Ces promesse qu'on est obligé de tenir [pv Oly & Dan']

L'heure était grave... Enfin, c'était certainement ce qu'il faudrait dire dans une situation telle que celle-ci... Mais Tom ne se sentait ni tendu, ni anxieux... Il savait ce qu'il faisait.. ou du moins, il savait qu'il n'avait rien à craindre... Si la situation était particulière, il savait qu'il concervait l'avantage. Après tout, Tom Jedusor ne faisait jamais rien qui puisse lui nuire, n'agissait jamais hâtivement, sans être certain de l'infaillibilité de ses plans. Donc, l'heure était grave, peut-être, mais Tom n'agissait pas vraiment comme si c'était le cas... au contraire. Il avait commencé sa journée normalement, et comme si rien de particulier ne se produirait l'après-midi même. C'était à peine s'il y avait pensé, à vrai dire. à quoi bon ruminer quant à l'inévitable? Surtout quand cet inévitable n'était pas forcément une si mauvaise chose.

L'heure était grave... Mais pourquoi l'heure était-elle grave? Vous êtes assis sur votre fauteuil, vous contemplez vos écrans d'un regard vide, et vous vous interrrogez... Ou peut-être pas. Peut-être avez-vous beaucoup d'autres choses à faire? Peut-être que vous vous en fichez... Peu importe, après tout, on se passera de votre avis. Mais je vais quand même vous expliciter tout ça. Parce que c'est bien, aussi, d'expliciter... Ce soir, Tom allait faire une chose qu'il ne pensait jamais devoir avoir à faire... une chose assez importante pour que même Daniel, qui passait son temps à s'applatir devant lui, use de tous les modes de supplication possible pour le dissuader de faire ce qu'il ferait malgré tout, parce que l'avis de Daniel ne comptait pas, et que de toute manière, il était allé trop loin maintenant pour que la possibilité même de faire marche arrière puisse être envisagée. Vous voulez savoir, hein? Vous brûlez d'impatience, pas vrai? (ou pas)... Ne vous faisons plus attendre, alors.
Voilà. L'heure était grave. Ce soir là, Tom allait faire... le serment inviolable (imaginez une musique super dramatique en fond sonore).

Comment en était-il arrivé à une telle extrémité, de quelle manière Tom avait-il fini par se résigner à accepter un tel serment? Eh bien... les circonstances de la vie sont parfois inattendues, Tom en faisait les frais une fois de plus. Quelques semaines plus tôt, il ne l'aurait en effet jamais supposé, que l'heure serait grave. Et grave à ce point. Accepter de faire le serment inviolable, c'était accepter de dépendre, en quelque sorte, de quelqu'un d'autre. Mais il l'avait voulu, finalement, il l'avait même décidé. Donc peut-être l'heure n'était-elle pas vraiment grave, elle s'alignait parfaitement sur le plan que Tom avait conçu, et pour Tom, en ce moment, les plans se superposaient tant et si bien que des événements d'une vie aussi importants que pouvaient l'être un serment inviolable devenaient presque des événements secondaires. Et puis, il n'aurait jamais accepté s'il ne savait pas qu'il pouvait trouver là tout son avantage. Avoir Daniel à sa botte, c'était une chose, mais avoir quelqu'un à sa merci, sans presque aucune restriction, et sans possibilité de trahison, c'en était une autre... et au final, c'était sans doute bien plus interressant.

L'autre "victime" de ce serment inviolable? Car il y a toujours deux "victimes" (sauf que l'une l'était plus que l'autre ici, en l'occurence. Aux yeux du serpentard), c'était Olive Hornby, une serpentard parmi tant d'autres, avec qui Tom n'avait ni affinité, ni sympathie... Une vert et argent parmi tant d'autres, qui aurait parfaitement pu passer inaperçu, si elle n'avait pas commis l'erreur quelque peu tragique (dans tous les sens du terme) d'être malade.
Les choses s'étaient décidé relativement rapidement... et étonament naturellement, comme s'il n'y avait rien de plus normal de faire des serments aussi dangereux, comme ça... Mais Tom, du haut de ses seize ans, n'avait pas pour habitude d'agir de façon normale... Après tout, quand on avait déjà tué le reste de sa famille et une ado qui n'avait rien demandé à personne, un serment inviolable, ça devenait nettement moins grandiose.

Bref... Quand le moment fut venu, ce fut avec calme et décontraction que Tom se dirigea en direction des toilettes qui étaient depuis peu surnommées les toilettes de Mimi Geignarde, en l'honneur du spectre qui terrorisait désormais toute élève ayant un besoin pressant. Rien à craindre de sa présence, Tom avait choisi l'heure de leur rendez-vous afin qu'elle corresponde à celle durant laquelle Mimi avait l'habitude de zyeuter du côté des toilettes des garçons (allez savoir pourquoi, elle semblait prendre à coeur ce rituel du samedi après-midi). Personne d'autre que Tom n'ayant jamais jugé utile d'analyser les faits et gestes de Mimi, personne ne devrait venir les déranger (les filles avaient déjà compris que les toilettes du deuxième étage étaient un lieu à éviter).
Il était le premier à être arrivé. Patiemment, il attendit donc, sans grande appréhension.

Music: Animal I Have Become - Three Days Grace

Muzicons.com

Perdue. Seule au milieu de ses couvertures si familières. Seule dans le dortoir tellement connu. Et pourtant, elle était perdue… Ce seul mot résumait à peu près l’état d’esprit dans lequel se trouvait notre petite Olive cette dernière semaine. Trop d’éléments étaient venus perturber son quotidien si bien réglé. Elle se levait, mangeait, assistait aux cours, dormait, embêtait les autres élèves de son mieux pour simplement rendre ses journées plus palpitantes. Et tout ça dans l’ordre ou le désordre. Mais depuis qu’il était venu la voir, qu’il lui avait parlé, Olive n’avait plus l’envie de faire passer la peste qu’elle était et sa réputation avant tout. Il avait changé la donne avec quelques mots. Tom Jedusor. Un Serpentard de son année. Et pendant chaque cours, Oli avait à présent l’impression que son regard s’appuyait sur son dos, telle une menace, ou plutôt une incitation à accepter, une incitation pressante. Une incitation dont le poids lui faisait presque courber l’échine. Elle sentait l’avertissement qu’il lui offrait, l'alertant qu’il feignait de lui laisser le choix. Il savait. Il avait deviné. Pour elle, pour tout. Il avait percé son secret, et ce depuis sûrement pas mal de temps. Et il avait sûrement farfouillé un peu partout, pour être sûr de son coup, pour être certain de ne pas se tromper. Pour être sûr aussi que ce qu’elle cachait, avec succès depuis presque sept ans, la demoiselle voulait à tout prix que ce ne soit pas révélé…

Une maladie génétique… Pourquoi le destin lui avait-il imposé ce sinistre châtiment ? Pourquoi son existence était-elle déjà définie alors même que la miss n’avait pas mit le bout de son nez dehors ? Pourquoi donc son organisme ne supportait-il pas la morsure des rayons solaires ? Et si cela venait à se savoir, nul doute que certains en tireront des conclusions. Avec le mariage entre Sangs Purs et l’absence de renouvellement des gènes, c’était sûrement prévisible, non ? Fort probable que cela arrive un jour, peut être. Mais pourquoi ce fut le lot d’Oli’ d’hériter de cette tare génétique ? Cela restait un mystère presque entier pour la demoiselle. Mais si elle s’était depuis longtemps résoute à l’idée que sa vie se terminerait de manière beaucoup trop prématurée, et qu’elle devait par conséquent en profiter plus que n’importe qui, elle n’était pas prête à étaler aux yeux de tous ce qu’elle était vraiment. Par chance, sa maladie n’était que peu visible. Une peau blanche, trop blanche, due à l’absence quasi-totale de bronzage. Et aussi une attitude un peu suspecte, qui ne la faisait jamais sortir au dehors. Et qui la faisait arriver pendant la nuit au château, alors que tout le monde se bousculait à bord du Poudlard Express. De si maigres indices… Et pourtant… Pourtant, il avait réussit l’exploit de la percer à jour. Rien que pour cela, il l’étonnait. Par d’autres aspects aussi. Tom Jedusor lui avait toujours semblé mystérieux. Elle n’avait jamais réussit à cerner son caractère dans son ensemble…

Lasse de réfléchir encore et toujours à ce fichu dénouement, Olive se redressa, ses cheveux s’arrachant de l’oreiller de coton dans quelques crissements d’électrostatisme. Son regard brun se posa sur les plis que formaient les rideaux de son lit à baldaquin, tandis que ses pieds se ramenèrent près de ses fesses, et que ses bras en profitaient pour enserrer ses genoux. Elle avait pris sa décision hier soir, en s’endormant. Restait encore à s’y tenir. Car cela lui semblait si risqué ! Risqué, mais d’un autre côté, il lui offrait sur un plateau d’argent de quoi remplir sa curiosité et un peu de piment dans sa vie qui s’aplatissait, et qui filait entre ses doigts sans qu’elle puise la retenir. Elle fourra son menton dans le creux de ses genoux, fronçant les sourcils d’une manière décidée. Il irait. Un léger coup d’œil à sa montre. 13h45. Il allait falloir qu’elle y aille. Le rendez-vous était prévu à deux heures de l’après-midi, dans les toilettes du Deuxième Etage. Là où celle que l’on appelait maintenant Mimi Geignard c’était faite assassinée. Joyeuse perspective… Elle avait déjeuné, puis était remontée au dortoir, alors que les autres filles avaient pris le parti d’aller terminer leurs devoirs de potion à la bibliothèque. Tant mieux. Le silence l’apaisait.

