Les grandes réceptions ne sont pas ma tasse de thé, ne l'ont jamais été. Certes, je sais faire illusion, je sais m'adapter et me montrer sous mon meilleur jour, je sais quoi dire et à qui, je sais à qui m'adresser et à qui il vaut mieux ne pas adresser un seul mot, mais ce n'est pas parce que je maîtrise les codes, parce que je sais tout des convenances, que tout ceci me plaît pour autant. Dans un premier temps, je trouvais quelque chose de fascinant à tout ça, je me sentais comme dans mon élément, j'avais l'impression de faire partie du grand tout, et c'est tout ce qui comptait.

Aujourd'hui, j'ai toujours ce même sentiment, mais l'attrait et les paillettes se sont dérobés. C'est ce qui arrive quand on rentre de plein pied dans le monde réel, c'est ce qui se passe quand on prend conscience que l'horizon de chacun est bien plus vaste que ce qu'on s'imaginait. Et quand on décide de prendre place dans le grand dessein, alors les réceptions officielles, ce devient une obligation où chacun tient son rôle le plus parfaitement, mais à laquelle presque plus personne ne prend plaisir.

Je fais semblant, je prétends. Se montrer à ce genre de soirée, c'est aussi asseoir sa situation sociale. Dans mon cas, c'est un jeu d'autant plus utile qu'il nous permet de parader, Lena et moi, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. C'est au bras l'un de l'autre que nous avons pénétré la pièce et serré plusieurs mains, mais Lena a été "empruntée" par l'un des convives de cette soirée, et je suis à présent seul.

En l'honneur de qui et de quoi, cette soirée ? En toute honnêteté, j'ai complètement oublié. Je ne pense pas que ça est de l'importance. Dans ces grandes familles qui toutes se recoupent à un moment ou à un autre, il y a toujours des fiançailles, des mariages, des naissances, des promotions, des baptêmes... n'importe quoi à célébrer du moment que l'on se fait voir et que l'on est vu. C'est comme ça que ça fonctionne.

Je me suis saisi d'un verre de champagne et je scrute les alentours. L'on ne reste jamais seul à observer, dans ces festivités. Et en effet, bientôt, je sais à qui vont s'adresser les prochains mots que je vais prononcer. J'aperçois Rose à quelques mètres. Outre le fait que j'apprécie sa compagnie, voilà un moment que je songe à sonder ses éventuelles motivations, c'est peut-être l'occasion. Je profite qu'elle vienne d'être soustraite à je ne sais quelle conversation avec je ne sais qui pour aller à elle.

-Bonsoir Rose, quel plaisir de te revoir, ça faisait un moment. Comment vas-tu ?

Prise par le travail, je veux bien croire que Rose l'est. Moi qui ai grandi dans un cadre très particulier, où les femmes avaient un rôle ou un seul, j'ignore de quelle manière je m'y prends pour m'attacher à autant de femmes carriéristes. J'en ai même épousé une, c'est dire. J'imagine que même si je suis attaché aux traditions, je suis de ceux capables d'admettre que certaines ont de bonnes raisons, d'excellentes raisons, même, d'évoluer. Il m'arrive de croiser Rose au département des mystères, mais, cela va sans dire, je ne sais pour autant rien de ce qui l'accapare, tout comme elle-même ne doit rien savoir de mes projets et travaux en cours, c'est ainsi.

J'ai bien envie de lui en demander plus sur ce qu'elle fait en ce moment, mais je sais par quelle sorte de réponse se soldera tout naturellement et très logiquement la moindre question. Elle ne pourra pas m'en dire plus, et c'est on ne peut plus normal. Par ailleurs, il est bien probable qu'elle n'ait pas spécialement envie de parler boulot à l'heure actuelle, ce que je comprends parfaitement. C'est entièrement mon cas aussi. J'imagine que cette soirée a vocation à nous divertir, alors... divertissons-nous ? Enfin, je suppose.

-Non, je ne suis pas venu seul, Elena ne doit pas être très loin, je réponds avec un sourire.

Les questions sur Elena et sur mon couple et général n'ont jamais rien d'agréable, forcément, mais je fais ce que je peux pour faire illusion. Je ne suis pas le meilleur menteur, mais je ne suis pas mauvais non plus. Je ne veux pas laisser transparaître quoi que ce soit. Pas tant pour moi-même que pour Lena, d'ailleurs. Je ne voudrais pas qu'elle ait à accuser la moindre retombée. C'est une chose sur laquelle nous travaillons, petit à petit.

