La vie de Despina a été toujours liée de très près à la mort. Elle ne s'en était pas immédiatement rendu compte, mais aujourd'hui, elle sait que ce n'est pas anodin (on a beaucoup de temps pour réfléchir quand on est laissé seul avec soi-même dans une cellule sombre et glauque). Sa mère est morte en couche, et même si son père ne lui a jamais reproché ce décès tragique et prématuré (au contraire, son père a rapidement transféré l'amour qu'il avait pour sa mère envers sa fille), elle-même a toujours ressenti ce sentiment de culpabilité intrinsèque. C'est sans doute pour cela, pour se rendre digne de sa propre existence, pour que sa mère ne soit pas mort en vain, qu'elle s'est tant appliquée à être la fille idéale.

Et elle pense y avoir en effet réussi. Née au sein d'un milieu fortuné, où l'éducation et la réputation tiennent des places de choix, elle sut très vite à quel point il était très important de donner la meilleure image de soi, de se fondre dans le moule. Et elle le fit à la perfection. Elle fut une enfant modèle, la fierté de ses parents. Dans l'enfance, elle passa beaucoup de temps auprès des Beurk, son père étant très proche de la famille de son collaborateur. Des liens pérennes se nouèrent entre les deux familles, que son père choisit de concrétiser en lui offrant la main d'Orpheus, l'ainé des fils Beurk. Et Despina en était heureuse. Elle aimait beaucoup Orpheus, ils se connaissaient depuis toujours, elle avait confiance en lui. Comment les choses pourraient-elles mal tourner ?

Et dans un premier temps, tout fut parfait, réglé comme sur du papier à musique. Despina fit ses études à Serpentard, à la grande fierté de son père qui y avait également fait ses classes. Elle se rapprocha d'Orpheus, dont elle savait le destin pour toujours lié aux siens, ils apprirent à s'aimer. Elle obtint ses ASPIC avec des résultats plus que corrects, et peu de temps après, elle devint Madame Beurk. Avec plaisir.

De cette union naquit un fils, Amos, que Despina aime au-delà de tout. Despina a tout fait pour que son fils soit heureux, pour lui offrir la vie la plus douce possible. Elle aura échoué. Les années ont passé, et alors que tous attendaient que les pouvoirs magiques d'Amos se déclarent, rien ne se produisit. Il fallait se faire une raison : Amos était un cracmol.

Mais se faire une raison, ce n'était certainement pas dans les habitudes ou les attributions d'Orpheus Beurk. Despina était prête à accepter son fils peu importe sa nature, et peu importe ce que cela impliquerait d'humiliation pour sa famille. Ce n'était pas le cas d'Orpheus... L'absence de magie de son fils le rendait fou. Cela avait commencé de façon presque anodine... Un sortilège par-ci, par-là. Puis ça avait empiré, jusqu'à ce qu'Orpheus devienne incontrôlable. Et Despina de faire face à un constat qu'elle aurait voulu pour toujours ignorer : si elle ne faisait rien, son époux allait tuer leur propre fils.

Alors elle a agi. La fois, l'expérience de trop, elle a saisi sa baguette, la rage au coeur : elle allait tuer Orpheus. La situation a dégénéré, sa tentative a échoué. Elle a été envoyée à Azkaban pour tentative de meurtre. Son sort la terrifie, mais il n'est pas celui qui l'angoisse le plus. C'est pour son fils qu'elle a peur, laissé seul aux mains d'un père tortionnaire. Elle le sait, elle doit tout faire pour partir d'ici.