Louisa était une petite fille très organisée, elle se laissait rarement distraire par quoi que ce soit, et c'est pour cette raison qu'elle s'en voulut autant d'avoir fait exception à la règle. Elle avait passé son après-midi à la bibliothèque, le nez plongé dans un livre qui, à elle, parut fascinant, mais en aurait clairement ennuyé plus d'un : Initiation à l'Arithmancie par Edgar O. Trodenombre. Louisa, elle, était fascinée. S'il y avait bien une matière qu'elle avait hâte d'étudier, c'était l'arithmancie. Elle était d'ailleurs plutôt agacée par le fait de devoir attendre jusqu'à ses treize ans pour enfin se lancer dans cette matière extrêmement fascinante. Voilà bien un cours qui ne l'aurait pas ennuyé, contrairement à la métamorphose, qui lui donnait toujours une voluptueuse envie de dormir. Elle avait démarré la lecture de cet ouvrage de 562 pages à 14h (nous étions dimanche après-midi), et elle l"avait lu en entier, complètement captivée, sans se rendre compte que, du même coup, lorsqu'elle ferma son ouvrage, il était déjà 20h passé, et que l'heure de prendre le dîner à la grande salle était passé.

Pourtant, elle avait faim. On pourra dire ce qu'on veut, la lecture, ça creuse, et le gavage intellectuel ne compense pas le gavage tout court. Deux choix s'offraient à la petite Louisa : aller quémander à manger chez sa mère, ou aller quémander à manger aux elfes de maison, dans les cuisines. Elle ne mit pas longtemps à opter pour la solution numéro 2. Après avoir rangé son livre dans les rayonnages, la petite quitta donc la bibliothèque et se rendit discrètement jusqu'au lieu où on lui avait dit que les petits elfes s'activaient. C'était la première fois que Louisa tentait un passage aux cuisines, c'était Nick Holloway, une espèce de gros balourd de deuxième année, qui ne carburait visiblement pas qu'à l'eau et aux cinq fruits et légumes par jour qui avait un jour tuyauté toute la salle commune des serdaigles sur les moyens d'y accéder, visiblement trop heureux de sa découverte. Louisa avoir roulé des yeux en l'entendant parler. A l'écouter, on aurait pu croire qu'il venait de découvrir le Graal, c'était pathétique. Elle avait tout de même gardé l'information dans un coin de sa tête, au cas où... et elle avait bien fait, l'info lui était enfin utile.

Découvrant un tableau représentant une corbeille de fruits, elle imagina que ce devait être celui dont parlait le deuxième année, elle le chatouilla donc, se sentant assez débile, de faire une chose pareille, mais c'était effectivement efficace. Une poignée apparut à la place du tableau, et Louisa pu entrer dans ce qui étaient effectivement les cuisines. Les petits elfes s'affairaient à faire la vaisselle (magiquement, bien sûr), plusieurs d'entre eux se précipitèrent vers elle et s'empressèrent de lui servir à manger quand elle déclara avoir faim. C'est fou ce que ces bestioles étaient dociles! Ils l'installèrent à une petite table, et lui servirent une assiette composée d'un morceau de tourte et de salade de tomate. Miam! Elle allait en avaler une première bouchée (sans avoir remercié les elfes, parce que c'était leur boulot. Louisa se foutait des elfes à un point... Hermione en aurait fait une syncope) quand la porte des cuisines se rouvrit. Décidément.

Faute d’avoir diné trop rapidement, Chris eut encore faim quelques temps après le repas du soir et bien qu’il essaya de se retenir, il fut contraint, en entendant son ventre gargouiller, de se décider à redescendre jusqu’aux cuisines pour demander de la nourriture aux elfes de maison.
Arrivant enfin aux portes de la cuisine, il se sentit un peu gêné d’aller demander de quoi manger alors qu’il sortait à peine de table. Mais puisqu’il était juste à côté, il valait mieux y aller que faire machine arrière et retourner dans sa salle commune le ventre vide. Alors il choisit finalement de pousser la porte et d’entré. Et automatiquement il fut rassuré : il n’était pas le seul à avoir eu faim ; il y avait aussi Louisa Sparkley, une Serdaigle d’un an de plus que lui déjà assise en face d’une assiette pleine de nourriture qui lui sembla appétissante.

