Le bureau des Aurors était en ébullition. Personne n'avait été préparé à ce qui tombait maintenant dessus. Personne n'avait ne serait-ce que soupçonné la possibilité de la destruction d'Azkaban, de l'évasion massive des prisonniers, de la présence de détraqueurs partout dans Londres, du scandale qui en résultait...

Réorganiser le bureau des Aurors dans ces conditions avait été d'une complexité sans nom, d'autant plus que le bureau perdait son directeur. Il se murmurait que Thésée prendrait la succession de Christopher, et c'était un choix qui rassurait Tina, mais en attendant, elle était tout de même... décontenancée.

Malgré la destitution de McDowell, la confiance que Tina plaçait en lui n'avait en rien changé. Elle continuait de lui faire complètement confiance. S'il avait décidé de se compromettre comme il l'avait fait, c'est qu'il avait de bonnes raisons de protéger Pomona et les voyageurs temporels. Tina elle-même, d'ailleurs, n'avait jamais cru dans la culpabilité de ce groupe. Peut-être qu'elle était aveuglée par son affection pour Hermione, qui avait été son assistante... mais c'était le cas, et elle était rassurée pour cette dernière.

En attendant, toutes les affaires en cours devenaient épineuses, et ils ne savaient tout simplement plus où donner de la tête. Tina, pour sa part, avait été chargée de retrouver Pomona Fitz. Qu'on lui ait confié ce rôle ne l'étonnait pas. Elle était sans doute l'une des seules à ne pas l'avoir connue personnellement ou au moins de loin quand elle travaillait encore au ministère. Tina était arrivée après les événements. Elle n'était donc pas de parti pris.

Sa première décision avait été de convoquer l'oncle de Pomona, qui était aussi l'homme qui l'avait hébergée pendant longtemps. Un grand ami de Christopher... autant dire que faire le lien n'était pas difficile, à partir de là.

Elle ne savait pas dans quelles dispositions elle le trouverait quand il frapperait à sa porte. Finalement, il semblait être de plutôt bonne constitution. Il avait accepté le rendez-vous et se montrait même ponctuel.

-Bonjour Mrs Dragonneau.

"Bonjour, monsieur Fitz, merci d'être venu." Elle lui serra la main avant de l'inviter à s'asseoir. "Je suppose que vous devez déjà avoir deviné les raisons de cette convocation."

Et c'était maintenant que ça se jouait. Qu'accepterait-il de lui dire ? Ou non ?

Henry ne jouait pas les naïfs, il ne prétendait pas ne pas avoir conscience de ce qui se jouait ici, et du pourquoi du comment on avait nécessité sa présence. Cela ne voulait pas dire que cet interrogatoire allait se passer convenablement, mais au moins, elle n'avait pas à faire face à un mur, et c'était ce qu'elle avait un peu redouté en convoquant l'oncle et protecteur de Pomona Fitz dans son bureau.

-Oui. Vous voulez me parler de ma nièce. Vous devez vous me demander si j'ai été complice de son évasion et si je sais où elle se trouve. La réponse est non dans les deux cas.

Donc il était conciliant, mais en revanche, il ne semblait pas vouloir être d'une grande aide. Il répondait d'office aux questions qu'elle avait l'intention de lui poser bel et bien. Elle n'avait pas l'intention de s'arrêter là, bien sûr. Elle était convaincue qu'Henry Fitz en savait plus que ce qu'il disait, et Tina avait la ferme intention de lui tirer les vers du nez.

Tina ne tenait pas Henry Fitz pour coupable de quoi que ce soit. Mais ses positions politiques étaient évidentes, et par la même, il n'avait jamais caché son affliction concernant ce qui était arrivé à sa nièce. Sans oublier son amitié avec Christopher McDowell, qui dans ces circonstances ne pouvait pas être prise comme un détail. Ce n'était pas négligeable.

"Je ne vous pense pas complice de son évasion", répondit l'Auror avec sérieux.

Elle ne voulait pas complètement éjecter cette possibilité, évidemment, mais ça ne lui semblait pas être le plus pertinent. Ce qui la concernait davantage, c'était de savoir où était Pomona ici et maintenant, et ce serait à elle de répondre à la justice, et sur ce point, Tina avait tendance à croire qu'Henry Fitz en savait plus que ce qu'il voulait bien avouer.

"J'émettrais plus de réserve quand à votre seconde affirmation."

