- Fou moi la paix Harkwood !
Elle avait parlé dans un souffle et pourtant elle n’avait aucun doute sur le fait qu’il l’ai entendue. Il l’entendait toujours. Peu importe qu’elle crie ou qu’elle murmure. Il était devenu un chasseur, digne du nom qu’il portait. Souple, rapide, invisible dans les ombres comme dans la lumière, fin manipulateur. Tout chez lui était calculé pour la chasse. Son air de jeune adulte angélique, ses cheveux blonds et doux, aux pointes plus foncées quand il lui prenait l’envie de les couper, son visage carré, son corps d’athlète. Et ses yeux. Des yeux bon sang ! D’un bleu à couper le souffle, a vous faire tourner la tête et vous retourner le cœur dans tout les sens.
Il ne prit pas la peine de répondre cela dit. Pas qu’il n’aimait pas le son de sa voix, au contraire, mais il n’en vit pas l’intérêt. Il ne voulait pas discuter avec elle, il voulait se la faire. Et chaque fois qu’il arrivait à la coincer, elle le faisait parler et il finissait par la laisser partir. Ce qui avait le don de l’énerver royalement, soit dit en passant. Les mains solidement enfoncées dans ses poches, il se contenta de calquer son pas sur le sien, à un mètre derrière elle, et de la suivre. Il savait qu’elle finirait par s’approcher assez d’un coin tranquille. C’était toujours comme ça. Le destin voulait qu’il l’ait enfin ! Alors pourquoi refusait-elle de s’y plier ?
Bien sur, cela rendait le jeux plus qu’amusant mais ça … Il avait vite compris qu’elle serait différentes des autres. Toutes ses greluches relativement belles qui le suppliaient de les épargner. Pathétiques. Leur seul mérite était d’être divertissantes. Et que leur cris, leur souffrance et leurs pleurs lui procuraient un soulagement presque instantané. Depuis des années maintenant, il ne vivait que pour ça. Ce besoin de soulager son âme après la douleur que lui avait infligé Anna. Il se lécha la lèvre en la chassant de ses pensées. Se concentrer sur la petite femme devant lui. Faith Miller. Son dernier jeu en date. Il la laissait toujours filer, elle croyait que c’était par pitié pour elle. Han, quelle bonne blague !
Non, ce qu’il voulait était bien plus plaisant que ça. Ce qu’il voulait, c’était sa peur. Sa peur paranoïaque. C’était savoir qu’à chaque instant, elle avait peur qu’il n’arrive, qu’il ne lui fasse du mal. Elle avait peur quand il était là, même si elle le cachait derrière ses airs bravaches et son sourire moqueur. Il la harcelait jusqu’à ce qu’elle craque, fonde en larme et le supplie de la laisser partir. Détruire Faith Miller chaque fois un peu plus, voilà ce qu’il voulait, ce qu’il s’appliquait à faire jour après jour. Voila ce qu’il réussissait à faire. Chaque fois.
Elle vérifia d’un bref coup d’œil par-dessus son épaule mais oui. Il était toujours là. Silencieux, un sourire moqueur aux lèvres.
Sûr de lui.
Prêt à tout.
Et surtout au pire.
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Inspirer à l’air libre. Retenir sa respiration. Plonger. Trois mouvements de bras. Remonter en expulsant lentement. Recommencer. Encore. Encore.
Rapidement, le mur de la piscine se rapprocha. Elle fit une culbute tout en souplesse dans l’eau et appuya sur la surface glissante du bord avant de repartir, continuant ses mouvements tout en élégance et en grâce. Personne ne la battait à ce jeux là. Toutes les autres nageuses de la piscine faisaient pâle figure à côté de la beauté brune qui faisait ses longueurs sans se préoccuper du monde extérieur. Ses longs cheveux bruns ondulaient dans son sillage, réfléchissant les rayons du soleil, donnant l’impression de l’entourer d’un halo céleste et sombre à la fois.
Elle fit encore une longueur avant de s’accouder au bord. Elle passa sa main dans ses cheveux légèrement emmêlés à présent, la faute au chlore. Avec un soupire, elle appuya sur ses bras et s’assied gracieusement sur le bord, les jambes encore à moitié dans l’eau. Elle essora ses cheveux en les tordant légèrement et puis les rejeta dans son dos. Le mouvement la força à tourner la tête et son regard croisa deux yeux bleu azure, plus clair que le ciel sans nuage au dessus d’eau. Avec un haussement de sourcils amusé, elle se leva, faisant bien exprès de lui montrer ses hanches, ses fesses, sa poitrine bien moulée par son bikini mouillé. La feu qui brûla dans le regard de l’homme lui donna la chair de poule. Causé par le désir autant que par la peur. Il était beau, à s’en damner. Mais aussi dangereux, elle le savait bien assez. Il n’aurait aucun scrupule si elle baissait sa garde ne serait-ce qu’un peu. Elle aimait jouer avec le feu, certes, mais elle savait doser. Et lui aussi.