« Alors comme ça, toi aussi tu as un creux ? » constata-t-il gentiment. Puis s’adressant à un elfe de maison qui passait près de lui il demanda poliment : « Pourriez-vous me préparer un petit quelque chose, s’il vous plait ? » Il était resté courtois même s’il savait que c’était des créatures étaient dressées pour ça, car d’une part ses parents lui avaient toujours fait beaucoup de recommandations à ce sujet, et d’autre part car il connaissait l’importance que portait Lauraleen à défendre ses pauvres créatures. C’était comme s’il avait été contaminé à force d’entendre sa meilleure amie dire que c’était des êtres comme les autres avec qui il fallait être gentil. Bref, immédiatement après qu’il ait demandé, le petit elfe s’en alla pour préparer un petit plat rapide tandis que Chris vint s’installer sur une chaise à côté de sa camarade.
Puis voyant que celle-ci ne comptait certainement pas entamer la conversation, il se permit de le faire pour faire passer le temps. Il se ficha alors bien de savoir s’il allait ou non agacer la jeune fille en mettant fin à sa solitude et sa tranquillité. Et puis il était encore jeune pour penser à ses choses-là.
« Tu racontes quoi de beau depuis la dernière fois ? »
Mais voyant que la jeune fille ne répondait pas, et préférait continuer à manger. Il ajouta : « Toujours aussi muette à ce que je vois…Tu n’as toujours pas retrouvé la parole ou bien tu préfères continuer à m’ignorer ? »

Je vous assure qu’il ne cherchait pas à l’énerver mais seulement à pouvoir discuter avec elle, lorsqu’il l’a taquina, lui montrant qu'il n'était pas naïf.
« Je sais ce que tu penses de moi….tu crois que j’suis qu’un mioche qui va encore venir t’embêter, mais j’suis comme toi. Je viens juste manger. »
Il espérait qu’elle allait enfin lui répondre.

Louisa n'avait pas eu le temps d'avaler deux bouchées de sa tourte que déjà, on troublait sa précieuse tranquillité. La petite bleue et bronze leva les yeux pour savoir qui osait ainsi troubler le calme des cuisines (enfin, calme... les elfes de maison faisaient du bruit, mais ça restait totalement supportable). Il s'agissait de Chris Wade, un élève de sa classe qu'elle supportait... plus ou moins. Elle le trouvait beaucoup trop bavard. Il avait l'art de parler pour ne rien dire. Et rien n'exaspérait autant la fille de l'infirmière que les grands bavards. Cela dit, quand elle ne faisait pas preuve de son éternelle mauvaise foi, elle devait bien avouer que le garçon n'était pas la personne la plus désagréable du monde, et qu'il était plutôt intelligent et mâture pour son âge, ce qui n'étaient pas des qualités négligeables pour elle. Quand elle le vit, elle l'accueillit malgré tout sans chaleur, il fallait batailler pour décocher un sourire à Louisa Sparkley, en même temps.

Alors comme ça, toi aussi tu as un creux ?

Louisa ne répondit pas, tout ce qu'elle aurait pu répliquer était que l'assiette qu'elle avait sous le nez répondait d'elle-même. Elle préféra avaler une bouchée de son contenu. Elle ne voyait pas d'intérêt à répondre « oui et toi ? » alors qu'elle se fichait royalement de savoir si Chris avait un creux ou pas, et que son « aussi » répondait à cette question de toute manière.

Pourriez-vous me préparer un petit quelque chose, s’il vous plait ?

Louisa continuait de faire comme si Chris n'était pas là. Connaissant l'énergumène, et vu qu'il n'avait pas l'air décidé à partir, ça ne suffirait pas à le faire s'en aller. Bah... Il valait mieux supporter sa présence que celle de quelqu'un d'autre. N'empêche, qu'est-ce qu'il était bavard !

Tu racontes quoi de beau depuis la dernière fois ?

