Un petit détour & une grande discussion. {Achevé}

Music: Ladyboy - Indochine

Le temps passait. Indéniablement. A la même vitesse. S’écoulant encore et toujours. Cela avait d’abord paru bizarre à Olive. Elle avait pensé que le temps se serait figé. Que plus rien ne serait pareil… Mais tout avait continué, comme si rien ne s’était passé. Comme si son imagination lui avait joué un tour. Et la semaine s’était écoulée. L’altercation avec Elena dans la bibliothèque… Le Cours de Défense contre les Forces du Mal sur les Epouvantards… Son absence injustifiée au Cours de Métamorphose et sa rencontre avec Aulne. Tout était resté dramatiquement normal. Il arrivait souvent à Olive de regarder son avant bras droit avant de s’endormir. Tout semblait si irréel…

Mais Tom l’avait ramenée à la réalité. Tom auquel elle n’avait presque pas adressé la parole depuis qu’ils étaient, Daniel Tom et elle, tous ressortis de la Chambre des Secrets. Hier soir, à la sortie des cours, il lui avait proposé de passer dans son dortoir le lendemain. Sur le coup, Olive ne s’était contentée que d’hocher vaguement la tête. Logique. Là bas, ils seraient tranquilles. Et puis, le fait que les garçons ne pouvaient accéder aux dortoirs des filles était maintenant connu de tous… La plaisanterie consistait d’ailleurs à n’en rien dire aux premières années, et d’attendre patiemment que l’un d’eux se fasse piéger pour le tourner en ridicule. Hilarité garantie !

Quoiqu’il en soit, Olive avait passée une bonne demie heure à retourner la situation dans tous les angles. Avait-il quelque chose à lui demander ? Et elle, que lui demanderait-elle ? Enfin… Ses délibérations furent interrompues par l’arrivée fulgurante de Myrtle McGrow. Youpee. Sur le coup, Olive n’avait pu retenir un gémissement. Pas cette nuit ! Il fallait qu’elle dorme par Merlin !!! De rage, elle lui balança son polochon qui lui traversa la tête. Stupide fantôme à la noix ! Elle lui avait lancé un regard noir, puis s’était assise dos au mur et avait plaqué ses mains sur ses oreilles… Une bonne heure plus tard, l’une de ses camarades de dortoir avait craqué, et était partie chercher le professeur Slugorn, celui qui s’occupait de la maison des Verts et Argents. Les cris de Mimi empêchaient tout le dortoir, et ceux dont les murs jouxtaient celui de la pauvre Olive, de dormir. Quand le professeur arriva enfin et réussi finalement à chasser Myrtle gentiment de la chambre à coucher, il était un peu plus de trois heures du matin. Exténuée et ronchonnant à qui mieux mieux, Olive s’était glissée dans ses couvertures et s’était endormie aussitôt, tombant de sommeil.

Et tout cela pour se faire réveiller le lendemain à huit heures pétantes par le réveil matin de l’imbécile du lit d’à côté. C’en était trop pour Olive qui perdit momentanément le contrôle de ses nerfs, prenant à deux mains le réveil et l’envoyant contre le mur où il se fracassa. Les cheveux en pétard et le regard haineux, et lança toutefois à mi-voix un « Désolé… » qui aurait pu être plus sincère à sa propriétaire. Elle remit en place une mèche qui lui arrivait devant ses yeux remplis de cernes et délaissa son pyjama pour enfiler sa robe de sorcière après une douche rapide. Jetant une cape sur ses épaules, elle partit petit déjeuner, laissant derrière elle un dortoir amorphe, peuplé de filles bien décidées à se rendormir malgré le réveil matin trop bruyant. Après tout, on était samedi matin, elles pouvaient en profiter. Olive n’aurait pas réussi à se rendormir de toute manière… Et cela, Myrtle le savait très bien.

En grognant, Olive s’enfila quelques croissants, un jus de citrouille et une demi douzaine de pancakes au sirop d’érable. Pas d’abricots ce matin… Tant pis, une autre fois. Elle finissait paresseusement son petit déjeuner lorsqu’ils arrivèrent. Un deux… Et oui, trois. Les trois garçons qui se trouvaient dans le dortoir de Tom. Et ce dernier était donc libre, même s’il était possible que Chaser y soit encore… Tant pis pour lui, il devra migrer. Repoussant le banc, Olive quitta la table des Serpentards en étouffant un bâillement… Fichue nuit… Elle descendit au sous sol, pénétra dans la salle commune et remonta l’escalier qui menait au dortoir de celui qui partageait maintenant sa vie. Ils avaient entremêlés leurs deux existences en fin de compte…

Et ce fut sur cette joyeuse pensée qu’Olive frappa trois petits coups et poussa la porte, sans y avoir été invitée. Tant pis pour eux s’ils se trouvaient dans des postures peu enviables… Elle franchit le pas de la porte, puis la repoussa de la main, sans même la regarder. Et hop… Comme si elle se trouvait chez elle, la jeune fille s’avança de sa démarche ondulante et vint poser son derrière sur l’un des lits, sans se demander à qui il appartenait. De toute manière, elle ne faisait que l’emprunter. Un pied aida l’autre à enlever sa bottine, puis inversement. Et hop, Olive s’assit en tailleur sur le rebord du lit. Un léger sourire aux lèvres, elle posa son regard sur le visage de Tom.

- Hello.

Ils avaient passé plusieurs jours sans s'adresser seulement la parole. Depuis qu'ils avaient quitté la chambre des secrets, aucun des trois serpentards qui s'était trouvé là n'avait remis le sujet sur le tapis. Daniel semblait bien avoir esquissé le souhait de revenir sur ce qui s'était passé, mais à chaque fois que Tom l'avait senti sur le point d'aborder le sujet, il s'était finalement retenu, comme s'il était préférable pour lui (et sans doute était-ce le cas) d'éviter le "sujet Hornby" tant qu'il n'était pas d'actualité. Pourtant, il fallait bien qu'ils en reparlent, du "sujet Hornby".... Enfin, il fallait surtout que Tom et Olive en reparlent, pour ce qui était de Daniel, Tom n'avait pas la moindre intention de l'informer outre mesure de ce que lui et cette chère Olive pourraient bien se raconter à l'avenir.
Quoi qu'il en soit, les choses ne pouvaient pas rester en suspens trop longtemps, et il était hors de question de faire comme si de rien n'était, on ne se liait pas à quelqu'un par un tel sortilège pour ignorer cette personne ensuite... Ils allaient devoir avoir une conversation. Aussi, quand il la croisa, la veille, il lui proposa (mais toute proposition émanant de Tom était à prendre comme un ordre, de toute façon), de la rejoindre dans son dortoir... L'endroit le plus stratégique pour éviter les oreilles indiscrètes.

Il s'était donc bien attendu à ce qu'elle vienne le rejoindre, ce matin là, et quand elle toqua à la porte, il était tout prêt à l'accueillir... Il n'avait pas besoin de fantôme ni de réveil pour se lever de bonne heure, il se levait naturellement plus tôt que tous les autres... Il n'aimait pas perdre du temps à dormir. Il avait donc eu tout le temps de quitter son pyjama pour enfiler son bien banal uniforme scolaire (eh oui Olive, c'est la vie!), et il avait attendu tranquillement le lever du jour, une plume dans une main, son journal dans une autre... Il avait toujours considéré que posséder un journal intime était quelque chose de stupide et d'absolument sans intérêt. Du moins ce fut cet avis qu'il donna explicitement à Mrs Cole, la directrice un brin utopiste de son orphelinat, quand elle essaya, grâce à ce journal, l'une des nombreuses méthodes que lui avaient proposé les divers docteurs en tous genres pour mettre un terme à la misanthropie et à l'asociabilité du gamin. Résultat : c'était encore pire, aujourd'hui... Finalement, ce journal avait un certain intérêt, une sorte de journal de bord, de bloc note qui lui permettait d'organiser ses idées...

Bref. C'était ainsi qu'il occupait généralement ses débuts de matinée, jusqu'à ce que l'horrible réveil de Daniel ne se mette à sonner, que celui ci cherche à tâtons le moyen de l’éteindre en poussant des espèces de grognement sans la moindre élégance. Les autres adolescents qui occupaient son dortoir se réveillaient alors à leur tour, à grand renfort de bâillements et étirements en tous genres, laissant largement le temps à Tom de dissimuler son journal avant que l’un d’entre eux ait réellement émergé. Le rituel était le même tous les matins, comme si ses braves camarades verts et argents étaient entièrement conditionnés, il se levaient, le regard vide et l’air abruti, ils se dirigeaient vers la salle de bain d’un pas lourd, puis partaient manger en lui adressant un vague « salut » d’australopithèque mal réveillés. Seul Daniel employait un autre processus (mais il restait le même tous les matins), il se levait et s’habillait en quatrième vitesse, comme s’il craignait que Tom ne s’évapore s’il avait l’absence d’esprit de l’abandonner cinq minutes, puis il attendait que Tom daigne descendre prendre son petit déjeuner pour pouvoir se rendre à la grande salle à sa suite, comme un brave petit toutou.
Seulement, cette fois ci, le rituel du gentil caniche allait être perturbé, puisque Tom ne quitterait pas le dortoir, il savait qu’Olive viendrait la voir, et de toute manière, il ne ressentait jamais le besoin incontrôlable de manger, il pouvait très bien sauter ce repas.

« Tu peux y aller tout seul, tu sais où ça se trouve... » répliqua Tom quand Daniel l’invita à aller manger (apparemment, lui, avait faim).

Ces mots prononcés, Daniel ne bougeait pas pour autant. Là où Tom allait, Daniel allait, si Tom restait, Daniel restait... Exaspérant. Décidé, son larbin le plus fidèle s’était donc rassit sur son lit, et s’apprêtait apparemment à lui demander quelque chose quand on toqua à la porte.
C’était Olive, évidemment, Tom n’eut pas à lui demander d’entrer, elle entra d’elle-même, et comme si on l’avait invité à le faire, elle alla s’asseoir sur le lit de Tom, sous le regard apparemment outré de Dan’.

