L'année précédente, Sasha et Gwendall de rendaient à la fête d'halloween organisée en sachant parfaitement qu'elle allait mal tourner, sans se douter que le but ultime de cette soirée avait été de tuer le ministre. Cette année, il y avait une fête pour l'année de la nouvelle ministre de la magie, Sasha n'avait pas entendu parler de quoi que ce soit de la part de mangemort, mais ça ne voulait pas dire que ça n'allait pas arriver. La jeune femme avait conscience qu'elle n'était clairement pas une personne qu'on tenait au courant des projets, bien au contraire. Elle n'était donc pas certaine que cette soirée se passe correctement, qu'il n'y ait aucun drame. La jeune femme n'avait pas spécialement envie de se retrouver ici, mais il y avait des moments où on n'avait pas forcément le choix que de faire ce qu'il fallait. Gwendall travaillait au ministère, il avait une place plus que légitime dans cette soirée. Et elle sa place était au côté de son mari. Même s'ils n'avaient plus vraiment l'esprit à la fête.

Sasha n’avait pas le sentiment qu’elle était vraiment à sa place en cet instant précis, alors qu’il y avait quand même une sacrée quantité de sorcier « digne » à cette soirée. Mais elle faisait bonne figure, elle avait l’intention de garder la tête haute. Même si ça lui coutait quand même énormément. Mais elle avait une idée en tête, en plus de juste faire bonne figure à cette soirée, être auprès de son époux. Elle espérait pouvoir parler avec certaine personne, notamment de Sainte Mangouste, pour essayer de travailler de nouveau. Elle n’était pas sure que ça soit ce qu’elle devait faire, mais elle se disait que si elle pouvait retrouver un poste à Sainte Mangouste, elle allait moins penser à son fils. Même si rien n’allait vraiment changer ses pensées, mais elle tentait le tout pour le tout, même si elle n’était clairement pas sûre que ça allait donner quelque chose. Ce qui était dommage, parce que le directeur de Sainte Mangouste était un proche de Gwendall, mais apparemment ça ne suffisait pas.

Elle observait un peu les personnes présentes dans cette soirée, n’étant pas sûr de trouver quelqu’un avec qui elle pourrait parler d’un potentiel poste. Elle observait donc, et ce fut à ce moment-là que son regard tomba sur Celestina. Sasha abandonna un instant son époux pour aller rejoindre la chanteuse, sans que cela ne soit sans doute un souci pour ce dernier, au vu de leur relation quelque peu complexe. De son côté, la jeune femme avait bien envie d’en profiter un peu pour passer du temps en compagnie de son amie, ça lui ferait assez du bien en fait.

« Bonsoir Celestina. » Dit-elle en arrivant à sa hauteur, lui adressant un sourire. Elle n’avait pas cru la croiser ici ce soir-là, mais en même temps c’était assez logique. « Tu passes une bonne soirée ? »

Sasha afficha un grand sourire quand Celestina la salua en la prenant dans ses bras. Elle devait reconnaître que ça lui faisait du bien, un peu de proximité, un peu de chaleur humaine. Non pas qu’elle n’en ait pas du tout, mais les amis se faisaient quand même plutôt rare en soit. Ce qui n’était en soit pas quelque chose qui la dérangeait en temps normal, depuis qu’elle avait rencontré Gwendall au final… elle avait le sentiment de n’avoir besoin que de son époux. Mais les épreuves faisaient que clairement, ça lui faisait du bien de voir un visage amical et de sentir de la chaleur. D’autant plus qu’elles se trouvaient à une soirée où Sasha n’était pas entièrement la bienvenue. Elle y avait sa place, en théorie, mais en pratique Sasha était la fille d’un moldu, qui avait épousé un sorcier de sang pur et qui avait donc détourné l’héritier des Colloway du droit chemin. Autant dire qu’elle avait plus d’ennemis que d’amis, même si elle portait la marque des ténèbres sur son avant-bras. Marque qui ne lui donnait aucune réelle légitimité au vu de ce que pensait le « maître » d’elle.

Celestina lui affirma qu’elle allait enfin rendre cette soirée intéressante. Elle appréciait d’entendre de telles paroles. La présence de la chanteuse était toujours un plaisir pour la sorcière – même si son époux ne pensait pas du tout de la même façon –, si en prime elle pouvait apprécier sa présence à elle, c’était parfait. Même si évidemment, il y avait cet instant où la disparition de son fils ne pouvait que revenir sur le tapis. Faire croire à sa mort était si facile au final, tant Sasha souffrait de son absence et de ne pas pouvoir le tenir dans ses bras.

