L'heure est grave (les voyageurs & Miyria)

Pomona n'en revenait pas. Non, bien sûr, elle ne croyait pas une seule seconde en la culpabilité d'Aulne Quibber. S'il y avait beaucoup trop de choses à leur sujet qui demeuraient terriblement obscures, elle aurait tout de même été prête à parier qu'aucun des voyageurs n'était à l'origine de la mort de Morgan... Luna moins encore. Elle était la plus inoffensive de leur groupe.

C'était évidemment un coup monté. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce que quelqu'un ait pu dérober la baguette de la jeune fille sans qu'elle-même s'en rende compte (ça lui ressemblait bien). Jedusor avait tout intérêt à faire accuser quelqu'un d'autre à sa place. Il avait fait accuser Hagrid du meurtre de Myrtle. À présent, il faisait accuser Aulne. Et si Aulne tombait, tous les voyageurs tomberaient.

Quand McDowell avait demandé à Pomona si elle savait qui était Aulne Quibber, lui avait demandé si elle savait où elle vivait... visiblement, ils avaient mit longtemps à identifier le propriétaire de cette baguette, le nom de la voyageuse n'apparaissant sur aucun registre. Pomona avait juré qu'elle n'en savait rien, qu'elle supposait qu'Aulne était retournée aux Etat-Unis auprès de ses parents. Avouer qu'elle passait son été dans la demeure des Alliane était bien trop risqué, dangereux pour Miyria. Et mentir, surtout, leur permettrait de gagner un peu de temps avant qu'ils ne la retrouvent.

Le temps de s'organiser, de préparer la défense de Luna, de créer un plan d'action... Il fallait qu'ils s'y mettent tout de suite. Peu de temps après cette révélation, Pomona prétexta de se sentir mal, et fut autorisée à quitter le ministère en avance.

Durant l'heure qu'elle laissa passer avant de prendre congé (elle n'avait pas voulu prétexter son malaise directement après que son patron lui ait parlé de la baguette, de peur que l'auror puisse faire le lien), elle réfléchit à la façon dont ils pourraient s'en sortir... L'ennui, dans tout ce qui lui venait à l'esprit, c'est que tant qu'elle ne saurait pas la vérité au sujet des voyageurs, elle ne serait pas capable de les aider comme il se doit.

Sitôt qu'elle eut mit un pied dehors, elle transplana en direction de la demeure de Miyria. Elle n'attendit pas d'avoir totalement récupéré de son transplanage qu'elle traversa le manoir à la recherche de Luna.

"Aulne ! Il faut que je te parle..."

Aux autres aussi, bien sûr, mais Pomona est certaine qu'en en appelant une, les autres suivraient aussitôt.

Le ton de la jeune femme avait perdu de son habituelle neutralité pour laisser sa place à une légère anxiété.

Ron était dans la cuisine de Miyria, il commençait à se faire à ce château, même si ils étaient presque toujours obligé de faire attention à ce qu'ils disaient, sur le voyage dans le temps, et le futur. Enfin bref, il était dans la cuisine entrain de se préparer un quelque chose à grignoter. Quand la voix de Pomona résonnant dans le hall, Ron un morceau de pain dans la bouche et un autre dans la main sortit de la cuisine et rejoignit le hall de la maison. Pomona avait disparut, pendant quelques secondes, il pensa avoir rêver, il haussa les épaules et s’apprêter à retourner dans la cuisine pour finir la préparation de son sandwich, quand il la vit passer dans le couloir du fond. Il fronça les sourcils et la suivit pour la retrouver dans le salon de la demeure Alliane.

"Chalut! Ch'est-ce qui che passe?" demanda-t-il la bouche à moitié pleine. Ron, le visage sans expression particulière, continuait de regarder la jeune femme. Le ton un peu inquiet qu'elle avait employé ne lui disait rien de bon. Mais après ce n'était peut-être pas quelque chose de si catastrophique. Il avala son morceau de pain, et entendit des pas venir dans leur direction, signe que quelqu'un était entrain de venir vers eux. Sans doute Aulne puisque que c'était elle qui avait été appelé par Pomona. Mais sans doute que les autres voyageurs viendraient aussi savoir ce qui se passe et ce qui mettait la jeune fille dans cet état. Ce qui était assez surprenant venant de la part de Pomona. Là Ron se demanda si ce qui était entrain de se passer, n'était pas une mauvaise chose. Pomona avait peut-être une mauvaise nouvelle à leur annoncer, et sans trop savoir pourquoi. Il sentit son estomac se serrer, et stressa face à l'annonce future de Pomona.

[HJ : Je suis pas au top, j'ai fait ça vite fait.. Mais il faudra un peu de temps avant que je revienne poster dans le sujet!!]

La bibliothèque des Alliane était absolument gigantesque. Pas étonnant, lorsqu'on voyait la multitude de livres qui s'y trouvaient, que Miyria soit si cultivée. Il y avait de quoi, en ces lieux, accumuler un nombre conséquent de connaissances, pour peu que l'on soit un peu érudit (et nul doute que la vert et argent ne manquait pas d'érudition). Vous l'aurez compris, Luna se trouvait dans la bibliothèque du manoir Alliane. Il était devenu l'un de ses lieux de prédilection. Sans être un rat de bibliothèque, elle trouvait la présence des livres apaisante, et s'isoler là de temps à autres était loin d'être un mal. Les voyageurs ne quittaient presque jamais cette demeure, et il n'était pas rare que l'atmosphère soit tendue, et ce lieu était une sorte de havre où primait le calme et la sérénité.
Du moins de manière générale, car le calme, cette fois, allait être perturbé.

Luna entendit le bruit de craquement, caractéristique d'un transplanage, ce qui ne manqua pas de surprendre la bleue et bronze. Personne ne transplanait jamais ici sinon Pomona, et Pomona respectait des horaires très strictes au ministère. Il était encore trop tôt pour que ce puisse être elle... Et pourtant, oui, c'était elle. Sa voix résonna dans le hall, et Luna comprit immédiatement que quelque chose de grave était en train de se passer. Je pourrais vanter l'instinct de la demoiselle, mais en l'occurrence, il n'y avait pas besoin d'une intuition très prononcée pour comprendre que quelque chose allait mal. Pour que de l'inquiétude transparaisse dans la voix de l'ancienne vert et argent, d'ordinaire toujours très calme et particulièrement neutre, il fallait véritablement que quelque chose d'alarmant se soit produit. Luna avait plus d'une fois été marquée par l'insensibilité de la jeune femme. Et pourtant, à cet instant, une pointe de panique se laissait entendre.

Et elle s'adressait directement à elle. Luna, qui ne connaissait pas vraiment la notion de culpabilité, vivant toujours en harmonie avec ses actes et ses propos (quand bien même beaucoup pouvaient en trouver certains contestables), était curieuse de savoir ce qu'on lui voulait, sans songer qu'on puisse lui reprocher quoi que ce soit.

La bleue et bronze quitta immédiatement la bibliothèque, Pomona était dans le salon, Ron l'avait déjà rejoint. D'un pas tranquille, elle entra dans la pièce. Son regard s'attarda quelques secondes sur l'apprenti-criminologue.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Aucune peur ne se mêlait encore à cette seule curiosité, quand bien même la situation semblait critique. Il était inutile de s'alarmer tant qu'on ne savait pas ce qui se passait.
… Et puis, au point où ils en étaient, ce qui pouvait sembler grave à Pomona ne l'était pas forcément pour elle et pour le reste des voyageurs.

Finalement, ils se retrouvaient chez Miyria. En soi, c'était plutôt une bonne planque. Eux qui n'avaient longtemps pas su où ils passeraient leur prochain été (et il faut bien dire qu'ils ne s'en étaient souciés que très tard parce qu'ils avaient été convaincus que cet été, ils le passeraient dans leur époque), mieux valait cette solution qu'une autre, même s'il était un peu bizarre de squatter ainsi chez quelqu'un à qui l'on osait à peine accorder sa confiance (je parle au nom de Gin', bien sûr) , et que la rouquine avait l'impression de devoir quelque chose à la vert et argent. Elle était bien forcée de constater que les choses auraient pu être pires. Ils auraient pu devoir refaire la plonge au chaudron baveur, ou une autre joyeuseté du même genre. Là, au moins, ils étaient tranquilles, et relativement à l'abri, ce qui n'était pas un mal.

