Un homme et une femme qui se rencontraient, qui s’aimaient, qui se mariaient, qui avaient des enfants… des histoires banales, des histoires qui pouvaient commencer classiquement pour ensuite très rapidement déraper.

Lisbeth fut une enfant désirée. Ses parents s’étaient mariés jeunes, ils s’aimaient à priori. Du moins, elle pensait qu’ils s’étaient aimés, sans qu’elle n’en soit si sûr maintenant. Elle ne se souvient évidemment pas de sa toute prime enfance, elle ne souhaite de toute façon pas se rappeler de ce qu’elle avait pu vivre. Malheureusement, il faut s’en rappeler un peu, au moins pour raconter les faits.

Très rapidement, le père de Lisbeth devint… violent. Il affirmait aimer sa femme, mais quand elle n’agissait pas à sa convenance, il ne se retenait pas de la battre. Pensez-vous qu’il se retiendrait de battre Lisbeth ? Non. Dès que quelque chose n’allait pas, dès qu’il était de mauvaise humeur, dès que la jeune fille faisait un pas de travers, le couperet tombait. Elle était battue, elle était frappée, elle était bousculée, par moment on la priva de manger, de dormir aussi. Les violents étaient nombreux, mais elles auraient pu être ainsi… Lisbeth aurait préféré. Son père l’aimait, l’affirma-t-il constamment, malgré les coups et les enchainements de colère, il l’aimait. Elle était son trésor, elle était la prunelle de sa vie, elle était à lui, pour maintenant et à jamais. Et comme il l’aimait, il l’aimait tellement. Au point que les sévices se firent bien plus horribles encore que de simple coup, au point qu’il vint bafouer son enfance et son corps. Lisbeth ne se rappela jamais de quand sa mère disparue pour de bon, elle ne se rappelait même pas réellement si elle était partie ou si elle était morte, mais elle resta seule avec son père. Son père qui la voulait pour lui et lui tout seul.

Elle aurait pu avoir une échappatoire, elle aurait pu aller à l’école, apprendre cet art dont elle était dotée mais qu’elle pensait n’être qu’imagination maintenant. Mais cela n’arriva jamais, elle resta seule avec son père pendant des années. Elle tomba enceinte, une fois, beaucoup trop jeune. On la fit avorter, sauvagement, mais c’était mieux ainsi pour tout le monde.

Elle grandit dans cette atmosphère horrible et puis un jour elle put prendre son indépendant. Son père s’était fait vieux, il était malade, elle s’occupa de lui sur la fin de sa vie, mais il fini par mourir, la laissant seule dans ce monde qu’elle ne connaissait pas beaucoup. Mais elle prit son indépendant, retrouvant cette liberté qu’elle aimait. Elle enchaina les jobs qui ne payaient pas de mine, dans le but de pouvoir gagner de l’argent et vivre sa vie d’une façon plus ou moins convenable. Jusqu’à ce que sa route croise celle de Gregory.

Il était psychologue, elle devint sa patiente. Il l’aida énormément, longuement, elle lui ouvrit son histoire. Elle n’avait jamais parlé de tout cela à quiconque et à lui, elle lui parla de tout. Ou presque. Elle avait honte de certaines choses qu’elle s’imaginait, même si ce n’était pas grand-chose. Elle avait cru longtemps être une sorcière, mais c’était évidemment n’importe quoi. Elle ne lui parla pas de ça dans les détails, elle savait qu’elle avait tout imaginé pour que sa vie ne soit pas aussi difficile. Il l’aida… elle avait le sentiment que pour la première fois de sa vie quelqu’un se souciait réellement d’elle. Ses yeux furent ce qui l’envouta le plus, elle aimait s’y plonger et se sentir bien. Elle en tomba follement amoureuse, situation typique d’une patiente fragile et de son thérapeute. Cela aurait pu en reste là, mais il l’aima en retour alors… s’ils s‘aimaient, pourquoi se retenir ?

Ils ne résistèrent plus à leur sentiment et se marièrent tous les deux. Elle voulu lui offrir un enfant, parce que c’était normal. Elle voulait porter l’enfant de son mari, mais malgré leurs essais ils n’y arrivèrent pas. C’était normal, on l’avait brisé physiquement. Alors ils prirent la décision d’adopter. Lisbeth avait envie d’adopter un bébé qu’elle pourrait porter dans ses bras, mais quand son regard se posa sur Amy… l’évidence lui arriva aux yeux. Amy n’était évidemment pas l’enfant la plus facile à adopter, sa peau étant plus sombre que la leur, elle avait quelques troubles tout comme elle. Mais justement, elle le sentait, elles se ressemblaient énormément. Gregory l’avait sauvé, elle voulait sauver Amy. Elle l’aimait déjà de toute façon. Elle parvint à convaincre Gregory et ils l’adoptèrent, pour son plus grand bonheur.

Sa vie lui semblait parfaite, entouré des deux personnes les plus chers à sa vie.