Walby n'aurait jamais pensé dire une chose pareille, mais... parfois, elle regrettait un peu Poudlard. Les cours ne lui manquaient pas, évidemment, pas du tout même, mais il y avait le reste. Le décorum, le cadre, l'ambiance... Et puis, ses camarades, aussi. A Poudlard, on avait vraiment jamais le temps de s'ennuyer, ou rarement. Alors que depuis qu'elle avait obtenu ses ASPIC et s'était réinstallé à temps plein chez son père, elle tuait le temps, dans l'ensemble.

Alors, elle profitait de toute occasion de passer du temps avec Orion, mais lui travaillait, alors elle ne pouvait pas le voir tout le temps. De même pour la plupart de ses amis qui avaient quitté Poudlard, qui pour la plupart étaient de la gent masculine, et donc entrés dans la vie active. Alors elle s'ennuyait quand même pas mal. Elle lisait, un peu, mais la lecture n'avait jamais été son truc, elle faisait un peu de shopping, mais elle avait le sentiment de connaître par coeur toutes les boutiques sorcières de Londres, à présent.. Et le reste du temps... C'était comme une sorte d'attente constante. Elle attendait juste le moment où elle s'engagerait totalement dans sa vie d'adulte. Et c'était pas pour tout de suite, encore.

C'était un peu sur un coup de tête qu'elle avait décidé de se rendre chez Cygnus. Elle savait qu'il ne devait pas travailler et qu'elle aurait des chances de le trouver chez lui... alors elle avait tenté le coup. Elle aurait peut-être dû prévenir, mais peu importe. Walby était du genre spontanée, et son frère la connaissait bien, elle ne pensait pas qu'il lui en voudrait, même pas du tout. Elle frappa donc à la porte, en espérant ne pas se retrouver nez à nez avec Druella. Entre les deux, le courant ne passait pas du tout, vraiment pas.

« Tiens, ma petite sœur. Je te manque déjà ? »

-Pas du tout, répondit Walby quand son frère lui ouvrit (tant mieux, c'était lui, et pour couronner le tout, sa femme n'avait pas l'air de se retrouver dans les parages). Mais j'avais peur que tu t'ennuies sans moi, ajouta-t-elle avec un sourire. Comment tu vas ? Ça se passe comment, la vie de jeune marié ?

Elle était sûre qu'il gérait très bien sa nouvelle indépendance. C'était plus une façon d'engager la conversation.

« Plutôt bien, je n’ai pas à me plaindre, pour l’heure. »

Walby prit place, à la suite de son frère, sur le sofa, heureuse d'apprendre cette information, même si Cygnus, fidèle à lui-même, nuançait tout de même son propos. Il n'avait pas à se plaindre, c'était une manière de dire qu'il allait bien sans totalement le dire, mais Walby le prenait pour une réponse positive, surtout que la jeune femme savait que son frère n'était pas le garçon le plus expansif qu'on puisse imaginer, et Walby était pareille de son côté, ils n'étaient pas frère et soeur pour rien tous les deux.  

Il rajoutait quand même un "pour l'heure", ce qui voulait dire qu'il suggérait que quelque chose puisse finir par ne plus aller si bien que ça. Bah, ce n'était pas forcément du pessimisme au bout du compte, peut-être juste du réalisme. Walby, tout de même, notait que son frère, en évoquant sa vie, non seulement ne donna aucun détail mais ne glissa également aucun mot concernant Druella. En même temps, tant mieux, dans le fond, parce que Walby n'était absolument pas fan de sa belle-soeur. Si elle pouvait ne pas entendre parler d'elle, elle ne s'en porterait pas plus mal, loin de là.

-Ben... ça fait bizarre, je te le cache pas, remarqua Walby quand son frère lui demanda comment les choses se passaient pour elle depuis qu'elle n'était plus à Poudlard. Elle fut tentée d'ajouter un "Je ne me plains pas", mais pas la peine d'en rajouter non plus sous prétexte que son aîné n'avait pas voulu lui donner plus de détails. Poudlard me manque pas des masses, c'est cool de plus avoir besoin de se lever pour aller en cours, mais j'ai encore un peu de mal à trouver mes marques, surtout que papa a toujours un truc à faire. Du coup, je m'ennuie un peu.

