Des jumeaux vrais ne sont qu'un seul être dont la monstruosité est d'occuper deux places différentes dans l'espace. [pv Eurydice]

Des jumeaux vrais ne sont qu'un seul être dont la monstruosité est d'occuper deux places différentes dans l'espace.

N

igel couvrit Clumsy, son elfe de maison (qui ne portait pas si bien son nom que ça) de compliments en considérant la table de la salle à manger, dressée et impeccable. Tout était prêt, sans anicroche. Nigel aurait sans doute pu s'en charger lui-même, tout comme il pourrait certainement se passer d'avoir un elfe de maison alors qu'il vivait en célibataire endurci dans son luxueux appartement londonien, mais c'était sans compter sur son habitude du luxe qui l'incitait évidemment à vivre en grand pacha. On pourrait dire que c'était un signe manifeste de fénéantise, mais Nigel n'était pas de cet avis.

Pour sa part, il estimait simplement que le temps qu'il ne consacrait pas à de basses tâches ménagères était un temps qu'il pouvait accorder à ses passions diverses et variés, son goût pour la culture, la lecture, l'art... Travailler comme un forcené, il en était capable. Il ne crachait pas sur les heures supplémentaires quand il travaillait pour Obscurus Books et apportait même du travail à la maison, parfois. Il savait simplement accorder son temps aux choses qui le méritaient vraiment. A ceux qui le méritaient vraiment. Et personne ne le méritait plus que sa soeur jumelle.

Car c'était évidemment pour elle que la table était dressée, qu'un apétissant fumet s'échappait de la cuisine, qu'il laissait décanter ses meilleures bouuteilles... Il lui avait proposer de venir dîner chez lui, et il avait mis les petits plats dans les grands. Sans raison particulière, juste pour le plaisir de passer du temps en sa compagnie.

C'était comme ça depuis toujours, depuis leur naissance. Nigel avait besoin de la présence d'Eurydice, un besoin inexplicable, compliqué par leurs vies respectives. Nigel n'acceptait jamais de passer trop de temps loin de sa soeur, et il savait que la réciproque était tout aussi vraie. Et donc, il l'attendait de pied ferme, impatient de la voir, même s'ils s'étaient déjà vus la veille. Enfin, on frappa à la porte. Nigel devança Clumsy pour aller ouvrir à sa soeur.

-Ma soeur préférée ! dit-il avec un grand sourire en la serrant dans ses bras.

Nigel n'était pas quelqu'un de tactile, il devait toujours s'efforçait à l'être avec les autres, mais jamais quand il était question de sa soeur, qui était la seule avec qui, en vérité, il avait toujours tendance à l'être. Nigel fit entrer Eurydice à l'intérieur et lui proposa de s'installer dans le salon.

-Comment tu vas ? Dis-moi tout ! Avant de s'asseoir à son tour, il reprit la parole. Je te sers un verre. Je t'ai gardé ma meilleure bouteille !

code by Mandy

Des jumeaux vrais ne sont qu'un seul être dont la monstruosité est d'occuper deux places différentes dans l'espace.

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Eurydice devait retrouver son frère. Ce qui était habituel, étant donné qu’ils se voyaient tous les jours, mais cela la rendait toujours très guillerette, parce qu’elle l’adorait. C’était même plus que de l’adoration. Son frère était une partie d’elle-même, une partie qui si elle venait à disparaître, l’empêcherait de vivre, et la ferai devenir l’ombre d’elle-même. Nigel et elle avaient toujours été ultra fusionnels, depuis leur plus tendre enfance, et elle n’avait aucun souvenir heureux qui n’était pas lié à Nigel, mis à part la naissance de sa fille, mais Nigel était rapidement arrivé pour faire la connaissance de sa nièce, malgré sa santé plus qu’incertaine.

Ils se voyaient tous les jours, et il n’était pas question qu’ils passent vingt-quatre heures sans se voir. Ce n’était même pas une habitude, c’était plus un besoin. Eurydice se sentait mal, et déprimée si elle ne voyait pas son frère durant trop longtemps. L’avantage, c’est qu’elle ne travaillait pas, et donc pouvait se rendre disponible pour qu’ils aient toujours le temps d’en passer ensemble. Et elle avait hâte, comme toujours de le retrouver. Parce qu’elle savait qu’elle serait en présence de quelqu’un en qui elle pouvait avoir confiance (de ce qu’elle pensait) et à qui elle pouvait tout confier. Sans enlever le fait qu’il était l’une des deux personnes qu’elle aimait le plus au monde.

Elle espérait déjà que son frère était en pleine forme, et qu’il allait bien. Il lui serait impossible de le savoir mal, et elle en souffrirait elle-même probablement. C’était comme si un lien invisible existait entre eux, et qu’ils étaient sans cesse connectés l’un à l’autre. Ceux qui n’avaient pas de jumeau ne pouvaient pas comprendre. Et encore, elle aimait à penser que leur relation était exceptionnelle, et qu’ils étaient bien plus proches que la plupart des jumeaux qui pouvaient exister. Eurydice frappa à la porte de son frère et sourit quand elle découvrir Nigel derrière cette dernière.

-Ma soeur préférée !

Elle sourit un peu plus et répondit à son étreinte, tout en déposant un baiser sur sa joue, se sentant déjà mieux rien que par sa présence. Si elle pouvait rester avec lui tout le temps, ce serait une excellente chose, mais ce n’était pas possible. Ils avaient des vies différentes, et elle était déjà bien heureuse de pouvoir le voir aussi souvent.

-Comment tu vas ? Dis-moi tout ! Je te sers un verre. Je t'ai gardé ma meilleure bouteille !

Elle suivit son frère jusqu’au salon où elle s’installa. D’un premier coup d’œil, elle avait l’impression que son frère allait bien, et elle en était soulagée. A force de s’inquiéter sans cesse pour sa fille, Eurydice avait reporté cette inquiétude sur Nigel, même s’il n’y avait pas de raison, mais c’était plus fort qu’elle. Elle s’inquiétait pour ses proches tout le temps, et constater qu’ils allaient bien était un vrai soulagement pour elle, et un grand bonheur.

