Et voilà, c'était Noël. Aux yeux de Louisa, y avait pas franchement de quoi sauter de joie... D'habitude, à cette période de l'année, elle arrivait à être au moins un peu impatiente, parce que c'était au moins l'occasion de recevoir des cadeaux... et de passer du temps avec sa mère (même si elle n'avouait pas vraiment que ça comptait beaucoup pour elle). Cette fin d'année était bien lugubre. Tout était déjà loin d'aller dans le meilleur des mondes, entre ces histoires de futur prévu d'avance, et qui l'éloignait de Rhian, de psychopathe qui en avait après eux, et tout le reste... mais le pire était arrivé quand, il y a quelques jours, elle avait découvert que Harry et les autres avaient été condamnés au baiser du détraqueur. C'était incompréhensible. Leur innocence était évidente, mais ils avaient été condamnés quand même. Louisa en éprouvait une sorte de vide... Elle avait de la sympathie, de l'affection pour Harry, même, comme si elle ressentait le lien de parenté qui les unissait malgré la bizarrerie de la situation. Et il était mort... On n'en aurait plus après eux, sans doute, du coup, mais ça avait si peu d'importance au regard de ce qui se passait, là... Elle était perdue, et elle voyait difficilement comment les choses pourraient aller plus mal.

Sa mère et elle fêteraient Noël à Poudlard. Comme d'habitude, le travail de Mrs Sparkley passait avant tout, pas possible de rentrer pour les fêtes, mais possible quand même de faire une faute pour passer la soirée ensemble dans ses appartements. Elle ne savait pas si elle appréciait ou non la perspective de la soirée, mais elle prit quand même sur elle, elle enfila sa tenue du dimanche, et elle était allée la trouver... Avec un peu de chance, elle connaîtrait un moment de calme et de tendresse avec sa génitrice... même si leurs relations étaient loin encore d'être au beau fixe... Elle avait besoin de sa présence, en ce moment, même si elle ne l'avouait pas spécialement non plus. C'était difficile pour elle d'admettre qu'elle avait besoin des autres, de sa famille... et finalement Zelda était sa seule vraie famille... et c'était bizarre, parce que Louisa se disait que c'était parce que Harry n'était plus là que sa mère regagnait ce statut qu'elle avait presque toujours eu, pourtant. Arrivée à la porte de son appartement sans frapper elle salua sa mère avec un très fin sourire, pas complètement à l'aise, un petit paquet, maigre cadeau, entre ses mains.

-Salut.

"Salut ! Joyeux Noël !"

Louisa savait que sa mère prenait sur elle pour se montrer le plus enthousiaste possible à son adresse, mais c'était comme ça, elle n'arrivait pas à faire semblant, elle n'arrivait pas à faire mine d'être heureuse ou motivée. Zelda n'avait jamais été douée pour ce qui était d'être enjouée, mais sa fille encore moins. Le combi des deux ne promettait franchement pas la meilleure situation possible. Enfin bon... C'était Noël, il y avait un semblant de décoration dans la pièce, elles pouvaient toujours faire comme si, après tout. C'était, comme dit, juste l'affaire de quelques heures. Et au pire, s'il fallait que ça parte en vrille (et c'était presque forcé), alors ça partirait en vrille, voilà tout, il ne fallait pas chercher plus loin. Elle ne lui rendit pas son "joyeux Noël", elle se contenta de faire mine de sourire, comme si de rien n'était. Mais elle n'était pas bonne actrice, elle n'arrivait pas à dissimuler ses sentiments, ses impressions, son visage la trahissait toujours.

"J'espère que tu as faim..."

Zelda avait cuisiné. Rien que pour cet effort, elle devrait sans doute faire des efforts de son côté aussi, mais la vérité, c'est qu'elle avait le cœur battant et l'estomac noué. Finalement, elle préfèrerait passer son réveillon de Noël dans sa couette. Mais la soirée n'avait pas encore commencé. Elle devait laisser une chance à sa génitrice. Ou pas.

- Pas trop, dit-elle alors. C'était vrai, elle n'avait plus d'appétit depuis un moment maintenant, ça l'avait quitté dès que toutes ces épreuves leur étaient tombées dessus, à elle et Rhian. Elle n'avait pas faim. Au pire, tant mieux, si les petits plats de sa mère devaient être bien dégueulasses. Mais je vais manger quand même, t'inquiète.