Cela dit, le temps passait lentement, et Gin' se sentait un peu comme un poisson enfermé dans son bocal. À tourner en rond, encore et encore. Rien ne se passait de particulier. Les voyageurs n'osaient pas se laisser à leurs confidences habituelles, parce qu'ils n'étaient pas en terrain connu, et que les chances d'être entendus par Miyria (ou Pomona, qui vivait quasiment ici) étaient trop grandes. Jusqu'ici, rien à signaler... Ah si. Les résultats des BUSE étaient arrivés. Gin' s'était fait royalement engueuler parce qu'elle avait évidemment tout foiré (ça n'aidait pas, de rendre copie blanche), et redoublerait donc son année. L'ambiance n'était donc pas spécialement au beau fixe. Mais en même temps, Gin' s'était faite depuis un moment au fait d'être la bête noire du groupe, alors qu'ils aient un prétexte de plus ou de moins pour lui en vouloir....

Cette journée avait démarré comme toutes les autres. Gin' pensait qu'elle serait banale. Elle n'aurait pas pu avoir plus tord. En fait, cette journée allait être particulièrement étrange, désagréable, et... elle allait sans doute changer le cours des choses, radicalement.
Et c'est Pomona qui vint sonner le glas. Quand Gin' entendit sa voix raisonner dans l'entrée, elle comprit que quelque chose allait mal. Même très mal. Pomona était du genre à rester impassible face à un volcan en fusion. Alors pour qu'elle ait l'air de s'inquiéter comme ça avait l'air d'être le cas, ce devait être grave.

La rouge et or pénétra dans le salon quelques secondes après Luna. Elle adressa à Pomona un regard interrogateur (jugeant qu'il n'était pas nécessaire qu'elle pose à nouveau la question que Ron et Luna avait déjà posé).

"Chalut! Ch'est-ce qui che passe?"

Carter fut le premier à faire son apparition dans le salon, la bouche à moitié pleine et l'air légèrement ahuri. A l'instant, Pomona su à peine se retenir de lui adresser un regard exaspéré tant son comportement lui semblait inapproprié.

Carter Striff était, et de loin, le voyageur avec lequel Pomona avait le plus de difficultés à s'entendre (même avec sa soeur, Meredith, qui était pourtant une véritable furie, elle avait plus de facilités) et pour cause, leurs caractères n'auraient pu être plus radicalement opposés.

Si l'heure n'était pas si grave, la jeune femme aurait sûrement eu bien des choses à dire à Ron sur son comportement et sur son éducation, mais ce serait perdre trop de temps quand celui-ci était en fait trop précieux, et leur était compté, surtout.

Elle préféra donc ne pas lui répondre et laisser sa question se perdre dans le néant, préférant y apporter une réponse lorsque son interlocuteur aurait daigné avaler la nourriture qu'il avait dans la bouche.

"Qu'est-ce qui ne va pas ?"

La principale intéressée, celle que Pomona cherchait vraiment à voir, fit irruption peu de temps ensuite. Et c'est vers elle que toute son attention se focalisa, puisque de toute façon, c'était elle que le danger guettait.

Les autres ne tardèrent pas, attirés par l'agitation soudaine, à se rendre à leur tour dans le salon, et une fois que tout le monde fut présent, Pomona, le regard toujours tourné vers Aulne, s'adressa à elle plutôt qu'aux autres.

"Ils ont retrouvé une baguette près des lieux où Morgan a été tué..." Elle évita à tous prix de croiser le regard de Miyria lorsqu'elle prononça ces mots, cet événement rendait ce décès plus réel, et plus douloureux. Pomona en souffrait sans doute moins que son amie, mais il n'en demeurait pas moins que la pilule était toujours aussi difficile à avaler. "Les experts sont formels, le prior incantato a révélé que c'est bien cette baguette qui a servi... au meurtre... l'ennui..." Le regard de Pomona se détourna de Luna pour se poser sur Hermione et Miyria. Il allait falloir trouver une solution, et le plus rapidement possible. Et pour cela, c'est sur elles-deux qu'il faudrait qu'elles comptent. Puis ses yeux se retournèrent vers Luna. "C'est qu'il s'agit de ta baguette, Aulne."

Même si la jeune femme était certaine qu'il s'agissait d'un coup monté, n'imaginant pas une seule seconde la voyageuse capable de tuer qui que ce soit de sang froid, elle espérait qu'Aulne avait une explication à donner quant à ce qui s'était passé, qu'elle savait qui lui avait prit sa baguette où ce qu'elle avait bien pu faire là.

"Ils m'ont demandé si je savais où te trouver, j'ai répondu que je n'en savais rien, évidemment. Que tu avais sans doute retrouvé tes parents en Amérique." Inutile de mêler inutilement, officiellement du moins, Miyria à tout cela, et encore moins son père. "J'ai essayé de gagner du temps, mais ils ne mettront pas longtemps à te retrouver, surtout s'ils sont en possession d'un objet qui était en ta possession. Ils vont te trouver et t'interroger. Et vous aussi, certainement." Son regard se tourna vers les autres. "Vous n'apparaissez sur aucun dossier, aucun fichier, dans tout le ministère. C'est loin de jouer en votre faveur. On a peu de temps, mais il va falloir assurer votre défense, de préférence ailleurs qu'ici... je vous aiderai, autant que je le peux. Mais je n'arriverais pas à grand chose si vous ne me dites pas la vérité."

Sa baguette... Luna l'avait perdu quelques semaines avant la fin de l'année scolaire. Elle avait même dû emprunter celle d'Hermione afin de passer ses examens pratiques. Habituée à ce que ses affaires aient tendance à se faire la malle, surtout en fin d'année (elle en avait conclu que quelque soit l'époque, cette coutume là ne changeait pas), la jeune fille ne s'en était pas inquiétée outre mesure. La bleue et bronze était loin de posséder cet attachement aux biens matériels qui caractérisait bon nombre de ses camarades. Elle pensait qu'elle retrouverait sa baguette... même quand les vacances étaient venues, et qu'elle n'avait pas réussi à mettre la main dessus, elle ne s'était pas inquiétée... S'acheter une nouvelle baguette, vu le peu de moyen qu'elle possédait, n'était pas le mieux, mais s'il le fallait... Apparemment, il le faudrait... Si, du moins, on lui autorisait encore à faire acte de magie, et si on ne l'obligeait pas à finir ses jours à Azkaban. Sa baguette avait servi à tuer ce garçon, Morgan. À cette nouvelle, la bleue et bronze sentit un léger frisson lui parcourir l'échine, et ce n'était pas tant parce qu'elle réfléchissait à ce que pourraient être les conséquences pour elle que parce qu'elle comprenait qu'ils étaient piégés. Et indirectement, c'était à nouveau de sa faute. La blondinette aurait été bien incapable de dire à quel moment son précieux lui avait été dérobé, ni qui pouvait être à l'origine de ce rapt, peu soucieuse qu'elle avait été par ce larcin, elle était incapable de fournir la moindre preuve concrète quant au fait que son bien lui avait été volé.

“Merci de croire que je n'ai rien fait.”

sourit doucement Luna.

Les yeux globuleux de la demoiselle s'attardèrent un moment sur Pomona (ils avaient eu raison de lui accorder – à elle et à Miyria – leur confiance) puis se détournèrent d'elle pour se poser sur ses camarades. La situation n'avait jamais été aussi critique. Elle s'étonnait d'ailleurs de ne ressentir qu'une angoisse toute relative, encore convaincue, allez savoir comment, que tout irait bien. Pomona avait soulevé un point qu'ils ne pouvaient ignorer. Mentir effrontément à leurs camarades était une chose... mais quelle légitimité auraient-ils auprès de représentants de la loi? C'était bien trop dangereux. Mais... fallait-il vraiment qu'une année entière de mensonge et de dissimulation s'achève sur une révélation finale, sur leur vérité? Quel impact cela aurait-il? Ils avaient gardé le secret jusque là, et ce non sans raison. Que leur resterait-il encore de contrôle sur la situation s'ils décidaient d'apprendre à Pomona et Miyria, puis aux membres du ministère, qu'ils venaient d'une autre époque? La réponse était plutôt aisé à deviner : aucun contrôle. Si cette décision devait être prise, et même si elle était la plus en danger de leur groupe, ce n'était pas à elle de le faire. Luna aurait été prête à payer pour ses amis, sans aucune forme d'animosité ou de rancoeur, si c'était ce qu'on lui avait demandé de faire. Dans tous les cas, s'il devait revenir à quelqu'un la décision de tout révéler ou non, ce n'était pas elle. Le regard de Luna s'arrêta sur Harry et Hermion. C'était à eux. Elle attendait donc leur verdict. Elle agirait en fonction. L'angoisse ne l'atteignait toujours pas. Pourtant, quelque part, au fond d'elle, elle avait conscience qu'il aurait été parfaitement légitime que ce sentiment s'impose en elle.

