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#Sujet: Les amis de mes ennemis (Rose) Mar 13 Juil - 9:44
Warwick est nerveux ce jour-là en se présentant à la demeure de la famille Ashford.
Il avance à pas de loup dans le jardin bien entretenu, peu désireux de se faire remarquer plus que ça avant d’être arrivé à destination. Il ne sait pas dans quelle mesure le reste de la famille est au courant de son amitié avec Rose, mais il doute que se présenter comme tel soit un passe-droit magique -la liste des amis d’une Lady doit être étroitement surveillée, et pas sûr que ce bon vieux sergent Grant y figure en première position. Pas qu’il doute de l’affection de Rose à son égard, mais il sait bien que leur amitié serait mal vue par certains -la guerre est loin.
C’est pourquoi il a appelé il y a quelques jours en prétextant vouloir s’entretenir avec Lady Rose Ashford à propos d’une initiative pour les anciens combattants, et Rose l’a rappelé ensuite pour fixer un rendez-vous. Cela faisait bizarre d’entendre sa voix après tout ce temps, même au téléphone -elle lui a manqué, et même s’il appréhende un peu la discussion, il a hâte de la revoir.
Il se sent étrangement pensif en s’approchant du château. Il repense à la dernière fois qu’il a vu Rose, lors de cette cérémonie. De l’eau a coulé sous les ponts depuis ! Il n’ose même pas réfléchir à ce qui l’amène ici, de peur de paniquer et de tourner les talons. Rose va être surprise, quand elle apprendra que sa venue n’a rien à voir avec une cérémonie d’hommage.
Il porte sous un manteau son uniforme de soldat anglais -il a rendez-vous avec Rose, mais pas en tant qu’ami, alors il vaut mieux être en tenue pour faire illusion. Pour autant, cela ne l’aidera pas pour la suite de l’entreprise.
Ne fait-il pas une erreur en venant ici pour parler à Rose ? Il va compromettre sa couverture en tant que résistant -car même s’il s’agit de moldus, il est la preuve même que les deux mondes sont perméables, et des ennemis mal intentionnés pourrait remonter cette piste. En plus de ça, il va mettre Rose et sa famille en danger, sans parler de ses autres proches si l’ennemi remonte jusqu’à lui.
Alors oui, Warwick va faire sa première entorse à la vie de secrets qu’il mène depuis plusieurs mois. En réalité, c’est peut-être aussi qu’il sature de passer ses journées sur le Chemin de Traverse ou au QG, entouré de sorciers. Il a beau avoir sympathisé avec certains, ses relations du monde moldu lui manque. Son esprit s’égare du côté d’Espérance -en règle générale, il s’interdit même de penser à elle, car on lui a dit que certains sorciers pouvaient lire dans vos pensées. Ici, dans ce petit jardin calme sans la moindre trace de magie, il se sent presque dans son élément à nouveau. Plus de créatures étranges, de phénomènes inexpliqués, de Détraqueurs…
Il arrive devant la porte de la demeure, accueilli par un domestique à l’air sérieux.
Comme beaucoup de gens, il a deux voix : la voix de Warwick en privé, et la voix de Warwick au boulot. Chez certains, cette deuxième voix est polie, ou bien ferme, ou pompeuse. Sa voix de sergent est autoritaire et assurée, mais sans être menaçante ou agressive. Il a bien compris que c’était la meilleure manière d’amener les gens à suivre vos instructions. Tout le monde n’aime pas se faire hurler dessus.
-Bonjour, sergent Warwick Grant, j’ai rendez-vous pour parler avec Lady Rose Ashford.
Impossible de faire marche arrière, maintenant.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les amis de mes ennemis (Rose) Mer 21 Juil - 21:16
❝Warwick & Rose❞Les amis de mes ennemisAvec les années, on voit de moins en moins Lady Rose dans les sphères de la haute société londonienne. La rumeur la dit excentrique et on sait qu’elle est plus volontiers à l’étranger que dans la demeure ancestrale de sa famille. Son frère, l’héritier en titre et ses deux sœurs ne donnant lieu à aucun commentaire du genre, on l’oublie quelquefois si ce n’est quand elle se présente aux bals de la saison. Moins jolie que sa jumelle, Catherine, elle éblouit par sa culture et son élégance et on songe parfois à elle comme un parti potentiel jusqu’à ce qu’elle reparte pour dieu sait quel destination.