Et voilà, c'était à prévoir ! Il n'était pas dans la nature de Louisa que de raconter sa vie, bien au contraire. En fait, ils étaient peu nombreux à savoir quoi que ce soit de la vie de la petite serdaigle, puisqu'elle était souvent silencieuse et secrète. Comme disait un vieux proverbe que Louisa adorait : « Si ce que tu as à dire est moins beau que le silence, alors tais-toi ». Souvent, les gens feraient mieux de se taire, d'autant que leur vie n'intéressait personne.

Toujours aussi muette à ce que je vois…Tu n’as toujours pas retrouvé la parole ou bien tu préfères continuer à m’ignorer ?

Réponse numéro deux. Même si, vu l'insistance de Chris, il allait devenir très compliqué de l'ignorer. Son camarade avait l'art de ne pas faire oublier sa présence, malheureusement.

Je sais ce que tu penses de moi….tu crois que j’suis qu’un mioche qui va encore venir t’embêter, mais j’suis comme toi. Je viens juste manger.

En fait, ce n'est pas totalement ce que Louisa pensait de Chris. Elle ne le détestais pas, elle aurait même tendance à l'apprécier, mais comme il n'était pas dans la nature de la fillette d'admettre ces choses si facilement, elle préférait utiliser sa parade habituelle, qui était le sarcasme.

- Économise ta salive si tu veux en avoir encore suffisamment pour avaler ta nourriture, dans ce cas.

« Économise ta salive si tu veux en avoir encore suffisamment pour avaler ta nourriture, dans ce cas. »

Ouf, elle avait répondu. C’était déjà une victoire pour Chris (car ça signifiait qu’elle avait retrouvé l’usage de la parole^^), non plus sérieusement c’était vraiment un bon départ même s’il aurait préféré autres choses que ce genre de remarque, mais il n’en attendait pas autant venant d’elle. Et savant à quoi s’en tenir, il souhaita continuer dans cette progression en imposant lui-même le sujet de conversation, puisque de toute façon elle ne dirait certainement pas un mot de plus, si ça ne lui semblait pas nécessaire.
Il ignora donc cette sorte de conseil que lui avait donné la jeune Serdaigle et enchaîna sur un tout autre sujet.
« Alors comme ça ta maman est infirmière à Poudlard… »

Ce n’était pas une question mais une simple constation qu’il fit pour amener la discussion là où il souhaitait en venir.
« …ça doit être bien pratique. Tu peux la voir plus souvent, et puis c’est tout de même une chance pas donné à tout le monde… (Puis pour avoir plus de chance qu’elle lui réponde il ajouta pour insister) Tu n’es pas d’accord ? »

Il faut bien avouer que pour lui, avoir ces parents à porter de mains aurait été un rêve (en tout cas à son âge) même s’il savait bien que c’était impossible. Toutefois il pensait que Louisa était du même avis. Mais il se fourvoyait bien.

« Moi, ça m’aurait plus de voir mes pare…(il se rattrapa aussitôt) du moins mon père tous les jours, car tu sais le mien par souvent en voyage d’affaires. Mais heureusement on peut communiquer par courrier grâce aux hiboux… »

Un elfe vint alors lui apporter de quoi manger (d’ailleurs Chris ne manqua pas de le remercier), ce qui laissa alors quelques minutes de répit à la demoiselle le temps qu’il goutta puis dégusta quelques fourchettes de son plat. Et se retournant vers elle, il attendit qu’elle s’engage par elle-même à lui dire quelque chose.

Louisa pensait, à tort, que sa remarque aurait pour effet de calmer la verve de son petit camarade, mais c'était un peu trop mal le connaître. Autant la petite bleue et bronze n'était pas suffisamment loquace, autant, lui, était un véritable moulin à paroles. Deux personnalités si différentes pouvaient-elles s'entendre ? À la vérité, oui. Même si la fille de l'infirmière ne se montrait pas particulièrement agréable avec son interlocuteur, elle l'aimait bien, dans le fond. Enfin... elle l'aimait bien quand il choisissait correctement les sujets à aborder.

