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#Sujet: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Mar 7 Avr - 22:10
Quand les plumes dictent le futur
S’il y a bien quelque chose d’immuable dans ce monde c’est la presse à sensation. Il semble que depuis que l’homme sait écrire, il est friand de potins. Rien ne semble plus l’intéresser que ce que son voisin fait. Il suffit de voir la popularité des journaux à scandale comparé à ceux qui vendent de l’information plus ou moins sérieuse pour s’en convaincre. Evidemment, les puissants et les privilégiés ne sont pas épargnés par la dite presse. C’est logique. Dans le fond, qui s’intéresse à la vie de monsieur et madame tout le monde quand on peut ricaner au petit déjeuné devant les déboires de ceux que l’on juge plus chanceux que nous ?
La petite Rosie a souvent fait les choux gras des torchons lorsqu’elle était enfant. A cause de son âge, les journalistes, même les moins scrupuleux, ont toujours laissé son nom en suspens, mais le monde sorcier est petit et le cercle des sangs purs encore plus. Peu de familles réclament ouvertement leur bâtard, encore plus quand les parents ne se font pas connaître et il ne fallait pas être un génie pour savoir de qui on parlait. Scrutée dans le monde sorcier comme le monde moldu depuis son enfance, la jeune femme n’y prête pas vraiment attention. Elle estime que passer son temps à démentir une information, c’est renforcer la croyance des convaincus et lui faire gagner de nouveaux adeptes.
En femme pragmatique, elle aime être au courant de ce qui se passe, mais prend toujours les informations qu’on lui donne avec des pincettes. Aujourd’hui, elle déjeune avec un ami de longue date travaillant pour la Gazette du Sorcier et c’est l’occasion de voir ce que la presse se met sous la dent. Un gin tonic plus tard, alors qu’ils attendent le plat, la conversation s’oriente sur l’édition prévue pour le lendemain matin.
- A propos, est-ce que tu n’es pas proche de la famille Yaxley ? - Quelle branche ?, demande-t-elle, après tout, il y en a beaucoup des Yaxley. - Ceux qui travaillent aux Ministères. Un juge je crois.
Son ami n’a pas l’air de pouvoir être plus précis et elle ne lui en veut pas. Entre sang pur, ils se connaissent tout plus ou moins à force de reste entre eux, mais c’est un cercle d’initié et ils ne se rendent pas compte qu’ils sont souvent interchangeable aux yeux du grand public.
- Tibérius Yaxley ou Thaddeus ? - Thaddeus, je pense, lui dit-il songeur. Il voit se frustration et lui offre un sourire désolé en ajoutant : désolé, mais leurs prénoms se ressemblent tous.
Leurs plats arrivent et la discussion est momentanément interrompue. La jeune femme attend que le serveur s’en aille pour demander des informations supplémentaire. Son ami ne se fait pas prier.
- Oh, c’est gros cette fois-ci. Je ne sais pas si c’est fondé ou non, mais on dit que le cadet des frères n’aurait pas vraiment le goût des jolies femmes mais plutôt celui de ses camarades de vestiaires.
Certains jours, Rose bénit sa capacité à garder un visible impassible quelques soit les circonstances, aujourd’hui ne fait pas exception à la règle. Elle finit sa bouchée avec beaucoup de décontraction et prend le temps de s’essuyer la bouche avec une serviette avant de commenter l’information.
- Et c’est tout ? - C’est déjà bien assez ! Tu imagines le scandale que ça ferait si c’était vrai ? - Oui comme tu dis, si c’était vrai. - Tu n’y crois pas ? - Difficilement. Tu sais comment vont les choses. Dès qu’une personne est discrète sur sa vie privée, on finit par inventer n’importe quoi pour meubler. A mon avis, c’est surtout la preuve que les journaux n’ont pas grand chose à se mettre sous la dent depuis un moment, mais je peux me tromper.
Ils changent de sujet et finissent leur repas tranquillement. Après s’être quitté, Rose décide de retourner chez elle et de prendre la poudre de cheminette pour arriver chez les Yaxley. Elle est accueillie par un elfe de maison qui l’informe que ses maîtresses ne sont pas présentes mais que Maître Tibérius et Thaddeus sont à la maison. Rose se serait bien passée de la présence de Tibérius et elle espere qu’il est occupé. Elle demande à voir Thaddeus et on lui répond qu’il demandé à ne pas être dérangé. Tant pis pour lui. Rose fait fi de l’avertissement et se dirige vers ce qu’elle sait être l’antre de son ami. Ami qui semble fort peu occupé puisqu’il est allongé sur le divan, un livre ouvert sur le torse et semble parfaitement endormis.
- Thaddeus, elle le secoue doucement pour le réveiller. Émerge et vite, il faut qu’on parle !
» Sherlock
Thaddeus Yaxley
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Mer 8 Avr - 20:13
Depuis sa conversation avec Tibérius et la proposition de collaboration littéraire qui lui avait été faite, Thaddeus avait déployé une grande activité en vue de la réalisation de ce projet. Son frère et lui s’étaient partagé les recherches à faire ; la bibliothèque familiale offrait des ressources tout à fait considérables, rendant dans un premier temps inutile de se lancer dans des recherches à l’extérieur. La bibliothèque était le domaine réservé de Tibérius ; lesté de quelques ouvrages, Thaddeus s’était donc retranché au salon, dans son coin habituel. Le canapé Chesterfield avait été agrémenté d’un épais plaid par l’elfe de maison, toujours aux petits soins pour Maître Thaddeus ; la créature passait régulièrement ajouter du bois au feu, sans parler des petits en-cas qu’elle ne manquait pas de venir déposer sur la table basse pour soutenir l’effort fourni par son maître. Thaddeus n’avait même pas eu besoin de se déranger pour le déjeuner ; son repas était venu le trouver sur son canapé, de sorte qu’il n’avait même pas eu à interrompre sa lecture.
Étalés sur la table basse, des parchemins entièrement noircis témoignaient du travail acharné de Thaddeus. Cela faisait plusieurs jours qu’il prenait des notes, accumulait des matériaux pour cette fameuse saga historique. Il avait d’ailleurs apporté ses livres au Ministère, pour travailler pendant les heures de bureau - après tout, ce n’était pas comme s’il avait eu des dossiers brûlants à traiter. Les quelques minables affaires qu’on lui avait confiées pouvaient bien attendre un peu. On s’était un peu étonné, au Département de la Justice Magique, de voir Yaxley II aussi studieux. D’ordinaire, il passait peu de temps enfermé dans son bureau ; on pouvait le trouver à peu près partout, hormis sur son fauteuil, en train de plancher sur ses dossiers. Le changement avait fait jaser, et le juge Rosier, un de ses bons amis, avait même ironisé :“Tu es méconnaissable, ces jours-ci… laisse-moi deviner, tu es amoureux ? C’est pour ça que t’es pas dans ton assiette ?”