Elle baissa les yeux, et son regard tomba sur le paquet qu'elle avait toujours entre les mains. Elle hésita. Elle ne pouvait pas faire comme s'il n'était pas là, hein, et il ne faudrait pas qu'elle l'ait acheté pour rien non plus;

-Tiens, c'est pour toi... C'est un peu nul comme cadeaux, mais j'ai pas trouvé mieux.

C'est clair qu'elle ne vendait pas bien son cadeau, mais tant pis. Dans le coffret, il y avait un collier fantaisie. Pourtant, elle savait que sa mère n'était pas trop bijoux, mais c'était une manière de.. qu'elle porte quelque chose qui lui fasse penser à elle. Elle ne savait pas trop, en fait.  

"Merci beaucoup."

En réponse, Louisa lui adressa juste un fin sourire. Ce n'était pas si fréquent, que sa mère la remercie. En même temps, pour la défense de Zelda, elle lui donnait très rarement l'occasion de le faire, parce qu'elle se montrait rarement agréable ou généreuse à l'adresse de sa génitrice. Là, elle avait fait un effort surnaturel pour lui faire plaisir, mais ça avait le mérite d'être efficace, véritablement. Elle ouvrit le coffret qui contenait le collier qu'elle lui avait acheté. Elle la regarda faire avec appréhension. Elle avait peu que ça ne lui fasse pas plaisir ou quoi que ce soit d'autre. Si elle faisait semblant d'être heureuse, elle avait au moins le mérite de bien jouer la comédie. Elle portait le collier autour de son cou, et déjà, c'était vraiment beaucoup.

"Il est superbe, merci beaucoup !"

Encore un remerciement, décidément, c'était Noël ! Mais oui, effectivement, c'était Noël. Louisa le prenait comme ça venait, une sorte d'intermède plaisante et agréable dans leur quotidien qui oubliait très souvent de l'être. Louisa se disait qu'elle n'avait pas si mal choisi. Le collier autour de son cou ne lui allait pas trop mal.

"Bon… puisqu’on en est aux cadeaux... Tiens."

Elle avait sorti un enveloppe de ses affaires. Louisa l'observa avec circonspection... Une enveloppe, pour elle, ça voulait dire de l'argent, et si c'était le cas, elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir très déçue, mais elle n'avait pas encore ouvert. Quand elle regarda le contenu de l'enveloppe, son regard s'illumina tout à coup. Un voyage en Egypte ! Elle lui offrait un voyage en Egypte.

-Waow... c'est sérieux ? demanda-t-elle en observant le contenu de l'enveloppe avec des yeux ébahis. C'est... trop... Trop, oui, mais elle n'avait pas du tout envie de renoncer à un tel cadeau, vraiment pas. Et ton boulot ?

C'était bête, elle devrait se contenter de la remercier, d'apprécier son cadeau à sa juste valeur (parce qu'elle en était vraiment heureuse, très sincèrement), mais forcément, ses vieux reproches refaisaient surface. Sa mère avait pris l'habitude de se noyer dans son travail, c'était le principal grief qu'elle avait à l'encontre de sa mère, et elle ne pouvait pas le faire disparaître en deux temps trois mouvements.

"Mon boulot ?"

Avec le ton que sa mère employa, Louisa comprit bien vite qu'elle avait mis les pieds dans le plat, en évoquant un sujet qui ne manquerait jamais d'être épineux entre elles, et étant donné le cadeau qu'elle venait de lui faire, elle s'en voulait un peu pour ça. Elle avait bien envie de mettre un peu d'eau dans son vin pour que cette conversation ne se passe pas trop mal quand même. Mais en même temps, elle n'avait pas envie de retirer sa question, ce n'était pas en ignorant que le travail de l'infirmière accaparait beaucoup de son temps et avait distendu le lien entre la mère et la fille qu'elles partiraient sur des bases plus apaisées. Elles avaient beaucoup de travail devant elles. Et ça pourrait bien leur prendre des semaines, des mois, des années... Voire plus ? Va savoir.

"Ce sera pendant les vacances d'été, ce ne sera pas un souci."