« Merci. » Répondit-elle, affichant un sourire triste. Elle savait que Celestina était sincère, et ça lui faisait du bien d’entendre qu’elle était navrée pour eux. Même si ça ne changerait évidemment rien. Ce n’était pas des mots qui pouvaient changer une telle situation et en soit cette situation n’aurait aucune raison de changer si jamais Morgan était bel et bien mort. Mais c’était des mots qui lui faisait du bien. « Malheureusement… on n’y peut rien. »

En vérité si, elle y pouvait quelque chose. C’était elle qui avait pris la décision de cacher Morgan de cette façon, en sachant parfaitement que ça allait être difficile. Mais ils n’avaient pas eu le choix, ils se devaient de le faire parce que sinon Voldemort n’aurait pas manqué de tout gâcher encore une fois. Et elle n’aurait pas supporter qu’il lui arrive quoi que ce soit.

« Je suis heureuse de voir un visage amical. » Reprit-elle, en prenant le parti de changer de sujet. Il n’était pas forcément utile de tourner autour du pot et Sasha devait bien avouer qu’elle préférait moins en dire sur son fils. « Tout le monde n’apprécie pas autant ma présence. »

Sasha pourrait parler plus longuement de sa perte et de sa souffrance, mais elle n’avait pas forcément envie de tourner autour de ce sujet. Parce que c’était quand même difficile pour elle d’aborder la perte de son enfant et parce qu’elle n’avait pas spécialement envie de mentir à Celestina. Elle n’avait pas le choix, elle devait mentir, c’était évident. Elle ne pouvait pas se permettre de ne pas le faire, il n’y avait qu’elle, Gwendall et Zelda qui devaient connaître la vérité. Sasha n’était pas spécialement emballée à l’idée de devoir mentir à son amie donc, même s’il y avait quand même d’autres choses que Sasha ne disait pas à son amie. Au fond, Sasha avait énormément de mensonge pour tout le monde, en dehors de Gwendall. À une époque, elle mentait à Gwendall, mais ce n’était plus le cas aujourd’hui.

Ce n’était pas contre Celestina donc qu’elle devait mentir, elle n’avait pas le choix si elle tenait à protéger son fils. Elle ne mentait pas forcément sur la douleur qu’elle ressentait à la « perte » de son fils, parce qu’elle l’avait vraiment perdu, qu’elle souffrait sincèrement du fait de ne pas avoir son fils avec elle. Elle ne mentait pas sur la douleur qu’elle ressentait, mais sur la raison de cette douleur. Mais si elle parvenait à faire illusion en temps normal avec beaucoup de monde, elle n’avait aucune envie de le faire présentement avec son amie.

Celestina lui affirma qu’elle ne devait pas faire attention aux autres. C’était quelque chose que la jeune femme aimerait bien pouvoir faire naturellement, mais ce n’était pas si facile que cela. Elle assumait parfaitement sa condition et elle n’avait pas vraiment sa langue dans sa poche. Quand on l’attaquait, parce qu’elle n’était pas digne de son mari, elle ne se retenait pas de répondre. Mais ça ne voulait pas dire que c’était simple d’ignorer le fait que les personnes autour d’eux ne la considérait pas du tout à sa place en cet instant précis. Elle n’avait pas forcément besoin de l’approbation des autres personnes, mais ce n’était quand même pas non plus vraiment plaisant d’être entièrement rejetée comme c’était le cas. Par chance, elle avait le soutien de son amie.

« Eh bien, la tienne me sauve également la vie ! » En soit, Sasha avait Gwendall à ses côtés aussi, mais ce dernier ne se trouvait pas avec elle pour l’heure, ça lui convenait très bien que Celestina lui tienne compagnie. « Tu dois pourtant être vraiment demandée. Tu ne dois pas avoir de temps pour toi dans ce genre de soirée. »

Ce qui ne voulait pas dire que la jeune femme appréciait la situation justement. En soit, Celestina n’avait que la rançon de son succès, si elle était à ce point demandée c’était parce qu’elle le méritait en quelque sorte, parce qu’elle était une star. Mais quand même, ça ne devait pas être évident à chaque fois.