Malheureusement, il était l’heure pour la miss de quitter ce havre de paix. Soufflant un bon coup, elle s’extirpa du matelas douillet et laça rapidement ses chaussures qu’elle avait enlevées à son arrivée. Lorsqu’elle se redressa, sa robe noire de sorcière aux protectrices manches longues vint recouvrir ses mollets. Et hop, voilà notre petite Hornby qui passe la porte du dortoir, sort de la salle commune, remonte l’escalier menant au cachot et gravit les deux premiers étages, d’un pas rapide et rythmé. Rien de mieux que de s’être décidée, n’est-ce pas ? Elle s’avança dans le couloir, ralentissant légèrement sa marche. Arrivée devant la porte, elle marqua un temps d’arrêt, puis poussa enfin la porte avant de s’introduire dans la pièce. Ses yeux bruns cherchèrent une quelconque présence, qu’elle finit par trouver en la personne de Tom. Elle s’approcha un peu, puis se stoppa à environ deux mètres de lui. Ses prunelles cherchèrent son regard tandis que ses lèvres s’animaient.

- Salut…

Inutile de préciser qu’elle acceptait le marché. Ce serait une pure perte de temps. Sa présence en ce lieu en disait déjà assez long…

Mais... mais sérieusement! Il avait quoi, là, Tom? Il délirait complètement... Dan' ne s'était pas encore remis de cette révélation. Et le pire, c'était que Tom le lui avait annoncé comme ça, tout tranquille, comme si c'était la chose la plus naturelle qui soit. Si c'était naturel, de s'enchaîner à une inconnue par le serment inviolable, ça se saurait? Et puis pourquoi il voulait faire ça? Daniel était le larbin idéal, il idôlatrait Tom, il n'avait pas besoin d'un sortilège pour se jeter aux pieds de son serviteur et accomplir la moindre de ses volontés.... Pourquoi falait-il qu'elle débarque? Elle était malade, et alors? ça lui faisait une belle jambe! Qu'elle crève et qu'ils soient débarrassés, ça vaudrait mieux pour tout le monde... Et surtout pour lui. Il connaissait à peine Olive, seulement vaguement, parce qu'elle traînait parfois avec Ines, mais il la détestait déjà... On ne lui piquait pas Tom comme ça. Daniel? Jaloux? Bah oui, Daniel était toujours jaloux de quiconque se rapprochait un peu trop de Tom. Il était jaloux de Lou, par exemple. En fait, il était presque plus jaloux de ceux qui tournaient autour de Tom que de ceux qui tournaient autour d'Ines (mais chut... mieux valait qu'elle ne le sache jamais).

Il avait eu beau protester, supplier, se mettre à genoux, Tom s'en moquait. Tom s'en moquait toujours, l'avis de Daniel ne comptait pas, l'avis de Daniel ne comptait jamais.... Et comme Daniel ne se permettrait jamais de s'opposer pleinement et entièrement à son grand manitou supérieur, Dan' avait fini par accepter de sceller le pacte d'Olive et de Tom... Dingue. Il allait être l'instigateur de ce qu'il voudrait éviter par dessus tout. Il allait l'encourager. Il aurait suffit qu'il refuse, Tom n'aurait trouvé personne d'autre qui puisse être aussi débile/servile pour faire une chose pareille... Mais Daniel ne refusait rien à Tom, et Tom le savait bien, il ne lui avait même pas demandé s'il était d'accord, il avait juste dit "tu le feras"... Et Daniel allait le faire. C'est malin.

Il vint donc au rendez-vous, lui aussi, espérant vaguement qu'Olive aurait changé d'avis (parce que Tom, lui, ne risquait pas de changer d'avis... Mais il avait eu grand tord de même le supposer... Quand il arriva dans les toilettes des filles, ils étaient en effet déjà là tous les deux, Tom et Olive, à l'attendre... Bon bah...

"Salut."

Quel processus étrange pour trois adolescents... Vraiment bizarre. Même plus que bizarre... Avoir Tom pour "ami" comprenait vraiment son lot de risques et d'aventure.... Et Daniel, s'il n'échangerait sa place pour rien au monde (enfin si, avec Olive, peut-être), appréhendait tout de même.. Il ne fallait pas qu'il fasse tout capoter, mais il n'avait une connaissance que très limitée de ce genre de sortilège (c'est pas comme s'il en faisait tous les jours)... et il avait beau avoir tenté de bien visualiser le processus, il savait que Tom n 'apprécierait pas qu'il se plante. Anxieux, anxieux..

Why so serious? aurait pu demander le jocker face aux têtes de déterrés d'Olive et de Daniel... Mais Tom n'était pas du genre à batmaniser. Il se contenta de répondre à leur "salut" d'un signe de tête. Ceci fait, par soucis de précaution, il vérouilla la porte des toilettes derrière eux avant de se diriger vers le lavabo. Il était assez étrange d'ouvrir la chambre en présence de quelqu'un, il était assez étrange d'ouvrir la chambre des secrets tout court, après s'être pourtant juré qu'il n'y remettrait jamais les pieds, pas parce qu'il n'en avait pas envie, mais parce qu'il serait bien stupide de continuer après les remous de l'année précédente. Il se dirigea vers les lavabos, glissa ses doigts longs et fins sur leur surface jusqu'à ce qu'ils entrent en contact avec la fine et discrète gravure en forme de serpent qui était incrustée sur l'un d'entre eux.

"Ouvre-toi.." fit-il en fourchelangue tout en fixant la gravure.

Aussitôt, le lavabo s'éclaira d'une lueur blanche éblouissante, et commença à tourner lentement sur lui-même. Tom, habitué à ce spectacle, n'y voyait plus rien d'exceptionnel, mais pour quiconque serait arrivé ici, cette vision aurait pu lui paraître totalement insolite. Le lavabo tourna sur lui-même encore quelques secondes avant de disparaître. à sa place, l'entrée d'un immense tuyau, assez grand pour qu'une personne puisse s'y glisser. Tom se tourna vers ses deux interlocuteurs et les invita à descendre dans le tuyau à sa suite.

Ceci fait, il s'y glissa le premier, se laissant entrainer dans ce gigantesque tuyau aux parois visqueuses et humides, qui les entrainaient jusque sous le sol, à la manière d'un toboggan géant. Après quelques minutes, ils avaient tous les trois atterri sur le sol froid et boueux. Il prit le temps de nettoyer sa tenue d'un coup de baguette avant de reprendre sa marche, s'assurant de temps à autres que les autres suivaient. Tom guidait ses deux acolytes comme s'il se contentait de leur faire visiter le plus banal des endroits. Plus ils s'enfonçaient dans le tunnel, plus leurs chaussures étaient attaquées par l'eau glacée.

"ça ne tient qu'à vous, mais si j'étais vous je ne regarderais pas devant moi." fit-il d'une voix calme, qui se répéta en echo dans le tunnel.