D'accord, c'est vrai que l'infirmière de Poudlard n'avait pas de raisons de travailler pendant les vacances scolaires mais ça ne donnait pas forcément à Louisa l'impression qu'elles soient plus présentes l'une pour l'autre, mais ça, elle voulait bien admettre que ça devait quand même relever d'un manque d'efforts de sa part. Là, avec ces vacances, ce serait pas pareil, elles changeraient d'ambiance et de décors... du coup, ça avait peut-être de meilleures chances de bien se passer, non ? Elle comptait prendre sur elle et faire des efforts pour que ce soit le cas.

-Ok... Elle eut un moment de flottement, où elle songea qu'elle devait vraiment passer pour une fille ingrate. Ce n'était pas son intention, pourtant. Mais elle avait des vieux réflexes, qui avaient un peu trop l'habitude de la chatouiller un peu même quand elle voudrait faire abstraction. Désolée. Elle n'expliqua pas pourquoi elle s'excusait, elle se disait que ça coulerait de source. Elle s'excusait parce qu'elle se rendait bien compte qu'elle s'était montrée trop négative comme ça avait un peu trop tendance à être le cas dans son cas. Merci, ça me fait plaisir, vraiment.

Elle se rendait compte qu'elle ne la remerciait que maintenant pour son cadeau alors que c'était un peu la moindre des choses. Elle devait vraiment lutter contre ses vieux réflexes à l'heure actuelle. Pour sa mère, ça ne devait pas être simple à vivre.

"Je suis contente que ça te plaise"

C'était rare que l'infirmière de l'école ait l'air vraiment contente, mais là, effectivement, elle n'avait pas juste l'air de le dire, elle avait l'air de le penser, aussi. Voir un sourire, même très fin, s'afficher sur les lèvres de sa mère, ben elle devait bien avouer que ça la rassurait, que ça lui faisait chaud au coeur. Elle devait vraiment se montrer enthousiasmée par ce cadeau, parce qu'il avait l'air évident que sa mère y avait mis toute son âme, tout son enthousiasme. Elle avait un peu d'appréhension à l'idée de passer des vacances tout entière seule à seule avec sa mère alors qu'elles avaient un mal fou à communiquer, toutes les deux. Mais si ça pouvait les aider à se retrouver, ce n'était sûrement pas plus mal. Elles en avaient grand besoin, en tout cas. Dans des moments compliqués comme ceux qu'elles vivaient en ce moment, c'était quand même une bonne chose d'avoir encore avec soi une personne qui nous est chère. L'exemple de Rhian lui avait servi. Elle n'avait pas à se plaindre alors qu'elle avait la chance d'avoir encore sa mère. C'était fou quand même.

"Allez, mange, ton repas va être froid."

Louisa planta sa fourchette dans son assiette et s'exécuta. Le plat n'avait pas eu le temps de refroidir. Ce n'était pas de la grande cuisine, mais la bleue et bronze pouvait quand même reconnaître les efforts de sa génitrice, qui ne cuisinait pourtant jamais. Louisa mangea avec appétit et refusa catégoriquement de se plaindre. Elle savait bien que ce ne serait pas de bon ton et ce n'est pas non plus ce qu'elle voulait.

-C'est bon, la complimenta-t-elle en mentant peut-être juste un tout petit peu, même si elle avait déjà mangé des repas bien pire. Puis après un long moment d'hésitation, elle décida de reprendre la parole. Il y avait plein de sujets qu'ils n'avaient pas pris la peine d'aborder. Maintenant, il fallait peut-être qu'elle profite de ce moment d'accalmie pour se jeter à l'eau ? Dis maman, je peux te poser une question... ?

L'entrée en matière était timide, mais elle arriverait peut-être à se montrer plu incisive par la suite.

"Je t'écoute."

Louisa savait que sa mère cherchait à faire des efforts, qu'elle tentait d'apaiser les tensions entre eux (et elle n'était pas la seule, Louisa aussi avait envie de mettre de l'eau dans son vin, même si ses vieux démons venaient lui chuchoter à l'oreille de temps à autre). Pour l'instant, ça l'arrangeait, que sa mère soit disposée à l'écouter. Et donc à l'entendre, aussi, les deux vont de pair. Parce qu'elle n'avait pas fermé le dialogue directement, elle voulait savoir ce qu'elle avait à dire. Maintenant, la jeune bleue et bronze savait bien que sa mère ne serait peut-être pas si disposée à tout lui dire quand elle comprendrait ce que sa fille lui voulait plus précisément, mais il était trop tard pour s'en soucier, maintenant. Elle avait l'intention de poser sa question honnêtement, elle espérait que la réponse de son interlocutrice serait tout aussi sincère. Mais la vérité, c'est qu'elle avait quand même un doute ou deux sur le sujet, elle attendait d'être convaincue, et peut-être de faire sauter un verrou de plus de l'immense porte qui faisait office de barrière entre eux.

