Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Andromeda n’avait pas grand-chose à faire de ses journées, d’une manière générale. Elle n’était pas mariée, donc aucun époux à s’occuper, ni intérieur puisqu’elle vivait encore avec ses parents. Elle n’avait pas d’emploi, et n’était pas question qu’elle en ait un non plus. Donc elle s’ennuyait rapidement. Même si elle sortait de chez elle, être sans cesse confrontée à la magie lui rappelait méchamment qu’elle en était totalement incapable, contrairement à ce qu’elle laissait croire à tout le monde sorcier.

Andromeda mentait à tout le monde depuis une dizaine d’années maintenant, tout le monde n’y voyait que du feu, et elle espérait que les choses allaient rester ainsi. Elle n’avait aucune envie que certains aient des doutes, alors elle faisait tout son possible pour ne pas commettre d’impairs, mais ce n’était pas toujours évident. Mais maintenant qu’elle s’était enlisée dans ce mensonge, elle n’avait aucun moyen de revenir en arrière, c’était beaucoup trop tard, sa vie toute entière, ses relations, sa famille… ils tenaient tous à ce mensonge.

Il y avait bien quelques personnes qui étaient au courant de cela, et elle devait bien admettre que c’était parfois apaisant, de ne pas avoir besoin de mentir. Toute sa famille était au courant, mais ce n’était pas la même chose, de plus qu’elle sentait qu’ils avaient tout de même un peu honte, et elle était sous pression à chaque fois puisqu’ils craignaient que la supercherie soit découverte. Elle y était habituée, mais pouvoir agir « normalement » était tout de même reposant, et elle appréciait passer du temps avec ces personnes.

Arabella en faisait partie. La jeune femme était une cracmole comme elle, mais à son instar, elle l’assumait totalement. Ce n’était pas quelque chose qu’Andromeda lui enviait, parce qu’elle ne pourrait vivre avec le mépris de tout un monde, et le rejet d’une société, elle ne pourrait pas, mais elle respectait cependant le courage de son amie.

Quoiqu’il en soit, même si elles étaient différentes sur leur façon de gérer leur nature, elles étaient tout de même amies. Et Andromeda était bien contente de pouvoir palier à son ennui quotidien en présence d’une personne qu’elle appréciait, ce qui était le cas avec la jeune femme. Cela faisait un moment qu’elle l’attendait, mais elle ne doutait cependant pas qu’elle allait finir par arriver.

-Salut, désolée du retard, petit contretemps félin ! Tu vas bien ? Tu as déjà commandé ?

Andromeda lui adressa un petit sourire, pas du tout énervée par son retard. Ce n’était pas la première fois dans tous les cas, entre Arabella et ses chats, c’était toute une histoire, mais elle devait bien admettre que toutes ces boules de poils étaient bien heureuses de se faire dorloter par Arabella, elle avait pu le constater en allant chez elle. Il fallait juste ne pas être allergique aux poils de chat.

« Je vais bien, mais j’ai presque cru que tu m’avais oubliée. Non, je n’ai pas encore commandé, je t’attendais. »

black pumpkin

Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Andromeda n’était absolument pas en train de réprimander son amie. Cela ne la dérangeait absolument pas de patienter quelques minutes supplémentaires. Elle n’était pas pressée, n’avait rien de particulier à faire, alors elle pouvait bien patienter. Tout comme elle-même pouvait arriver en retard aussi, cela arrivait à tout le monde. Et elle ne comptait pas faire une scène, ou quoique ce soit du genre. Et puis, elle avait appris à être patience, vu la vie qu’elle avait eue jusqu’à maintenant, elle avait beaucoup attendu que le temps passe. Surtout durant la période où elle était « enfermée » chez elle, à faire croire qu’elle étudiait dans un autre pays.