“Eh merde!”

C'étaient les premiers mots qui étaient venus à la tête de Gin', et les premiers qui lui sortirent de la bouche. Pas des mots franchement utiles, mais qui devaient être prononcés... Franchement! Elle ne devait pas être la seule à le penser. Ils étaient déjà passés par beaucoup d'emmerdes, ils s'en étaient plus ou moins sortis, mais celle-là dépassait toutes les autres. Jedusor les avait roulé... en beauté! Allez savoir comment il avait réussi à récupérer la baguette de Luna... c'était accessoire, maintenant. Il faisait accuser Luna de meurtre... Quel connard... Il y avait longtemps qu'il dépassait les bornes, mais avec cette attaque personnelle, il n'avait pas fait que déclarer la guerre, il avait tiré le premier coup de feu. Et il avait atteint sa cible. Ils s'en étaient toujours sortis avec plus ou moins de facilité... moins que plus, en fait, mais là, la situation était vraiment grave. Gin' comprenait mieux pourquoi Pomona était si soucieuse. Ils étaient en danger, tous, et Luna surtout... S'ils ne faisaient rien, s'ils ne trouvaient pas de solution maintenant, sa meilleure amie risquerait de se trouver à Azkaban.

Quand Gin' la regarda se tourner en direction d'Harry et d'Hermione, comme pour chercher leur approbation, ou attendre d'eux qu'ils prennent une décision, la rouquine sentit son sang ne faire qu'un tour. Elle ne pouvait pas laisser son destin reposer sur la décision de quelqu'un d'autre. Pour Gin', la question ne se posait même pas. Luna n'allait pas payer les pots cassés. Et ils n'avaient qu'un seul moyen pour s'en sortir – et encore, les chances étaient faibles. Ce moyen, c'était de dire la vérité.

Il était temps. En fait, Gin' s'était plus ou moins toujours attendue, depuis leur arrivée dans cette époque, à ce que, s'ils ne repartaient pas suffisamment vite (et avouons le, maintenant, ils ne repartiraient jamais), ils aient à tout déballer. Le moment était visiblement venu. Contrairement à Luna, Gin' ne chercha pas ni n'attendit l'approbation d'Harry et d'Hermione. Leur temps était limité, ils devaient agir vite, ils n'avaient pas le temps de débattre du fait qu'il faille ou non tout avouer. Et puis, à Pomona, au moins, ils pouvaient faire confiance. Elle était en train de chercher à sauver leur peau, là.

“Bon, sérieusement, c'est le moment, non? On va pas en discuter cent mille ans...” Le regard de Gin' se tourna vers Pomona et Miyria. “ça va vous sembler dingue, et vous n'allez sûrement pas nous croire, mais...” oui, c'était vraiment dingue et difficile à croire. Gin' se demandait vraiment si les deux serpentards allaient gober ce qu'elle dirait. “...on vient du futur, voilà.”

Et finalement, c'était Ginny qui avait craché le morceau. La plus réticente de tout le groupe à faire quoi que ce soit qui puisse nuire à leurs secrets et au cours des événements était finalement celle qui, la première, avait fait cet avoeu, avait désamorcé cette grenade qui allait à présent exploser.
Mais c'était un mal nécessaire. Pour Luna.

« Nous connaissons Tom Jedusor sous le nom de Lord Voldemort. Le plus puissant mage noir de tous les temps accompagné de puissants sorciers nommés Mangemorts. Un dictateur assoiffé de pouvoir qui ne rêve que d’une chose, supprimer les moldues et les nés-moldues de la planète pour assurer la suprématie des sang-purs. C’est un être sanguinaire qui terrorisa l’Angleterre. »

« Pour une raison inconnue, il a tenu à tuer William alors qu’il n’était qu’un enfant. Mais William a survécu. Aujourd’hui, il est la seule personne à avoir survécu au sortilège de la mort. Cela eut pour résultat d’affaiblir Voldemort. Il agonisa pendant des années. »

« L’année dernière de notre époque, Voldemort a réussi à revenir en force et il n’a pas changé de projet. Un soir que nous essayons de protéger un membre de la famille de William. Nous sommes tombés dans un piège et lorsque nous nous sommes mis à fuir nous sommes tombés dans une grande salle de retourneur de temps dans le ministère. Nous avons par erreur fait marché les retourneurs et nous nous sommes retrouvés à cette époque. »

« Nous avons donc décidé de profiter de la jeunesse de Jedusor pour le tuer avant qu’il fasse tout ce mal et qu’il connaisse cette prophétie. Mais de toute évidence, il reste bien trop fort. »

"Merci de croire que je n'ai rien fait."

Pomona se contenta de hocher légèrement la tête, sa façon à elle de dire que ce n'était rien. À l'heure actuelle, il n'y avait pas de temps à perdre en remerciements. Pomona les croyait par principe, parce qu'il n'était pas tant de douter d'eux...

Restait à savoir s'ils allaient être ou non désormais sincère avec elles. S'ils se permettaient de mentir encore, à une heure aussi critique, alors l'ancienne vert et argent ne répondait pas de ses actes, elle serait bien capable de les laisser à leur sort. La confiance entre eux devait être mutuelle, c'était comme ça.

"Eh merde !"

Meredith avait plutôt bien résumé la situation, même si jamais Pomona, toujours très scrupuleuse d'un certain protocole ne se serait, elle, permit de proférer de telles insanités. Même à présent que la situation aurait pu justifier quelques jurons, elle faisait de son mieux pour rester calme et posée et ne pas s'emporter.

Le regard de la rouquine se tourna vers ses camarades. Pomona comprit ce que dissimulait ces échanges de regards... Ils considéraient la possibilité de leur apprendre la vérité. Enfin.

"Bon, sérieusement, c'est le moment, non ? On va pas en discuter cent mille ans..."

Pomona sentit sa curiosité décupler, au point qu'elle en aurait presque oublié à quel point la situation était grave. Cela faisait presque un an qu'elle cherchait par tous les moyens à savoir ce que pouvaient bien cacher les six nouveaux, et l'heure de vérité semblait enfin devoir arriver.

Si l'instant n'avait pas été si critique, Pomona aurait presque été déçue d'avoir dû leur soutirer ces informations sous l'effet d'un presque chantage au lieu de découvrir le pot-aux-roses par ses propres moyens. Mais l'instant était critique, pas le temps d'y penser.

Choisissant visiblement (et ce n'était apparemment pas la première fois) de passer finalement outre l'avis de ses camarades, Ginny reprit la parole, et annonça, dans une phrase risiblement simple la vérité complexe de leur situation.

"ça va vous sembler dingue et vous n'allez sûrement pas nous croire, mais... on vient du futur, voilà."

Pomona ne su que répondre à cela... Oui c'était dingue, oui, elle avait du mal à y croire... Mais en même temps... Elle ne voyait que de la sincérité dans le regard de Ginny (qui de toute façon, aurait été la dernière à trouver de l'intérêt à faire ce genre de blagues de très mauvais goût dans un moment pareil)...

Pourquoi inventerait-elle un mensonge pareil ? C'était absurde. Et en même temps, comment y croire ? Ils venaient du futur... c'était... physiquement impossible. Ça échappait à absolument toute logique.

Pomona espéra que l'un d'entre eux allait leur dire que Ginny venait de mentir, mais il n'en était rien... Tous, l'air très sérieux, n'avaient l'air que d'approuver ses dires. Prudence se chargea même d'apporter à Pomona un supplément d'information.

Elle leur apprit que Tom Jedusor, dans leur futur, se ferait appeler Lord Voldemort, et deviendrait un véritable génie du mal. Voilà qui ne pouvait que conforter Pomona et Miyria dans leur paranoïa. Dire qu'elle ne pouvait pas croire en cette hypothèse était totalement faux. Elle avait comprit que Jedusor était capable du pire. Elle était désormais presque certaine qu'il avait ouvert la chambre des secrets. Il avait tué Myrtle, il avait certainement tué Morgan... Si tant de crimes le laissaient de glace, alors qu'il n'avait que seize ans, qu'en serait-il dans plusieurs années, quand il serait au summum de sa puissance ?

