C'est étrange, mais au fond, je crois que je me sens soulagé, définitivement, résolument soulagé. C'était inévitable, ça ne pouvait pas durer. Et même si la situation n'a jamais été plus chaotique, ne plus vivre avec le poids d'un mensonge beaucoup trop lourd à porter me fait du bien. Maintenant, quoi qu'il arrive, je peux intervenir la tête haute. Dans la mesure où on me laissera intervenir dans quelque domaine que ce soit. Je savais que ma carrière était sur la corde raide, ça fait un moment que je le sais. J'aurait peut-être dû suivre la suggestion de Henry : partir avant qu'on ne m'exhorte à le faire, et limiter le scandale, mais je ne regrette rien. J'ai tenu mon poste jusqu'au bout... et je suis prêt à faire face au procès qu'on m'infligera, et à ses conséquences.
Mon regret, c'est l'inactivité, mon inaptitude du moment à faire quoi que ce soit. Assigné à domicile, je n'ai plus la main sur ce qui se passe au bureau des Aurors, même si certains d'entre eux, loyaux en dépit des circonstances, continuent de me défendre, de me soutenir et de m'informer. Et surtout, surveillé que je suis par le ministère, il ne m'est pas possible de rejoindre le QG de la Résistance dans ces conditions. J'aimerais savoir quelles sont les intentions des voyageurs temporels, maintenant. Je me demande où est Pomona... Comme toujours.
Mais je ne peux plus rien faire pour les protéger à présent, ils reprennent la main sur leur propre destin, et les circonstances m'obligent à me concentrer sur moi-même... même si dans la préparation de mon procès, je ne fais pas tant d'efforts. Je n'ai pas l'intention de mentir, je vais dire toute la vérité, rien que la vérité. La seule chose que je nierai, bien sûr, c'est l'existence de la résistance, la seule chose que je passerai sous silence, c'est la planque où nous nous retrouverons.
J'y travaille, distraitement, assis à mon bureau. J'essaie de tuer le temps, surtout. Moi qui n'étais plus habitué à la moindre pause, moi que l'on exhortait de lever le pied au moindre prétexte, me voilà en vacances forcées... c'est la manière la plus charmante de décrire cette situation, tout du moins.
L'horloge annonce seize heures quand j'entends frapper à la porte. Je m'attends à tout, à l'heure actuelle, alors j'ouvre sans vraiment anticiper ce qui m'attend, ce qui là encore me ressemble très peu. De l'autre côté de la porte, Henry attend sur le palier. Nouveau soulagement. Je n'attends pas de le saluer, je le serre dans mes bras. Sa présence est celle que j'attendais plus que n'importe quelle autre, même si je ne me serais jamais permis de l'exiger.
-Entre, je t'en prie, fais-je en ouvrant très grand la porte, que je referme derrière nous. Merci d'être venu.
Henry Fitz
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out est allé très vite. Nous pensions être prêts à affronter n'importe quelle éventualité, force nous est de constater qu'il n'en est rien du tout. Nous n'étions pas préparés à ça. Je pense que personne ne l'était. En dehors des principaux concernés. Azkaban détruite, ses prisonniers morts ou évadés... L'absence de Pomona et des voyageurs... La preuve. Le scandale. La destitution de Christopher. Ce qui va se passer maintenant ? Je n'en sais rien. Aucun de nous n'en sait quoi que ce soit. Une première pensée pour Pomona. Une part de moi est soulagée de la savoir à l'abri, même si c'est illusoire de penser qu'elle l'est vraiment. Le reste de mes pensées pour Christopher. Au moins, il va avoir le droit à un procès équitable.
Forcément, je devais me pointer à sa porte à la première occasion. Je pensais que notre situation était à son point le plus désespéré, je me trompais. J'ai perdu mon frère, j'ai perdu ma nièce. Je n'ai certainement pas envie de le perdre lui. Je ne sais pas de quelle manière ni comment, mais il va falloir se battre. Un combat de plus. Et je serai là pour lui. Peut-être que cette fois, je n'échouerai pas, qui sait ? Il faut bien continuer d'y croire.
