Pendant les premiers instants, Aelycia resta pétrifiée à l’entrée de la Salle. Pétrifiée d’étonnement. Elle n’aurait jamais cru qu’il était possible qu’elle formule la même demande qu’un autre élève. Décidemment, la Salle sur Demande était pleine de surprises !

Seulement, la jeune gryffondor n’était pas uniquement étonnée par l’étrange coïncidence qui la mettait dans cette situation incongrue. Non, était époustouflée par ce qu’elle entrevoyait : le jeune inconnu, de dos, maniait sa baguette en faisant de larges gestes –tout comme un chef d’orchestre moldu – et des dizaines de pinceaux suivaient ses mouvements pour crée des arabesques de couleur sur une toile positionnée au fond de la salle. Et quelle toile ! Jamais Lycia n’avait vu de surface à dessin si gigantesque. C’était vraiment impressionnant.

La bouche légèrement entrouverte –toujours coincée sur son « oh » de départ – Aelycia admirait le travail du mystérieux artiste qui n’avait pas encore remarqué sa présence. La jeune gryffondor n’avait pas vraiment un esprit artistique – elle était plutôt une habituée de la bibliothèque et des bouquins – mais elle ne pouvait s’empêcher d’être impressionnée par ce qu’elle voyait. Les gestes du garçon étaient emprunt de grâce et de légèreté. La beauté de cet étrange ballet était incomparable. Etonnant. Magnifique. Même si elle ne voyait pas son visage, Aelycia sentait que le jeune homme était plongé dans un monde bien à lui, un monde qui lui était impossible de percer. Chacun de ses gestes faisaient apparaître de nouvelles taches de couleur. Maintenant, la toile était recouverte de centaines de teintes différentes. C’était un émerveillement pour les yeux.

Lycia dut user de toute sa volonté pour détacher son attention de la magnifique œuvre d’art, et pour reprendre quelque peu contenance. Elle n’était pas habituée à laisser voir ses émotions sur son visage. Mais elle était vraiment émerveillée par ce qu’elle voyait. L’inconnu « tait vraiment talentueux.

Reportant son attention sur le mystérieux individu, Aelycia découvrit que le jeune homme qui lui faisait maintenant face n’était guère plus vieux qu’elle. La jeune fille promena son regard sur le garçon, ses cheveux bruns et son visage qui lui rappelait un vague souvenir. Pourtant, elle n’arrivait pas à mettre de nom sur ce visage aux traits bien dessinés et agréable à la vu. Le jeune homme dégageait un certain charme, discret mais bien présent, qui ne laissait pas Lycia entièrement indifférente. C’était sûrement une chose commune aux artistes. Peut-être dégageaient-ils tous cette aura ?

Aelycia s’apprêtait à dire quelque chose pour rompre le silence régnant dans la pièce –seulement meublé par le bruissement des pinceaux sur la toile – lorsqu’elle croisa les yeux de son inconnu. Ses prunelles noisette n’avaient pourtant rien d’exceptionnel –à part une lueur que Lycia n’aurait pu définir- mais lorsqu’elle croisa ses yeux, la jeune fille fut prise d’un frisson intense et inexplicable, et son cœur rata un battement. Que lui arrivait-il ? Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Pour le moment, la délicate jeune fille était bien incapable de répondre aux questions qui la taraudaient. Elle était tétanisée, figée de stupeur face au jeune homme. Plus encore que lorsqu’elle avait découverte la toile, Aelycia n’était plus capable d’esquisser le moindre geste. Comment pouvait-elle perdre autant ses moyens à cause d’un simple contact avec les yeux d’un parfait inconnu ? C’était effrayant. Incompréhensible.

-« Salut… »

Heureusement, la prise de parole du jeune homme permis à Lycia de retrouver un peu d’aplomb, et de reprendre contact avec la réalité. Pourtant, elle se rappelait de l’inexplicable sensation qu’elle avait ressenti un peu plus tôt. Et elle ne comprenait pas.

Se reprenant un peu, un beau sourire apparut sur les lèvres d’Aelycia. Malgré l’incongruité de la situation, elle n’avait pas perdu sa bonne humeur. Et elle était d’humeur sociale, pour une fois.

-« Bonjour ! » s’exclama elle donc gaiement, de sa voix douce.

Esquissant quelques pas en direction du beau jeune homme, Aelycia réussit à décrocher son regard des prunelles caramel de l’inconnu, et balaya de nouveau la salle du regard. Elle ne voulait pas laisser paraître son trouble, même si elle savait que c’était maintenant impossible : ses joues rougies par la gêne la trahissait. Reportant son attention sur le jeune homme brun qui semblait lui aussi quelque peu troublé, Aelycia continua, de sa voix mélodieuse :

-« Je n’aurais jamais cru possible de rencontrer quelqu’un ici ! »

Souriante, la jeune gryffondor replongea ses yeux bleus dans ceux plus sombres du garçon. Elle se demandait ce qui lui arrivait.