« Ne fais pas de vague, ne te fais pas remarquer, et comme ça tout ira bien », c'était ce qu'avait répété sans cesse Mrs Hopkirk à son fils durant toute son enfance et même après, conseil avisé, que James a suivi toute sa (raisonnablement courte) vie. Ce qu'on peut dire de James, sans craindre de se tromper, c'est que c'est un homme plutôt effacé. En fait, il est assez aisé de ne pas le remarquer tant ce dernier fait tout pour passer inaperçu. Ce n'est pas vraiment une question de timidité, ou de manque de sociabilité, quand James doit s'exprimer en public, il n'a aucun mal à le faire, mais il n'apprécie pas outre mesure se faire remarquer, il n'en voit pas l'intérêt. Se faire tout petit reste, en toutes circonstances, le meilleur moyen de vivre sa vie le plus calmement et posément du monde. James n'est pas aventurier ou ambitieux, il a appris à se satisfaire amplement de ce qu'il a... enfin... pendant un bon moment, il avait réussi à le faire sans le moindre problème.

James est un garçon cultivé... quand bien même il n'avait reçu, dans sa prime jeunesse qu'une éducation plutôt faible (étant issu d'un milieu très modeste), car lecteur assidu, et passionné de livres, il en a lu plus que la moyenne. C'est, à vrai dire, l'un de ses seuls centres d'intérêt... étant libraire, personne ne peut lui reprocher de passer son temps à lire, et c'est plutôt plaisant. De fait, sans être l'être le plus intelligent de l'univers, James est plutôt doué dans son domaine, et est capable de tenir une conversation avec autrui sans avoir l'air complètement idiot ou inculte.

Et sinon ? James ne s'ennerve que rarement, mais est tout de même d'une grande susceptibilité. Il supporte très mal la critique. S'il ne vous engueulera pas au moindre reproche, attendez-vous à le voir bouder. Puéril ? Un peu, par moments, je dois dire. James peut se comporter en vrai gosse, quand il le veut. Enfin, quand il ne boude pas, James est quelqu'un de poli et de très aimable, ce qui est plutôt une bonne chose, quand on est commerçant, après tout. Il a été élevé dans le respect d'une morale très stricte, en conséquence, il est très respectueux de la bienséance.

De manière générale plutôt résigné, James est loin d'avoir un caractère de battant, bien au contraire. Se battre au nom de ce en quoi il croit, c'est une chose qu'il ne fait pas. Parce que... bon. Ce serait déjà se faire remarquer. Moins il fait parler de lui, mieux il se porte. Soucieux du regard des autres ? Bien sûr ? Qui ne l'ait pas, après tout ! Seuls les abrutis prétendent s'en moquer, et ces gens-là n'ont rien comprit.

Autre chose à ajouter ? James n'a pas d'humour. Oh, il apprécie celui des autres, mais lui... voilà, il est incapable de faire la moindre blague sans qu'elle tombe à plat, ce n'est pas un pitre... en fait, beaucoup diront qu'il est ennuyeux à mourir, et James sera plutôt d'accord... car oui, en plus du reste, il n'a qu'une très faible estime de lui-même.

Ce qu'on peut dire de James physiquement ressemble un peu à ce qu'on peu dire de lui moralement. Il a un physique banal, discret, passe-partout. Les gens qu'ils croisent ne se retournent pas sur son passage, il n'a rien d'exceptionnellement beau...ni rien d'exceptionnellement laid non plus, bien sûr. Il n'a rien d'exceptionnel tout court. C'est vrai que si on le regarde de près, on peut lui trouver du charme, sa femme n'a jamais eu à se plaindre de son aspect physique, d'autant plus que son hygiène de vie est particulièrement rigoureuse.

James est maigre. Voire trop maigre. Il faut dire qu'il n'est ni un fin gourmet, ni un bon vivant. Il ne mange que très peu et – sacrilège – les repas ne sont pas les moments qu'il apprécie le plus dans sa journée. Sa maigreur et sans doute ce qui fait, en partie, sa transparence, outre le fait qu'elle lui donne l'air un peu fragile : il donne le sentiment de pouvoir s'envoler au moindre coup de vent. Il n'est pas très grand, par ailleurs ; même s'il reste d'une taille raisonnable.

Son visage, lui, est peut-être plus marqué et remarquable que le reste de sa physionomie, bien qu'il sache passer inaperçu, puisque James le veut bien. Les cheveux du libraire sont noirs et s'accordent parfaitement avec ses yeux marrons foncés. Oui, au moins peut-on dire qu'il a un corps plutôt harmonieux, et c'est déjà ça.

