Il y a des gens qui ont des vies et un destin tragique, heureusement pour Reha, elle ne fait pas partie de ceux-là. Née dans une famille particulièrement aisée, elle est la dernière enfant de Sélène Selwyn et de Sarang Shafiq. Après quatre vigoureux garçons, ce fut un plaisir pour les parents de voir enfin arriver une petite fille. Sarang, en particulier, après avoir eu quatre garçons pour satisfaire la lignée familiale était impatient d’avoir une fille qu’il pourrait chouchouter.

Reha grandit en étant la favorite de son père et probablement l’épine dans le pied de sa mère. Gâtée et dotée d’un caractère fort, elle fut la terreur de sa fratrie menant du bout du nez ses frères pourtant bien plus âgé qu’elle. Keylan, âgé de sept ans de plus qu’elle fut peut-être le moins sensible à ses airs autoritaires puisqu’il partit rapidement à Poudlard, suivit deux ans plus tard de Chandra et un an après de Hari. Par contre, Riyadh, l’avant dernier n’était son aîné que d’une année et il fut autant son compagnon de jeux (lisez ici méfait) que sa victime puisque toute bêtise, quoique le plus souvent initiée et réalisée par Reha ne pouvait être que la faute de son aîné. Bien loin de lui en tenir rigueur, ils ont eu et ont toujours une relation particulièrement proche que certain jugent un peu trop fusionnelle.

Keylan, Chandra et Hari firent leur classe à Serdaigle suivant les traces de leur père tandis que Riyadh se faisait une place à Serpentard. On s’attendait à ce que Reha suive le même chemin puisqu’elle ne s’était pas montrée particulièrement studieuse mais elle fut placée à Gryffondor contre toute attente. Loin d’en faire un drame, son père s’accommoda fort bien de sa présence dans la maison des rouge et or, de toute façon, tout ce que faisait Reha trouvait grâce aux yeux de Sarang, un peu moins à ceux de Sélène parfois exaspérée par la nette préférence que son mari accordait à sa fille.

A Poudlard, si elle délaisse volontier les cours théoriques, elle trouve son bonheur dans les cours pratiques. Elle fait d’excellente note en sortilège, métamorphose et défense contre les forces du mal tandis que les cours de potion ou d’histoire de la magie lui donnent douloureusement envie de dormir. Elle intègre rapidement le club de duel et l’équipe de Quidditch de sa maison au poste de cogneuse. Malgré son physique, elle fait une bonne joueuse plutôt hargneuse qui n’a pas peur de se prendre des coups, ni d’en donner.

Vers l’âge de quatorze ans, on la fiance à Tibérius Yaxley. Les deux familles sont proches et les patriarches évoquent depuis un moment la possibilité d’une union. Pendant un moment, on envisage Thaddeus, dans la même année qu’elle à Poudlard, heureusement, le choix s’arrête sur l’aîné des frères Yaxley. L’idée ne déplaît pas à Reha qui connaît un peu Tibérius et s’entend bien avec lui. Sans compte qu’ils sont encore jeunes et que les fiançailles ne sont qu’une promesse lointaine dans leur tête. Néanmoins, le temps finit par les rattraper et après quelques essais, les fiancés s'aperçoivent que s’ils sont amis, ils ne seront jamais plus et que leur mariage risque d’être un désastre. Reha propose à Tibérius de prendre le blâme et de convaincre son père de rompre les fiançailles. Il lui faut plusieurs mois pour y arriver, mais finalement le patriarche finit par céder et on décide de fiancer à la place son frère aîné, Riyadh, à Gaïa, une des cadettes de Tibérius.

Si la jeune femme arrive à faire céder son père sur le sujet des fiançailles, il y a un point sur lequel il se montre inflexible, c’est au sujet de ses études. Reha sait qu’elle n’est pas assez bonne pour devenir joueuse de Quidditch professionnelle - et sa famille ne le permettrait pas - mais elle souhaite s’engager dans la police magique ou essayer de devenir auror. C’est un non retentissant qui lui fait face aussi bien de la part de sa mère que de son père et cette fois-ci rien n’arrive à faire céder l’autorité parentale. Sa mère, en particulier, regrette que ses fiançailles avec Tibérius ait été annulée. Avec son caractère un peu trop entier pour une femme et un physique qu’elle ne juge pas avantageux, elle craint que sa fille ne puisse jamais trouver de compagnon. Elle aimerait la voir mariée et ne comprend pas quelle utilité celle-ci pourrait bien avoir d’un métier. Si Reha ne peut pas faire la carrière qu’elle veut, elle entend bien faire une carrière tout de même. Elle n’est pas faite pour rester chez elle à organiser un thé ou un club de tricot. Il faut qu’elle bouge. Elle arrive à un compromis avec ses parents qui l’autorise à faire des études de médicomage, un métier, qui, leur semble-t-il reste acceptable pour une fille de la famille Shafiq. Reha se lance sans réelle passion dans le domaine médical et finit par se spécialiser dans le domaine des pathologies des sortilèges.

Elle s’émancipe dès qu’elle le peut de la maison familiale parfois un peu à l’étroit entre un père très protecteur et une mère souvent réprobatrice. Elle rejoint les groupes des mangemorts avec sous l’influence de son frère Riyadh et y retrouve sa petite cousine, Raani. L’engagement de Reha peut sembler étrange puisqu’au cours de sa vie elle n’a jamais manifesté une haine profonde des sang-mêlés et des nés-moldus. En réalité, Reha ne les hait pas, mais elle trouve les moldus effrayants. Coincée dans un bombardement moldus au début de la guerre, elle a été terrorisée par leurs armes destructrices et n’aiment pas la façon dont les sorciers ne faisant pas partie des grandes familles essaient de voler leur privilèges. Elle fait partie de ceux qui ont une vie facile grâce à sa naissance et très égoïstement, elle refuse de voir l’ordre des choses changer. Alors si Tom Jesudor est celui qui lui permettra de garder un statu quo, tant mieux pour elle, tant pis pour les autres.

A 33 ans, elle vit donc désormais sa vie comme elle l’entend. La seule ombre au tableau, quoiqu’elle ne l’admettra jamais devant sa mère, c’est sa vie sentimentale instable. Dans le fond, elle voudrait bien pouvoir trouver chaussure à son pied et avoir sa vie de famille. Elle envie un peu ses frères au repas de famille et voudrait bien ne pas devenir cette vieille tante célibataire que ses neveux et nièces regardent avec compassion d’ici quelques années.