-Elle va très bien.

C'est le discours officiel et je n'en démordrai pas, même si je m'abstiens d'en dire davantage. Elle ne va pas si bien que ça, et moi non plus d'ailleurs. Nous travaillons sur nous-même, et même si nous n'en sommes pas au point chaotique d'il y a quelques mois, nous sommes encore loin d'avoir trouvé l'harmonie que nous recherchons tous les deux.

-Et toi ? Les amours ? Toujours pas de fiancé ?  

Même si la question peut sembler indiscrète, je n'ai pas le sentiment de mettre les pieds dans le plat en évoquant les éventuelles fiançailles de mon interlocutrice. Au contraire, j'estime qu'il va de soi que de lui poser la question, même si cette dernière doit lui être peut-être posée un peu trop souvent. Après tout, elle en est à un âge de la vie (elle est tout sauf vieille, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, mais l'on s'attendrait à ce qu'elle soit mariée depuis un moment, c'est générationnel) où c'est un sujet qui, forcément, lui pend au nez. A plus forte raison qu'elle est une femme, il faut bien le reconnaître également.

Elle répond d'une manière que je trouve évasive, prétextant qu'il y a des partis plus intéressants qu'elle. Objectivement, elle n'a pas entièrement tort, oui, mais je refuse d'entendre cette réponse comme une excuse valable, surtout que connaissant le tempérament bien trempé de Rose, je ne doute pas qu'elle sera capable de se choisir son époux, comme elle s'est choisie une vie professionnelle, n'en déplaise aux marieurs invétérés qui peuplent nos arbres généalogiques. Et ce serait une chance pour elle, chance que j'ai moi-même eue en épousant Elena... même si toute médaille a bien sûr son revers.

Si elle n'est pas pressée, je suis capable de l'entendre... elle a le luxe de pouvoir ne pas l'être, autant qu'elle en profite. Certaines femmes se désespèrent de trouver un époux, d'autres ne jurent que par le célibat. Le premier cas de figure est largement plus accepté que le second, y compris dans mon esprit forgé dans un moule d'attentes spécifiques et d'a priori convenus. J'ai beaucoup d'affection pour Rose, oui, mais elle a, comme nous tous, des obligations, auprès des siens et il faudra bien qu'elle se conforme aux attentes que l'on a à son sujet.

-A t'entendre, on pourrait croire que tu ne désires ni mari, ni héritier, dis-je d'un ton qui laisse suggérer qu'elle n'a plus qu'à me détromper.

C'est notre devoir à tous que de transmettre notre nom et notre sang aux générations futures. C'est un passage obligé, ai-je envie de dire... et un rôle fondamental quand on est une femme, de cela je suis convaincu.

Il est difficile pour moi de concevoir qu'une femme puisse ne pas envisager sérieusement d'avoir mari et enfants... Comme si c'était inscrit dans les gènes de toutes les femmes, comme si elles ne pouvaient qu'éprouver, naturellement, instinctivement, ce désir de fonder un foyer. Ma compagnie assidue, surtout au sein des mangemorts, de femmes parfaitement indépendantes et aux antipodes des clichés les plus communément acceptés, devrait m'avoir appris autre chose, mais on reste le produit de son éducation, quoi qu'on fasse pour s'en détacher. Mais je n'ai pas fait grand-chose pour ça, je l'avoue.

L'argument de ne pas avoir de nom à transmettre ne joue pas à mes yeux. Les hommes veulent une vie à eux pour que leur légende leur survive, chez les femmes, j'ai toujours vu cela comme quelque chose de plus instinctif et primaire (ah, sexisme ordinaire, quand tu nous tiens - au moins, j'ai le mérite d'appartenir à un autre temps, contrairement à l'individu qui me contrôle et qui a encore à apprendre sur la question, lui aussi). Mais soit, je ne peux pas débattre plus longtemps même si je le souhaitais.