En même temps, même avec les yeux ouverts, ils ne risquaient pas grand chose pour le moment, tant l'endroit était sombre, seulement éclairé par la lueur d'une baguette, une lumière peu puissante, le noir était leur allié en de telles circonstances. Même Tom, qui savait bien qu'il ne risquait pas grand chose, se montrait précautionneux, il aurait été assez ironique et stupide de mourir tuer par sa propre créature.
Les trois serpentards arrivèrent finalement face à un mur sur lequel étaient gravés deux serpents (encore), criants de réalisme, entrelacés.
Une nouvelle fois, Tom s'exprima en fourchelangue, et les gravures obéirent aussitôt : les serpents se séparèrent, les deux pans de murs où ils étaient représentés s'entrouvrirent.
Ils étaient dans la chambre des secrets. Cette fameuse chambre qui avait occupé Tom toute l'année précédente. Un vague sourire s'afficha sur le visage de l'héritier de serpentard tandis qu'il en observait le décor. Elle lui avait manqué, cette longue salle éclairée d'une faible lumière verdâtre, au plafond soutenu par de gigantesques piliers de pierre où d'autres serpents sculptés faisaient office de décoration.

"Fermez les yeux!" ordonna Tom d'une façon plus stricte cette fois, même si le ton de sa voix ne s'était élevé que très peu.

Quelques nouveaux mots prononcés en fourchelangue, et la créature apparut. Eh oui, les deux autres ne risquait pas de voir la créature du moment que Tom ne l'appelait pas. Mais il l'appela quand même. Tom avait ordonné au basilic, lui aussi, de fermer les yeux, mais il ne leva la tête que tardivement, au cas où... Mais ce n'était pas la peine, le serpent géant s'était exécuté, il s'était avancé vers le préfet, ses paupières closes donnaient l'impression qu'il était endormi, et qu'il zigzaguait à l'aveuglette, tel un somnambule. Tom le caressa un moment, distraitement, sans se soucier du fait que les deux autres attendaient, derrière lui. Il n'y avait pas de raisons pour qu'il l'appelle, mais quitte à venir, autant qu'il la revoit, cette créature qui avait su lui rendre bien des services l'année précédente... Toujours dans cette même langue étrangère et sifflotante, Tom intima le basilic de s'en aller. Il attendit qu'il ait entièrement disparu avant de se réintéresser aux deux verts et argent.

« Bien, c’est quand vous voulez. »

Music: Je Me Perds - Jena Lee

Oly resta immobile. Elle n’était pas pressée. Pas anxieuse non plus. Elle s’était en quelque sorte décidée à laisser son existence entre les mains de ce presque inconnu de Sixième Année en venant jusqu’ici. Après tout, qu’il fasse ce que bon lui semble, elle jugerait de sa limite d’action par la suite… Mais Olive était tout de même bien décidée à en apprendre un peu plus. Curiosité, quand tu nous tiens… Elle reporta le poids de son corps de sa jambe gauche à sa jambe droite, se demandant légèrement qui ils étaient censés attendre. Mais la réponse ne se fit pas attendre. Un bruit de porte derrière elle, et voilà les cheveux bruns de la miss qui voltigent rapidement sous l’effet du demi tour. Son regard curieux et interrogateur se posa sur le nouvel arrivant. Car il s’agissait d’un garçon. D’un garçon de son année. Depuis les sept années pendant lesquelles ils avaient partagés leurs cours, elle commençait à bien le connaître. Daniel Chaser, parfois surnommé Dan’. Et accessoirement le petit ami d’Ines. Il n’était pas vraiment des amis, mais pas vraiment des ennemis non plus. Ils se connaissaient, se disaient parfois bonjour lorsqu’ils se croissaient, sans plus. Et un quelque chose lui apprit que leur relation allait sûrement évoluer. De manière négative ou positive ? Olive ne pouvait pas encore le dire…

Il leur lança un salut rapide. Loin de lui répondre, Olive se contenta de le toiser du regard. Ce n’était ni pour être provocatrice, ni pour être méchante. C’était juste que les pensées qui défilaient dans sa tête accaparaient à peu près toute son attention. Un problème auquel Olive n’avait pas encore songé. Pour que Tom ait convaincu son ami de venir jusqu’ici, il avait sûrement du laisser échapper quelques informations… Notamment sur le pourquoi le Serpentard l’avait choisit elle. Et pour ce faire, il avait sans doute du lui parler de…. Sa maladie ? Un regard suspicieux se posa vivement sur la figure de Tom, qui venait de terminer de rendre son salut à Chaser. Il avait osé ?! Une simple question, mais elle avait son importance… Si Jedusor savait qu’il l’avait sous son emprise, c’était qu’il se doutait fort bien de l’impact qu’une telle révélation aurait sur Olive. Et en connaissance de cause, il avait… Non, après tout, elle tirait peut être des conclusions hâtives… Olive le suivit du regard lorsqu’il s’avança vers les robinets après avoir verrouillé la porte, s’évertuant à retrouver une attitude plus calme et plus sereine. C’est facile de le dire, moins aisé de le faire… Mais quelque chose vint l’aider à oublier facilement ce à quoi Olive pensait auparavant. Une chose surprenante, à laquelle elle ne s’attendait nullement, même de la part de quelqu’un qui avait découvert son secret…

Un sifflement. Ou plutôt une suite de sifflements, presque ininterrompus, tout juste entrecoupés de respiration. Il ne dura pas longtemps, mais la stupeur qu’Olive éprouva sur le moment fit qu’il défila à la lenteur d’une limace qui essaye de monter une pente lisse. Ses pensées se rassemblèrent peu à peu, laissant apercevoir la réalité. Tom Jedusor, élève de Sixième Année au collège Poudlard, Angleterre, était un Fourchelangue. Si Olive aurait voulu se plaquer contre le mur, elle ne pu faire qu’une esquisse de pas en arrière. Et si Olive aurait voulu hurler la peur qu’en ce moment précis il lui inspirait, elle ne réussi qu’à créer une grosse boule dans sa boule, rendant impossible la sortie d’un son quelconque, aussi aigu soit-il. Cachés par le dos du Serpentard, Olive eut tout de même une vue sur le spectacle ahurissant des lavabos tournoyant sur eux-mêmes. Lorsqu’elle ressortirait de ce rendez-vous, elle ne regarderait plus jamais les lavabos de la même manière en se brossant les dents… Cependant, la spirale lui donnait le vertige et perturbait sa vision…Et la miss dû rapidement baisser les yeux au sol, fermant ses paupières sur un monde qui lui paraissait à la fois trop flou et trop étrange. Une sorte de moyen pour se remettre de ses émotions.

Se calmer… Elle devait se calmer. Elle se concentra sur sa respiration, qui s’était visiblement beaucoup trop accélérée, lui faisant ressentir des fourmis dans le bas de ses mollets… Laissant de côté cette histoire de « Langue des Serpent » et tout ce qu’elle représentait dans le monde sorcier, Olive rouvrit ses paupières qu’elle avait fermées lorsque sa vue s’était brouillée. Le dallage était redevenu net, laissant à Olive le loisir de différencier les nuances du carrelage et leurs jointures poussiéreuses et humides… Car si Myrtle ne cessait de venir l’embêter la nuit pour se venger, elle avait aussi pris la mauvaise habitude de faire déborder les toilettes… Ce qui eut le mérite de donner un haut le cœur à Olive. C’était tout simplement dégoûtant… Délaissant cette pensée peu alléchante, Olive s’intéressa de nouveau à ses compagnons d’infortune. Enfin, infortune… Surtout pour elle. Elle n’eut pas le temps de vraiment s’attarder sur l’expression de Chaser. Dommage. Cela aurait sûrement été intéressant. La raison ? Tom venait de les inviter d’un geste à le suivre dans l’espèce de trou qui avait remplacé les lavabos. Et il s’engouffra dedans sans demander son reste. Daniel le suivit. Restée seule dans les toilettes, Olive se rapprocha lentement du rebord et se pencha précautionneusement pour entrapercevoir la pente. Douce au début, elle semblait descendre plus à pic par la suite. Une espèce de toboggan géant en quelque sorte. Boon… Puisqu’il fallait passer par là, autant y aller. Elle s’assit rapidement sur le rebord, prit son inspiration et hop se laissa glisser sur la paroi à moitié humide.

Un dernier regard en arrière vers une source de lumière et la demoiselle fut happée par le boyau, sa glissade continuant au fur et à mesure que la miss prenait de la vitesse. Si cela avait duré plus longtemps, sans doute qu’une sensation serait venue s’insinuer dans la Verte et Argent. Mais la descente fut de courte durée, et l’odieuse sensation de claustrophobie s’en alla jouer des tours à d’autres personnes. La pente était devenue plus douce, ne faisant plus accélérer la glissage, mais sans pour autant la freiner non plus. Olive eut la sensation d’aller un peu trop vite. Sans doute les deux autres avaient-ils freiné en apposant le contact de leurs chaussures sur les parois par exemple. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé ! Qu’elle se sentait stupide. Un joli vol plané d’un bon mètre clôtura la descente, envoyant sans ménagement notre petite Hornby à terre. Atterrie sur les genoux et les mains, elle se releva en grommelant. En plus d’avoir la main gauche éraflée, elle était bonne pour avoir des bleus aux jambes.