...Si tant est qu'il fallait croire Hermione. Ce récit avait toujours l'air aussi fou. À la fois, il expliquait tout : le fait qu'ils dissimulent leur identité, ne soit connus nul part, à la fois, cela dépassait les limites de ce que Pomona avait jamais considéré comme concevable...

Hermione ne s'arrêta pas là dans son récit. Elle lui apprit également que William avait.. survécu à l'avada kedavra ? Trop de choses inconcevable dans ce qui restait, aux yeux de l'apprenti criminologue, très embrouillé.

Elle s'était attendue à une vérité complexe... mais ça. Ça, jamais, pas même en cherchant la vérité pendant cent ans, elle n'aurait pu deviner une chose pareille. Elle se sentait... confuse... Elle chercha de la part de Pomona un regard de soutien avant de se laisser tomber sur la chaise la plus proche, sans même s'en rendre compte.

"C'est... c'est vrai ?" Elle ne pouvait pas croire qu'aucun d'eux puisse à ce point mentir alors qu'Aulne était plus que menacée par un danger direct. Encore moins Prudence, la plus intelligente et la plus pondérée de tout le groupe. Elle posa sa tête dans ses mains. Trop d'informations à gérer d'un coup, même pour un esprit aussi brillant que le sien. Et quand bien même c'était vrai. Qui, au ministère, croirait à ce qui semblaient être les pires sornettes jamais inventées. "Admettons. Admettons que ce soit vrai. Le voyage dans le temps est impossible, même pour les sorciers... à moins que les retourneurs de temps dont vous parlez..." Elle tentait davantage de rassembler les morceaux du puzzle que d'intégrer qui que ce soit à son discours, presque intérieur. "Soit. Je vais avoir besoin de plus d'informations. Mais il faut qu'on fasse vite... Quels sont vos vrais noms, de..." elle se sentait ridicule, à demander ça, elle avait l'impression d'être prise au piège d'une farce absurde. "...quelle année année venez-vous ? Est-ce que quelqu'un d'autre est au courant ?"

Dire la vérité était la seule solution. Luna l'avait su. Si elle ne s'était pas manifesté, c'était uniquement parce que ce n'était pas son rôle que de le faire. Ce fut donc Ginny qui, la première, lâcha le morceau. Et quel morceau ! Il était étrange de se dire que tout ce temps était passé, au cours duquel ils avaient su tenir leur langue, et qu'en une phrase, une simple phrase, le secret qu'elles avaient mit une énergie folle à défendre venait d'être brisé. Très simplement. Hermione vint apporter du crédit aux propos de la rouquine, apprenant à Miyria et Pomona qui était Tom Jedusor à leur époque, ce dont il s'était rendu coupable, quels étaient leurs objectifs. Les deux jeunes femmes les regardaient, visiblement estomaquées par ce qu'elles apprenaient. Et comment leur en tenir rigueur ? Leur discours semblait fou, mais ils étaient six à le soutenir, d'une même voix, se soutenant l'un l'autre pour donner plus de poids à ce qui avait des apparences de stupide canular.

Pomona, après ces révélations, fut la première à reprendre la parole. Luna avait l'impression de voir ses idées flotter tout autour d'elle, se battre pour savoir s'il fallait croire ou non à leur récit des plus fous. Que ce soit la moins folle de tous qui se soit exprimé, la plus folle de tous qui ait décidé de se taire, devait en dire long à la jeune femme quant à ce qu'elle pouvait se permettre ou non de croire. Elle mit un léger temps pour se remettre de ce qu'elle venait d'entendre avant que ce qu'il y avait de plus pragmatique en elle décide de faire, le plus calmement possible, le point sur la situation. Luna reconnaissait bien là la jeune femme. Elle n'abandonnait jamais ce calme et cette pondération, qui lui donnaient l'air d'un roc, à peine ébranlable.

Elle chercha à en savoir plus. C'était on ne peut plus normal. À cette époque, le voyage dans le temps n'existait même pas, difficile, dès lors, d'obtenir directement toute la compréhension de son interlocutrice.

"1996... Quand nous sommes arrivés à Poudlard, nous nous sommes tournés vers le seul capable de nous croire."

La voix de Luna était calme, presque apaisante, comme si elle tentait de rassurer son interlocutrice face à la bizarrerie de ce qu'elle entendait et découvrait

Dumbledore est directeur de Poudard, à notre époque. C'est grâce à lui que nous avons pu venir à l'école."

Luna adressa un léger sourire à Pomona.

"Je m'appelle Luna. Luna Lovegood"

En l'espace de quelques secondes, la bleue et bronze eut le sentiment de regagner son identité. Et à la vérité, cela faisait un bien fou. C'était au tour d'Aulne de disparaître, au moins momentanément, quelque part dans sa mémoire. Elle laissa aux autres voyageurs le soin de se présenter. Sans rien y laisser paraître, se débarrasser ainsi de leurs masques devait créer un nouveau degré de complicité entre les deux jeunes femmes et les voyageurs. Étrange sentiment que d'être soudainement et parfaitement honnête. Désormais, il ne cachaient plus rien.

Il avait fallu que ça sorte. C'était comme quelque chose qu'elle gardait au fond d'elle depuis trop longtemps, et qui menaçait de la dévorer toute entière à long terme, si elle ne laissait pas la vérité exploser enfin. Ça aurait pu être une bourde monumentale, Ginny le savait bien. Elle n'avait pas cherché une seule seconde l'approbation d'Harry ou d'Hermione avant de révéler la vérité tout d'un bloc, elle avait agi, comme souvent, sans tenir compte de l'opinion des autres, mais dans le but tout de même louable de protéger les intérêts de sa meilleure amie. La réaction d'Hermione lui prouva qu'elle avait eu raison de faire comme elle l'avait fait. L'intellectuelle de leur groupe alla même jusqu'à apporter de l'eau à son moulin, en donnant à Pomona et Miyria des précisions concernant Tom Jedusor, ce qu'il était dans le futur d'où ils provenaient, et quelles avaient été leurs intentions. Gin' grimaça quand même, quand Hermione évoqua l'idée de tuer Jedusor. Elle trouvait l'idée extrême, et elle s'était plus d'une fois opposé à ça, et ce même si elle était celle (avec Harry, bon) à qui il avait pu causer le plus de tord. Elle supportait mal la présence de son pire cauchemar, qui n'était jamais bien loin, mais elle ne pouvait pas, en même temps, imaginer l'idée de mettre fin à ses jours. Ça menacerait de modifier le futur (le présent) de façon trop dramatique. Ils avaient déjà fait énormément de dégâts, à quoi bon en faire encore davantage ? L'épisode Grindelwald n'avait pas suffi, apparemment.

Les deux verts et argents semblèrent estomaqués. Gin' n'avait jamais vu Pomona comme ça, en proie au doute et si peu sûre d'elle. Si les circonstances avaient été différentes, elle s'en serait sûrement réjouit. Elle n'appréciait pas franchement cet air qu'elle trouvait un peu suffisant qu'arborait la toute nouvelle criminologue. Mais la circonstance ne s'y prêtait pas. Ce serait déjà miraculeux si elles acceptaient de les croire, pas la peine de les faire douter en se montrant d'une hostilité pas du tout appropriée. Elle essayait de rassembler ses esprits. Gin' devinait qu'elle faisait tout son possible pour les croire... mais luttait contre son esprit logique, qui l'obligeait presque à penser qu'ils lui racontaient un tissus d'âneries. Elle leur demanda finalement, essayant de trouver une façon pragmatique d'assumer la situation là où il n'y en avait pas, de leur dire leurs vrais noms et l'époque d'où ils venaient. Luna répondit à cette dernière question. Gin' admirait qu'elle arrive à se montrer aussi calme en une telle situation. C'était sa tête qui était mise à prix, et c'était Pomona qu'elle cherchait à rassurer. Acceptant de se prêter au jeu, les voyageurs se présentèrent un à un, Ginny ne fit pas exception.

"Ginny Weasley."

Lord ! C'était tout drôle de prononcer ce nom de nouveau. Même quand ils étaient strictement entre eux, les voyageurs ne s'appelaient plus par leurs vrais prénoms, estimant que ça comportait trop de risques. C'était plutôt agréable, de dire la vérité, pour une fois, mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Il fallait toujours venir au secours de Luna, il leur fallait un plan. Elle se tourna vers Pomona.

"Est-ce que tu sais à quel moment ils vont venir chercher Luna ? Il ne faut pas qu'on la trouve ici. On pourrait aller... sur le chemin de traverse, par exemple ? Elle et moi... pendant ce temps, vous pourriez réfléchir à une façon de procéder."