Parce qu'à sa manière, Rose me rappelle qu'avant que de m'intéresser avec la plus grande indiscrétion à la vie de mes pairs, j'ai plutôt intérêt à balayer devant ma porte. Car oui, sa question est logique, légitime, même, mais la réponse que j'ai à y apporter, elle, n'est pas si évidente. Des enfants, j'en veux, et je sais que je finirais par en avoir. Mais en attendant, eh bien... Disons que nous n'en sommes vraiment pas là avec Elena. Je ne nous vois pas fonder une famille tant que la situation ne sera pas encore plus apaisée entre nous. Et nous en sommes encore loin pour le moment.

-Si un jour je dois devenir père, tu seras l'une des premières averties, je lui réponds en lui rendant donc presque mot pour mot ses propos de tout à l'heure, avec un fin sourire. Ce n'est pas encore au programme, j'aimerais avoir franchi encore un ou deux paliers au ministère avant, je prétends, m'inventant des excuses éhontés pour ne pas admettre que ce n'est pas ce qui me retient réellement... Bien sûr, je veux me donner l'occasion d'évoluer encore au département des Mystères, mais ce n'est définitivement pas ce qui m'empêcherait de fonder une famille.

C'est plus simple que de reconnaître que pour le moment, Lena et moi sommes... en crise ? Mais ça viendra. C'est elle que je voulais pour épouse, c'est que je veux comme mère de mes enfants. C'est une chose qui n'a pas changé.

Quand elle me dit qu'elle n'insistera pas ou presque, je sais que c'est le presque qui importe, et je n'irai certainement pas le reprocher à Rose. Après tout, j'ai enfoncé largement la porte, que Rose en profite pour se frayer un chemin dans la... surbrêche, c'est parfaitement normal. Mais elle a raison, je tiens à la transmission du nom, et mon nom sera transmis, en temps et en heure, j'y compte bien... Cela viendra. Il faut seulement... qu'on parvienne à dépasser un certain seuil.

Je ne veux pas finir par faire à mes enfants des reproches qui viendraient seulement d'une amertume non réglée. Mais évidemment, c'est autant de choses que je ne peux pas dire à mon interlocutrice. C'est plus facile d'affirmer que je compte gravir les échelons avant d'envisager de fonder une famille plutôt que d'admettre des faits qui échappent à la connaissance de tous.

Je préfère ne rien dire quand elle me sert un discours que mes parents se seront chargés de m'offrir avant elle par ailleurs. Je ne pense pas qu'elle se soucie réellement de me voir devenir père, contrairement à nombre des membres de ma famille. Elle s'amuse seulement de la situation, ce que je peux parfaitement comprendre.

Elle me le confirme en m'assurant qu'elle plaisante, et qu'on a tout le temps qu'on veut. Ce qui n'est pas faut. Le temps passe vite, et il est précieux (en plus d'être joueur, c'est autant de choses que j'ai appris en travaillant au département des mystères, justement). Oui, nous sommes jeunes, ce n'est pas vraiment un problème. Mais je me sentirais prêt, pour tout dire, à prendre ces responsabilités familiales, si les circonstances n'étaient pas si particulières. Mais elles le sont, c'est comme ça.

-C'est vrai, et beaucoup de mes projets en cours n'encouragent pas forcément une vie de famille calme. Quand j'aurais des enfants, je souhaiterais qu'ils puissent grandir dans un monde transformé, c'est à ça qu'il faut que je travaille tout d'abord.

Ce qui est une manière, pas forcément subtile, de dévier vers un autre sujet, bien différent, mais qui m'intéresse tout autant, et qui pourrait bien intéresser Rose aussi. L'occasion d'interroger ses valeurs et d'encourager d'éventuelles allégeances.

J'apprécie la réponse de Rose, convaincu qu'elle est sincère et ne se contente pas d'abonder dans mon sens par pure complaisance. Je pense qu'elle me comprend, que même si elle n'a pas le détail de mes propres intentions, elle est capable malgré tout de voir et de savoir où je veux en venir... pas précisément, mais il n'y a pas non plus besoin d'être un exemple de lucidité et de clairvoyance pour comprendre que ce monde va mal et qu'il faut procéder à des changements... en profondeur, pour conserver nos privilèges, pour préserver mes acquis.