Il ne bougea pas, continuant simplement de faire courir son regard brûlant sur elle. Un feu envoûtant, mais terriblement froid en même temps. Il la voulait de force. Dans la douleur et le sang, pas comme elle l’entendait. Mais étrangement, quand en tournant la tête elle croisa encore ce feu et s’y laissa dériver un moment, elle remarqua qu’il était moins cruel que d’habitude. Moins mortel. La curiosité l’emportant, elle ne montra aucun sentiment si ce n’est son habituel air moqueur et plein de défi, et passa près de lui pour atteindre le bar de la piscine. Mais il ne l’entendait pas ainsi. Alors qu’elle passait, il poussa du pied la chaise en face de la sienne avec un sourire moqueur. Il la défia du regard et elle n’hésita pas longtemps, ne connaissant que trop le genre de représailles qu’elle aurait si elle refusait de se plier à ses règles à la noix.
Ils entamèrent un duel de regard au moment où elle lui lançait une remarque sarcastique. Ils discutèrent un moment, sur le même ton. Entre moquerie et insulte, entre bonne humeur et menace. Mais il paraissait … Différent, en ce jour. Plus calme. Presque de bonne humeur, et il lui apparut presque charmant. Étrange. Cela ne la rendait que plus méfiante encore. Et pourtant, elle se sentait apaisée par son regard bleu, à présent presque familier. Elle en avait vu toutes les facettes, les ayant vu du bleu simple au tellement sombre qu’il en paraissait noir. Et à présent, azure. Cela n’avait pas été dur de comprendre que la couleur variait selon son humeur. Elle s’amusait à deviner, à présent. Azure était apparemment la légèreté.
Ce jour là, il parla. Elle écouta. Parla à son tour. Elle dut partir, retourner à Poudlard. Mais il l’invita, sans raison apparente. Un dîner. « Juste un dîner, Miller. » Aussi incongrue que fut la question, la réponse le fût encore plus. Elle se leva et commença à partir, se retournant avant de passer la grille, lui répondant par-dessus son épaule.
« Avec joie. »
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Couchée dans ses bras, elle hésita. Elle se blottit plus contre lui et le sentit se tendre légèrement, avant que son corps retrouve son calme. Il n’avait pas l’habitude de ça. Il ne l’avait plus en tout cas. Elle avait peur. Peur que si elle s’endormait … Elle ne le reverrait plus jamais. Si ses yeux se fermaient, se rouvriraient-ils sur lui ? Elle en doutait. Certes il avait promis, mais comment faire confiance à un homme qui lui avait fait tant de mal et avait enfin obtenu ce qu’il voulait depuis des semaines ? Il mentait tout le temps. Pourquoi pas maintenant aussi ?
Le visage du grand blond se détendit alors que lui trouvait le sommeil et elle se força à se détendre. Il ne pourrait pas s’enfuir en dormant.
Lentement, elle s’endormit à son tour, au creux de bras qu’elle n’aurait jamais pensé apprécier autant.
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Davern Harkwood avait toujours eu une vie chiante. Bâtard d’un riche sorcier de sang pur, élevé par sa mère jusqu’à ses six ans, puis rapatrié chez ton père à la mort de cette dernière. Il a été nié complètement par sa belle-mère qui le voyait comme la honte de la famille, et utilisé comme tête de turc par son frère et sa sœur. Bref. Rien de glorieux. A ses 15 ans, il s’est mis à sortir avec une fille qu’il a gardé près de lui pendant plusieurs années. Ils se sont même fiancés. Annabella Dawsroad. Anna. Son amour. Elle lui fit tourner la tête pour l’abandonner ensuite, pour un homme avec plus d’argent. Mais revint plus tard, alors que Dave s’en remettait, pour le briser à nouveau. Il retomba pour elle et en souffrit doublement. Quand elle l’abandonna à nouveau, il plongea pour de bond. Plus sombre que les ténèbres eux-mêmes, il tuait, blessait, violait, torturait, sans une once de remord. Plus ses victimes en bavaient, plus il se sentait momentanément soulagé. Sans jamais se faire coincer, il faisait le mal. Ses victimes soit n’en réchappait pas, soit avait bien trop peur que pour l’accuser. Il courait donc toujours.
Jusqu’à Faith Miller. Elle fendilla sa carapace sans qu’il ne voit rien venir et après une longue chasse qui se finit sur le seul échec de sa vie, il en fit sa copine. Il tomba amoureux. Encore. Très profondément, il en avait peur. Mais il ne dit rien, n’en montra rien. Il voulut la repousser mais des qu’elle tourna les talons, il se rendit compte qu’il ne pouvait plus faire sans elle. Il l’aimait. De toute son âme.