Mais elle ne la rejetait pas immédiatement. A ce stade de la discussion, elle faisait des suppositions, mais elle ne prendrait pas le risque d'affirmer ou d'infirmer quoi que ce soit, il était encore beaucoup trop tôt pour cela.

"Je pense que vous saviez que votre nièce était toujours en vie, je me trompe ?"

Elle doutait fort que McDowell lui aurait caché cette information en tout cas.

-Je ne le savais pas au début... mais j'ai fini par l'apprendre, oui.

La sincérité de l'écrivain était appréciée. Elle n'allait peut-être pas lui rendre grand service, il fallait le reconnaître, mais elle était à la hauteur des attentes de Tina, qui tenait en effet à mettre les choses au clair, et était prêt à accorder des circonstances atténuantes de son interlocuteur pour peu qu'il lui paraisse honnête et suffisamment convaincant.

Et en l'occurrence, même si elle ne pouvait présumer de rien, elle était à peu près sûre qu'il disait vrai, en effet. Il ne savait pas pour commencer que sa nièce était toujours en vie, c'étaient des manigances qui lui avaient échappé et dont il avait fini par avoir connaissance.

Bien sûr, avoir dissimulé une telle vérité le rendait fautif. Son premier réflexe aurait dû être d'informer les autorités compétentes quand il avait appris la vérité, mais outre le fait que l'on pouvait aisément déceler les raisons très personnelles de sa discrétion, à la tête des autorités compétentes en la matière, il y avait celui qui, justement, avait permis l'évasion de Pomona. A partir de là, on pouvait lui reconnaître quelques circonstances atténuantes.

Elle n'était pas là pour l'accuser ou l'accabler, même s'il faudrait peut-être prendre les mesures de rigueur. S'il poursuivait sur sa lignée, en se montrant coopératif, elle-même se montrerait conciliante. Les échanges de bons procédés du genre étaient monnaie courante au sein du bureau des Aurors. Pas toujours vus d'un bon oeil, il est vrai, et pour des raisons légitimes, mais se révélaient parfois indispensable à la bonne progression, en bonne et due forme, d'une enquête.

-Mais je ne sais pas où elle est aujourd'hui. C'est la vérité.

"Aujourd'hui...", répéta posément Tina.

La formulation ne lui avait pas échappée. Là encore, elle sentait bien qu'il se montrait sincère. Ce qui ne l'arrangeait pas, en l'occurrence, car il aurait été préférable que l'écrivain sache exactement où se trouvait Pomona Fitz, mais il pouvait du moins leur communiquer de précieux indices malgré tout.

"Cela signifie que vous l'avez su auparavant, n'est-ce pas ?"

Elle ne posait pas les autres questions qu'elle avait en tête, mais à ses yeux, elles coulaient de source, elles allaient de soi. Oui, il avait dû savoir. Et s'il savait, alors il pouvait répondre aux questions où et quand, et c'était très précisément ce qu'elle attendait de lui.

-Oui. Je l'ai su.

Au moins, l'écrivain ne lui faisait pas l'affront de lui mentir droit dans les yeux. En même temps, il devait savoir que tout mensonge à ce sujet aurait été immédiatement interprété comme tel.

A l'heure actuelle, il ne faisait aucun doute pour l'Auror que son interlocuteur en avait su plus que ce qu'il prétendait. Il avait conservé des informations qui auraient pu servir au ministère, et au moins il ne le niait pas. Et elle pouvait comprendre ça, en vérité. Si elle retirait sa casquette d'Auror pour mettre sa casquette de mère, elle savait qu'elle aurait sans doute agi de la même manière à sa place. Mais elle n'était pas à sa place. Et elle était là en sa qualité d'Auror.

- Je devrais sans doute m'excuser de ne pas l'avoir livrée au ministère à l'époque, mais je ne veux pas m'excuser d'avoir voulu protéger la vie de ma nièce.

Porpentina se contenta de hocher doucement la tête. Elle n'était pas là pour faire le procès de Henry Fitz, elle ne tenait même pas à l'inculper pour la complicité dont il s'était rendu coupable. Ils avaient bien plus grave, bien plus important à gérer. En revanche, il fallait qu'ils puissent compter sur sa collaboration, à présent.

Il avait voulu protéger sa nièce, sa nièce qu'il considérait comme sa fille, c'était une chose que Tina avait parfaitement comprise et était plus à même de comprendre que n'importe qui d'autre. Mais ce n'était pas pour juger son comportement qu'elle l'avait convoquée, mais dans l'intention de retrouver Pomona.