Elle pourrait directement parler du plus croustillant, de son rapprochement avec Orion, de leurs projets... mais chaque chose en son temps. Elle préférait ménager le suspense. Et puis, ce devait être donnant-donnant, plus Cygnus lui en dirait sur sa vie, plus Walburga accepterait de se montrer bavarde à son propre sujet. Pour elle, c'était comme ça que ça marchait.

Est-ce que c’était si grave de s’ennuyer en soi ? Pas forcément, mais quand même, Walby envierait presque son frère qui avait tout de suite eu des ambitions à poursuivre et des objectifs à atteindre. Trouver une place confortable à un poste qui lui offrirait des opportunités de progression… Est-ce qu’elle aurait pu envisager de faire carrière, elle ? Elle n’osait même pas évoquer la possibilité avec son père. Il ne devait pas forcément être réfractaire à l’idée, puisqu’il semblait bien respecter le métier de potionniste de leur tante. Mais une sœur, ce n’est pas comme une fille. Ils n’avaient jamais eu besoin d’en parler si directement pour savoir que ce que son père désirait pour elle, c’était qu’elle fasse un bon mariage, avec un homme qui prendrait le plus grand soin d’elle et lui apporterait un confort financier digne de ce nom. Ensuite, dans la logique des choses, elle lui donnerait un petit-fils ou deux, et tout irait bien dans le meilleur des mondes.

Certaines deviendraient peut-être folles à cette perspective. Ce n’était pas le cas de Walburga. Elle n’avait absolument pas envie de travailler, elle trouvait normal de rester à la maison, de s’occuper de son mari et de ses enfants, elle estimait sincèrement que ça devait être son rôle. Mais du coup, même si le projet avait bien avancé, elle n’en était pas encore là, et pour l’instant, elle errait dans la demeure des Black et faisait la conversation avec l’elfe de maison, quand elle ne palliait pas son ennui avec foule d’achats compulsifs parfaitement inutiles, mais qui avaient le mérite de l’occuper.

« Connaissant papa, tu ne vas pas t’ennuyer longtemps. Je ne serai pas surpris qu’il t’annonce rapidement un fiancé. »

Elle afficha un fin sourire quand Cygnus observa qu’elle ne s’ennuierait pas longtemps, sans doute, car leur père lui trouverait forcément un fiancé sous peu. Elle s’était parfois demandé pourquoi son père avait tardé à lui trouver un fiancé, alors que l’affaire avait rapidement été conclue pour Cygnus, et que ça n’avait pas été bien long pour Alphard non plus. Finalement, elle ne voyait qu’une explication : elle était sa seule fille. Alors il considérait son sort différemment de celui de ses frères. Eux devaient entretenir leurs femmes, elle, elle devait être entretenue, ce n’était pas une mission qui pouvait être confiée à n’importe qui. Et elle ne l’avait pas été. Même si c’était Walby qui avait forcé le destin.

-Tu crois pas si bien dire, répondit la jeune femme, ravie d’annoncer la nouvelle à son frère. Je suis fiancée. Mais ce n’est papa qui a choisi l’heureux élu, par contre.

Elle pourrait en dire plus d’entrée de jeu, mais ça l’amusait de faire durer un peu le suspense.

Walby afficha un large sourire amusé en voyant Cygnus s'étouffer à moitié avec sa tasse de thé en entendant la nouvelle. Elle avait compté sur le fait que ce serait une sacrée surprise pour son frère et cette réaction le confirmait. En même temps, elle avouait qu'elle n'y était pas allée de main morte, en matière de surprise. Et effectivement, il aurait été difficile de le voir venir... Même Walby ne l'avait pas vu venir d'ailleurs. Il y a quelques mois encore, elle était convaincu qu'à l'heure qu'il est, Orion serait marié à l'autre greluche de Lexie Hepburn, et qu'elle-même se contenterait d'attendre que son père lui trouve un fiancé à son tour. Malgré tout, son sourire s'effaça un peu quand, passée la surprise, elle devina que la nouvelle n'avait pas l'air d'enthousiasmer du tout Cygnus.