Il en fit sa femme. Elle avait à peine 17 ans, lui 24 mais rien ne pouvait les arrêter. Ils étaient âme sœur. Comme une évidence qui aurait mis du temps à les frapper. Et pourtant quelle évidence ! Brune et têtue, serpentarde jusque dans ses chaussettes. Il s’adoucit un peu, bien qu’au fond de lui persiste cette part de noir, elle la remplissait lentement de chaleur.
Un chasseur tomba. Pour crée un nouvel homme plus que magnifique. Après cette fameuse nuit dans l’hôtel où il l’avait enfin eue, tout c’était enchaîné. Pour son plus grand bonheur.
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Hayden fut la première progéniture de ce couple explosif. Hayden Harkwood, blond au yeux bleu et avec un caractère bien trempé. Aussi chiant que son père. Son passe temps préféré ? Faire tourner en bourrique ses parents, Dave en premier. Et pourtant tout le monde craque pour ce petit bout d’homme.
A ses trois ans, Faith retomba enceinte. Pas très enthousiaste au début, elle finit cependant vite par s’y faire et attendit l’arrivée des enfants avec autant d’impatience que son mari. Oui, j’ai bien dit « des » enfants. Car il devait y avoir des jumeaux. Ou des jumelles. Et oui, bien deviner Sherlock ! Je naquis, suivie 12 minutes plus tard de ma frangine, la belle Luna Eziria. Moi ? Milena Gwen. Harkwood, naturellement. Des nos premiers instants, nos cris s’accordèrent et nos cœurs s’accrochèrent. Luna et moi étions et sommes toujours une seule âme divisée en deux. Deux parties bien distinctes, aux caractères opposés sur beaucoup de point, et qui pourtant s’assemblent et forment le duo le plus célèbre et envié à Poudlard.
Luna et Milena. Comment décrire ce que j’ai avec ma sœur ? Ça se résumerait en ; « elle est moi. » ou « Touche la, je te bouffe. ». A Poudlard, j’ai vite acquis une sale réputation. Et personne ne peut toucher Luna. Sinon je lui tomberais dessus avant même qu’il ne comprennent sur quoi il avait marché. On ne cherche pas la fille de Davern Harkwood.
A nos 11 ans, quand nous sommes rentrés à Poudlard, Luna est passé avant moi, dans l’ordre alphabétique. Elle a été envoyé à Serpentard, sans même que le Choixpeau hésite. Pour moi ce fut plus compliqué.
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Je m’en souviens. J’ai l’impression que j’étais vraiment toute petite. Tout me paraissait si grand ! Des gens au château, tout était immense. Seul ma sœur m’apportait du réconfort, sa main serrée dans la mienne. Le regard de mon grand frère aussi qui, du haut de ses 14 ans, nous regardait avec attention, assis à la table des Serdaigle. Je me mordis fort la lèvre quand « Harkwood, Luna » fut prononcé. Elle me lâcha et je la suivis du regard, attentive. Je remarquai aussi que certains professeurs réagirent au nom de Harkwood. Mon frère et sa réputation. Je souris malgré ma peur et regardai à nouveau ma sœur.
Le Choixpeau se posa à peine sur sa tête qu’il criait déjà « Serpentard ! ». Elle sourit, et moi aussi. La maison de maman ! Je la suivis du regard et il croisa le sien brièvement alors qu’elle rejoignait les verts et argents.
« Harkwood, Milena ».
Je me retournai vers le tabouret en face de nous et avançait. La voix de mon père résonnait encore à mes oreilles « Sèche tes larmes, lève la tête et défit le monde de te mettre une claque. Et si il le fait, redonnes lui en une plus fort. » Je redressai la tête et défiai quiconque cherchait mon regard. Je m’assis sur le tabouret et le Choixpeau tomba sur ma tête, me bouchant la vue d’un coup. Plongée dans le noir, je frissonnai, n’aimant pas ça. Une voix me parla doucement, paraissant en pleine réflexion. Je n’écoutai qu’à moitié mais je n’avais pas le choix. Il hésitait. J’étais comme ma sœur, et pourtant différente. Comme ma maman. Et comme mon père. Après un moment, j’eu l’impression qu’il souriait. Et haut et fort j’entendis « SERDAIGLE ! ». Ma vue me fut rendue et je sautai du siège en chancelant un peu. A la table des bleu et bronze, mon frère était levé et applaudissait à tout rompre. Je souris et bondit pour le rejoindre, sautant à la place à coté de lui. Je me tournai pour croiser le regard de ma sœur et sans un mot, nos pensées se rejoignirent.
Attention Poudlard. Les jumelles débarquent.