Amoureux. La bonne blague. Thaddeus s’était contenté de secouer la tête, et de prendre un air excédé quand Rosier lui avait demandé comment elle s’appelait. Personne ne pouvait le comprendre. La fièvre créatrice s’était emparée de lui, mais aucun ami, si proche fût-il, ne pouvait savoir ce que c’était que ce besoin d’écrire. Plus rien d’autre ne comptait que ces premiers jets, ces brouillons d’histoires qu’il accumulait pour les soumettre à Tibérius.
Pour être tranquille, Thaddeus avait fini par prendre quelques jours de congé, de manière à pouvoir travailler à son aise. Son rythme de vie s’en était trouvé chamboulé ; il veillait tard, se réveillait à l’heure habituelle, et piquait inévitablement du nez après le déjeuner. Il fallait bien dormir à un moment ou à un autre. Ce midi, il avait lutté, encore une fois, mais après le copieux ragoût servi par l’elfe, sans omettre les deux parts de tarte qui avaient suivi, Thaddeus avait cédé. Je ferme juste les yeux cinq minutes, le temps de me reconcentrer, et c’est reparti.
Plus d’une heure plus tard, Thaddeus fut tiré de son sommeil par une voix nerveuse, une voix féminine. Ce n’était ni Mère, ni aucune de ses soeurs, songea-t-il encore endormi. Mais qui, alors ? Soudain inquiet, il se redressa d’un coup, faisant tomber son livre, pour se trouver face à…
-Rose ? Qu’est-ce qui se passe ? Quelqu’un qui est mort ?
Pour qu’elle vienne ainsi le déranger, c’est qu’il doit y avoir du grave, du lourd, du fumant, car c’est une personne bardée de bonne éducation qui ne se permettrait pas de faire un esclandre sans une excellente raison.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Jeu 9 Avr - 22:02
Quand les plumes dictent le futur
Arriver au Manoir Yaxley, chercher Thaddeus, le trouver dans le salon en train de faire la sieste. Un classique. Rose y était habituée et ça la faisait souvent sourire. Son ami faisait partie de ses êtres un peu énigmatique dont on ne comprend pas toujours le mode de fonctionnement. Ca ne dérangeait pas la jeune femme, elle prenait les gens comme ils venaient, mais aujourd’hui elle se sentait particulièrement exaspérée de le voir affalé sur son fauteuil l’air heureux comme un chien de mer qui se dore la pilule au soleil. Non décidément, l’heure est grave et il ne peut pas se permettre de tirer au flanc. C’est donc sans ménagement qu’elle le réveille et la belle au bois dormant ne tarde pas de sortir de son glorieux sommeil. Tristement pour lui, ce n’est pas le prince charmant qui l’attend, mais une Rose a l’air bien moins aimable que d’habitude. Il ne faut d’ailleurs pas longtemps pour que son ami se rende compte que quelque chose cloche.
- Mort ? Pas encore, mais ça pourrait bien être toi si on ne fait pas quelque chose sous peu.
Elle le regarde et secoue la tête avec un brin de désapprobation. Maintenant qu’elle l’a en face de lui et que Tibérius ou le reste de sa fratrie ne semble pas dans les parages, la vague de panique qui l’a envahie commence à redescendre. Il suffit généralement à la jeune femme de voir d’autres personnes commencer à hyperventilé pour qu’elle retrouve son calme. Elle ramasse le livre que Thaddeus a fait tombé et le pose sur la table basse avant de s’asseoir sur le canapé que son ami vient juste de quitter.
- Assied toi, tu as l’air idiot avec ta bouche ouverte.
Elle regarde autour d’elle pour voir s’il y a des rafraîchissements, mais ne voit rien si ce n’est les restes de ce qui fut probablement le déjeuner du juge.
- Tu excuseras mon arrivée un peu cavalière, mais c’est plutôt urgent.
Elle ne perd pas de temps et rentre dans le vif du sujet.
- J’ai déjeuné avec un ami qui travaille pour la Gazette du Sorcier tout à l’heure et il m’a dit qu’un article sur toi allait sortir dans Sorcière Hebdo prochainement. Probablement demain, mais il n’est pas sur à 100%, elle lève une main pour arrêter d’éventuelles protestations. Je sais ce que tu vas me dire, ce n’est pas le premier article sur toi, mais tu ne vas pas aimer celui-là. Ils ont décidés de s'intéresser à ta vie sentimentale ou plutôt son absence. Apparemment leur théorie serait que tu préférais tes compagnons de dortoir à Poudlard plutôt que les demoiselles en face.
Un elfe passe timidement le bout de la tête dans la pièce, interrompant momentanément Rose dans ses explications. Il semble soucieux de voir si son maître n’a besoin de rien et la jeune femme ne serait pas contre des rafraîchissements. Une fois l’elfe repartit, Rose reprend leur discussion là où elle l’avait laissé. Si les elfes s’activent, ça veut dire que le maître de maison apprendra bientôt la présence d’invité et elle voudrait vraiment éviter de tomber sur lui.
- Alors je suis sûre que tout ça est faux, mais ça serait publié demain ou dans quelques jours au mieux et j’ai comme l’impression qu’il voudrait mieux que tu trouves une parade, et vite. Démentir frontalement ne servira à rien.
Est-elle sûre que tout ça est faux ? Non, pas vraiment. A vrai dire, de mémoire de sorcière, elle ne se rappelle pas avoir vu Thaddeus avec qui que ce soit et pourtant, elle le connaît depuis qu’elle a onze ans. Non seulement elle ne l’a jamais vu avec personne, mais elle ne l’a jamais entendu parler de qui que ce soit qui pourrait avoir attiré son attention. Au mieux, il entretient une relation fusionnelle avec ses livres, mais c’est tout. Si Rose peut dire qu’ils sont amis, elle sait aussi qu’ils ont une amitié un peu singulière basée sur leur passion en commun. Ils parlent rarement de choses plus intimes et une bonne partie de leur relation se base sur le non-dit. Alors quand Rose débarque en catastrophe, c’est justement parce qu’elle pense qu’il y a quelque chose à cacher. Peu importe quoi dans le fond, elle sait juste qu’elle donnera un coup de main s’il y a un cadavre à enterrer. Après tout, ça sert à ça les amis, non ?