Je frappe la porte, il m'ouvre, quand il me reconnaît, il me serre dans ses bras. Je resserre cette étreinte. Il est suspendu au bord du gouffre, mais s'il tombe, je tombe avec lui, c'est comme ça. C'est une sorte de pacte tacite, nous n'en avons jamais parlé, mais c'est de l'ordre de la plus stricte évidence. Nous n'en avons sans doute pas parlé parce qu'il n'y a au fond rien à en dire.
-Je n'allais certainement pas te laisser affronter ça seul, je dis simplement en entrant à la suite de Chris. Comment tu vas ? Tu tiens le coup ? Tu sais comment les choses vont se passer à partir de maintenant ?
Beaucoup trop de questions, et je comprendrais qu'il ne veuille pas répondre à toutes, mais j'aimerais connaître la réponse à chacune d'entre elles, pour mieux savoir à quoi m'en tenir. Pour savoir, surtout, à quoi nous devons nous en tenir à compter de maintenant.
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Christopher McDowell
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Je savais qu'il ne me laisserait pas affronter la tempête seul. Il ne m'a jamais laissé agir en ce sens. Toutes les fois où j'ai pu vouloir le tenir à l'écart de la moindre intempérie, il s'est engagé avec encore plus d'insistance dans la tourmente. Je pourrais le lui reprocher si ce n'était pas une des qualités que je préférais chez lui.
Et je suis ravi en cet instant qu'il ait fait cet effort, car même si je n'aurais pas réclamé son aide, il n'empêche que j'en ai besoin. Non, pas tant de son aide que de son soutien. Dans l'état actuel, je sais bien que l'aide n'est pas superflue mais complexe à apporter. En revanche, sa présence est déjà d'un secours inestimable. Il est là quand tout le reste me déserte, quand j'ai l'impression que tout me déserte, quand je ne sais plus à quoi ou qui me fier. Purdey, Seth, Pomona, même mon fils. Ils me filent entre les doigts. Mais Henry, lui, demeure, toujours présent, fidèle au poste. Et je sais qu'il restera.
Il ne tarde pas à me couvrir de questions, des interrogations que je me suis souvent faites à moi-même, mais en pensées seulement, jusqu'ici. Je n'ai pas la réponse à toutes ces questions. Je le voudrais, ça me rassurerait, mais ce n'est las le cas. Il faut que je l'accepte, et surtout, que je réussisse malgré tout à donner de l'ordre à mes pensées, à équilibrer mon raisonnement, à déterminer plus facilement de quelle façon agir à présent. Ce ne sera pas assez, je pense, mais il faut bien commencer quelque part, n'est-ce pas. Alors... autant essayer de répondre dans l'ordre, j'imagine.
Comment je vais ? J’ai connu mieux, on ne va pas prétendre le contraire… Mais j’ai étonnamment connu pire. Pour ce qui est de tenir le coup, je dirais que ça dépend des moments, mais puisque Henry vient à ma rescousse, je pense que ça ira mieux, à présent.
-J’ai connu mieux, je vais pas te mentir, mais… Je marque un temps de pause. Je crois que je suis soulagé, aussi. Ça devait forcément se savoir, d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas forcément la meilleure manière qu’on pouvait envisager, mais… Nouvelle pause. Ce n’est pas tant mon sort qui m’inquiète que celui des voyageurs. Je n’évoque pas Pomona. Mon inquiétude pour elle n’est plus à ça près. Tu as pu leur parler ?
Henry Fitz
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est sans surprise que j'entends Christopher me confirmer qu'il a connu mieux. Pourrais-je être surpris de l'entendre ? Non, bien sûr que non, c'est évident qu'il a dû connaître mieux. Dans ces circonstances, il serait absolument inconscient s'il se contentait de prendre la situation comme elle venait sans s'en inquiéter une seule seconde. En attendant, je l'estime plus serein que ce que je présumais au moment de le retrouver, j'ai l'impression qu'une part de lui est en fait, apaisé.
Il y a un moment qu'il n'a pas été en paix totale avec lui-même. Et il y avait de quoi. Il n'y a pas eu besoin de cette situation catastrophique pour que le ciel menace de nous tomber sur la tête... C'est une accumulation, qui a trouvé son apothéose. Contre toute attente, malgré nous. Mais au moins, on tient debout, et je veux croire qu'on continuera de tenir bon. J'ai confiance en nous. Là encore, il faut bien, on n'a pas vraiment le choix. Et on a de nouvelles armes pour se battre. Elle ne son ni bien tranchantes, ni idéales. Mais c'est ce qu'on a. Il va bien falloir faire avec.