Quelque part, elle pouvait le comprendre. Il ne connaissait pas encore le nom de l'heureux élu. Le fait qu'elle affirme qu'elle avait choisi son fiancé, ça pouvait laisser suggérer n'importe quoi, une réaction impulsive et une mauvaise idée... Ceci dit, le fait que leur père ait approuvé sa relation avec Orion devrait être bon signe pour lui, non ? Ils savaient tous les deux que jamais Pollux Black ne l'aurait laissé se compromettre avec n'importe qui.

Bon, ça pouvait simplement venir du fait que Cygnus avait toujours été protecteur envers elle, il n'avait pas forcément envie de la voir fiancée... D'un autre côté, c'était leur lot à tous, et si on ne se trouvait pas de bons partis immédiatement, ils nous passaient sous le nez. D'ailleurs, Cygnus serait mal placé pour parler quand on voyait à quel âge Druella avait été fiancée à lui. C'était comme ça, une formalité, qui pour cette fois avait au moins le mérite de s'accompagner de sentiments sincères. Walby voyait difficilement où était le problème.

« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? »

-C'est pas des histoires, dit-elle avec agacement. Elle ne s'attendait pas à ce que son frère saute de joie ou quoi, mais elle aurait tout de même apprécié moins de... froideur de sa part. Je suis fiancée à Orion Black. Elle marqua une pause. Tu vas pas me dire que ça te pose un problème, quand même ? T'es fiancé à Druella depuis tellement longtemps que même toi tu dois pas te souvenir de quand ça a commencé.

« Tu ne pouvais pas choisir autre chose que notre cousin ? Et je ne vois pas le rapport avec moi. Je ne me suis pas réveillé un matin avec l’idée que j’allais l’épouser. »

Walby poussa un soupir. Elle avait beau considérer la situation sous tous les angles, elle ne voyait définitivement pas pourquoi son frère faisait tout un plat de cette situation. Si elle ne s'était pas trouvée un fiancé elle-même, c'était sûr que son père n'aurait pas mis longtemps à lui en trouver un à sa place, comme il l'avait fait avec son frère. Au moins, elle, elle avait pu choisir son fiancé, donc avoir la quasi-certitude d'être heureuse en ménage, ce qui n'était pas donné à tout le monde dans leur milieu, loin de là.

Alors effectivement, il n'y avait pas de rapport avec Cygnus, parce que elle avait eu son mot à dire dans cette affaire, ce qui pour elle signifiait par conséquent qu'elle était mieux lotie que son aîné. Et contrairement à ce qu'il pouvait affirmer, non, elle ne s'était pas réveillé un matin avec l'envie d'épouser Orion, ce n'était pas une lubie soudaine surgie de nulle part. Elle était amoureuse de lui depuis l'enfance, elle s'était simplement résignée à ne pouvoir l'avoir, avant que lui-même ne se déclare.

-Je peux savoir quel est ton problème avec Orion, exactement ? Il me traite bien, son sang est aussi pur que le nôtre, il a largement de quoi subvenir à mes besoins, sa réputation est parfaite et il m'aime, qu'est-ce que t'attends d'autre ? Et c'est même pas notre cousin direct, de toute façon. Et même si c'était le cas, je vois pas ce que ça pourrait te faire. Après tout, c'était courant dans leur famille, et on avait sûrement fait bien pire en matière d'inceste au sommet de leur arbre généalogique, elle était prête à le parier. T'aurais préféré que je me marie avec toi, peut-être ? grinça-t-elle en croisant les bras.