« Volontiers, merci. Je vais beaucoup mieux depuis que j’ai passé le pas de ta porte, comme toujours. Tu m’as manqué. Sinon, depuis hier je n’ai pas grand-chose à raconter, j’attends toujours avec impatience que Clarice rentre à la maison. Et toi alors ? »

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andis qu'il leur servait à boire, Nigel jaugeait sa soeur du regard. Tout comme elle avait l'habitude de vouloir s'assurer à tout prix de la santé de ceux qui l'entouraient et à qui elle tenait, Nigel avait acquis le même réflexe, plus encore avec Eurydice, puisqu'il savait, malheureusement, que sa vie n'était pas un long fleuve tranquille, lui qui ne demandait qu'à la savoir heureuse en plus d'être en bonne santé. Une chance, il savait que les visites régulières qu'ils se faisaient l'un à l'autre lui faisaient du bien. C'est ce qu'elle lui disait toujours, du moins, et il était convaincu de pouvoir la croire sur parole à ce sujet. C'était le rôle le plus important qu'il pouvait bien se confier à lui-même, celui de donner le sourire à sa jumelle. C'était sans doute aussi ce à quoi il était le plus doué, même s'il redouté quelques fois de devenir celui qui lui ferait le plus de peine. Il ne survivrait pas à un tel retournement de situation.

Il sourit de plus belle quand Eurydice lui assura qu'il lui avait manqué. Là encore, il ne pouvait que la croire. Elle lui avait manqué aussi. Oui, ils s'étaient quittés la veille, pourtant, et alors ? Pour eux qui avaient passé quasiment leur vie entière côte à côte, et même s'ils s'y étaient habitués, à force, ce n'était pas complètement naturel de ne pas passer du temps ensemble, même s'il le fallait bien.

Rien de nouveau depuis la veille, dans son cas, pas de nouvelle pouvait aisément être synonyme de bonne nouvelle, aussi il préférait entendre ça. Le quotidien d'Eurydice n'était pas à la hauteur de ce qu'elle méritait. Pour un milliard de raisons (certaines plus avouables que d'autres), Nigel aurait voulu que jamais Eurydice n'ait Trevor pour époux. Il voyait bien que cette situation la rongeait, même si elle savait ne rien y laisser paraître. Sauf que sans ça, Clarice ne serait jamais né. Et si elle était le trésor de ses parents, elle était aussi la favorite de son oncle, qui attendait avec impatience, lui aussi, de revoir sa nièce. Il comprenait sans mal qu'il doive être difficile pour Eurydice de passer de tout à rien quand Clarice regagnait Poudlard.

-J'ai hâte de la revoir aussi. Tu n'imagines pas à quel point je me languis de pouvoir passer Noël avec vous. Avec eux trois, Trevor compris, mais de préférence, autant ne pas du tout évoquer le sujet en présence de sa soeur. J'aurais besoin de ton aide pour lui trouver un cadeau digne de ce nom, d'ailleurs. Je suis complètement déphasé, je n'ai aucune idée de ce qui peut plaire à une ado de seize ans. Il afficha un sourire. Et dire qu'hier encore elle était haute comme trois pommes, je me demande vraiment où disparaissent toutes ces années. Puis il réenchaîna, quand Eurydice lui demanda de ses propres nouvelles. En ce qui me concerne, j'ai reçu la visite de Cassiopeia hier. Comme quoi, elle est capable de donner signe de vie. Il marqua une légère pause, comme afin de ménager un peu son effet. Elle m'a fait une demande assez... inattendue, je dois dire.

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Eurydice était plus qu’heureuse de passer du temps avec Nigel. Ce n’était absolument pas exagéré quand elle avouait qu’il lui avait manqué. C’était le cas. Même quelques heures suffisaient à ce qu’elle ressente un manque. Ils avaient toujours été fusionnels, depuis toujours, et si elle pouvait vivre collée à son jumeau, elle le ferait sans nul doute, même si évidemment, ce n’était pas une chose faisable. Au moins, ils arrivaient à se voir tous les jours, ce qui était déjà bien. Mais une journée était sans doute le maximum qu’elle puisse tenir loin de lui. Elle se souciait énormément de son frère, c’était normal, elle voulait qu’il aille bien, et qu’il soit heureux, tout comme il souhaitait la même chose pour elle. Et de ce qu’elle savait, il était heureux dans sa vie, ce qui la rendait heureuse aussi, d’une certaine manière.

-J'ai hâte de la revoir aussi. Tu n'imagines pas à quel point je me languis de pouvoir passer Noël avec vous.

Eurydice ne pouvait pas en dire autant, mais elle ne voulait pas gâcher l’impatience de Nigel. Elle avait de plus en plus de difficultés avec les fêtes de famille, parce qu’elle supportait de moins en moins Trevor, mais ferait face, elle donnerait l’apparence que tout allait bien. Au moins pour Clarice et Nigel, comme d’habitude. En tout cas, Eurydice était certaine que Clarice serait elle aussi ravie de voir son oncle et parrain durant les fêtes, d’autant plus qu’il allait probablement encore la gâter.

-J'aurais besoin de ton aide pour lui trouver un cadeau digne de ce nom, d'ailleurs. Je suis complètement déphasé, je n'ai aucune idée de ce qui peut plaire à une ado de seize ans. Et dire qu'hier encore elle était haute comme trois pommes, je me demande vraiment où disparaissent toutes ces années.

Il est vrai que Clarice n’avait plus le même intérêt pour les cadeaux que quand elle était petite fille. Elle adorait toujours autant cela, mais elle avait d’autres goûts, ce qui était normal. Et elle était heureuse de se dire qu’elle connaissait sa fille par cœur. Elle avait réussi à développer une vraie complicité avec elle, et elle ne voulait jamais la perdre. Elle avait aussi le sentiment que sa fille avait grandi trop vite. Ce qui était paradoxal avec le fait qu’on n’avait cessé de lui affirmer que sa fille mourrait tôt. Mais Clarice était bien là, et Eurydice comptait sur le fait que cela ne changerait jamais, elle ne supporterait jamais de la perdre.

« Oui, le temps passe vite. Pourtant, je me souviens de chaque moment dans tous les détails. Parfois j’aimerais qu’elle redevienne enfant, et qu’elle ait besoin de moi tout le temps, mais il faut que je la laisse grandir. En ce moment, elle est très intéressée par tout ce qui peut la mettre en valeur et son apparence d’une manière générale. »

Eurydice était certaine que Nigel ne se tromperait pas en lui offrant quelque chose qu’elle pourrait porter, ou se servir pour être encore plus belle qu’elle ne l’était déjà. D’ailleurs, Eurydice avait fait ses cadeaux en fonction de cela. Elle avait acheté beaucoup de vêtements et de produits de beauté pour sa fille. Il y en avait beaucoup trop, comme toujours, mais Eurydice adorait gâter sa fille beaucoup plus qu’il n’en fallait, et elle n’irait probablement pas s’en plaindre.

