Le battement d'ailes d'un papillon... [pv les voyageurs]

La salle sur demande, devenue leur éternel lieu de réunion. Luna se plaisait autant dans cet endroit qu’elle appréhendait parfois de s’y rendre : il était pour elle ce lieu de communauté où elle avait passé parmi les meilleurs moments de sa vie (la bleue et bronze comptait les réunions de l’armée de Dumbledore parmi les plus parfaits de ses souvenirs), ainsi que les plus déstabilisants… Car à présent, chaque fois que l’un d’entre eux suggérait qu’il faudrait qu’ils se retrouvent, tous savaient qu’un point sans doute grave allait être soulevé, que les débats allaient être nombreux (généralement, ils se résumaient tout de même à « tous contre Ginny »), et qu’ils étaient probablement en danger. La seule fois, il faut bien le dire, où ils avaient tous les six été réunis sans qu’un point si grave ait été soulevé, avait été le jour de son anniversaire. Comme quoi, tout était possible. L’occasion, cette fois, ne serait cependant pas festive, Luna n’en doutait pas un seul instant. Les nouvelles étaient tombées ce matin. Tout le monde, depuis que les premiers boutons de radio avaient été tournés et les premiers journaux ouverts, ne parlait plus que de ça. Bonnes nouvelles aux dires de beaucoup, excessivement mauvaises pour les voyageurs.

Gellert Grindelwald était mort. Nombreux étaient ceux qui s’en voyaient soulagés, et les voyageurs auraient pu l’être, eux aussi, s’ils ne saisissait pas toute l’ampleur du problème que cela posait. Ce duel dont Dumbledore devait sortir victorieux aurait dû non pas tuer le mage noir, mais simplement conduire à sa mise en prison. Les voyageurs n’étaient bien sûr pas sans savoir que leur petit bond dans le temps aurait forcément une influence sur ce qui se passerait dans l’avenir, dans leur présent… mais un tel changement dans le cours de l’événement, dans le cours de l’Histoire, ne pouvait qu’avoir une influence d’égale importance… Dans leur cas, Merlin savait dans quel état ils retrouveraient leur monde quand ils y retourneraient… si toutefois ils arrivaient à y retourner. Bref, l’heure était grave. Et d’un commun accord, ils avaient convenu qu’une nouvelle réunion entre voyageurs ne serait pas de trop, et avaient décidé de se retrouver dans la salle sur demande aux environs de 18h, peu après la fin des cours.

Luna ne suivant pas le cours d’étude des moldus qui avait lieu en fin de journée ce jour là, elle décida, dès que se termina son cours d’Histoire de la magie (au cours duquel leur professeur revint en long en large et en travers sur ce qui s’était passé la veille, et sur les implications que cela pourrait avoir dans le monde de la magie), de se rendre directement dans la salle sur demande. Elle ne réfléchit même pas à la façon dont elle voulait trouver la pièce une fois qu’elle aurait tourné en rond trois fois de suite devant la tapisserie de Barnabas le Follet. D’instinct, elle le savait dors et déjà.

Quand une porte apparut en lieu et place de la tapisserie, Luna ne fut pas surprise de constater que la salle va et vient avait prit l’aspect exact qu’elle avait eu toute l’année précédente lors des réunions de l’AD : une pièce composée majoritairement d’une gigantesque bibliothèque, avec ses coussins disposés au sol qui permettaient, à l’époque (et donc à l’avenir) de supporter les chutes après s’être prit un sortilège de plein fouet. Luna s’y sentait bien… comme au bon vieux temps. Un temps qui, par la force des choses, n’existerait sans doute plus. Plus jamais. Dans un léger soupir, elle se laissa tomber sur l’un des moelleux coussins posés au sol. Assise en tailleur, le regard perdu dans le vide. Elle ne fit rien… et se contenta d’attendre que l’un de ses camarades ouvre à son tour cette porte et la rejoigne.

Quelle journée! Gin’ s’était à peine levée que les emmerdes avaient déjà commencé. Enfin, non, j’exagère : dans le trajet entre son lit et la salle de bain, et dans celui entre la salle de bain et la grande salle, il ne s’était rien passé de franchement exceptionnel. C’est une fois habillée, et installée à la table du petit déjeuner que les choses avaient commencé à déconner. Ça a débuté comme un rien. Les hiboux ont voleté au-dessus des tables, comme tous les matins, Gin’ ne recevait rien, comme tous les matins… Pendant qu’elle mangeait ses céréales, des murmures excités se faisaient entendre, d’abord juste un peu, puis de plus en plus. Gin’ entendait tout d’abord juste des mots isolés : Dumbledore, Grindelwald, une ville bulgare au nom imprononçable. Encore dans les choux, la rouquine n’avait aucune idée de la date du jour, et de son importance. Ce n’est que quand Hermione lui mit la une de la gazette du sorcier sous le nez que Gin’ comprit. Enfin, d’abord, elle pensa juste « Ah, c’était hier ». Parce que bon, le duel entre Dumbledore et Grindelwald, c’était un peu sur toutes les cartes chocogrenouille du vieux barbu à son époque, puis, pressée par sa camarade, elle lut l’article en détail, et elle commença à comprendre ce qui n’allait pas.