Mais Arabella était là maintenant, et elles allaient pouvoir passer un agréable moment maintenant. Elle n’en doutait pas un seul instant. Elle avait toujours passé d’excellents moments en compagnie de son amie, alors il n’y avait aucune raison pour que cela ne soit pas le cas cette fois-ci. C’était toujours agréable de passer du temps en compagnie d’Arabella, puisque cette dernière était cracmole, et donc elle pouvait comprendre (en partie) ce qu’elle vivait au quotidien.

-Bon, dans ce cas, c'est moi qui offre, pour me faire pardonner.

Elle lui offrit un petit sourire. En réalité, elle n’avait aucune raison de se faire pardonner. Andromeda ne lui en voulait absolument pas, et elle espérait que son amie avait compris que sa phrase n’était qu’une plaisanterie. Mais Arabella n’était pas le genre de femme à prendre les choses au premier degré, elle en savait quelque chose. Elle la connaissait bien depuis le temps, alors il n’y avait pas de raison. Dans tous les cas, elle pouvait bien la laisser payer le premier verre, Andromeda se chargerait du suivant.

-Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ?

Quoi de neuf, quoi de neuf… pas grand-chose, malheureusement. En même temps, Andromeda ne voyait pas ce qu’il pouvait se passer dans sa vie, vue sa situation. Elle ne voulait pas paraître pessimiste, ou de mauvaise foi, mais elle ne pouvait pas non plus s’inventer des évènements qui n’avaient jamais eu lieux. Elle n’avait pas envie de mentir à Arabella, même si c’était ce qu’elle faisait quotidiennement aves les autres.

« Oh tu sais, il ne se passe pas grand-chose dans ma vie, c’est toujours un peu la même routine. Et toi, comme ça se passe, entourée de tes boules de poils ? »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Andromeda aurait sincèrement aimé avoir des choses à raconter à son amie. Mais ce n’était pas du tout exagéré, quand Andromeda déclarait qu’il ne se passait rien dans sa vie. C’était le cas. En même temps, elle ne voyait pas ce qu’il pourrait vraiment s’y passer. La vie qu’elle avait aujourd’hui, c’était celle qu’elle devrait tenir jusqu’au bout, elle n’avait pas de solution d’amélioration. Ni même d’évolution. Si ce n’est aller vivre dans un autre pays où personne ne la connaissait, et où donc elle pourrait être elle-même sans crainte, mais elle se voyait mal quitter sa famille, ses amis et son pays… Andromeda y était tout de même très attachée.

-J'imagine qu'on peut dire que c'est la routine aussi.

La jeune femme lui adressa un petit sourire. Elle ne savait pas si Arabella connaissait vraiment la routine. Quoique, si sa vie pouvait avoir un brin d’originalité aux yeux des autres, pour elle, elle devait sembler parfaitement normale. En tout cas, son amie ne disait pas cela sur un ton plaignant. Elle avait l’air plutôt satisfaite que cela soit la routine. Et si cela lui convenait, c’était tant mieux. Andromeda appréciait beaucoup Arabella, et elle n’aurait pas du tout envie de la savoir mal, ou malheureuse. Elle ne se souvenait pas l’avoir déjà vu dans un tel état d’ailleurs, sauf quand il arrivait quelque chose à l’un de ses nombreux félins.

-Luther a attrapé le coryza, je sais pas comment, et l'a refilé à la moitié de mes bouts de chou, j'ai dû les séparer les temps de les guérir, ça a jamais autant miaulé chez moi, même moi ça a bien failli me taper sur le système. Sinon, les affaires stagnent un peu, ces derniers temps. Bizarrement, les gens sont pas trop d'humeur à adopter des bestioles, en ce moment. Je comprends pas pourquoi. Je connais pas meilleur remède à la morosité et à la peur que l'affection d'un matou.

Ah, que serait Arabella sans ses chats ? Andromeda ne le savait pas, mais elle devait bien avouer qu’elle trouvait cela vraiment attendrissant, l’amour que la jeune femme leur portait. Et elle ne doutait pas que c’était réciproque. Arabella semblait s’être trouvée une raison de vivre, une véritable passion, et elle en était vraiment heureuse pour elle. Même si cela devait demander beaucoup de travail, comme le lui faisait remarquer son amie, et que cela ne devait pas être simple tous les jours.