« Laisse nous. » ordonna Tom sans employer la moindre politesse.

Daniel semblait sur le point d’exploser. C’était volontaire. En d’autres circonstances, l’attitude quelque peu désinvolte d’Olive aurait pu l’agacer, mais là, en l’occurrence elle lui rendait service, il trouvait amusant de voir Daniel bouillonnait de rage comme il le faisait, une juste compensation pour ce collage de basques intempestifs. Le serpentard eut un moment l’air de vouloir protester, mais s’exécuta finalement, laissant Tom et Olive seuls. Tom s’adossa au mur le plus proche et observa un moment la jeune fille avant de finalement prendre la parole.

« Je vais me contenter de réitérer la question que je t’ai posé la dernière fois, ça nous fera gagner du temps. »

Bah non, pas de « bonjour » ou de « comment tu vas? », il pouvait au moins s’épargner ça, avec elle.

Music: Question! - System of a Down

Ses mains s’enroulèrent ses chevilles, les entourant de ses doigts fins. Et puis, son sourire toujours accroché à ses lèvres, la miss explora du regard le dortoir. Comme prévu, les trois camarades de Tom qui occupaient d’ordinaire la pièce n’étaient pas présents. Sans doute en train de découvrir avec amertume que le petit déjeuner ne comportait pas d’abricots, aujourd’hui encore… Quel dommage. Il faudrait que cela change un jour… Et Olive attendait impatiemment le retour de ses fruits préférés sur la longue table des Verts et Argents. Mais bon… Cette idée lui passa rapidement lorsque son regard se posa sur la silhouette de Daniel. Lui aussi s’était assit sur un lit, bien qu’il n’ait pas adopté la même posture que notre mistinguette. Et dire qu’il semblait enchanté de la voir aurait été une grossière erreur… Il semblait à Olive qu’il aurait largement préférée qu’elle soit à l’autre bout du château en ce moment même, à défaut de se trouver dans un autre pays… Par Merlin, que leur relation devenait compliquée… Pourtant, Olive ne lui avait jamais vraiment fait de crasses… Oh, elle ne se serait pas vraiment gênée, mais elle n’en avait pas eu l’occasion… Et maintenant qu’elle le côtoyait de plus près et pouvait parfaitement découvrir de quoi faire des ravages, elle se retenait. La raison ? Par respect pour Ines. Après tout, elle sortait avec lui, et si Olive s’attaquait à ce bougre-là, elle en serait blessée. Olive n’avait déjà que trop peu de soutien amicaux, inutile de les gaspiller. Déjà qu’elle les comptait sur les doigts de la main… Mais si l’attitude de Chaser était juste hostile, cela ne dura pas longtemps.

- Laisse nous.

C’était un ordre, ni plus ni moins. Même pas de « s’il te plaît». Si Olive n’avait pas été curieuse de la réaction de Daniel, elle aurait sans doute dévisagé Tom du regard. Et l’attitude hostile se change presque en attitude menaçante. Si Tom n’avait pas été présent, peut être qu’il aurait attaqué Olive… Super, un de plus dont il faudrait se méfier… Mentalement, la jeune fille se promit d’éviter de traîner avec Chaser quand elle était toute seule. Mieux vaut prévenir que guérir après tout… Et puis, finalement, Daniel se leva et sortit de la pièce. Et Olive ne pu s’empêcher de se demander pourquoi. Il était plus âgé que Tom, n’avait aucune raison de céder à ses ordres. Après tout, c’était aussi son dortoir à lui… Mais si l’attitude soumise de Daniel l’amusait, celle de Tom la déroutait.

Ses yeux, qui avaient suivit Daniel tout au long de sa sortie, quittèrent la porte à présent refermée pour chercher le dernier rescapé de l’exode. Et ils le trouvèrent adossé contre le mur, à quelques pas du lit sur lequel Olive était assise. Un court moment, ils restèrent tous deux figés, puis Tom prit la parole.

- Je vais me contenter de réitérer la question que je t’ai posée la dernière fois, ça nous fera gagner du temps.

Bien… Il allait directement à l’essentiel. Un court instant, son sourire s’effaça, mais seulement pour revenir à la charge l’instant d’après, encore plus lumineux. Et ses lèvres s’animèrent.

- Ahhh, les questions. Effectivement.

Ses mains se délièrent de ses chevilles pour permettre à Olive de s’étirer. Se penchant légèrement en arrière, elle s’effondra en douceur sur le matelas moelleux, ses jambes toujours croisées. Elle rouvrit les paupières qu’elle avait fermées durant sa pseudo chute et tendit sa main gauche devant elle. Son pouce se sépara du point tandis qu’elle reprenait la parole.

- Humm… Le serpent de la Chambre des Secret… C’était quoi ?

Son regard resta fixé sur sa main, malicieux. Son index suivit le même mouvement que son pouce. Et un par un, comptant le nombre de questions posées, ses doigts se désolidarisaient du poing.

- Pourquoi tu arrives à parler la langue des serpents ? Pourquoi Daniel semble me détester autant ? Qu’attends-tu exactement de moi ? Enfin, je veux dire… Autre que ce que tu m’as déjà fait promettre… Et… Qu’est-ce que tu penses que Myrtle ressent envers toi ?

La dernière question posée, sa main redescendit vers le matelas, permettant à Olive de poser ses deux avant-bras au contact de ce dernier. D’un léger appui sur ses coudes, elle se releva légèrement et fixa son regard sur Tom. Comment allait-il réagir à sa déferlante de questions ?

Olive faisait preuve d'une incroyable désinvolture, comme si tout cela était normal, Tom aurait pu s'en agacer, mais ce n'était pas le cas, il préférait de loin avoir face à lui une jeune fille qui s'affalait sur son lit sans y avoir été invitée qu'une espèce de verte et argent intimidée et complètement désemparée. Ce n'était pas pour rien que Tom avait choisi la solution du serment inviolable.. Après tout, il aurait tout aussi bien pu laisser la jeune fille vivre sa vie (enfin, pour ce qu'il en restait), n'effectuer aucun chantage sur elle... En soi, le fait qu'elle soit malade l'indifférait totalement, mais Tom avait conscience que la jeune fille pourrait être un atout non négligeable parmi sa petite équipe de larbin, parce qu'elle était débrouillarde... et qu'au final, elle n'avait plus rien à perdre. Il la laissa donc prendre ses aises sans faire la moindre remarque (au pire, ça lui ferait toujours quelque chose à raconter à Daniel, juste histoire de voir sa réaction). Il préféra laisser les questions se multiplier, nombreuses... et même assez surprenantes, parfois.
De la façon la plus pragmatique qui soit, il se décida à répondre à chacune d'entre elles, le plus sincèrement du monde (en même temps, il n'avait pas vraiment le choix), d'un ton parfaitement neutre.

"Le serpent de la chambre est un basilic, mais je me doute que tu l'auras deviné."

De une. En même temps, il n'y avait pas grand chose à dire de plus, Olive l'avait entrevu, il le savait bien, c'était un serpent géant, il n'existait pas beaucoup de sortes de serpents géants dans le monde (en tous cas pas d'aussi grands), pour ne pas dire que le basilic était bien le seul serpent à atteindre une taille aussi imposante. La seconde question allait assez naturellement de paire avec la première, et Tom y répondit avec la même franchise et le même détachement.

"...je peux parler aux serpents parce que tous les membres de ma famille savent parler aux serpents" enfin, presque tous... "...mais tu l'avais deviné aussi, je n'en doute pas."

Si Olive savait ce qu'était le fourchelangue, elle devait dès lors savoir que seul salazar serpentard et ses descendants pouvaient parler la langue des serpents, et elle ne pouvait qu'être d'autant plus certaine de cela que, à moins d'avoir été sourde, aveugle et bâillonnée à une chaise durant toute l’année précédente, elle savait très bien que la chambre des secrets avait été ouvert, et avait certainement eu vent des rumeurs à ce sujet... Qui plus est, il ne l’imaginait pas assez crédule pour se contenter d’apprécier la théorie selon laquelle ce benêt par excellence de Hagrid serait à l’origine de tout cela.

La réponse à la question suivante était moins évidente... Tom n’était pas dans la tête de Daniel, il ne pouvait pas vraiment savoir. Bien sûr, il savait très bien que sa réaction envers Olive relevait d’une jalousie proprement maladive, mais il ne pouvait en expliquer toutes les raisons, la fascination, l’admiration exacerbée qu’il avait envers lui, Tom ne l’avait jamais demandé. Bien sûr, il n’avait jamais rien fait pour la refréner non plus, une telle dévotion à son égard ne pouvait que jouer en sa faveur, mais pour autant, il devait admettre lui-même qu’elle avait atteint un point presque effrayant, que Tom avait fini par préférer d’éviter d’interpréter.

« Pour ce qui est de Daniel, tu ferais mieux de le lui demander directement... Mais je pense qu’il craint que tu prennes sa place . »

Il était vrai que l’on serait davantage portés à parler ainsi d’un enfant qui voit un nouveau-né arriver dans sa famille et a peur d’être rejeté, mais il y avait certainement beaucoup de ça... Et peut-être d’autres choses, mais Tom ne cherchait même pas à le savoir. Pourquoi, de toute manière, perdrait-il son temps à se soucier de Daniel.

« ...mais il a tort. »

Par ces trois mots, il enchaînait sur la question suivante. Daniel avait tort, en effet, Tom ne destinait absolument pas Olive à la même chose que son supposé "meilleur ami". Qu’attendait-il exactement d’elle? Eh bien, qu’elle acte pour lui, comme tous les autres, à la différence non négligeable que le lien qui liait Tom à Olive était différent de celui qui liait l’héritier de serpentard à n’importe lequel autre de ses larbins, il pouvait disposer d’olive comme il le voulait, autant qu’il le voulait, sans s’imposer la moindre restriction, et pour cette raison, en plus du fait qu’il n’aurait que peu (voir aucun) de secret pour elle, elle était toute disposée à accomplir pour lui les missions les plus délicates qu’il aurait à proposer.