- Aie… Fichue descente.

D’un air un peu méfiant, elle regarda autour d’elle, des fois que d’autres pièges se cachaient par ici. Mais rien. Rien si ce n’est un autre tunnel, plus large et moins pentu, ainsi que Daniel et Tom. Tom qui avait allumé sa baguette. En bon habitué, il prit la tête de la petite troupe. Olive les laissa avancer de trois pas avant de suivre le pas. Elle sortit à son tour sa baguette de sa poche intérieure et murmura le sort qui éclairerait ses pas. Un petit Lumos, de sa part, cela relevait du miracle. La lumière, elle ne l’appréciait pas tellement. Mais bon, si cela lui permettait d’éviter d’autres tunnels pentus, pourquoi pas. Et le sol humide se changea bientôt en boue, puis en flaques, et enfin en un petit marécage. Où les emmenaient-il donc ? Avait-il l’intention de les noyer ? Cette dernière question arracha un ricanement sinistre à Oly, alors qu’elle ne sentait presque plus ses doigts de pieds à cause de l’eau glaciale qui s’infiltrait partout, remontant d’ailleurs le long de sa robe de sorcière. Chouette, de la lessive en perspective… Sploc, Sploc, Sploc.

Soudain, brisant le silence environnant, un écho de la voix de Tom lui parvint.

- Ça ne tient qu'à vous, mais si j'étais vous je ne regarderais pas devant moi.

Tant mieux… Oly’ continuerait donc de fixer l’immense flaque… Car cela ne disait rien du tout à la demoiselle de regarder le dos de Chaser avancer lentement, au rythme de sa carcasse dégingandée. Bon, d’accord, les pensées d’Olive étaient un peu acerbes, mais la situation ne se prêtait pas vraiment aux échanges de politesse… Mais au final, la Serpentard aurait peut être mieux fait de regarder devant elle, car lorsque Tom, puis Daniel s’arrêtèrent face à un mur, elle continua un peu, et vint percuter le dos de Daniel. Zut. Elle fit aussitôt un pas en arrière, puis ses lèvres s’actionnèrent.

- Pardon…

Et ses lèvres s’actionnèrent et ses dents grincèrent l’instant d’après. Il avait remit ça. Les sifflements qui transperçaient sa tête d’une oreille à l’autre. Un bruit de pierres qui roulent retentit, et sur le coup, Olive pensa que le tunnel était en train de s’affaisser sur lui-même. Quelle sotte elle faisait. C’était juste une porte de pierre à deux battants qui avaient coulissé, comme elle s’en aperçu quand elle passa dans la salle. Tom s’était avancé, un sourire presque béat sur le visage. Elle le dépassa, pour venir se planter devant l’immense statue de Salazard Serpentard. La représentation forçait le respect, et d’une certaine manière, elle l’attirait. Elle la fascinait. Elle abaissa sa baguette, murmurant un « Nox » presque imperceptible pour éteindre la flammèche qui brûlait toujours à son extrémité… Et soudain, un ordre l’arracha à sa contemplation. Trois mots. Trois petits mots, issus de la bouche de Tom, qui fit s’évaporer l’image du fondateur de sa maison.

- Fermez les yeux!

Sans savoir pourquoi, Olive avait immédiatement obéi. Sûrement le ton pressant qu’il avait employé… Et de nouveau, les sifflements horrifiants s’élevèrent dans les airs. Ne se préoccupant nullement d’une éventuelle réaction de la part du préfet de Serpentard, Olive grimaça et plaça d’un geste résolu ses mains sur ses oreilles. Trop de sifflements pour aujourd’hui… Malheureusement, si l’obstruction de ses oreilles atténuait le son, il ne l’annihilait pas totalement. Un silence, puis de nouveau des sifflements. N’y tenant plus, Olive entrouvrit les paupières. Pas énormément… Juste de quoi voir la queue de l’imposant reptile disparaître dans la bouche béante de la statue, qui lui apparaissait plus effrayante à présente. Les lèvres de pierres se refermèrent, tandis qu’Olive se tournait stupéfaite et un peu apeurée vers l’instigateur de tous ces phénomènes, au même moment où il les autorisait à ouvrir les yeux. Oups. Gaffe. Tant pis. Il réagira comme il le voudra. La demoiselle ne pu cependant s’empêcher de jeter un regard appuyé à sa baguette de sorbier. Que les coïncidences étaient amusantes parfois… Enfin… Si ce qu’elle avait cru deviner s’avérait exact. Levant ses prunelles noisettes, elle fixa un instant Daniel, puis Tom, avant de s’asseoir en tailleur, presqu’au centre de la pièce, perpendiculairement à la statue.

- Je suis prète…

Prête à commettre ce qui serait sûrement une erreur… Elle avait réfléchit en détail aux conditions qu’elle lui imposeraient… Et si les deux premières lui paraissaient évidentes, le doute demeurait quant à la dernière…

Daniel ne se sentait pas bien. Pas bien du tout. Physiquement, il entendait. Le mélange de sentiment confus qui le traversaient lui procurait une sensation étrange au creux de l'estomac. Beaucoup d'appréhension, et une certaine dose d'excitation. Il allait découvrir la chambre des secrets, Tom ne le lui avait pas dit explicitement, mais Daniel l'avait deviné, c'était l'endroit le plus discret et le moins risqué qu'il pouvait trouver afin de faire ce qu'ils s'apprêtaient à faire. Daniel avait essayé de se la figurer bien des fois depuis que Tom l'avait mis au courant au sujet de la chambre, mais il avait la certitude que tout ce qu'il avait pu imaginer ne pouvait pas être à la hauteur de ce qu'était la chambre en réalité.

Il eut confirmation d'avoir vu juste quand il entendit Tom (le grand, le magnifique), s'exprimer en fourchelangue. Une sorte de sifflement désagréable, comme ceux d'un serpent, mais décuplé mille fois. Aussitôt, les lavabos commencèrent à tournoyer sur eux-même. Ce tableau n'avait peut-être rien de poétique, va savoir, mais Daniel ne pouvait s'empêcher de trouver ce spectacle à la fois impressionnant et fascinant. Peut-être parce qu'il savait tout ce que ça signifiait. Ou juste parce que tout ce qui concernait de près ou de loin le grand Tom Jedusor devenait à ses yeux personnification de Tom Jedusor. En gros, Daniel aurait été tout à fait prêt à s'aplatir devant le grand lavabo.

Après le tournoiement, le tunnel. Daniel aimait pas les toboggans, ils en avaient un, quand il était petit, un minuscule toboggan au bord d'un minuscule bassin qui faisait office de minuscule piscine, et Daniel s'était latté sur le gazon la première fois qu'il l'avait essayé. Depuis, pas moyen, il avait la phobie complète des toboggans. Et celui là était loin de ressembler à son petit toboggan familial, en plus, il était sombre, visqueux, et il avait l'air profond. En toute autres circonstances, il aurait râlé. En plus, il allait bousiller sa chemise tout neuve (oui bon, il était peut-être pas nécessaire de mettre une chemise, blanche en plus, toute neuve, dans ce genre de situations, mais avoir du style en toutes circonstances, c'était son motto). Mais il n'avait pas le droit de râler. D'une, parce qu'on ne râle pas en présence de Tom le magnifique, de deux.... parce qu'on ne râle pas en présence de Tom le magnifique, quoi. Il se laissa donc entraîner dans le tunnel à la suite de Tom, non sans appréhension. C'était comme il l'imaginait : désagréable et répugnant. Et il pouvait dire adieu à sa jolie chemise blanche, snif.

Il se laissa guider jusqu'à la chambre les yeux à moitié fermé. Il savait pourquoi Tom ne voulait pas qu'ils ouvrent les yeux, Daniel savait pour le basilic. Il se serait pensé plus curieux de voir à quoi ressemblait la bestiole, mais pas du tout, en fait. Sa mort aurait été une trop grande perte pour l'humanité, pas la peine de tenter le diable. Il le côtoyait déjà tous les jours, ça suffisait!
Il attendit donc patiemment que Tom leur indique qu'ils ne risquaient plus rien pour ouvrir les yeux. Et encore, il avait pris son temps.