Alors comme ça ta maman est infirmière à Poudlard…

...Et ça, ce n'était certainement pas un sujet à aborder avec la petite, blonde. À moins, bien sûr, de vouloir la voir exploser. Elle n'aimait pas qu'on l'associe à son infirmière de mère, c'était une chose qui l'exaspérait au plus haut point. Depuis son arrivée à Poudlard, elle faisait tout pour ne pas être que la fille de sa mère aux yeux de tous, mais c'était plus facile à dire qu'à faire lorsqu'on portait le nom de Sparkley. Les choses commençaient mal pour Chris. Louisa ne fit aucune remarque, le laissant poursuivre, se demandant si elle allait riposter ou pas. Tout allait dépendre de la suite des opérations, mais ça commençait mal pour son camarade.

…ça doit être bien pratique. Tu peux la voir plus souvent, et puis c’est tout de même une chance pas donné à tout le monde…

Louisa roula des yeux. Mais dans quel monde vivait-il ? Pourquoi tout le monde avait-il l'air de trouver ça génial que de voir sans arrêt sa génitrice. Lou se le serait facilement épargné. Les rapports entre elle et sa mère était extrêmement conflictuelle, alors bon, elles avaient beau dormir sous le même toit, elles ne se voyaient jamais (surtout parce que la petite faisait tout pour éviter sa mère). Tu parles d'une aubaine. Louisa aurait échangé sa place avec n'importe qui.

Tu n’es pas d’accord ?

Pitié ! Fallait-il vraiment qu'il insiste en plus du reste ? Elle n'avait vraiment pas envie de répondre à ça. Rien ne l'obligeait à répondre, d'ailleurs. Alors elle continua de vider son assiette. Mais évidemment, Chris ne s'arrêta pas en si bon chemin. Ce qu'il pouvait être bavard, celui-là !

Moi, ça m’aurait plus de voir mes pare…(il se rattrapa aussitôt) du moins mon père tous les jours, car tu sais le mien par souvent en voyage d’affaires. Mais heureusement on peut communiquer par courrier grâce aux hiboux…

Louisa remarqua le cafouillage de Chris. Elle savait qu'ils avaient tous les deux en commun le fait d'avoir perdu l'un de leurs parents. C'était d'ailleurs l'une des raisons qui poussaient Louisa à avoir une certaine sympathie envers lui. Ils géraient leur douleur différemment, mais ils partageaient la même.

-Je suis sûre que vous communiquez plus tous les deux en étant à des kilomètres l'un de l'autre que je ne communique avec ma mère. S'accorda-t-elle donc à dire (oui, elle arrivait à ouvrir la bouche, à prononcer des mots...)

Ce n'était sans doute pas faux. En un an, Louisa avait du parler à sa mère trois fois en tout et pour tout.

« Je suis sûre que vous communiquez plus tous les deux en étant à des kilomètres l'un de l'autre que je ne communique avec ma mère. » s’exclama-t-elle.

La réflexion à haute voix de la Serdaigle dérouta un peu le moulin à parole puisqu’à son âge, on appréciait être entouré de ses parents. Mais pour Louisa, cela semblait plutôt être un fardeau (avoir sa mère sur le dos tous les jours, ce n’était pas son truc quoi …). Alors Chris décida de prendre la remarque de la jeune fille un peu comme un compliment, même s’il n’arrivait pas à comprendre son point de vue. Celui de la Serdaigle était un peu contraire au sien à vrai dire, mais il le respecta en se disant qu’elle devait avoir de bonnes raisons et répondit seulement d’un air évasif : « Peut-être bien. »

Il songeait que peut-être la distance pouvait resserrer les liens, car on se rendait alors compte à qu’elle point une personne à qui on tient nous manque lorsqu’elle n’est pas près de nous. Chris en vint ensuite à se demander si l’éloignement pendant un certain temps pourrait éventuellement rapprocher Louisa de sa mère. Mais il ne pouvait trouver de réponse à sa question…Et il se dit qu’il était peut-être préférable de rouvrir un autre sujet de débat, si l’entente avec sa mère était aussi mauvaise qu’elle l’affirmait.

« Puis-je savoir ce que tu lis en ce moment ? » demanda-t-il par curiosité.

Il savait que la jeune fille était une fascinée des livres, pour l’avoir vu régulièrement se rendre à la bibliothèque. Alors il suppossa qu’elle devait surement être sur la lecture d’un bouquin en ce moment. Et puis tant qu’à faire il fallait mieux prendre soin de choisir un sujet qui l’intéresserait et lui plairait. Ainsi, il était plus certain d’avoir l’occasion de discuter avec elle que si la demoiselle s’ennuyait.

