On récolte ce que l'on sème (Clarice)

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

Et voilà, elle est de retour. Octavia a appréhendé cette rentrée plus qu'elle n'a bien voulu l'admettre. Au regard de sa famille et des quelques personnes qui se seront peut-être souciés de son retour à Poudlard, elle a toujours réagi avec la même assurance proche de l'insolence. Comme si tout ceci lui était égal, comme si rien ne pouvait l'atteindre. C'est loin d'être tout à fait vrai, évidemment. Comme pour de nombreuses autres choses, il y a une sorte de fossé entre ce qu'elle veut bien montrer d'elle-même et ce qu'elle ressent réellement, une distanciation nette entre ses affects et ses pensées, quelque chose qui lui vient autant de son caractère que de son éducation. Elle doit rester de marbre, accuser avec fierté les regards scrutateurs.

Oh, elle avait déjà eu son lot avant les vacances, c'est un fait. Parce que les rumeurs allaient déjà bon train, à ce moment-là, mais c'était évidemment très différent. Parce que les deux mois de vacances n'étaient pas passées par là, laissant les bruits de couloir aller bon train, dans toutes les directions. Cela aurait pu les résorber, certes, mais pas totalement. Parce que maintenant, Joan Colton est de retour, ce qui change la donne. L'une comme l'autre, elles sont observées, et on les attend au tournant. Octavia ne serait pas surprise que l'on ait pris les paris sur elles deux. Elle fait mine de rien, certes, mais elle est épuisée, de devoir tenir bon face à ceux qui essaient de la pousser à bout. Quelques jours seulement que la rentrée a commencé, et elle se sent déjà terriblement épuisée.

Elle s'est inventée une excuse pour abandonner ses camarades afin d'abandonner la salle commune des verts et argent bien avant le couvre-feu. Elle a besoin de rester seule avec elle-même. Son premier réflexe, une fois seule, et de s'étaler dos au matelas, yeux au plafond. Elle ne sait pas si elle fait bien. Rester seule avec ses pensées n'est pas forcément une chose qu'elle apprécie outre mesure, parce que ses pensées ne sont pas très heureuse. Elle doit se rappeler sa haute mission, pourquoi elle fait tout ça. Mais elle se sent fatiguée, épuisée, vraiment.

Elle ne somnole pas tout à fait, mais elle ne fait rien. Les minutes s'écoulent, et elle n'est pas vraiment sûre de combien de temps se passe. Quand la porte du dortoir s'ouvre, elle se redresse sans doute un peu brusquement. Elle ne voulait pas qu'on la voie dans cette espèce d'état de léthargie. Son regard se tourne vers la porte. Celle qui se trouve dans l'encadrement n'est pas une de ses camarades de dortoir. Mais elle la connaît bien. Ou commence à bien la connaître. Et réciproquement.

"Oh c'est toi..." Elle se redresse et s'installe en tailleur sur son lit. "Qu'est-ce que tu fais ici ?"

EPSILON

Clarice n'était pas mécontente d'être de retour à Poudlard. Oh, reprendre les cours et retrouver sa cour hypocrite d'amis pour qui elle n'avait pas spécialement d'affection et qui n'en avait sans doute pas davantage pour elle n'était pas une perspective si enthousiasmante que ce à ses yeux.

Elle n'avait pas spécialement de considération ou de respect pour ses camarades, leur présence lui épargnaient la solitude, et lui donnait le plaisir d'exercer sur eux une sorte d'influence égoïste qu'elle appréciait en revanche immensément, et ça s'arrêtait là.

Alors non, elle aurait tout à fait pu se contenter de rester chez elle, où elle était aimée et bichonnée. Sur le principe, ça ne pouvait évidemment que la satisfaire, mais sur le principe seulement. Parce que les choses avaient changé, à la maison.

Les tensions constantes entre ses parents, Clarice y était habituée, et elle n'y prêtait même plus vraiment garde, mais il n'y avait pas que cela. Il y avait d'autres choses qui venaient s'ajouter aux autres, et la plus insupportable entre toutes était bien évidemment le fait que sa mère était pleine comme un ballon et semblait sur le point d'exploser.

Clarice était incapable d'accueillir sereinement la venue d'un petit frère ou d'une petite soeur dans sa vie. Être fille unique, c'était tout ce qu'elle demandait, et l'absence totale de considération de ses parents en la circonstance la sidérait complètement. Pour elle, ça ne faisait vraiment pas le moindre sens. Et donc, oui, ses mois de vacances n'avaient pas été, par conséquent, à la hauteur de ce qu'elle avait pu espérer, et elle s'en trouvait sincèrement agacée.

Alors ce n'était pas plus mal d'être de retour à Poudlard, où par ailleurs, elle se trouvait plus d'autonomie et de liberté.

Elle se trouvait dans la salle commune, en train d'échanger une conversation sans saveur avec plusieurs de ses camarades quand elle vit la silhouette d'Octavia monter discrètement jusqu'aux dortoirs. Clarice tenta de se raisonner... non, ça ne la concernait pas, elle ne voyait même pas pourquoi elle en avait quelque chose à faire.

Mais elle en avait quelque chose à faire. A voir Octavia mal en point, le coeur de Clarice se serrait terriblement. Alors elle avait inventé un prétexte pour rejoindre les dortoirs, et avait pris le chemin de celui d'Octavia plutôt que le sien.

"Oh c'est toi... Qu'est-ce que tu fais ici ?"
"Je t'ai vue monter", répondit Clarice d'un ton un peu hésitant, sans trop savoir elle-même ce qu'elle faisait là, en réalité. "Tout va bien ?"

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

Octavia ne sait pas trop si elle doit être agacée, intriguée ou touchée de la réponse de Clarice. Dans de tout autres circonstances, si la situation n'était pas ce qu'elle était, si elles en étaient restées au status quo, toutes les deux, la réponse aurait été plus évidente : bien sûr qu'elle aurait été agacée, et au plus haut point qui plus est. Parce que ça voulait dire que ses intentions de discrétion avaient échoué. Il n'y avait pas de mal en soi à rechercher l'isolement, certes, mais Octavia avait une image à préserver peu importe les circonstances, et elle y tenait très clairement : elle n'avait pas la moindre envie ou intention d'y changer quoi que ce soit. Elle ne voulait pas afficher ses faiblesses. Ceci dit, avec Clarice, c'était différent, c'était différent parce que ses faiblesses, elle les connaissait déjà, ou en partie, pour l'avoir trouvée dans des circonstances déplorables. Et l'air de rien, accepter l'une et l'autre de dévoiler leur fragilité et leurs failles, ça leur avait définitivement fait du bien, autant à l'une qu'à l'autre, ni l'une ni l'autre ne pourrait sans doute le nier.