» Sherlock
Thaddeus Yaxley
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Lun 13 Avr - 22:20
Allons bon. Voilà que Rose débarquait dans son salon, le secouait sans ménagement, pour lui annoncer l’imminence de sa propre mort. Le genre de chose qui faisait plaisir à coup sûr. Rose avait toujours eu un don pour ces petites attentions, pour ces entrées fracassantes, et elle semblait adorer ça. Encore que cette fois, l’humeur était de toute évidence moins bonne qu’à l’accoutumée. Elle avait la mine grave, et cette expression de suprême agacement qui n’était pas sans rappeler Tibérius. Eh bien quoi, ça t’énerve de me voir dormir ? Je n’ai plus le droit de faire la sieste sous mon propre toit, alors que je travaille d’arrache-pied, y compris la nuit ? Un instant, Thaddeus considéra l’option de prier son amie de quitter les lieux, mais il y renonça, fatigué par avance de la discussion qui ne manquerait pas de suivre cette invitation. Il le regretta immédiatement, lorsqu’elle se permit une réflexion sur son air idiot, et se laissa tomber dans un fauteuil avec un soupir à fendre l’âme ; vaguement contrarié par cette entrée et par cette attitude, il ne prononça pas un mot, bien décidé à ne pas aider Rose à cracher sa pastille. Après tout, c’était elle qui s’imposait, à elle de mener la conversation. Elle le fit, arguant de l’urgence de la situation pour expliquer son arrivée tonitruante, et évoquant Sorcière Hebdo. Un véritable torchon, un gâchis de papier. Thaddeus allait protester et répéter pour la centième fois qu’il se contrefichait de ce qu’imprimait ce torche-cul, mais, d’un geste, Rose exigea le silence. Le juge obtempéra. C’était peut-être vraiment grave, après tout.
Il garda le silence après la révélation de la teneur du futur article. Ses camarades de dortoir ? Mentalement, il fit le tour de sa chambrée ; de qui pouvait-on le soupçonner d’avoir été amoureux ? De Bill, le blondinet taillé dans une biscotte ? De Robert, qui avait toujours l’air d’avoir appris par coeur tous les manuels ? Ou de James, le batteur de l’équipe de Quidditch ? A tout prendre, c’était lui le plus intéressant, des six avec qui Thaddeus avait partagé son dortoir. Perdu dans ses réflexions, le juge Yaxley n’avait absolument pas saisi la teneur de l’accusation qui le visait, et qui mettait Rose dans tous ses états. Il finit par lâcher :
-Mais quel est l’intérêt d’un tel article ? Je veux dire, s’ils n’ont que moi comme sujet, ce n’est pas très bon signe, déjà. Et puis… Ma vie sentimentale, ça intéresse quelqu’un ? Moi-même, elle ne m’intéresse pas, c’est dire.
L’elfe de maison se glissa silencieusement dans le salon, et Thaddeus en profita pour lui demander d’apporter quelques rafraîchissements. La créature gratifia son maître d’une profonde révérence avant de s’éclipser, laissant les deux sorciers aux prises avec les pseudo-révélations de Sorcière Hebdo. Rose parlait contre-attaque, démenti, parade. Yaxley, agacé, se leva de son fauteuil et se mit à marcher de long en large en répliquant : -Je ne vais tout de même pas me donner la peine de démentir de telles idioties. Mes camarades de dortoir ! Mais qui pourrait accorder le moindre crédit à ces informations ? De toute façon, je ne les ai quasiment pas revus depuis que j’ai quitté Poudlard, alors autant dire que ça date un peu, ces accusations. Quant à trouver une parade… Quelle parade veux-tu que je trouve pour des insinuations aussi idiotes ?
Une fois de plus, Thaddeus Yaxley faisait la preuve de son admirable incapacité à saisir les sous-entendus. Rose fut obligée de garder le silence quelques instants de plus à cause du retour de l’elfe chargé d’un plateau, mais son exaspération était manifeste, au point que son ami, pourtant peu perspicace, la devina :
-Qu’est-ce que tu as à me regarder comme ça ? Dis-moi plutôt ce que tu veux boire.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Jeu 16 Avr - 22:49
Quand les plumes dictent le futur
Rose aime ses amis. Elle en compte peu et trouve que c’est très bien comme ça. Elle ne ressent pas le besoin d’être extrêmement entourée, elle apprécie donc d’autant plus ceux qu’elle a. C’est par un hasard un peu miraculeux qu’elle est devenue amie avec Thaddeus. Si elle s’entends bien avec les jumelles Yaxley parce qu’elles partagent un humour assez semblable et qu’elles ont grandis ensemble, il n’en est pas de même pour Thaddeus et c’est parfois à se demander ce qu’ils peuvent bien trouver à se dire tant ils sont différents. Rose est pragmatique, bosseuse, parfois un peu distraite et rêveuse, mais ce n’est rien à côté de Thaddeus qui remporte probablement une palme dans la catégorie fainéantise. Alors certes, ils ont des passions en commun, mais est-ce que ça explique pour autant la patience dont Rose fait preuve en ce moment, non. Pas toujours.
Il faut dire que s’il est intelligent, son ami peut également obtus à un point qui frise le plus haut ridicule. Elle reste debout, l’expression de plus en plus septique, frisant l’exaspération la plus totale, alors que le jeune homme lui explique à quel point les allégations de Sorcière Hebdo sont ridicules. Merci bien, c’est exactement ce qu’elle vient de lui dire, mais il continue sur sa lancée et honnêtement, ne sachant pas quoi dire, elle le laisse continuer son discours enflammés pendant qu’il fait le tour de la pièce. Il faut dire que pour le moment, il a honnêtement l’air plus furieux que Rose l’ait réveillé, pour ce qu’il estime être peu de chose, que ennuyé par les déclarations du torchon des ménagères de plus de soixantes ans.
De guerre lasse, elle se laisse tomber dans le fauteuil le plus proche en évitant avec élégance les restes du dîner du maître de céans et décide de prendre quelque chose à boire. De toute évidence, la discussion va être plus longue et pénible qu’elle ne s’y attendait. Apparemment, la subtilité n’était pas de mise puisque Thaddeus ne semble comprendre aucun sous-entendu.