« Je ne doute pas que tu as géré la situation comme une chef. Je ne saurai pas vraiment te dire pourquoi les gens ne se bousculent pas pour en adopter, mais je sais que tu es très persuasive, et que tu sauras les convaincre qu’adopter un chat changera leur vie de la meilleure des façons. »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Si quelqu’un s’y connaissait en chats, et tout autre félin s’y apparentant, c’était Arabella. Andromeda l’avait déjà vue à l’œuvre, et elle avait vraiment ça en elle. Des bêtes un peu malades, c’était normal, surtout vu le nombre qu’elle abritait chez elle, mais elle était certaine qu’elle savait ce qu’elle devait faire, et comment gérer tout cela. En tout cas, elle admirait vraiment son amie, elle donnait beaucoup de sa personne pour d’autres êtres vivants, sans rien attendre d’eux. Mis à part peut-être de la compagnie, et un peu d’affection. C’était du vrai altruisme aux yeux d’Andromeda, et elle admirait ce trait-là chez son amie. Ce n’était pas donné à tout le monde, surtout dans leur milieu. Andromeda en savait quelque chose, étant donné qu’elle devait mentir à tout le monde sur ce qu’elle était vraiment. Mais bon, c’était comme ça. Elle était au moins heureuse de voir qu’il existait des personnes au grand cœur comme Arabella.

Andromeda n’était pas spécialement pessimiste de nature, mais il est vrai qu’elle n’était pas vraiment satisfaite du monde actuel. Les discriminations pleuvaient, et il n’était pas normal que certaines personnes se mettent à avoir honte d’elles-mêmes. C’était pourtant son cas. Elle avait honte de ce qu’elle était, et elle aurait aimé être comme le reste de sa fratrie. Elle aurait aimé pouvoir être une sorcière, et elle était certaine que c’était le vœu de tous les cracmols. La magie était une chose merveilleuse oui, mais autant elle bénissait parfois des moldus, autant elle maudissait certains sorciers. Ce n’était pas explicable, mais Andromeda était tout de même déçue que cela soit tombé sur elle.

-T’as sûrement raison. Bon alors, c’est la routine, tu me dis, mais même dans la routine il se passe parfois des choses intéressantes, pas vrai ? T’as peut-être fait des rencontres intéressantes, par exemple ? C’est pas que j’ai quelque chose contre le fait de parler de mes chats hein, mais on a sans doute mieux à se raconter.

La routine d’Andromeda n’était déjà en soit pas très intéressante, alors il était difficile de trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Elle ne faisait pas grand-chose de ses journées, et personne n’attendait rien d’elle. Elle était totalement inutile à cette société, et elle reconnaissait que parfois c’était pesant. Certes, elle passait du temps avec certaines de ses sœurs, elle vivait parfois un peu par procuration auprès d’elle, mais elle n’était pas totalement naïve, elle savait bien qu’elle en mettait certaines mal à l’aise, comme Ginevra. Andromeda savait que jamais elle ne lui laisserait ses enfants à garder, parce qu’elle était ce qu’elle était. Mais cela ne l’empêchait pas d’aimer sa grande sœur.

« Intéressantes je sais pas, mais j’ai recroisé mon ami d’enfance l’autre jour… ça m’a fait bizarre. »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Il est vrai que cela avait vraiment fait drôle à Andromeda de revoir Aaron dans ces circonstances. Il y avait plein de gens qu’elle avait quitté, sans avoir de nouvelles pendant des années, ou de la part de sa famille brièvement, puis qu’elle avait revu à l’âge adulte. Mais Aaron avait été un réel ami quand elle était enfant. C’était vraiment son ami d’enfance, et la séparation avait été très brusque, tous comme leurs retrouvailles.