-D'autant plus que je sais pertinemment qu'elle est innocente.

"Votre intuition à elle seule ne pourra suffire à l'innocenter.", répondit posément Tina. "Si vous avez la moindre preuve de ce que vous avancez, c'est le moment de me la communiquer... en attendant, j'ose espérer que vous comprenez que votre totale collaboration est attendue." Elle marqua une pause. "Je peux passer sous silence votre complicité passée avec une criminelle notoire et la rétention d'information dont vous vous êtes rendu coupable. En revanche, je dois m'assurer qu'en retour, vous nous communiquerez toutes les informations qui pourront nous être nécessaires afin de retrouver votre nièce."

C'était une sorte d'accord qu'elle suggérait de passer avec lui.

-Je ne sais pas où elle est, c'est vrai. Mais je vous aiderai à la retrouver si vous me promettez qu'elle aura droit à un vrai procès, équitable, pas un retour direct par la case Azkaban sans aucune chance de plaider sa cause et de prouver son innocence.

Quand son interlocuteur lui assurait qu'il ne savait définitivement pas où se trouvait sa nièce, Tina faisait le choix de le croire. Elle savait que tout, dans sa parole, exigeait d'être remis en question compte tenu des mensonges qu'il avait dû adresser effrontément à la cantonade jusqu'ici.

Peu importe ce qu'il affirmait, il fallait prendre son discours avec des pincettes, à l'évidence, mais l'Auror consentait à croire cette version des faits pour une raison simple : si Pomona Fitz avait un minimum de jugeote, elle avait eu tout intérêt à disparaître de la circulation sans laisser d'adresse à qui que ce soit, même à ceux en qui elle avait adressé le plus de confiance.

"Vous n'êtes pas réellement en position de marchander, monsieur Fitz", observa doucement Tina avec une esquisse de sourire qui était plus désolée qu'amusée.

Là encore, elle n'en voulait pas à son interlocuteur. En désespoir de cause, il était normal qu'il fasse tout ce qui était en son pouvoir pour essayer de rétablir l'honneur de sa nièce, qu'il avait élevée comme si elle était sa fille.

Et en vérité, Tina estimait bel et bien qu'un procès pourtant d'une grande importance avait été complètement bâclé, et qu'il serait de bon ton de rouvrir l'enquête et de considérer le détail de l'affaire avant que d'aller trop vite en besogne. Malheureusement, cela ne reposait pas entre ses mains, ce n'était pas dans son pouvoir ni dans ses attributions, même si elle espérait tout de même que les bonnes décisions seraient prises. Ce qui n'était pas garanti. Dans les situations les plus terribles et critiques, c'étaient rarement les meilleures décisions qui finissaient par primer, loin de là.

"Je ne peux pas vous promettre ce genre de choses, mais sachez que je suis tout de même de votre avis. L'affaire doit être reconsidérée au jour des nouvelles informations dont nous disposons, et que nous n'avions pas à l'époque."

Et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour aider cela, mais ses pouvoirs restaient malgré tout limités.

-Merci.

Sa reconnaissance était peut-être un peu prématurée, il faut le dire, car même si la gratitude d'Henry était effectivement sincère, elle était peut-être inutile. Il était bien possible que même si elle décidait de faire son possible pour accorder une chance équitable à Henry, cette chance n'était pas acquise. L'affaire était beaucoup trop complexe, et surtout, elle était inédite. Ils n'avaient jamais rien connu de tel jusqu'ici, et surtout, rien ne les y avait préparés. Il allait falloir faire bouger les lignes sans savoir si c'était possible.

Tina préférait rester sur la réserve, mais malgré tout, elle comptait bien intervenir dans la mesure de ses possibilités. Ne serait-ce que parce qu'elle y trouvait un intérêt personnel elle aussi. S'il devait arriver quelque chose à Luna, Adrian serait effondré. Et elle-même s'était attachée à Hermione : elle n'avait pas envie de voir quoi que ce soit lui arriver, loin de là.

C'est... beaucoup, pour moi, vraiment. Je sais que ce ne sera pas forcément suffisant, mais si j'ai au moins cette garantie, je vous assure que je me montrerais aussi coopératif que nécessaire.

Je sais que ce ne sera pas forcément suffisant, mais si j'ai au moins cette garantie, je vous assure que je me montrerais aussi coopératif que nécessaire.