- Sers moi un pur feu. Je crois que ça me fera du bien, lui demande-t-elle en levant les yeux au ciel.
Au diable les conventions, il n’est pas assez tard pour boire quelque chose d’aussi fort, mais peu importe. Une fois le breuvage salutaire en main, elle en boit une longue gorgée et pose son verre sur la table.
- Bon reprenons depuis le début. Que les allégations de Sorcière Hebdo soient fausses et ridicules, je n’en doute pas. C’est ce que je viens de te dire il y a cinq minutes. Par contre, pour quelqu’un qui se veut un homme de lettre, les allusions te passent littéralement au dessus de la tête. Quand je te disais que l’article disait que tu t'intéresses à tes camarades de dortoir, je ne disais pas ça littéralement. C’était juste une façon de dire que l’article te prête présentement des liaisons avec des hommes.
Elle pousse un soupir, parce qu’en réalité, elle n’aurait jamais cru devoir expliquer en détail ce genre de chose à un homme de son âge. Il y a quelque chose d’un peu embarrassant la dedans, peu importe à quel point ils s’entendent bien.
- Donc, en bonne amie, je me suis dis qu’il serait probablement déplaisant pour toi que Tibérius, tes soeurs ou un autre lisent demain matin au petit déjeuner qu’un des aînés de la famille Yaxley préfère coucher avec des hommes que des femmes et qu’il n’a apparemment pas l’intention de produire la flopée d’héritier qu’on attend de lui.
Elle reprend son verre. Prête à boire de nouveau parce qu’elle se doute que dans les secondes qui vont suivre, son ami va lui expliquer en long et en large pourquoi il n’a pas l’intention d’avoir d’enfants. Non, vraiment, ça lui apprendra à ne pas se mêler de ses affaires. Dans quoi s’est-elle embarquée.
» Sherlock
Thaddeus Yaxley
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Lun 20 Avr - 20:46
À l’âge où les jeunes gens découvrent généralement les choses de la vie, quelque chose avait vrillé chez Thaddeus, de sorte que pour lui, cette découverte n’avait jamais eu lieu. Que s’était-il passé ? Nul ne pouvait le dire, pas même lui. Il n’y avait pas eu de chagrin d’amour violent qui ait pu le dégoûter à jamais des aventures sentimentales, pas de moqueries le concernant, pas d’expérience traumatisante quelle qu’elle soit - pas d’expérience tout court, en fait. Le jeune Yaxley semblait avoir tout bonnement décidé que tout cela ne le concernait pas, et il avait traversé l’adolescence en bâillant d’ennui aux récits des exploits de ses petits camarades. À aucun moment il n’avait éprouvé le moindre désir de les imiter, ou d’emboîter le pas de Tibérius qui collectionnait les conquêtes. Parfois il éprouvait un vague regret de ne pas connaître le versant charnel de ces amusettes, mais cela ne suffisait pas à le décider. Sortir avec une fille lui avait toujours semblé incongru - et avec un garçon, il n’y avait même jamais songé. Il se sentait définitivement en retrait, incapable de faire comme les autres. Il tâchait de dissiper ses regrets en se disant que de toute façon, c’était comme ça, qu’il était inutile de se lamenter, et cela fonctionnait la plupart du temps. Et lorsque l’amertume était trop forte… eh bien, il s’arrangeait pour penser à autre chose.
Pas étonnant, donc, qu’il n’ait rien compris aux sous-entendus de Rose. Dans son esprit, les liaisons entre hommes n’existaient tout simplement pas ; comment s’imaginer qu’un vague magazine puisse lui prêter de telles relations ? Outre l’incompréhension que lui inspirait cette publication (dans un coin de sa tête, quelque chose cherchait encore l’intérêt d’un tel article), cela se heurtait à sa totale ignorance de ces choses-là. Il avait décidé une bonne fois pour toutes que cela ne le concernait pas, et il lui semblait étrange que tout le monde ne partage pas ce diagnostic.
Bien entendu, dès lors que son amie lui eut sous-titré le dialogue qui venait d’avoir lieu, Thaddeus saisit pleinement l’enjeu de l’article. Il tendit lentement à Rose le verre de whisky qu’il venait de lui servir, et s’en versa un en silence. Il contempla ses pieds quelques instants, puis fit :
-Des liaisons avec des hommes. C’est… répugnant.
Les relations hétérosexuelles lui semblaient déjà un peu indécentes, mais que dire des aventures entre hommes ? Spontanément, son esprit pourtant fécond ne lui aurait jamais soufflé ce genre d’idée. On ne se livrait pas à ce genre de perversion, dans les bonnes familles de sang-pur. Ce devait être la première fois que Thaddeus en entendait parler ouvertement ; jusqu’alors, il avait vécu dans un milieu qui passait tout cela sous silence, en espérant que cela cesserait d’exister si on cessait d’en parler. Toujours suffoqué par la malignité humaine, le juge reprit à mi-voix :
-Mais comment peut-on imaginer ça ? ça veut dire que pour être au-dessus de tout soupçon, il faut étaler sa vie privée ?
Et chez lui, il n’y avait pas grand-chose à étaler. Bien sûr, ce ne serait pas une très bonne défense que d’expliquer qu’il n’y avait dans sa vie ni garçon, ni fille, ni même un de ces magazines un peu osés qu’on trouvait depuis peu dans les librairies sorcières - juste l’indifférence, finalement. Soudain, une inspiration lui vint, et il déclara, avec une fermeté qui ne lui était pas coutumière :
-Eh bien d’accord, je vais étaler ma vie privée.
Il n’était pas question de rendre publique sa prétendue relation avec Cedrella Black, non ; c’était plus subtil, et surtout cela ne compromettrait personne. Rose semblait curieuse d’entendre la suite, et Thaddeus, après une gorgée de whisky, reprit :
-Je vais avoir besoin de ton aide. Il faut que tu me fasses… un suçon.
Il rougit légèrement, puis expliqua :
-Gaia est revenue avec un suçon dans le cou, l’autre jour. Je crois que je suis le seul à avoir vu. Elle m’a dit que c’était un signe d’engagement, de relation sérieuse… Si je me balade avec ça, personne ne pourra croire que j’exhibe un signe de relation sérieuse avec un homme, pas vrai ?