Donc cette fois encore, alors que son interlocutrice lui demandait comment ça allait, Octavia ne se voyait pas prétendre ou mentir. A dire vrai, elle était convaincue que le fait de parler, de parler franchement, lui ferait logiquement et naturellement du bien. Et elle ne pouvait pas le faire avec grand monde. Elle se devait de garder la tête haute. Mais Clarice garderait le secret : il le fallait bien si elle voulait qu'Octavia garde le sien en retour. C'était presque du chantage, c'est vrai. Mais... et alors ?

"A ton avis ?" dit-elle en se redressant (il ne fallait pas attendre d'elle qu'elle ne se montre pas un peu cynique quand même, on ne la changerait clairement plus à ce stade). "J'avais juste besoin de relâcher la pression... Je savais que le retour allait être compliqué mais... certains ne manquent pas d'imagination pour tenter de me faire péter les plombs." Elle afficha un sourire crispé. "Ils seront les premiers à le regretter." Elle tourna son regard vers Clarice. "Et toi, ça va ? Comment ça s'est passé, ton été, finalement ?"

Si on lui avait dit qu'elles auraient un jour ce genre de conversations cordiales, elle ne l'aurait pas cru : mais de nombreuses choses avaient changé, et leur relation de la même manière.

EPSILON

"A ton avis ?"

Même dans leurs réactions, dans la manière qu'elles avaient d'ironiser et d'envoyer paître les autres à la moindre occasion sous le prétexte, peut-être, que ce serait plus facile ainsi, elles avaient clairement tendance à se ressembler, toutes les deux... c'étaient peut-être pour ça qu'elles avaient estimé tout d'abord être des ennemies naturelles.

Tout d'abord, oui, car ce n'était plus le cas à présent. Comment pourrait-elle bien définir leur relation ? A dire vrai, Clarice n'était pas certaine de le savoir elle-même, ou tout du moins de vouloir s'y concentrer. Ce qu'elle savait en revanche, c'est qu'elle avant plus que largement tendance à voir les choses d'une autre manière. Elle s'était dévoilée à Octavia, et ça, naturellement, ça devait changer la donne, ça devait faire une différence majeure, au-delà même de la dynamique qu'il y avait entre elles.

"J'avais juste besoin de relâcher la pression... Je savais que le retour allait être compliqué mais... certains ne manquent pas d'imagination pour tenter de me faire péter les plombs."

Clarice afficha une grimace compatissante. Elle n'était pas du tout surprise de ce qu'elle entendait. Quand il était question de vous pousser dans vos retranchements, certains s'en faisaient le plus malin des plaisirs, et sans envisager d'en éprouver ne serait-ce qu'un semblant de scrupules.

Elle-même aurait pu être de ce bord-là, en réalité, d'ailleurs, c'était toujours d'une manière détachée, sans le montrer totalement, qu'elle prenait le parti d'Octavia. Elle ne comptait pas afficher son soutien publiquement, mais ne pas participer au lynchage en règles était déjà une forme de soutien, au fond.

"Ils seront les premiers à le regretter."

"Je ne m'en inquiétais pas le moins du monde. Je suppose que tu as déjà bien réfléchi à tes représailles", observa Clarice avec un sourire en coin, convaincue de ses dires.

Octavia était une jeune femme intelligente, et elle avait de la suite dans les idées, elle saurait évidemment se défendre contre quiconque chercherait à lui faire du mal ou à lui nuire.

"Et toi, ça va ? Comment ça s'est passé, ton été, finalement ?"
"Pas terrible, ça a pas mal parlé fiançailles et ma mère est tellement grosse qu'on dirait qu'elle va exploser", résuma Clarice sans aucune délicatesse à l'adresse de sa mère. "Quelque part, je suis bien contente d'être de retour, l'ambiance étant franchement bizarre, à la maison."

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

Octavia se demande parfois pourquoi elles ont mis tant de temps à s'entendre toutes les deux, mais la réponse est dans la question, en vérité. Les deux jeunes femmes ne se sont jamais entendues avec personnes. Qu'elles aient été capables malgré tout de dépasser leurs habitudes et de baisser les armes tient lieu du miracle plus que du compréhensible, mais elles en sont là, et elles s'entendent bien, c'est vrai. Et sans avoir besoin de se dire grand-chose, elles se découvrent sur la même longueur d'ondes. C'est, pour tout dire, plutôt agréable, Octavia a même tendance à trouver ça particulièrement réconfortant.

"Je te donnerai le détail quand ce sera fait, je ne voudrais pas gâcher l'effet de surprise", dit-elle, surtout parce que, en réalité, elle est loin de savoir quelles pourraient être ses représailles. Naturellement, elle est moins certaine de ce qu'elle peut se permettre de faire ou non. Elle sait qu'elle doit être prudente, mais elle se connaît bien. L'avantage, c'est qu'elle est vicieuse, elle sait agir en sous-marin, c'est loin, très loin d'être un souci pour lui. "Et puis, je ne voudrais pas que tu compromettes mes projets. Je te rappelle que je ne te fais pas confiance."

C'est un mensonge, bien sûr, et un mensonge éhonté, qui plus est. Parce qu'au final, Clarice est la seule en qui Octavia ait encore confiance à l'heure actuelle, et ce n'est pas peu dire. Cela tient aux secrets qu'elles connaissent l'une de l'autre, c'est vrai, mais il n'y a pas que cela, c'est plus complexe que cela, en réalité.

Inutile de s'épancher sur la question, Octavia demande à Clarice comment s'est passé son été et obtient bien vite sa réponse. Et elle devine très vite que ça n'a vraiment pas été la joie. A nouveau, la jeune femme accepte de lui répondre plutôt sincèrement, et c'est une chose qu'Octavia apprécie franchement.