C’est une situation qui convient parfaitement à la jeune femme, obligée de jongler avec un monde auquel elle n’appartient plus. Sa famille lui tient toujours à cœur, ça sera toujours le cas, mais elle est réaliste. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. A trop se montrer dans le monde moldu, elle risquerait sa position dans le sorcier. Or, c’est là qu’est sa vie et qu’est son avenir. Rose n’a jamais été le genre de femme à se satisfaire de la demi-mesure. Elle veut tout où rien et puisque le monde sorcier est celui dans lequel elle a décidé de construire sa vie, elle est bien décidée à y occuper une position dominante. Il est donc inévitable que ses contacts avec ses proches se rarifient et que les moments qu’elle passe au côté de vieilles connaissances ne soient plus rares.
Warwick Grant fait encore partie d’une catégorie différente. Quoiqu’ils soient amis, Rose n’a pas honte de le dire, les choses ne sont plus les mêmes que pendant la guerre. Les barrières que celle-ci avait baissées se sont relevées aussitôt le conflit finit. Quoiqu’ils se voient avec plaisir lorsque les évènements le permettent, il est rare qu’ils décident de se voir en dehors d’un contexte officiel. Quand Rose a reçu un hibou de sa famille lui indiquant qu’un militaire avait cherché à la contacter, elle a tout de suite su de qui ils parlaient.
Ce genre de rendez-vous n’étant pas dans leur habitude, Rose s’est figuré que ça devait être important aussi a-t-elle écrit à Warwick pour lui donner rendez-vous chez elle dans la semaine. Pour l’occasion, elle est revenue quelques jours dans le monde moldu, prenant congé au Ministère. Une bonne façon de mettre une distance entre Tibérius et elle sans le vouloir et de réfléchir aux événements de ces dernières semaines. Entre son entrée dans l’Hydre, l’enlèvement de sa cousine et sa relation avec Tibérius, Rose ne sait plus réellement où donner de la tête et finalement, elle est reconnaissante envers le Sergent qui lui donne une excuse pour s’éloigner un peu et prendre du recul.
- Torton - Lady Rose ? - Vous conduirez le Sergent Grant dans le petit salon quand il arrivera. Faites servir du thé et veillez à ce que je ne sois pas dérangée. - Très bien, my lady.
Le domaine est particulièrement calme aujourd’hui, ses parents exceptionnellement à Londres, assistant à une réception pour le mariage de la fille d’un ami. Son frère est occupé avec ses comptes tandis que ses sœurs sont parties à un événement de charité si bien qu’il ne reste plus qu’elle-même et les domestiques en fonction. Les maisonnées s’étant considérablement réduite depuis le début du siècle, ça fait finalement peu de personne, mais Rose s’en réjouit. Quand on habite dans le monde sorcier, on apprend très vite à se contenter de sa magie et des elfes et puisque les créatures qui les servent sont loin de pouvoir être considérées comme des sorciers, on s'habitue finalement vite à l’intimité que ça procure.
On toque à la porte, la tirant de ses réflexions et Torton laisse passer Warwick qu’il annonce avec la même pompe que si le Duc de York venait d’arriver. Rose réprime un sourire et remercie le majordome d’un signe de tête.
- Ce sera tout Torton, nous nous servirons nous-même.
L’homme repart en laissant la porte du salon entrouverte, bienséance oblige. Rose attend qu’il soit parti pour se lever et accueillir son ami comme il se doit.
- Warwick, c’est un plaisir de te voir, comment vas-tu ? Installe-toi, je t’en prie, tu prendras une tasse de thé ?
Rose s’est avancée vers la déserte et sert une tasse qu’elle propose au jeune homme. La jeune femme se doute qu’il n’est pas venu pour boire du thé en sa compagnie, mais le monde moldu à ses usages et Rose préfère d’abord passer par les banalités d’usage. Nul doute qu’elle saura bien assez tôt le but de cette rencontre. :copyright: 2981 12289 0
Warwick Grant
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#Sujet: Re: Les amis de mes ennemis (Rose) Dim 25 Juil - 8:38
Warwick entre dans la pièce et ne peut pas s’empêcher de sourire en voyant Rose. Non seulement parce qu’il est heureux de la voir, mais aussi parce qu’il voit bien qu’elle réprime un sourire -il a appris à reconnaître l’expression qu’elle a quand elle tente de sauvegarder les apparences, après ces années à faire passer leur amitié pour une simple relation cordiale entre une Lady et un sous-officier.