Elle n’avait pas su déterminée s’il était en colère contre elle ou non, s’il lui en voulait ou pas. Elle avait surtout vu de la surprise chez lui, ce qui était plus que compréhensible. Elle aussi avait été surprise de le voir, mais peut-être que de son côté, Aaron s’était dit qu’ils ne se reverraient plus jamais. Sa famille avait donné quelques explications à droite et à gauche, mais cela ne faisait pas tout, surtout pour des enfants.

Quoiqu’il en soit, Andromeda avait été heureuse de le revoir. C’était comme retrouver une part de son ancienne vie, celle où elle était plus insouciante, où elle avait encore des rêves et des espoirs, et où elle n’était pas obligée de mentir, et où elle ne savait pas encore ce que serait sa vie d’adulte. Elle regrettait ce temps-là. Quand on pensait encore qu’elle était une sorcière, mais qu’elle avait un peu de retard, que ce n’était pas très grave. Avant que toute la famille se fasse une raison sur ce qu’elle était vraiment.

-Oh j'imagine ! Qui est-ce ? Tu ne l'avais pas vu depuis combien de temps ?

Andromeda excusait la curiosité d’Arabella, elle avait toujours été d’un naturel curieux, et la jeune femme savait qu’en commençant à lui parler d’Aaron, elle voudrait en savoir un peu plus. Ce n’était pas comme si c’était un secret. Elle doutait qu’Arabella connaisse Aaron, et même si c’était le cas, elle savait que la cracmole n’irait rien dire sur elle, ou alors rien qui pourrait la compromettre. Elle savait que sa nature était un secret qu’elle devait à tout prix protéger.

« Il s’appelle Aaron. Je ne l’avais pas vu depuis… une dizaine d’années. On était des enfants à l’époque, et pourtant, je l’ai reconnu tout de suite. »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Andromeda était contente de pouvoir parler librement à quelqu’un, sans avoir besoin de mentir, de se cacher, ou de réfléchir à ce qu’elle pouvait dire ou non, à comment elle devait le dire pour ne pas éveiller les soupçons. Avec Arabella, il n’y avait pas de faux-semblants, pas de mensonges, pas de couverture. Elle pouvait juste être elle-même, lui parler de ce qu’elle vivait, et de ce qu’elle ressentait sans crainte.

En l’occurrence, elle avait envie de parler de sa rencontre avec Aaron. Mine de rien, cela n’avait pas été anodin pour elle. Aaron avait été son ami d’enfance, elle avait passé des heures à jouer avec lui. La coupure avait été nette, et elle ne s’était pas attendue à le revoir comme ça. Elle s’était sentie bête, et coupable. Parce qu’il lui avait fait comprendre qu’il avait été quelque peu touché de ne plus avoir du tout de nouvelles d’elle. Malheureusement, elle n’aurait pas pu faire autrement. Elle n’aurait pas pu le contacter sans prendre le risque de mettre à mal sa couverture, tout comme elle n’avait pas pu lui dire la vérité, quand ils s’étaient revus.

-Le monde est petit.

Le monde sorcier surtout. Il était rare de ne pas connaître un peu tout le monde, surtout quand on fréquentait certains cercles, ce qui était le cas d’Andromeda. Elle avait toujours fréquenté le cercle très fermé des sang-purs, parce que sa famille était très respectée dans ce milieu, et on en faisait vite le tour. Toujours les mêmes noms, d’autant qu’à force de marier tout le monde entre eux, toutes les familles se rejoignaient et cela devenait très difficile de suivre. Mais oui, le monde était petit, et on finissait toujours par se retrouver, qu’on le veuille ou non.

-J'imagine qu'il n'est pas au courant...

Non, il ne l’était pas, et cela devait le rester. Personne ne savait hormis sa famille, Wilhelmina et Arabella. Et Andromeda n’avait aucune envie que d’autres le sachent, et jamais les autres sorciers. Si cela venait à se savoir, c’en serait fini d’elle et la réputation de sa famille en prendrait également un coup. Elle ne pouvait pas laisser une telle chose arriver, raison pour laquelle elle faisait constamment attention, et elle priait intérieurement pour que cela suffise à laisser son secret intact.