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Ven 24 Avr - 16:15
Quand les plumes dictent le futur
Il en faut plus que des relations entre deux hommes pour choquer Rose. Elle vient d’un milieu où, si l’homosexualité n’est pas envisageable, ça ne l’empêche pas d’exister pour autant. Les vices font parties de la société et ce qui est considéré comme une maladie pour certains et un péché pour d’autre existe quoique l’on en pense. Probablement moins puritaine que bien des sang-pur et d’autres sorciers sur la question, Rose estime que ce qui se passe au sein d’un couple devrait y rester. Le devoir et l’amour sont deux choses séparées et si sa naissance aurait dû,en théorie, la contraindre à accepter cet ordre des choses, elle est désormais plus libre qu’elle ne l’avait prévu. Ce n’est pas le cas de Thaddeus, même s’il ne semble pas vraiment le concevoir.
Choqué en tout cas, il semble l’être. Assez que pour l’accompagner en buvant, lui aussi, un verre. Ce qui inquiète Rose, à l’inverse, c’est de le voir presque sérieux. La jeune femme ne prétend pas connaître Thaddeus aussi bien que sa famille, mais elle ne le connaît sérieux et exalté uniquement lorsqu’il s’agit de poésie ou d’un autre de ses hobbys. Elle tente donc, comme elle sait si bien le faire, de rationaliser la chose.
- Tu sais comment sont les journaux. Ils inventeraient tout et n’importe quoi pour se faire vendre. Une liaison entre deux hommes, ça détourne les gens des problèmes politiques que le Ministère rencontre depuis un moment et puis personne n’y prêterait attention si ça ne venait pas d’une famille sang pur. C’est parce que c’est toi qu’ils en font toute une histoire. Tu es une cible facile. Ils n’oseraient pas s’attaquer à Tibérius. On le sait vindicatif et assez haut placé que pour ne pas avoir envie de se le mettre à dos. Toi, par contre, tu es plutôt le genre sympathique qui ne va jamais au conflit et on sait peu de chose de ta vie privée. Je crois qu’ils ont pris la première chose qui leur passait sous la main, dit-elle pour le rassurer. Elle tente un peu d’humour en ajoutant:s’ils t’avaient vu avec un hypprogryphe ils t’auraient probablement prêté une relation avec.
Dans le fond, elle n’y a pas pensé avant, mais est-ce réellement une rumeur innocente ? Que quelqu’un puisse en vouloir à Thaddeus semble improbable. Il est politiquement aussi neutre qu’on peut l’être et ne fait jamais de vague au Ministère si ce n’est pas par son incapacité à être devant son bureau. Dans le fond, n’est-ce pas une attaque délibérée contre son aîné ? Il n’est pas apprécié, il lui a dit lui-même et Rose est bien placée pour savoir que même les informations les plus anodines dans les journaux peuvent être l’instrument d’un objectif plus grand. Elle ferait bien part de ses informations à son ami, mais c’est peine perdue puisqu’il semble parti dans sa propre réflexion sur comment régler la question une bonne fois pour toute. Toute ouïe, Rose attend et la proposition est clairement à la hauteur de la surprise qu’elle affiche.
- Excuse-moi, s’entend-elle répondre incrédule. Ne crois pas que je ne veux pas t’aider, mais Thaddeus …
Les mots restent coincés dans sa gorge tandis qu’elle se départit, pour une fois, de cette impassibilité qui lui est coutumière. Si Rose n’est pas aisément choquée, elle est en revanche tout à fait consciente de tout ce qu’il y a d'inapproprié à ce qu’elle fasse un suçon à son ami. Le rouge lui monte aux joues et elle ne sait honnêtement pas vraiment où se mettre. Elle prend une gorgée de whisky, finissant ainsi son verre et maudit Gaia entre ses dents. Son amie c’est de toute évidence moqué de son frère en se servant de son innocence sur la question. Fiancée depuis un moment à un de ses cousins, il est évident qu’ils ne perdent pas de temps et que la suite de la lignée Shafiq est déjà toute tracée. Il n’empêche qu’elle se retrouve maintenant dans une situation embarrassante.
Comment faire comprendre au jeune homme à quel point sa demande est inconvenante ? Encore plus pour Rose qui a reçu une éducation encore très victorienne par bien des points. Elle sait qu’il ne le demande pas pour la mettre mal à l'aise, mais bien parce qu’il n’y voit rien d’intime la dedans. C’est ce qui rend le refus difficile. Elle se lève et pose son verre sur la table basse. Toujours embarrassée, elle se dit avec un certain pragmatisme qu’il va bien comprendre que ce n’est pas possible. Après tout, il le demande parce qu’il ne sait pas ce que c’est. Puisqu’il est toujours debout, elle se positionne en face de lui, trop proche pour que ça soit agréable pour deux amis, les corps se touchent presque et Rose n’aime pas cette proximité forcée.
- Tu es vraiment sûr ?
Elle, elle ne l’est pas. Certes, il y a beaucoup de chose qu’elle ferait pour ses amis, mais il ne faut pas pousser le niffleur dans les fourrés. Thaddeus est plus grand qu’elle alors elle se lève sur la pointe des pieds pour atteindre le niveau de sa gorge en appuyant ses mains contre son torses. La position est désagréable, vraiment, et son visage n’a jamais été aussi rouge. Non décidément, elle ne peut pas, même pour rendre service ! Elle retire ses mains et s’apprête à s’écarter lorsque la porte s'ouvre pour laisser passer Tibérius. Surprise, elle en perd le peu de réserve qui lui reste et s’écarte de son ami. Non, vraiment, cette journée est parfaite, définitivement parfaite.
» Sherlock
Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Sam 25 Avr - 17:43
« Thaaaaad. » Ne daignant pas se lever de son bureau ni lever les yeux de ce qu’il écrit. Son frère est forcément dans le coin, soit un étage plus bas au maximum, probablement à écrire lui aussi, et il a besoin de son avis sur une partie de leur projet commun. Pas de réponse. Le ton se fait plus autoritaire. « Thadd ?! » Tibérius relève enfin les yeux, essayant de deviner si son frère l’ignore intentionnellement ou s’il n’a tout simplement pas entendu. « Thaddeus ! » Cette fois, impossible qu’il ne l’ait pas entendu. Excédé, Tibérius se lève pour partir à la recherche dudit Thaddeus, qui doit sans doute piquer un somme et se la couler douce, comme à peu près l’intégralité du temps. C’est toujours au moment où il a besoin de lui que son frère s’arrange pour disparaitre, une constante toujours aussi désagréable depuis l’enfance. Pourtant, Tibérius sait bien qu’il est là comme lui, puisqu’il l’a vu le matin même et encore au déjeuner. Il ne sait pas quelle heure il est à présent, mais il va l’entendre chanter.