- Peut-être bien.

Ah tiens... Il n'avait pas l'air d'être sur le point d'insister. Louisa l'aurait pourtant parfaitement imaginé profiter de l'occasion pour blablater sur les rapports parents/Enfants, sur la mort de leur parent respectif, sur sa dernière visite à l'infirmerie, ou n'importe quelle autre connerie du même type. C'est souvent ce que les gens bavards faisaient. Ils ne savaient jamais quand ils devaient s'arrêter. Ils parlaient, parlaient, comme si leurs vie en dépendait, tout en se moquant bien d'heurter ou non les sentiments de leur interlocuteurs. En fait, c'est la conclusion qu'en tirait la petite Louisa, les bavards étaient souvent égoïstes, ils aimaient s'écouter, entendre qu'ils avaient un public, et ça s'arrêtait là. Chris n'était pas un bavard de cette catégorie, et c'est pour ça que Louisa le... l'aimait bien ? Tolérait plus facilement sa présence en tous cas. Il ne faisait pas tout tourner autour de son nombril. Certes, il parlait clairement et définitivement trop, mais il avait la décence de s'intéresser à la personne qu'il avait en face de lui. Louisa était quasiment certaine qu'il ne faisait pas juste semblant de vouloir en savoir plus, il était sincère. Et finalement, les gens qui vous parlaient de manière désintéressée et sans le moindre motif égoïste étaient particulièrement rares.

- Puis-je savoir ce que tu lis en ce moment ?

Donc il cherchait par tous les moyens à l'inclure dans la conversation (qui sans ça serait un monologue). Effort admirable, surtout qu'il prenait bien soin d'engager un sujet qui pourrait intéresser Louisa. On pouvait lui parler de beaucoup de choses, elle restait de glace, mais les livres et les lectures qu'elle avait pu faire, ça, elle aimait en parler. Elle préférait la compagnie des livres à celle des humains, peu de personnes étaient capables de le comprendre. Chris, bien que largement plus sociable qu'elle avait la même passion pour les livres, parler bouquin avec lui pouvait (je dis bien pouvait) ne pas être forcément déplaisant. Comme il ne servait à rien de se faire plus désagréable qu'elle ne l'était, elle daigna répondre à son camarade bleu et bronze.

-J'ai passé l'après-midi à lire Initiation à l'Arithmancie, d'Edgar O. Trodenombre. Tu connais ?

Elle était presque sûre qu'il ne connaîtrait pas, et ça l'arrangeait un peu, au mieux elle pourrait partager sa lecture avec quelqu'un, ou au moins, elle pourrait se vânter en étalant un peu de sa culture, comme on étale de la confiture sur une tartine beurrée (la rpgiste vient de se donner faim à elle-même).

« - Puis-je savoir ce que tu lis en ce moment ?
-J'ai passé l'après-midi à lire Initiation à l'Arithmancie, d'Edgar O. Trodenombre. Tu connais ? »

Une après-midi à lire un livre ! Ça c’était de la lecture, surtout que connaissance Louisa, elle ne se contentait certainement pas d’un petit livre mais plutôt d’un livre bien épais…
Il allait être dans l’obligation de lui avouer bien qu’un peu gêner que ce livre ne lui disait strictement rien ou du moins qu’il ne l’avait jamais lu. Mais d’un autre côté, ça lui permettait aussi de lancer le débat sur ce livre auquel il était à peu près sûr d’obtenir des réponses de la part de sa camarade Serdaigle. Alors il se lança, légèrement honteux que ce livre ne soit pas répertorié dans sa culture.