Dès que le dénommé Torton quitte la pièce, Warwick s’avance et s’assoit en face de Rose en lançant :
-Dis donc, je ne savais pas que j’étais devenu important, même mes gars ne me parlent jamais avec autant de respect.
Sans ajouter que les gars en question, il ne les voit plus des masses en ce moment.
Il accepte volontiers la tasse de thé et observe Rose en silence pendant qu’elle s’affaire avec le thé. C’est si étrange de la revoir, après ces mois passés à arpenter le Chemin de Traverse, à s’entraîner à éviter des sorts et à engranger des connaissances sur les Détraqueurs.
Elle ne semble pas avoir changé, fidèle à elle-même, point fixe dans le monde en constante évolution de Warwick. Elle n’est pas affectée par la guerre insidieuse qui se déroule à quelques kilomètres, partout autour du monde moldu, invisible à tous ou presque. Un havre préservé que le sergent s’apprête à mêler à tout ça -il a des remords quand il y pense, mais il se dit qu’il a besoin d’alliés moldus, et entre sa position sociale et son passé au service de la couronne, Rose est la candidate idéale, en qui Warwick a une confiance aveugle. Si elle refuse de se mettre en danger, il n’aura qu’à prétendre jamais n’y être allé -il a bien appris depuis sa rencontre avec Henry, et il n’accepte plus du thé de n’importe qui. Si elle ne le croit pas… Il espère qu’elle mettra cela sur le compte de la guerre sans le faire enfermer.
Il lui semble que cela fait bien plus longtemps qu’il ne l’a pas vue -presque comme si elle appartenait à une autre vie, passée. Une partie de lui aurait presque envie de la toucher pour s’assurer qu’elle est vraiment devant lui -mais cela ne se fait pas, bien-sûr. Le monde sorcier a ses codes, mais la résistance lui a toujours apparu bien moins formelle et codifiée que la société moldue britannique.
-Le plaisir est partagé, c’est bon de te revoir. J’ai l’impression que ça fait une éternité depuis la dernière fois. Comment s’est passée ta vie depuis notre dernière rencontre ?
Parce que moi, il s’en est passé des choses, mais savourons encore ces quelques minutes de discussions normales et sans arrière-pensée avant d’entrer dans le vif du sujet.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les amis de mes ennemis (Rose) Mar 27 Juil - 22:24
❝Warwick & Rose❞Les amis de mes ennemisDe mémoire, rares sont les sergents qui, en absence de temps de guerre, ont été reçus dans la demeure du Duc de Hereford. Ce n’est pas tant par snobisme mal placé que parce qu’ils ne fréquentent pas la même société. L’amitié qui lie Rose, une femme, à Warwick un homme d’un statut social certes honorable, mais inférieur au sien, est rare même pour l’époque moderne qu’est la leur. La société anglaise, plus poreuse que la française ( ce qui leur vaut de toujours avoir une famille royale) reste néanmoins très attachée à son système de classe. On peut, bien entendu monter en grade, devenir soi-même membre de la bonne société, mais en attendant, on ne se mélange pas. Quoique Torton n’en dise rien, il est de la vieille époque, et dans son maintien un peu raide, Rose sent la désapprobation muette du majordome de son père qui se demande ce que vient faire sa jeune maîtresse avec un individu pareil. Néanmoins, trop bien formé pour en laisser paraître quoique ce soit, il se retire, laissant les deux jeunes gens à leur affaire.
Après son départ, le ton devient moins formel et la discussion se fait naturellement. Une tasse de thé en main, Rose s’installe dans un fauteuil en face du jeune homme. Elle croque dans un biscuit au gingembre tout en expliquant ce qu’elle a fait ces derniers mois.
- Je pense qu’on ne s’est pas vu depuis novembre ou décembre de l’an passé. C’est presque une éternité, répond-elle avec un sourire sincère. Il faut m’excuser de négliger mes amis, mais tu sais le peu de temps que je passe en Angleterre. En réalité, tu as tout bonnement de la chance d’avoir pu me joindre. Je rentre de Bretagne, j’ai été faire le tour de la France ces derniers mois. Le climat était plus clément qu’ici.