-En ce qui me concerne, j'ai reçu la visite de Cassiopeia hier. Comme quoi, elle est capable de donner signe de vie. Elle m'a fait une demande assez... inattendue, je dois dire.

Eurydice était surprise par ce que venait de lui dire son frère. Elle savait qu’il s’entendait bien avec la jeune femme. Elle-même l’appréciait assez, mais elle se demandait bien ce que la jeune femme avait pu lui demander. Mais si Nigel, le mentionnait, c’est que cela devait être important. Même si ce n’était pas le cas, ce ne serait pas grave. Elle adorait connaître chaque détail de la vie de son frère, histoire de la partager un peu plus.

« Eh bien ne fais pas ton grand mystérieux, quelle était cette demande ? »

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igel avait beau ne pas connaître les joies de la paternité (et il était à peu près convaincu de ne jamais les connaître, même s'il le voudrait vraiment, et s'en rendait de plus en plus compte), il s'identifiait sans difficultés aux propos de son interlocutrice et pour cause, même s'il ne pourrait pas prétendre se rappeler tous les moments qu'il avait passés avec sa nièce, et il n'y en avait pas eu autant que pour Eurydice, mais il partageait malgré tout sa nostalgie. Il aimait Clarice et il l'aimerait à tout âge, mais c'est vrai qu'il ne pouvait que jeter un regard tendre en arrière quand il pensait à la toute petite enfance de sa nièce. Il y a des moments, comme ça, que l'on croit éternels et qui pourtant vous filent entre les doigts en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Nigel prit bonne note des conseils de sa soeur jumelle, même si, en réalité, il aurait pu deviner de lui-même sans poser la question, en réalité. Parce qu'il n'y avait pas besoin de beaucoup fréquenter Clarice pour savoir qu'elle était coquette et très attentive à sa propre image. Très bien, il allait donc lui offrir robes, bijoux, maquillage... tout l'attirail. En en faisant évidemment beaucoup trop, parce que c'était dans sa nature de tonton gâteau. Mais mieux valait brasser large. Au moins il serait certain de lui offrir quelque chose qui soit entièrement conforme à ses goûts.

-Tu pourrais quand même me laisser ménager le suspense un peu plus longtemps, s'amusa Nigel qui en réalité n'avait pas envie de faire mariner sa soeur trop longtemps.

Il avait bien trop hâte de voir sa réaction. Il était convaincu que cette situation la surprendrait autant qu'elle l'avait surpris lui-même. Et l'amuserait peut-être tout autant. Il l'espérait en tout cas. Quitte à prendre part à cette gigantesque farce, il osait espérer qu'il y en aurait pour s'en amuser... C'était le mieux qu'ils pouvaient avoir à faire.

-Elle m'a demandé en mariage.

C'était une façon bien exagérée de présenter les choses. D'une part, ça ne se faisait pas, pour un femme, d'agir ainsi, et d'autre part, il n'était pas question au cours de ce petit arrangement de se marier pour de vrai, mais il serait plus drôle de constater la réaction de sa soeur ainsi. Ce n'est pas parce qu'il l'adorait tant qu'il devait s'épargner le fait de la charrier un peu. Et puis il ne lui mentait pas, pas vraiment. Le résumé avait beau être faussé, le fond y était sans la forme.

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Eurydice n’aimait pas qu’on lui fasse des cachoteries, et encore moins quand c’était son frère. Ils partageaient tout, tous les deux, ou presque puisqu’il y avait finalement plus d’une chose qu’il lui cachait. Mais dans tous les cas, elle n’aimait pas cela, d’autant plus qu’elle savait qu’il faisait exprès de faire durer son annonce. Il y avait intérêt à ce que cela vaille le coup. Sinon, elle serait vraiment très déçue. Mais elle connaissait Nigel, elle se doutait qu’il s’agissait de quelque chose de banal, il ne ferait pas toute cette comédie sinon. Elle se demandait ce qui avait bien pu se passer dans la vie de son jumeau de si peu ordinaire. Elle n’était pas inquiète. Si cela avait dû être grave, il le lui aurait dit de manière différente. D’autant que cela venait de Cassiopeia, alors il y avait peu de risques.

Elle savait que la jeune femme voyait son frère de temps à autre, et qu’ils s’entendaient bien, mais cela ne l’avançait pas beaucoup ? Elle appréciait assez Cassiopeia. Déjà, elle était la sœur de Pollux, et puis elle tentait d’aider sa fille aussi, ce qui comptait pour elle. Le fait qu’elle fasse la même chose pour Trevor l’indifférait totalement. Eurydice ne se souciait plus de l’était de son époux à présent, et ce depuis un petit moment déjà.

-Tu pourrais quand même me laisser ménager le suspense un peu plus longtemps.

Eurydice leva les yeux au ciel, il y en avait assez du suspense. Il avait l’air de trouver cela amusant mais ce n’était pas son cas. Néanmoins, elle saurait retenir cela la prochaine fois qu’elle aurait une nouvelle à lui annoncer (ce qui normalement ne devrait jamais arriver étant donné l’état des choses) et elle le ferait languir ainsi. Qu’importe ses supplications.

-Elle m'a demandé en mariage.

Eurydice haussa les sourcils, surprise. Celle-là, elle ne l’avait pas vu venir. Comment ça, elle l’avait demandé en mariage ? Est-ce qu’ils se fréquentaient ? Si c’était le cas, elle allait en vouloir sincèrement à Nigel de ne pas le lui avoir dit. Mais c’était beaucoup trop soudain pour elle… elle ne s’était pas attendue à une telle annonce. Elle ne voyait pas Nigel marié avec une femme. Si cela devait arriver et qu’il était amoureux, elle en serait la plus heureuse pour lui, mais ça ne lui ressemblait pas. Elle se demanda même s’il n’était pas en train de la mener en bateau dans l’idée de lui faire une farce.

« Elle t’a demandé en mariage ? »

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L

e sourire de Nigel s'agrandit en constatant la réaction de sa soeur jumelle, qui était très exactement celle qu'il avait attendue de sa part. Une surprise totale, à la hauteur de l'annonce qu'il venait de lui faire et à laquelle il n'avait pas mis la moindre forme... parce que c'était beaucoup, beaucoup plus amusant de la sorte. Et s'il se permettant de s'en amuser à ce point, c'était bien parce que, à ses yeux, cela ne signifiait finalement pas grand-chose... Oui, ce semblerait important au regard de beaucoup, mais pour Nigel, ce n'était jamais qu'un jeu, rien d'autre. Un peu particulier, c'est vrai, et dont il ne maîtrisait pas lui-même complètement les règles. Mais rien d'autre qu'un jeu, sans réelle conséquence, ou aucune conséquence grave, en tout cas.