Jamais extravagant, il ne portent que des tenues susceptibles de lui permettre de se fondre dans la masse, sombres pour la plupart... avoir l'air normal, voilà qui lui convient parfaitement. À quoi bon laisser le regard des autres peser sur vous quand vous pouviez vous l'épargner.

La vie de James n'a pas grand chose de bien palpitante. Il est né dans l'hôpital moldu d'Inverness où son père avait lui-même déjà vu le jour. Son père, Jeremy Hopkirk, était vendeur dans un bureau de tabac, sa mère, Lylian Baldwin de son nom de jeune fille, était serveuse... dans un pub irlandais... et moldu. Bien que cette dernière soit une sorcière, elle avait choisi de vivre côté moldu avec son mari après que tous les deux se soient marié (et que Mr Hopkirk se soit fait à l'idée de ce qu'était vraiment son épouse). Bien que vivant très modestement (leurs revenus respectifs ne leur permettait pas de mener la grande vie, loin s'en faut), ils vivaient heureux.

Oui, aucun drame familial au sein de la famille Hopkirk, James avait grandit au sein d'une famille aimante, qui faisait au mieux pour qu'il ne manque de rien, quand bien même ils n'avaient pas les moyens de lui offrir ce qu'il aurait pu vouloir. En soi, ce n'est pas une mauvaise chose, ça a forgé son caractère. James n'est jamais exigeant, ne demande jamais plus que ce qu'il a, et nul doute que cette enfance très humble l'aura aidé à se contenter de ce qu'il a... en général.

James fut élevé comme un moldu. Et comme il ne devait jamais y avoir de vagues dans sa vie, ses pouvoirs se manifestèrent d'une façon on ne peut plus banale. Ses ongles de doigts de pied changèrent de couleur. Puis revinrent à la normale. Ce fut tout. Inintéressant au possible, n'est-ce pas ? Bref. James était donc un sorcier. Ce n'était pas une grande surprise, pour ses parents... qu'il reçoive une lettre de Poudlard non plus. Oui oui, une vie sans surprise.

À Poudlard, il fut envoyé à Serdaigle. Il aima le temps qu'il passa dans l'école de magie, les quelques amis qu'il s'y fit, et surtout, surtout, la gigantesque bibliothèque que possédait l'établissement. C'est là qu'il passait le plus clair de son temps. C'est également là qu'il rencontra Lindsay, une poufsouffle de la même année qu'elle, avec laquelle il se lia d'amitié... Il s'avéra rapidement que la jeune fille était amoureuse de lui. Lui ? Oh... eh bien... il supposait qu'il l'aimait, même s'il se disait que l'affection qu'il ressentait à l'égard de Lyndsay ne ressemblait pas à l'idée quelque peu idéaliste qu'il se faisait de l'amour... Ceci dit, il se disait qu'il lisait tout simplement trop, et que, au pire, l'amour viendrait avec le temps.
Ils se marièrent un an après leur sortie de Poudlard, après que tous les deux aient trouvé un emploi relativement stable.

Lyndsay, toujours agréable et souriante, fut employée comme vendeuse chez Honeydukes, et James, grand amoureux des livres, fut, lui, pour son plus grand bonheur, employé chez Fleury & Bott.
C'est là qu'il fit la rencontre d'Ethan, son... collègue. James ne mit pas longtemps à se sentir attiré par lui, mais beaucoup plus de temps à reconnaître (plus ou moins) qu'il l'était. Tous les deux ont eu une aventure d'un soir. Qu'ils ont aussitôt fait de qualifier d'erreur. Après tout, ce n'était pas comme s'ils étaient vraiment... enfin bref. La question ne se posait même pas, de toute façon. James était marié à Lyndsay. Et il aimait Lyndsay (sisi) . Sans avoir même eu à se consulter à ce sujet, ils choisirent de faire comme si rien ne s'était passé, et de ne plus JAMAIS parler de ce soir. Jusqu'ici, ils s'y tiennent plutôt bien. L'ennui ? C'est que James n'arrive pas à oublier si facilement ce qui s'est passé. Pire, il n'a pas envie de l'oublier.
Vous vous souvenez de son opinion au sujet du sentiment amoureux qu'il ne ressentait pas parce qu'il l'avait sûrement idéalisé ?...
...Eh bien...