Elle n'allait pas laisser Luna seule dans cette panade. Et puisque, de toute façon, elle se doutait que son opinion serait comme souvent rejetée... Autant qu'elle se rende concrètement utile.

"1996..."

1996... Vraiment? Cette date semblait si lointaine à Pomona. L'aube du 21ème siècle... L'ancienne vert et argent ne s'imaginait même pas vivre jusqu'à cette date tant elle semblait éloignée d'elle.

C'est donc de cinquante ans dans le futur que prétendaient venir les voyageurs... Et même si cela mettait une claque monumentale à toutes les convictions de Pomona Fitz, elle était tentée de croire que, effectivement, ils disaient vrai.

En n'importe quelle autre circonstance, à des voyageurs temporels, elle aurait eu tant de question à poser. L'ethnologue qui sommeillait en elle ne demandait qu'à observer ses comparses sur l'échelle de l'évolution et de la chronologie. Comment était le monde en 1996? Etait-il très différent de maintenant. Pomona supposait que non, où les nouveaux auraient été plus déboussolés encore.

Les questions viendraient plus tard. Il était temps de savoir utiliser sa curiosité aux fins les plus nécessaires, et elle savait qu'elle avait posé la bonne question, en demandant si quelqu'un était au courant.. ce qui lui semblait évident... Ils n'avaient pas pu s'incruster dans Poudlard sans que personne ne se doute de rien s'ils n'avaient pas l'aval d'un adulte.

"Quand nous sommes arrivés à Poudlard, nous nous sommes tournés vers le seul capable de nous croire. Dumbledore est directeur de Poudard, à notre époque. C'est grâce à lui que nous avons pu venir à l'école."

Dumbledore... s'il fallait supposer que quoi que ce soit dans cette histoire était cohérent, alors le fait que le professeur de métamorphose y soit mêlé l'était.

Elle voulait bien croire que cet homme d'exception, récemment décoré de l'ordre de Merlin, ait pu devenir directeur de Poudlard, et soit venu en aide aux six nouveaux.

C'était plutôt rassurant de savoir qu'un homme de cette position et de cette qualité soit de leur côté, et soit enclin à croire cette histoire de voyage temporel. Les chances de parvenir à tirer Luna d'affaire semblaient soudain grandir.

Car oui, Pomona entendait enfin le vrai nom de la blondinette qui venait de s'adresser à elle.

"Je m'appelle Luna. Luna Lovegood"

Luna... c'était un nom qui lui allait bien. Il convenait à merveille à son caractère lunatique... Il lui allait mieux que Aulne.

Ensuite, tous les voyageurs se présentèrent. Enfin, elle entendait leur vérité toute entière. C'était à la fois un triomphe et une déception que de découvrir ainsi les choses.

Meredith... ou du moins Ginny, fut la dernière à se présenter.

"Ginny Weasley."

à elle aussi, ce prénom allait plutôt bien. Pomona fit de son mieux pour bien mémoriser chaque nouveau nom. Pendant ce temps, la rouquine reprenait la parole.

"Est-ce que tu sais à quel moment ils vont venir chercher Luna ? Il ne faut pas qu'on la trouve ici. On pourrait aller... sur le chemin de traverse, par exemple ? Elle et moi... pendant ce temps, vous pourriez réfléchir à une façon de procéder."

Ginny avait beau être une furie, par moments, elle savait faire preuve de beaucoup de pragmatisme quand la situation l'exigeait, elle s'inquiétait visiblement et sincèrement pour le sort de Luna, et elle leur rappelait que la situation était urgente, et nécessitait qu'ils agissent au plus vite.

Cette réaction plus que bienvenue invita Pomona à mettre toutes ses interrogations de côté, et à se pencher sur un plan d'attaque.

Elle approuva d'un signe de tête à la proposition de Ginny, il ne fallait pas que Luna soit trouvée ici.

"Oui, faites ça... Ginny..." étrange que de l'appeler par son vrai nom. "contacte nous dès que le ministère aura interpellé Luna." Le regard de la jeune femme se tourna vers la bleue et bronze. "Quoi qu'il arrive, on ne te laissera pas passer pour une criminelle trop longtemps. Je vais immédiatement écrire une lettre à Dumbledore. De notre côté, il nous faut trouver des preuves, préparer ta défense..." Elle marqua une légère pause. "On va s'en tirer." déclara-t-elle d'un ton qui était finalement plutôt convaincu.

Pomona prenait cette révélation... mieux que n'importe quel être humain qui se respecte. Peut-être même le prenait-elle trop bien pour quelqu'un d'aussi pragmatique qu'elle... ou alors était-ce ce pragmatisme qui la préservait de penser que sa folie douce avait contaminé tous ses camarades. Ne ressortait qu'une chose de cette histoire, chose dont Luna avait été de plus en plus convaincue à mesure qu'elle avait appris à connaître l'ancienne vert et argent, et qui se confirmait plus que jamais à présent : Pomona Fitz n'était pas seulement brillante, intelligente et un peu trop misanthrope, elle avait ce qui manqué à beaucoup trop d'être humains, de ceux qui avaient piétiné l'orgueil de la bleue et bronze jusqu'à la réduire en bouillie : elle avait une belle âme. Elle semblait toujours aussi déterminée à leur porter secours, et elle menait une véritable lutte contre sa curiosité afin de laisser à plus tard les nombreuses questions qu'elle devait se poser.

Ginny, après s'être présentée à la suite de tous les voyageurs, fut celle qui vint la première rappeler l'urgence de la situation. Elle semblait, à vrai dire, plus inquiète que la blondinette ne l'était elle-même. Certes, Luna avait connu des moments de plus grande sérénité, mais elle ne sentait pas la panique la gagner. Elle avait, au contraire, un certain sentiment de sécurité qu'elle n'avait pas connu depuis un moment. Comment l'expliquer? C'était peut-être parce que, pour la première fois depuis longtemps, elle était Luna Lovegood aux yeux de quelqu'un d'autre que de ceux de ses camarade d'infortune. Bien sûr, la situation était critique, mais elle avait permit de crever une abcès qui étouffait complètement la jeune fille.

Sa meilleure amie, elle, n'était visiblement pas d'avis qu'il fallait profiter de ce moment, mais plutôt qu'il était plus que nécessaire d'agir, afin de permettre aux choses d'aller pour le mieux. Luna ne pouvait contester la décision de la rouquine. En vérité, personne ne le pouvait. Sa décision était parfaitement sensée. Et pour le moment, c'était le mieux qu'ils puissent faire. Elle approuva donc d'un signe de tête. Quand bien même mettre Ginny en porte à faux lui déplaisait quelque peu, elle devait admettre ne pas être mécontente de ne pas être totalement seule, si elle devait affronter elle ne savait quel membre du ministère, venu la conduire à l'interrogatoire (interrogatoire, abattoir, ça sonne pareil...).

Pomona approuva. Les autres firent de même. Il n'y avait donc plus qu'à s'exécuter. Après l'aide précieuse que leur proposaient Miyria et Pomona, il était évidemment hors de question de les trahir (en quelques circonstances que ce soit, il aurait été hors de question de les trahir quoi qu'il en soit). La demoiselle adressa donc un regard entendu à sa camarade. Elle accorda également aux autres personnes en présence le sourire le plus rassurant du monde. Tout allait bien se passer. Elle le pensait. Vraiment. Elle n'attendait plus que le coup de feu (au figuré, bien sûr) de Ginny pour se mettre en route.

« Hermione Granger. »

« Et alors ? Pour que vous soyez arrêtés toutes les deux ? »

« Il a fait cela pour nous diviser et il faut lui montrer qu’il n’y arrivera pas, c’est clair ? Alors nous pouvons fuir, nous avons suffisamment d’arme pour y arriver, ou même nous pouvons trouver du polynectar. Mais il est hors de question. Je ne peux supporter l’idée de laisser Luna seule entre ses hommes. »

« Je suis désolé, sincèrement. Je voulais par dire cela, mais plus j’y réfléchi, plus je constate que nous sommes entrain de perdre du terrain. Il est entrain de prendre de la puissance. Si il nous sépare, il deviendra encore plus puissant. Il faut qu’on retourne cette affaire contre lui. »

Ron s'était tu jusqu'à maintenant, en faite, il ne savait pas trés bien comment ils en étaient arrivés à parler à Pomona et Miyria de toute cette histoire de voyage dans le temps, que Luna allait se faire arrêter pour le meurtre de Morgan. Ron ne savait même pas qui était ce garçon, enfin il avait vu sa photo dans les journaux, on ne pouvait pas passer à côté. Mais il n'avait pas entretenu de relations avec lui, il était même pas sûr de lui avoir dit bonjour, une seule fois, et voilà maintenant que Luna était accusé de son assassinat. C'était une histoire à dormir debout, il en était à se demander si toute cette histoire, n'était pas une cauchemar, et qu'il allait se réveiller dans son lit. Mais le rêve durait bien longtemps, il se pinça le bras, pour être sûr. Il fit une grimace et réalisa que tout cela était bien vrai. Heureusement Pomona et Hermione semblait avoir pris les choses en main, parce qu'il n'aurait pas été en état de réfléchir pleinement.