Oui, ce n'était pas très juste d'attendre de Cygnus qu'il accueille Orion à bras ouverts alors qu'elle-même ne faisait pas franchement d'effort avec Druella, mais Walby n'avait jamais prétendu être quelqu'un de très juste. Elle était seulement bornée, ce n'est pas la même chose.

“Non, je n’aurai pas préféré que tu m’épouses. Je ne sais pas vraiment pourquoi tu t’emportes, tu vas l’avoir ton mariage avec ton prince charmant, père a accepté, alors arrête de t’énerver.”

C'est vrai, elle devrait s'en moquer, de l'opinion de son frère, puisque son père, lui, avait été totalement favorable à son union avec Orion, puisque personne ne s'opposait de façon concrète à ses fiançailles. Mais non, ce n'était pas la question, elle était ravie de ne pas avoir rencontré de difficultés, et que sa relation soit acceptée et appréciée de son père, qui était le premier à qui elle voulait (et surtout devait, elle avait bien conscience de ça) plaire. Mais là, ce n'était pas l'opinion de son père qu'elle demandait, c'était celle de son frère.

Et les raisons pour lesquelles ça lui importaient, les raisons pour lesquelles ça l'intéressait lui paraissaient si évidentes, à elle, qu'elle ne comprenait pas vraiment pourquoi son frère, lui, ne voyait pas où elle voulait en venir. Est-ce que ce n'était pas normal de vouloir recevoir l'approbation des personnes que l'on respecte le plus, qui comptent le plus pour nous ? Et Walby avait un immense respect pour son grand frère. Elle pourrait le lui dire comme tel, elle ne le fit pas. A la place, elle reprit la parole, les bras croisés.

-T'as pas répondu à ma question. C'est quoi exactement ton problème avec Orion ?

Oui, c'était important pour elle de le savoir, parce qu'elle tenait à ce que Cygnus et lui s'entendent bien, deux des personnes les plus importantes à ses yeux. Alors, c'était peut-être hypocrite de sa part, qui avait beaucoup de mal à s'entendre avec Druella, mais à ses yeux, il y avait tout de même une différence : le mariage entre Druella et Cygnus était arrangé, et surtout, Walby prenait sur elle pour accepter l'intruse dans la famille, même si elle était bien moins agréable et conciliante quand elle se retrouvait seule à seule avec Druella. Mais bref, donc, ça ne changeait rien, et ce n'était définitivement pas de sa belle-soeur qu'il était question mais bien du jeune homme que son frère, son modèle, accueillait si froidement au sein de la famille comme s'il avait fait quelque chose de mal.

« C’est un mou, et un suiveur. Il n’a pas les qualités d’un bon chef de famille. »

Elle avait voulu que son frère se montre parfaitement honnête envers elle, eh bien le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne mâchait pas ses mots. Quelque part, la jeune femme préférait. Elle n'avait pas envie de s'engager dans un échange hypocrite au cours duquel son frère ne lui dirait pas exactement ce qu'il pensait. Elle préférait de loin l'honnêteté, même si ça devait être blessant. Et blessant, ça l'était.

Elle trouvait Cygnus parfaitement injuste envers son fiancé. Oui, bien sûr, Orion Black ne transpirait pas la virilité "à l'ancienne" comme ça pouvait être le cas de beaucoup d'autres, mais en attendant, elle ne trouvait certainement pas qu'il était mou (sans mauvais jeu de mots, dans tous les cas pour cet aspect-là, elle n'avait pas encore pu en attester), et elle ne voyait pas non plus en quoi son interlocutrice se permettait d'affirmer qu'il était un suiveur. Qui est-ce qu'il suivait exactement ? Elle voudrait bien le savoir.

Et il n'y avait pas de mal à suivre du moment que l'on suivait les bons préceptes et que l'on respectait les bonnes convictions. Il valait mieux cela que d'être un indomptable électron libre, ce qu'avait clairement tendance à être. Et c'était bien de prétendre sorti de nulle part qu'il ne serait pas un bon chef de famille alors que de famille, il n'en avait pas.

