La période de noël pouvait sembler anodine pour beaucoup de personne et en un sens, c’était surement le cas pour Ignatius à une époque. Oh, il appréciait l’idée de retrouver ses parents, de fêter noël en famille (même si cela faisait bien longtemps que Agrippine ne fêtait plus noël avec eux, et pour cause…), mais ça n’avait pas été forcément si exceptionnel que cela pour le jeune homme. Parce qu’il avait eu l’habitude de retrouver ses parents souvent, ils étaient quand même proches tous les trois. Puis son père était mort et Ignatius était proche de sa mère et maintenant…

Maintenant, le jeune homme devait bien avouer qu’il avait sacrément redouté la fin d’année, l’arrivée de noël. Parce que cette année, il était évident que le jeune homme n’allait pas passer noël avec sa mère. Quand bien même il ne pouvait pas forcément l’éviter complètement, Ignatius avait pris la peine de voir le moins possible sa mère, de la croiser le moins possible. Ce qui était en soit une réussite, mais il se doutait que celle-ci ne devait pas forcément avoir envie de forcer les choses non plus. C’était acté donc, ils ne passeraient pas noël ensemble. Mais du coup… le sorcier s’était demandé dans quelles circonstances il allait passer noël. Il avait envisagé de demander à Agrippine de… eh bien, passer noël avec lui depuis le temps que ça n’avait pas été le cas, mais la jeune femme était occupée. Et évidemment, il avait envie d’en profiter pour passer du temps avec Carlotta, surtout qu’il ne savait pas vraiment combien de temps ils allaient avoir devant eux.

Sauf que même si Ignatius était heureux de passer du temps avec la jeune femme, il ne pouvait pas s’empêcher quand même de redouter un peu l’instant. Ce n’était pas ce qu’il avait envie, il n’avait aucun désir de se sentir mal à l’aise avec la femme qu’il fréquentait, mais en même temps, il ne pouvait pas s’empêcher de penser au fait qu’elle allait quand même finir en prison. Et que quand ça allait être le cas, ça allait être très difficile. C’était bête, clairement bête de sa part et surtout égoïste, mais il se sentait quand même mal à l’idée que sa petite amie « l’abandonne » prochainement. Alors que ce n’était pas lui qui allait se trouver en prison justement, c’était bien pour cela qu’il s’en voulait de penser ainsi.

Mais Ignatius espérait bien pouvoir quand même passer une bonne soirée du réveillon de noël en compagnie de Carlotta. Il l’avait invité à venir chez lui, c’était le plus simple au final. Il lui avait évidemment acheté un cadeau, en espérant avoir trouvé juste, même si encore une fois il n’était pas si sûr que cela. C’était juste qu’il avait peur de la décevoir. Ce n’était clairement pas la meilleure des périodes, mais en même temps Ignatius avait vraiment envie de passer une bonne soirée. Il se précipita d’ailleurs à la porte quand elle y frappa, pour l’ouvrir.

« Salut ! » Dit-il le cœur battant toujours plus rapidement quand il posait son regard sur elle. Il rapprocha son visage du sien pour l’embrasser, dans un geste qui était devenu un peu plus naturel au fil du temps et qu’il adorait. « Tu m’as manqué. »

Il suffisait d’un simple baiser de la part de Carlotta pour que Ignatius se sente mieux, bien mieux. Même s’il avait bien conscience que ça ne durerait pas éternellement, que cette soirée ne serait pas éternelle et qu’il y avait cette épée de Damoclès sur la tête de la jeune femme, Ignatius ne pouvait qu’avoir envie de profiter à mille pour cent de cette soirée. Il n’avait pas envie que quoi que ce soit vienne la gâcher, il avait juste envie de profiter de cet instant pour être avec celle qu’il aimait, tout simplement. Le jeune homme afficha un sourire quand Carlotta lui affirma qu’il lui avait manqué aussi, il savait parfaitement qu’elle disait la vérité et ça lui faisait du bien.