-Pourquoi tu as dû prendre une assistante ? choisit-elle de demander en ne prenant aucun détour. Où est-ce que tu pars quand Mrs Colloway te remplace ?

Voilà qui était dit. Elle avait envisagé de se montrer plus subtile que ça, mais elle n'y arrivait pas. Elle était du genre franche et directe, et il n'y avait pas à chercher longtemps pour comprendre de qui elle tenait, également. Elle se posait la question, et elle n'arrêtait pas de penser que ça pouvait à être lié avec tout le reste qu'elle traversait. Elle avait beaucoup de questions en tête, et si sa mère pouvait lui apporter même un semblant de réponse, ce serait un vrai soulagement pour elle. Elle se sentirait mieux, si au moins, elle avait la certitude que sa génitrice ne lui cachait rien. Elle avait peur d'être déçue, elle avait une légère boule au ventre, et ça n'allait pas du tout s'améliorer. Elles vivaient un tournant complexe de leurs existences respectives, et ça allait forcément changer beaucoup de choses pour eux. Qu'ils le veuillent ou non, ça allait avoir un impact sur eux.

"Nulle part"

Louisa croisa les bras et adressa à sa mère un regard suspicieux et sévère. Ce n'était pas une réponse, ça ! Comment ça, elle n'allait nulle part ? C'est rien, nulle part, et pour la jeune fille, c'était bien la preuve qu'il y avait anguille sous roche. On pouvait même dire que ça coulait de source. Si elle allait vraiment quelque part, et qu'elle n'avait rien à se cacher (parce que personne n'allait jamais nulle part), eh bien elle n'aurait pas besoin d'utiliser des expressions toutes faites et des réponses vagues, elle lui dirait la vérité. Là, Louisa était franchement fatiguée par tout ça, elle avait l'impression que quand un truc allait mieux, il fallait qu'un autre truc dégénère et vienne tout foutre en l'air. Comme un genre de cycle infini duquel elles seraient infichues de se dépatouiller. Dans le genre déprimant, on faisait pas mieux. Louisa en voulait à sa mère, parce qu'elle pensait qu'elles étaient en train d'établir un climat de confiance mutuelle, et elle était en train de tout gâcher. C'était pas juste ! Elle s'en fichait, de ses excuses, elle avait pas envie qu'elle détourne la question, comme ça. Elle voulait qu'elle soit franche, point barre. Mais c'était au-dessus de ses moyens, visiblement.

-Tu mens, répliqua amèrement Louisa, en fixant sa génitrice avec défi. Elle n'y passait pas par quatre chemins, et tant mieux. C'était bien fait pour elle. Elle l'avait cherché. Elle avait qu'à se montrer sincère envers elle. C'était de sa faute, c'est tout, elle demandait pas grand chose, elle ! Juste être impliquée dans la vie de sa mère. Est-ce que c'était vraiment inenvisageable à ce point-là ? Nulle part, ça existe pas, ajouta-t-elle pour enfoncer le clou bien comme il faut. Et pourquoi ils te proposeraient une assistante maintenant alors que tu te débrouillais très bien sans ça avant ?

Très bien se débrouiller, c'était vite dit, surtout de la part de quelqu'un qui reprochait tout le temps à sa mère de ne pas être suffisamment présente et de passer son temps au boulot, mais en même temps, la présence de Sasha Colloway n'avait pas l'air d'avoir changé quoi que ce soit au schmilblick, maman était toujours aux abonnés absents quand il fallait.