Et même si ce n'est pas réellement ce qui me retient à l'heure actuelle, il est vrai tout de même que j'apprécierais d'élever mon fils ou ma fille (mais un fils serait mieux) dans un monde qui n'aura pas transigé avec nos convictions, dans le monde d'après, celui qui existera quand la suprématie du seigneur des Ténèbres sera communément admise. Le processus est long, forcément laborieux, puisque personne ne compte nous laisser le moindre répit, mais c'est un combat noble, et qui en vaut la peine. Et je sais que Rose pourrait y apporter une contribution non négligeable. Il suffit pour cela de trouver les bons mots... Je n'ai pas les pouvoirs de conviction du maître, mais je pense être capable de sonder le terrain au mieux, pour au moins semer quelques graines qui, avec un peu de chances, mèneront à un appréciable résultat.

-Bien entendu, je réponds quand Rose se sent la nécessité d'ajouter ce "simple curiosité" qui est à mes yeux de trop, car elle n'a pas besoin de se justifier de la question qu'elle me pose. Si j'avais été déterminé à ne surtout rien dire, je ne me serais pas engagé sur ce chemin, je n'aurais pas prononcé ces mots. Ils invitent tout naturellement à la curiosité. C'est l'effondrement de nos valeurs, qui m'inquiète par-dessus tout. Sous prétexte de progrès, on frôle un laxisme qui autorise d'absurdes dérives, on foule au pied nos privilèges, et dans le même temps, c'est notre identité profonde que l'on jette aux ordures, que l'on voue aux gémonies.

Et quiconque évolue dans les sphères des sangs purs l'a forcément remarqué, ne peut pas prétendre être indifférent à ces bouleversements qu'il ne tient qu'à nous de rendre favorables à nos convictions les plus profondes.

Le moment présent nous rappelle à l'ordre en même temps qu'il me rappelle à quoi riment ces festivités, et c'est au fond assez ironique. Un nouveau-né exhibé tel un trophée et porté aux nues par ses parents, et je me joins à la mêlée des applaudissements hypocrites. Les miens ne le sont pas moins. Je me fiche de ce gosse, comme je me fiche de ses parents, que je connais à peine. Je m'applique à respecter un protocole inculqué de longue date et je ne retourne à une conversation qui m'intéresse bien davantage qu'à l'instant où chacun retourne à ses conversations, pour certaines d'une médisance consommée.

Rose reprend la parole, et j'écoute ce qu'elle me dit avec intérêt. Elle a tout à fait raison, et moi-même je ne me fais pas vraiment à cette mode du service proposé par les sorciers. Les elfes ont toujours été très efficaces, et surtout elles sont nées pour nous servir, quoi de plus naturel que de leur léguer ce rôle ? C'est une mode empruntée aux non-sorciers, comme tant d'autres, et ce devrait être inacceptable, encore plus dans nos milieux. Chaque chose à sa juste place, c'est ce que je désire. Raison pour laquelle j'estime que les Moldus en prennent trop, de place, et que les Sorciers y réagissent avec une sorte d'abattement crasse que je trouve pour ma part insupportable.

-Nous sommes en sous-nombre, je dois te l'accorder... Mais nous sommes loin d'être seuls malgré tout. Et si tous ceux qui doivent partager cette même opinion devaient s'associer afin de rappeler à chacun quelle place il se doit de tenir, je pense qu'il est vraiment possible d'empêcher cette course absurde à la modernité, qui vient fouler au pied toutes nos valeurs. Il faut savoir s'entourer des bonnes personnes.

Et ce que j'entends par là, bien sûr, c'est que ces personnes, je les connais, je les fréquente, et j'estimerais tout naturel que Rose en fasse partie à son tour. Cette conversation me le confirme, elle ferait une recrue de choix pour les mangemorts. Nous avons besoin d'éléments comme elle. Nous avons, dans tous les cas, besoin du plus d'éléments possible. Ainsi qu'elle le souligne, nous sommes minoritaires. Mais nous pouvons néanmoins inverser la tendance. En unissant nos forces, et en rétablissant, en établissant un ordre digne de ce nom.

Oui, Rose a raison, j'ai bien une idée en tête, et je pense qu'il est plus que temps de l'expliciter, le souci réside, et comme toujours, dans le fait d'avancer mes pions sans pour autant donner le sentiment de lui forcer la main, et sans me trahir non plus. Pour chaque sorcier que nous cherchons à enrôler, nous courrons évidemment le risque de nous dévoiler, et par conséquent, de nous mettre en danger, ainsi que le groupe auquel nous appartenons.