Parce que c’était la première fois qu’il était dans une vraie relation, première fois qu’il avait une petite amie, première fois qu’il vivait ce genre de chose. Il ne savait jamais si c’était ainsi qu’il fallait agir ou non. Il avait toujours peur de faire les choses de travers – surtout que dans sa famille, on était visiblement quand même doué pour gâcher beaucoup de chose –, mais l’entendre lui dire comme ça qu’il lui avait manqué, ça lui faisait un bien fou. Il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que la jeune femme lui souhaita un joyeux noël avant de tirer un paquet de son sac pour le lui tendre, tout en lui affirmant que c’était ridicule comme cadeau. Ignatius prit le paquet dans ses mains et ce fut bien parce qu’elle l’avait commenté comme ça qu’il se permit de l’ouvrit tout de suite, avant même de prendre la peine de lui offrir son propre paquet. Et quand il l’ouvrit…

Son cœur bondit dans sa poitrine. Il y avait une montre, magnifique montre en prime. Mais aussi un parfum. Pas un parfum pour homme non, l’odeur s’était déjà répandue dans le paquet, c’était juste le parfum que portait Carlotta. Ça ne pouvait que lui rappeler qu’il risquerait d’en avoir besoin justement, mais ça le touchait tellement.

« Ce n’est absolument pas ridicule. » Sa voix trahissait l’émotion qu’il ressentait en cet instant précis. « C’est juste parfait. » Dit-il, en affichant un sourire et tentant quand même de reprendre un peu contenance mais il était tellement ému que c’en était vraiment difficile. Il vint embrasser une nouvelle fois les lèvres de la jeune femme, dans un baiser prouvant justement toute cette émotion. « Moi aussi j’ai quelque chose pour toi. » Reprit-il une fois leurs lèvres séparées. Il s’éloigna juste le temps de récupérer un paquet sur la commode qui se trouvait là, paquet qu’il tendit à la jeune femme renfermant à l’intérieur un pendentif. Quelque chose de peut-être un peu classique que Carlotta ne pourra bientôt plus porter, mais il l’avait trouvé vraiment très beau il avait eu envie de le lui prendre. Mais il n’y avait pas que ça. « Et j’ai ça aussi. Je… me suis juste dis que comme ça, tu pourras venir ici à ta convenance quand… ça sera possible. » Ajouta-t-il en lui tendant un trousseau de clef.

Les clefs de son appartement. C'était très symbolique, elle pouvait déjà venir chez lui quand elle le voulait, mais c'était juste histoire de marquer le coup, parce qu'il considérait leur relation vraiment sérieuse.

Ignatius ne devrait peut-être pas appréhender la réaction de Carlotta, mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Il avait peur qu’elle n’apprécie pas spécialement sa démarche. Ce n’était pas grand-chose en soit, il se contentait de lui donner un double de ses clefs pour qu’elle puisse se sentir ici chez elle, qu’elle puisse avoir conscience qu’elle pouvait venir chez lui quand elle le voulait. Juste une manière de lui exprimer que quand elle allait sortir de prison, il sera là, qu’il l’attendra, qu’il sera ravi de la retrouver. Il aurait pu lui demander directement de s’installer chez lui, il l’avait envisagé d’ailleurs, mais c’était beaucoup trop prématuré et il n’avait pas envie d’aller trop vite. Il n’avait pas envie qu’elle prenne peur parce qu’il allait trop vite ou… même en fait de son côté, il n’était pas sûr de pouvoir y être déjà. Dans tous les cas, le jeune homme avait envie de faire comprendre à Carlotta qu’il l’attendrait et visiblement ça marchait bien.

Ignatius afficha un sourire heureux, sa nervosité s’estompant un peu, quand elle affirma que ça représentait beaucoup pour elle. Et quand elle l’embrassa à son tour, l’angoisse qu’il était encore capable de ressentir disparu tout simplement. Ignatius avait conscience que tout n’était pas parfait, mais il parvenait à se sentir juste heureux dans de tels moments. Il n’avait pas cru cela possible, mais Carlotta lui faisait un bien fou, il avait le sentiment de trouver un peu un sens à sa vie. Même s’il allait devoir assumer un long moment sans la voir.

