Arcturus pensait réussir à prendre convenablement ses marques au sein d’Obscurus Books, à prendre vraiment celle-ci en main. Oh, l’homme savait bien qu’il était bien différent de l’ancien dirigeant, et que ses méthodes et décisions ne devaient pas plaire à tout le monde, mais ce n’était pas comme si ça pouvait le déranger. Arcturus savait bien qu’il ne pouvait pas plaire à tout le monde, il n’était pas là pour plaire d’ailleurs, quand bien même l’apparence avait son lot d’importance dans ce monde. Il n’était pas là pour se contenter de faire comme son prédécesseur (autant dire ne pas faire grand-chose et laisser beaucoup trop de libre arbitre à ses employés), il était là pour rendre cette maison d’édition encore plus prestigieuse et évidemment, s’en servir de la bonne manière.

Et pour ça, Arcturus savait qu’il allait devoir se donner beaucoup de mal, travailler dur. Honnêtement, ce n’était vraiment pas un souci pour lui, surtout quand ça pouvait lui donner une excuse pour ne pas rentrer trop tôt chez lui. Ce qui était une attitude à deux tranchants. En faisant ça, Arcturus s’épargnait un peu plus la vision de son épouse en pleine déchéance, mais il n’était pas là non plus pour la contenir, pour tenter tant bien que mal de l’empêcher de sombre à ce point dans ses travers. Sauf qu’au fond, Arcturus ne pouvait pas constamment materner son épouse, même s’il se retrouvait quand même un peu à devoir la porter à bout de bras.

En tout cas, Arcturus appréciait définitivement sa nouvelle carrière, ces nouveaux locaux, et prenait pleinement ses marques. Il se dirigeait vers son bureau, prêt à y travailler une bonne partie de la soirée, quand son chemin croisa celui de Cassiopeia, une des nombreux membres de sa famille qui portait pour le moment toujours le nom de leur illustre famille… pour le moment, semblait-il.

« Cassiopeia, quelle surprise. » C’en était réellement une, il ne s’attendait pas à la voir dans ses locaux, même si en s’y penchant un peu, sa présence était tout à fait naturelle, mais Arcturus n’y pensait pas réellement en vérité. « Je me plais à merveille ici. Et je me porte tout aussi bien. » Que dire d’autre ? Malgré l’affection réelle qu’il ressentait pour sa cousine – en grande partie parce qu’ils partageaient les mêmes valeurs –, il ne dirait jamais qu’il allait mal, s’il devait aller mal. « Et toi, comment te portes tu ? Et que nous vaut le plaisir de ta présence. » Arcturus reprit rapidement. « Oh, excuse-moi, je n’y pensais plus. C’est vrai que j’ai entendu que tu étais fiancée à Nigel. Je n’ai pas eu l’occasion de te présenter mes félicitations. »

Mais ce n’était après tout que des fiançailles. Arcturus était bien placé pour savoir que ça ne valait pas grand-chose tant que la cérémonie en elle-même n’avait pas été célébré.