Passant dans les couloirs à la recherche de son frère, il tombe uniquement sur une Pulchra qui joue sous la surveillance discrète de leur elfe. Ce qui ne manque pas de l’agacer, c’est que le dit elfe ne tarde pas à l’informer que M. Thaddeus est effectivement là, à la bibliothèque. Sans attendre la fin de la phrase, ce qui pourtant pourrait être utile, il se dirige à grands pas vers celle-ci, de plus en plus fulminant. « Il se fout de ma gueule, l’animal, c’est impossible… » Maugréé-t-il dans sa barbe. Ca frise l’insolence et l’irrespect. Dire qu’il lui a fait confiance, et voilà qu’il ne daigne même pas l’écouter, voire carrément qu’il l’ignore.
Peu enclin à la discussion et donc très fortement de mauvaise humeur, Tibérius pousse sans plus de cérémonie la porte de la bibliothèque, n’ayant que faire de déranger Thaddeus, comme à son habitude. « Je ne sais pas ce que tu as de si urgent à faire, mais j’aimerai bien que tu daignes te pointer quand je t’appelles, Thaddeus. Je ne tolérerai p…oh. » Il a foncé tête baissée comme un taureau, sans prêter attention à son environnement, persuadé qu’il trouverait comme à son habitude son frère avachi dans le canapé. La scène à laquelle il assiste est donc des plus inattendues, et Tibérius tombe de haut. Voilà quelque chose à laquelle il ne s’attendait pas, voir son frère et Rose quasiment enlacé. « Je vois. » Le ton est toujours aussi froid, mais plus pour les mêmes raisons. Il ne sait pas très bien ce qu’il ressent, mais c’est un sentiment extrêmement désagréable, piquant, presque douloureux. Celui d’avoir été pris pour un idiot, d’avoir été manipulé, sans doute. Comme quoi, ce refus poli de Rose l’a plus entamé qu’il n’y parait. Est-ce seulement de la fierté blessée ? Sans doute pas. Non seulement, c’est de la trahison, mais en plus une trahison faite par des gens qui comptent – et d’autant plus parce que Tibérius apprécie peut-être un peu plus Rose que ce dont il a conscience. Faisant un effort pour recouvrer ses esprits, il ajoute avec un air de dignité offensée non feint. « Dites le, hein, si je dérange. Ne vous gênez pas pour moi. » Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il le prend extrêmement mal. « Quand tu auras fini de faire le joli cœur, Thadd, tu passeras me voir, ça fait un quart d’heure que je t’appelle, il me semblait qu’on devait travailler, cet après-midi. » Le ton n’est guère plus aimable quant il se tourne vers Rose – car il n’a pas fini, gardant encore en réserve quelques reproches bien sentis. « Je ne peux pas dire que je ne sois pas déçu, Rose. Tu aurais pu au moins me donner la vraie raison pour laquelle tu me fuyais. »
Thaddeus Yaxley
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Lun 27 Avr - 20:35
Que pouvait bien signifier, dans l’esprit si innocent de Thaddeus, le mot suçon ? Rien de bien concret, il fallait bien l’admettre. Son unique rencontre avec le concept remontait à une dizaine de jours auparavant ; il avait remarqué une curieuse tache dans le cou de sa soeur Gaia, et lui avait demandé, en grand frère attentionné, si elle s’était blessée. La jeune femme lui avait répondu qu’il n’y avait pas matière à s’inquiéter, que ce n’était qu’un suçon - et elle s’était retrouvée à devoir lui expliquer ce que c’était. Peu patiente par nature, elle ne s’était pas attardée sur certains détails pratiques ; il suffisait à son grand dadais de frère de savoir que c’était une marque d’affection, point barre. Rien de plus méchant que de faire Patronus commun avec l’élu de son coeur, en somme. Cette comparaison avait incité Thaddeus à croire que le suçon était une sorte d’acte magique réalisé en commun, un simple sortilège lancé à deux. Gaia n’avait pas eu le courage de lui détailler les étapes concrètes de l’apparition de cette tache dans son cou. Elle s’était contentée de quelques sommaires informations, et avait prié son frère de se montrer discret, parce que c’était sa vie privée et que cela devait le rester. Drôle de façon de prétendre à la discrétion, avait songé Thaddeus, que de se balader avec une grosse marque dans le cou. Les jours suivants, du reste, Gaia avait pris soin d’arborer un foulard, prétextant un mauvais rhume.
Certain qu’il suffisait de prononcer une formule pour faire apparaître sur une autre personne la fameuse tache synonyme de relation sérieuse, Thaddeus ne comprenait pas l’expression choquée de Rose. Jamais il n’aurait imaginé qu’une personne puisse avoir l’idée d’appliquer ses lèvres dans le cou d’une autre, jusqu’à imprimer une marque. Toutes ces choses-là lui étaient parfaitement étrangères. Lorsqu’il avait écrit avec Tibérius une série de petits romans érotiques, il avait déjà découvert beaucoup de pratiques dont il ne soupçonnait même pas l’existence. Son frère avait dû lui en expliquer certaines, entre exaspération et amusement. Pas assez torride, le suçon n’avait pas eu sa place dans leur récit, si bien que Thaddeus ne comprenait pas pourquoi Rose venait tout à coup se coller à lui.
-Mais qu’est-ce que tu…
Il s’interrompit, ou plutôt fut interrompu par l’entrée d’un fauve furieux qui les bouscula, Rose et lui. Tibérius, de mauvais poil pour changer. Il ne manquait plus que lui pour que la fête soit complète. Tout d’abord, et comme à son habitude aurait-on envie de dire, Thaddeus ne comprit pas ce qui motivait le courroux fraternel. À force de se faire engueuler, il ne savait plus vraiment ce qu’on lui reprochait à chaque fois, mais ce coup-ci, le ton était différent. Il ne s’agissait pas d’une énième remarque sur sa paresse, sa désorganisation ou sa mauvaise volonté. Il y avait autre chose dans les paroles venimeuses de son frère. Un regard vers Rose, et la vérité heurta Thaddeus avec la violence d’un Cognard dans la tronche. Incrédule, il se tourna vers son aîné :
-Tibérius… je ne sais pas ce que tu vas t’imaginer, mais…
Il secoua la tête, ne pouvant croire ce qui se passait.
-Ne me dis tout de même pas que tu es jaloux de moi. De moi !répéta-t-il en se montrant lui-même, comme si cela devait permettre à Tibérius de prendre conscience de l’absurdité de la chose.