« ...tu accompliras plus que ce qu’il n’accomplira jamais. En temps voulu... »

Le simple fait qu’il soit là, à lui déballer d’une traite toutes ces choses que personne d’autre ne pourrait espérer entendre en était déjà la preuve. Sans doute qu’il la cantonnerait, elle aussi, à quelques tâches ingrates, comme celles qu’il attribuait à tout son entourage, mais elle serait aux faits de ses projets, et pourrait donc s’employer à faire en sorte qu’ils voient le jour. Peut-être que s’il l’avait choisi elle, c’était aussi parce qu’elle côtoyait de plus près que n’importe qui d’autre ce dont Tom voulait à tous prix faire fi.

Finalement, il lui donna sa dernière réponse... Une réponse à une question relativement surprenante. Myrtle McGrow... Il ne s’était jamais soucié, de son vivant comme dans sa mort, de ce qu’elle pouvait ressentir. A vrai dire, il ne se souciait absolument pas des sentiments des autres, prendre le temps d’avoir des sentiments, c’était déjà du temps perdu. Mais il comprenait :malgré tout le pourquoi de cette question. Tout le monde parmi les serpentards s’avait que le fantôme de Myrtle avait pris la fâcheuse tendance de venir hânter Olive à n’importe quelle heure de la nuit, il ne serait d’ailleurs pas étonnant qu’elle ait remis ça cette nuit, à en juger pas les cernes de la jeune fille.
Bref... Ce que Myrtle pouvait bien penser de lui? Allez savoir... Rien qui ne l’intéresse vraiment, le seul rapport que ces deux là entretenaient, c’était un rapport d’assassin à victime, et encore, elle ne le savait pas.

« Pour ce qui est de Myrtle... ce qui est certain, c’est qu’elle n’entretiendrait pas les mêmes sentiments à mon égard si elle avait compris quelque chose à son propre décès. »

On ne peut plus juste. Ces réponses données, Tom n’ajouta rien, laissant à Olive la liberté de commenter ou de poser d’autres questions si besoin était.

Music: Fascination - Alphabeat

Il se trouvait toujours au même endroit, debout, adossé à son mur. Il n’avait pas bougé. Une statue qui se contentait de respirer calmement et de la regarder. Aucune réaction suite à la vague de questions. Et il n’avait rien fait pour l’arrêter en plein monologue… Tant mieux dans un sens… Ce n’était pas terrible d’interrompre une personne en pleine tirade. Quoique, Olive doutait que ça l’ait vraiment dérangé. S’il avait voulu le faire, il l’aurait, sans aucun doute. Mais bon, le temps n’était plus aux questions, qu’elles soient mentales ou non. Non… Le temps était aux réponses, et à l’enregistrement des données.

Ce fut d’un ton… détaché et neutre qu’il lui répondit, comme si leur discussion était d’une normale banalité. Comme s’il parlait de cette stupide météo dont la fenêtre du dortoir laissant apparaître de grosses gouttes de pluie… C’était dans des journées comme celles-ci qu’Olive était heureuse de son enferment forcé dans l’enceinte du collège. Pas besoin de se mouiller en cours de soins aux créatures magiques… Pas besoin non plus de courir du hall du collège pour se dépêcher de se mettre à l’abri dans les serres. Brefle. Laissons de côté cette météo médiocre, qui gâchait le début de week-end des étudiants pour se concentrer sur l’essentiel. Tom venait de prendre la parole. Son regard resta fixé sur la fenêtre dont la surface dégoulinait de pluie, mais ses oreilles se penchèrent attentivement sur la conversation…

- Le serpent de la chambre est un basilic, mais je me doute que tu l'auras deviné.

Un Basilic. Et une supposition de vérifiée. Une réponse qui la rendait joyeuse. Heureuse même. Elle avait toujours voulu savoir à quoi ressemblait en vrai l’animal dont la dent formait le cœur magique de sa baguette…Lorsqu’elle était ressortie de chez Ollivander, la baguette de sorbier dans son écrin, Olive s’était presque littéralement jetée sur la bibliothèque familiale. Histoire d’en apprendre plus sur cette petite merveille. Sa baguette était la chose la plus précieuse à ses yeux. La plus magique qui soit au monde aussi. Bois de Sorbier sur 30 centimètres trois quarts et dent de Basilic. Le Sorbier était l’arbre de la vie. Cruelle ironie quand on pense à la vie de la petite Hornby justement…Mais il était aussi le symbole de la protection contre les enchantements, ce qui faisait un point positif non négligeable pour la baguette aux yeux d’Olive. Elle était aussi tombée sur une légende lors de ses recherches…Selon la légende, manger les fruits d'un certain sorbier guérissait et allongeait la vie d'un an par baie. Le hic ? Un dragon redoutable protégeait cet arbre. Une légende pour les enfants… Chacun savait que les dragons étaient tous recensés et surveillés par le Département de Régulation des Créatures Magiques. Mais bon, l’histoire avait son charme…

Mais la symbolique du bois était beaucoup moins importante aux yeux d’Olive que le Basilic. Peu de livre parlait de lui chez elle. Ils mentionnaient juste que son élevage était interdit depuis le Moyen Age, bien que peu de sorciers et sorcières s’y risquaient. La raison ? Il fallait parler Fourchelangue pour maîtriser l’une de ces bêtes, très dangereuse. Dangereuse ? En quoi ? Fourchelangue ? Qu’était-ce donc ? Tant de question auxquelles Olive ne pu répondre qu’après avoir fait sa rentrée à Poudlard. Elle fut répartie dans la Maison des Serpents, et elle trouva cela fort amusant. Beaucoup de petits passages dans les rayonnages de la bibliothèque lui furent nécessaires pour s’assurer d’avoir bien lu tout ce que la bibliothèque recelait d’information sur ce « Roi des Serpents ». Des crochets empoisonnés, des yeux qui tuent. Des écailles protectrices comme celles des dragons… Tout dans cet animal imposait le respect. Olive était fière de sa baguette, et de ce qu’elle contenait. Fière qu’elle l’ai choisit, elle. Car tous les élèements de sa baguette concordaient avec sa nature profonde selon la jeune fille. Et elle n’avait jamais eu aucun problème avec. Au contraire. La baguette la ravissait chaque jour davantage. Son seul regret sur le coup avait été de se dire qu’elle ne pourrait voir ce magnifique animal qu’en représentation. Au final, elle avait eu tort. Pour son plus grand bonheur.

Plus rayonnante que Tom ne l’avait sûrement jamais vue, Olive vint s’asseoir sur le rebord du lit qui faisait face à son interlocuteur. La raison ? Pour pouvoir sortir sa baguette de la poche intérieure de sa cape, et pour pouvoir l’examiner à son aise, une fois de plus, la baguette de bois clair. Mais Tom avait enchaîné. Aussi, Olive laissa momentanément sa fascination pour sa baguette s’évaporer dans les méandres de son esprit.

- ...je peux parler aux serpents parce que tous les membres de ma famille savent parler aux serpents ... Mais tu l'avais deviné aussi, je n'en doute pas

Tous les membres de sa famille… Ou tous ceux qu’il considérait comme sa famille. Ses recherches sur les Basilics lui avaient fait en apprendre pas mal sur le Fourchelang. Et le plus connu était sans conteste Salazard Serpentard. Cette faculté n’apparaissait que très rarement, et se transmettait ensuite généralement. Si toute la famille de Jedusor parlait la langue des Serpents, alors il était sûrement le descendant de Serpentard. Surtout que l’histoire de la Chambre des Secrets concordait alors. L’histoire de la Chambre des Secrets… Olive se demandait encore comment la majorité du château avait pu croire que le descendant de Salazar s’était retrouvé comme par miracle dans la Maison des Rouge & Or, le plus grand ennemis des Serpents, le défenseur des Moldus. C’était tout simplement invraisemblable… Mais allez savoir pourquoi, Olive n’avait fait aucun commentaire cette fois-ci. Une première pour la miss. Mais depuis la semaine dernière, tout avait pris son sens. Tom Jedusor avait ouvert la Chambre des Secrets l’année dernière. Tom Jedusor avait tué Myrtle. Ces révélations avaient un peu effrayées Olive lorsqu’elle s’en était rendue compte. Mais elle avait décidé de passer outre. Elle était maintenant trop liée à Tom pour se formaliser de ces gestes passés.

- Pour ce qui est de Daniel, tu ferais mieux de le lui demander directement... Mais je pense qu’il craint que tu prennes sa place. Mais il a tort. Tu accompliras plus que ce qu’il n’accomplira jamais. En temps voulu...

Notre Olive se contenta d’hocher la tête. Tout cela arriverait bien assez vite…Et pour ce qui était de demander directement à Daniel… C’était à négocier. Elle verrait bien si la conversation s’y prêterait. Enfin… Si jamais Olive se retrouvait seule avec Chaser… Ce qui n’était pas vraiment à son goût, ni au sien. Mais allez savoir ce que l’Avenir vous réserve ? Si on avait dit à Olive il y a un mois qu’elle effectuerait le Serment Inviolable avec un presque total inconnu, elle aurait rie au nez de la personne qui se serait abaissée à déblatérer de telles imbécillités.

- Pour ce qui est de Myrtle... Ce qui est certain, c’est qu’elle n’entretiendrait pas les mêmes sentiments à mon égard si elle avait compris quelque chose à son propre décès.

Un léger sourire vint compléter les paroles de Tom. Ca, c’était sûrement correct. Si Myrtle découvrait qui se cachait derrière le nom d’Assassin, cette personne serait vraisemblablement bonne pour le même traitement que la satanée Mimi Geignarde lui faisait subir. Et même pire, puisqu’elle pourrait le dénoncer. L’avantage des fantômes, c’est qu’ils n’entraînent pas leurs secrets dans la tombe… Enfin… L’avantage ou l’inconvénient.
Tom n’ajoutant rien de spécial, Olive se décida à prendre la parole.