"Bizarre comment ? Parce que ta mère est influencée par ses hormones ou pour une autre raison ?" demande Octavia, curieuse, quand Clarice observe que l'ambiance est étrange.

Sa mère si enceinte qu'elle donne le sentiment qu'elle va exploser n'y est sans doute pas pour rien. Clarice n'a pas idée de ce que c'est que de ne pas être fille unique, tout l'inverse d'Octavia qui a grandi au sein d'une immense fratrie. C'est sûr, le contraste va être visible, et certainement compliqué.

EPSILON

"Je te donnerai le détail quand ce sera fait, je ne voudrais pas gâcher l'effet de surprise."

Clarice avait bien envie de lui répliquer que si elle ne lui donnait pas le détail, c'était surtout qu'elle ne le connaissait pas, mais si elle ne se permit pas de la piquer à ce sujet, c'est qu'elle avait l'intuition qu'elle se rapprocherait un peu trop près de la vérité. Et bizarrement, oui, elle n'avait pas envie de la piquer et surtout d'appuyer où ça faisait mal, alors que ce serait sans doute si facile, en vérité.

Mais même si Octavia n'avait pas encore d'idée, Clarice avait envie de croire qu'Octavia parviendrait très bien à rebondir : elle la connaissait bien, très bien même, alors elle croyait en elle, et elle était convaincue qu'elle parviendrait à ses fins, d'une façon ou d'une autre, elle n'avait de toute manière pas le choix.

"Et puis, je ne voudrais pas que tu compromettes mes projets. Je te rappelle que je ne te fais pas confiance."

"Et tu as bien raison, je rêve de te tirer dans les pattes", répondit Clarice d'un ton qui ne pouvait pas vraiment laisser suggérer qu'elle était sincère : et pour cause, elle n'était pas sincère du tout. "J'apprécie d'entendre que tu m'imagines suffisamment dangereuse pour préférer me tenir à l'écart", ajouta-t-elle.

Comme à son habitude, elle saisissait toutes les occasions de se laisser brosser dans le sens du poil : c'était sa manière de faire, et elle n'avait pas la moindre envie d'en changer, certainement pas.

"Bizarre comment ? Parce que ta mère est influencée par ses hormones ou pour une autre raison ?"

"Un mélange des deux, je dirais", elle répondit à l'adresse d'Octavia en accompagnant le tout d'un léger haussement d'épaules, car en réalité, elle n'était sûre de rien, à ce stade, mais elle avait ses propres interprétations de la situation, et elle doutait fort qu'elles soient fausses. "C'est entre elle et mon père que c'est bizarre. Enfin je veux dire, ça a jamais été le grand amour, mais là... Et puis, ma mère a pas l'air de comprendre pourquoi je lui en veux. Alors que c'est un peu évident, non ?" dit-elle en tournant son regard vers son interlocutrice.

Elle avait besoin qu'Octavia abonde dans son sens.

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

La vérité, s’il faut la regarder en face, c’est qu’Octavia n’estime pas forcément que Clarice soit à ce point dangereuse, ou du moins, c’est plus compliqué que ça, en fin de compte. C’est même cent fois plus compliqué… Disons que oui, elle pense effectivement que la vert et argent pourrait bien en être capable, en revanche elle est à mille lieues d’envisager qu’elle puisse encore pouvoir se montrer dangereuse vis-à-vis d’elle.

Clarice Carrow est définitivement une jeune femme dont il est préférable de se faire l’amie que l’ennemie. Tout comme c’est le cas pour toi d’ailleurs, et pour cette raison, elles ont tout intérêt à conserver cette singulière relation d’amitié qui est née entre eux même si elles-mêmes ne la comprennent pas forcément tout à fait, née du partage de leurs secrets respectifs, et qui les a prises toutes les deux au plus strict dépourvu.

A cela elle ne répond rien et laisse le temps à son amie de lui en apprendre plus sur la situation qui concerne plus directement ses relations avec sa mère, qui autrefois étaient au beau fixe et semblent à présent distendues. Il faut dire qu’une mère enceinte, ce n’est pas forcément simple à gérer. Elle, elle n’a pas trop vécu ça, ou en tout cas, elle ne sait plus trop comment c’était quand sa mère était enceinte de Pulchra. Mais elle se dit, si elle considère toute la fratrie Yaxley avec la plus légitime attention, qu’elle est sans doute celle – avec Pulchra – qui a le moins pâti de ce genre de circonstances, par la stricte force des choses.

Apparemment, le souci se situe au niveau de la relation de sa mère et de son père. Oh… Et effectivement, si quelqu’un peut comprendre les motifs que Clarice a d’en vouloir à sa mère, c’est bien Octavia pas spécialement parce qu’elle a vécu la même chose, mais parce qu’elles ont la même manière de réfléchir et de raisonner, toutes les deux, aussi Octavia peut aisément s’identifier.

« Oui, c’est carrément évident », confirme Octavia. « Mais à mon avis, elle comprend, elle essaie juste de se défendre comme elle peut, vu qu’elle a pas le choix. » Elle marque une pause. « Je pensais que c’était bizarre dans tous les cas, avec ton père. Qu’est-ce qui a changé ? »

Octavia s’étonne elle-même de s’intéresser à ce point à la vie de son interlocutrice. Pour elle, c’est nouveau de faire ainsi passer des intérêts différents avant les siens propres. Ce n’est pas dérangeant en soi, loin de là. Mais à ses yeux, c’est tout de même assez intrigant.

EPSILON

« Oui, c’est carrément évident »

L'air de rien, cela rassurait Clarice que de savoir que son interlocutrice comprenait son état d'esprit. Ce qu'elle redoutait, c'était qu'on la reprenne, qu'on lui dise qu'elle dramatisait ou qu'elle exagérait complètement.

Alors oui, elle dramatisait et exagérait, mais c'était la dernière chose qu'elle voulait entendre, et si quelqu'un était capable de comprendre son raisonnement, sa façon de penser, c'était définitivement Octavia, qui après tout la connaissait très bien, suffisamment en tout cas pour savoir plus précisément ce qui lui passait par la tête.