« Non, désolé je n’en ai jamais entendu parler ni même de nom. Mais tu n’as qu’à me dire de quoi traite le sujet et qu’elles sont tes premières impression après l’avoir lu. Tous ce qui pourrait être intéressant à retenir, voilà tout…»

Chris était souvent avide d’en savoir plus pour approfondir sa culture personnelle, et c’est pourquoi il appréciait souvent les conversations avec des plus grands que lui car généralement ils pouvaient lui communiquer des bonnes choses à savoir pour plus tard.
Lorsque le jeune bleu et argent avait retenu Arithmancie dans le titre, il avait automatiquement songé que le livre devait avoir sans doute un rapport avec des chiffres, sans pour autant en connaitre d’avantage dessus. Après tout il était loin d’être bien expérimenté dans ce domaine. Et si le sujet du livre l’intéressait il aurait toujours l’occasion de le découvrir à la bibliothèque prochainement, de plus qui sait si la demoiselle n’allait pas lui conseiller.
Il reprit finalement sa fourchette pour continuer à déguster, en attendant la réponse de la miss.

-Non, désolé je n’en ai jamais entendu parler ni même de nom.

La jeune bleue et bronze haussa les épaules, c'était normal, elle n'allait pas s'offusquer du fait que son interlocuteur n'ait jamais entendu parler d'un livre que le commun des mortels préférait ne pas lire sous peine de mourir d'ennui, sans compter le fait que Chris était en première année, et que donc il ne faisait pas d'arithmancie ni ne savait forcément en quoi cette matière consistait. Elle non plus, d'ailleurs, n'avait jamais entendu parler de ce livre ou de son auteur en tombant par inadvertance dessus à la bibliothèque. En soi, et même s'il l'avait captivé toute l'après-midi, ce livre n'était pas le mieux écrit du monde, Louisa avait même repéré quelques erreurs typographiques, mais peu importe, il avait le mérite d'être très clair et de rendre un art aussi délicat que l'arithmancie à la portée d'une élève de onze ans (bien que la fille de l'infirmière était certaine que son quotient intellectuel dépassait la moyenne des élèves de sa classe).

- Mais tu n’as qu’à me dire de quoi traite le sujet et qu’elles sont tes premières impression après l’avoir lu. Tous ce qui pourrait être intéressant à retenir, voilà tout…

Amusant... Beaucoup, rien qu'en entendant le titre hautement soporifique de ce qu'elle avait passé l'après-midi à lire n'auraient pas insisté et se seraient contenté d'aborder un sujet qui puisse les intéresser davantage. C'est en cela que Chris changeait de ses autres camarades, et pour cette raison qu'il insupportait un peu moins la gamine. L'une des raisons pour lesquelles Louisa préférait généralement être seule, c'est que la conversation des autres l'ennuyait royalement. Prenez les filles qui partageaient son dortoir : elles ne parlaient que chiffons et garçons... quant aux garçons de sa classe... tous des écervelés qui n'étaient passionnés que de Quidditch, comme si courir après une babale comme des chiens était intéressant. Chris, lui, parvenait à tenir la comparaison intellectuelle, et ça faisait du bien à Louisa d'avoir l'impression de ne pas être entourée que de pauvres crétins décérébrés.

-C'est une simple introduction à l'arithmancie (comme le nom du livre l'indique). Ce n'est pas toujours bien écrit mais ça a le mérite de s'appuyer sur des exemples concrets. Je crois bien que c'est l'une des seules options vraiment utiles qui soient proposées à Poudlard.

Utile au sens où tous ces chiffres représentaient une véritable stimulation intellectuelle. Les autres options de Poudlard, elle les trouvait bien moins digne d'intérêt. La divination était un art inutile, l'étude des runes était certes intéressantes, mais peu utile au quotidien, le soin aux créatures magiques pouvait avoir son intérêt, mais Louisa n'appréciait pas particulièrement d'intérêt. Quant au cours d'étude des moldus... Louisa ne voulait même pas revenir là-dessus.

"-C'est une simple introduction à l'arithmancie (comme le nom du livre l'indique). Ce n'est pas toujours bien écrit mais ça a le mérite de s'appuyer sur des exemples concrets. Je crois bien que c'est l'une des seules options vraiment utiles qui soient proposées à Poudlard."