- Ouais, c’est sûr que je pense qu’elle t’en voudrait un peu. Dommage pour elle, je suis à peu près sûre qu’elle t’aime … plutôt bien on va dire. Ça lui ferait un choc émotionnel si elle apprenait que c’était toi qui étais responsable dans son état transparent.

Une petite insistance sur le « toi » de la dernière phrase et un léger sourire moqueur. Oui… Si Myrtle avait été toujours en vie en ce moment, sans doute que cette nouvelle rumeur aurait commencée à circuler dans les couloirs. Mais Olive s’était décidée à calmer le jeu avec Myrtle. Après tout, ses virées dans son dortoir se révélaient être assez dissuasives.

Le sourire moqueur s’effaça petit à petit, abandonnant la place à une mine joyeuse. Notre Verte & Argent se laissa glisser du rebord du lit et vint s’asseoir par terre, adossée contre ce qui lui servait auparavant de « repose fesses ».

- Ca m’a surprise… Je ne m’attendais pas vraiment à voir un Basilic en chair et en os.

La figure rayonnante d’Olive ne laissait aucun doute possible sur l’effet que la vue du Roi des Serpents avait eu sur elle. Bien qu’elle n’appréciait pas vraiment les sifflements qui sortaient de la bouche du Serpentard, la vue de cet animal l’avait comblée. Elle hésita un moment avant de s’expliquer plus en détail. Après tout, il n’en avait peut être rien à cirer…Puis, haussant les épaules, elle prit chaque extrémités de sa baguette entre ses mains et la fit tourner doucement, tout en reprenant la parole.

- J’aime beaucoup ma baguette… Il y a une dent de Basilic à l’intérieur. Je pensais ne jamais avoir l’occasion d’en apercevoir un en vrai…

Puis, elle ajouta en grognant :

- Il y a tellement de restrictions sur leur élevage…

Myrtle l'aimait... plutôt bien? Tom n'avait très franchement jamais considéré cette possibilité, et d'ailleurs, c'était le genre de préoccupations qu'il considérait comme trop basses pour qu'il s'y intéresse vraiment... Bien sûr, il n'avait pu que remarquer le regard insistant, mièvre et par conséquent débile que posaient sur lui certaines filles, et il comprenait très bien pourquoi, mais il ne prêtait attention ni aux regards, ni aux filles qui papillonnaient des yeux sous son nez, aussi, si Myrtle avait pu en faire partie, il ne l’aurait pas remarqué... C’était qu’il avait un certain succès auprès de la gente féminine, et ce sans devoir y mettre beaucoup du sien, ou peut-être était-ce justement parce qu’il n’y mettait vraiment pas du sien qu’il intéressait autant... son excuse officielle à ce désintéressement total s’appelait Lou Hamilton... sauf que Lou ne bénéficiait pas de beaucoup plus d’attention que toutes les autres. Peu importe, cet intérêt, si peu réciproque pouvait-il être, jouait généralement en sa faveur, et si Myrtle s’intéressait ne serait-ce que vaguement à lui, cela ne saurait que lui être favorable... Cela diminuait quelque peu la tare que représentait ce fantôme qui aurait mieux fait de se contenter de crever en bonne et due forme, comme tous les autres. Enfin, Myrtle était plus idiote que dangereuse, de toute manière.

Olive quitta sa place pour s’installer au sol, adossée au lit de Tom. Elle prenait véritablement ses aises, comme si venir dans cette chambre était une grande habitude, comme si la situation exigeait une telle décontraction. Et Tom continuait de ne pas lui en tenir rigueur. Olive lui changeait agréablement de tous ces sbires qui osaient à peine ouvrir la bouche en sa présence. Toujours la même stature figée, toujours le même temps d’hésitation avant de prononcer le moindre mot. Bien sûr, c’était bien là l’attitude que Tom semblait implicitement exiger, mais ce n’était certainement pas le genre d’attitude qui faisait les fondements d’une relation sociale correcte. La preuve, il ne possédait aucune relation normale : il laissait tranquillement sa copine rester frustrée jusqu’à la fin de sa vie, et son pseudo meilleur ami semblait devoir se retenir plus que de raisons pour ne pas le demander en mariage dans la minute... Et étrangement, c’était dans Olive, avec qui il partageait pourtant le lien, au sens propre, le plus tordu et le plus étrange qui soit, qu’il reconnaissait le plus une réaction plus ou moins normale. Tout simplement parce qu’elle ne lui faisait aucune courbette, et qu’elle savait que le serpentard devrait s’en satisfaire, puisqu’il avait désormais l’obligation de la protéger.

Puis, sans transition aucune, la conversation dévia sur le basilic... Etrangement, en y faisant référence, le sourire d’Olive semblait s’être éclairé... Il était rare que quelqu’un affiche ce genre d’air quasi béat à la seule pensée d’avoir pu voir un serpent géant... C’était généralement l’inverse... Enfin, Tom ne pouvait que le supposer, puisqu’Olive était la seule personne à sa connaissance qui ait jamais eu l’occasion de voir un véritable basilic. L’attachement particulier qu’elle semblait posséder vis à vis de cette bestiole fut justifié par les propos que la verte et argent tint ensuite, propos qui expliquaient en une fois sa fascination pour le serpent géant, et l’attention soudaine qu’elle avait porté à sa baguette.
Il y avait une dent de basilic à l‘intérieur... Rare étaient les personnes qui attachaient à leur baguette magique l’importance qu’elle méritait pourtant... Pour ceux qui étaient nés de familles sorcières, cela se comprenait presque, ils baignaient dans la magie depuis longtemps, ils ne réalisaient pas l’importance des petits détails. Tom, tout comme Olive, dès qu’il en avait appris davantage sur la composition de sa baguette, avait cherché à en savoir plus sur ces fameux phénix... Sans doute au premier abord, avait-il pensé qu’une dent de basilic aurait été plus appropriée... mais peut-être pas. Le phénix avait ce que Tom ne possédait pas pour le moment, mais à quoi il aspirait. L’immortalité. Lui aussi, ne mourrait jamais, d’une manière ou d’une autre. Restait à trouver laquelle.
...Cela dit, Olive racontait carrément sa vie, et Tom se moquait royalement de savoir le contenu de la baguette de son interlocutrice, il aurait très bien pu contenir des ongles de botrucs, ou de la bave de veracrasse, qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire? Aussi il ne jugea pas véritablement nécessaire de prolonger longuement le sujet, il y coupa donc court par une phrase concise, et un ton quelque peu désintéressé.

« On se demande bien pourquoi... »

Oui, les raisons qui faisaient que faire soi-même son petit élevage de basilic n’était pas fortement conseillé et nécessitait de faire fi de nombreuses restrictions n’étaient pas du tout évidentes. Ou pas.
Bref... Bien que, donc, la baguette d’Olive ne revêtait pour Tom qu’un intérêt limité, la réflexion de la jeune fille l’avait ramené à des considérations qu’il avait laissé de côté un moment... mais qui, maintenant qu’il les avait en tête, pouvaient tout aussi bien être abordées maintenant.
L’une des raisons qui avaient incité Tom à faire ce serment inviolable avec Olive.

Quittant enfin le pan de mur auquel il était adossé depuis le début de leur conversation, Tom vint s’asseoir à côté de la jeune fille.

« Je peux te poser une question? »

Simple formule d‘usage, une sorte de réflexe qui lui avait été inculqué par toutes ces années de politesse feinte. La réponse d’Olive à cette question importait peu. Ce n’était pas comme s’il lui laissait véritablement le choix.

Music: Evil Angel - Breaking Benjamin

- On se demande bien pourquoi...

La phrase retentit aux oreilles d’Olive comme un avertissement. Mais ce n’était pas vraiment les mots qui la formaient ni son sens qui lui fournissait cette impression. Le tout se trouvait dans l’intonation avec laquelle Tom l’avait prononcée. Intéressé, Captivé par ses paroles, il ne semblait pas du tout l’être. Bien sûr, raconter sa vie semblait peut être être déplacé lorsqu’on se retrouvait en présence de celui qui avait fait un Serment Inviolable avec soi, mais Olive agissait de manière naturelle, sans trop se formaliser de la situation actuelle. Peut être que Tom aurait voulu qu’il en soit autrement. Ou peut être juste que ses propos ne l’intéressaient juste pas…

Olive haussa les épaules. Que Tom soit heureux ou pas d’entendre ce qu’elle avait à dire, elle s’en fichait un peu…Les raisons pour lesquelles l’élevage des basilics était interdit lui semblaient évidentes pourtant. Peut être qu’elles ne l’étaient pas pour Tom. Après tout, il était un Fourchelangue, et par conséquent, il n’avait pas du tout les mêmes problèmes que les autres sorciers à se faire obéir par ce serpent. Lui, il pourrait sans problème créer un élevage… L’expérience se révèlerait beaucoup plus risquée si c’est Olive qui s’en chargeait…Mais bon, le sujet de la conversation semblait avoir dévié, et la demoiselle laissa son activité céphalique se désintéresser de la question, pour se concentrer sur le jeune étudiant. Tom venait de bouger. Enfin, la statue s’animait. Il avait enfin quitté ce bout de mur auquel il était presque littéralement collé depuis qu’elle était entrée. A croire que c’était lui l’invité, et elle l’hôtesse…Les yeux noisette de la Septième année le suivirent du regard lorsqu’il se rapprocha d’elle. Un air interrogateur se posa brièvement au fond de ses prunelles alors que Tom Jedusor prenait place au sol, à ses côtés.

La soudaine proximité entre eux la … surprenait. Oui. Elle la surprenait un peu, Olive devait bien se l’avouer. Mais dans un sens, c’était plutôt mieux. Elle s’était attendue à ce que le courant passe… Moins bien entre eux. Qu’il mette du temps à s’établir. Olive n’était pas toujours facile à vivre, et ce n’était pas à la portée de tout le monde d’apprécie son caractère. D’un autre côté, elle ne se permettait pas tout avec le jeune Jedusor…Elle n’irait pas crier ses secrets sous tous les toits, et ça, c’était déjà beaucoup pour la miss. Pour le reste, elle se contentait de ne pas trop y penser, et ça passait…

- Je peux te poser une question?