Celestina lui apprit que c’était justement parce qu’elle n’avait pas une minute pour elle-même lors de ce genre de soirée qu’elle les avait en horreur. Sasha afficha un sourire en réponse à celui de son amie. Elle se doutait que la jeune femme ne devait pas forcément passer un si bon moment si elle ne pouvait pas avoir une minute pour elle, si elle devait constamment parler avec tout le monde encore et encore, avec en prime un mari qui ne lui accordait pas vraiment du temps.

Comme elle ne manqua pas de le préciser, son mari l’avait abandonné à son sort. Sasha savait qu’entre Celestina et son mari, ce n’était clairement pas tout rose en ce moment, et pour un moment sans doute encore. Celestina n’avait donc pas envie de faire le moindre effort, ce qu’elle pouvait parfaitement comprendre. Et en parlant de mari, la jeune femme ne manqua pas de lui demander si le sien de mari était présent. Sasha aimerait bien que Celestina et Gwendall soient capable de s’entendre, mais en même temps elle n’avait pas l’intention de les forcer non plus. Tant qu’ils ne se jeter pas à la gorge l’un et l’autre, c’était une bonne chose. Et quand elle entendait les paroles de la jeune femme, alors que celle-ci lui affirmait qu’elle ne se plaignait pas de ne pas avoir croisé Gwendall, mais qu’elle espérait qu’il prenait soin d’elle…

« Il est… parfait. » Répondit-elle, dans un léger sourire. Elle savait bien que c’était parce qu’ils traversaient un moment difficile qu’elle lui disait une telle chose. Celestina n’avait pas à s’en faire pour elle, Gwendall était tout simplement parfait. Évidemment, Celestina ne savait pas tout de l’histoire, elle ne se doutait pas du fait qu’elle n’avait pas réellement perdu son fils, que ce n’était qu’une partie de remise et qu’elle espérait bien réussir à le récupérer un jour. Il n’était pas mort non, il était simplement ailleurs pour le moment. « Je… je n’aurais vraiment pas pu espérer mieux en ce moment. On se sert vraiment les coudes tous les deux. » Même si peut-être que Celestina n’avait pas forcément besoin de savoir tout cela, d’entendre tout ça. « Mais pour le moment, il est occupé alors, moi j’ai du temps pour être avec toi si ça te convient ! Et on pourra passer la soirée à éviter que tu sois accaparé par plein de personne que tu n’apprécies pas. Au moins, je suis bien contente que tu sois venue à cette soirée. »

Même si Celestina n’appréciait visiblement pas cette soirée et qu’elle n’appréciait pas le moment qu’elle passait, Sasha était vraiment heureuse de pouvoir profiter un peu de la présence de la chanteuse. Au fond, c’était un mal pour un bien. Et si Sasha pouvait permettre à Celestina de passer une meilleure soirée que ça se profilait, c’était quand même une très bonne chose.

Sasha afficha un sourire quand Celestina affirma que cette soirée allait passer d’insupportable à agréable grâce à elle. La jeune femme appréciait ces mots, et plus encore parce qu’elle se permettait de croire que la chanteuse était parfaitement sincère dans son affirmation, qu’elle ne se contentait pas de lui dire ça pour lui faire plaisir. De son côté, elle devait bien avouer qu’elle se disait que sa soirée allait être bien plus agréable également de son côté puisque Celestina Moldubec était à ses côtés. Et qu’elle savait faire preuve d’un peu de retenue avec elle. Sasha n’ignorait en rien de la relation conflictuelle que Gwendall avait avec Celestina et du fait qu’ils n’étaient pas capables de s’apprécier. Mais Gwendall ne lui reprochait pas d’être amie avec Celestina et de son côté, la chanteuse gardait pour elle ce qu’elle pensait de son époux. Elle ne fit aucune remarque sur ce qu’elle lui avait dit, c’était parfait comme ça. En soit il n’y avait sans doute rien à dire, quoi que quiconque puisse penser de Gwendall, il était parfait pour elle, il était là pour elle… ils étaient là l’un pour l’autre et se soutenait dans une épreuve difficile, comme ils l’avaient toujours fait depuis le début.

Le sourire de Sasha s’intensifia un peu plus quand Celestina proposa qu’elles se servent une nouvelle coupe de champagne et s’amusent à commenter les tenues des convives. Cela donnait une perspective particulièrement agréable à cette soirée, simplement parce qu’elle pourrait la passer un temps en bonne compagnie, une manière pour elle de se changer pleinement les idées.

