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amocles avait habituellement des larbins pour lui ramener son café et lui permettre de rester cloîtrer dans ses bureaux, loin du monde et du bas peuple. C’était l’un des avantages à être responsable, tous les laquais, et le goût du pouvoir (et surtout le goût d’être tranquille). Etre responsable, aussi jeune, ne l’avait pas rendu particulièrement fier puisqu’il savait que c’était dû au copinage et à la force de son nom. Le copinage et la corruption étaient partout au Ministère, les familles de sang-pur tiraient depuis la nuit des temps les ficèles de la politique et tous les gallions tournaient autour d’eux. Des gallions que Damocles se hâtait de faire fructifier avec des échanges commerciaux et contrats avantageux pour le pays et lui-même. Ainsi était l’ordre des choses, les sang-pur en haut de la société, les autres se contentant des graines qu’on voulait bien leur laisser… Et quelques exceptions, quelques erreurs, ce Ministre, cette femme (qu’elle blague, une femme au pouvoir, le pays courrait à sa perte), cette sang-mêlé. Damocles avait hâte que les Mangemorts prennent le pouvoir et que l’ordre revienne.

Il sortait d’une réunion avec quelques potentiels partenaires commerciaux étrangers, et d’décide de s’arrêter prendre une boisson chaude en passant. Sauf qu’on vient l’interrompre. Il fronce les sourcils à Charlus Potter, qu’il connaissait peu, contrairement à sa diabolique femme, et a un sourire sardonique à ses mots. Une petite crise de jalousie, ridicule, vraiment. Se rendait-il compte qu’il entachait son nom en se comportant comme ça en public ?

« Potter. Je crains qu’il n’y ai un malentendu. » Il se pennche vers lui, comme pour le mettre dans la confidence. « Je ne lui ai jamais rien fait qu’elle n’a aimé. »

Ce qui était, à vrai dire, totalement honnête, pour une fois. Damocles avait eu trop peur que sa vie à Poudlard devienne insupportable, s’il contrariait la princesse Black. A l’époque, il avait compris que faire croire aux autres qu’on leur donne ce qu’ils veulent… était le meilleur moyen de survivre.
Mais il ne pouvait pas s’empêcher de chercher Charlus quand même, il n’aimait pas la famille Potter.

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l avait réagit dans la provocation, quelque peu amusé par le toupet de Charlus Potter, d’oser le chercher en public pour l’accuser de chercher à séduire sa femme. Il n’avait aucune honte, et si quelqu’un devait perdre dans cette altercation, c’était Charlus… D’autant plus qu’il avait mal choisi son moment pour s’attaquer à Damocles, au bord de l’implosion depuis qu’Ines lui avait mis un râteau… Le jeune sang-pur était furieux, humilié, et n’allait plus laisser passer aucun écart contre sa personne. Pour qui se prenait Charlus, à venir l’afficher de la sorte, sans subtilité et sans aucunes preuves ? Sa jalousie était ridicule.

Damocles s’éloigne légèrement après avoir parlé, admirant avec un air détaché et toujours aussi aimable l’effet de ses mots sur Potter. La colère à peine contenue, il réagissait comme un chien à qui il venait de lancer un os trop gros pour être réel… Dorea n’avait certainement pas tiré la gros-lot. Mais quoi qu’il en dise, qu’importe à quel point il se pliait en quatre avec la Black, il n’avait jamais imaginé même une seule seconde l’avoir dans son lit. Son caractère l’insupportait au plus haut point, même s’il n’en montrait rien. Il ne voudrait pas d’une femme qui se pensait supérieure à lui. Non, contrairement à Potter, Damocles n’était pas soumis, merci bien. Il voulait une femme comme Ines, parfaite. Contrairement à ce que Dorea semblait penser, elle en était loin.

Le ton patriarcal de Charlus fait froncer les sourcils à Damocles, et étirer un peu son sourire. Les deux sang-pur ne pouvaient certainement pas se battre en public, ni même en privé, pas sans entacher leurs réputations. Damocles avait passé beaucoup de temps à bâtir la sienne, d’un homme honorable, et il ne briserait pas ça pour la crise de nerf d’un mari jaloux. Mais il n’allait pas juste reste les bras ballants alors que Charlus l’insultait. S'il ne pouvait pas lui lancer de doloris comme sa main le démangeait de le faire, il pouvait utiliser une autre arme... Ses mots.