Après tout, son absence totale de vie sentimentale lui valait suffisamment de railleries en temps normal pour que, de temps en temps, cela puisse lui rendre service. Pourquoi, tout à coup, aurait-il abandonné son indifférence et se serait-il mis en tête de faire du gringue à Rose - surtout à Rose, une amie trop proche pour qu’il ne soit pas éminemment gênant d’imaginer quoi que ce soit avec elle ?
-Ce serait compliqué de t’expliquer, mais sache que ce n’est pas ce que tu sembles penser, Tibérius. Pas du tout. On peut me reprocher bien des choses, mais faire le joli coeur, c’est bien la première fois.
Il y avait une nuance de froideur dans sa voix, comme s’il était vexé que son frère puisse lui prêter une telle faiblesse. À moins que ce ne soit la stupéfaction qui le rende un peu abrupt.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Mer 29 Avr - 22:16
Quand les plumes dictent le futur
La journée avait pourtant bien commencé. Vraiment. Elle avait pris sa demi-journée de congé et un déjeuner agréable l’attendait avec un ami de longue date. Ami qui n’avait rien trouvé de mieux que de lui expliquer les derniers ragots que comptait publier Sorcière Hebdo. Prise du syndrôme du chevalier blanc, elle s’est donc mise en tête d’en avertir son ami. Après tout, il aurait fait la même chose pour elle s’il avait compris la portée de l’information. Maintenant qu’elle y pensait, c’était précisément là que tout avait dérapé. Sa tante Margaret lui avait toujours dit qu’on ne gagnait rien à être trop gentil et elle était en train de se dire qu’elle aurait mieux fait de suivre ses recommandations et laisser Thaddeus se débrouiller tout seul.
Non content de prendre un air outré parce qu’elle avait interrompu sa sieste, il lui avait fallu un moment avant de comprendre où elle voulait en venir. La jeune femme commençait à se demander s’il n’existait pas une malédiction dans la famille Yaxley qui les empêchait de comprendre les sous-entendus. Les choses auraient pu s’arrêter là, mais non, bien entendu il avait fallu qu’il lui demande le service le plus embarrassant qu’il soit. Et pour parfaire le tableau LA personne qu’elle voulait à tout prix éviter aujourd’hui venait de faire une entrée fracassante dans la pièce au moment le plus gênant possible.
Le fiel dans le ton de Tibérius la laisse un moment pantoise. Jamais elle ne l’a connu comme ça et elle saisit mieux pourquoi on le dit peu aimable au sein du Ministère. Si Thaddeus est sa première victime, il ne l’oublie pas Rose et elle n’apprécie pas du tout qu’on s’adresse à elle comme ça. Thaddeus est le premier à reprendre ses esprits. Si lui ne sait pas ce que son frère s’imagine, Rose en a une petite idée. Par contre, elle ne comprend - ou refuse de comprendre - ce qui leur vaut une réaction aussi virulente. Que l’aîné puisse être jaloux du cadet semble en effet ridicule à Rose. Il y a un air de dignité offensée chez Thaddeus à l’idée qu’on puisse le croire être en train de conter fleurette qui serait presque drôle si la jeune femme ne trouvait pas la situation aussi gênante.
Il en faut généralement beaucoup pour agacer Rosie, mais il semble que cette journée a épuisé toutes ses réserves de patience et compréhension disponible. C’est donc un peu sèchement qu’elle commente à la suite de Thaddeus.
- Oui, vraiment, s’il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas reprocher à Thaddeus, c’est de courir le premier jupon qui passe.
L’agacement dans sa voix est clairement perceptible. Elle ne cherche même pas à le cacher. Justement, si Thaddeus avait daigné faire au moins semblant de s’intéresser à ses dames, ils ne seraient pas là en train de jouer un mauvais Vaudeville. Néanmoins, ce n’est pas le cadet des frères Yaxley qui est la cible de son ire et s’il est de toute évidence furieux contre elle, elle en a autant à son service. C’est probablement l’aristocrate outrée qui se réveille en elle puisque sa gêne a disparu à mesure que sa colère a grandi et il n’y a rien d’aimable lorsqu’elle s’adresse à son ami.
- Je suis déçue de constater que tu tires tes conclusions avec la même facilité qu’un enfant de cinq ans qui a perdu son jouet. J’ose espérer que tu mènes ton travail avec plus de minutie lorsqu’il s’agit de rendre un jugement. Puisque tu as déjà une opinion toute faite de la situation, je ne m’abaisserai pas à te donner des explications que je ne te dois de toute façon pas.
Rassemblant ses affaires, elle se tourne vers les deux frères et prend son congé :
- Je présume qu’on se verra dans quelques jours aux salutations de nouvelle année, j’espère qu’entre temps on aura tout les trois oublié cette histoire et que tu auras retrouvé un semblant de bonne éducation Tibérius. Quant à toi Thaddeus, je suppose que tu sais ce que tu dois faire maintenant ? Je vous souhaite une excellente journée, je m’en voudrais de la perturber plus que je ne l’ai déjà fait.
Claquant la porte de la bibliothèque, elle s’en va laissant les deux frères se débrouiller. Après tout, elle ne veut plus rien à voir avec ça.
» Sherlock
Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Jeu 30 Avr - 14:34
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Tibérius fulmine et qu’il est donc très peu enclin à écouter toute tentative d’explications : il est blessé, et par pur mécanisme de défense, il a le réflexe de contre-attaquer pour faire autant de mal que ce qu’on lui a fait. Il faut dire que la situation est confuse et qu’elle peut réellement porter à croire qu’il y a eu quelque chose entre Thaddeus et Rose. S’il y avait moins d’affect dans tout cela, s’il n’était pas autant perturbé par la dernière soirée qu’il a passé avec Rose, peut-être que Tibérius remarquerait la mine offusquée de son frère, et le choc qui se lit sur le visage de celui-ci. Mais le juge est actuellement incapable d’une pensée vraiment rationnelle, et de se calmer seul. Alors la réplique ne se fait pas attendre, venimeuse et âcre, à la mesure de la trahison qu’il croit vivre : « Compliqué ? Ca me parait plutôt simple, à moi, au contraire ! » Pour l’ainé des Yaxley, tout cela ressemble à une pauvre tentative de son frère pour se dédouaner, et c’est tout à fait pathétique. Il pourrait au moins avoir le courage d’assumer ses idioties et sa félonie. Le scénario est déjà fait, les choses sont pliées, et c’est effectivement trop hâtif. Mais Tibérius a toujours été colérique, prompt à juger et à réagir à l’emporte-pièce, et surtout à juger que les erreurs viennent toujours des autres, pas de lui. En l’occurrence, il se dit que n’importe qui aurait la même réaction que lui ; parce ça ne peut rien être d’autre, après tout, non ? Et c’est d’autant plus inqualifiable que ça vient de deux personnes pour lesquelles ça devrait justement être improbable, quand bien même elles essayent de se justifier.