-Et tu les sors d'où, tes arguments au ras des pâquerettes, là ? J'ai bien une petite idée mais vu l'immense Friselune que tu as dans le fondement, je doute fort qu'on puisse en sortir quoi que ce soit. Elle marqua une pause. Sérieusement, Cygnus ! Tu lui as parlé trois fois dans ta vie et ça y est, t'es capable de savoir s'il fera un bon chef de famille ? Tu vas peut-être pas te remettre de cette info, mais je le connais beaucoup mieux que toi. Je sais de quoi il est capable ou non, et crois-moi, je m'inquiète pas du tout de sa capacité à être un bon mari ou un bon chef de famille.

Elle avait envie d'ajouter une remarque beaucoup moins appropriée, mais elle s'abstint. Même si c'était lui qui traitait son futur mari de mou, il serait encore capable de la taxer d'immature si elle s'emportait un peu trop.

« Je ne comprends pas pourquoi tu me poses des questions si c’est pour ne pas en accepter les réponses. »

Walby leva les yeux au ciel à cette remarque. Bien sûr qu'il y avait des réponses qu'elle attendait plus que d'autres, et à ses yeux, c'était normal, et son frère aurait dû le comprendre, parce qu'il était son frère et que techniquement, il devrait se soucier de son bonheur. D'accord, elle n'y était pas allée par quatre chemins non plus, mais quand on la piquait, elle répliquait, elle ne savait vraiment pas faire autrement.

"Et t'es supposé être le plus intelligent de la fratrie..."

Et il l'était, ce qui en disait très certainement long sur elle et sur Alphard, mais passons. Parfois, elle estimait quand même que Cygnus manquait d'intelligence émotionnelle. De ce point de vue, il était clairement le portrait craché de leur père. C'était admirable par certains aspects, mais frustrant, aussi. Ce qu'elle attendait de lui, c'était un petit sursaut d'humanité, quelque chose où il ne réagirait pas en fonction des attentes mais comme un frère le ferait.

« Si tu penses que ton fiancé est parfait, grand bien te fasse. Mais laisse-moi la liberté de ne pas partager cet avis. Je ne vois même pas pourquoi tu es autant sur la défensive, je ne vois pas ce que cela change ce que je pense de lui. »

-J'ai pas dit qu'Orion était parfait, il l'est pas et encore heureux, ça m'insupporterait. Mais toi, tu le traites comme un raté, et non, mon fiancé n'est pas un raté. Elle marqua une pause. Tu te demandes vraiment ce que ça change, ce que tu penses de lui ? Tu te poses vraiment la question ? T'es mon frère, ton opinion compte énormément pour moi, alors forcément, j'ai besoin que t'approuves mes choix. Peut-être bien que toi tu t'en fiches de ce que je pense, mais l'inverse est pas vrai du tout. Je veux que tu sois content pour moi, je veux que tu sois fier de mes choix, c'est tout.

Elle avait prononcé ces mots très vite pour ne pas en oublier un seul. Il allait peut-être déplorer qu'elle verse dans le sentimentalisme, mais elle s'en fichait. Ils se le disaient rarement, mais ça n'en était pas moins vrai. Ses deux frères comptaient énormément pour elle, et elle avait vraiment besoin de leur aval. Encore qu'elle pouvait négliger celui d'Alphard, qui prenait tout à la rigolade. Mais avec Cygnus, c'était différent. Parce qu'elle savait très bien que Cygnus était sérieux.

« Ton avis compte pour moi, quand bien même tu tentes de me faire passer pour un frère indigne. »

-Tout de suite les grands mots ! Dans cinq secondes tu vas commencer à te victimiser ! Je te considère pas comme un frère indigne, je te dis le fond de ma pensée, après tu l'interprètes comme tu veux, voilà tout.

Walburga croisa les bras sur sa poitrine. Même elle avait conscience d'être une profonde mauvaise foi en cet instant, mais elle avait du mal à faire autrement, parce que quand elle se sentait attaquée, elle attaquait en retour, elle n'avait jamais su faire autrement. Et par ailleurs, oui, son frère pourrait bien lui répliquer que lui aussi n'avait fait que lui dire le fond de sa pensée... mais au final, oui, c'était ça, et Walburga choisissait de l'interpréter comme elle le voulait.