Il put donc observer la chambre des secrets pour la première fois, et en effet, elle n'était absolument pas telle qu'il l'avait jamais imaginé. Elle était beaucoup plus effrayante. Beaucoup plus impressionnante. Beaucoup plus fascinante. Daniel n'arrivait pas à décider s'il trouvait l'endroit superbe ou carrément flippant, il optait pour les deux solutions. Peu importe, Tom ne les avait pas amené ici pour faire du tourisme, et ils en étaient tous conscients, puisque très vite, Olive se mit en place, apparemment décidée. Tom suivit directement. Leurs mains droites se serrèrent, Daniel ressentit un nouvel élan de jalousie. Il fallait qu'il consulte un psy, ça devenait grave. Le serpentard tira sa baguette de sa poche, prit une grande inspiration, histoire de se concentrer un peu, et pointa sa baguette sur les mains jointes de deux autres vert et argent. ça allait commencer...

Olive avait l'air décidée. Tom n'en avait pas douté, et il valait mieux, d'ailleurs, qu'elle le soit, il l'avait entrainé trop loin, elle en savait beaucoup trop, si elle avait décidé de se raviser, il n'aurait pas eu d'autre choix que de la faire taire... Donc elle faisait bien, d'être décidée. Elle n'avait déjà pas le choix. Elle s'était assise au sol. Tom la rejoignit, ses genoux entrèrent en contact avec le sol humide, il fixa Olive tout en attrapant la main droite de la verte et argent qu'il encercla de ses doigts fins et glacés. Après quoi, il adressa un vague coup d'oeil à Daniel pour s'assurer qu'il était prêt.

Une sorte de silence un peu solennel avait rempli tout l'espace verdâtre. Tom avait bien réfléchi à ses trois question. Car même s'il était certain de ce qu'il faisait, le fait était que le processus qu'ils s'apprêtaient à mettre en route était un processus risqué, et le préfet de serpentard n'avait absolument pas l'intention de le prendre à la légère. Ce fut lui qui commença, son regard glissa de Daniel à Olive, qu'il fixa dès lors jusqu'à ce que le serment soit achevé.

"Olive, t'engages-tu à obéir au moindre de mes ordres et ce quelque soit leur nature?"
La réponse de la serpentard fut positive... évidemment.

Cette question était la plus évidente, et au final , elle rendait les deux autres particulièrement accessoire. Par sa simple approbation, Olive venait de vendre son âme à l'héritier de serpentard. Elle ne pourrait pas faire marche arrière, pensée qui se confirma quand une flamme étincelante, longue et fine, vint entourer leur mains jointes. Daniel avait réussi à maîtriser le fameux sort, il fallait croire. Bonne chose... En même temps, si Tom avait vraiment douté de ses capacités, il ne lui aurait pas demandé une telle chose. Mais il y avait toujours des risques. à ses yeux, c'était déjà presque réglé, en acceptant une telle proposition, Olive était complètement à sa merci, quelques soient les circonstances. Mais on posait trois questions, dans un serment inviolable, allez savoir pourquoi, peut-être parce que ça rendait mieux... Il enchaîna donc.

"Et t'engages-tu à ne révéler à personne tout ce que tu pourrais apprendre sur mon compte?"

ça, c'était juste une question de précaution, même s'il aurait tout aussi bien pu obliger Olive à garder le silence grâce à sa première question. Ses deux autres questions faisaient plus office... d'enrobage. Elles mettaient l'accent sur les détails importants de leur "collaboration". Et puis, là, il s'agissait tout de même d'un détail d'importance, il aurait été bien stupide d'aller jusque là pour que l'autre aille tout raconter au premier venu... Enfin, si elle avait eu la stupidité de le faire, il aurait su régler les choses avant qu'elles ne se gâtent, mais tant qu'à faire, autant ne pas faire de bavures... d'autant plus qu'il était préférable d'éviter qu'il y ait encore un mort de plus à Poudlard, des fois que l'établissement soit menacé une fois de plus de fermeture. Olive accepta.
Une fois de plus une fine langue enflammée vint encercler leurs mains liées.
Venait alors la troisième question, sa préférée... Un léger sourire s'esquissa sur les lèvres de Tom tandis qu'il la posait.

"Enfin... T'engages tu à verser pour moi le sang de la personne de mon choix?"

Cette question ne servait qu'à mesurer le degré de loyauté qu'Olive lui accorderait prochainement, et Tom prenait un malin plaisir à entendre la serpentard répondre par un "oui" qui entoura leurs mains liées d'un dernier cercle enflammé. Bien sûr, cette question était une sorte de jocker, qu'il garderait de côté le plus longtemps possible, il aimait juste l'idée de laisser peser une certaine menace sur Hornby, d'autant plus si la menace était aussi lourde. Enfin, en règle générale, cette dernière partie du serment pourrait lui servir, s'il se chargeait de ses crimes de lui-même en règle général, cette condition pourrait lui permettre de faire face à un quelconque imprévu. Lentement, les flammes qui entouraient leurs mains serrées disparurent, comme évaporées, mais Tom ne lâcha pas pour autant la main d'Olive. C'était à son tour, à présent.

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Prête… Elle l’était, sans nul doute possible. Assise par terre, sentant la fraîcheur du marbre à travers le trop mince tissu noir qui lui servait de robe. Ils se rapprochèrent… De sa main gauche, Olive remonta la manche droite de son vêtement. Pourquoi ? Aucune idée. Sans doute parce qu’elle était curieuse de voir l’effet que ferait les supposées flammes sur sa peau. Sans doute rien… Mais bon, la curiosité était une qualité qu’Olive avait, pour le meilleur comme pour le pire dirons nous. Une fois cela fait, sa main gauche vint se poser sur son genou droit, histoire de se mettre au repos. La tension qui s’était accumulée dans son corps commençait à la faire trembler, et elle avait eu besoin de toute sa volonté pour que le léger tremblement n’affecte en rien sa capacité à remonter sa manche…

Daniel était maintenant à a peine un petit mètre d’elle. Quant à Tom, il venait de se mettre à sa hauteur, à genou en face d’elle, assise en tailleur. Elle sentait son regard sur elle, alors que le sien fixait sa main à la peau trop pâle qu’elle venait de lui tendre. Un geste qui semblait ne rien impliquer dans la vie de tous les jours, mais qui prenait tout son sens en cette situation. Sans un mot, il approcha sa propre main, qui vint capturer la sienne. Ses doigts à lui l’entourèrent, lui faisant ressentir un léger frisson. Reprenant ses esprits, Olive resserra un peu la pression passive qu’elle exerçait jusqu’alors. Son pouce et ses deux derniers doigts enserrèrent la paume du Serpentard, tandis que son index et son majeur s’étendirent presque jusqu’à son poignet, en contact avec la peau de Tom.

Le contact établit, Olive ne pu s’empêcher de jeter un regard à Daniel. Il était encore trop tôt pour qu’elle arrive à croiser le regard de Tom… Du moins, c’était ce que son esprit en avait conclu. Un regard où l’on pouvait lire sans grande peine un peu d’angoisse, de la crainte, et sans doute le désir d’être réconforté… Mais cela n’arriverait pas. Tout simplement parce que l’expression qu’avait Daniel Chaser, avec sa chemise blanche tâchée, ne semblait pas correspondre à ce qu’Olive attendait à cet instant précis de lui. Un sourire d’encouragement. Rien de plus, rien de moins. A ce moment là Tom Jedusor tourna apparemment la tête. C’est ce qu’Olive en déduisit du mouvement de sa part, ainsi que de la réaction de Daniel, qui tira sa baguette. Cela allait commencer. Fermant un court instant ses paupières, Olive se concentra rapidement. En ce moment précis, elle avait toujours une once de liberté. Et ce soir, elle serait devenue sa marionnette en quelque sorte. Résignée, elle rouvrit les yeux et plongea ses prunelles dans le regard d’ébène de Jedusor.Et tout d’un coup, cela débuta. Les lèvres de Tom se mirent en action, formant à chaque mot, à chaque syllabe les maillons des chaînes qui emprisonneraient Olive Hornby durant tout le temps qui lui resterait à vivre.

- Olive, t'engages-tu à obéir au moindre de mes ordres et ce quelque soit leur nature?