Ok. Les choses étaient VRAIMENT en train de déconner sévèrement. Gin’ avait toujours su que leur arrivée allait foutre la merde, qu’ils auraient le retour de boomerang de ce fichu effet papillon. Surtout, que ce stupide papillon allait se brûler les ailes. Pour une fois, Gin’ ne râla pas et était de l’avis du reste du groupe : il fallait qu’ils aient une discussion, ça urgeait. Même s’ils ne pourraient pas faire grand-chose. Ils ne pouvaient pas revenir en arrière, revenir en arrière encore. Gin’ aurait bien aimé réussir à penser à autre chose le reste de la journée, mais c’était tout bonnement impossible, tous les bruits de couloirs, tous les professeurs ne parlaient que de ça. Et c’était de leur faute. Ça paraissait dingue, mais c’était vrai, si le cours de l’Histoire était bouleversé, c’est parce qu’ils étaient là. Ils avaient tué Grindelwald. D’accord, c’était pas une grosse perte. Mais quand même…

Finalement, Gin’ avait hâte que le soir arrive, et qu’elle puisse en parler avec eux cinq, les seuls à pouvoir comprendre ce qu’elle comprenait… même si la situation restait toujours un peu tendue entre elle et les autres. Personne n’était vraiment revenu sur le fiasco de la chambre des secrets, parce qu’ils savaient tous que ça aurait été amorcé une bombe et qu’ils n’avaient pas besoin de ça.

À l’heure dite, même un peu avant, Gin’ se rendit dans la salle sur demande. La rouge et or pensait qu’elle serait la première, mais non, Luna était déjà là, et elle avait planté le décor. Gin’ était contente que Luna soit pour l’instant la seule présente, sa présence avait toujours eu quelque chose d’étrange, c’est vrai, mais de bizarrement apaisant. Comme le décor qu’elle avait choisi, celui des réunions de l’AD.

"C’est dingue, on se croirait chez nous." remarqua Ginny en examinant la bibliothèque.

Elle s’assit sur un coussin, en face de Luna. Elle voulut lui demander comment elle allait, et comment elle prenait les choses, mais à ce moment là, la porte de la salle se rouvrit…

Ron arriva dans la salle sur demande, depuis ce matin, l'atmosphère était lourd, depuis l'annonce de la mort de Grindelwald. Le mage noir était mort, ce qui n'était pas arrivé dans leur monde. Ce qui voulait dire que le futur était maintenant diffèrent. Il ne comprenait pas vraiment toute cette histoire sur le voyage dans le temps. Mais d’après ce que Hermione avait expliqué, leur arrivé avait déjà changé las choses, et même la mort de Grindelwald. Ils avaient donc changé le futur. Mais comment était-il maintenant? Mieux? Pire?

Qu'est ce qui s'était passé dans leur monde? Est-ce que sa famille allait bien? Et les amis qui n'étaient pas là? Il soupira et s'installa sur un cousin aux côtés des deux filles, sans même faire attention à la forme qu'avait pris la salle pour leur entretien secret.
"Salut les filles" dit-il quand même, même si il avait déjà vu ce matin, alors que tous venait de recevoir leur journal dans la Grande Salle. Tout le monde y avait été de leur petit commentaire. Beaucoup avait été soulagé de voir ce mage noir, défait. Pourtant Ron n'avait pas pu se réjouir, imaginant le pire pour son époque.

"Où sont les autres?" demanda-t-il en regardant autour de lui, remarquant pour la première fois la forme de la pièce. C'était la même que durant leur entrainement de l'AD. Il soupira, il aurait bien aimé revenir à ce moment là. Si ils ne trouvaient pas le moyen de rentrer, il lui faudrait attendre cinquante ans pour revoir ce moment, et il serait un vieillard. Dire que dans moins de dix ans, sa propre mère viendrait au monde. Il serait plus vieux que sa mère, cette réflexion lui donna la migraine. Il secoua sa tête, et se concentra sur le problème actuel.

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