« Et de toute évidence, ce n’est pas mon opinion que tu veux, c’est ce que je te dise ce que tu souhaites entendre. Tu ne me feras pas changer d’avis comme ça Walburga. »

-Oh si, je te ferais changer d'avis, parce que tes raisons sont stupides et quand tu auras mis ton ego disproportionné de côté, tu accepteras de l'admettre, répliqua-t-elle une fois de plus.

Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'elle change son fusil d'épaule, ou qu'elle s'excuse auprès de son frère. S'il y a bien un point sur lequel on ne pourra pas nier que les deux sont frère et soeur, c'est qu'ils avaient tous les deux la même fierté absolument déplacée, et il ne fallait pas spécialement s'attendre à ce que cela change. Non, c'était bien parti pour durer, vraiment.

« Tu ne me feras pas changer d’avis comme ça Walburga. Pour l’heure, je ne l’apprécie pas. Tu t’entends mal avec Druella, et pourtant je n’en fais pas tout un drame. »

-La différence, c'est que tu n'as pas choisi Druella, on te l'a imposée, et toi-même tu t'en fous, d'elle, reconnais-le. Alors évidemment que tu t'en tapes. C'est pas juste Orion que tu remets en question quand tu le rabaisses devant moi, ce sont mes choix, et donc moi. Et ça, crois-moi que ça change absolument tout.

« Et je te dis le fond de la mienne. Tu peux me reprocher ce que tu veux, tu ne montres pas le parfait exemple de ton côté Walburga. »

-Contrairement à toi, je n'ai jamais prétendu l'être. Pas avec toi, en tout cas.

Bien sûr, que Walburga n'était pas parfaite. Elle s'efforçait d'avoir l'air de l'être, parce qu'il était important qu'elle donne le change, mais son frère la connaissait depuis toujours, bien sûr, elle savait pertinemment que les apparences avaient leur importance et qu'elle pouvait sembler parfaitement agaçante. Mais même si les apparences avaient leur plus grande importance. Elle ne pouvait pas passer pour parfaite auprès de son frère. Et surtout, son frère ne la trouvait probablement ni intéressante, ni intelligente, juste bête et agaçante.

« Ce n’est pas ma faute, si tu ne supportes pas qu’on ne soit pas d’accord avec toi. Je crois dur comme fer en mes raisons et si tu ne l’entends pas c’est toi que ça regarde, ça ne sert à rien de t’en prendre à moi. »

-On est fiers tous les deux qu'est-ce que tu veux que je te dise. Toi aussi, de toute évidence, tu ne supportes pas qu'on ne soit pas d'accord avec toi. Elle croisa les bras. Pour être honnête, y a plein de gens dont je me fiche de l'opinion. C'est que des cons. Mais toi je t'aime. Alors oui, quand t'insultes mes choix, je le prends personnellement, c'est fou ça dis donc !

Oui, elle était à fleur de peau, elle était à fleur de peau parce que son frère ne serait jamais d'accord avec un choix qui impacterait sa vie entière. Forcément que ça la rendait triste. Et parce qu'elle ne voulait pas afficher sa tristesse, c'était plus simple de dire qu'elle était en colère.

« Je n’ai rien à reconnaître, tes propos sont disproportionnés, et non je ne me fous pas d’elle. Je commence à en avoir assez de ton caprice, épouse le ton prince charmant et arrête de me prendre la tête parce que  je ne l’apprécie pas et que je pense que tout ceci est une erreur. Il est temps que tu grandisses et que tu acceptes que tout ne tourne pas toujours autour de toi. »

-D'accord.

C'est tout ce qu'elle répondait à ses arguments, rien de plus. Elle se sentait juste triste et blessée, c'est absolument tout. Elle avant envie de pleurer, mais elle retenait ses larmes, ce serait pire que tout.