais elle resta près de lui. Pour lui parler, juste à lui, pas aux autres invités. C'était calculé bien entendu.

-J'espère que je ne vous embête pas au moins avec tout cela? Je comprendrais très bien le contraire...

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L

e reste de l'assistance aurait pu le huer, lui lancer des tomates et quolibets en plein visage, il l'aurait bien sûr mal vécu, mais il aurait pu passer outre à cet instant. Pour quelle raison ? Eh bien, une raison très simple, en vérité. Anya, elle, avait apprécié son discours, et même s'il n'était pas l'être le plus éloquent du monde, et qu'il était le plus piètre des orateurs, elle lui disait s'être bien débrouillé. Elle l'encourageait, elle ne l'enfonçait pas. C'était si rare. Elle pouvait bien mentir et l'avoir en fait trouvé ridicule (il n'imaginait pas à quel point cela pouvait être le cas), il ne l'aurait pas mal vécu, puisqu'en contrepartie, elle choisissait de le ménager en le complimentant malgré tout. Preuve en était qu'elle avait un semblant d'affection pour lui, non ? Non. Mais cela, que pouvait-il en savoir, tout pétri de naïveté qu'il était ! Bien sûr, il avait totalement conscience de ce qui pouvait faire obstacle à tout rapprochement entre eux, et faire que leur sincère (hum) amitié ne se mue jamais en quoi que ce soit d'être, leurs tempéraments si différents, leurs âges si distants... mais voilà, elle lui faisait du bien. elle était la seule à le regarder sans jeter sur lui des yeux moqueurs ou compatissants. En sa présence, il avait le sentiment d'avoir de l'importance, de ne pas seulement feindre d'exister comme il le faisait tant ces derniers temps... C'était inexplicable, irraisonnable, mais c'était ainsi. Et plus les minutes passaient, plus il lui était donné lieu d'espérer. Cette attention si singulière pouvait-elle s'expliquer autrement que de la manière dont il l'envisageait ? Oui. Mais inutile de vous rappeler que lorsque son regard se posait sur son interlocutrice, belle et charismatique au point presque d'en être effrayante, il ne voyait pas la terrifiante veuve noire qu'elle était en réalité. Quand elle lui demanda, l'air tellement attentive et précautionneuse, si tout cela ne le dérangeait pas, si tout cela n'était pas trop pour lui, après qu'elle l'ait encouragé mieux que personne, il ne put se sentir qu'ému et touché par tant d'attention. Il ne fallait pas grand chose pour s'attirer les faveurs du directeur de Poudlard. Il suffisait de le considérer comme un individu, de lui faire comprendre qu'il n'était pas l'idiot inutile et pataud qu'il avait la réputation d'être, et Anya Armyanski savait le caresser dans le sens du poil mieux que personne d'autre.

-Non, vous ne m'embêtez pas, au contraire. C'était complètement sincère, et je n'aurais jamais eu le courage de mettre cela en place seul. Et pour cause, son carnet d'adresse était bien moins complet que celui de son interlocutrice, et ce qui se disait de lui ne prêtait pas à accorder beaucoup de foi à son opinion. Avec le soutien d'une personne aussi influente qu'Anya, ses chances d'être entendues avaient considérablement augmenté, et il était clair que sa côte de popularité allait grimper en flèche après ce soir (en même temps, quand on partait de si bas, il devenait difficile de tomber plus bas encore). Grâce à vous, je vois beaucoup d'opportunités s'ouvrir à m... à l'école. J'ignore comment vous témoigner ma reconnaissance.

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La manipulation était tout un art. Il fallait le maîtriser pour pouvoir espérer des résultats. Et ils n'étaient pas toujours ce que l'on attendait. Mais pour Anya, comme avec le mensonge, la manipulation marchait toujours. Et lorsque l'une de ses actions manipulatrices touchaient une personne, il arrivait que la manipulation s'étende une peu. Comme pour irradier les personnes environnantes. C'était le cas en ce moment. Armando Dippet avait été, disons le franchement, totalement pitoyable. Un vrai boulet. Comme un enfant qui doit parler en public. Et pourtant, il avait été applaudit par toutes les personnes présentes. Vous savez pourquoi? Tout simplement parce qu'Anya l'avait fait. Et avec le sourire en plus. Il n'en fallait pas plus pour les entraîner.

Anya ne le faisait pourtant pas parce qu'elle avait vraiment aimé ce discours pathétique. Non. Mais parce qu'elle avait des objectifs. De même que ses petites questions pour son bien-être n'étaient pas par simple altruisme. Sans blague, ça se saurait. La belle n'en avait rien à faire de savoir comment il se sentait. De savoir comment le ministre se portait avait plus d'intérêt. Notre veuve noire avait juste besoin d'une nouvelle proie et Armando avait déjà les deux pieds sur sa toile. Diabolique. Ce qu'il ne devait pourtant pas trop perdre de vue, c'est qu'il ne pouvait pas y arriver trop facilement. Il fallait bien admettre que ça serait étrange. Parce que la belle était veuve, pour commencer. Ce qui était une assez bonne raison en soi. Mais aussi parce qu'il était... enfin... bon, allons-y franchement, il était plus vieux que son propre père! Sans rire, Anya avait la moitié de son âge. Ça serait louche. Et ça allait effectivement être louche. Mais ça, Armando devrait l'ignorer encore un petit peu... juste encore un peu.