Au moins, son interlocuteur ne se faisait pas d'illusion : il avait bien compris que l'affaire était loin d'être acquise et qu'il était préférable, par conséquent, de ne pas la considérer comme telle. De son côté, elle allait faire de son mieux pour que cette situation soit reconsidérée sous le meilleur jour. Elle ne savait pas vraiment ce qui en découlerait, elle savait seulement que ce qui devait primer, encore et toujours, était l'injustice.

Et ce qui était arrivé à la nièce de son interlocuteur ainsi qu'à ses amis n'était pas quelque chose de juste. Trop de mensonges, trop de manigances, et un système pourri de l'intérieur. A partir de là, impossible de savoir de quelle façon tirer son épingle du jeu et rendre justice à ceux qui en avait manqué et à qui de nouveaux reproches pouvaient être faits dorénavant.

"Vous avez ma parole", lui confirma Tina avec la plus totale sincérité. "Quand et dans quelles circonstances avez-vous parlé à votre nièce pour la dernière fois ?"

Il fallait procéder le plus méthodiquement et le plus scrupuleusement possible. L'Auror comptait ne rien laisser passer, et pour cela, l'appui et la collaboration d'Henry Fitz allait à coup sûr leur être précieuse.

-C'était... autour du mois d'octobre dernier, je dirais...

Au mois d'octobre dernier. Il n'était pas nécessaire de lui en dire plus pour que Tina fasse le lien. Qu'est-ce qui s'était passé au mois d'octobre ? Eh bien, une certaine multitude d'événements, mais qui concerne plus particulièrement Pomona Fitz, il y en avait un, bien précis : il y avait cet article de presse qui avait laissé suggérer que celle qui était supposée être à Azkaban, privée d'âme, rôdait en réalité dans l'allée des embrumes.

A l'époque, Tina n'avait pas accordé beaucoup de crédit à ces rumeurs, comme tous ses collègues. Ils avaient d'autres chats à fouetter, tous autant qu'ils étaient, que de remettre en question ce qui n'avait techniquement aucune raison de l'être. Sauf que finalement, ces rumeurs étaient fondées. Et en se sachant découverte, Pomona avait certainement voulu protéger son entourage, son oncle compris, et pour cette peine, elle avait pris la décision de disparaître sans donner de nouvelles...

Cela s'entendait... mais Tina restait sur sa réserve. Elle avait le sentiment que son interlocuteur ne lui avait pas tout dit, encore. Et même quand il lui en dit plus, elle revina qu'il restait une part d'ombre, ce quelque chose qu'il n'acceptait pas, ou pas encore en tout cas, de lui confier.

-On se voyait peu, on savait que c'était trop risqué... A ce moment-là, elle m'a fait comprendre qu'elle allait partir, qu'elle ne me dirait plus où elle avait l'intention de se cacher... C'était autour de la période où des rumeurs ont commencé à circuler sur elle dans la Gazette. Je suppose qu'elle a eu peur qu'il y ait des retombées sur moi. Après ça, je n'ai plus eu de nouvelles.

Voilà qui confirmait en effet ce qu'avaient été les premières hypothèses de Porpentina. C'était un début d'explication, et qui ne l'aidait pas beaucoup. Il allait falloir qu'elle creuse ailleurs, et surtout qu'elle s'y prenne autrement afin de tirer enfin les vers du nez de son interlocuteur.

"Et avant cela, à quelle fréquence vous retrouviez-vous ? Et où ça ?" Elle devait pousser son interlocuteur dans ses retranchements. "Est-ce qu'elle vous a dit autre chose ? En plus de sa décision de se cacher sans vous dire où ?"

-Toutes les deux semaines, à peu près. Nous nous fixions toujours rendez-vous à des endroits différents, afin de brouiller les pistes.

Voilà une réponse qui n’avait rien pour arranger Tina, mais rien pour la surprendre non plus. Bien sûr, elle n’avait que sa parole, et elle ne pouvait pas la prendre pour argent comptant, mais elle n’avait pas vraiment de raisons de s’imaginer qu’il puisse lui mentir, en l’occurrence. Sa façon de présenter les choses tenait la route, après tout.