« Non, il ne l’est pas. Personne ne l’ait dans la communauté sorcière à part ma famille, et toi. »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Aaron ne savait évidemment rien de son statut de cracmole, et il n’était pas question qu’il l’apprenne. Elle ne pouvait pas prendre le risque qu’il réagisse très mal à cette annonce. Même si en réalité, elle aurait préféré lui dire toute la vérité plutôt que de lui servir le même énième mensonge réchauffé. Mais c’était ainsi. En plus de cela, il ne s’était pas montré particulièrement convaincu, mais elle n’avait pas pu faire mieux.

Elle pouvait comprendre que ce soit un peu difficile à comprendre. Surtout après tant d’années, mais elle aurait aimé un peu plus de confiance de sa part tout de même. Néanmoins, elle espérait qu’avec le temps, ils sauraient être amis, et aussi proches qu’ils l’avaient été enfants. C’était peut-être un peu utopiste, mais c’était tout de même ce dont elle avait envie.

Quoiqu’il en soit, elle ne pourrait sans doute jamais se permettre de lui dire la vérité sur sa nature. Elle n’était pas certaine qu’Arabella partage sa vision des choses, puisque cette dernière avait toujours été très libérée sur ce qu’elle était, et qu’elle ne se cachait pas. Mais Andromeda serait absolument incapable d’agir de la même façon qu’elle. C’était bien au-dessus de ses forces.

-Je sais vraiment pas comment tu fais. A ta place, je crois que j'enverrais tout balader et je dirais la vérité à tout le monde, tant pis.

Oui, mais justement. Andromeda n’en était pas capable. Elle ne se voyait pas faire éclater la vérité, et assumer d’être une cracmole. Elle admirait Arabella, pour la vie qu’elle menait, et le fait qu’elle n’avait pas peur du regard des autres. Mais Andromeda n’était pas dans la même situation qu’elle. Pas totalement. Les Fawley, et les Figg, ce n’était pas du tout le même genre de famille. Les Fawley étaient des sang-purs depuis des générations, ils étaient inscrits dans le registre, ils avaient une réputation à tenir. Et Andromeda ne voulait pas être la tâche de sa famille. Même si c’était tout de même un peu le cas. Il n’y avait qu’à voir comment certains de sa fratrie la regardaient.

« Je ne pourrai jamais faire une chose pareille. Tu es beaucoup plus courageuse pour moi, je n’en doute pas. Tu aurais sans doute fait une fière Gryffondor, si tu avais fait des études à Poudlard. »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Envoyer tout balader, et vivre sa vie sans faux semblant, ce n’était pas du tout une option possible pour Andromeda. Parce qu’il n’y avait pas qu’elle qui était en jeu, dans toute cette histoire. Mais il y avait aussi sa famille. Et Andromeda ne se sentait vraiment pas capable de vivre rejetée, pointée du doigt pour sa tare, et vue comme une moins que rien par beaucoup de ses proches. Elle avait beaucoup d’amis parmi les sang-purs, parmi des sorciers qui croyaient dur comme fer à la suprématie de leur sang. Et elle se sentait vraiment incapable de voir leurs regards changés, d’y lire du dégoût, et du mépris. C’était sans doute de la lâcheté, mais elle n’avait jamais avancé être une femme courageuse, bien au contraire. Ce n’était pas un réel problème pour elle, elle n’avait pas besoin d’être courageuse, juste d’être prudente, et convaincante.

-Non, c’est sûrement lâche de tout envoyer balader dans l’espoir de se sentir libre. Je choisirais la voie de la lâcheté, mais tu sais, c’est tout à ton honneur de ne pas faire de même.