Il me dit son soulagement, et je le crois sans mal, ce n'est pas pour rien si je l'encourageais à mettre un pas de côté, à prendre sa retraite ou au moins des vacances. Ce n'était pas pour le pousser vers la sortie, c'est parce que je voyais la pression s'accumuler, et je n'aimais vraiment pas le voir dans cet état. Je n'aime toujours pas le voir dans cet état. Pour la suite, son destin n'est pas encore tracé, il va falloir qu'on la joue fine pour que tout le monde s'en sorte au meilleur compte possible. Ce n'est pas gagné, évidemment.
-Non pas encore, je préférais venir te trouver d'abord. Je ne fais que prétendre que ça a été un choix stratégique. La vérité, c'est qu'il fallait que je le voie, que je m'assure qu'il tenait le coup. A partir de là seulement, je pouvais concevoir de prendre d'autres décisions, de m'armer de nouvelles initiatives. Mais c'est mon intention. Si tu veux que je leur transmette le moindre message...
Il n'est pas forcément prudent que je joue les intermédiaires non plus. Mais au point où nous en sommes, nous ne sommes pas vraiment à une imprudence près, en réalité.
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Christopher McDowell
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Je hoche la tête. Je ne considère pas du tout être une priorité, et je pense qu'il aurait peut-être été plus judicieux d'aller d'abord trouver les voyageurs et quelques résistants, et décider ainsi de la démarche à adopter. Mais je ne peux pas lui en vouloir d'avoir décidé de frapper à ma porte pour commencer. Je le peux d'autant moins que je veux qu'il soit là, j'ai besoin qu'il soit là.
Et s'il n'était pas venu dès l'instant où cela lui a été possible... quand bien même cela peut paraître stupide, j'en ai tout à fait conscience, je le lui aurais très probablement reproché. Je ne suis pas forcément en bonne mesure de prendre des décisions rationnelles pour le moment... je finis par douter de l'avoir été un jour. Je suis seulement heureux qu'il soit là. Cela ne va pas changer drastiquement ma situation, mais ça me fait du bien malgré tout.
-Je te fais confiance. Je leur fais confiance, je réponds simplement. Evite de les inquiéter à mon sujet, je ne voudrais pas qu'ils prennent des décisions hâtives dans l'intention de me défendre ou de me protéger, je le préviens tout de même.
Je n'ai pas de conseils à donner, ou de message à passer. J'ai joué ma part pour le moment, et je sais bien que je ne peux pas en faire davantage. Je n'ai pas l'intention de m'éclipser, mais je sais quand il est nécessaire de faire profil bas ou non, et en l'occurrence, il est préférable que je ne me fasse pas remarquer.
Mais c'est vrai, je leur fais confiance, je suis certain qu'ils prendront la décision qui leur semblera la plus juste : qu'ils choisissent de rester dans l'anonymat ou de s'exposer au grand jour, je n'ai pas l'intention d'empêcher l'un ou l'autre, je veux surtout penser que ce sera fait en tout état de conscience, de manière réfléchie, même si le caractère précipité des événement ne permet pas forcément autre chose qu'une réaction peut-être en partie précipitée elle aussi. Sans transition, je reprends la parole. On ne va pas se laisser abattre, malgré les circonstances.
-Qu'est-ce que tu dirais de prendre un verre ? Aucune situation, même la plus désespérée, ne peut être atténuée par quelques gorgées de whisky pur-feu.
Surtout, je pense que ça nous fera le plus grand bien.
Henry Fitz
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a confiance de Chris est précieuse. Je ne suis pas certain, pas entièrement du moins, de la mériter totalement, mais je la chéris malgré tout comme quelque chose d'unique et d'intangible, une chose dont j'ai besoin presque malgré moi, et maintenant plus que jamais, car si je devais perdre sa confiance en plus de tout ce que j'ai déjà perdu, je crois bien que je ne serais plus vraiment capable de répondre de moi-même.