Bien sûr, il aurait été plus pratique d’envisager que l’oncle et la nièce se soient retrouvé où Pomona avait trouvé à se réfugier, ce qui permettrait aux Aurors du ministère d’examiner très minutieusement les lieux qui, à l’évidence, devaient avoir été désertés à présent, question de prudence. Mais si Pomona était maline, et Tina pensait qu’elle l’était, elle aurait eu tout intérêt à ne pas dévoiler sa cachette y compris aux personnes dans la confidence et dont elle se sentait le plus proche. Ça tombait sous le sens, oui.

Même un ami peut vous trahir sans en avoir conscience s’il tombe entre les mauvaises mains, et changer d’endroit constamment en se fixant rendez-vous d’une fois sur l’autre permettait de brouiller les pistes. C’était malin, oui, mais pas arrangeant pour les Aurors. Mais pas grave, Tina n’avait pas dit son dernier mot. Et elle était déterminée à ne pas en rester là quoi qu’il en soit. Avec les faibles éléments que Henry lui délivrait au compte-gouttes, il fallait que Tina réussisse à faire quelque chose de pertinent. Est-ce que c’était possible ou de l’ordre du pur fantasme, va savoir, mais ça se tentait, dans tous les cas. Et à part tenter le tout pour le tout, qu’est-ce que Tina et ses collègues pourraient bien faire.

"Très bien", consentit-elle à répondre, acceptant donc l’information en l’état. "Il va me falloir la liste de tous les endroits où vous vous êtes retrouvés."

A partir de là, elle réussirait peut-être à construire ne serait-ce qu’un embryon de début de commencement de schéma cohérent, ce qui ne serait déjà pas si mal, en fin de compte.

-Elle ne m'a rien dit. Elle ne tenait pas à ce que je la retrouve, elle a été très claire là-dessus.

Là encore, ce n’était pas une grande surprise, même si Tina se permettait d’émettre davantage de doutes sur la question. Va savoir quelle était la part de vérité dans cette affirmation, mais ça valait le coup de s’y pencher malgré tout.

"Et vous pensez qu’elle aurait pu avoir d’autres raisons de prendre cette décision ? En dehors de l’article de la Gazette, j’entends ?"

-Je vais vous fournir une liste la plus complète possible.

Tina hocha la tête. Elle pourrait exiger qu'il lui fournisse la liste immédiatement, mais elle n'avait pas l'intention de le faire, non. L'Auror savait qu'elle n'obtiendrait pas les informations qu'elle souhaitait en les extorquant sous la pression à son interlocuteur, mieux valait lui laisser établir sa liste à tête reposée.

Bien sûr, elle avait conscience de la part de risque que représentait le fait d'agir de la sorte. Il y avait à l'évidence des chances pour qu'il en profite pour les guider sur des fausses pistes, et qui leur ferait perdre un temps précieux. Elle avait décidé d'accorder un semblant de confiance à Henry Fitz, mais cette confiance avait malgré tout ses limites. Elle savait bien qu'il pourrait à tout moment décider de n'en faire qu'à sa tête et de contrarier leurs plans, elle n'avait pas la naïveté de penser le contraire.

-Je ne suis pas certain que c'était sa seule motivation, mais elle n'a jamais été beaucoup moins secrète avec moi qu'avec n'importe qui, malheureusement.

Dans la manière qu'il avait de prononcer ces mots, Tina était encline à penser que son interlocuteur était au moins complètement honnête sur ce point, et c'était en effet le portrait que brossait généralement de Pomona quiconque avait fait sa connaissance ou l'avait côtoyé de près ou de loin : une jeune femme mystérieuse et secrète, qui par conséquent était également très difficile d'accès.

Cela n'arrangeait pas leurs affaires, mais il fallait bien que ce soit le cas pour qu'ils en soient arrivés là, ceci dit, c'était pour le moins logique.

-Je suis vraiment navré, je sais que mes réponses nous éclairent trop peu.

"Je reconnais que j'aurais voulu des informations plus... précises, mais vous m'avez malgré fourni quelques nouveaux éléments sur lesquels travailler." Elle marqua une pause. "Je pense que je n'ai plus d'autres questions pour vous. Est-ce que vous pourrez repasser demain ? Avec la liste demandée ?"

Elle ne voulait pas poursuivre plus que nécessaire cette conversation si cette dernière devait braquer inutilement son interlocuteur. Non, définitivement, mieux valait s'arrêter là. C'était, à l'évidence préférable.

Et cela lui laisserait le temps, aussi, de réfléchir à cet entretien à tête reposée et par conséquent de réfléchir également aux mesures qui pourraient s'imposer à ce sujet.