Melania est la fille unique d'Isadora et William McMillan, couple de sangs purs dans la plus stricte tradition des sangs purs. Issue d'un mariage arrangée, elle n'a jamais vu ses parents échanger le moindre geste de tendresse, et pour la peine, n'en a jamais recherché non plus auprès de qui que ce soit. Les interactions humaines se seront toujours limitées, pour elle, à un spectacle donné aux autres qui dans l'intimité se mue en stratégies complexes d'évitement. Des parents qui n'avaient pas vraiment d'affection l'un pour l'autre, donc, et qui n'en avaient pas non plus pour elle. Chose que Melania n'a jamais déploré. N'ayant rien connu d'autre, elle n'a jamais envisagé les relations parents-enfants d'une autre manière. Et de toute façon, elle a très vite eu conscience de ne pas avoir été une enfant comme les autres.

Les cauchemars ont très vite fait partie du quotidien de Melania. D'abord, elle ne savait pas comment les interpréter. Un chaos de symboles, de signes et de couleur sans ordre strict. Puis les images se sont précisées. Et surtout, elles ont trouvé une interprétation beaucoup trop concrète dans son quotidien. Très tôt, oui, les McMillan ont compris que Melania possédait des dons de voyance. Capable de prédire des événements anodins souvent, mais beaucoup plus grave, d'autres fois. Les parents de Melania étaient en désaccord quant à la manière de gérer ce don. Le père voulait étouffer ce don qui finirait forcément par isoler Melania socialement, la mère voulait, au contraire, encourager ce don afin qu'elle puisse s'en servir à bon escient. Dans tous les cas, il semblait nécessaire de lui apprendre à le contrôler. Peine perdue. Elle a côtoyé nombre de prétendus spécialistes en la matière sans grand résultat. Sans surprise.

Melania vit très mal avec ses pouvoirs. Pour sa part, elle ne demanderait qu'à les voir disparaître. Le plus grand choc ayant lieu à ses neuf ans, quand son père décède de la dragoncelle. Melania, impuissante, assistait en rêve à la déchéance de son père depuis ses cinq ans et n'a pas su l'empêcher pour autant. Elle espère qu'à son arrivée à Poudlard, la fréquentation de ses camarades et un certain encadrement scolaire aidera sa situation. Il n'en est rien.

A Poudlard, Melania est envoyée à Serpentard, comme ses parents l'avaient été avant elle. Elève discrète et mystérieuse, c'est volontairement qu'elle s'isole de la plupart de ses camarades, élève étrange et insaisissable, qui apprend alors à entretenir cette réputation. Elle demande rapidement le soutien de son professeur de divination dans l'espoir que ce dernier la comprenne, mais ce dernier se révélera bien vite n'être ni sympathique, ni compréhensif... ni vraiment voyant. Satisfait de l'influence qu'il pense avoir sur sa jeune élève à l'autre, elle ne comprendra que plus tard combien certaines de ses paroles et certains de ses gestes ont pu être déplacés.

C'est finalement avec des résultats mitigés à ses ASPIC que Melania finit sa scolarité. Mais quelle femme Black a réellement besoin de brillants résultats scolaires, au fond ? Elle, elle n'a jamais accordé trop de crédits à sa réussite scolaire. Elle savait, pertinemment, que son avenir ne dépendrait pas desdits résultats. Elle a vu ses enfants naître et grandir avant même de tomber enceinte, elle savait. Elle a vu le drame, aussi, avant qu'il ne se produise. Pourtant, elle ne l'a pas empêché.

Fraîchement sortie de Poudlard, elle a épousé l'homme que ses parents avaient choisi pour elle de longue date, Arcturus Black, un excellent parti s'il en est. Elle n'a jamais éprouvé d'affection particulière pour cet homme froid et digne dont elle devait porter le nom. D'un autre côté, elle n'a jamais envisagé la nécessité d'en éprouver. Les mariages réussis ne pouvaient pas reposer sur l'amour ou l'intimité, ce serait contreproductif.

Et réussi, leur mariage l'est, en quelque sorte. Il l'est puisque Melania a mis au monde deux enfants. Lucretia tout d'abord, Orion ensuite. Des enfants qu'elle n'a jamais su aimer convenablement. Cette familiarité, ce sentiment de les connaître avant même de les avoir conçus, a marqué une sorte de distance entre elle et eux, comme s'ils n'appartenaient pas vraiment à sa réalité. Elle a très souvent délégué leur éducation aux nourrices et précepteurs engagés à cet effet... sans vraiment de regret.

L'ascension de Grindelwald, la guerre... ont rendu ses visions plus nombreuses, plus sanglantes, plus incontrôlables et plus vivaces. Dès lors, parvenir à les étouffer est devenu une véritable nécessité pour Melania. Et elle a trouvé une sorte de... solution. L'alcool n'a jamais complètement empêché ses visions, en revanche, il les a étouffés, les a rendues plus supportables. Un verre de vin avant d'aller se coucher, et ses rêves devenaient presque... agréables. Puis ce verre rituel s'est changé en deux verres, trois verres... Melania ne compte plus vraiment. Elle pense être en contrôle, le plus souvent, mais son mari lui a déjà évité de véritables humiliations. Son addiction a progressivement pris le pas sur tout le reste, et elle ne parvient pas à y renoncer.

Il a fallu qu'elle tombe enceinte une troisième fois pour prendre conscience des conséquences de ses actes. Elle en avait rêvé, pourtant, plus d'une fois. La fausse couche avait hanté plus d'un cauchemar, mais elle a privilégié l'alcool à la sinistre réalité, et privé son mari d'un fils. Elle sait qu'il lui en tient une profonde rigueur. Elle, ressent une profonde culpabilité également, mais elle n'en montre jamais rien. Pour oublier, elle boit, encore.

Depuis trois ans, elle occupe le poste de professeur de divination à Poudlard, une manière comme une autre de s'éloigner de la maison, et de s'obliger à une vie plus ordonnée. On ne peut pas dire que ce soit franchement efficace. Certains parents d'élèves se sont déjà plaints de son comportement. Mais quelle importance, au fond ?
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