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estrange... un nom qui ne lui inspirait définitivement rien de bon. Alors certes, il était le premier à penser et à savoir qu'il ne fallait pas se fier aux apparences, qu'une créature en apparence dangereuse pouvait en vérité être aussi douce qu'un agneau, et qu'un nom n'était qu'un nom, mais c'était forcément différent quand votre passé affectait votre jugement. Alors, le cas de Leta était particulier, elle n'était pas tant la victime de son éducation que de son histoire, d'un mental à la dérive... et la Lestrange qu'il devait rencontrer n'avait qu'un lien très éloigné avec elle... n'empêche, il ne se sentait pas à l'aise de frapper à la porte de cette femme qu'il n'avait jamais rencontrée jusqu'alors, d'autant que le sujet qu'ils avaient à aborder n'était pas de plus simples.

Plusieurs courriers officiels du ministère lui avaient été adressés afin de solliciter un rendez-vous, tous n'avaient pas eu de réponse... mais peut-être ne les avait-elle juste pas reçus. Il se devait d'insister. Norbert n'avait pas envie d'être intrusif dans la vie de ces personnes dont on attendait que leur nom figure sur le registre des loups-garous, il comprenait bien quels dilemmes et problèmes posait l'existence de ce registre pour certains d'entre eux. Mais ils avaient un quota à respecter, et surtout, il fallait que ce travail de longue haleine serve véritablement à quelque chose. S'ils voulaient pouvoir réellement faire une avancée dans l'aide à ces créatures mal comprises, ils avaient besoin de leur collaboration... c'était compliqué, mais c'était évidemment nécessaire.

Il ne savait pas quelle était la position de la jeune femme qu'il devait rencontrer ce jour, et qui portait donc le charmant nom de Lestrange. La chose qu'il savait, en revanche, c'est qu'il était là pour la convaincre, et il espérait bien trouver les mots qu'il fallait pour la rassurer et pour lui assurer qu'elle ferait le bon choix en se tournant vers lui... même si se tourner vers lui, c'était se tourner vers le ministère, et lui le premier pouvait tout à fait comprendre que ce n'était pas forcément simple que de se fier à cette institution, malgré toutes les mesures prises. Lui-même avait bien du mal, à dire vrai. Il avait frappé, on lui ouvrit finalement. Une jeune femme au teint pâlissime, aux traits tirés et aux cernes qui lui dévoraient le visage. Il était absolument convaincu, en cet instant, de bien avoir affaire à la bonne personne.

-Bonjour, miss Lestrange, Norbert Dragonneau, je vous ai écrit. Est-ce que vous auriez un peu de temps à me consacrer... s'il vous plaît ?

Il n'était vraiment pas à l'aise avec cet exercice, pas du tout, même, mais il fallait ce qu'il fallait.
   
 

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a jeune femme eut un moment d'hésitation, et le magizoologiste se demanda si son interlocutrice n'allait pas tout bonnement lui fermer la porte au nez. Est-ce qu'elle pourrait le lui reprocher si elle décidait de le faire ? Pas spécialement, surtout étant donné les raisons de sa visite, mais il préférerait tout de même s'épargner les réactions du genre, car il n'était clairement pas de ceux qui savaient le mieux y réagir. Vu l'urgence de la situation, il insisterait à coup sûr, mais il ne serait clairement pas très à l'aise à l'idée de le faire. Heureusement, il n'eut pas à se demander quel serait son prochain mouvement si elle refusait de l'accueillir chez elle car elle finit par consentir à le laisser entrer.

Il s'exécuta, et ce faisant, il ne put s'empêcher de jeter une regard circulaire autour de lui, mais sans s'autoriser bien sûr le moindre commentaire. Ce serait malvenu dans tous les cas, et il était la personne la moins bien placée au monde pour jauger les intérieurs des autres, c'est le moins que l'on puisse dire. Lui-même, s'il ne vivait pas avec Tina, serait environné d'un capharnaüm absolument invivable. Alors il allait cesser de s'intéresser à cela pour se focaliser sur autre chose, sujr les raisons de sa visite. En quelques mots, Nozéa lui avait fait comprendre qu'elle n'avait pas de temps à perdre, que ce soit le cas ou non regardait bien peu Norbert, dans le fond. Mais ce qui lui importait en revanche était de faire son travail convenablement, et elle n'avait pas d'inquiétude à se faire de ce point de vue-là, Norbert était bien décidé à ne pas tourner autour du pot. Il n'y avait pas de manière simple et élégante de présenter les choses, il fallait aller droit au but. Et puisque le tact n'avait jamais été le fort de Norbert, loin de là, on peut dire que c'était une situation qui l'arrangeait plutôt, au final.