Chris appréciait le peu de discussion qu’il entretenait avec qu’elle, à vrai dire il savourait même le temps qu’il passait en sa compagnie. Elle savait s’exprimer et argumenter ses propos ce qui rendait la conversation très vite intéressante au point d’en oublier le monde qui l’entourait. D’ailleurs il ne voyait même pas ne serait-ce que les aiguilles de la grande horloge défilées. Ainsi il ne se rendait pas compte du temps qu’il passait avec la demoiselle, mais heureusement les elfes de maison étaient encore aux cuisines et viendraient certainement les prévenir quand ils jugeraient qu’il serait largement temps de remonter à leur dortoir. Cependant il leur restait tout de même un peu de temps avant d’en arriver à là.

Et après en avoir déduit que l’Arithmancie serait surement l’option que la jeune fille choisirait à partir de sa troisième année, le petit Serdaigle relança la conversation : « Alors, j’en conclus que tu prendras forcément l’Arithmancie en troisième année… Moi, je ne me suis pas encore bien décidé mais après tout il me reste encore du temps avant d’avoir à choisir. »

Il eut un instant de réflexion avant de compléter : « En réalité, dès le début de l’année scolaire j’avais très envie de pouvoir accéder aux options. Mon père m’en a déjà parlé et m’a conseillé de prendre l’étude de runes lorsque j’atteindrais ma troisième année à Poudlard, cependant je pense que les soins aux créatures magiques peut être aussi fascinant. Tu penses que c’est possible de faire deux options ? »
Le bleu ne n’avait pas eu le temps de se renseigner, mais puisqu’il parlait des options la blonde allait peut-être savoir quoi lui répondre.

Ce qu'il y avait de drôle, avec Chris Wade, outre le fait que Louisa parvenait miraculeusement à apprécier sa compagnie, c'était que même lorsqu'elle ne se montrait franchement pas amène, et pouvait même se montrer à la limite du désagréable, il continuait de lui sourire et de discuter avec elle comme si de rien n'était. Pis encore, il avait même l'air de trouver sa compagnie appréciable. Il devait bien être le seul dans tout Poudlard à penser de cette façon (et tant mieux, la bleue et bronze n'aurait vraiment pas aimé que les trois-quarts de l'école se bousculent au portillon pour devenir son ami, et que ses conversations se transforment en séminaires). Ça devait être une des raisons pour laquelle la fille de l'infirmière appréciait, au final, son camarade de serdaigle : parce qu'il était l'un des rares specimens de l'école à faire avec son caractère de cochon sans s'en offusquer ou essayer de la changer. Il poursuivait donc la discussion avec toujours autant d'entrain.

-Alors j'en conclus que tu prendras forcément l'Arithmancie en troisième année. 

Louisa approuva vigoureusement d'un signe de tête. Pour elle, il n'y avait pas l'ombre d'un doute. Quand bien même elle n'en était qu'à une approche très théorique et lacunaire de cette matière, elle était certaine que là était sa voie, ou au moins l'une des voies qu'elle devait nécessairement emprunter. Il y en avait tellement d'autres.

-Moi je ne suis pas encore bien décidé, mais après tout, il me reste encore du temps avant d'avoir à choisir.

Chris avait totalement raison. Ils avaient au moins encore une bonne année d'étude pour ça. Mais Merlin, Louisa attendait avec impatience qu'elle arrive, cette année d'étude, déjà parce qu'elle avait hâte de ne plus être une mioche de première année et d'avoir l'air aussi grande physiquement qu'elle pensait l'être mentalement, et ensuite parce que ces matières qu'elle ne pouvait pas suivre tout de suite (et d'ailleurs elle trouvait ça d'une idiotie accablante), elle aurait bien aimé pouvoir y assister, là, maintenant. Toutes lui semblaient fascinantes. Apparemment, Chris partageait son opinion, quant à ses options encore inacessibles.

-En réalité, dès le début de l'année scolaire, j'avais très envie de pouvoir accéder aux options.

Et voilà la preuve que les deux premières années de serdaigle se ressemblaient bien plus que ce que la fille de l'infirmière pouvait bien avoir envie d'accepter.

-Mon père m'en a déjà parlé, et m'a conseillé de prendre l'étude des runes, lorsque j'atteindrais ma troisième année à Poudlard. Cependant, je pense que les soins aux créatures magiques peut être aussi fascinant, tu penses que c'est possible de faire deux options.