La question surprit la miss qui tourna carrément sa tête vers lui. Si ses yeux pouvaient assez facilement le voir bien qu’il soit à sa droite, elle préférait tout de même tourner la tête vers lui pour faciliter l’observation. Il avait l’air sérieux pourtant. Un léger rire la prit. Il avait tout de l’enfant qui n’ose pas s’exprimer et qui attend la permission des autres pour s’exprimer. Néanmoins, Olive ne se moquait pas en l’instant présent. C’était juste la situation qui l’amusait.

- Je t’en prie ! Je peux te poser toutes les questions que je veux, et tu n’as pas le droit de me mentir en me répondant… Alors tu peux bien me poser des questions à ton tour.

Un léger sourire vint effacer le rire, avant de mourir quelques instants après. Ses mains qui enserraient ses genoux les lâchèrent pour se poser sur sa taille. Et lentement, ses chaussettes glissèrent sur le sol, dépliant peu à peu ses jambes. Et lorsque le mouvement fut terminé, Olive retourna la tête vers ses pieds, pour observer, pensive, le mouvement des chaussettes de gauche à droite, et inversement. D’un coup, toutes ses pensées étaient revenues l’assaillir. Sans doute était-ce du à la mention de l’interdiction que Tom avait de lui mentir… Ses propres promesses résonnèrent dans sa tête, avant que ses neurones ne fassent le lien avec le peu d’années qui lui restaient à vivre. Pourtant, Olive s’efforçait d’oublier cette sinistre pensée, qui ne résoudrait rien, et qui ne ferait que rendre l’humeur de la jeune fille encore plus morbide et agacée. Mourir… Cela arriverait un jour à tout le monde. Mais chacun souhaitait généralement que cela arrive le plus tard possible. C’était également le cas d’Olive. Son cas… Désespéré ? Sûrement. Mais quelqu’un de désespérer peut tout de même avoir une vie. Le tout, c’est d’en profiter… Résolue à passer à autre chose, Olive tendit l’oreille, attendant la question de Tom. Que pouvait-il vouloir lui demander ? Cela l’intéressait…

Bon, Tom avait de la patience, mais Olive avait intérêt à ne pas trop en abuser non plus.
Si il avait eu pour habitude de grimacer, ou de faire comme tout le monde et de laisser ses émotions glisser tranquillement à la surface de son visage pour que tout un chacun ait la possibilité de décrypter avec aisance la moindre de ses émotions, sans doute Tom aurait-il grimacé, au moment présent, sans doute aurait -il montré l'exaspération qu'Olive avait tout de même tendance à provoquer chez lui, ces quelques aspects de sa personnalité qui lui rappelaient qu'elle n'était finalement qu'un individu parmi tant d'autre, stupide et inutile, à la différence près que le serpentard était dans l'obligation de tenir compte d'elle plus que les autres et que, pire encore, c'était lui-même qui avait décidé qu'il en soit ainsi.

Mais Tom ne grimaçait pas, ne montrait aucun agacement... Ni quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs, son expression faciale était on ne peut plus neutre, et ses émotions impossibles à décrypter , il n’avait pas besoin de forcer sa nature pour masquer les pensées qui le traversaient, il lui fallait davantage de talent à l’inverse pour donner l’impression de montrer naturellement ses émotions. C’était quelque chose qu’il n’avait jamais su faire naturellement, point barre, et c’était certainement tant mieux pour lui.

L’exaspération qu’avait provoqué chez Tom la réaction d’Olive n’était cependant pas d’une violence véritablement significative (elle l’avait, par exemple, bien moins agacé que ce que Daniel était capable de faire parfois), sa remarque le rappelait simplement à ses obligations, et à une réalité qu’il avait certes déjà considéré, mais qu’il continuait de trouver perturbante. Parler à quelqu’un d’égal à égal, c’était peut-être une chose, mais c’était un chose inhabituelle, peut-être reposante, mais en même temps désagréable. Car accepter un égal, c’était accepter d’être l’égal de quelqu’un, et Tom était bien évidemment hautement supérieur à qui que ce soit... Et Olive, contrairement à la plupart des autres, ne le lui faisait absolument pas ressentir. Bonne et mauvaise chose à la fois. Mauvaise si elle suivait la voix de l’insolence. Bien sûr, il lui aurait suffit de demander à la serpentard de rester docile et aplatie en sa compagnie, mais ce serait contre productif, un de plus, à quoi bon?

Bref, sa question. Un simple oui aurait suffit à Tom pour enchaîner directement, mais Olive avait décidé de ne pas répondre simplement. Comme si elle pensait vraiment qu'elle avait une quelconque liberté de réponse. Une quelconque liberté... Il n'y avait pas de liberté, dans leur relation , ils étaient tous les deux contraints, contraint de tout dire, contrainte de ne rien dire, contrainte d'obéir, contraint de protéger . Une liberté de parole plus grande qu'avec certains autres, peut-être, mais une liberté contraignante. Tom préféra ne pas faire de remarque quant à la réponse à rallonge d'Hornby, et préféra en venir au but directement.

"Puisque tu vas mourir... tôt." pas la moindre délicatesse, pourquoi faire preuve de tact? "Tu pense quoi de la mort?"

Une question sans doute un peu étrange, quasi philosophique, même si Tom, bien sûr (et grand dieu non) n'avait aucunement l'intention de se lancer dans un débat kantien extra-métaphysique... (les philosophes sont de grands malades). C'était en vérité une question purement pratique. Tom, qui avait la certitude de ne pas mourir, de trouver, d'une manière ou d'une autre, le moyen de ne pas mourir, avait un rapport forcément bien différent à la mort que ne pouvait l'avoir Olive, condamnée avant l'heure. Pourquoi mourir? Pourquoi imposer une limite à sa vie? Etait-il possible qu'un monde où une chose qu'on lui avait appris comme étant une chose fantasque durant tout son enfance, la magie, était omniprésente ne puisse résoudre ce genre de mystère purement scientifique? Puisque ce monde dépassait de toute manière toute logique scientifique, en quoi la possibilité d'une vie éternelle serait-elle une chimère? Il était évident qu'il n'était pas le premier à s'être penché sur le sujet. Il était certain que la solution n'était pas si loin, il semblait juste que, pour une raison qui lui échappait, on ne voulait pas permettre au monde d'en bénéficier. Tant mieux, sans doute : si tout le monde était immortel, on repartirait sur un pied d'égalité, et l'immortalité n'aurait certainement plus aucun intérêt.

Outre la satisfaction malsaine qu'il ressentait à l'idée de savourer cette immortalité qu'Olive ne saurait jamais connaître, même partiellement, avoir quelqu'un comme Olive - une mourante, en somme- à ses côté, était un atout certain, il avait la certitude que personne mieux qu'elle ne serait capable de lui permettre d'échapper à ce dont elle ne parviendrait jamais à échapper. Tordu, pas vrai? Mais qui pourrait plus lui en apprendre de cet ennemi dit invincible que celle qui le côtoyait au plus près?
C'était un adage bien connu, après tout : "connais ton ennemi".

Music: The Chronicles of Life and Death- Good Charlotte

Les oreilles attentives, mais le regard posé sur le bout de ses chaussettes noires.
Aucun sentiment sur son visage, mais l’absence de rire parlait beaucoup trop pour qu’on puisse la juger heureuse.

Depuis qu’elle avait franchit le pas de la porte du dortoir de Tom, Olive se sentait bizarre. L’atmosphère semblait avoir changée, devenant plus sérieuse. Comme si ce que Tom avait à dire imposait ce genre d’ambiance. Mais à vrai dire, les réflexions d’Olive à ce sujet ne l’intéressèrent qu’une fois que Tom eut parlé, que ses paroles furent interprétées par son cerveau, et que la demoiselle se rendit compte de la justesse de ses pensées…

- Puisque tu vas mourir... tôt. Tu penses quoi de la mort?

Olive n’avait pas vraiment vu arriver cette question. Et pour tout dire, elle s’en serait bien passée. Ce sujet, elle ne l’abordait pas souvent… Que dans les moments où elle ressentait le besoin de faire le point. Et elle l’abordait seule, se parlant à elle-même. Le reste du temps… Le reste du temps, elle faisait l’autruche, et s’arrangeait pour profiter du temps qui lui était impartit. Mais quoi qu’elle fasse, et même en se mentant, le sujet semblait toujours planer au dessus d’elle. Lui rappelant qu’elle ne pouvait pas faire certaines choses. Qu’elle n’avait pas pu suivre Aulne au dehors le mercredi après midi par exemple... Ou bien qu’elle ne pouvait se permettre d’envisager un avenir trop poussé… Les professeurs l’avaient bien faite rigoler intérieurement avec leurs paperasses sur l’orientation l’année passée. Mais bon. Il lui fallait positiver. Se morfondre sur elle-même n’était pas la meilleure chose à faire. C’était en tout cas la seule et unique conclusion qui revenait à chacune de ses interrogations. Vivre sa vie à fond, ne rien regretter. Faire en sorte qu’elle puisse vivre des tonnes d’expériences en un temps plus court que celui mis à la disposition des autres…

La serpentard semblait ailleurs, perdue dans ses pensées. Seul le mouvement de ses pieds, et de ses prunelles qui les suivaient, avait continué chez elle. De même qu’une respiration lente et monotone. Tom devait s’ennuyer… Peut être même qu’une pointe d’exaspération faisait son apparition. Mais même si c’était le cas, Olive n’y aurait pas fait attention. Après tout, il n’avait pas usé de délicatesse en posant sa question, il fallait bien que cela ait des conséquences…

Et puis, sans aucun signe annonciateur, les lèvres de la miss s’actionnèrent, libérant les phrases.