-Tu as bien entendu, répondit Nigel tandis qu'Eurydice répétait mot pour mot les paroles qu'elle venait de prononcer, sous l'effet de la surprise. Tu as l'air surprise. Pourtant, avoue qu'on ferait un couple très assorti. D'ailleurs, je te ferais savoir que Cassiopeia m'a qualifié d'excellent parti et de très bel homme, fit-il mine de fanfaronner.

Il devinait les pensées qui devaient se bousculer dans son esprit. Peut-être s'inquiétait-elle qu'ils puissent partager une relation différente de ce qu'elle s'était figurée sans lui avoir dit quoi que ce soit. Mais non, ce n'était pas le cas. Si Nigel ne s'épanchait jamais sur ses relations sentimentales avec Eurydice, c'était bien simple, c'était seulement qu'il n'en avait pas, et n'envisageait pas d'en avoir.

Enfin, on pourrait arguer que sa relation avec Trevor était sentimentale, qu'il le veuille ou non, puisque les sentiments ne se contrôlaient pas et se domestiquaient à peine, il l'avait compris à ses dépens... Mais c'était bien la seule conversation au monde qu'il n'aurait jamais avec Eurydice. Un seul mot à ce sujet, et il savait qu'il la perdrait pour toujours. Et Nigel était bien incapable d'envisager de vivre sans sa soeur.

-Enfin, j'exagère un peu. Elle n'a pas mis un genou à terre ni ne m'a offert de bague de fiançaille, c'était presque décevant, d'ailleurs.

D'accord, d'accord, il fallait qu'il arrête de la faire mariner, mais c'était trop tentant. La situation l'amusait beaucoup trop. Et il était convaincu du fait qu'Eurydice en rirait à son tour quand elle en saurait davantage.

-Tu sais comment est sa famille... Ils étaient bien placés pour le savoir, les Black et les Carrow / Greengrass se côtoyaient de très près. Elle a besoin d'une échappatoire. A son âge, on a des attentes envers elle qu'elle n'a pas particulièrement envie de satisfaire... Elle a juste besoin d'un fiancé de façade là pour faire taire les curieux. Et... c'est une proposition qui m'arrange aussi.

Même si on n'avait moins d'attente vis-à-vis de lui... mais il trouverait moins épuisant de jouer les éternels fiancés que les Don Juan invétérés en s'inventant des conquêtes qu'il n'avait jamais connues.

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Eurydice ne comprenait pas ce que son frère lui racontait. Comment ça, Cassiopeia l’avait demandé en mariage. Ça n’avait aucun sens cette histoire. Elle ne savait même pas que Cassiopeia et Nigel se fréquentaient, que ce soit de manière amicale ou plus. Nigel n’avait jamais eu que des histoires de surface à Poudlard, mais elle savait bien qu’il n’était pas capable d’avoir la moindre relation physique avec qui que ce soit, et qu’il n’était jamais tombé amoureux non plus. Du moins, à sa connaissance. Mais comme elle partait du principe qu’ils n’avaient absolument aucun secret l’un pour l’autre, elle se permettait certaines affirmations le concernant. Alors ces histoires de fiançailles, elle ne savait pas du tout d’où cela venait, mais elle n’aimait pas beaucoup ça. Elle avait l’impression d’être la dernière au courant, et elle n’aimait pas ce sentiment.

-Tu as bien entendu. Tu as l'air surprise. Pourtant, avoue qu'on ferait un couple très assorti. D'ailleurs, je te ferais savoir que Cassiopeia m'a qualifié d'excellent parti et de très bel homme.

Eurydice fronça légèrement les sourcils, cette histoire commençait vraiment à ne pas lui plaire. Elle n’aimait pas le fait que Nigel ait une femme dans sa vie. C’était une réaction un peu grotesque, elle le savait, mais elle avait toujours été habituée à n’avoir Nigel que pour elle. Elle ne l’avait jamais vu autrement que comme son frère jumeau évidemment, mais elle n’avait pas très envie de devoir le partager avec une autre. Pourtant, elle ne pourrait être plus heureuse pour lui que s’il lui affirmait avec trouver l’amour (mais pas avec Trevor faut pas déconner), parce qu’elle ne voulait que son bonheur mais elle avait tout de même une partie d’elle qui se sentait jalouse et mise à l’écart.

-Enfin, j'exagère un peu. Elle n'a pas mis un genou à terre ni ne m'a offert de bague de fiançaille, c'était presque décevant, d'ailleurs. Tu sais comment est sa famille... Elle a besoin d'une échappatoire. A son âge, on a des attentes envers elle qu'elle n'a pas particulièrement envie de satisfaire... Elle a juste besoin d'un fiancé de façade là pour faire taire les curieux. Et... c'est une proposition qui m'arrange aussi.

Ah, elle s’était dit aussi que cette histoire sortait de nulle part. Nigel était un idiot, tout ça pour la faire tourner en bourrique. Elle reconnaissait qu’il avait réussi son coup. Quoiqu’il en soit, ce n’était pas une si mauvaise idée, ainsi, lui aussi aurait la paix. Mais elle espérait que cela n’irait pas jusqu’au mariage. Pas parce qu’elle ne voulait pas de Cassiopeia comme belle-sœur, mais parce qu’elle savait ce que ça donnait les mariages arrangés. Et si tous n’étaient pas aussi chaotiques que le sien, elle ne voulait pas que Nigel se retrouve coincé là-dedans s’il pouvait avoir le choix. Ce qui ne lui avait pas été donné. Et ce qui n’était pas non plus donné à Clarice, malheureusement. Elle s’autorisa une petite tape sur le bras de son jumeau.

“Espèce d’idiot, ça t’amuse de me faire marcher ? En tout cas, je comprends mieux votre histoire à présent. Mais promets-moi de ne jamais l’épouser si tu n’en as pas envie. Elle ou une autre. Ne t’enferme pas là-dedans par devoir ou par pression.”

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igel devait bien le reconnaître, il n'était pas peu fier de sa petite plaisanterie. D'accord, ce n'était ni très fin, ni très intelligent, mais il ne pouvait pas s'en empêcher, dès qu'il trouvait une occasion de chambrer les uns et les autres, il sautait dessus, et Eurydice n'échappait pas à l'exception, même si, bien évidemment, il se montrait toujours bien plus bienveillant et attentif envers elle qu'envers n'importe qui d'autre. En l'occurrence, c'était bien gentillet, et il n'avait pas fait durer le suspense bien longtemps.