Et c'était agréable de se dire qu'elle était comprise sans avoir besoin de se justifier en long, en large et en travers, sans avoir besoin d'en faire des caisses pour cela.

« Mais à mon avis, elle comprend, elle essaie juste de se défendre comme elle peut, vu qu’elle a pas le choix. »

Très probablement, et c'était le genre de réactions et de parades dont Clarice avait hérité, car elle réagissait exactement de la même façon quand elle se savait en tort. Il était hors de question, bien sûr, d'admettre qu'elle avait déconné ou quoi que ce soit du même ordre, certainement pas. Alors il ne restait qu'une seule chose à faire.

« Je pensais que c’était bizarre dans tous les cas, avec ton père. Qu’est-ce qui a changé ? »

"Je saurais pas trop dire, en fait", répondit Clarice, qui prenait le temps de réfléchir à la question.

C'étaient des sujets qu'elle abordait si peu, que ce soit avec ses parents eux-mêmes ou avec qui que ce soit, qu'il n'était pas forcément facile de mettre des mots dessus. En revanche, elle s'étonnait de découvrir combien mettre des mots dessus, par contre, savait lui faire du bien, plus qu'elle ne l'aurait soupçonné.

"Je crois que c'est surtout qu'avant, il était plus... soucieux de faire semblant. Je sais pas s'il a baissé les bras ou s'ils se disent tous les deux que je suis suffisamment grandes pour qu'ils n'aient plus besoin de prétendre, mais... enfin, avant, c'était latent, maintenant, c'est flagrant... C'est pas grave en soi, hein, je le sais bien que mes parents vivent pas le grand amour, je suis pas bête, mais maintenant j'ai l'impression qu'ils s'en foutent." Elle poussa en soupir. "Fallait déjà que ce soit le cas pour se réjouir de la venue d'un moutard qui aura les mêmes tares que moi."

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

La facilité, la sincérité, la clarté avec laquelle son interlocutrice lui parle réconforte Octavia. Elle se rend compte qu'elle n'a jamais eu personne, dans son entourage, à qui parler à coeur ouvert comme cela, et qui, en retour, accepte de lui parler à coeur ouvert par la même occasion. Bien sûr, elle a ses frères et soeurs, mais ce n'est pas la même chose, et il y a des choses qu'elle ne peut pas confier à Pulchra. Avec Clarice, la chose est simple, logique, évidente, et Octavia veut recueillir les confidences de son amie autant que l'inverse, sans même savoir précisément se l'expliquer, à la vérité. Quelque chose d'ineffable, quelque chose d'au-delà d'ineffable.

Tout ça ne la concerne pas, alors c'est un sujet qui normalement ne devrait pas spécialement l'intéresser, au bout du compte. Tout ça ne la concerne pas, et pourrait l'intéresser parce qu'il s'agit de potins, ni plus ni moins. Mais elle n'a pas l'intention de s'en servir pour alimenter toutes ces folles rumeurs qu'elle serait pourtant en mesure de laisser courir au sujet de cette fille. Certes, elle s'était engagée à quelque chose, un secret contre un secret, c'est la stricte et totale vérité. Mais elle pourrait bien trahir ce secret, ou décider d'en tirer profit. Après tout, ce que cache Clarice n'est pas anodin. Elle pourrait agir, manipuler, intervenir... Oui, voilà ce qu'elle pourrait faire. Mais elle ne fait rien. Elle écoute, pas parce qu'elle a l'intention d'exploiter cette histoire, mais parce qu'elle veut recueillir les doutes de Clarice et l'aider si elle le peut.

"C'est vrai que t'es complètement tarée", répond Octavia avec quelque chose qui ressemblerait presque à de la douceur, quelque chose comme pour l'aider à se sentir mieux dans ces circonstances. "C'est pas ces "tares" qui te définissent, t'es au courant de ça ? T'en feras sans doute beaucoup plus que plein d'autres dans le temps que tu auras que d'autres qui vivront plus d'un siècle", la rassure-t-elle en prenant, avec douceur, et presque sans se rendre compte de ce qu'elle est en train de faire, sa main dans la sienne. "Je dis pas qu'ils sont pas stupides, je crois qu'ils le sont un peu, mais peut-être qu'ils se sont dit que t'en avais bien valu la peine, toi, après tout."

Elle marque une pause, semble réaliser qu'elle a entrelacé leurs doigts, mais elle n'esquisse pas de geste pour se raviser. Pourquoi est-ce qu'elle le ferait, au fond. Elles sont toutes seules. Aucun regard ne pèse sur elles, pour une fois. Et elles qui sont si facilement promptes au jugement ont le loisir de s'en exempter.

"Tu t'es pas posé la question ? ... Je veux dire, tes parents qui se parlent à peine, et là, ta mère qui tombe enceinte. Tu crois pas qu'elle pourrait avoir une liaison ?"

C'est direct, comme suggestion, mais au bout du moment, il faut appeler un chat un chat, pas vrai ?

EPSILON

"C'est vrai que t'es complètement tarée."

Jamais Clarice ne se laissait parler ainsi d'habitude, et pourtant, elle accepte la remarque de son interlocutrice, parce qu'elle savait que ce n'était pas un vrai reproche : et que même, de sa part, ça ne voulait rien dire.

Complètement tarée, oui, c'était ce qu'elle était, effectivement... mais elle considérait vraiment que ce n'était pas un mal... quand on savait en tirer les bonnes conséquences.

"C'est pas ces "tares" qui te définissent, t'es au courant de ça ? T'en feras sans doute beaucoup plus que plein d'autres dans le temps que tu auras que d'autres qui vivront plus d'un siècle."

Clarice baissa les yeux sur la main qu'Octavia venait de serrer dans la sienne. Elle devrait peut-être la retirer, empêcher son geste, mais ça lui faisait beaucoup trop de bien pour qu'elle y renonce.

Presque autant de bien que les paroles qu'Octavia prononça alors, en affirmant qu'elle n'était pas définie par ses tares, et réussirait plus que beaucoup d'autres dans sa vie, si courte soit-elle. Comment ne pas sourire, ne pas avoir chaud au coeur, quand elle entendait ce genre de choses ? Ses parents lui répétaient constamment qu'ils croyaient en elle, mais ils avaient peur, aussi, et cela se ressentait dans chacune de leurs interactions. Octavia, elle, n'avait pas peur... Elle se contentait de la voir comme elle était, précisément comme elle était.