En réalité, voilà quelques années qu’elle n’a pas mis les pieds en France, mais qu’importe, elle sait que Warwick n’a pas quitté l’Angleterre depuis la fin du conflit aussi est-elle certaine de pouvoir le tromper sans trop de difficulté. C’est une version finalement pratique de l’histoire. Puisque Rose bouge toujours partout, même des amis en voyage ne s'étonnent pas de ne pas avoir su sa présence dans le pays mentionné. Rose ne reste pas en place.
- Et toi ? Toujours pleinement content de la vie de militaire ? Je m’étonne de te voir en uniforme à chaque fois. Pas que je veuille dévaloriser la profession loin de là, mais j’avoue que j’aurais cru qu’après tout ça, tu en aurais eu assez.
Combattre pour la patrie, oui, c’était indispensable. Est venu un moment où chaque recrue comptait, mais maintenant que les choses sont faites, puisque ce n’est plus dans son intérêt, jamais Rose n’en ferait à nouveau l’expérience. Bien entendu, elle est consciente qu’il faut une armée, mais elle estime que la tâche incombe à d’autres, son intérêt passant avant celui des autres.
- Enfin, je suppose que tu n’es pas venu jusqu’ici juste pour le plaisir d’échanger des nouvelles. Ce serait le cas que tu serais tout aussi le bienvenu, mais je te connais mieux que ça je crois. Qu’est-ce qui t’amène ici ? Des ennuis ?
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#Sujet: Re: Les amis de mes ennemis (Rose) Sam 28 Aoû - 9:13
Warwick observe la pièce décorée avec richesse mais élégance pendant que Rose échange quelques mots avec son domestique -il ignore si c’est le mot adapté, mais il s’en soucie peu.
Le majordome enfin parti, Warwick se détend -en apparence du moins, car même s’il est plus à l’aise en tête-à-tête avec Rose, le départ du dénommé Torton signifie aussi qu’il va devoir attaquer la raison de sa présence ici.
-Je sais que tu voyages beaucoup, ne t’en fais pas, et j’ai eu beaucoup à penser aussi ces derniers mois. Le tour de la France, dis donc ! Certains ont la belle vie. Tu as tout fait en vélo j’espère ?
Une petite plaisanterie ne fait pas de mal pour détendre l’atmosphère avant le coup de grâce, après lequel il leur sera impossible de prétendre que tout est comme avant. Le sergent manque de se dégonfler une fois par seconde, semble-t-il, et il prend sa tasse à deux mains pour en cacher le tremblement.
-Content de la vie de militaire, pas tout à fait pour ne rien te cacher. En fait, je ne suis plus à l’armée que de temps en temps, je suis en train de négocier une retraite anticipée, si l’on peut dire.
On y était, on ne pouvait plus faire machine arrière. Il devine que Rose se montrerait satisfaite de le voir renoncer à l’uniforme, en temps normal -c’est pourquoi il s’empresse de la détromper pour ne pas savourer trop tôt un optimisme malvenu, que le jeune sergent ne peut plus se permettre.
-Pour autant, tu as vu juste : je ne suis pas venu juste pour évoquer le bon vieux temps avec toi.
Même si ce sont parmi mes discussions préférées, mais la société anglaise est trop démonstrative pour ce genre d’aveu, et le sergent ne peut pas se permettre de sensiblerie avec tout ce qu'il s'apprête à sacrifier.
-Des ennuis, c’est une façon de parler. Par où commencer… j’ai vécu une drôle d’expérience il y a quelques temps. Il a un petit rire. Un genre d’expérience mystique, mais tout est bien réel, je crains d’en avoir eu la preuve à de multiples occasions. Ce que je m’apprête à te dire va te paraître absolument fou, alors je te demande d’essayer de ne pas me juger bon pour l’hospice avant que j’aie fini de raconter, d’accord ?
C’est le moment, il faut lâcher le mot fatidique, ce mot qui lui brûle la gorge depuis qu’il est entré. Après ce mot, il passera sans doute définitivement pour un fou, en plus de mettre Rose en danger -mais la cause a besoin de soutiens puissants, il le sait.
-Et si je te disais qu’une société secrète de sorciers se cache dans Londres ?