Eurydice pouvait être soulagée : ce n'était pas demain la veille que Nigel se fiancerait pour de vrai. Il avait fait une croix sur une telle perspective de longue date. Non, il ne se fiancerait ni ne se marierait jamais... Il en avait plus ou moins fait son deuil. Et bien sûr, il aurait été tout à fait improbable qu'Eurydice n'ai rien su de sa relation avec l'"heureuse élue" si tel avait été le cas.

-Je dois bien avouer que ça m'amuse un peu, oui, ne put s'empêcher de répondre Nigel pour commencer.

Avant qu'Eurydice ne reprenne. Elle savait pourquoi elle lui faisait promettre ça, de ne surtout pas se marier s'il n'en avait pas l'envie, de ne surtout pas céder à la pression de sa caste ou aux convenances en prenant épouse... Elle savait de quoi elle parlait, évidemment, et Trevor, le lendemain, lui sortirait en réalité presque le même discours. Les deux étaient si malheureux ensemble qu'ils devraient servir de contrexemple à quiconque s'engagerait sur cette voie, mais Nigel n'avait pas besoin de ces avertissements. Il aimerait pouvoir combler cette solitude qui le rongeait sans qu'il n'en dise rien, en dépit de tout ce que sa soeur, sa nièce... et son beau-frère lui apportaient. Mais il savait que c'était impossible. Et il n'avait pas l'intention de compenser avec des artifices.

D'ailleurs, accepter le marché de Cassiopeia, c'était plus un jeu pour lui, et une manière de rendre service. Pour lui-même, jamais il n'aurait fait le choix de s'inventer une fausse fiancée... Et tout le monde avait plus ou moins renoncé à l'imaginer en image, à force de le croire courir d'un lit à l'autre, quand bien même il n'y avait rien de plus faux.

-Je te le promets, répondit très sincèrement Nigel, bien conscient de la valeur qu'avait cette promesse aux yeux de sa jumelle. Quand bien même il aurait eu cette volonté de prime abord, il l'abandonnerait forcément à la demande d'Eurydice. Il ne pouvait rien lui refuser. Je me suis fait une raison, tu sais, je vais finir vieux garçon, pas de femme, pas d'enfants. C'est comme ça.

Pas de femme, il s'en fichait totalement. Pas d'enfant, c'était autre chose... cette pensée, à dire vrai, lui faisait plus de mal que les autres.

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Eurydice ne pouvait pas concevoir que Nigel s’enferme dans un mariage qu’il ne voulait pas. Qu’il tombe amoureux d’une femme et veuille l’épouser par amour c’était une chose, mais les mariages arrangés, elle ne voulait pas qu’il y succombe. Leurs parents ne l’avaient jamais forcé à se marier quand il était plus jeune, alors ce serait idiot qu’il se l’inflige maintenant. Même s’il y avait une possibilité que ce mariage soit une bonne chose, le risque de désastre était bien trop élevé. La grande majorité des mariages arrangés ne finissaient pas en histoire heureuse, c’était bien connu.

Alors au final, elle était heureuse, ou plutôt soulagée de savoir que ces histoires de fiançailles n’étaient qu’une façade, et que cela n’aboutirait jamais à rien. Eurydice n’aurait rien eu à redire si Nigel lui avait affirmé être fou amoureux de Cassiopeia, même si au début, elle aurait probablement peu apprécié de devoir partager son frère avec une autre femme, de voir Nigel heureux aurait suffit à la rendre heureuse, elle aussi.

-Je dois bien avouer que ça m'amuse un peu, oui.

Eurydice ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Ce n’était pas la première fois que Nigel jouait au petit malin, et ça ne la faisait pas toujours rire. A croire qu’il aimait vraiment la faire tourner en bourrique, mais un jour, cela pourrait finir par se retourner contre lui. Ils n’avaient pas forcément le même sens de l’humour, et pourtant, ils partageaient pratiquement tout. Mais bon, peu importe. L’important, c’était que s’il s’était fichu d’elle, elle préférait cela plutôt qu’à de réelles affirmations. Elle savait bien quelle réputation avait Nigel, au niveau sentimental. Beaucoup pensaient qu’il collectionnait les femmes, ils ne pouvaient pas être aussi loin de la vérité, mais elle ne pensait pas que cela lui porte vraiment préjudice. Cependant, elle reconnaissait qu’on cesserait de l’ennuyer avec la question de ses prévisions de noces.

-Je te le promets. Je me suis fait une raison, tu sais, je vais finir vieux garçon, pas de femme, pas d'enfants. C'est comme ça.

Eurydice était soulagée par sa promesse, parce qu’elle savait que Nigel était sincère. Cependant, elle ne lui demandait pas de fermer totalement la porte à une éventuelle histoire. Elle savait bien qu’il était particulier, parce qu’il ne ressentait aucun désir physique pour les femmes, mais cela ne voulait pas dire qu’il ne pouvait pas tomber amoureux. Si cela devait arriver, elle serait très heureuse pour lui. Hormis s’il devait s’agir de Trevor, bien entendu. Ou de tout autre homme, faut pas déconner. Eurydice était également consciente que la question des enfants n’était pas anodine. S’il avait pu, elle savait très bien qu’il aurait voulu en avoir, et il ne devrait peut-être être aussi catégorique. Avec un léger sourire, elle caressa affectueusement sa joue.

« Ne dis pas cela. On ne sait jamais, peut-être que demain tu vas rencontrer la femme de ta vie. Et puis, même sans cela, tu peux très bien adopter un enfant si cela te tient à cœur. Regarde, le couple Prewett adoptent bien le fils des Rookwood, alors pourquoi pas toi ? Je suis certaine que tu ferais un père fantastique. »

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igel afficha une esquisse de sourire peu convaincue quand Eurydice lui fit remarquer qu'il rencontrerait peut-être encore la femme de sa vie, il n'en savait rien, après tout... Oui, sauf que si, il le savait très bien, et pour des raisons qu'il ne pouvait, de toute évidence, apprendre à sa soeur, il ne pouvait que par la même que cette perspective était sans issue. Et même s'il y avait eu une femme de sa vie quelque part, ce n'est pas pour autant que leur relation aurait été autre que platonique. Enfin, dans l'espoir de faire un enfant, peut-être qu'il aurait pris sur lui, mais la question ne se posait pas, dans tous les cas. Et d'ailleurs, il serait préférable qu'il ne se pose aucune question tout court. Mais ça, ce serait mal le connaître, quand il s'agissait de se perdre en atermoiements existentiels et philosophiques, il n'était pas le dernier, mais puisqu'il avait tendance à tout garder pour lui, cela ne se voyait, en revanche, pas forcément. Et ce n'est pas plus mal.