Il va falloir la jouer fine, il va falloir être brave et garder la tête haute, il va falloir que je me fie à mon intuition. Cette dernière m'a parfois rendu de fiers services, après tout, alors rien n'est impossible. Et je veux penser que nous sommes capables de prendre les bonnes décisions, celles qui permettront à cette situation, si ce n'est de se décanter, du moins de gagner ce sens qui lui manque encore et qui est, bien évidemment, indispensable à nos progrès... J'ai l'impression que nous avons reculé de plusieurs dizaines de mètres, mais je sais très bien que ce n'est pas ainsi que je dois penser, je sais pertinemment qu'à l'heure où je souhaite avant tout réagir, c'est agir qu'il me faut faire, qu'il nous faut faire : agir au mieux, en notre âme et conscience, avec le plus de bravoure possible.
-Je ne leur dirais que la vérité, je suppose qu'elle suffirait à inquiéter n'importe qui, je réponds quand il me demande de ne pas alarmer les voyageurs. Qu'il le veuille ou non, alarmés, ils vont l'être. Et vu la situation, je pense même que c'est une nécessité ou presque qu'ils le soient. Ne t'attend pas à ce que personne ne se démène pour te protéger.
Nous le ferons tous, je n'ai que des certitudes à ce sujet, et je pense pouvoir affirmer sans mal qu'aucun de nous ne verra les choses d'une autre manière. Et je n'ai pas l'intention d'empêcher ou de prévenir qui que ce soit d'agir en son âme et conscience si c'est dans l'intention de le protéger, lui. Tout ce qui est en mon pouvoir pour défendre ses intérêts, je le ferais. Sans l'ombre d'une hésitation.
-Ceci dit, je ne dirais pas non à un verre, en effet. Ou même à deux ou trois.
Tout le whisky pur-feu du monde ne calmera sans doute pas mon anxiété, mais je préfère rechercher l'apaisement où je pense possible de le trouver... dans un verre ou dans la compagnie de Christopher, oui;
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Christopher McDowell
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Je me contente de répondre par un léger soupir quand Henry m'assure qu'aux voyageurs, il se contentera seulement de dire la vérité, mais que cette vérité suffirait à inquiéter n'importe qui. Il a malheureusement raison. Mais même si moi aussi je m'inquiète, je dois me raisonner. Je dois leur faire confiance. Je leur ai fait confiance jusqu'ici, ce doit continuer d'être le cas. Peut-être ne prendront-ils pas la meilleure décision, mais le fait est qu'il n'y a pas réellement de bonne décision dans la situation présente. Il faut seulement savoir agir en son âme et conscience et espérer que cela suffira. Même si je n'aime pas penser égoïstement, il est certain qu'il faut que je m'occupe de mon propre cas.
Et ici et maintenant, j'ai surtout envie d'enterrer un peu le merdier dans lequel je me trouve. Oublier un instant que je ne sais pas, définitivement pas, comment je vais me dépêtrer de tout ça. En effet, je ne dois pas m'attendre à ce que personne ne se démène pour me protéger. Je le constate, je le vois tous les jours. Je ne suis pas seul. J'ai la chance infinie de ne pas être seul, et dans ces circonstances spécifiques, j'obtiens plus de soutien, même, que ce que je crois mériter.
Je ne dis rien à ce sujet. Je suis reconnaissant, je devrais peut-être le dire, mais je ne pense pas avoir besoin de le verbaliser pour que Henry le comprenne. Oui, j'ai une chance incroyable de l'avoir. Ce n'est pas quelque chose que j'apprends ou qu'il m'apprend, même si je ne le verbalise pas assez. Je n'ai jamais trop verbalisé ce genre de choses.
Je hoche la tête quand il affirme qu'il ne dira pas non à un verre. Ou plus. Je crois que ça fait bien une petite éternité que je ne me suis pas mis la tête à l'envers à cause de l'alcool. Mais c'est une raison de plus de changer ça. Je veux m'embrumer l'esprit, noyer mon cerveau et mes pensées dans un bain d'hydromel. Sitôt demandé, sitôt fait, je sors deux verres d'un placard et une bouteille que je réservais pour une grande occasion. J'ignore si celle-ci est grande, mais c'est vraiment une occasion. Une occasion à laquelle je ne peux échapper. Je lui tends son verre, m'installe à côté de lui. Nos verres cognent l'un contre l'autre.
-A notre avenir incertain.
