C'est le 8 septembre 1931 que naît la petite Octavia, au sein de la très respectée et respectable famille Yaxley, déjà bien nombreuse. Elle ne se souvient pas de grand-chose au sujet de sa prime enfance (logique, en même temps), mais elle se souvient de la tendresse de sa mère, de l'omniprésence de Darius, de moments de complicité avec les jumelles, Gaïa et Marciana. De ses deux frères aînés, Tibérius et Thaddeus, elle mettra plus de temps à se sentir proche. Les deux sont déjà des adultes, alors, et elle ne parvient pas à nourrir avec eux des liens aussi forts qu'avec les trois autres, du moins pour commencer, elle ne les aime pas moins profondément. Dorlotée par sa mère, elle ne souffre pas de l'absence du père, partiellement présent, toujours accaparé à de plus hautes affaires. A ses yeux, c'est normal, et elle n'envisage pas qu'un père soit supposé accorder autant de temps et d'affection à son enfant qu'une mère. Ce n'est pas son rôle.

Petite déjà, elle affirme un caractère capricieux et indépendant. Quand ses sœurs et son frère rejoignent Poudlard, la laissant seule ou presque dans la grande demeure des Yaxley, elle ne trouve pas le temps de s'ennuyer. L'éducation stricte et élitiste qui lui est accordée ponctue ses heures, mais elle se trouve suffisamment de temps libre pour s'occuper à sa manière, son jeu préféré de l'époque étant de martyriser l'elfe de maison familial au gré de ses fantaisies. Et quand il s'agissait de faire preuve de cruauté envers la pauvre créature, l'imagination ne manquait jamais.

Octavia savoure son statut de petite dernière, qui lui donne le sentiment d'être une princesse, d'être unique. Aussi quand, peu de temps après ses six ans, sa petite sœur, Pulchra, vient au monde, elle le vit très mal. Dans un premier temps, elle lui fait vivre une misère, au grand soulagement de l'elfe de maison, que la petite sœur remplace presque aussitôt. La petite devient son souffre-douleur attitré, et Octavia ne lui épargne vraiment rien. Et malgré ça, Pulchra ne sait regarder sa grande sœur qu'avec des étoiles dans les yeux. Elle la porte aux nues. Aujourd'hui, la dynamique de leur relation a fort heureusement évolué. Si Octavia continue d'en faire voir de toutes les couleurs à Pulchra, elle a appris à l'aimer, et elle est bien la seule personne au monde à avoir le droit de lui chercher des noises. Quiconque d'autre s'y risquerait aura affaire à elle.

C'est autour de ses sept ans et demi (le "demi" compte à cet âge) qu'Octavia confirme à tous son statut de sorcière. C'est une fois de plus le pauvre elfe qui en fait les frais, alors qu'Octavia lui crame littéralement les oreilles sans allumer la moindre allumette. Depuis, la créature est à moitié sourde. Et le pire, c'est qu'Octavia en est fière.

A partir de là, la jeune fille n'a qu'une hâte, et c'est de rejoindre Poudlard à son tour. Et enfin, le premier septembre 1942, elle rejoint la célèbre école de magie. Le choixpeau exauce d'office son souhait de rejoindre la maison serpentard, la seule qu'elle estime digne de l'accueillir - et le choixpeau n'hésite pas spécialement, au passage. Il ne faut pas longtemps pour qu'elle prenne ses marques parmi les vert et argent. Elle sait ne pas se faire marcher sur les pieds, et surtout, elle sait marcher sur ceux des autres. Elle se constitue très rapidement une clique de camarades, tous de sang pur, bien sûr, et elle se sent clairement dans son élément, véritable reine des abeilles, prête à piquer quiconque chercherait à la détrôner. Elève médiocre mais bien entourée, elle sait amadouer ses professeurs, et notamment Slughorn qui, conquis par son nom, lui accorde d'intégrer son fameux club.