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les amis de mes ennemis (Rose) Jeu 2 Sep - 17:52
❝Warwick & Rose❞Les amis de mes ennemisC’est peut-être un des regrets de l’existence actuelle de Rose : elle ne voyage plus ! Un fait plutôt étrange quand on sait à quel point les sorciers peuvent aller d’un lieu à l’autre facilement. Transplanner se fait sans effort, un balai reste un moyen pratique si l’on a pas peur des airs et pour les destinations plus lointaines - pour peu qu’on ait de l’argent - il suffit d’un portoloin. Or, de l’argent, Rose n’en manque pas que ça soit du côté des moldus comme des sorciers. Alors qu’est-ce qui la retient ? Le poids de la tradition peut-être. Quoique ça n’ait jamais été dit, il est de notoriété publique que les sorciers voyagent moins que les moldus. Peut-être est-ce justement aussi à cause de la facilité qu’ils ont à la faire, remettant toujours ça au lendemain sans jamais le faire. Pour Rose, c’est plus un snobisme mal assumé. Les sorciers - et pas uniquement les sang pur - ont tendance à penser qu’ils sont meilleurs que leur prochain. Un sorcier anglais sera toujours supérieur à un américain ou un français. Ce chauvinisme exacerbé les pousse souvent à ne pas délaisser leur chez eux parce que rien ne sera aussi bien. Un sentiment particulièrement présent chez ceux de sa caste. Après tout, les sang purs partent du principe que les choses doivent être comme elles ont toujours été et ce n’est pas sans raison qu’ils prônent un certain immobilisme.
La remarque de Warwick ne manque donc pas de lui tirer un sourire teinté d’une certaine envie. Elle adorerait retourner en France. Voilà des années qu’elle n’a pas eu l’occasion de le faire. Avant la guerre, il n’était pas anodin pour elle de partir à Paris faire les boutiques avec sa mère et sa sœur tandis que son père les rejoignait dans le sud pour une partie de l’été. Des moments dont elle garde un souvenir attendri, déformant la réalité et embellissant le tout. Pragmatique, le regret ne l'atteint pas longtemps. Rose a choisi sa vie sachant qu’il lui faudrait faire des sacrifices pour la vivre comment elle l’entendait. Ce sacrifice fut une partie de sa famille et sa vie d’héritière. La jeune femme a longtemps hésité, mais elle a finit par à faire le choix que sa tante Margaret savait qu’elle ferrait. La magie fait trop partie d’elle pour qu’elle songe un seul instant à l’abandonner. Une fois cette décision prise, Rose s’y est tenue, s’engouffrant dans le monde sorcier de façon à s’y faire sa place. Le temps n’est donc plus au regret et tout naturellement Rose répond à Grant :
- Evidemment. c’est comme ça que je parviens à garder ma ligne ! Enfin, je l’admets, j’ai la belle vie, tout le monde ne peut pas se permettre de le faire, même si ce n’est pas comme avant. Tu sens qu’il y avait Vichy et puis les gens de De Gaulle …
En réalité, Rose n’en sait pas grand chose. Elle se base sur les récits de son propre frère qui a été en France l’an passé. Tant qu’à mentir, autant le faire correctement. Au fil des années, ses talents se sont affinés et de son point de vue, les meilleurs mensonges sont ceux qui contiennent assez de vérités pour qu’on ne discerne pas ce qui a été changé.
Par habitude, elle interroge son ami sur sa vie au sein de leur force armée. Elle sait que le jeune homme y est bien, content d’avoir trouvé ce qui semble être sa place. Sa réponse ne manque donc pas de l’étonner. Jamais auparavant il ne lui a confié être lassé de son unité. Reposant sa tasse de thé, elle répète après lui un peu incrédule :
- Ta retraite anticipée ? C’est bien la dernière chose que je m’attendais à entendre de ta part.
Du coup, rien d’étonnant à ce qu’il ne soit pas venu abordé le bon vieux temps. Si le jeune homme prend sa retraite, c’est qu’il y a quelque chose de sérieux. Un moment, elle se demande si un malheur n’est pas arrivé à un membre de sa famille avant d’être détrompée.
Lorsqu’elle entend les mots “expérience mystique”, son regard se voile et sa moue se fait septique. Dans quoi est-il allé se fourrer ? Elle est tellement loin de s’imaginer qu’il puisse avoir découvert l’existence des sorciers qu’elle rirait presque de soulagement quand il lui parle de société secrète. Avec un petit geste de main, elle répond :
- Oui bien sûr. Il n’y en a pas qu’une. Tu veux parler des francs-maçons ? Ils ne sont pas tout à fait secret tu sais. Pendant un moment, tu m’as fais peur.