"Je dis pas qu'ils sont pas stupides, je crois qu'ils le sont un peu, mais peut-être qu'ils se sont dit que t'en avais bien valu la peine, toi, après tout."

A cette suggestion, Clarice afficha une mine sceptique. Elle n'y croyait honnêtement pas. Non, à ses yeux, il devait être question d'autre chose, il devait naturellement être question d'autre chose. Et au fond, elle savait déjà quelle hypothèse devait être la même, même si elle n'osait pas franchement en parler.

"Tu t'es pas posé la question ? ... Je veux dire, tes parents qui se parlent à peine, et là, ta mère qui tombe enceinte. Tu crois pas qu'elle pourrait avoir une liaison ?"

Clarice prit une grande inspiration, suivie d'un très large et franc soupir. Elle serra encore plus fort ses doigts dans ceux de son interlocutrice. Elle n'avait plus envie de lâcher prise, jamais. Elle était son emprise sur le réel... et ça lui faisait réellement un bien fou... plus que fou, même.

"Ouais, je me suis posé la question", admit-elle finalement, presque à contrecoeur, parce que ce n'est pas le genre de choses auxquelles on a envie de penser quand il est question de ses propres parents... "C'est... bien possible... et franchement, si c'est le cas... je sais juste pas quoi en penser."

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

Elle se doutait que quand elle parlait de l'hypothèse qui n'avait pas été formulée jusque-là, Clarice savait pertinemment de quoi elle parlait exactement. Elle n'est pas idiote, et elles ont beau être jeunes, il y a des choses qui ne peuvent pas leur échapper pour autant. D'autant plus que pour avoir évolué toutes les deux parmi les sangs purs, elles savaient pertinemment que les mariages d'amour n'existaient pas (Clarice encore davantage, la pauvre fiancée à Alphard Black), et pour cette raison, certains trouvaient certaines formes... d'arrangements, on pourrait dire ? Oui, quelque chose dans cet esprit-là. Mais même si la possibilité est évidemment flagrante, l'acceptation de cette possibilité n'est pas si simple le moins du monde. Clarice ajoute qu'elle ne sait pas quoi en penser... et c'est bien normal. A la place de Clarice, Octavia n'aurait pas non plus la moindre idée de quoi en penser exactement.

"C'est leurs affaires, il n'y a sans doute pas grand-chose à en penser", répond Octavia avec un léger sourire qu'elle souhaite rassurant.

Ses doigts tracent en douceur des dessins invisibles sur le dos de la main de Clarice, et pendant un temps, elle ne dit absolument rien. Les silences apaisants ont définitivement plus nécessaires qu'aucun autre. Oui, les silences apaisants sont la clé, par moment, quand les questions que l'on se pose en son for intérieur sont si nombreuses qu'elles finissent par devenir absolument oppressantes. Ce n'est qu'après un léger moment qu'elle se permet, avec douceur et délicatesse, une douceur et une délicatesse que peu lui connaissent, de reprendre la parole.

"Dis-toi que bientôt, ce ne sera plus ton problème... Tu n'as pas à subir les conséquences de leurs conneries. Tu quitteras bientôt la maison, et ce sera bien comme ça." Elle émet un léger rire. "Même si c'est pour vivre avec Alphard Black."

Elle affiche une grimace des plus prononcées. Elle prononce ces mots avec humour, parce que ces histoires de fiançailles ressemblent davantage à une mauvaise blague qu'autre chose. Elle peut bien le reconnaître, ou du moins commence-t-elle à en avoir doucement conscience, le sentiment qui l'habite, quand il est question de Clarice, et de la perspective de ses futures fiançailles, est une émotion qui ressemblait à s'y méprendre à de la jalousie. Et il faut bien admettre que c'est un comble, quand même ! Être jalouse d'Alphard Black ? Honnêtement, c'est quand même assez pathétique. Pour ne pas dire tout de go que c'est absolument ridicule... et pourtant... Quand il est question de Clarice, elle se découvre des émotions qu'elle ne pensait pas s'embarrasser à ressentir un jour.

EPSILON

"C'est leurs affaires, il n'y a sans doute pas grand-chose à en penser."

Ce n'était sans doute pas faux, mais c'était finalement la première fois pour elle qu'elle réalisait que ses parents étaient des individus humains, dont les existence ne gravitaient pas totalement autour d'elle, et par conséquent, oui, ils n'étaient pas différents de tous les autres. Ils pouvaient tromper autant que se tromper. Et si c'était le cas ?

Du moment que ça ne nuisait pas à leur famille, du moment qu'ils ne lui faisaient pas l'affront d'un divorce, au fond, c'était leur problème, oui.... mais pas tout à fait quand même, malgré tout, parce que de leurs décisions et de leurs erreurs naissait un petit frère ou une petite soeur (ou pire, des jumeaux), et jamais Clarice n'avait rien voulu de tel....

Alors clairement, elle ne savait pas quoi penser, elle ne savait pas quoi dire ni comment prendre la chose plus spécifiquement. Et même si elle ne se voyait pas déduire quoi que ce soit ici et maintenant, dans l'instant bien précis, elle avait juste besoin de vider son sac, et ça lui faisait du bien de pouvoir le faire avec Octavia.

"Dis-toi que bientôt, ce ne sera plus ton problème... Tu n'as pas à subir les conséquences de leurs conneries. Tu quitteras bientôt la maison, et ce sera bien comme ça."

C'était entièrement vrai, et cela s'apparentait à un futur aussi proche que lointain. Aux yeux de Clarice, c'était une chose compliquée que de se projeter dans cet avenir-là... comme dans aucun avenir, après tout... elle mourrait bien assez tôt, quoi qu'il en soit... mais c'est comme si elle réalisait maintenant que ses années de gamine pourrie gâtée touchaient à leur fin. Maintenant, elle allait devoir serrer les dents et attendre que ça passe, elle n'aurait pas d'autre choix.

"Même si c'est pour vivre avec Alphard Black."