« Un conseil- » ajoute-t-il avec une voie doucereuse en réutilisant les même mots que le sang-pur avait eu pour lui « -reste à ta place, retourne dans les jupons de Dorea, et laisse les hommes travailler. » Il croise les bras sur son torse, et le toise : « Être au petit soin pour ta chère épouse doit mieux te contenter que de venir insulter comme un rustre mon honneur, non ? »

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amocles n’avait jamais aimé Charlus Potter. Trop faible, trop tendre trop… dégénéré, pour un sang-pur. Les Black étaient réputés pour faire des enfants de caractère, qu’importe leur sexe, et c’était bien une raison pour laquelle il préférait se tenir loin d’eux… Même si une alliance maritale avec la famille Black était bien sur un vrai honneur. Mais la vieille famille avait son lot de squelettes dans le placard, alors Damocles préférait la prudence… D’autant plus qu’il insistait pour être en contrôle au moins dans son couple, puisque pour tout le reste il était soumis à son père, ses supérieurs, son Maître… Alors il n’allait pas prendre une femme qui se croirait maîtresse de son monde, non merci. Certes certains pouvaient penser qu’Ines était comme ça, capricieuse comme elle était, mais il connaissait depuis longtemps et pensait qu’il était possible de la mater. Ines et Dorea avaient d’ailleurs, en y réfléchissant, des points communs ; mais cette dernière était mille fois pire, vicieuse et dangereuse. Non, Damocles n’avait jamais aimé Charlus Potter, mais jusque là il n’avait eu aucune raison de le détester, de lui en vouloir personnellement. Jusque-là, il pensait qu’il ne méritait pas son nom, sa femme (même s’il compatissait un peu, ça devait être infernal, une Dorea au foyer)… Mais il ne le détestait pas.

Ça venait officiellement de changer. Charlus venait le provoquer et l’accuser en public. Tenter de le prendre de haut avec sa ridicule répartie et sa pitoyable jalousie enfantine. (pensait-il alors que lui-même crevait de jalousie et d’envies meurtrières envers Daniel -mais c’était une autre histoire, et au moins lui avait de vraies raisons). Damocles retient à peine l’ampleur de la colère et du mépris qui le prend quand Charlus tente sans vraiment réussir à le prendre de haut. Ridicule. Impardonnable. S’il avait été sa femme il aurait sans aucun doute été voir ailleurs depuis longtemps, vu sa mollesse.

« C’est amusant. Tu n’arrêtes pas de parler de “ma place” mais, c’est comme d’honneur, tu n’as pas l’air de réellement savoir de quoi tu parles. Peut-être parce que tu manques des deux. » rétorque-t-il en laissant transparaître le dédain dans son ton moqueur. « Alors vas-y, éclaire ma baguette, qu’est-ce que « ma place », selon toi ? Ailleurs qu’entre les cuisses de ta femme ou tu sembles m’avoir longuement imaginé, ce qui est ma foi quelque peu suspicieux. » Le rictus qu’il arbore est particulièrement sombre.

Il pouvait intérieurement s'avouer qu'il avait plus peur de Dorea que de Charlus. Ce qu'il ne dirait évidemment jamais à haute voix, c'était bien trop honteux de craindre plus une femme... Mais bon, Dorea était selon Damocles redoutablement dangereuse, elle cachait juste bien son jeu. Et Charlus était un idiot pour tomber dans le panneau. Dans tous les cas, même si la stature de Charlus pouvait sembler assez impressionnante au premier coup d’œil, son manque de charisme et de venin lui empêchait d’être réellement intimidant. Si bien que Damocles, toujours si soumis à l’autorité, n’hésite pas à pousser l’homme dans ses retranchements, comme s’il était une cible de tir tombée du ciel pour extérioriser sa frustration de ces derniers temps. Foutues mégères, toutes ces femmes. Son fils ne savait vraiment pas la chance qu’il avait d’avoir un père qui allait à tant d’extrémités pour lui trouver une mère convenable.

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