Chris semblait plus fixé sur son choix d'option que sa camarade, qui à choisir aurait suivi absolument tous ces cours supplémentaires si elle en avait la possibilité. Louisa était une érudite, elle aimait savoir le plus de choses possibles, et elle envisageait toutes les connaissances que ces cours pourraient lui apporter en supplément comme quasi indispensables. Puisqu'elle serait obligée de faire le tri, elle se contenterait sûrement de l'étude des runes et de l'arithmancie (sachant qu'il était plus facile, selon elle, de se documenter seule sur l'étude des moldus et le soin aux créatures magiques – et sachant aussi qu'elle se passerait sans problèmes de la divination, cette matière ne l'intéressait pas le moins du monde).

-Je crois qu'il faut choisir deux options en tout et pour tout. Répondit Louisa qui n'était pas complètement certaine de ses sources, mais parlait quand même avec toute l'assurance qui la caractérisait (ce qui lui permettait de donner l'impression d'avoir raison même quand elle avait tort).

Elle allait poursuivre en parlant à Chris des matières qui auraient sa préférence (c'est fou ce qu'il arrivait à lui faire parler plus que dans ses habitudes!) quand un elfe de maison vint tirer sur sa robe de sorcier, avant de lui faire comprendre d'une voix mal assurée qu'il était temps d'y aller. Dommage... elle en était presque arrivée à apprécier la compagnie de son camarade et la discussion qu'ils avaient tous les deux. En même temps, elle avait fini de manger, elle n'avait plus de raisons d'être là, autant y aller.

-Vaut mieux qu'on y aille. Après s'être assurée que Chris lui emboîtait le pas, Louisa ouvrit la porte des cuisines. Une fois dehors, elle s'adressa une dernière fois au première année. Je te laisse, faut que je passe voir ma mère.

Elle aurait aimé que ce soit des bobards, mais non. Elle avait promis...

-à demain, je suppose. Ajouta-t-elle en adressant un dernier regard au garçon avant de filer en direction de l'infirmerie.

«Je crois qu'il faut choisir deux options en tout et pour tout. » lui répondit la fillette d’une voix qui ne démantelait pas ces incertitudes, mais parvenait à les affirmer.
« Vraiment ? Cela serait super puisque ça voudrait dire que je ne serais en aucun cas forcé de me décider entre les deux. » s’exclama ensuite le bleu et argent.

De tout manière, elle était parvenue à réjouir le petit homme qui se croyait à présent plus dans l’obligation de choisir, puisque ça signifiait qu’il pourrait très bien faire l’option que lui avait suggéré son père et celle qu’il avait lui-même envisager. Enchanté à l’idée de pouvoir suivre ces deux options, rien que d’en parler suscitait maintenant à nouveau : l’envie plus intensifiée d’arrivé à son entrée en classe de troisième année. Cependant il essaya t’en bien que mal de garder son enthousiaste et son impatience pour sois, de se contenir ; il n’avait nullement l’intention d’enquiquiner sa camarade bleu avec une attitude agité. Il savait se tenir après tout…

« Vaut mieux qu'on y aille. » lui lança soudainement Louisa.
Un elfe de maison venait à l’instant de la prévenir qu’il se faisait tard et que l’heure était largement passée. Et puis l’un comme l’autre avait terminés de manger, donc rester dans les cuisines n’aurait servi à rien. Certes il devait mettre fin à une conversation qui commençait à devenir palpitante, et qui continuait à faire naitre une amitié entre eux, toutefois ils ne pouvaient rester plus longtemps dans les cuisines…il était temps de filer dans leur dortoir.
Remontant alors le rez-de-chaussée, Chris s’adressa à sa camarade lorsque celle-ci s’éloigna du chemin menant directement aux chambres.
« -Tu ne remonte pas tout de suite aux dortoirs ?
-Je te laisse, faut que je passe voir ma mère. A demain, je suppose.
-Très bien, à demain. »

Et les deux Serdaigles se séparent aux croisement des couloirs : lui se rendant comme prévu aux dortoirs des garçons et elle retournant voir sa mère à l’infirmerie, peut-être pour lui dire bonsoir supposa d’ailleurs le jeune garçon pas bien sûr de son idée, connaissant les relations quelques peut tendu existant entre la mère et la fille.