Henry Fitz
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esquisse un fin sourire tout en laissant mon verre tinter contre le sien et en reprenant les exacts mots qu'il prononce. A notre avenir incertain, oui, c'est sans doute la chose, ironiquement, la plus certaine, à laquelle nous puissions trinquer tous les deux. Songeur, je trempe mes lèvres dans mon verre. Je ne sais pas si boire nos émotions négatives va nous mener où que ce soit, mais je reconnais que le goût du whisky pur-feu contre mon palais n'est pas déplaisant... c'est déjà ça, pas vrai.
En ce qui me concerne, je pense que j'avais effectivement besoin de ça : d'un bon remontant histoire de me remettre de tout ça. Ou pas de me remettre, non, mais du moins de nous autoriser une parenthèse dans nos vies agitées. J'ignore combien seront lourdes les répercussions sur Christopher, ou même sur moi, j'ignore si on nous laissera le bénéfice du doute, j'ignore si nous retrouverons Pomona, j'ignore si nous serons capables d'aider les voyageurs temporels, j'ignore si nous nous sommes engagés dans un combat au fond perdu d'avance ou si nous avons la moindre chance de rencontrer la moindre marge de progrès.
C'est bien simple, au fond. Je ne sais absolument rien. Et si l'incertitude peut être grisante parfois, elle est surtout vertigineuse à l'heure actuelle. Je me la serais bien épargnée. Mais je vous le donne en mille : on ne me demande pas mon avis, pas plus qu'on ne consentira sans doute à entendre celui de Christopher non plus : c'est ainsi.
-Parfois, j'ai envie d'être lâche et de partir, de décider que ça ne me concerne plus et de juste... prendre le large, je reprends un fois mon verre bien entamé. En quelques gorgées seulement, j'en ai vidé près de la moitié, déjà prêt à me resservir. On devrait y penser, je reprends sans être sérieux. Partir et se faire oublier.
Bien sûr que c'est impensable et que je dis ça sans le penser. Nous avons nos responsabilités, et nous les honorerons quoi qu'il advienne. Mais il faut tout de même admettre que la perspective est assez séduisante. Je me verrais bien m'isoler de tout ce merdier. Je n'aurais pas besoin de grand-chose. Je n'aurais pas besoin de grand-chose si Christopher me suivait, en vérité.
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Christopher McDowell
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L'alcool délie les langues, il faut croire. L'alcool ou l'accumulation d'emmerdes qui fait qu'au bout d'un moment, plus rien ne semble avoir d'importance, y compris les vérités que l'on garde parce qu'elles nous feront passer pour défaitisme. Le discours de Henry ne m'étonne pas en soi, mais je ne m'attendais pas forcément à ce qu'il prononce de tels mots pour autant. Parce que ce n'est pas son genre, ce n'est pas notre genre. On ne fuit pas. On ne fait pas ça. Pas parce qu'on n'en a pas envie, mais parce qu'on attend autre chose de nous, et on a fini par admettre qu'il fallait effectivement s'y tenir.
Mais le besoin qu'Henry a de s'évader n'est pas nouveau dans le fond, ce n'est pas la première fois qu'il donne à le constater, en tout cas. J'avais déjà pu le remarquer pour ma part, pour le nombre de fois où il s'aventurait à travers le monde. C'était pour y puiser son inspiration, dans l'optique de donner plus de matière à ses romans, bien sûr, mais il y a souvent eu quelque chose de la fuite en avant dans sa démarche. Jamais le genre de choses dont on ait parlé tous les deux, mais on le savait quand même, aussi bien lui que moi d'ailleurs.
-Tu ne le penses pas vraiment, je réponds simplement avec un léger sourire au coin des lèvres avant de vider mon verre pour aussitôt le reremplir.
Je ne relève même pas quand il évoque le fait que cette fuite en avant devrait se faire à deux. Il n'y a rien à relever. Ce serait logique, ce serait tentant. Pour tout dire, ce serait même assez... tentant ? Oui, tentant. Mais absurde aussi, et surtout inenvisageable dans les circonstances actuelles. Il nous faut considérer cette situation non sans pessimisme, mais avec un semblant de pragmatisme tout de même, le genre de pragmatisme dont il serait tentant de manquer dans des circonstances qui paraissent vouloir nous desservir peu importe l'énergie que nous consentirons à déployer à son service.