Pour ce qui était d'adopter... La vérité, c'est que cette possibilité lui avait déjà traversé l'esprit, et plus d'une fois dernièrement, mais il avait eu besoin d'avoir l'esprit clair sur la question pour oser l'évoquer. A l'heure actuelle, ce n'était toujours pas le cas, il ne savait toujours pas où il se situait par rapport à tout cela. Il devenait de plus en plus clair pour lui qu'il aurait le sentiment d'être passé à côté de quelque chose s'il devait ne jamais avoir d'enfants, mais pour autant, en voudrait-il un qui ne soit pas sa chair et son sang ? Il n'en savait absolument rien, en fin de compte...

Peut-être que oui, et qu'il aimerait cet enfant tout autant, mais est-ce qu'il pourrait vraiment être un bon père sans épouse à ses côtés ? Il était totalement embringué dans cette vision classique de la famille. Pour lui, un enfant avait besoin de ses deux parents, même si le couple que formaient les parents en question devait être dysfonctionnel. Clarice en était la preuve, non ? Elle avait autant besoin d'Eurydice que de Trevor, même si les deux se menaient une guerre secrète depuis presque la naissance de leur fille, voire avant.

-Je ne sais pas... Je t'avoue que j'y ai déjà pensé, mais je ne sais pas si je ferais un bon père célibataire, ni si on me laisserait vraiment adopter en étant parent unique, justement... sans compter que ça m'obligerait à mettre en partie mon travail entre parenthèses...

Il appréciait de pouvoir évoquer ses doutes et ses appréhensions en compagnie d'Eurydice : elle savait toujours l'écouter comme il se devait.

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Eurydice n’avait pas envie que Nigel ait des regrets. Elle comprenait que dans sa situation, ce n’était pas forcément évident, mais s’il avait vraiment envie d’avoir un enfant, il était capable de s’en donner les moyens. Si elle devait le pousser un peu pour qu’il saute le pas, elle était prête à le faire. Eurydice connaissait très bien son frère, et elle savait qu’il ne faisait pas une croix sur le fait de devenir père parce qu’il n’en avait pas envie. Mais parce que ce serait plus compliqué pour lui. Pourtant, il y avait des solutions. Pas les plus simples, mais elle ne pensait pas que Nigel irait se marier juste dans l’expectation d’avoir un enfant. Mais il y avait toujours l’adoption, ou peut-être même d’autres options, moins connues, moins répandues. Quoiqu’il en soit, elle ne voulait pas qu’il se prive parce qu’il était différent, ou parce qu’il était célibataire. Elle n’avait pas envie que son frère vive avec des regrets.

Elle savait que Nigel pouvait se montrer buter, mais il devait s’assurer que s’il avait réellement envie d’avoir un enfant, c’était possible. D’autant qu’Eurydice ne doutait pas du fait qu’il ferait un très bon père. Il l’avait toujours prouvé, en s’occupant de Clarice. Evidemment, être oncle, et être père ce n’était pas la même chose, et ce n’étaient pas les mêmes responsabilités, mais c’était déjà un bon point de départ. Il n’y avait pas de raisons pour que Nigel soit plus mauvais qu’un autre. Après tout, malgré toutes ses tares, Trevor réussissait à être un bon père.

-Je ne sais pas... Je t'avoue que j'y ai déjà pensé, mais je ne sais pas si je ferais un bon père célibataire, ni si on me laisserait vraiment adopter en étant parent unique, justement... sans compter que ça m'obligerait à mettre en partie mon travail entre parenthèses...

Même si Eurydice comprenait réellement les craintes de Nigel, elle avait surtout l’impression qu’il se cherchait des excuses, à cet instant précis. De son côté, elle avait l’impression qu’il se posait un peu trop de questions, certes, ce n’était probablement pas simple d’être parent célibataire, et probablement mal vu par les autres. Mais cela ne devrait pas être un frein pour autant, et Nigel n’était pas vraiment seul, il avait des gens sur qui compter.

« Si tu as peur que ta demande soit rejetée parce que tu n’es pas marié, tu peux toujours demander de l’aide à Cassiopeia. Mais je ne vois pas pourquoi tu doutes de toi, il n’y a aucune raison à cela. Et puis, je serai là pour t’aider si besoin, tu n’auras pas besoin de mettre quoique ce soit entre parenthèses. »

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igel se contenta d'afficher une fine esquisse de sourire quand sa jumelle affirma que si sa crainte était que sa demande soit rejeté, il pouvait toujours demander l'aide de Cassiopeia. Oui, sans doute, mais là, il ne s'agirait pas seulement de lui "demander son aide". Cassiopeia était venu le trouver dans l'intention de prétendre à des fiançailles pour leur tranquillité d'esprit, il savait pertinemment que la dernière chose qu'elle voulait était de se retrouver avec la bague au doigt, et demander l'aide de Cassiopeia revenait à lui demander de l'épouser pour de vrai.

Et l'on pourrait prétendre que la différence était minime, mais c'était entièrement faux. Se marier les obligerait à vivre ensemble s'ils ne voulaient pas éveiller de soupçons ou faire courir d'absurdes rumeurs, et même en faisant chambre à part, ce n'était pas ce qu'ils voulaient. Et encore moins si un enfant devait entrer en ligne de compte. Par ailleurs, qu'adviendrait-il de la réputation de Cassiopeia s'ils décidaient d'adopter. Lui-même n'était pas certain de vouloir se coltiner la réputation d'être infertile, d'autant que cette réputation allait déjà coller bien trop rapidement à la peau de Clarice incessamment sous peu, trop vite en tout cas.

Pour ce qui était de douter de lui, il estimait que c'était une réaction plutôt naturel à l'idée de devenir parent, si vraiment cette idée devait se concrétiser. Ce n'était pas un choix que l'on faisait à la légère, et il ne pensait pas que l'on puisse savoir à l'avance si on allait être un bon parent ou pas.

Les autres pouvaient s'en faire une idée biaisée en se fondant sur votre caractère, mais qui finissait immanquablement par se heurter à la réalité pure et dure. Il était un bon tonton, ça ne voulait pas dire qu'il serait un bon père. Et même s'il était convaincu qu'Eurydice serait plus qu'heureuse de l'aider, il ne savait pas à quel point il accepterait de se reposer sur elle. Bref, la question était particulièrement complexe. Ceci dit, il appréciait de constater qu'il bénéficiait du soutien plus qu'inconditionnel de sa jumelle. C'était la première fois qu'il exprimait cette idée à voix haute, et le fait qu'Eurydice l'écoute et le soutienne le poussait à vouloir y réfléchir davantage.