Elle s’était décidée, juste avant de tendre sa main à Tom à ne pas hésiter. De ne pas lui permettre de douter d’elle. Aussi, la réponse fusa, presque instantanée. Elle s’attendait à cette question. Et en répondant positivement, toute question suivante devenait inutile. Elle le savait.

- Oui.

- Et t'engages-tu à ne révéler à personne tout ce que tu pourrais apprendre sur mon compte?

- Oui.

- Enfin... T'engages tu à verser pour moi le sang de la personne de mon choix?

- Oui.

Trois petits mots. Trois petits mots qui avaient force de loi. Un petit sourire s’était dessiné sur les lèvres du Tom. Il l’avait surprise. Cette dernière question, elle ne s’y attendait pas vraiment… Sitôt sa réponse achevée, la demoiselle quitta les prunelles du sorcier pour poser son regard sur leurs mains jointes. Un cercle enflammé s’enroula autour de deux chaînettes de feu, les resserrant, les consolidant. Elles formaient un contraste étonnant avec la peau pâle de la demoiselle… Tout comme avec le noir de l’habit de Tom, qu’il n’avait remonté. Si tout cela ne la concernait pas directement, olive aurait adoré regarder un spectacle de ce genre… Les flammes diminuèrent d’intensité, semblant rentrer à l’intérieur de sa propre peau, avant de disparaître. C’était comme si rien de tout cela ne s’était déroulé. Comme s’ils ne venaient pas de se prêter serment… Hélas, la main de Tom qui serait toujours la sienne ramena vite Olive à l’implacable réalité. C’était son tour, tout le monde l’attendait. Relevant le regard vers Tom, elle débuta :

- Et toi Tom, t’engages-tu à ne jamais me mentir ?

Ce fut un « Oui ». Olive enchaîna (et oui, quel joli mot bien trouvé ! *O*) par une nouvelle question :

- T’engages-tu à ne parler à personne d’autre de ma maladie ?

Un « Oui », de nouveau. Un court instant, Olive évita, rompant le rythme du dialogue. Si ces deux questions s’étaient imposées d’elles-mêmes à notre demoiselle, elle hésitait toujours un peu sur la formulation de la dernière… Se décidant, elle continua :

- Et t’engages-tu à me venir en aide si la situation l’exige ?

Le « Oui » venant de sa part répandit dans tout son corps un soulagement non dissimulé. C’était fini, enfin. Les chaînettes de feu s’évaporèrent, et lentement, la main d’Oly se détacha de celle de Tom. Elle la porta à ses yeux, l’examinant rapidement sous toutes les coutures avant de la poser sur son genou droit. Elle resta trois secondes ainsi, rétablissant un rythme cardiaque normal, avant de regarder l’un après l’autre ses deux compagnons. Qu’allaient-ils faire, maintenant que tout était terminé ? Ou que tout venait de commencer…

Daniel n'était pas d'accord, vraiment pas d'accord, carrément pas d'accord. A chacune des questions et réponses qu'il entendait sortir de la bouche de Tom et d'Olive, Daniel avait envie de tout arrêter, même s'il devait froisser Tom-le-grand. Mais il savait que c'était pas possible, Olive en savait trop. Ou bien Tom pourrait toujours la tuer, il aurait tellement aimé qu'elle meurt, qu'elle sorte de leur vie! Oui, Daniel agissait décidément comme si Tom et lui étaient en couple, mais avait-il tort d'être jaloux? Il était l'être le plus dévoué qui soit, il ferait tout pour lui, absolument tout, il n'avait pas besoin de se pantin inutile, tout ce que Tom lui demanderait de faire, Daniel était bien capable de le faire lui-même, il était bien capable de tuer, lui aussi, et certainement dix fois mieux que cette greluche qui débarquait de nulle part et venait foutre son petit bordel. a chaque fois que sa baguette s'abaissait, et que ces espèces de ficelles enflammées venaient entourer leurs mains jointes, Daniel grimaçait. Non seulement il n'était pas d'accord, mais en plus il agisssait complètement à l'inverse de ce qu'il avait envie de faire. Quand les flammes disparurent enfin, et que Daniel pu ranger sa baguette, il ressentait un sacré mal de ventre, sa façon à lui de contenir son mécontentement.

Qu'est-ce qu'on devait faire, après un truc pareil, un truc aussi énorme, le genre de trucs qui n'est jamais censé arriver dans une vie, est-ce qu'on est censé repartir chacun de son côté, faire comme si rien ne s'était passé jusqu'à une prochaine et inévitable rencontre, ou bien fallait-il revenir sur ce qui s'était passé, quitte à ne pas savoir par quoi commencer? En ce qui concerne Dany, il optait plutôt pour la première solution. Il n'avait plus envie de voir Hornby, il voulait oublier le lien qui la liait à Tom... Un lien que Daniel, lui, ne partagerait jamais avec lui. En quelques secondes à peine, Daniel avait l'impression que les deux serpys avaient atteint un degré d'intimité que Daniel n'arriverait jamais à atteindre, dont il avait peut être atteint le quart en six années de bons et loyaux services. Il avait la sensation que Tom le punissait, et il ne savait pas pourquoi. Il aurait voulu que le préfet des serpy leur intime directement de s'en aller, mais il n'était pas sûr qu'ils allaient se contenter de se dire au revoir sans rien se dire de plus, malheureusement.

Il n'osait pas prendre la parole, et de toute façon, il savait que ce n'était pas à lui de prendre la parole, enfin, il le supposait, quoi, il n'oserait de toute manière jamais parler avant le grand Tom, c'était au grand Tom de parler, puis en plus ça arrangeait Daniel, parce qu'il savait vraiment pas quoi dire. Enfin si, il aurait eu des trucs à dire, mais des trucs qu'il valait mieux qu'il garde pour lui, des trucs du genre "barre toi de ma vue, Olive", ou "La prochaine fois que tu touche à Tomy, j't'éclate" (ouais, je sais, on se demande tous à quel moment il va demander tomounet en mariage). En gros, tout le monde aura compris pourquoi ces trucs, il valait mieux qu'il les laisse là où était leur place (dans sa cervelle psycho-tordue).
Il attendit donc, les bras croisé, avec toujours ce mini mini espoir, qu'ils sortiraient vite de là, et qu'Olive se casserait la figure et mourait sur le coup en quittant la chambre (l'espoir fait vivre).

Les questions qu'Olive posa à Tom étaient attendues, enfin, en tous cas, il s'était assez facilement douté que c'était ce qu'elle demanderait. Le premier des engagements qu'il avait à tenir était sans aucun doute le plus déplaisant... Tout lui dire, ne rien lui cacher de ses intentions, lui qui avait pris pour habitude et mot d'ordre d'agir dans le plus grand secret. Même Daniel ne savait que partiellement toutes les intentions de Tom. Ce n'était cependant pas si alarmant que cela, il ne devait pas lui mentir, c'était donc à elle de poser les bonnes questions, et il pourrait toujours répondre de façon partielle. Et quand bien même il devrait lui révéler certains secrets qu'il aurait préféré dissimuler, quelle importance? Leur accord précédent précisait bien qu'elle ne pourrait partager ses découvertes avec personne. La question suivante lui posait bien moins de problèmes, sa maladie... Elle en faisait une montagne, lui s'en moquait complètement, s'il savait que c'était le moyen de pression idéal à son sujet, il se moquait bien d'elle, de son état de santé, et du temps qui lui restait à vivre, et quand bien même ils n'auraient pas passé d'accord, Tom n'aurait sans doute rien dit à personne (sauf chantage potentiel), il n'y aurait pas vu l'intérêt. Donc bon, répondre oui à cette question, ça ne lui posait pas de problèmes majeurs... Quant à la dernière question, elle était plus embarrassante que déplaisante. Lui venir en aide? Du temps perdu, il n'en avait ni le temps ni l'envie, mais un accord était un accord, et puis, il ne pourrait sans doute pas arriver grand chose de terrible à Olive (à part de mourir, mais ça, ce sont des choses qui arrivent). Il aurait bien pu se rétracter, évidemment, après tout, Olive avait accepté ses conditions, il pouvait toujours la trahir comme bon lui semble, mais non... Il s'était décidé, en conduisant les deux serpentards jusqu'à la chambre, à aller jusqu'au bout, et il le ferait en effet. Il répondit donc positivement aux trois questions qu'Olive lui avaient posé, sans broncher.