- Mourir… J’y pense plus souvent que j’aimerais le faire. Je ne sais pas trop ce que j’en pense… Je sais que je suis condamnée. Condamnée à vivre moins longtemps que les autres. Ou à mourir plus tôt, c’est comme on veut. Et ça, ça ne changera pas. La magie ne peut rien faire pour moi. Ni la médecine des Moldus. On va dire que je m’y suis résignée… A mourir.

Le mouvement d’oscillation de ses pieds s’arrêta. Olive poussa un petit soupir, puis s’évertua à fixer le mur en face d’elle, d’un regard las. Un court instant, une lueur éclaira le fond de ses prunelles, et un mince sourire fit une apparition fugace, avant de disparaître. Une pensée… Ou plutôt un souvenir, qui était remontée à la surface. Une phrase trouvée dans un livre de la bibliothèque de ses parents pendant d’anciennes grandes vacances. Une phrase qu’elle était remontée écrire dans sa chambre, pour ne pas l’oublier.

- Tu sais, ce qui est terrible, ce n’est pas de souffrir ni de mourir. C’est de mourir en vain.

Elle lui adressa un regard, puis continua.

- J’ai décidé de vivre à fond ma vie, de profiter de chacune des possibilités qu’elle m’offre. De ne rien regretter. Même si le temps qu’il me reste est court, j’espère accomplir quelque chose avec les années que j’ai vécues. Mais bon… Je ne sais pas si ça répond à ta question.

Et le silence se fit. Et les lèvres d’Olive se refermèrent.

Est-ce que ce qu’Olive venait de lui dire l’aidait vraiment? Il n’en savait rien. Il y avait chez elle cette résignation obligée à la mort, la mort qui n’était pas une instance lointaine et vague mais une réalité pesante qui se rapprochait à chaque minute. Une vision de la mort que Tom ne saurait partager. Dans la même situation qu’Olive, il était persuadé qu’il ne parviendrait pas à assumer l’idée de mourir, qu’il se serait agrippé à la vie de toutes les manières qu’il aurait pu. Il ne pouvait pas mourir. Et quelle perte ce serait, s’il le pouvait. Il ne pouvait pas mourir. Il était né pour accomplir, à quoi pouvait servir une vie fragile comme celle d’Olive? Pourquoi vivre pour mourir si peu de temps après être né? Si le destin existait, si son existence devait avoir un sens, alors sa seule utilité était de le servir lui, et si tel était le cas, lui-même ne pouvait pas mourir, car toutes les vies fragiles qui l’entouraient n’étaient là que pour lui permettre de vivre et de s’affirmer.

Ces explications données, Olive ajouta une citation que lui même avait déjà entendu (lu, plutôt, d’ailleurs) -même si l’oeuvre est pas encore tout à fait parue à ce moment là, c’est beau les rps, l’incohérence sublime et tout le tintouin (ou comment se justifier comme on peut d’anachronismes de quelques minuscules années).

« Sartre. » souffla-t-il davantage pour lui-même que pour Olive.

C’était dans un livre, un livre moldu. Sartre, écrivain et philosophe français (terrible, je l‘ai au programme cette année. Bref)... et moldu. Et pourtant, Tom l’avait lu. Pourquoi donc? Tout simplement parce que, isolé de tous les autres enfants de son orphelinat, il n’avait pas vraiment d’autres moyens de s’occuper, et à l’époque, il ignorait encore ce que « moldu » signifiait. Bien qu’elle venait d’un esprit moldu, et par conséquent exécrable, Tom devait admettre qu’elle ne manquait pas complètement de bon sens, même si à ses yeux, le pire était de mourir quelque soit la façon dont on mourait. Mais quand on avait pas le choix, sans doute, en effet, était-il encore pire de mourir en vain. Et cette simple sentence expliquait certainement en grande partie le choix qu’avait fait Olive en décidant d’accepter de se mettre au service de Tom, d’accepter l’extrême d’un serment inviolable.. Pour ne pas mourir en vain.

Elle venait de le dire elle-même, elle voulait accomplir quelque chose. Il était évident qu’elle accomplirait quelque chose, car si Tom avait voulu que jamais elle n’accomplisse quoi que ce soit, il ne serait jamais allé si loin. Son tour viendrait bientôt, d’une manière ou d’une autre, si elle avait eu peur d’une fin de vie triste et morose, alors elle était servie, elle avait choisi la bonne solution.

« Je ne sais pas non plus. »

Dire qu’il ne savait pas quelque chose, ce n’était pas le genre de discours qu’il aimait tenir, mais bon, on a dit toute la vérité, alors c’était toute la vérité. Il n’était pas certain qu’elle avait répondu à sa question, mais y’avait-il vraiment une réponse convenable à une question comme celle-ci? Attendait-il vraiment une réponse? Il n’y avait pas de réponse type pour une question pareille. Tom fixa un moment le vide en face de lui avant d’ajouter :

« Tu n’as jamais cherché le moyen de ne pas mourir? »

Tant pis s’il insistait, tant pis si le sujet était peut-être douloureux à aborder pour Olive. Il ne pouvait s’empêcher d’essayer de comprendre. Quand la mort vous guette de si près, comment ne pas songer à trouver le moyen définitif de renoncer à la mort, Y renoncer définitivement. Lui serait bien incapable de rester là les bras croisés, à attendre que la mort vienne le chercher sans avoir aucun moyen d’intervenir, sans chercher, surtout, aucun moyen d’AGIR. Peut-être son rapport à la mort était-il exagéré, un brin obsessionnel, mais il ne voyait rien de vivant qui puisse l’arrêter, l’ennemi se trouvait ailleurs, dès lors. Peut-être avait-elle trouvé des pistes, peut-être... Sait-on jamais? Un semblant de piste serait déjà plus appréciable que le peu d’éléments qu’il était pour le moment parvenu à réunir, trop insuffisants pour permettre un quelconque résultat, malheureusement.

Music: The Story Of My Life - Social Distortion

- Sartre.

Elle ne s’attendait pas à ce qu’il récite le nom de l’auteur de sa citation. Sans trop réfléchir, elle hocha la tête pour appuyer ce que son interlocuteur venait de dire, puis continua la fin de son explication, sans qu’il l’interrompe de nouveau.
Tom… Il restait une espèce d’énigme pour elle. Olive ne le détestait ni l’adorait. Une chose de certaine, il était intelligent. Cette partie de son caractère se retrouvait dans sa facette qu’il offrait au monde enseignant, mais aussi au fond de son être. Mais il n’était pas que cela… En plus d’être le parait petit préfet, il était aussi manipulateur, égoïste et ambitieux. Mais surtout, il l’intriguait. Elle n’était pas fascinée. Non, pas vraiment…

- Je ne sais pas non plus.

Au final, le lien qui les unissait était bizarre. Un peu trop même. Elle ne savait pas si elle lui servait à quelque chose… Lui non plus. Muette, Olive se perdit dans ses réflexions, laissant Tom vaguer aux siennes de son côté. Ils étaient liés, à présent, bien plus qu’elle n’aurait jamais pensé être liée à quelqu’un. Non. C’était même pire. Elle était devenue dépendante de lui. Elle était son jouet. Il pouvait lui faire faire ce qu’il voulait. Et pourtant… Pourtant, elle gardait une liberté toute relative. Il ne lui dictait pas chacun de ses gestes, la laissant faire comme bon elle voulait. C’était surprenant. Lorsqu’elle avait commencé à connaître Tom… Lorsque Lou s’était mise à sortir avec lui… Il lui avait semblé être le genre de personne qui voulait tout posséder, mais surtout qui voulait tout contrôler. Contrôler les autres, contrôler ce qui lui arrivait, mis aussi ce qui lui arriverait. En était-il de même avec la mort ? Pourquoi toutes ses questions ? Ou bien… Peut être s’intéressait-il seulement à la durée de vie pendant laquelle elle pourrait lui servir… Non. Impossible. C’était plus que ça. Une petite question s’insinua en elle, comme un serpent qui se tortille. Une question malsaine, qui n’aurait pas dû lui traverser l’esprit. Que pensait-il d’elle ? Si elle le lui demandait, il dirait la vérité. Elle saurait. Sauf s’il se taisait. Mais pourquoi cette question lui était-elle venue en tête ? Car pour tout dire… Elle s’en fichait un peu, non ? Et puis, pour le moment, elle était trop fière pour la lui poser. Cela lui paraissait… bizarre de poser ce genre de question. Surtout à lui. Surtout dans ce genre de contexte. Aussi excentrique de Aulne et sa chasse aux Ronflaks. Elle ne pu cependant s’empêcher de regarder Tom… Un court instant. Il fixait le mur d’en face du regard. Droit devant lui. Son regard semblait perdu dans le vide. Et puis ses lèvres s’actionnèrent, libérant une nouvelle question. Une nouvelle question portant sur le même sujet. Olive grimaça légèrement, puis afficha une expression neutre.

- Tu n’as jamais cherché le moyen de ne pas mourir?

Le moyen de ne pas mourir… Comment peut-on attendre la fin, surtout celle de sa propre existence, sans chercher un moyen d’éviter tout ça ? Ses paupières se fermèrent, plongeant ses prunelles dans un noir tout à fait relatif. Ses souvenirs d’enfance remontèrent peu à peu à la surface. Son incompréhension… Ses découvertes… Ses peurs…

- On a diagnostiqué ma maladie quand j’avais six ans. Sur le coup, j’imagine que je ne comprenais pas bien… Ca a été… Un changement horrible dans ma vie. Sur plusieurs point de vue… Le regard de mes parents et les interdictions surtout je crois. Mais bon. Je pense que j’étais encore trop petite pour bien comprendre ce qui m’arrivait. Ils m’avaient juste dit que je « ne devais pas sortir ». Que c’était mauvais pour moi. Mais bon. Ça ne doit pas tellement t’intéresser.

Une petite pause, et Olive continua. Se détacher de son passé rendait le tout plus facile. D’une, elle embêtait moins Tom avec ses histoires, et de deux, c’est plus facile pour elle de raconter de cette manière là.