-Dans tous les cas, c'est plus une idée qu'un projet, tu sais. Ne te monte pas trop la tête non plus, il y a de bonnes chances pour que tu ne deviennes jamais tata. Ne crois pas que je ne vois pas à quoi servent tes incitations, plaisanta-t-il. L'air de rien, ma vie me plaît telle qu'elle est, je n'ai pas forcément envie de la bouleverser plus que nécessaire.

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Eurydice connaissait son frère mieux que personne. Et elle savait que ce n’était pas un sujet qu’il prenait à la légère, malgré le détachement qu’il voulait laisser apparaitre. Ce qui était normal. Il était normal d’avoir des envies de paternité, ou de maternité. C’était dans la nature humaine, même si Eurydice tentait à penser que certains n’y avaient pas le droit. Quand elle voyait que son frère n’avait pas d’enfants, mais que Trevor si, elle se disait vraiment qu’il y avait un problème. Mais ce n’était pas irrémédiable, en ce qui concernait Nigel.

C’était plus simple pour un homme d’avoir un enfant pour elle. Parce qu’on portait beaucoup moins de jugements aux agissements d’un homme, qu’à ceux d’une femme. La situation de Nigel était délicate, mais s’il avait vraiment envie d’un enfant, il pouvait s’en donner les moyens. Sinon… c’est que l’envie n’était pas si forte que ça, voilà tout. Elle voulait juste que son frère soit heureux, qu’il n’ait pas de regrets. Parce qu’on ne pouvait pas rattraper le temps perdu, c’était une fausse idée que les gens se faisaient pour se donner de l’espoir, mais cela restait tout de même une illusion.

Des deux, Nigel était celui qui était plus disposé de faire ce qu’il voulait, de part son sexe. Mais il est vrai que dans leur société, même les hommes devaient respecter certains codes, pour ne pas faire défaut à leur nom. C’était parfois très frustrant, d’être ainsi toujours obligé de surveiller ses faits et gestes, réfléchir aux conséquences, s’empêcher de vivre. Mais Nigel avait toujours réussi à passer entre les mailles du filet, et elle ne doutait pas qu’il saurait très bien continuer à agir ainsi.

-Dans tous les cas, c'est plus une idée qu'un projet, tu sais. Ne te monte pas trop la tête non plus, il y a de bonnes chances pour que tu ne deviennes jamais tata. Ne crois pas que je ne vois pas à quoi servent tes incitations. L'air de rien, ma vie me plaît telle qu'elle est, je n'ai pas forcément envie de la bouleverser plus que nécessaire.

Eurydice ne se montait pas la tête. C’était un sujet important, c’était normal qu’elle souhaite aller au fond des choses. En tout cas, ce n’étaient pas les tentatives de détournement de son frère qui allaient fonctionner sur elle. Mais elle comprenait qu’il n’avait plus spécialement envie d’en parler, alors elle n’allait pas insister plus longtemps. L’idée n’était pas non plus de lui mettre un poids sur les épaules. Elle glissa tendrement ses doigts dans les boucles brunes de son frère et lui adressa un léger sourire.

« Si c’est le cas, alors tant mieux. »

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ant mieux, oui. Si c'est le cas, du moins. Mais la vérité, c'est qu'il n'en savait rien. Ce n'était pas exactement comme s'il mentait quant au fait qu'il était plutôt satisfait de sa vie comme elle était. Parce que c'était le cas. Mais il avait appris, de longue date, à mettre ses frustrations sous clé et à ne surtout pas en parler. Pour la peine, c'était compliqué pour lui, parfois, de faire la distinction entre de vraies aspirations, le simple fruit de son imagination, et des rêves qu'il aurait enterrés parce qu'il aurait considéré qu'il ne servait à rien de se bercer d'illusions.

Dans tous les cas, il savait que ses voeux pour la grande majorité ne seraient jamais exaucés. Au final, c'était plus simple, plus pratique et plus convenable de se répéter que les choses étaient très bien ainsi. Et de les dire à Eurydice surtout, parce qu'il savait bien que le savoir malheureux ou insatisfait la rendrait, elle, malheureuse. Et le malheur de sa jumelle était la dernière chose qu'il puisse vouloir, évidemment.

-Bon, ce n'est pas tout ça, mais j'ai un petit creux, moi ! Pas toi ?

Il ne voulait pas s'appesantir plus longtemps sur cette discussion. L'air de rien, elle avait été lourde de sens, plus qu'il n'avait soupçonné qu'elle le serait, et pour la peine, il préférait alléger les choses, à présent. C'était un de ses grands torts. Si Eurydice était celle avec qui il baissait le plus la garde, cessait d'amuser la galerie pour se montrer bien plus transparent et sincère (sauf sur un sujet particulier), il restait malgré tout fidèle à lui-même. Il préférait coller un sourire à son visage et assurer sur tous les tons possibles que la vie était belle. Les choses paraissaient bien plus douces et bien plus acceptables ainsi.

-Qu'est-ce que tu préfères ? Je vide les placards jusqu'à réussir à nous concocter quelque chose d'un tant soit peu comestible ? ou bien je t'invite au restaurant ? demanda-t-il avec un grand sourire amusé aux lèvres.

Balayées ces histoires d'enfants qu'il n'aurait jamais. Il n'était plus question d'y penser pour le moment. Il préférait largement se concentrer sur tout autre chose.

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Eurydice s’en faisait pour son frère, c’était plus que normal. Il était son jumeau, son double, et elle le vivrait vraiment mal, qu’il soit malheureux. Elle avait besoin que Nigel soit heureux pour l’être aussi. Elle ne pouvait pas se douter qu’il lui cachait des choses, et pas des petites, alors elle ne pouvait que le croire sur parole. Même si elle le connaissait trop bien pour savoir quand il déguisait un peu la vérité pour ne pas l’inquiéter. Mais bon, elle lui faisait tout de même assez confiance pour le croire quand il disait qu’il allait bien, et qu’il était heureux.

Au final, il était toujours un peu compliqué pour eux d’être totalement transparent avec l’autre sur ce qu’ils ressentaient, parce qu’ils avaient le même réflexe de protection, et qu’ils dépendaient beaucoup de l’autre. Et étant donné que chacun le savait, il était compliqué pour eux d’admettre clairement que ça n’allait pas, pour ne pas rendre l’autre mal. Mais bon, ils avaient tout de même appris à faire avec, et à composer avec cet état de fait.