"Ils sont un peu bête, quand même, il pense vraiment le criminel aurait laissé sa propre baguette sur les lieux du crime... Autant écrire en gros, "Je m'appelle Luna et j'ai tué Morgan", c'était bien plus simple"

commenta Ron, assis sur le canapé de ce grand salon. Il n'avait jamais pensé que les choses pouvaient être pire que le voyage dans le temps. Mais si il y avait pire, Luna en prison, eux tous surveillé comme le lait sur le feu, au cas où il feraient quoique ce soit de suspect.

"Ronald Weasley, mais tout le monde m'appelle Ron"

précisa le jeune homme, comme si c'était une chose importante, même si cela ne l'était pas vraiment surtout en de telles circonstances.

"Hermione, tu n'as aucune raison de t'en faire... Jedusor ne pourra pas nous séparer, tant qu'on penserait les uns aux autres. Et puis Luna ne peut pas aller en prison"

fit-il convaincu. Pour lui, cela ne pouvait pas être envisageable, la justice allait forcément voir que cela ne pouvait pas être elle. C'était bien arrivait à Harry, et Dumbledore avait tout arrangé, et cela arriverait à nouveau. Il n'avait aucun souci à se faire! Il fit un maigre sourire, comme si tachait de se convaincre lui même autant que la jeune fille, et les autres présents dans la pièce.

Gin' trouvait son idée sensée. Je veux dire... pour une fois, elle n'avait pas parlé par fierté, sans réfléchir ou sous le coup de la colère. Elle avait dit ce qu'elle pensait, parce qu'elle le pensait, ni plus ni moins. Et elle imaginait que c'était judicieux, confortée dans sa position par le fait que même Pomona, la grande pragmatique, avait été d'accord avec elle, et que Luna avait approuvé dans la foulée. Non, envoyer la bleue et bronze au casse-pipe ne l'enchantait pas, mais elle avait la ferme intention de ne pas laisser quoi que ce soit lui arriver, c'est juste que pour le moment, elle n'avait pas d'autres choix, et les réflexions d'Hermione ne vinrent pas la convaincre qu'elle avait tort. Sa proposition n'était pas l'idéal, certes, mais c'était le mieux qu'elles puissent faire, Gin' en était convaincue. Même Ron vint cautionner sa décision, affirmant ce que la rouquine pensait également : cette histoire ne les séparerait pas. Au contraire, ils étaient plus unis que jamais maintenant que l'un d'eux était concrètement en danger (que ce soit Luna importait, quand Ginny était grièvement blessée à l'infirmerie, on s'était contenté de penser qu'elle avait reçu une bonne leçon... Luna, elle, n'avait rien fait du tout pour mériter cela).

"Hermione, je comprends tes réticences, mais c'est le mieux qu'on puisse faire. On ne pourra pas cacher Luna longtemps, et plus longtemps on le fera, plus notre attitude semblera suspecte. Ron a raison. Les preuves qui l'inculpent sont faibles. Avec l'appui de Dumbledore, on a de bonnes chances de s'en tirer."

Gin adressa à Hermione un sourire rassurant. Elle avait essayé d'utiliser le ton le plus sûr d'elle qu'elle avait en magasin... en vérité, elle n'était pas si sûre d'elle que ça. On avait affaire à Tom Jedusor, tout de même, ce serait folie que d'admettre s'en sortir à bon compte ! Sans émettre quelques réticences, du moins. Malgré tout, oui, on pouvait être un brin optimiste. Dumbledore était un grand homme, plus grand que Jedusor, l'avoir de leur côté était un atout non négligeable. Et Luna n'avait rien fait de mal... même si elle avait un caractère un peu... particulier... personne n'allait penser qu'elle puisse avoir fait du mal à une mouche.

"Je ne laisserai pas quoi que ce soit arriver à Luna. Je ne laisserai pas les choses empirer, je te le promets."

Elle le pensait. S'il n'y avait pas d'autres alternatives, Si la bleue et bronze ne pouvait être sauvée, Gin se dénoncerait à la place de Luna. Ils étaient sûrement coincés dans cette époque, pour elle c'était déjà l'enfer. Alors un peu plus ou un peu moins...

"Ils sont un peu bête, quand même, il pense vraiment le criminel aurait laissé sa propre baguette sur les lieux du crime... Autant écrire en gros, "Je m'appelle Luna et j'ai tué Morgan", c'était bien plus simple."

Pomona se retint de lever les yeux aux ciel lorsqu'elle entendit les propos de Ron, qu'elle trouvait un peu trop simplistes... d'autant plus, disons le tout net, qu'effectuant elle-même son stage au bureau des aurors, elle n'appréciait guère qu'on dénigre la profession.

Il y avait cependant un peu de crédit à accorder aux propos du rouquin. La preuve avait certes été dissimulée, mais il n'en demeurait pas moins que le travail quelque peu grossier laissait suggérer que l'hypothèse d'un coup monté était envisageable.

Et c'est effectivement ce que cela était, un coup monté.. était-ce pour autant que les aurors allaient immédiatement écarter la théorie selon laquelle Luna était bel et bien coupable? Certainement pas.

Et pour cause, le crime attenté contre Morgan n'ayant pas de raison valable, on le prendrait sûrement pour un crime spontané, qui dit crime spontané dit mouvement de panique de la part de l'agresseur, dit grossière erreur. Que l'arme d'un crime soit retrouvée à proximité du lieu de ce dernier n'était pas un fait rare en soi.

Mais à quoi bon débattre sur le sujet? Si Pomona estimait beaucoup Hermione, elle avait plus de mal avec certains autres membres de ce petit groupe. Ron, tel qu'il se présenta ensuite, en faisait partie.

A propos d'Hermione, ce fut elle qui prit ensuite la parole, alors que Ginny et Luna semblaient décidées à quitter les lieux sur le champ, afin, visiblement, de les en dissuader.

"Il a fait cela pour nous diviser et il faut lui montrer qu’il n’y arrivera pas, c’est clair ? Alors nous pouvons fuir, nous avons suffisamment d’arme pour y arriver, ou même nous pouvons trouver du polynectar. Mais il est hors de question. Je ne peux supporter l’idée de laisser Luna seule entre ses hommes."

Pomona pouvait le comprendre, tout comme elle découvrait à quel point la dynamique de ce groupe était saisissante. Elle lui prouvait, en quelque sorte, qu'ils étaient plus unis que ce qu'elle-même pouvait le croire.

Dans sa volonté devenir en aide à Luna, elle en venait à développer les idées les plus folles, allant jusqu'à donner la suggestion que Luna pourrait utiliser du polynectar... idée qui n'aurait fonctionné que sur le court terme, et qui aurait fatalement fini par renforcer les soupçons qui pesaient déjà sur la bleue et bronze.

"Je suis désolé, sincèrement. Je voulais par dire cela, mais plus j’y réfléchi, plus je constate que nous sommes entrain de perdre du terrain. Il est entrain de prendre de la puissance. Si il nous sépare, il deviendra encore plus puissant. Il faut qu’on retourne cette affaire contre lui."

Pomona devinait, à ces mots, que ce n'était pas la première fois que Jedusor cherchait à diviser le groupe des voyageurs. Peut-être y était-il parvenu, même, à certains moments. Mais dans ce qu'elle voyait, elle ne voyait pas un groupe désuni, mais à vrai dire plus fermement décidé à se battre, motivés par une ambition commune : celle de venir en aide à l'un d'entre eux.

S'ils avaient pu venir en aide à Morgan...

"Hermione, tu n'as aucune raison de t'en faire... Jedusor ne pourra pas nous séparer, tant qu'on penserait les uns aux autres. Et puis Luna ne peut pas aller en prison"

Les propos de Ron, pour une fois, contenaient un certain bon sens, et Pomona accepta même d'acquiesçer d'un signe de tête tandis qu'à son tour, la soeur du rouquin venait apporter de l'eau à son moulin.

