Depuis qu’elle est sortie de Poudlard au mois de juin dernier, Elizabeth vit chez ses parents, dans leur maison du sud de l’Angleterre. La maison lui semblait petite, lorsque son frère, sa sœur et elle y étaient pendant les vacances d’été, mais maintenant qu’elle est seule avec ses parents, il n’en est rien. Emily, sa sœur, est partie de chez ses parents dans les mois qui ont suivi sa sortie de l’école : elle s’est mariée peu de temps après, et vit toujours avec son mari. Elle est même enceinte, c’est dire. Elizabeth n’en a que faire. Depuis qu’Emily est enceinte, elle semble très attachée à sa famille. Elle leur rend visite tous les samedis : c’est à se demander si elle a besoin de quelque chose. Mais leurs parents ne voient pas les choses comme ça, et prennent grand soin de leur aînée dès qu’elle franchit le pas de la porte, ce qui a le don d’exaspérer Elizabeth. Quand se rendront-ils compte qu’elle est hypocrite au possible ? Avec sa famille, elle n’a jamais fait autre chose que jouer un rôle : Elizabeth le sait, elle était à Poudlard avec sa sœur pendant trois ans.
Quand les enfants étaient tous à la maison, que ce soit quand ils étaient petits ou, plus tard, pendant les vacances, leur père s’efforçait de leur transmettre son amour pour le Quidditch. Après tout, il avait été pendant de longues années poursuiveur chez les Flèches d’Appleby, ce n’est pas rien et ça laisse des traces. Il faisait partie de l’équipe pour la Coupe d’Europe de 1932, quand les Flèches ont gagné contre les Faucons bulgares. Sa carrière explique plusieurs choses : en premier lieu, sa passion pour le Quidditch. Ensuite, on peut également remarquer le fait qu’il n’était pas forcément très présent quand Elizabeth était petite. Et, selon cette dernière, l’ancien métier de leur père expliquerait vraisemblablement la « passion » d’Emily pour le Quidditch. Mais il s’agit d’une théorie qu’elle se garde bien de partager en famille. Elle a déjà essayé, à demi-mots, avec sa mère, mais celle-ci est restée sourde aux remarques de sa fille. Incompréhension ou omission, difficile de juger.
Heureusement, cependant, qu’Elizabeth et Edgar sont proches. Ils ont deux ans d’écart, ce qui aide grandement : ils ont passé la majeure partie de leur scolarité ensemble, tous les deux chez les Aigles. Ils communiquent assez régulièrement par lettres, et passent leurs vacances ensemble. Ses relations avec sa mère sont plutôt bonnes également, même si Elizabeth lui en veut toujours de ne pas avoir suffisamment pris parti lorsqu’ils étaient enfants et qu’Emily n’était pas nécessairement agréable avec elle. Elizabeth est également persuadée que son père est déçue d’elle, de ne pas avoir été intéressée par le Quidditch au même titre que sa sœur ou, dans une moindre mesure, son petit frère. Elle n’est pas certaine du bien-fondé de cette impression, mais cela ne semble pas aberrant.
S’il y a bien une chose qui ne peut pas définir Elizabeth, c’est son sang. Ce n’est, heureusement, pas une Née-Moldue, mais pas non plus une Sang-Pur. Ses parents sont eux-mêmes des Sang-Mêlé, tout comme ses grands-parents, ses arrière-grands-parents… Difficile de trouver du Sang-Pur dans la famille, tout du moins dans les personnes qu’elle a connues ou presque. Ses parents ne lui ont, en conséquence, jamais inculqué l’importance de la pureté du sang - cela aurait été malvenu de leur part. Elizabeth se questionne sur les différents statuts de sang sorcier et encore plus sur l’existence de non-sorciers, des Moldus. Sa sœur est elle-même mariée à un Né-Moldu, serait-ce seulement possible qu’elle les déteste ?
Être retournée chez ses parents lui faisait plaisir au début, mais cela fait maintenant cinq mois qu’elle est avec eux tous les jours et presque toute la journée. Le temps commence à lui sembler long, d’autant plus qu’elle n’a jamais été habituée à être traitée comme une enfant unique. Elle essaie de trouver un emploi, afin de pouvoir, petit à petit, voler vers l’indépendance et, à terme, quitter le (presque) doux cocon familial.