"Ne m'en parle pas", soupira Clarice en répondant à la grimace d'Octavia par une autre. "Tu sais, c'est un peu tentant... de me dire que je m'en fiche, puisque je vais mourir de toute façon." Elle marqua une pause. "Je pourrais juste... partir, je sais pas où, et en faire qu'à ma tête, et mes vieux auront un héritier tout beau tout neuf pour transmettre leur nom et leurs sacrosaintes valeurs", ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel.

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

Bizarrement, évoquer le sujet d'Alphard Black n'avait pas été un prétexte pour Octavia d'enfoncer plus encore son interlocutrice. Avec d'autres, c'est certain qu'elle s'en serait servie comme d'un prétexte, mais avec elle, ce n'est pas le cas : ce n'est pas du tout ce qu'elle recherche, ce n'est pas du tout ce qu'elle veut, loin de là. Elle est seulement... agacée par la seule idée que Clarice doive épouser ce sale type, et elle ne pense pas que ce soit un sujet de conversation qu'elles puissent totalement éluder, ni l'une ni l'autre. Non, c'est même tout à fait impossible, en réalité. Elle n'a pas d'explication véritablement satisfaisante à cela, c'est juste un fait, un fait qu'elle ne réussit pas à ignorer, et en invitant Clarice à se plaindre de ce sort qu'elle n'a pas décidé, peut-être qu'elle cherche aussi à se rassurer elle-même, par la même occasion ? C'est bien probable, en tout cas.

Octavia baisse le regard quand son interlocutrice lui fait remarquer que s'en moquer, et se moquer de tout est de toute manière tentant, puisqu'elle va mourir. Pour elle, tout est éphémère, chaque instant peut être le dernier. Elle n'a pas l'air en si mauvaise forme, en cet instant, mais Clarice l'a vue dans le pire des états, elle sait ce qu'il en est, de même qu'elle sait que tout peut aisément basculer, sans prévenir et en un claquement de doigt. C'est terrible, certes, mais c'est un fait... et c'est normal qu'elle se soit fait une raison : on ne lui a pas laissé le choix.

"Peut-être que tu devrais", s'amuse Octavia sans vraiment le penser parce qu'elles savent toutes les deux que ce n'est pas possible. "Tout envoyer balader et faire ta vie loin de tout ça le temps que ça dure."

Elle ne le pense pas vraiment, mais c'est plutôt une manière pour Octavia d'inviter Clarice à se rassurer. C'est vrai qu'elle aura moins de temps que beaucoup d'autres : c'est un temps qu'elle devrait consacrer à profiter plutôt que de se laisser entraver par les exigences de ses parents (et oui, c'est bien Octavia, si respectueuse des dogmes parentaux, qui se permet de dire une chose pareille). Que voulez-vous, on ne se refait pas.

"Qu'est-ce que tu ferais ? Où tu irais ? Si tu décidais de tout envoyer promener, là, tout de suite."

Bien sûr, ce n'est pas une chose qu'elle peut s'autoriser à faire, mais ce n'est pas pour autant une raison pour ne pas rêver un peu, pas vrai ? En tout cas, Octavia considère qu'entretenir les rêves de Clarice ne fera de mal à personne.

EPSILON

"Peut-être que tu devrais. Tout envoyer balader et faire ta vie loin de tout ça le temps que ça dure."
Clarice afficha un fin sourire. Elle savait bien que ce n'était pas une vraie suggestion, qu'Octavia ne le pensait pas réellement, ne pouvait pas réellement le penser, parce qu'elle savait très bien, en réalité, qu'elles étaient toutes les deux dépendantes de la volonté de personnes qui n'étaient pas elles, et que la plupart du temps, elles en étaient bien satisfaites, l'air de rien.

C'était tentant, en fantasme, de songer à ce à quoi ressemblerait sa vie si elle envoyait tout balader, mais ce n'était pas possible. Ce n'était pas un caprice, c'était un fait, il y avait des choses qu'elle ne pouvait pas faire, des frontières qu'elle n'était pas en droit de franchir, et une étape essentielle était d'en prendre conscience, et de bien accepter de le reconnaître. Si ce n'était pas chose facile, c'était chose nécessaire malgré tout, et Clarice elle-même le savait.

Elle, livrée à elle-même ? Malade ou pas, elle serait incapable de tenir plus de quelques jours, elle ne saurait tout bonnement pas comment faire, et c'était une chose qu'elles ne pouvaient logiquement que comprendre. Alors oui, ça n'aurait jamais lieu, ça ne se ferait pas, et elle n'avait pas envie, vraiment, que ça se fasse, mais malgré tout, c'était une chose qu'elle aimait entendre, comme si tout cela avait une vertu apaisante sur elle : impossible de l'expliquer d'une autre façon.

"Qu'est-ce que tu ferais ? Où tu irais ? Si tu décidais de tout envoyer promener, là, tout de suite."
Elle posa son regard sur Octavia et songea un instant à quoi ressemblerait une fugue vers le lointain. Plus troublant encore, elle se demanda ce qu'elle ressentirait si Octavia décidait de l'accompagner. Quelle étrange pensée, à la fois déroutante et... réconfortante ? Elle ne saurait pas l'expliquer autrement, mais c'était bien ce que ça la faisait ressentir en cet instant, une sorte de réconfort qui n'avait pourtant pas beaucoup de sens.

"J'en sais rien... quelque part au soleil, je pense. Il faut beaucoup trop gris, ici... Quelque part où il y a la mer, la plage, la nature..." Elle ferma les yeux, tenta de s'imaginer le frisson d'un vent méditéranéen sur sa peau. "Mais je m'emmerderais sûrement très vite", reprit-elle avec un sourire d'amusement.

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

Ce n'est pas forcément une bonne chose, d'encourager des rêves irréalisables. Ce n'est pas ainsi que l'on a tendance à fonctionner au sein de la famille : il faut savoir rester dans un champ concret, il faut savoir rester dans une dimension réaliste, il faut connaître sa place et savoir la tenir, parce que si on ne la tient pas, cette place... alors les choses peuvent rapidement empirer, dégénérer dans des proportions qui seront, tout naturellement, hors de contrôle. C'est une certitude. Non, on ne doit pas dire ces choses-là.