"Hermione, je comprends tes réticences, mais c'est le mieux qu'on puisse faire. On ne pourra pas cacher Luna longtemps, et plus longtemps on le fera, plus notre attitude semblera suspecte. Ron a raison. Les preuves qui l'inculpent sont faibles. Avec l'appui de Dumbledore, on a de bonnes chances de s'en tirer.Je ne laisserai pas quoi que ce soit arriver à Luna. Je ne laisserai pas les choses empirer, je te le promets."

Tout était dit. Et pour une fois, les opinions de Ginny et de Pomona concordaient parfaitement.

"Ils ne peuvent enfermer Luna sans preuves tangibles, et cette baguette est un élément trop mince pour qu'elle puisse être inculpée. Elle est innocente jusqu'à preuve du contraire, et on aura cette preuve." Son ton était décidé. "Je vais immédiatement écrire à Dumbledore pour lui expliquer la situation. Les gens du ministère ne te brusqueront pas. Je connais la plupart des aurors qui travaillent sur cette affaire, l'un d'eux est mon patron, et je peux t'assurer qu'ils ne se contenteront pas de ces seuls faits pour te condamner." ajouta-t-elle, le regard cette fois posé sur Luna. "Nous aurons le temps de préparer une défense solide et de nous sortir de là. Jedusor est trop méticuleux, il n'aura pas laissé de preuve. Il est même très probable qu'il ait un alibi sérieux, puisque l'un de ses sous-fifres aura fait le travail à sa place." Elle pariait sur Chaser. "sous-fifre qui ne le dénoncera jamais. Faute de trouver une preuve de sa culpabilité, nous pouvons en trouver de l'innocence de Luna."

L'idée de Ginny ne fit pas l'unanimité. En effet, Hermione ne tarda pas à émettre des réserves à ce sujet... réserves compréhensibles, il est vrai. Que la rouge et or s'inquiète ainsi pour elle faisait... plaisir, à Luna. Dans cette situation d'extrême urgence, elle réalisait que l'amitié qu'elle portait à tous les voyageurs était peut-être réciproque, finalement, et pour quelqu'un qui s'était faite à l'idée de n'avoir pas vraiment d'amis, n'attendant pas forcément de ceux qu'elle affectionnait qu'ils lui rendent la pareille, c'était rassurant. Hermione craignait que la bleue et bronze finisse en prison, l'idée n'avait même pas effleuré l'esprit de la blondinette. Pour cause, sa foi inébranlable en la justice et en Dumbledore l'empêchait de ne serait-ce qu'imaginer que ce dernier puisse la laisser finir derrière les barreaux. Il n'y avait pas d'autres alternatives... il fallait qu'elle passe par ce qui serait sûrement un interrogatoire. Elle dirait la vérité, et la vérité triompherait, non? Elle ne voyait pas d'autres moyens... elle ne se voyait pas fuir, surtout qu'une telle attitude ne ferait que renforcer les soupçons à son sujet. Quant à l'idée que souleva Hermione, celle d'utiliser du polynectar, elle s'y refusait radicalement. Pas seulement à cause des risques que cela comportait, mais parce que changer seulement de nom suffisait déjà à développer en elle une certaine skizophrénie, alors changer d'apparence, elle n'osait même pas imaginer.

Luna voulut rassurer sa camarade, mais elle n'en eut pas le besoin : Ron, Ginny et Pomona se chargèrent d'eux-mêmes de le faire, et au terme de leur discours, il n'y avait pas grand chose à ajouter. Ron avait raison : que sa baguette soit restée près du lieu du crime, la laissant pour coupable, ce semblait trop évident. Même si Luna était étrange et que ça ne jouerait pas en sa faveur, les aurors seraient bien forcés de se demander s'il ne s'agissait pas d'un coup monté. De même, quand Ginny affirmait que rien de mal ne pouvait lui arriver tant que Dumbledore les soutiendrait, Luna y croyait dur comme fer. Il n'avait pas la même influence qu'à leur époque, mais depuis qu'il avait tué Grindelwald, et avait été décoré de l'ordre de Merlin, il avait gagné le respect et la sympathie de la communauté sorcière. Il avait de l'influence, et il serait corroborer la version des faits de la jeune fille, quand celle-ci serait contrainte d'avouer une vérité que beaucoup auraient du mal à avaler. Quant à ce que disait Pomona, c'était rassurant. Elle faisait confiance en son jugement. Si elle considérait que ceux qui travaillaient sur l'affaire partiraient en quête de preuves tangibles avant de l'inculper, elle y croyait. Elles n'avaient pas vraiment d'autres formes de choix.

"Tout va bien se passer."

fit la voyageuse dans un sourire qui se voulait rassurant, quand bien même c'était elle qui était sur la sellette.

Elle adressa ensuite un regard entendu à Ginny, plus longtemps elles attendraient, plus les risques pour que tout cela retombe sur toutes les personnes présentes seraient grands.

« Les preuves sont faibles ? pardon ? Mais ils ont la baguette de Luna ayant utilisé le sort de la mort. Les gens du ministère sont si bornés qu’ils n’iront pas voir plus loin. Et l’influence de Dumbledore n’est rien à côté de celle que nous avons connu. »

« Excuse moi Pomona, mais le ministère est quelque chose de pourri et cela ne changera pas. Cette affaire fait scandale. Peut être que les aurors feront une enquête correcte. Mais les juges auront le dernier mot et n’iront pas chercher plus loin. Ils vont chercher à régler cette affaire le plus rapidement possible pour prouver l’efficacité du ministère. Luna est le coupable désigner et ils n’iront pas voir plus loin. Surtout que je suis persuadée que Jedusor a de nombreuse vérification. »

« Ah oui et excuse moi, mais envoyer un hibou à Dumbledore lui expliquant la situation est probablement la pire bêtise à faire à mon avis. La lettre sera probablement interceptée et je refuse que l’on écrive noire sur blanc la situation et ce que nous t’avons raconté. Si Dumbledore doit être au courant, il faudra le faire venir ici. »

« Ne comptez pas trop sur Dumbledore. Il n’a aucune raison de se mouiller dans cette affaire. A l’époque il a aidé Harry parce que c’était Harry. Je doute qu’il ait cette même générosité avec Luna. Pour moi ce que vous faites, est une erreur. Je n’ai pas la solution miracle, mais ce que vous faites n’est certainement pas la bonne solution. Je vous souhaite bonne chance, mais je refuse de vous voir partir commettre s’être erreur. »

D'une certaine manière, Gin comprenait les réticences d'Hermione. Elle resterait campée sur ses positions car elle était bornée (mettre autant de gryffondors dans une même pièce n'était pas le meilleur moyen d'engager une conversation constructive où chacun entendrait ce que l'autre a à dire, faut l'avouer), mais si elle avait mit de son orgueil de côté, elle aurait rejoint sa camarade sur certains points. Logique, en même temps, Hermione était la plus intelligente du groupe, quand elle émettait une opinion, il valait mieux écouter ce qu'elle avait à dire. Hermione avait les pires à priori qui soient sur le ministère de la magie, et ça se comprenait. Le ministère n'avait pas fait de cadeaux à Harry lors de l'année précédente, il faut dire, quand on l'avait traîné au tribunal sorcier pour avoir utilisé un sortilège alors qu'il voulait sauver la vie de son cousin... à ce moment là, on s'était fichu qu'il soit clairement innocent, on l'avait traîné dans un procés démesurément protocolaire pour une affaire qui ne méritait pas qu'on en fasse tout ce foin. Mais la situation était différente : l'époque n'était pas la même, Harry n'avait pas la mauvaise presse qu'il possédait auprès du ministre à l'époque des faits... mais le crime était plus grave, c'est vrai. Pomona affirmait que les hommes chargés de l'affaire faisaient leur travail consciencieusement, fallait-il la croire ? Gin' n'accordait sa confiance à personne depuis des mois, difficile de prêter foi trop rapidement aux propos de Pomona. Donc oui, les réserves d'Hermione se comprenaient...