Sa première année n'est pas une année comme les autres. Cette année-là, la chambre des secrets est ouverte. Beaucoup d'élèves s'inquiètent, beaucoup de professeurs s'alarment. Pas Octavia. Sa seule crainte est que l'école ferme, mais c'est avec une folle impatience qu'elle attend de voir la promesse de Salazar Serpentard être exaucée par son héritier. Après tout, elle-même n'a rien à redouter. Mais tout cela se conclue sur une note amère. Rubeus Hagrid ? L'héritier de Serpentard ? Ce serait lui qui aurait tué cette grognasse de Myrtle ? Elle ne comprend pas... Elle ne veut pas attribuer à un stupide demi-géant le mérite d'un tel haut fait.

La Justice semble donner raison à son incompréhension, Hagrid est finalement relâché. Elle trouve risible le comportement de ceux qui s'imaginent vraiment qu'il puisse être coupable, mais jamais elle ne prendra sa défense... le scandale, le concernant, c'est qu'on l'ait laissé mettre un pied à Poudlard en premier lieu. Octavia a beau adorer Poudlard, force lui est de constater que l'école manque singulièrement de standards. L'idée initiale du fondateur de sa maison semble manifestement la meilleure. Il ne faut pas s'étonner que les sangs de bourbe pullulent quand on considère naturel qu'ils puissent avoir accès à la même éducation qu'eux. Octavia, oui, a pour tous ceux qui ne sont pas de sang pur une aversion profonde.

Enfin, presque tous. Mais quand naît sa fascination pour Tom Jedusor, et même encore aujourd'hui, elle ne saurait envisager que le jeune homme, en dépit de ses origines ô combien floues, puisse être autre chose qu'un sang pur, lui qui en porte la voix mieux que n'importe qui d'autre. Il se murmure très vite, dans le confort de la salle commune des Serpentards, qu'il serait le véritable héritier de Salazar. Et elle le croit.

Octavia n'appartiendra pourtant jamais à son groupe, elle ne connaîtra pas l'âge d'or des chevaliers de Walpurgis, destinés à devenir les mangemorts. Elle est trop jeune, alors, et ses tentatives (nombreuses) pour être remarquée du mage noir resteront sans réponse jusqu'à ce qu'il quitte Poudlard.

Ce n'est pas pour autant qu'Octavia ne souhaite pas persévérer. C'est même tout l'inverse. Quand le terme de mangemorts commence à circuler, quand la marque des ténèbres devient un symbole connu de tous, elle est plus que jamais certaine de vouloir en être. Elle veut se faire remarquer, faire savoir son aversion du sang impur. Elle se dit que de la sorte, l'un des sbires du seigneur des ténèbres finira par focaliser son attention sur elle. Elle veut qu'on la trouve, elle veut prouver une fois de plus qu'elle est incomparable, unique. De violences verbales en violences physiques, elle devient de plus en plus virulente envers ceux qui ne méritent pas selon elle leur place à Poudlard. Ou ailleurs... Mais ses "faits d'armes" restent un temps anecdotiques. Il manque quelque chose, un déclic.

Elle ne s'attendait pas à ce que ce déclic puisse être la mort de son père. En fait, elle ne s'attendait pas à ce que son père puisse mourir. Ils n'avaient jamais été très proches, mais il était pour elle cette sorte d'entité invincible et inébranlable. Un homme comme son père, ça ne meurt pas. Découvrir que son père était mortel la fait soudain s'interroger sur sa propre mortalité. Et il en réside un sentiment de vide absolu. Son père lui manque. Son absence lui fait mal. Pourtant il a toujours été plus ou moins absent. Elle n'arrive pas à l'expliquer, mais c'est juste le cas, et bon sang ce que c'est douloureux.

C'est métamorphoser cette douleur qui l'encourage à plus de cruauté. Il est temps que les choses évoluent, il est temps qu'elle gagne le camp qui est le sien. Elle n'a aucun regret concernant ce qu'elle a fait subir à Joan Greene-Colton. Elle éprouve même une certaine satisfaction à savoir que cette dernière a fini par cracher le morceau (elle le paiera cher). Bien sûr, elle n'a pas envie de se faire coincer, en revanche, elle a envie qu'on la reconnaisse. Son petit coup d'éclat a laissé une impression suffisamment marquante pour qu'elle ait droit à son propre article dans la Gazette, qu'elle conserve précieusement dans son journal. Elle aime l'idée de faire parler d'elle. Et ce n'est qu'un début.