- J’ai dû m’en rendre compte pleinement, que j’allais mourir, vers huit ou neuf ans. Seulement, je ne pouvais pas faire grand-chose. Je n’avais pas le droit de sortir. Alors j’ai épluché tous les livres de la bibliothèque de mes parents. Sans grand résultat. Poudlard, ça a été la délivrance. Plus personne sur le dos. J’ai cherché partout. Je dois être l’une des seules a avoir lu tous les livres de la bibli’ de l’école.

Un petit rire ponctua ses paroles. A dire vrai, elle doutait de ses paroles… Tom avait dû sûrement lire tous les livres aussi de son côté. Et peut être quelques Serdaigles téméraires. La bibliothécaire aussi sûrement.

- Et puis, j’ai fini par sortir en douce la nuit. Il existe un passage secret qui sort du château… J’ai été consulté des médicomages, bien que je doutais du résultat. Mes parents avaient dû se renseigner eux aussi. Je n’ai rien trouvé. En désespoir de cause, j’ai même été farfouillé côté Moldus. Et rien.

Elle hésita un peu. Parler ouvertement de sa maladie la gênait un peu. Elle qui étais tellement habituée à cacher tout cela…

- Et puis il y a huit mois, la magie a évoluée. Ils ont réussit à créer un médicament qui empêche une partie des rayons du soleil de toucher ma peau. Elle n’est pas encore au point. Et elle ne me sauvera pas. Je peux juste espérer quelques années de plus. Mais bon, c’est déjà ça. Mais ça ne doit pas t’aider. J’ai plutôt chercher à combattre ma maladie que la mort elle-même… Mais j’ai lu quelque chose sur la pierre philosophale. Si tu ne connais pas, ça t’intéressera sûrement.

Elle lui lança un regard. Après tout, peut être s’était-elle trompé. Peut être ne souhait-il pas rallonger sa vie le plus longtemps possible, comme elle.

Blahblahblah... Une chose était sûre, Olive était beaucoup plus bavarde que ne l'était Tom. Pour Tom, les conversations étaient une chose qu'il se devait de faire, mais pour lesquelles il ne prenait aucun plaisir. Parler, pourquoi pas, mettre des mots sur ses pensées... et encore, ce n'était pas comme si Tom était du genre à vraiment aimer se confier... En tous cas pas à autre chose qu'à un cahier inanimé... Et pour ce qui était d'écouter... Inutile de préciser que Tom n'aimait pas écouter les gens. Il aimait trop sa petite personne pour s'intéresser aux autres, il avait assez à faire avec lui-même. Pas altruiste pour un sous, entendre les autres raconter leur vie relevait du supplice... Ouais, c'est toujours bien d'en rajouter un peu. En tous cas, Tom ne s'intéressait absolument pas à la vie d'Oly, et aurait préféré que sa réponse ne la ramène pas à faire le résumé de son existence depuis sa toute petite enfance.... Il la laissa parler, malgré tout, bien qu'il fut tenté de répondre un "en effet" à son "ça ne doit pas tellement t'intéresser". Il s'étonnait lui-même de la patience dont il réussissait à faire preuve en compagnie d'Olive. Il ne savait même pas pourquoi toute cette patience. Il pouvait bien se montrer désagréable à loisir avec elle, elle ne pourrait jamais vraiment riposter... Et il ne le faisait pas, pourtant. ça aurait été stupide. Oly n'était pas là pour être son souffre-douleur. S'il se montrait odieux, elle le fuirait, il n'était pas là pour lui faire peur non plus, même si, quand on savait tout de lui, on devait sans doute être au moins un peu effrayée...

Bref. Oly mit certes son temps, mais finalement, après un long moment de blablatage, elle prononça enfin quelques mots qui intéressèrent Tom. Apparemment, elle avait compris où il voulait en venir, puisqu'elle lui parla de la pierre philosophale. Bien sûr, Tom en avait déjà entendu parler. Il y avait pensé, beaucoup, fortement... Mais pour plusieurs raisons, il avait écarté cette solution, ou du moins, avait décidé de ne l'employer qu'en dernier recours. La première de ces raisons, c'était la façon d'obtenir la pierre. Quel plan adopter? Tuer Nicolas Flammel? On ne tue pas quelqu'un qui est encore sous l'effet de la pierre philosophale... C'était un obstacle qui aurait pu être rapidement écarté, cela dit, ce n'était pas la raison qui le dissuadait le plus d'avoir recours à la pierre philosophale, il y avait une autre raison, une raison déterminante, Tom refusait d'être dépendant de quoi que ce soit (sauf du pouvoir, il était trop atteint, à ce sujet), et encore moins d'une pierre. C'était le problème de la pierre philosophale, elle ne fournissait qu'une immortalité relative. Il fallait sans cesse s'y référer, encore et encore et encore... Pour ne jamais mourir. C'était si peu fiable, au fond. Lui? Dépendre d'une pierre? L'idée l'amusait, le répugnait, même. Alors non, tant qu'il le pourrait, pas de pierre philosophale. Il voulait une immortalité directe, fiable, définitive. Pas de pierre... Mais quoi, alors? Il y avait une solution, il y avait forcément une solution. Et si personne ne l'avait trouvé, eh bien il le ferait. Et s'il n'y arrivait pas, alors oui, il ne resterait plus que la pierre philosophale. Dernier des derniers recours.

"J'en ai entendu parler, oui."

Il fixa un moment Olive. Elle avait donc fait des recherches, mais de toute évidence, elle était beaucoup plus fataliste qu'il ne l'était lui-même, si le temps lui était compté comme il était compté à Olive, et s'il avait entre temps découvert l'existence de la pierre philosophale, Tom n'aurait pas hésité un instant, mais ce n'était pas le cas d'Olive. Pas assez ambitieuse... Enfin, c'était son problème. Elle allait mourir jeune, elle avait l'air de trouver ça inévitable, aux yeux de Tom, elle creusait sa tombe, voilà tout. Son regard se détacha enfin d'Olive pour se fixer sur un point devant lui.

"Ce n'est pas le meilleur moyen de ne pas mourir."

Il disait ça d'un ton neutre et naturel, ne cachait absolument pas le fait qu'il avait mûrement réfléchi à la question. Il avait mûrement réfléchi à la question, et il n'avait aucune raison de le cacher à Olive. Au contraire. Elle, et ce rapport singulier qu'aucune autre personne qu'elle ne pourrait avoir avec la mort pourraient très bien lui servir dans cette quête de l'immortalité, cette quête qu'il gardait secrète... Cela faisait partie des choses que même Daniel ne savait pas. Le secret de l'immortalité, c'était un secret précieux, le genre de secret que l'on ne partage simplement pas... Sauf avec une mourante qui ne semble malgré tout pas prête à profiter de cette vie éternelle.

"J'en trouverais un autre."

Est-ce qu'il parlait à Olive, ou s'adressait-il seulement à lui-même? Va savoir. Est-ce qu'il le savait seulement. Il exprimait ses pensées tout haut sans avoir à se soucier du fait qu'on l'entendait, puisque c'était Olive qui l'entendait. Il ne mourait pas, pour lui, c'était une chose évidente, et puisqu'Oly savait déjà tant de choses, ce n'était sans doute pas cela qui la surprendrait, d'autant plus que l'attirance de Tom envers l'immortalité semblait ne pas lui avoir entièrement échappé. D'ailleurs, sans doute était-ce un peu volontaire, qu'il ne garde pas cette pensée pour lui. Car elle comprenait certains sous-entendus. Tom avait l'art de parler par sous-entendus. Et ce que ça sous-entendait, là, c'était simplement que ce moyen, elle le trouverait avec lui. Et même s'ils devaient se replonger dans la lecture d'absolument tous les livres de la bibliothèque (même si en effet, tous deux avaient sans doute fait le tour de tous les livres qui la peuplent).

Music: Angels - Within Temptation

- J'en ai entendu parler, oui.

Alors il avait effectivement fait des recherches sur ce sujet. Nicolas était né dans les années 1300… Et si sa découverte avait fait énormément de tapages à l’époque (et on peux aisément comprendre pourquoi) les choses s’étaient quelque peu tassées avec le temps qui s’était écoulé depuis. De plus, le vieil homme avait réussi à ne pas trop faire parler de lui… A tel point qu’actuellement, peu de livres le mentionnaient en détail, lui et son œuvre. Dans ses pensées, Olive ne s’était pas vraiment rendue compte que leurs deux regards s’étaient accrochés… pour tout dire, elle ne s’en rendu vraiment compte que lorsque Tom détourna ses prunelles pour regarder devant lui. Pour regarder devant lui et se remettre à parler. Les yeux bruns foncés de la Serpentard regardèrent les lèvres du Préfet s’agiter.

- Ce n'est pas le meilleur moyen de ne pas mourir.

Sur le coup, une fois que ces mots furent montés au cerveau de la miss et qu’ils furent analysés, les beaux yeux bruns s’écarquillèrent de stupeur. Avait-il trouvé un moyen ? Quand ? Comment ? Et puis… En y réfléchissant bien… La pierre philosophale… Etait-ce juste pour Tom qu’Olive l’avait mentionnée ? La raison ? Sans doute que cela l’intéresserait-il. Mais… Juste pour Tom ? Se mentait-elle à elle-même ? Depuis quand ? Olive ne voulait pas y penser… Elle s’était faite une raison ! Mais en cet instant, elle sentait le poids de l’espoir faire un peu trop vaciller le socle où reposait sa résignation.

- J'en trouverais un autre.

Un ton neutre, naturel. Et ses espoirs nouveaux qui ne résistaient pas. Qui se fissuraient d’eux-mêmes. Comme si le simple fait d’exister était déjà trop lourd à porter pour eux. Olive sentait presque ses prunelles s’humidifier sous le coup de la déception. Oui, elle y avait cru. Elle avait cru, un trop court instant, que Tom avait trouver le moyen. Le bon, et sûrement l’unique moyen de survivre à ce monde. Et ce jusqu’à la fin de celui-ci. Trop d’espoirs avaient volé en éclats depuis le début des recherches d’Olive, lui faisant à chaque fois un peu plus mal. Seule dans sa quête. Seule dans le désespoir, elle n’avait pas survécu. Elle avait tout entreposé dans un placard, l’avait fermé à clé et l’avait fait disparaître. Ses rêves de courir sous le soleil de midi. Ses fantasmes de libertés. Ses espoirs quant à une vie meilleure. Tout. Et il ne lui restait qu’une triste résignation. Et une envie de faire payer aux autres ce dont elle manquait, et qu’eux usait sans vergogne.