Elles n’avaient pas forcément la même vision des choses, mais elles n’avaient pas eu la même éducation, en même temps, alors ce n’était pas si surprenant. Arabella vivait sans avoir peur de se cacher, sans craindre la réaction des autres. Cela ne voulait pas dire qu’elle ne souffrait pas de certaines réactions, mais elle arrivait tout de même à passer outre, et à mener son petit bout de chemin, comme elle l’entendait. Et pour Andromeda, cela relevait d’une forme de courage, quoiqu’elle puisse en dire. Andromeda de son côté vivait dans le mensonge, dans le secret, et cela n’avait rien de très glorieux. Pourtant, elle ne voudrait pas qu’il en soit autrement. Soit par peur, ou soit parce qu’elle avait été conditionnée, depuis le temps.

« A mon honneur, je n’en suis pas vraiment certaine. »
-En fait, j’aurais sans doute fait une bonne Serpentard. Je préfère fuir les problèmes plutôt que de les supporter au quotidien.

C’était une question qui resterait sans doute sans réponse. Elles ne pourraient jamais savoir dans quelle maison elles auraient été envoyées, si elles avaient été sorcières, toutes deux. Tout ce qu’Andromeda savait de Poudlard, c’était ce qu’on lui en avait dit. Toute son enfance, elle avait entendu ses aînés lui décrire cet endroit qui ne ressemblait à aucun autre, et ne pas pouvoir s’y rendre avait été dur à accepter, en plus de tout le reste.

« Tu as une vision pessimiste de la chose. Je ne t’ai jamais vu fuir quoique ce soit. »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Adromeda ne savait pas trop pourquoi elles évoquaient tout cela. En réalité, ce n’était vraiment le chose à faire. Parler d’un monde qu’on leur avait promis tout leur enfance mais dont les portes s’étaient brutalement fermées avant qu’elles ne puissent y entrer, ce n’était pas la chose la plus simple qui soit. Même si en l’occurrence, c’était évoqué comme ça, pour illustrer un peu un propos. Il n’empêche qu’Andromeda ne se trouvait pas particulièrement courageuse. Pas du tout même. Elle faisait simplement ce qu’on attendait d’elle. Mais pour elle, ce n’était pas une preuve de courage. Si elle l’était, elle assumerait ce qu’elle était, tenterait d’être qui elle était vraiment, sans se complaire dans les mensonges, jour après jour, espérant que personne ne découdre le pot aux roses. Ce qui était parfois très proche d’être le cas, mais jusqu’à maintenant, elle avait toujours réussi à jouer le jeu, et à le faire jouer aux autres, sans qu’elle en retire aucune fierté.

-Je suis tout un tas de choses, Andromeda, mais pessimiste, certainement pas.

Il est vrai qu’elle n’avait pas vraiment le profil de quelqu’un de pessimiste, mais Andromeda avait tout de même eu le sentiment qu’Arabella dévalorisait un peu son propre courage, et sa détermination. Pourtant, Arabella n’était pas le genre de femme à baisser les bras, et elle pouvait se montrer incroyablement bornée, ce qui dans de nombreux cas était plus une qualité qu’un défaut. En tout cas, aux yeux de la jeune femme, c’était une qualité. Au moins, elle savait ce qu’elle voulait, et elle ne perdait pas son temps à faire la girouette.

-Tu ne m'as jamais vu fuir les problèmes, pourtant je fais ça à longueur de temps... ou plutôt, on va dire que je trouve des moyens de les contourner, ce qui revient à peu près au même, pas vrai ? Et c'est une bonne méthode, je m'en sors bien et ça me rend plutôt heureuse et confiante. L'un dans l'autre, c'est plutôt optimiste, comme comportement, tu crois pas ?

C’était une façon de voir les choses. Andromeda n’estimait pas que l’on avait besoin de savoir faire face pour être heureux, mais le tout n’était pas non plus de se mettre des œillères. Vivre dans un monde où l’on voyait tout beau tout rose, parce qu’on ne voulait pas voir ce qui n’allait pas et qu’on cherchait à ne pas s’en approcher, c’était tout de même à double tranchant, même si ce n’était pas non plus ce qu’avait dit la jeune femme.

