Theodosia est la dernière-née de la famille Beurk. Elle a grandi, comme l’on s’en doute, dans un univers clos, restreint, et a été abreuvée dès sa plus tendre enfance de discours radicaux sur la primauté du sang pur, sur l’intérêt de la magie noire (impossible de faire autrement quand on savait que le commerce familial était spécialisé en la matière). Elle a été, tout comme ses frères aînés, Aristide et Orpheus, conditionnée à croire ces discours sans les remettre en question… mais à l’inverse de ses frères, qui se sont radicalisés avec le temps, Theodosia, elle, a suivi un chemin totalement inverse.

Ce changement ne s’est pas fait en un claquement de doigt, mais un premier déclic s’est produit quand, à son entrée à Poudlard, le choixpeau ne l’envoya pas à Serpentard, comme cela était attendu, mais dans la maison ennemie : Theodosia fit ses classes à Gryffondor. Et entourée de camarades de tous horizons, elle fut bien contrainte de confronter sa vision étriquées et ses principes mathusalémiens à une réalité bien plus complexe. Elle se fit des amis de toutes origines, aux histoires et aux vies bien différentes de la sienne, et elle comprit, bien vite, que c’était sa propre existence, sa propre éducation, qu’elle devait remettre en question. Ce n’était pas chose facile, mais c’était une nécessité, et qu’elle ne pouvait plus ignorer.

Au fil du temps, elle eut à cœur de se démarquer de sa famille, d’emprunter le chemin opposé à celui que l’on avait tracé pour elle. Par esprit de contradiction et besoin de tracer sa propre voie, peut-être… L’adolescente rebelle, quoi qu’il en soit, s’éloignait irrémédiablement de sa famille, et son père désespérait de la voir reprendre, comme il l’avait souhaité, le commerce familial, alors qu’elle caressait une ambition très différente, renforcée à chaque horreur commise par Grindelwald et ses fidèles : elle deviendrait Auror.

La vraie rupture avec sa famille intervint après l’« incident ». Theodosia n’avait pas attendu ce moment pour s’inquiéter du comportement de son grand frère Orpheus avec son neveu, le petit Amos… mais quand elle apprit que sa belle-sœur avait été envoyée en prison après avoir tenté d’assassiner son mari, Theodosia n’a certainement pas adopté la thèse officielle. Pour elle, c’est évident, son frère est responsable de ce qui s’est passé, et elle compte bien réparer cette injustice… tout comme elle a la ferme intention de retirer son neveu des mains de son frère. Et si elle a dû tourner le dos à toute sa famille pour ça, tant pis, elle est sûre de ses convictions. Elle ne trouvera aucune circonstance atténuante à son frère. Elle est déterminée à réparer les torts qu’il a commis, tout comme en parallèle, assoiffée de justice, elle compte bien se consacrer corps et âme à son métier d’Auror, puisque c’est ce qu’elle est à présent, une Auror encore débutante, mais terriblement motivée. Et dans ces temps obscurs, elle est plus que jamais heureuse d’avoir trouvé sa place. Elle veut combattre le mal jusqu’à ce qu’il disparaisse pour de bon.