« Je pense que c’est une merveilleuse idée ! » Répondit-elle, sans feindre quoi que ce soit. Ce n’était pas forcément très élevé de prendre la peine de commenter les tenues des personnes qui se trouvaient là, il y avait beaucoup plus mature comme conversation, mais Sasha n’avait aucune envie de se montrer mature pour quoi que ce soit. Elle avait juste envie de profiter un peu de la soirée. Et puis… en réalité, elle savait bien que ce monde était rempli de personne qui ne se retenait pas de commenter les tenues, le sang, la richesse de toutes les personnes présentes. Et elle devait être une cible de choix. « Ça ne sera qu’un juste retour des choses de toute façon. » Reprit-elle après avoir récupérer des coupes de champagne, tendant l’une d’elle à Celestina. « À mon avis, beaucoup d’invité ne doit pas être en reste pour baver sur ma personne entre eux. Ce merveilleux monde de sang pur. » Ajouta-t-elle d’un ton léger.

Mais malgré le fait qu’elle en parle légèrement, Sasha devait bien avouer que ça la touchait plus que de raison. En temps normal, elle n’en avait que faire de ce qu’on pense d’elle, mais elle savait qu’elle n’était pas à sa place dans ce genre de soirée, dans ce monde même. Elle n’avait pas le sang assez pur, et beaucoup devait se ravir qu’elle n’ait pas entaché le nom des Colloway avec une progéniture. Même s’ils ignoraient comme tout le monde qu’elle avait bien vu le jour.

Est-ce que les personnes autour d’eux arrêteraient forcément de parler à son sujet et de faire attention à Sasha, parce qu’elle se trouvait en présence de Celestina ? C’était possible en effet. Sasha n’aurait pas la prétention de faire de l’ombre à la grande Celestina Moldubec, même si clairement on ne pouvait pas dire qu’elle avait sa place auprès de ces personnes de la haute société sorcière. Elle était celle qui avait détourné un jeune homme bien sous tout rapport de sa famille de sang pur – et encore, ils ne savaient pas qu’elle était aussi celle qui avait pris la vie de la sœur de ce dernier –, et qui n’était même pas capable de lui donner (officiellement) un enfant. Mais au fond, ce n’était que peu de chose à côté de Celestina.

Dans ce monde d’hypocrite, elle devait vraiment être au centre des conversations en effet. Ces personnes qui lui affichaient des sourires, avant de la critiquer dès qu’elle avait le dos tourné. Au fond, Sasha devait bien avouer qu’elle n’avait pas spécialement envie de se retrouver à la place de son interlocutrice. Alors que Celestina la conseilla de ne pas se laisser affecter par tout cela, qu’il valait mieux le jugement que l’indifférence, Sasha ne put s’empêcher, tout en buvant une gorgée de sa coupe, de tourner son regard autour d’elle. Il y avait effectivement quelques regards qui se tournaient vers elles, surement suivi ensuite de messes basses. Par moment, la jeune femme devait bien avouer qu’elle préférait devenir une petite souris et qu’on la laisse tranquille et en même temps, sa fierté mal placée n’avait aucune envie de se laisser dominer par les autres. Elle savait ce qu’elle valait après tout, même si on la jugeait très fort.

« Je ne sais pas comment tu fais en vérité pour supporter tout ça. » Reprit-elle, prenant une nouvelle fois une gorgée de sa coupe. « Tu n’as jamais eu envie par moment de tout envoyer balader et leur dire leurs quatre vérités ? » Sasha savait bien que de son côté, elle n’avait sans doute pas assez la langue dans sa poche, et disait parfois trop ce qu’elle pensait. Mais ça avait toujours été comme ça. Elle n’avait jamais été dans la norme des femmes, elle avait toujours eu envie de travailler, elle ne s’était pas vu devenir femme au foyer. Et avant Gwendall, elle n’envisageait en aucun cas de fonder un jour une famille, même si tout cela avait changé avec son époux. Il avait changé certaines de ses perspectives, même si elle en avait gardé d’autres, accepté par Gwendall qui changeait lui-même sa vision. Autrement, il ne l’aurait jamais épousé d’ailleurs. « Ça m’attire sans doute des ennuis de mon côté, mais j’ai beaucoup de mal à jouer les hypocrites. »

Ça lui arrivait bien sûr, quand elle n’avait pas envie de faire de vague, mais c’était assez rare. Elle ne se contentait pas juste de se rabaisser devant ces sorciers si « pur » que ça.