« Oui, c’est vrai. Tant que cela te convient, j’imagine que c’est le principal après tout. »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Si Arabella était en harmonie avec le fait de toujours contourner les problèmes, Andromeda n’avait pas grand-chose à y redire, mais elle trouvait que c’était un comportement un peu dangereux pour la jeune femme. Andromeda ne la jugeait pas, elle s’inquiétait seulement un peu. On ne savait jamais ce que la vie nous réservait, et si tout revenait en pleine figure d’Arabella, les choses pourraient être dramatiques. Il était possible qu’Andromeda pense un peu trop au pire, mais bon, elle ne pouvait tout bonnement pas s’empêcher de s’en faire pour les autres, ce n’était pas anodin après tout.

Mais en même temps, elle ne voulait pas dire à son amie de quelle manière elle devait vivre et appréhender les choses. Elle n’était pas sa mère, et Arabella était assez grande pour décider de ce genre de choses toute seule. Andromeda n’avait aucune envie de jouer les moralisatrices, ou d’ennuyer son amie. Elle avait déjà du mal à avoir des relations sans mensonges, ce n’était pas pour les gâcher, en aucun cas.

-Tu imagines... C'est que je dois faire quelque chose de travers, pas vrai ? Qu'est-ce que je devrais faire selon toi ?

La jeune femme avait le sentiment que la cracmole avait mal pris ce qu’elle lui avait dit. Et elle s’en trouvait désolée. Peut-être qu’Arabella avait le sentiment d’être jugée, mais ce n’était pas le cas. Andromeda serait bien mal avisée de juger qui que ce soit, étant donné la vie qu’elle menait au quotidien. Quand on passait son temps à mentir à tout le monde, on ne jugeait pas les autres. Encore une fois, c’était simplement de l’inquiétude envers la blonde. Mais elle ne voulait pas non plus paraître trop pessimiste. Elle n’aimerait pas apprendre qu’Arabella avait des problèmes, et dans ce sens, chercher à les éviter était peut-être la meilleure des solutions. Si cela pouvait continuer de fonctionner, alors tant mieux. Elle afficha un sourire rassurant.

« Non, pas du tout. J’ai juste peur qu’à force de toujours tout contourner, tu finisses par tout te prendre en revers d’un coup. Je n’ai pas à te dire ce que tu devrais faire, tu es assez grande pour en juger, et je ne suis en aucun cas un exemple à suivre. »

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Andromeda ne voulait pas donner l’air de juger Arabella, ou sa vie. Elle ne se permettrait pas de faire une telle chose, parce qu’elle était très loin d’être un exemple elle-même. Elle trouvait que c’était une bonne chose, d’être joyeuse, de voir les choses du bon côté, et de ne pas forcément chercher la petite bête, ou s’inquiéter de tout. Mais il fallait aussi garder une dose de lucidité, et ne pas juste se contenter de mettre les problèmes sous le tapis, comme si cela pouvait les faire disparaître.

Elle exprimait de l’inquiétude pour la jeune femme. Elle ne voulait pas qu’Arabelle se retrouve dans une situation compliquée, qui aurait pu être évitable si les choses avaient été prises en charge tout de suite. Evidemment, elle se doutait qu’Arabella était apte à se gérer toute seule, mais il fallait tout de même qu’elle garde un minimum de vigilance, c’était plus sûr. Cependant, la cracmole se rendait compte qu’elle avait un peu blessé son amie, et elle se sentait mal à cause de cela. Elle ne voulait pas la blesser, cela n’avait jamais été son intention, ni qu’elle pense qu’elle la désapprouvait.

-Je ne suis pas un exemple à suivre non plus... Je suis désolée, je prends ton avis à coeur, alors quand tu me laisses comprendre que mes choix ne sont pas les bons... c'est difficile à entendre, même si c'est pas nécessaire. Tu n'as peut-être pas à me dire ce que je dois faire... mais en même temps si ? Je veux dire... ton opinion compte pour moi, elle compte vraiment. Alors forcément, ça me touche quand tu me dis ce genre de choses.