Mais en même temps, Gin' voulait croire que Luna s'en sortirait pour les même raisons que Harry : avant : parce qu'ils avaient Dumbledore de leur côté. Hermione ne croyait pas trop en l'influence du futur directeur à l'heure actuelle, mais Ginny oui. Après tout, ne venait-on pas de le décorer de l'ordre de Merlin ? Il était reconnu comme l'un des plus grands sorciers de tous les temps depuis sa victoire sur Grindelwald : oui, son avis avait du poids, il pourrait faire céder un jury. Gin' supposait aussi que l'interception de hiboux n'était pas une chose familière à cette époque, même si courante dans la leur, ce qui expliquait que Pomona ne se soit pas franchement inquiétée de ce détail. Voir Hermione s'emporter à ce point faisait osciller Gin' entre agacement et angoisse : elle lui prouvait que tout pouvait mal se passer, et en même temps, devaient-ils discuter encore longtemps de la question ? Plus ils tardaient, plus le choix risquait de se faire à leur place, et les aurors du ministère de leur tomber dessus.
Gin' regarda Hermione s'en alla, un peu décontenancée... Elle avait l'impression de se voir elle, quelques mois plus tôt, lorsqu'elle avait énergiquement refusé que l'on s'attaque au basilic et que personne n'avait voulu l'écouter. Son départ fut suivi d'un long silence, que la rouquine se décida finalement à rompre.

"Bon..." Gin' n'était pas très à l'aise, pas après ce qui venait de se passer, mais il fallait prendre une décision rapide. "On a qu'à voter, alors. Qui est pour que Luna se laisse conduire au ministère ?"

Gin' leva aussitôt la main, pas avec beaucoup d'enthousiasme. Elle envoyait peut-être Luna au casse-pipe.

"Tout va bien se passer. "

Comment se faisait-il que, au sein d'un groupe ou chacun était en proie au doute et à la panique, Luna s'avère être la plus calme et la plus pondérée de tous.

C'était elle qui risquait le plus dans cette affaire, et c'était elle qui montrait le plus de sérénité. En fait, à bien y réfléchir, Pomona ne l'avait jamais vu non sereine. Elle ne se mettait jamais en colère, elle ne pleurait jamais, elle ne souffrait jamais d'angoisse... ou en tous cas, elle n'en donnait pas l'air.

Tout va bien se passer... L'ancienne vert et argent voulait croire de tout coeur que cela était vrai, mais elle n'était tout de même pas duppe, elle savait bien que les arguments d'Hermione étaient à prendre en compte. Et des arguments, elle en possédait beaucoup.

"Les preuves sont faibles ? pardon ? Mais ils ont la baguette de Luna ayant utilisé le sort de la mort. Les gens du ministère sont si bornés qu’ils n’iront pas voir plus loin. Et l’influence de Dumbledore n’est rien à côté de celle que nous avons connu."

Le choc de deux cultures, deux époques, deux générations se faisait ici sentir. Pomona n'avait jamais eu de raisons de douter du ministère de la magie, ni des aurors qui y travaillaient. Elle avait une foi aveugle dans la façon dont s'organisait le monde magique, puisqu'il ne lui avait pas, jusqu'alors, donné prétexte à déception.

Elle croyait, oui, dans le ministère de la magie et dans ses valeurs. D'autant plus qu'elle y travaillait à présent, et pouvait voir de près comment les choses se produisaient. Elle était entourée de personnes compétentes, elle sentait qu'ils étaient véritablement animé d'une volonté de savoir et de comprendre...

Elle percevait malgré tout les réticences d'Hermione et choisit tout de même d'en tenir compte, parce qu'Hermione était une jeune femme intelligente et que son opinion avait forcément du poids... Elle ignorait ce qui avait pu mettre autant de méfiance dans l'esprit de la rouge et or, elle se doutait qu'à leur époque, il s'était passé quelque chose qui leur faisait douter (à leur époque... c'était tellement étrange que de se l'imaginer...).

"Excuse moi Pomona, mais le ministère est quelque chose de pourri et cela ne changera pas. Cette affaire fait scandale. Peut être que les aurors feront une enquête correcte. Mais les juges auront le dernier mot et n’iront pas chercher plus loin. Ils vont chercher à régler cette affaire le plus rapidement possible pour prouver l’efficacité du ministère."

C'était un point de vue qui se défendait, mais Pomona n'y croyait pas, puisqu'elle croyait en la justice.

Et elle ne voyait pas de raisons de douter de Dumbledore (même si tout miser sur lui aurait bien sûr été absurde), il avait été décoré de l'ordre de Merlin, avait mit à mal la personnalité la plus dangereuse et puissante que le monde magique ait connu depuis longtemps... ce n'était pas rien.

Sans compter que sans lui, Hagrid serait encore derrière les barreaux, ce qui n'était pas le cas. S'il avait su sauver la mise d'un demi-géant, pourquoi n'y parviendrait-il pas avec Luna. Certes, si cette-dernière se retrouvait renvoyée de Poudlard, ce ne serait pas l'idéal, mais il valait mieux cette situation plutôt que l'autre, plus extrême.

Le point sur lequel Pomona donnait entièrement raison à Hermione, c'était qu'avoir suggéré d'envoyer un hibou susceptible d'être intercepté n'était pas forcément la meilleure chose à faire. Mais en même temps, à son époque, personne n'interceptait les hiboux d'adolescents... sans compter que ce n'était rien faire de mal ou de répréhensible que de demander à une figure éminente telle que Dumbledore de venir les soutenir au procès de Luna.

Elle le contacterait d'une autre manière, tant pis. Luna n'était pas Harry, peut-être mais Pomona pensait qu'il avait une certaine responsabilités envers les voyageurs, quels qu'ils soient, et qu'il devait le savoir.

Pomona voulut exposer ses quelques arguments, si maigres soient-ils, pour rassurer Hermione, mais trop tard, cette dernière était partie s'isoler... Lui courir après serait inutile, chacun sembla le comprendre puisque personne ne fit cet effort.

"On a qu'à voter, alors. Qui est pour que Luna se laisse conduire au ministère."

La majorité primerait donc, même si personne ne serait jamais totalement convaincu.

Pomona leva la main.

Un débat houleux concentré autour de sa petite personne et du sort qui allait lui être ou non réservée. Luna n'était pas vraiment à l'aise avec cette idée. Oui, au fond, elle était moins angoissée par l'idée d'être interrogée et peut-être accusée de crime qu'à celle d'être au coeur d'une nouvelle rupture au sein de leur groupe. Malheureusement, elle voyait celle-ci se profiler avec de plus en plus d'évidence, et Luna ne voyait malheureusement rien qu'elle puisse y faire. Elle avait l'impression d'avoir déjà assisté à une conversation de la sorte. à la différence que la dernière, fois, c'était Ginny qui s'était opposée à l'opinion de tous les autres... Et la bleue et bronze n'était pas le centre des attentions. Si elle ressentait une certaine chaleur à l'idée que l'on se soucie à ce point de son sort, elle n'avait nulle envie de causer de trouble à qui que ce soit, et voir Hermione s'ennerver et se mettre dans un tel état la chagrinait. Elle aurait voulu d'un compromis, de quelque chose qui puisse satisfaire tout le monde, malheureusement, il aurait été trop beau de penser que cela puisse exister. D'ailleurs, dans le meilleur des mondes, une telle conversation, n'aurait pas lieu d'être, Luna ne serait pas accusée de crime, et... non, dans le meilleur des mondes, ils n'auraient même pas changé d'époque.

Luna hésita à se rendre à la suite d'Hermione afin de ne pas la laisser seule, quand celle-ci les laissa précipitamment, mais elle devina qu'elle avait besoin de solitude, et que sa présence n'aiderait en rien. Elle la laissa donc partir, la suivant du regard, un regard un peu triste. Cet événement creuser un fossée de plus au coeur de leur groupe. A l'instant où il aurait fallu qu'ils soient le plus soudés possible, ils semblaient s'éloigner chaque jour un peu plus les uns des autres.

Les yeux de Luna se tournèrent finalement vers Ginny, qui fut la première à reprendre la parole après que le départ d'Hermione ait plongé tout le monde dans le plus profond des silences. Elle suggéra que l'on vote afin de décider de ce qui allait advenir d'elle. Une autre que la blondinette se serait peut-être offusquée de ne pas être seule maîtresse de cette décision, elle, elle trouvait cela normal. Elle était certaine que si elle avait élevé le ton, on l'aurait écouté, mais elle n'en voyait pas l'intérêt. La rouquine appela au vote. Les mains se levèrent, toutes les mains, y compris la sienne. C'était le mieux à faire, c'était sa conviction. Tout le monde fut d'accord.

Et son destin était scellé... En vérité, Luna était moins confiante qu'elle n'y paraissait.

FIN

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