Mais elles ne sont qu'entre elles, alors... elles peuvent sans doute se le permettre, n'est-ce pas ? Octavia veut que Clarice se le permette, parce qu'avec elle, elle est en sécurité. A quoi est-ce dû ? Comment cela se fait-il ? Octavia évite de se poser la question... parce qu'elle commence doucement à se faire une idée bien précise de ce qu'en est la réponse, et elle ne peut pas prétendre que ça ne le rassure pas.

Clarice lui répond sincèrement. Elle ne sait pas où elle irait, mais sans doute quelque part au soleil. Cette réponse fait doucement sourire la vert et argent, qui la trouve à son goût. Elle laisse son esprit divaguer un peu, elle s'imagine une plage ensoleillée, elle allongée au bord de la mer, Clarice à côté d'elle. C'est une vision douce, apaisante. Sûrement d'autant plus douce et d'autant plus apaisante qu'elle ne pourra jamais se réaliser, c'est absolument impossible.

"Probablement", remarque Octavia en riant doucement quand Clarice nuance les choses en remarquant qu'elle s'emmerderait sans doute très rapidement. "Mais au moins t'emmerderas personne pendant ce temps-là", ajoute-t-elle avec un sourire taquin. "J'aime bien cette idée, moi. La plage, la nature... ça a l'air plutôt sympa."

Elle pousse un léger soupir, dépose sa tête sur ton épaule. Elle ne dit rien, elle se contente de profiter de ça, de cet étrange sentiment de chaleur qui l'envahit chaque fois qu'elle est en présence de Clarice. Elle ne se l'explique pas, en revanche, elle le savoure. Comme un cadeau très précieux, trop précieux pour être gâché. Cette sensation, elle sait l'expliquer sans l'oser, et ça l'angoisse, ça l'angoisse vraiment beaucoup.

"Je me ferais une place danse ta valise", ose-t-elle ajouter en relevant la tête.

Une main caresse doucement sa joue. Elle ne cesse, depuis un moment, de vouloir lutter contre cette violente impulsion qui la pousse dans sa direction, mais sans succès. A chaque fois, cette émotion incontrôlable revient à la charge.

Alors, finalement, elle cède. Son visage trop près du sien, elle brise finalement le peu d'espace entre elles pour venir s'emparer de ses lèvres.

EPSILON

"Probablement. Mais au moins t'emmerderas personne pendant ce temps-là."

Clarice se permit de sourire doucement à cette réflexion. Elle emmerdera personne pendant ce temps-là, non, et c'est une pique qu'elle acceptait parce qu'elle sait qu'il y a quand même une personne qu'elle n'emmerde pas, et cette personne, sans l'ombre d'un doute, c'était Octavia.

Elle n'aimait pas qu'on la charrie, mais quand ça venait d'Octavia, ce n'était pas la même chose. Quand ça venait d'Octavia, elle acceptait tout, absolument tout sans la moindre crainte ni la moindre contrainte, sans le moindre doute, vraiment. Oui, elle pouvait accepter ça parce que ça venait d'Octavia. En fait, elle était capable d'accepter un très grand nombre de choses tant que ça lui venait bel et bien d'Octavia.

"J'aime bien cette idée, moi. La plage, la nature... ça a l'air plutôt sympa."

"Mouais, je préfère la ville, moi, à choisir", prétendit de râler Clarice, parce que, après tout, on ne se refaisait pas, pas vrai ?

Mais ce n'était pas totalement faux. La vert et argent était clairement une citadine dans l'âme, une citadine invétérée, mais en même temps, dissoudre sa présence dans cette nature qui ne se préoccuperait pas d'elle, c'était une pensée rassurante. Et en même temps un peu anxiogène. Au final, elle révélait toutes les contradictions de Clarice... et la présence d'Octavia en mettait encore d'autres en valeur, que Clarice faisait mine d'ignorer.

"Je me ferais une place danse ta valise."

Elle voulut répondre quelque chose, mais Clarice fut totalement prise de court par le geste d'Octavia, quand cette dernière caressa sa joue du bout des doigts, avant de venir poser ses lèvres sur les siennes.

Tout d'abord, elle eut un mouvement de recul, mais quelques instants plus tard, ce fut à elle de glisser une main dans ses cheveux avant de l'embrasser en retour, plus longuement, plus passionnément.

"Je suis à peu près sûre", fit-elle, son souffle se déposant contre ses lèvres, "que c'est une très mauvaise idée."

Pour plein de raisons qu'elle ne se sentait même pas la nécessité d'énumérer. Mais en même temps, elle avait envie de continuer, elle avait envie de mettre toutes ses craintes en veilleuse pour mettre tout ça au clair. Elle avait envie de laisser ce moment durer, sans se préoccuper de rien.

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

Octavia affiche un grand sourire quand Clarice lui fait remarquer que si elle doit choisir entre le fait d'aller se paumer complètement en pleine nature et de se retrouver dans la ville, plus agiter et plus bruyante, elle choisira la deuxième option. Ce n'est pas surprenant : Clarice est une citadine. Clarice aime faire du shopping, elle aime le bruit, le mouvement, et c'est une chose que la jeune femme comprend bien.

Octavia la comprend parce qu'elle est pareille. Elle a beau les projeter dans un ailleurs très différent. Et par conséquent, elle a tendance, en effet, à se ranger de son côté. En ville ou n'importe où... Octavia se rend bien compte du fait qu'elle se ficherait bien d'où elle se trouve si elle pourrait se trouver en présence de Clarice.

"Ouais, t'as raison, il faudrait une valise sacrément grande pour y faire entrer mon égo démesuré", fait Octavia avec le plus grand des sourires, en voyant que Clarice ne répond pas à sa remarque.

Octavia peut se permettre de plaisanter, à présent, elle sait bien que Clarice comprend bien ce qu'il en est, elle sait qu'à présent, leurs paroles ne prêtent pas à équivoque, parce qu'elles savent toutes les deux où elles en sont, dorénavant. Mais si Clarice n'a rien trouvé à répliquer, ce n'est pas pour rien, parce que ce qui se joue entre elles est quelque chose de fort, d'inexplicable... de terrible peut-être ? Il est bien possible que ni l'une ni l'autre ne s'en tirent indemnes.