-Je ne serai pas long, répondit Norbert d'un ton qu'il voulait rassurant sans être certain pour autant que cela fonctionne complètement. Je suppose que vous devinez les raisons de ma présence, n'est-ce pas ? Vous avez dû entendre parler du registre des loups-garous, j'imagine ?

Ce n'était pas un secret d'Etat, et beaucoup savaient que Norbert Dragonneau travaillait sur ce projet avec le ministère de la Magie. Par ailleurs, si c'était un sujet qui pouvait échapper à certains, c'était aussi un sujet qui ne pouvait échapper aux principaux concernés. Oui, son interlocutrice devait forcément en avoir entendu parler. Restait à savoir quelle serait son opinion sur le sujet et si elle accepterait de se montrer un tant soit peu conciliante avec lui et donc avec le ministère (même si Norbert n'était pas forcément à l'aise à l'idée de représenter le ministère, pour tout dire).

   
 

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u fond, la question de Norbert n'avait été que rhétorique. Il se doutait, bien sûr, que son interlocutrice savait très exactement à quoi il faisait référence. Le magizoologiste aurait préféré que la chose se fasse discrètement ou à tout le moins dans les règles de l'art, mais la situation ne le lui avait pas permis, car la presse s'en était mêlé, et lui-même avait daigné accorder quelques interviews, quand bien même il détestait profondément cela, dans le but d'éclaircir certains points (qui semble-t-il n'avaient pas été retenus dans le papier final) tant il entendait n'importe quelle rumeur circuler à ce sujet. Il savait pertinemment que la plupart des sorciers avaient connaissance de ce registre et ne savaient pas forcément quoi en penser, alors, nécessairement, les premiers concernés par la question, c'est-à-dire les lycans eux-mêmes, ne pouvaient qu'avoir un avis très tranché sur la question.

Donc, il se doutait que oui, la question n'était pas tant de savoir si Nozéa Lestrange avait entendu parler de ce registre que de savoir ce qu'elle en pensait exactement, et il ne sut trop dire si elle avait un avis tranché sur la question ou était véritablement perplexe au moment d'entendre finalement sa réponse. Il n'avait jamais été le plus doué pour comprendre l'ironie. Si elle se payait sa tête, il ne s'en rendait tout simplement pas compte au final. Donc il avait décidé de prendre ses réflexions au premier degré. Dans tous les cas, ça ne pourrait pas faire de mal que de dire très directement à son interlocutrice ce qu'il avait eu derrière la tête très exactement au moment de mettre ce registre au point. De la sorte, il serait capable de lui faire comprendre plus exactement de quoi il pouvait bien être question.

-Nous ne ferons rien d'eux, voyons, vous disposez de vous-mêmes au même titre que n'importe qui, s'empressa-t-il de la corriger tout d'abord.

Ce qui était la vérité, mais pas tout à fait, car un lycan n'était justement pas maître de lui-même et de ses actes une nuit par mois. C'était effectivement la plus pure et la plus stricte réalité... mais le reste du temps, il restait tout de même important de le constater et de le notifier.

-Ce registre a pour vocation de vous venir en aide. Nous travaillons à des moyens efficaces de rendre les nuits de pleine lune moins pénible. Bien sûr, l'intention est à double sens, vous protéger, c'est protéger les personnes qui vous entourent, c'est vous assurer un cadre et des dispositions meilleures afin de faciliter ce moment éprouvant.

Est-ce qu'il y croyait ? Complètement, oui, et c'est même parce qu'il y croyait dur comme fer qu'il avait consenti à participer à l'élaboration du registre.

   
 

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