Se ressaisissant, elle hocha la tête lentement. Oui. Il trouverait sans doute. Mais de son côté, Olive n’était pas sûre d’être prête à se remettre à la chasse. Cela dit, la présence de Tom à ses côtés… Son désir à lui couplé à sa nécessité à elle… C’était peut être une bonne chose, au final, que d’avoir été aussi loin dans l’Art de la magie avec lui. D’ailleurs, le fait que Daniel soit apte à jeter ce genre de sorts l’étonnait un peu. Et il en fallait pas mal pour l’étonner, d’habitude. Une voix neutre s’éleva de sa gorge.

- Il faudrait viser la réserve… Slugorn devrait pouvoir nous aider à y accéder, non ? Après tout, il t’aime plutôt bien.

Slugorn… Le Maître des Potions avait l’art de privilégier certains élèves…Ceux qui était brillant… Ou ceux qui faisait partis de familles connues. Tom faisait partie des brillants. Olive des connus. En effet, la partie maternelle de sa famille comporte Hesper Starkey. Et apparemment, le professeur avait apprécié ses études sur l’influence des phases de la lune sur la fabrication des potions magiques. La vieille Tante apparaissait périodiquement au Manoir. La Soixantaine bien tassée, elle radotait un peu mais restait de bonne compagnie. Olive avait échappée à ces réunions entre élèves triés sur le volet jusqu’alors. C’était Clyde qui s’y était collé. Le garçon de la famille. Le plus âgé. Mais depuis qu’il avait redoublé sa Septième Année, le Poufsouffle tombé en disgrâce avait été remplacé par sa sœur. Une question sur le bout des lèvres, Olive n’hésita pas plus.

- Au fait… Tu as d’autres projets pour le mois à venir ?

Après tout…Mieux faut se tenir au courant des éventuelles retombées.

La réserve. Bonne suggestion. A laquelle Tom avait évidemment déjà pensé. Après avoir fait dix fois le tour de la bibliothèque sans le moindre succès, il s'était évidemment décidé à se rendre dans la réserve, mais ses recherches n'avaient rien donné. Il y avait peut-être quelque chose, c'était sûr, mais la réserve regorgeait de bouquins énormes, de plus de 500 pages chacun, si une solution était évoquée quelque part, ce devait être sur une page, en tout petit... Il se souvenait bien de toutes ces heures passées dans la réserve à chercher vainement un commencement de piste, un indice quelconque... Mais de toute évidence, s'il existait un moyen (et Tom était sûr que oui), il devait relever d'une magie très noire... trop noire. Assez pour que certains sorciers fassent au mieux pour maintenir cette magie secrète. Tom n'avait pas peur de la potentielle noirceur du sortilège, de la potion, ou de la chose qu'il lui faudrait faire pour atteindre son objectif. Malheureusement, et même si la plupart des profs (et Slughorn en particulier) l'avaient à la bonne, demander à trop de reprises l'autorisation de fouiner dans la réserve, c'était suspect. Cela dit, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas abusé de la crédulité de Slughorn, pas depuis l'année précédente. Il avait eu trop de préoccupations en ce début d'années, au point qu'il avait un peu délaissé sa quête de l'immortalité. Mais à présent qu'Olive, bien qu'indirectement, venait de la lui rappeler, il était bien tenté de renouveler ses tentatives de recherches. Qui sait, à force, ça s'avèrerait peut-être enfin fructueux. C'était à tenter, il verrait ça plus tard. Il savait en tous cas qu'il n'aurait aucun mal à convaincre Slughorn de lui donner l'autorisation de retourner dans la réserve, ça faisait longtemps, et s'il y avait bien un prof qui mangeait dans la main de Tom plus encore que tous les autres, c'était bien le professeur de potions. Slughorn aimait s'attirer la sympathie de tous les élèves voués à faire de grandes choses, et même si Sluggy n'était pas profondément clairvoyant, il avait vu au moins juste sur ce point, Tom ferait de grandes choses... Bon, bien sûr, nul doute que Slug imaginait plutôt que Tom deviendrait ministre de la magie ou autre, mais il ne fallait pas en demander trop à son pauvre petit cerveau.

"Je sais, oui." se contenta-t-il de répondre.

Il n'allait certainement pas la remercier de lui avoir remis en tête cette idée qu'il avait quelque peu abandonné ces derniers temps, déjà, parce qu'il ne remerciait personne si ce n'était pas dans ses moments d'intense hypocrisie, et qu'il n'avait pas à s'abaisser à ce genre de politesses, puisqu'il s'agissait d'Oly. Et de manière générale, il n'aimait pas qu'on lui donne des conseils, et encore moins que ces conseils soient avisés, il avait la sensation que c'était comme si on lui demandait d'obéir à quelque chose, et à juste titre, et Tom n'aimait que les ordres qu'il se donnait à lui-même.
Puis Olive enchaîna sur une question. D'autres projets? Il en avait un certain nombre, à vrai dire. D'une, il fallait absolument qu'il puisse enfin avoir cette conversation avec Hagrid, qui le fuyait depuis le début de l'année, de deux, il fallait qu'il sache comment Daniel avançait dans son "enquête", vis à vis des cinq nouveaux. A un titre plus personnel, il allait donc falloir qu'il reprenne ses petites recherches sur la vie éternelle... Et il y avait cette autre idée qui lui trottait dans la tête depuis quelques temps maintenant.

"Quelques uns, oui." Ce n'était pas vraiment précis, comme réponse, mais il n'avait pas envie de lui détailler ses divers projets, de toute manière, tant qu'elle ne le lui demandait pas explicitement, il n'avait pas de compte précis à lui rendre... "D'ailleurs j'aurais besoin de toi pour l'un d'entre eux."

Oly allait enfin directement trouver son usage. Ce n'était pas pour tout de suite. Tom devait encore un peu se renseigner, mais il faudrait bien qu'il s'entraîne bientôt, et qui d'autre était mieux placée qu'Olive, pour lui permettre de s'exercer à son aise? Olive serait son cobaye. Pour quoi? La légilimancie, pardi! Il serait temps qu'il s'exerce, le pauvre. Et il se voyait mal demander une telle chose à Daniel. En fait, il n'était même pas certain de vouloir savoir à quoi pensait Daniel.

Music: Good Bye Lenin - Yann Tiersen

- Je sais, oui.

Une réponse courte. Olive lui jeta un regard en biais. Apparemment, il avait l’air décidé à faire cette recherche. Mais seul. Tant pis, Olive essayerait peut être aussi de son côté si l’envie l’en prenait…Inutile de se formaliser de l’attitude « je fais cavalier seul » de son interlocuteur. Après tout, elle n’attendait rien de lui. Et à sa question sur les projets qu’il avait l’intention d’effectuer, sa réponse fut tout aussi évasive…

- Quelques uns, oui. D'ailleurs j'aurais besoin de toi pour l'un d'entre eux.

Bon. Même si Olive apprenait quelque chose dans cette réponse, à savoir qu’elle devrait se tenir prête sous peu, elle sentait qu’il était temps de tirer sa révérence. De toute façon, la conversation perdait peu à peu de son intérêt. Si Tom ne voulait pas lui parler de ses projets pour le moment, alors la conversation n’avait plus lieu d’être, sauf s’il embrayait sur un nouveau sujet. Elle regarda sa montre. Il était temps pour elle d’y aller. Les filles de son dortoir devaient à présent être descendues déjeuner. Et un peu de solitude lui ferait le plus grand bien. D’autant plus que le fichu bal en l’honneur de Myrtle McGrow était pour ce soir…

Le fantôme l’avait harcelée, jusque tard dans la nuit, l’avait suivie dans tous les couloirs du château en lui murmurant toutes les fins de vie probables ou non qui pourraient bien lui arriver, avait pleurer une heure durant sans s’arrêter pendant le cours d’histoire de la magie ! Sur le point d’imploser, munie de cernes de trois kilomètres de long, en besoin de sommeil impératif, Olive avait fini par capituler et par adhérer au Groupe de Soutien de Mimi Geignarde…

Comble du malheur ? Elle avait été désignée pour organiser une espèce de bal ridicule en l’honneur de la fantômette. Youpee. Mais maintenant que l’annonce avait été placardée, il fallait bien se rendre à ce fichu bal, qui risquait de voir s’endormir une Olive exténuée. Quand donc Myrtle allait-elle comprendre que les humains ont BESOIN de dormir un minimum ?! Restait à espérer que le fantôme lui laisse un peu de répit une fois que le bal sera passé. Mouais. Après tout, l’espoir fait vivre.

Bon. Tom n’ayant pas profité de la pause pour renouveler la conversation, les genoux d’Olive se plièrent avant qu’elle ne se remette debout. Elle épousseta rapidement sa robe, et la Serpentard partit en quête de ses bottines. Hop, une d’enfilée. L’autre suivi rapidement et 0live adressa un sourire à Tom.

- Bon ben j’y vais alors. A la prochaine Jedusor !

Et hop, Olive s’en alla ouvrit la prote de sa sempiternelle démarche ondulante, et la referma en douceur derrière elle. Et au lieu de descendre dans la salle commune, Olive monta dans son dortoir à elle. Elle adressa un sourire ironique à Sally qui se trouvait dans l’escalier et alla s’étaler de tout son long sur son lit à elle. Huum. Moelleux à souhait. Au final, peut être qu’une heure de repos ne lui ferait pas de mal… Mimi devait se demander où elle était, c’était parfait. Les paupières closes, un sourire de bien heureuse vint s’afficher sur ses lèvres…

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