« Tu n’as pas à t’en vouloir du tout. » Répondit-il immédiatement, en entendant Carlotta affirmer qu’elle avait toujours peur que ça soit trop pour lui. « Après tout, ce n’est pas comme si je n’étais pas au courant de ce que tu faisais depuis le début. » Ajouta-t-il avec un sourire en coin.

Dès le début, ils avaient commencé à parler de cela. Avant même d’oser nourrir n’importe quel sentiment pour Carlotta, il avait su ce qu’elle défendait et ce qu’elle faisait. En décidant de céder à ce sentiment et de vivre cette histoire avec la jeune femme, il avait parfaitement eu conscience de ce qu’elle faisait et de ce qui pouvait arriver. Bon, c’était facile à dire, mais en même temps il lui en avait un peu voulu quand même. Sentiment qui avait passé, laissant juste place à… l’angoisse.

« Et puis… comme je te l’ai toujours dit, ce que tu es capable de faire pour défendre tes convictions m’impressionne constamment. Tu es un vrai modèle pour moi. » Ignatius marqua une pause. « Je… je ne souhaite pas me plaindre parce que je suis évidemment dans la meilleure des positions et que tu es la plus à plaindre. » Et il se devait aussi d’être fort pour Carlotta après tout, elle allait vivre le pire. « Et je ne vais pas me plaindre juste… reconnaître que tu… tu vas énormément me manquer. »

Sa voix trembla un peu avec l’émotion.

L’étreinte que Carlotta lui offrit fit énormément de bien à Ignatius, et il ne manqua pas d’en profiter pleinement en la resserrant. Le jeune homme savait bien que ça ne servait à rien sans doute de trop penser à cela et au contraire, il valait mieux qu’ils se concentre sur le positif, et le fait qu’ils étaient ensemble tout simplement. Mais en même temps, il avait un peu de mal à laisser ça de côté. Il avait eu parfaitement conscience de tout ça avant d’être avec Carlotta, et il ne lui reprochait rien du tout. Il n'avait d’ailleurs aucune envie que la jeune femme culpabilise d’une quelconque manière, elle avait bien d’autres choses à penser que ce qu’il pouvait bien ressentir. Mais en même temps, ce n’était pas comme s’il pouvait réellement taire le fait qu’elle allait lui manquer, que ce temps sans elle allait être très, vraiment très, long.

Cette relation était la première qu’il avait, et par moment il ne savait pas exactement comment tout gérer, surtout qu’en prime ce n’était pas tout à fait conventionnelle. Il se disait parfois qu’il était peut-être un peu dépassé par les événements, par ce qu’il ressentait. Mais en même temps, c’était la preuve que ce qu’ils vivaient tous les deux étaient vraiment important, vraiment intense. Et il suffisait à Ignatius d’entendre Carlotta lui dire que pour le moment elle se trouvait là, et n’allait nulle part, de sentir ses lèvres se déposer sur les siennes, pour avoir la certitude que tout cela était tout ce dont il avait besoin. Et même s’ils ne pouvaient pas juste porter des œillères et ignorer ce qui allait arriver bientôt, ils pouvaient quand même se permettre de le mettre de côté pour un temps.

Ignatius afficha un sourire en entendant Carlotta lui proposer d’oublier tout le reste, juste pour cette nuit, son cœur s’emballant légèrement comme ça arrivait souvent quand il se trouvait en compagnie de la jeune femme.

« J’en dis que c’est… une superbe idée. » Répondit-il, sans perdre son sourire, avant de venir de nouveau s’emparer des lèvres de la jeune femme. C’était très clairement ce dont ils avaient besoin, d’un moment rien qu’à eux, où ils se contenteraient simplement de penser juste à eux, avant que la réalité ne vienne trop rapidement frapper de nouveau à la porte. Ignatius savait bien que de toute façon il était important qu’il se montre fort, le plus dure était pour Carlotta. Lui, il devait juste l’attendre avec patience, ce qui n’était pas difficile, non, c’était juste une évidence. « On va uniquement se concentrer sur… nous pour cette nuit. » Confirma-t-il, même si comme bien souvent ça lui faisait un peu bizarre.

Se concentrer sur nous, ça lui faisait tellement de bien de pouvoir le faire.