Contrairement à ce que les apparences pourraient laisser croire, Louisa n'avait aucune envie de gâcher le moment qu'elle était en train de partager avec sa mère. Elle avait vraiment été contente que la situation se soit apaisée entre elles, qu'elles puissent partager un bon dîner sans que ça parte en vrille et qu'elles se prennent la tête. Elle avait besoin de sa maman, c'était un fait, c'était la vérité. Mais c'est pas pour autant qu'elle allait fermer les yeux sur ce qui la dérangeait. Justement, puisqu'elles en étaient là et que tout se passait bien, elle se disait que c'était le moment idéal pour évoquer les sujets qui fâchent. Pas parce qu'elle avait envie d'enfoncer le clou ou quoi, juste parce qu'elles étaient peut-être capables d'en discuter sans se prendre le chou. Mais en fait non, elles n'en étaient pas capables. L'une comme l'autre s'étaient braquées en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et il n'en avait pas fallu plus pour que tout parte en vrille de nouveau. C'était un grand souci que partageaient la mère comme la fille (du coup leur lien de parenté sautait aux yeux, là) : elles avaient leur fierté, et montaient facilement dans les tours quand une situation leur déplaisait. Trop facilement.


"Pour me permettre de passer plus de temps avec toi, peut-être ?"

Louisa pouvait comprendre que son comportement l'avait blessée, et elle aimerait se sentir touchée par les explications de sa mère, mais elle ne pouvait que constater que ses arguments ne tenaient pas la route. D'accord, elle était là maintenant, d'accord, elles projetaient de passer des vacances ensemble. Mais au quotidien, elle n'avait pas vraiment le sentiment que les choses aient changé ou évolué. Comme d'habitude, elles stagnaient, et plus elles prendraient soin de se cacher des choses, pire ce serait. Sauf que là, c'était pas elle qui faisait des cachotteries à l'autre. Elle pouvait bien prendre sa fille pour excuse avec n'importe qui d'autre et tenter de passer pour la mère de l'année, mais elle, elle n'était pas dupe, elle savait à quoi s'en tenir.

-Si c'est le cas, pourquoi j'ai pas vu la différence ? répliqua-t-elle du tac-au-tac.

Aux oubliettes, tous ses efforts, elle n'était plus d'humeur.

"Tu es injuste"

Louisa sentit son sang ne faire qu'un tour en entendant sa mère lui dire une chose pareille. Elle, injuste, vraiment ? Super... Bientôt, sa mère allait dire que tout était de sa faute et qu'elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Franchement, elle trouvait ça totalement abusé. Aux dernières nouvelles, ce n'est pas elle qui mentait et s'inventait des excuses, ici. Louisa essayait d'être juste, de prendre sur elle pour que tout se passe bien, mais en attendant, elle trouvait quand même qu'elle était en droit de se poser les questions qui lui venaient à l'esprit. Il se passait un truc dans la vie de sa mère, elle le voyait bien, et ça la tuait qu'elle ne soit pas juste capable de mettre carte sur table et de tout lui dire. C'est sûr que la conversation ne serait pas agréable, mais de toute façon, elle ne l'était déjà pas quoi qu'il en soit, alors autant limiter les frais. Visiblement pas. Au lieu de se remettre en question, sa mère préférait la fustiger. C'était à se demander qui était la mère et qui était la fille, dans l'affaire. Ce qui est sûr dans tous les cas, c'est qu'elles ne partageaient vraiment pas le même sang pour rien.

"Et ce n'est pas à moi de faire tous les efforts, Louisa."

On marchait sur la tête. Elle osait vraiment dire ce qu'elle venait de dire ? Louisa avait le sentiment de ne faire que ça constamment, des efforts. Si sa mère n'était pas capable de s'en rendre compte, ce n'était pas de sa faute quand même. En attendant, elle avait vraiment l'impression d'être prise pour une bille, et si ça vous est déjà arrivé, vous devez savoir à quel point c'est désagréable de façon générale.

-Mais je fais que ça, contrairement à toi ! se plaignit Louisa d'un ton indigné. Mais partant de là, et parce que l'esprit de contradiction, c'était un truc que les Sparkley maîtrisaient quand même pas mal chacune de leur côté, elle avait vraiment l'intention de plus faire d'efforts du tout. Tu sais quoi, j'ai plus faim, je vais aller me coucher. Elle se leva d'un geste, décidée. Et t'embêtes pas pour les vacances, t'auras sûrement mieux à faire et ça me tente pas tant que ça, finalement.

Et sur cette petite sortie dramatique, la miss décida de quitter les lieux