Une fois que la dernière langue enflammée qui encerclait tantôt leurs bras eut disparu, les mains d'olive et de Tom se lâchèrent, et Tom se releva, épousseta ses vêtements d'un geste mécanique, et regarda un moment autour de lui. Voilà, c'était fait. Et il en ressentait une satisfaction certaine, la jeune fille qui lui faisait face n'était plus rien d'autre qu'un pantin, son pantin, plus pantin que personne ne le serait jamais, elle n'était plus que sa chose, un jouet dont il pouvait disposer comme il le voulait, quand il le voulait. Marionettiste, il l'avait toujours été, sans besoin de sortilège, mais manipuler les gens était toujours plus difficile que manipuler les choses... Et Olive n'était plus rien d'autre désormais qu'une chose, Tom, en l'incitant à prononcer trois petits mots, généralement innofensifs, lui avait ôté substance et humanité. Du moins elle n'en posséderait plus tant qu'elle se trouverait en sa présence. Daniel avait raison de penser que Tom ne les laisserait pas sortir, pas tout de suite, du moins. Il était évident que la situation, déjà étrange, n'avait pas besoin de l'être plus encore, autant mettre les choses au clair, assumer définitivement une situation qu'ils étaient de toute manière obligés d'assumer. C'était comme ça, à présent, les trois verts et argent partageaient un secret lourd et compliqué, et ils n'avaient pas d'autres moyens que de l'assumer, de toute manière. Tom n'invita donc pas tout de suite les deux autres à quitter la pièce. A la place, il tourna son regard vers la grande statue de pierre à l'effigie de Salazar serpentard. Il n'avait pas particulièrement envie de quitter la chambre, ne sachant pas quand il y retournerait. Le dos désormais tourné aux deux serpentard, Tom s'adressa à Olive, sans pour autant se retourner.

"Si tu as des questions, c'est le moment."

Tom aurait très bien pu éviter d'être assailli par les questions d'Olive, d'autant plus qu'il n'avait pas particulièrement envie de lui répondre, mais pourquoi retarder l'échéance, puisque de toute manière, maintenant qu'Olive avait la possibilité d'en savoir plus sur lui, elle ne s'en priverait sans doute pas, encore moins maintenant, alors qu'ils se trouvaient dans la chambre des secrets, la fameuse chambre des secrets qui avait causé tant de remous au cours de l'année précédente, et qu'elle avait entrevu le basilic... Autant se débarrasser de cette corvée tout de suite, puisque l'heure était de toute manière aux questions et aux réponses. Le seul ennui était Daniel (mais Daniel était souvent une plaie, utile quand il s'agissait de s'applatir, envahissant quand on ne lui demandait rien)... un ennui mineur, bien sûr, si la réponse à l'une des questions d'Olive s'avérait trop délicate, il pourrait toujours faire partir son larbin en un claquement de doigt.

Music: Eternally Missed - Muse

Ce fut d’abord Daniel que notre petite Olive regarda. Ses prunelles s’attardèrent sur ses traits, qui portaient encore la trace de ses grimaces. Quelques rides restantes, qui s’effacerait assez vite. Peut être n’en aurait-il même pas conscience… A présent, le Serpentard attendait, immobile, ses bras s’entremêlant en un croisement simple, protégeant son torse d’une menace imaginaire. Son expression l’intrigua. Il semblait s’être fermé. Du moins, s’était ce dont Olive avait l’impression, vu le peu qu’elle connaissait de Chaser. Etre dans son année de les avait pas rapproché. Ils se connaissaient, et cela leur convenait tout aussi bien à l’un qu’à l’autre. Elle n’avait jamais cherché à se rapprocher de lui, ni lui d’elle. Et c’était tant mieux ainsi. S’il n’y avait pas eu Tom, leurs rapports auraient sûrement continué à être inchangés. Mais ce qui venait de ce passer dans cette pièce avait tout chamboulé. Un peu lorsque l’on prend un bâton de pluie et qu’on le retourne. Les billes sont instables avant d’arriver en bas. Une interminable descente. Et Olive avait l’impression que la descente n’était pas prête de s’achever… Si avant elle l’indifférait, elle avait à présent l’impression qu’il lui vouait une haine grandissante… La mistinguette avait déjà remarqué l’espèce d’adoration bizarre que Chaser vouait à Jedusor. Après tout, on peut attendre cela de notre pimbêche poudlarienne… Mais sur le coup, elle n’y avait guère fait attention et s’était juste contentée de lancer quelques railleries anodines. A présent, ce lien prenait tout son sens…

Elle avait l’impression qu’elle s’interposait entre ces deux là lorsqu’elle regardait Chaser… Et pourtant, lorsque son regard se posait sur Tom, cette impression disparaissait aussi soudainement qu’elle était apparue, pour laisser la place à une indifférence froide. Il n’avait pas bronché. A aucune de ses questions. Tout comme elle l’avait fait, il avait répondu sans hésiter, sans se laisser aucun temps pour réfléchir aux conditions édictées. De l’inconscience ? Non, pas vraiment. Il savait juste ce qu’il faisait… De ça, Olive en était à peu près sûre… Elle étudia rapidement les détails du dos de l’uniforme qu’il portait. Aucun vestige d’un dépoussiérage raté. Un léger sourire arriva sur les lèvres d’Olive lorsqu’elle remarqua qu’il se tenait dans la même position et au même endroit qu’elle avant que les Serments ne démarre. Son regard était fixé vers l’immense figure du fondateur de leur maison. A son tour, son regard se figea dessus. Le marbre était parfait, sans aucune imperfection, ayant résister de manière impeccable aux ravages du temps qui s’était pourtant bien écoulé depuis. De l’eau avait coulé sous les ponts. Et rien ne venait gâcher la beauté figée.

- Si tu as des questions, c'est le moment.

Cette petite phrase réussit à l’arracher une fois de plus à sa contemplation. Son regard se reposa sur Tom, qui à côté d’elle la dominait de toute sa hauteur, elle qui était toujours assise au sol. Des questions… Sûrement lui demandait-il cela à cause de sa clause du contrats qui stipulait qu’il lui était dorénavant interdit de lui mentir…Peut être…C’était même très possible. Des questions, pour sûr elle en avait. Et pas qu’un peu. Après tout, notre Olive était une curieuse invétérée. Un peu hésitante, elle ne pu s’empêcher de lancer un regard inquiet à Daniel. L’une des clauses du contrat ne stipulait-elle pas qu’elle ne devait partager avec personne ce qu’elle apprenait sur lui ? Ce ne serait pas le cas si jamais elle lui posait ses questions en présence de Daniel ? Et si Daniel venait lui demander après ce qu’elle pensait des réponses de Tom, le sortilège opérerait-il ? Le cerveau d’Olive analysa rapidement les données qu’elle avait à sa disposition pour en déduire que tout cela était trop risqué. Après tout, Tom Jedusor était bien capable de la tester, rien que pour voir si elle avait de la jugeote ou pas. Non… Tout ceci était trop risqué pour le moment…Il fallait qu’elle prenne un peu de temps pour déterminer les limites à ne pas franchir, tracer sa marge de mouvement, puisque Tom ne lui avait encore donné aucun ordre. Oui, il le fallait. Mais elle ferait cela plus tard. Peut être ce soir dans son lit.

Et Olive répondit donc, toisant toujours Daniel du regard, ne se demandant même pas si Tom avait bougé et la regardait.

- Non… Non, c’est bon. Plus tard peut-être…

Elle adressa un léger sourire provocateur à Daniel. Ce ne sera pas aujourd’hui que le garçon élargira ses connaissances de son idole. Pourtant, Olive n’est pas vraiment aussi méchante d’habitude. Mais il faut avouer pour sa décharge que la journée a été riche en émotion et en stress… Alors forcément, cela se ressent un peu dans son caractère, qui devient proche de celui que les Moldus associe au cochon. Poussant un léger soupir, elle apposa ses deux mains au sol derrière elle et s’en servit comme appui pour décoller son derrière du sol trop froid à son goût. Un dépoussiérage actif vint ensuite à la fois enlever la poussière et raviver le flot sanguin dans ses fesses congelées.