-Mais on devrait... y penser. Pas maintenant, évidemment. Mais quand tout sera fini.
Sauf que ce serait présumer du fait que ce sera fini un jour, et ce n'est pas prêt d'être le cas. Si je vis suffisamment longtemps pour connaître le fin mot de cette histoire, ce sera déjà bien. Et j'en doute de plus en plus.
Henry Fitz
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on, je ne le pense pas vraiment. Je n'ai pas encore suffisamment bu pour ça, je crois bien, mais même si je ne le pense pas, parce que l'option n'est tout bonnement pas envisageable en l'état, je ne prétendrais pas qu'elle ne me fait pas de l'oeil, elle m'en fait... C'est logique, pas vrai ? Dans une situation aussi oppressante et inextricable, c'est sans doute humain de vouloir prendre la fuite. Et à l'heure actuelle, Christopher est la seule personne - en dehors de Pomona, mais c'est une autre affaire - que je serais totalement incapable de laisser derrière moi. Ni maintenant, ni plus tard. Après tout ce que nous avons vécu, c'est impossible, inconcevable. Donc même si je ne le pense pas vraiment, j'y pense peut-être quand même un peu.
Je reremplis mon verre tandis que Christopher prend à son tour la parole, et je constate que l'idée a aussi fait un petit bout de chemin dans son esprit. Peut-être qu'on devrait forcer un peu moins sur le whisky pur-feu... d'un autre côté, si on doit s'en abstenir maintenant, alors quand, hein ? La situation est suffisamment désespérée pour autorisée les dérives. Quand les impasses que créent nos esprits se métamorphosent et offrent une issue... une issue que je commence à entrevoir tout doucement, qui m'intrigue et m'inquiète tout en même temps.
-Quand tout sera fini..., je répète avec un fin sourire qui en dit long sur ce que j'en pense, et qui s'épargne de le verbaliser plus concrètement.
Ce ne sera jamais fini... ou si ça doit finir, ce ne sera sans doute pas d'une manière qui nous enchantera, ni lui ni moi. Il y a peu de chance en tout cas. Non, ce ne sera jamais fini, mais au moins, dans ce dédale, on ne se perd pas de vue, et c'est... beaucoup. C'est beaucoup plus que ce que d'autres possèdent. Encore faut-il accepter d'en concevoir la réalité droit dans les yeux, et ça, c'est une autre paire de manches. Je crois vraiment que l'alcool me monte à la tête. Je me sens cotonneux... ça fait... du bien. J'agrippe son poignet sans trop savoir ce que je fais, ma main serre la sienne, prise sur le réel. La réalité de cet instant.
-Tu peux me le promettre ?
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Christopher McDowell
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Quand tout sera fini... Rien ne sera jamais fini. C'est à la fois un constat cruel, mais presque un peu réconfortant, parce que ça évite de penser à l'après, cet après qui n'existe pas, et dont les perspectives sont forcément angoissantes et vertigineuses. Séduisantes aussi, par certains aspects. C'est plus simple d'imaginer qu'on vit un cycle duquel on ne s'extirpera jamais, à courir en rond encore et encore, et à sentir que l'on s'essouffle, et qu'à force de courir, on est peut-être passé à côté de quelque chose, de quelque chose qu'on n'a pas forcément voulu reconnaître au premier regard, mais qui a toujours été là, bien présent, à nous attendre aux encablures.
C'est compliqué... Je fais face à tellement d'émotions nombreuses et contradictoires en même temps, encore aggravées par mon taux d'alcoolémie qui augmente, doucement mais sûrement, que j'ai du mal à faire le tri entre ce que je dois, ce que je peux, ce que je veux. C'est presque plus simple, plus rassurant, de se fermer à toute perspective que d'envisager qu'il puisse y en avoir, peu importe leur nature. Qu'elles soient chaotiques, démoralisantes et angoissantes ou...
Je baisse mon regard sur nos mains soudain jointes, et ce geste me fait du bien, et je n'ai pas envie de songer au fait qu'il soit peut-être trop... trop quoi ? Intime, qui sait... Et en même temps, j'y pense. Le geste est intime. Et en fait, c'est exactement pour cette raison qu'il me fait du bien. La promesse, le geste, tout... C'est une chose sur laquelle je redoute de mettre des mots, et l'évidence ne laisse pourtant place qu'à un nombre restreint d'interprétation.