C'était donc pour lui tendre la perche qu'elle avait fait mine de s'intéresser à ses sentiments. Enfin, dans un certain point de vue. Parce que bon, ses sentiments sous un autre angle, au final, elle n'était pas très sûre de vouloir les connaître. Pas pour le moment au moins.

-Non, vous ne m'embêtez pas, au contraire. C'était complètement sincère, et je n'aurais jamais eu le courage de mettre cela en place seul.

Ah bah ça, elle s'en doutait un peu. Personne n'était meilleur dans ce domaine. Anya était une déesse dans le domaine des soirées mondaines. C'était son truc à elle. Alors effectivement, il n'y serait jamais arrivé sans elle. Se sentir indispensable était toujours agréable. Et avec un homme comme Armando, c'était très facile. Ceci dit, Anya rougit un peu, par politesse. Et puis il y et ce petit sourire gêné aussi. Laisser croire au directeur qu'il menait le jeun ne lui ferait pas de mal. Pour le coup, c'était convainquant. Et puis.... il avait le privilège de l'âge...

-Grâce à vous, je vois beaucoup d'opportunités s'ouvrir à m... à l'école. J'ignore comment vous témoigner ma reconnaissance.

Et voilà. Le piège marchait encore un peu mieux. Il prenait ce qu'Anya faisait pour son école pour lui. Ce qui finalement était le cas. Mais dans les apparences, elle le cachait un minimum. C'était donc qu'elle y arrivait bien. La reine de la manipulation je vous dit! Et ce n'était clairement pas fini. Pauvre homme. Si seulement elle savait. Toujours prise dans une comédie calculée au possible, Anya avait l'air vraiment gênée par les paroles du directeur. Parce que ce n'était pas grand chose finalement.

-Je... euh... peut-être que nous pourrions voir cela plus tard. Et puis, si l'école se porte mieux, cela ne pourra qu'aider mon fils. Il en a besoin en ce moment, ce n'est pas simple.

Un petit coup de pathétique de son côté pour lui donner un peu plus confiance et voilà. Cette femme était vraiment dangereuse.

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A

rmando, qui n'était absolument pas fin psychologue, et peut-être même le plus mauvais juge de la nature humaine que cette Terre ait jamais porté, en avait toujours eu plus ou moins conscience, mais en présence d'Anya, il avait tout à coup le sentiment de pouvoir lire dans le coeur de quelqu'un, et de ne pas se tromper. Quel sombre crétin ! La vérité était tout autre, bien sûr. Il était tout simplement mauvais à ça, et au point que non content de ne rien comprendre à la comédie que lui jouait son interlocutrice (pour sa défense, il était loin d'être le seul à se laisser berner par elle, c'était donc tout à fait excusable), il la surinterprétait, et lisait dans chacun de ses actes et chacune de ses paroles ce qu'il n'y avait absolument pas à lire. Il pensait véritablement avoir affaire à une femme sensible, sous ses dehors fiers, courageux et inébranlables, il s'estimait chanceux, puisqu'il faisait partie de cette rare catégorie de personnes qui avaient su la percer à jour, voir sous cette carapace, derrière ce mur qui la distanciait des autres pour la faire passer pour plus forte qu'elle n'était. Il appréciait cette fragilité qu'il découvrait en elle... Bref, il l'appréciait (voire plus) pour ce qu'elle n'était pas mais lui donnait l'impression d'être de la façon la plus calculée du monde. Il appréciait du vent, du vide, de la pure invention, un monologue théâtral parfaitement incarné. Il était naïf, il pensait avoir brisé une barrière quand il n'avait même pas su faire fi du quatrième mur. Et c'était en passant pour l'être le plus attentif et compréhensif du monde à une détresse qui n'était jamais que factice qu'il répondit à son interlocutrice.

-Il aura tout le soutien qui lui est nécessaire, je m'y engage.

Elle lui avait quelque peu remit les idées en place, en remettant son fils sur le tapis, lui qui la dévorait des yeux avec un peu trop d'insistance (elle et les sublimes tasses qu'elle arborait innocemment) depuis quelques minutes déjà. Ne pas se faire de films non plus, faire mine qu'il ne s'en faisait pas, concentrer le dialogue sur autre chose, s'intéresser à ce gamin qui n'avait jamais vraiment éveillé son attention... Anya n'avait-elle agi que pour défendre les intérêts de la chair de sa chair. C'est ainsi, le directeur de Poudlard ne pouvait s'empêcher d'espérer qu'il y ait eu autre chose. Mais qu'il ait tout inventé de toute pièce en se convainquant que tout cela était réel (soyons lucide, cette première option était la bonne) ou qu'il y ait une part de vrai dans ce qu'il avait pensé, il n'empêchait qu'il voulait croire qu'une relation de complicité s'était créée entre eux, et qu'elle s'était dévoilée à lui... Pour lui, rien ne pouvait plus lui faire regagner en confiance que de sentir que, justement, il en inspirait suffisamment à quelqu'un pour qu'il se dévoile dans toute sa vérité, sans ambages ni faux-semblants. Quel crétin.

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