Et la voilà qui tourne le dos aux autres captifs de la Chambre des Secrets, et qui se dirige vers l’entrée, qui doit être aussi la sortie. Car à présent, Olive n’aspire plus qu’à une chose. Se retrouver seule. Seule pour réfléchir. Elle s’arrête au pied de la porte de pierre. Refermée, elle scelle de passage. Une prison parfaite. Une prison sans serrure, que seul un sifflement peut déverrouiller. Ils vont y avoir droit, de nouveau à ce sifflement perçant aux portes de ses oreilles. Malheureusement. En attendant qu’il survienne, Olive dose sa main gauche sur les écailles pierreuses de l’un des serpents et remonte lentement, effleurant la pierre de ses doigts pâles…

Daniel était estomaqué. Il s'était attendu à ce que Tom ne les laisse pas s'enfuir comme ça, tout tranquillement mais il ne s'attendait pas plus à la question qu'il venait de poser à miss condiments (tiens, il allait le lui ressortir, ce surnom débile! C'était définitif, il la haïssait, et pas qu'à moitié, saleté de briseuse de ménage à la noix). Il n'en revenait pas. Daniel, lui, avait passé six années de sa vie à tourner autour de Tom, à être à ses petits soins, à lui obéir au doigt et à l'oeil, à accepter de faire tout ce que le grand maître lui demandait de faire, sans toujours comprendre mais sans jamais protester, et au final, il ne savait qu'une parcelle infime de tout ce qu'il aurait voulu savoir de l'illustre Tom. Et l'autre greluche, là, elle débarquait d'on savait pas où en jouant les martyres avec sa maladie à deux balles, et ça y était, Tom acceptait comme ça, tout tranquille, qu'elle lui pose toutes les questions qu'elle voulait, là, maintenant tout de suite.

Eberlué. Il se serait plutôt attendu à ce que Tom évite le moment des questions, mais finalement, il avait sans doute tort de penser comme ça. Le grand manitou suprême des serpy avait beau être ze serpy par excellence, l'intouchable, le merveilleux, l'inébranlable, il n'avait pas l'attitude de certains autres serpys (comme... euh... Dany, par exemple), il n'était pas lâche, il acceptait de regarder le danger droit dans les yeux.
...
MAIS MÊME!! Tout chez Olive l'exaspérait à partir de dorénavant, sa façon d'avoir l'air de pas y toucher, toute tranquille. Cette fille, elle allait leur apporter que des ennuis, elle avait même pas besoin de serment inviolable pour ça, tout le monde savait qu'c'était carrément la commère de Poudlard. Il n'aimait pas l'idée qu'elle finisse par en savoir plus que lui, il n'aimais pas l'idée qu'elle puisse se rapprocher de Tom, il n'aimait pas le regard bizarre qu'elle venait de lui lancer, il n'aimait pas sa... Ah tiens, si, il aimait bien sa réponse, en fait, même s'il n'avait pas tout à fait compris le pourquoi du comment. Elle ne voulait pas lui poser de questions. Comment ça elle ne voulait pas lui poser de questions? Pourquoi elle ne voulait pas lui poser de questions? Elle se rendait pas compte du privilège que ça représentait ou quoi? Danny aurait bien été capable de s'enrouler dans du jambon en dansant tout en prononçant des rituels vaudous pour avoir l'honneur ne serait-ce que d'entendre Tom lui proposer de lui poser toutes les questions qu'il voulait. Et pourquoi elle en posait pas, hein? ça faisait pas partie des termes de son contrat?

Oui, bon. Intérieurement, si Daniel était carrément agacé par Olive, il restait curieux, et il fallait dire ce qui était, il aurait bien aimé entendre ce que Tom aurait pu répondre. Loupé.
Une fois qu'il eut connecté ses neurones, il finit par comprendre. Ah ouais... sa présence risquait de tout faire foirer, ça devait être ça. Bon... Note à benêt, se trouver dans les parages le jour où elle lui poserait enfin les questions qu'elle voulait.
Grrrr il allait le lui faire bouffer, son sourire, à Olive. Cet espace de sourire insolent qui lui était tout droit adressé. Grmpf. Il y répondit par un regard assassin. Et puis c'était quoi cette manière de se barrer, comme ça, sans demander son reste. C'était pas à elle de décider, on le lui avait pas dit, ça? C'était TOUJOURS à Tom de décider, qui disait décision, disait Tom. Ils étaient vernis, avec elle, tiens!
Mais (dans les dents, Oly!), la porte était fermée. Le regard de Danny se posa instinctivement sur Tom. Ben oui, c'était toujours lui qui décidait, la preuve!

Olive ne voulait pas poser de questions. Logique. Si celui qui scellait le serment inviolable ne devrait logiquement pas poser problème, Tom comprenait parfaitement la réaction d'Olive. Mieux valait prévenir que guérir. Et la mort était quelque chose de difficilement guérissable. La prudence dont elle faisait preuve était tout à son honneur, aussi Tom se contenta-t-il d'acquiescer quand elle exprima la volonté de poser les questions plus tard. Plus tard... Un peu de répit pour le serpentard, si vraiment il en avait besoin. L'inévitable arrivait toujours, d'une manière ou d'une autre, il n'échapperait pas à ses questions, alors il ne cherchait pas vraiment le moyen de les éviter... Peu importe, ce ne serait pas pour maintenant.

Tom ne participa au dialogue invisible (et à moitié partagé) des deux serpentards... Tu parles de larbins! C'était pas toujours facile d'être le futur maître du monde, il fallait croire. Autant Olive se conduisait relativement calmement, autant Daniel, s'il ne s'était pas encore rué sur Olive pour l'étrangler à mains nues, ne semblait qu'à deux doigts de le faire, tant le regard qu'il avait lancé à la jeune fille était haineux. Tom, au fil des années, avait pris l'habitude de ne plus se soucier de l'attitude ultra possessive de Dany, qui lui faisait détester tous ceux qui osaient s'approcher de près ou de loin de sa personne, Lou et Vincent en avaient déjà fait les frais, c'était à présent au tour d'Olive, apparemment. Sa réaction ultra jalouse, qui frisait la jalousie amoureuse (ça y est, je l'ai dit xD) aurait pu alarmer Tom, s'il n'y voyait pas un certain avantage, tant qu'il ramperait à ce point à ses pieds, il n 'avait absolument rien à craindre de lui, ni des autres, Daniel veillait au grain, ça c'était certain.
Cela dit, Tom nota intérieurement d'éviter que ces deux là effectuent trop de missions ensemble, ou il serait obligé d'interférer au cas où Daniel péterait les plombs, et il n'était pas d'une patience légendaire...
Ou bien il pourrait organiser des combats de coqs et prendre les paris ( <- intervention de l'auteur, Tom n'a pas de temps à perdre avec des activité aussi futiles, voyons... Ou bien? ...Hum)

Olive avait compris qu'il était temps qu'ils s'en aillent. Ils n'avaient désormais plus rien à faire ici. Cela dit, les deux serpentards auraient bien du mal à s'en aller où que ce soit pour le moment. Ce n'était trois fois rien, mais le simple fait de savoir que ces deux vies sans intérêts devaient attendre après lui, même pour ouvrir une porte, qu'il avait bien le pouvoir de les enfermer là pour toujours s'il le voulait lui procurait une satisfaction certaine. Les deux personnes qui se trouvaient là, deux adolescents, et pourtant plus âgés que lui, dépendaient entièrement de lui, étaient complètement à sa merci. Comment ne pas savourer une telle situation?

Il rejoignit Olive devant la porte, invitant Daniel à faire de même, et une fois de plus, sa voix se mua en sifflement et la porte s'ouvrit. Ils firent le trajet inverse, tout simplement. Ils traversèrent les même tunnel, remontèrent les mêmes tuyaux (un petit sortilège d'ascendio pour aider à aller plus vite) et se retrouvèrent à l'endroit où ils s'étaient donné rendez-vous. Le sol verdâtre et humide avait laissé place à un carrelage beige. Sous leurs yeux, le lavabo reprenait sa place initiale, et bientôt, ce fut comme si absolument rien ne s'était passé, il n'y avait plus la moindre trace de leur voyage dans la chambre des secrets, du moins ailleurs que dans leurs souvenirs. Allez savoir si Tom remettrait les pieds dans cette chambre... Cette réflexion l'aurait presque rendu nostalgique, s'il avait eu du temps à perdre en considérations idiotes et mélodramatiques.

Ils ne se diraient pas "aurevoir", ni "à une prochaine fois", on ne se disait rien, dans ce genre de circonstances, chacun allait de son côté (enfin... Daniel, en bon toutou, irait sûrement du même côté que Tom, mais passons)... Aussi, ils quittèrent tous les toilettes en silence, non sans s'être assuré, bien sûr, que l'on entendait aucun bruit dans les parages et Tom, sans se soucier de savoir si Daniel le suivait ou non, se dirigea vers sa salle commune, comme si de rien n'était.
... Comme s'il n'y avait jamais eu de serment inviolable.

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