C'est comme une réponse naturelle à une question qu'il ne me pose pas directement mais que je pense deviner malgré tout. Dans ses silences, dans la manière dont son regard cherche à présent le mieux. Je relève les yeux vers lui, et mon regard se plonge dans le sien.
-C'est promis... Une esquisse de geste, puis je me ravise, et ma main lâche la sienne, presque trop brutalement, je me redresse presque d'un bond, comme dans un sursaut de... lucidité ? Je n'en sais rien... De crainte, plutôt, certainement. Je pense... que tu devrais y aller.
Je ne donne pas d'explications, et je me le reproche aussitôt. Ce n'est pas une manière de rompre ma promesse, mais de fuir un instant dont je ne suis pas encore prêt à assumer toutes les implications.
Henry Fitz
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l est des situations dont on perd le contrôle, des sentiments dont on néglige la teneur tant qu'ils ne nous sont pas si violemment agités sous le nez qu'il devient impossible d'en faire abstraction. Et nous y sommes. Ou en tout cas j'y suis. A me poser des questions que je ne m'étais jamais posées avant, parce que le naturel de chaque situation prenait le dessus sur l'improbabilité d'un ressenti que je n'identifiais.
Je n'ai jamais pris la peine de simplement mettre un pas de côté et de réfléchir tranquillement, posément, à ce que je pouvais bien ressentir pour Christopher... parce que cela semblait inutile de réfléchir à quelque chose d'évident. Mais était-ce si évident, finalement. Peut-être pas ? Cet instant a laissé place à une sorte d'ambiguïté que ni lui ni moi ne nous étions jamais autorisée. Sans doute pas par manque d'envie, sans doute plus au nom de ce que cette ambiguïté représenterait d'irrationnel. Pourtant, il y a des évidences qu'on ne peut pas fuir.
Jamais je n'ai entièrement considéré Christopher comme un ami, il a toujours été plus que ça, car mon affection à son égard a toujours transcendé celle que j'ai pu éprouver pour mes amis les plus proches. Alors quoi, quelque chose de fraternel ? Non... Un frère, j'en ai déjà un, et même si nous passons plus de temps à nous déchirer qu'à nous entendre, je n'ai jamais ressenti le besoin de le remplacer avec qui que ce soit. Non, ça n'a rien à voir, ça n'a jamais rien eu à voir. Mais c'est la première fois que je veux bien l'identifier pour ce que c'est, sans fausses excuses, sans interprétations erronées, sans faux semblant. Parce que pour la première fois, dans le trouble que Christopher manifeste, j'envisage une réciprocité à des sentiments sur lesquels je n'avais jamais mis de mots.
-C'est vraiment ce que tu veux ?
J'hésite un instant. Si les signes seraient peut-être plus simples à interpréter d'un point de vue extérieur, je ne veux pas m'y tromper, ou encore plonger Christopher dans un embarras total. Il a déjà bien assez de problèmes à gérer sans que ma seule existence lui cause également souci. Je suis supposé lui apporter des solutions, pas lui donner des problèmes supplémentaires. Mais je dois m'ôter cette pensée du système. Je me rapproche de lui, main glissée dans ses cheveux.
-Peut-être que je devrais rester.
Est-ce qu'on est fous ? Peut-être juste trop vieux pour se poser des question. Moi, je décide d'arrêter de m'en poser. Et je pose mes lèvres sur les siennes.
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Christopher McDowell
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Si c'est vraiment ce que je veux ? Je reconnais que la question se pose. Elle se pose d'autant plus que je suis bien incapable d'y donner une réponse certaine et cohérente. Je n'ai pas la moindre idée de ce que je peux bien vouloir. Il y a des questions que je ne me suis jamais posées, et que je ne pensais jamais devoir me poser, et maintenant, ça m'arrive en pleine figure, et je ne sais absolument pas ce que je suis supposé en faire. C'est désarmant en diable, et chose qui n'arrange rien, le trouble est des deux côtés, à la différence près que Henry se montre moins frileux, plus entreprenant. Sans doute parce qu'il lui a fallu moins de temps qu'à moi-même pour admettre cette évidence qui réussissait à être à la fois absurde et flagrante, qui l'eut cru ?