Andromeda était touchée de savoir que son avis comptait autant pour son amie, mais elle ne pensait pas que cela retournerait autant Arabella, qu’elle lui dise cela. Elle ne se permettait pas de lui dire que ses choix n’étaient pas les bons, elle lui disait simplement de faire attention. Elle ne voulait pas dicter sa conduite à son amie, tout comme elle ne cherchait pas à lui dire comment vivre. Andromeda avait du mal à gérer sa propre existence, parce que beaucoup de choses entraient en compte et se contredisaient. Arabella avait moins de contraintes qu’elle, elle pouvait se permettre d’être elle-même, et faire ce qui lui plaisait, et elle l’enviait pour cela.

« Je suis flattée de savoir que mon avis compte autant pour toi. Le tien compte aussi pour moi. Je suis heureuse de te voir aussi libérée, et que tu puisses vivre ta vie comme tu l’entends. Tu es de nature joviale et enjouée, et tu ne dois pas perdre cela. J’avais simplement quelques inquiétudes, parce que je me soucie de toi, et que je craignais un peu que ton attitude désinvolte ai parfois tendance à minimiser certaines choses qui ne devraient pas l’être, mais je ne doute pas que tu sais faire preuve de discernement. »

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Pas de pouvoirs ? Pas de problèmes !

Andromeda avait un peu de mal à savoir si elle avait dit quelque chose de mal ou non. Elle n’avait pas voulu froisser son amie, ou lui donner l’impression qu’elle la jugeait, ce n’était pas du tout le cas. Elle estimait qu’Arabella était assez mature et avisée pour savoir ce qui était bon pour elle, et de faire ses propres choix de vie. Andromeda avait beaucoup de respect pour la jeune femme d’une manière générale. Et elle ne comptait pas changer sa façon de la voir. Qu’elle prenne son avis en compte, cela comptait pour la jeune femme, et elle était très émue, mais Arabella ne devait pas penser que Andromeda puisse la désapprouver, elle ne faisait qu’avoir de l’inquiétude pour elle. Mais il était normal de se soucier de ses proches, c’était un comportement qui se voulait normal.

-Je sais que je donne l'air trop désinvolte. C'est ma carapace, c'est ma manière de ne pas me laisser affecter plus que nécessaire par les comportements extérieurs les plus difficiles.

Chacun se protégeait à sa façon. Andromeda se disait qu’il devait y en avoir de toutes sortes. Pour sa part, elle avait appris à se cacher derrière une image pour correspondre à ce qu’on attendait d’elle. Ce n’était pas forcément quelque chose d’intelligent, il y avait de nombreuses failles, et cela était sans doute un comportement plus lâche que courageux, mais elle ne pouvait pas retourner en arrière à présent. Elle comprenait que Arabella cherchait à se protéger, et il n’y avait pas de mal à cela.

-C'est une méthode qui fonctionne bien, mais je n'aurais pas dû l'employer avec toi. Avec toi je peux me montrer franche, et honnête. Je veux continuer de l'être. C'est la moindre des choses, pas vrai ? Tu es l'une des rares personnes avec qui je peux être totalement transparente, et ne pas me faire passer pour ce que je ne suis pas. Je ne devrais pas oublier ça.

Andromeda était vraiment touchée, que son amie la considère ainsi. Arabella était aussi l’une des rares personnes avec qui elle pouvait être elle-même, sans qu’elle ne se sente jugée. Se faire passer pour ce qu’elle n’était pas, c’était le quotidien d’Andromeda, et elle ne le souhaitait à personne, vraiment. C’était dur à tenir, et Arabella n’avait pas besoin d’en arriver à de tels procédés.

« Cela me touche que tu me fasses à ce point confiance. Il est vrai que tu peux te permettre d’être toi-même avec moi, comme je peux l’être aussi en ta compagnie. C’est assez reposant quand j’y pense. »

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