-Bon, ce n'est pas tout ça, mais j'ai un petit creux, moi ! Pas toi ?

Les changements de sujet, c’était un peu la spécialité de Nigel, quand il se sentait dans une situation inconfortable. Mais Eurydice n’allait pas insister plus longuement sur le sujet. Elle restait sûre que Nigel ferait un très bon père, et qu’il avait tort de ne pas réfléchir plus en détails aux options qu’il avait pour avoir un enfant, mais elle ne voyait pas l’intérêt de le forcer. Elle ne voulait pas le rendre mal à l’aise, et avoir l’air d’être trop intrusive. Elle voulait simplement qu’il soit heureux, et pour cela, elle était prête à tout pour lui. Mais s’il voulait juste changer de sujet, et passer à autre chose, eh bien soit.

-Qu'est-ce que tu préfères ? Je vide les placards jusqu'à réussir à nous concocter quelque chose d'un tant soit peu comestible ? ou bien je t'invite au restaurant ?

Eurydice ne rechignait jamais à passer plus de temps en compagnie de son frère. Au contraire, elle cherchait naturellement sa présence. Heureusement qu’ils n’habitaient pas très loin l’un de l’autre, et que Nigel arrivait à dégager assez de temps en dehors de son travail pour qu’ils puissent se voir. Bien sûr, elle comprenait qu’il ait aussi parfois envie de sortir, de voir des amis, ou de faire toute autre chose, mais elle avait tout de même besoin de le voir tous les jours, elle se sentait rassurée, et complète. Elle afficha un petit sourire amusé.

« Ta question me semble un peu dirigée tout de même. Je me verrai mal t’affamer pour les jours à venir en te faisant vider tes placards, alors allons au restaurant. »

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-M

oi, orienter la conversation ? fit mine de s'offusquer Nigel. Allons bon, ce n'est absolument pas mon genre. Ce n'est tout de même pas ma faute si ton très cher frère ne sait toujours pas faire des courses convenables et recevoir dignement sa soeur à son très grand âge, plaisanta-t-il comme il en avait si souvent l'habitude. Bon d'accord, étant ledit frère, il se peut effectivement que ce soit de ma faute. Mais pour ma défense, je préfère offrir à ma très chère jumelle le meilleur repas possible que de lui proposer mes piètres talents culinaires. Je pense à toi et à ton estomac, j'espère que tu me remercieras éternellement de tant d'attention et de délicatesse, ajouta-t-il avec un sourire sincère au coin des lèvres.

En vérité, l'endroit importait peu. Il pensait qu'ils seraient plus à leur aise dans un restaurant, mais la seule chose qui importait pour Nigel, ce qui importait toujours, c'était le bien-être de sa soeur, s'assurer qu'elle aille bien et qu'elle se sente bien, et pour cela, il considérait bel et bien qu'il n'y avait qu'une seule manière de faire, qui revenait donc à lui offrir le meilleur qu'il puisse lui offrir en n'importe quelle circonstance, un point c'est tout.

Sans plus se faire attendre, Nigel s'empara donc de sa veste et de son portefeuille et attendit que sa soeur s'habille également et enfile ses chaussures avant d'ouvrir grand la porte menant à l'extérieur. Il appréciait toujours ce genre de sortie, même si c'était seulement pour aller au restaurant seul avec lui-même, mais bien sûr, c'était encore mieux s'il pouvait en faire profiter Eurydice, tant qu'à faire.

-Allons-y, très chère, lui proposa-t-il avec une déférence trop appuyée pour être totalement honnête, mais qui était bien évidemment dans ses plus strictes habitudes, et Eurydice qui le connaissait par coeur ne pouvait que le savoir.

Une fois qu'elle eut passé la porte de l'appartement, il referma précautionneusement ce dernier derrière lui avec un léger sourire aux lèvres. Prêt à les faire transplaner jusqu'à un restaurant de sa connaissance où il savait qu'ils seraient bien accueillis et pourraient discuter tranquillement.

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En soit, manger chez son frère, ou au restaurant avec ce dernier, ça n’avait pas de grande importance pour Eurydice. Du moment qu’elle passait du temps avec Nigel, c’était tout ce qu’il lui importait. Honnêtement, elle ne pensait pas qu’il soit si mauvais cuisinier que ça… mais bon, elle ne disait jamais non à un bon restaurant, surtout quand elle était invitée. Il y avait une bonne soirée à passer en perspective, et elle n’allait certainement pas passer à côté. Elle avait définitivement besoin de ce genre d’évènements dans sa vie, et c’était Nigel qui les lui apportait presque tous.

-Moi, orienter la conversation ? Allons bon, ce n'est absolument pas mon genre. Ce n'est tout de même pas ma faute si ton très cher frère ne sait toujours pas faire des courses convenables et recevoir dignement sa soeur à son très grand âge. Bon d'accord, étant ledit frère, il se peut effectivement que ce soit de ma faute. Mais pour ma défense, je préfère offrir à ma très chère jumelle le meilleur repas possible que de lui proposer mes piètres talents culinaires. Je pense à toi et à ton estomac, j'espère que tu me remercieras éternellement de tant d'attention et de délicatesse.

La jeune femme afficha un sourire amusé à la tirade de son frère. C’était totalement son genre d’orienter les conversations dans le sens qu’il voulait, il avait toujours été comme ça. Elle le savait, et il le savait aussi. Mais ça ne faisait rien, elle y était habituée et dans tous les cas, elle arrivait toujours à avoir les informations qu’elle voulait de son frère. Quoiqu’il en soit, elle ne comptait pas lui faire une quelconque morale, il n’y avait aucun besoin d’en arriver là. Elle était surtout amusée par la situation. Et par le fait que malgré son grand âge, comme il le disait lui-même, Nigel réussissait toujours à se comporter comme un enfant, dans certains moments. Mais elle trouvait cela très attendrissant, qu’il ait réussi à conserver une partie de son âme d’enfant.

« Quelle chance j’ai d’avoir un frère aussi prévenant que toi, n’est-ce pas ? »

-Allons-y, très chère.

Eurydice afficha un petit sourire et s’approcha de son frère. Elle attrapa son bras, en toute confiance, sachant qu’ils allaient probablement transplaner. En tout cas, elle était toute décidée à ne penser à rien d’autre qu’à son frère pour cette soirée, et d’oublier tous les problèmes qu’elle pouvait avoir, elle avait juste envie de se détendre en bonne compagnie, et il n’y avait pas mieux que Nigel pour cela.

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