"Je crois bien que t'as raison. C'est même la pire idée du monde", décida-t-elle finalement de dire en retour quand elle afficha un sourire. "Mais j'ai pas envie d'arrêter", ajouta-t-elle d'un ton qui laissait entendre combien elle était décidée à ne surtout, surtout pas faire marche arrière.

Elles s'engagent sur une pente très dangereuse, c'est absolument certaine, mais Octavia est incapable de le vivre sereinement. Elle a trop besoin de le comprendre.

"Les mauvaises idées c'est mon rayon", ajoute-t-elle.

Et plutôt que de mettre le hola, plutôt que de laisser le choix à Clarice, Octavia l'embrasse de plus belle. Elle décide, tout simplement, de ne pas s'intéresser à tout ceci, elle décide de ne se soucier que de ce qu'elle ressent, ici et maintenant, et de ce que ça représente pour elle.

EPSILON

"Ouais, t'as raison, il faudrait une valise sacrément grande pour y faire entrer mon égo démesuré."

Clarice afficha un sourire amusé. Ce qui la faisait rire, ce n'était finalement pas tant la nature de son trait d'esprit que le fait qu'elle en soit capable. Les deux vert et argent avaient en commun un orgueil absolument démesuré, et parce qu'il l'était, elle n'en faisait pas une blague, et elles détestaient qu'on le leur fasse remarquer.

Mais Octavia le mettait de côté, elle le mettait de côté pour elle, et Clarice ne savait s'empêcher de se sentir touchée par une telle attention. Elle ne s'était pas attendue à cela, mais cela lui faisait du bien. Ce n'était pas immense, mais sa camarade réussissait à lui faire retrouver son sourire d'une manière dont personne d'autre ne saurait être capable.

"Je crois bien que t'as raison. C'est même la pire idée du monde. Mais j'ai pas envie d'arrêter."

C'était ce que Clarice avait eu envie d'entendre. Car même si elle considérait elle aussi que c'était la pire idée possible. Mais en même temps, est-ce qu'elle devait s'embarrasser de bonnes décisions quand le temps lui était compté ?

Contre les lèvres d'Octavia, Clarice se sentait bien, elle se sentait vivante. Elle n'avait pas envie de renoncer à cela, sous aucun prétexte. Arrêter, là, maintenant, lui donnerait l'impression que l'on tente de la couper de son oxygène. Elle n'était pas prête encore à accepter cela.

"Les mauvaises idées c'est mon rayon."
C'est leur rayon, visiblement, parce qu'Octavia a à peine prononcé ces mots qu'elle plaque à nouveau ses lèvres contre les siennes avec une avidité qui ne manque pas de lui couper le souffle.

"Si on fait ça...", fit Clarice en détachant un instant ses lèvres de celles d'Octavia. Elle voulait la prévenir de ne le dire à personne, mais c'était évidemment inutile. Elles n'y avaient aucun intérêt, ni l'une ni l'autre, alors ce n'était même pas un sujet dont elles pourraient discuter. "Je t'interdis d'y mettre un terme, tu m'as compris ?"

C'était un ordre, un vrai. Pur et strict. Non, sous aucun prétexte il n'aurait le droit de mettre fin à leur histoire : il n'en était pas question.

On récolte ce que l'on sème

ft. Clarice Carrow

Elle ne sait pas à quoi elle s'engage. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle est étrangement sûre d'elle. Cette idée qui s'est immiscée dans son esprits, ces sentiments qui se sont lentement mais sûrement logés en son coeur, elle n'a pas envie de les étouffer. Elle sait bien que ça leur posera forcément du souci, elle sait qu'elle risque fort de s'y brûler les ailes. Elle aime sentir ses lèvres contre les siennes, elle aime se sentir bien dans ses bras, elle a envie que ça dure. L'importance qu'a pris Clarice dans sa vie, et sans qu'elle s'y attende.

Elle ne sait pas exactement qu'en penser, mais la chose dont elle est certaine en revanche, c'est que même si c'est compliqué, même si les choses pourraient mal se passer pour elles, elle ne veut surtout pas prendre le risque de mettre un terme à ce qui se passe entre elles. Là, maintenant, elle se sent bien, elle se sent elle-même... Pourquoi vouloir tout arrêter ? Non, elle ne le veut pas. Elle veut, bien au contraire, profiter de ce qu'elles ont, et elle le veut d'autant plus qu'elle prend doucement conscience du caractère éphémère de ce qu'elles partagent. Elles ne peuvent prétendre que ça durera... Elles peuvent en revanche s'illusionner, ne serait-ce qu'un peu, si cela est susceptible de leur apporter un semblant de satisfaction, ce quelque chose dont elles ont si terriblement besoin.

Si on fait ça. Mais il n'y a pas de "si" qui tienne, en réalité. Il ne saurait y en avoir. Ces si n'existent pas parce qu'il est déjà trop tard : elles ont fait leur choix, l'une comme l'autre. Elles se sont choisies l'une l'autre. Elles ne peuvent pas y revenir, et le voudraient-elles si elles le pouvaient ? Octavia aime à penser que non. Dans le fond, ça semble si naturel qu'Octavia arrive à se convaincre que c'était ni plus ni moins qu'inévitable, et elle espère que c'est réellement le cas, parce qu'elle a véritablement besoin d'y croire. Et c'est étrange. Aussi étrange qu'indescriptible, au fond.

"Tu penses vraiment que tu peux m'ordonner quoi que ce soit ?" réplique Octavia dont le ton trahit la douceur, en réalité, tandis qu'elle passe une main dans ses cheveux. "Qu'est-ce que tu feras sinon ?"

Elle n'a pas à s'en faire, Octavia n'a pas plus l'intention qu'elle de voir tout ceci s'arrêter, mais ça ne l'empêchera pas pour autant de jouer plus que franchement avec ses nerfs, vous pensez bien. Clarice a de nombreuses raisons de s'inquiéter dans la vie, mais aucune de s'inquiéter d'elle, définitivement aucune. Octavia sait ce qu'elle fait. Et elle n'aura aucun regret.

EPSILON

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