Dans le cas de Rose, je ne veux pas croire dans un tel cas de figure, mais ce n'est pas pour autant que je dispose de la moindre garantie de sa part. J'avance donc à pas mesuré, calculé, tout de même bien conscient que cette petite stratégie ne peut fonctionner qu'un temps, et qu'elle s'en lasse certainement déjà. Elle me parle de passivité et d'action, et je veux qu'elle sache que je suis de ceux qui agissent. Et qu'elle comprenne qu'elle-même peut agir, en conséquence. Oui, elle a raison, nous sommes à blâmer en partie, parce que nous avons laissé faire, et regardé notre univers ordonné sombrer au profit des impurs. Et maintenant, au-delà de préserver nos idéaux, il faut également réparer la casse. Mais il n'est pas trop tard pour inverser la vapeur, en cela je crois dur comme fer, et je compte bien le prouver, à Rose, à toutes les personnes présentes ici, au monde entier, qu'importe.

-Il n'en demeure pas moins qu'il n'est pas trop tard pour agir.

Construire un ordre nouveau, ou plutôt rétablir un ordre ancien, voilà à quoi j'aspire, et je pense réellement que c'est possible. Je n'ai ni preuve ni garantie, j'ai décidé de croire en un idéal et de suivre aveuglément le leader le plus prompt à rétablir l'ordre, et grossir nos rangs est une nécessité absolue à ce stade.

Je jette un oeil autour de moi, personne ne nous prête la moindre attention, ni ne nous acccorde le moindre regard. J'en profite pour relever discrètement la manche de ma chemise pour laisser entrevoir la marque sur mon avant-bras. Ce signe de ralliement fait bien assez parler de lui dorénavant pour qu'elle comprenne où je veux en venir.

-Et tu peux agir aussi si tu le décides.

Rose se montre d’une discrétion proverbiale, et son expression est totalement indéchiffrable. Est-elle surprise ? intéressée ? choquée ? Impossible de le savoir à coup sûr, mais je décide de me fier à ce que je sais d’elle et à ce que notre conversation, par ailleurs, a révélé de connivence entre nos différentes opinions, qui m’encouragent à penser qu’elle ne blâmera certainement pas mon choix et pourra par ailleurs envisager de nous rejoindre, ce qui a été l’un des buts premiers de cette conversation, après tout.

Je me contente d’afficher un léger sourire quand elle remarque qu’elle comprend mieux pour quelles raisons j’étais si occupé et ce qui faisait que nous avions eu si peu d’occasions de nous croiser ces temps derniers. En l’entendant parler de cette manière, on pourrait croire qu’elle vient de découvrir ma passion pour le club de philatélie local, mais ça me va très bien. J’ai pris un léger risque, même s’il était calculé, en montrant la marque sur mon avant-bras à Rose. Mais il est certain que nous ne pouvons pas parler à cœur ouvert de tout ceci, les répercussions que ça pourrait avoir sur nous sont bien trop grandes. Je préfère l’idée qu’une oreille traînant par là me prenne pour un philatéliste un peu trop passionnant.

Rose reprend la parole et cette fois, je sais que je ne me suis pas trompée, elle est intéressée, réellement. C’est une excellente chose, Rose serait une parfaite recrue pour les mangemorts, j’en suis sûr et certain. Quand elle me demande d’entrer dans les détails, je comprends bien qu’ici, en plein événement mondain, nous n’allons que pouvoir effleurer la surface des choses, ça n’ira pas. Il nous faudra avoir une conversation plus concrète, sur les attentes du seigneur des ténèbres et sur le rôle qu’elle pourrait jouer si elle décidait d’être des nôtres. Même si ce n’est ni à elle, ni à moi de décider de ce rôle, mais à celui qui deviendra peut-être son maître.

-Il n’y a pas de réponse toute faite à cette question. Chacun apporte sa contribution en fonction de ses relations, de ses compétences et de… sa volonté. C’est un engagement. Une parole qui ne peut pas être reprise. Je marque une pause. Tout ceci doit sembler flou. Mais les oreilles indiscrètes sont trop nombreuses alentour. Je ne peux pas vraiment te donner plus de détails… ici.

Elle le sait forcément, et je ne pense pas qu’elle s’attendait à un luxe d’informations.