Moqueur, il croise les bras sur sa poitrine, appréciant peu qu’ils continuent à nier et à le prendre pour un abruti : « Parce que je suis supposé croire quoi, exactement, quand je vois ça ? » Il est curieux de voir quelle explications ils sont capables de lui servir, à ce stade. « Vous vous figurez vraiment tous les deux que ça peut humainement passer pour autre chose ?» Il s’obstine, avec l’énergie du désespoir, d’une certaine façon, pourtant le regard de Thaddeus, aussi blessé que le sien, le fait un peu flancher. Problème, maintenant qu’il est parti dans cette colère noire, Tibérius ne sait pas réellement faire machine arrière. Il est coincé, en quelque sorte. Mais quand Rose reprend la parole, prise d’une colère aussi acide que la sienne, il recule d’un pas, comme si on l’avait brulé. « Mais je suis censé croire quoi, si tu refuses de t’expliquer, moi ? Au contraire, si j’ai tort, vous devriez bien être capables de me dire ce qui se passe ! » Instinctivement, il tourne la tête vers son frère, à la recherche de son soutien, mais comprend rapidement qu’il ne l’aura pas. La conscience diffuse qu’il a fait une erreur et qu’il est en train de s’aliéner deux personnes pour qui il a de l’affection se répand en lui rapidement, et il a le réflexe de retenir la jeune femme – mais trop tard : « Rose ! …Rose, attend ! » Le juge dévale les escaliers, hors de la bibliothèque, pour la suivre, mais trop tard, il n’a que le temps d’entendre la porte d’entrée claquer. « Merde ! »
A présent plus que maussade, sa colère se reporte contre lui-même, mais il n’a pas dit son dernier mot. Il est passé pour un abruti, mais reconnaitre que c’est sa faute coute trop à Tibérius, en terme de fierté. Il revient donc dans la bibliothèque, arborant un air sombre. « Elle est partie. » A l’évidence. Se pincant l’arrête du nez d’un air accablé, il se laisse tomber dans un fauteuil et reprend à l’intention de son frère : « Bon. Si tu es tout à fait innocent comme tu le dis, il va falloir que tu m’expliques dans quelle espèce de pétrin tu t’es encore fourré et grâce auquel je passe pour un abruti et un butor. » A ce moment précis, il est excédé contre tout et le monde, et sa réserve de patience habituelle pour les frasques de Thaddeus est épuisée. « L’explication a intérêt à être bonne. »
Thaddeus Yaxley
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus Jeu 30 Avr - 18:24
Très vite, les choses s’étaient embrouillées au point que Thaddeus n’y comprenait plus rien. Que Tibérius gueule, passe encore ; il était dans son rôle de Tibérius, bien qu’encore plus mal léché qu’à l’ordinaire. Ce type était véritablement imbuvable, il fallait toute l’affection d’un frère pour l’oublier en temps normal. Un vrai connard, songeait son cadet en l’observant. Mais Rose ? Selon toute logique, elle et Thaddeus auraient dû s’allier face à l’aîné Yaxley, qui arrivait avec des accusations et des reproches plein la bouche… et voilà que Rose, elle aussi, semblait furieuse contre Thadd. Bon, qu’est-ce que j’ai encore fait ? Difficile, pour ne pas dire impossible, de s’imaginer qu’elle lui en voulait justement pour sa vie privée désespérément vide, qui avait donné prise à l’article de Sorcière Hebdo. Il lui jeta un regard d’incompréhension, mais sans prononcer une parole - de toute façon, Rose et Tibérius étaient lancés. Une toute belle engueulade dans les règles de l’art, que Thaddeus suivit avec une sorte d’intérêt presque artistique. Il avait facilement tendance à s’extraire du moment présent pour n’en être que le spectateur, et là, il n’appartenait plus à cette scène. Il contemplait l’explosion, sans en faire réellement partie, et pourtant des projections arrivaient jusqu’à lui. Il ouvrit la bouche lorsque Rose prononça son nom, cherchant quoi répondre, sans trouver. S’il savait quoi faire ? Oui, reprendre son travail. Quelque chose lui disait que ce n’était pas la réponse qu’elle attendait, mais il ne comptait pas faire à Sorcière Hebdo l’honneur de se préoccuper de leurs ragots. Changer quelque chose dans sa façon de vivre lui semblait indigne d’un homme dont la conscience était en paix.
De toute façon, Rose partait, sans attendre de réponse. Tibérius essaya de la retenir, s’élança même derrière elle, tandis que son frère secouait la tête d’un air blasé. C’est ça, elle va t’attendre, après ce que tu lui as dit. Parfois, Tibérius semblait comprendre les gens encore moins que Thaddeus lui-même. Il le prouva d’ailleurs en remontant dans la bibliothèque pour exiger des explications de son frère, sur un ton que l’intéressé jugea odieux.
-Mon cher, tu n’as pas besoin de moi pour passer pour un abruti et un butor,répliqua Thaddeus d’une voix glaciale.Tu t’en sors très bien tout seul.
Il avait eu l’ambition de garder sa colère pour lui, de se contenter de ces quelques mots prononcés avec toute la froideur du monde, mais le regard de Tibérius posé sur lui eut raison de ses bonnes résolutions. Peu habitué aux colères homériques, Thaddeus reprit, la voix tremblante de rage :
-L’explication a intérêt à être bonne ? Tu te prends pour qui ? Je ne te dois aucune explication. Tu entres comme un fou furieux, tu accuses tout le monde de tout et de n’importe quoi, et il faudrait encore s’expliquer ? Va te faire foutre, Tibérius, c’est tout ce que j’ai à te répondre.
Et, à son tour, Thaddeus quitta la bibliothèque, complètement désemparé par cette algarade, les mains fébriles et l’esprit encore plein d’invectives qu’il aurait pu, qu’il aurait dû servir à son frère.
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#Sujet: Re: Quand les plumes dictent le futur - Thaddeus