Il se rapproche de moi, et je réalise que je retiens mon souffle. Je l'avais à peine réalisé, et c'est pourtant le cas. C'est comme si le temps s'était arrêté. Ou plutôt, ce qui contrôle généralement les rouages de mon être. Mon corps oublie comment respirer, mon coeur oublie de battre. Et il ne s'écoule sans doute qu'une fraction de seconde, pourtant, elle m'a l'air de durer une éternité, alors qu'il passe une main dans ses cheveux avec douceur. Je ne sais pas s'il m'avait déjà adressé ce genre de sourires. Peut-être bien que oui. Je serais bien incapable de le dire, je suis bien incapable d'affirmer quoi que ce soit à l'heure qu'il est. Tout ce qui m'arrive me dépasse, et de très loin. Et je suis presque reconnaissant envers mon fidèle et loyal cerveau de bien vouloir s'éteindre, pour une fois. Réfléchir est la pire chose que je puisse faire à l'heure actuelle.
C'est tout ce que je ne contrôle autrement pas qui prend alors le relai. Ses lèvres qui se joignent aux miennes, et je lui rends son baiser, et mon cœur se rappelle comment battre. Et... Je me sens... bien ? Les doigts logés au creux de son cou, je laisse aux secondes le soin de défiler sans plus les compter. Je ne sais pas combien de temps s'écoule avant que finalement, je m'éloigne. Pas de beaucoup, certes, mais suffisamment pour que mon souffle se dépose sur son visage.
-Je crois que j'ai besoin d'un peu de temps pour... réfléchir à tout ça.
C'est nouveau pour moi, et désarmant. J'ai besoin de poser des mots, une réflexion, sur mes émotions, et j'espère vraiment qu'il le comprend.
Henry Fitz
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QUI SUIS-JE? Baguette: Meurisier, ventricule de dragon, 31 cm Camp: Neutre Avatar: Tom Hanks
ignore combien de temps s'écoule au cours duquel tout s'éclipse. J'ai l'impression qu'il n'existe plus de temps, plus d'espace, je n'ai jamais vécu ça. Des sensations que j'ai bien souvent décrites, dans les moindres détails, dans mes livres, des sensations que j'ai cru éprouver, des émotions qui ont été esquissées, oui, mais pas ainsi. C'est peut-être parce que nous nous connaissons depuis presque toujours, ou parce que nous avons partagé des épreuves qui ne pouvaient que nous rapprocher. Dans tous les cas, cet instant est fort, cet instant est unique, et je ne peux m'empêcher d'y penser, de m'y perdre. Mais tout a une fin.
J'ignore si ce baiser a duré quelques secondes, une longue minute... Le temps n'a pas d'importance, le temps ne compte pas, et j'aurais bien aimé qu'il se suspende encore un peu. Mais le retour à la réalité est nécessaire, et dans le regard de Christopher, je vois absolument tout son trouble. Je ressens bien qu'il a besoin de temps, de plus de temps que moi, certainement.
Comme si sa vie n'était pas suffisamment bouleversée comme ça, j'en rajoute une couche... Son discours n'est pas forcément celui que j'avais envie d'entendre. En revanche, c'est un discours auquel je m'étais à l'évidence attendu. Il est logique que ce ne soit ni naturel, ni fluide... nous nous embarquons sur un territoire complètement inconnu. Il est normal que ça l'intimide. Plus que logique, même. Nous ne pouvons pas mettre de côté toutes les difficultés que cela implique. Je pousse un léger soupir, mais je l'accompagne d'un fin sourire.
Mes doigts effleurent sa joue non sans une certaine tendresse. Il peut prendre tout le temps qu'il faudra. J'espère seulement que ça ne fera que marquer le début de quelque chose, et non sonner le glas d'une longue histoire d'amitié avant d'être quoi que ce soit d'autre. Je ne supporterais pas qu'il se détourne de moi.
-Bien sûr, je comprends, je réponds presque dans un souffle. Et au fond, même si je me montre plus sûr que lui en cet instant, moi aussi j'ai besoin d'y réfléchir. Je vais y aller. Prends tout ton temps. Je lui adresse un fin sourire, que j'espère léger. Tu sais où me trouver, pas vrai.
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