O

rpheus voudrait être capable de se démultiplier, il faudrait au moins cela pour lui permettre de mener de front tous ses projets, sans en négliger aucun et avec la même rectitude et le même souci de perfection, malheureusement, il n'y avait qu'un seul Orpheus (il en connaissait qui diraient que c'en était déjà un de trop), et il se devait de tout mener à bien avec le plus de talent et de contrôle possible, qu'il s'agisse d'offrir à son fils la vie qu'il méritait et qu'il tardait à obtenir, de tenir son épouse à distance en dépit des circonstances, d'assister les Aurors dans leur traque, de donner les cours les plus respectueux de ses convictions à Poudlard, de soutenir à distance Eurydice dans sa grossesse, de soutenir son frère dans cette période difficile ou encore Rose contre Nobby Leach...

Le tout sans oublier bien sûr son engagement auprès des mangemorts, qui restait à ses yeux une impérieuse nécessité... Même s'il était difficile pour lui d'être aussi présent qu'il le voudrait au nom de cette cause qu'il défendrait toujours corps et âme, il répondrait toujours présent quand il devait être question d'honorer sa promesse faite au seigneur des ténèbres, peu importe ce que cela devait lui coûter et peu importe le temps et l'énergie qu'il devait y consacrer... même si bien sûr Amos restait la priorité absolue.

Il s'était rendu au quartier général des mangemorts pour faire son rapport auprès de Voldemort. Depuis qu'Orpheus avait pris ses positions à Poudlard, l'une de ses missions, logiques et nécessaires (même s'il n'était pas le seul mangemort en place), était de rapporter à son maître les faits et gestes des élèves et enseignants afin que tout concourt à asseoir le pouvoir du mage noir le plus puissant de tous les temps. Avec Albus Dumbledore à la tête de l'école, ce n'était pas un caprice ou un moindre luxe, c'était réellement quelque chose d'utile, pour ne pas dire indispensable.

Une fois son entretien achevé, il s'apprêtait à transplaner chez lui afin de passer un peu plus de temps avec son fils, mais ce fut alors qu'il se trouva nez à nez avec un de ses "collègues" qui semblait le connaître et le reconnaître à la grande surprise d'Orpheus, qui serait bien incapable de mettre un nom sur ce visage et qui était très perplexe quant à la familiarité de ton de son interlocuteur. Il n'aimait pas être ainsi interpellé par cet homme qui à ses yeux était inconnu. Il voulait bien croire que sa réputation le précédait, mais tout de même, c'était une chose qui ne lui plaisait définitivement pas.

-On se connaît ? demanda-t-il, absolument pas agréable.

Il attendait de savoir à qui il avait affaire, surtout.

code by Mandy

U

n voisin de son épouse... L'homme n'a pas besoin d'expliciter son propos pour qu'Orpheus comprenne. Il n'était pas son voisin à lui, donc il était celui de Despina en prison, son voisin de cellule. A dire vrai, Orpheus ne savait trop comment appréhender cette information. Qu'il n'ait pas fait attention à lui n'était pas étonnant. Il était globalement indifférent à tous ceux qui n'étaient pas Despina, et il ne voyait vraiment pas pourquoi il aurait accordé plus d'attention que cela aux autres prisonniers d'Azkaban.

Qu'il soit un ex-prisonnier ne le concernait pas plus que ça non plus, il y en avait beaucoup ici, et s'ils avaient choisi la voie des ténèbres, c'est qu'ils avaient tous leur place, plus ou moins, derrière les barreaux... Non, ce qui l'intriguait davantage, c'était la nature de sa relation avec son épouse, et il comptait bien tirer cela au clair.

Car dans la manière dont le jeune homme s'exprimait, Orpheus avait le sentiment qu'il le... provoquait ? Oui, c'est ça, il avait définitivement le sentiment qu'on le provoquait, et il détestait ça. Il détestait profondément cela. Et il n'avait aucune forme d'intention de le laisser passer, il n'en était absolument pas question, il ne pouvait pas en être question.

Est-ce que l'homme avait des sentiments pour sa femme ? Pire encore, est-ce que ces sentiments étaient réciproques ? Etait-ce pour cela qu'il lui parlait ainsi d'Amos ? Dans tous les cas, il n'avait aucun droit de le faire. Le cas de son fils était bien trop... sensible. Et il le savait forcément, c'était pour cette raison qu'il cherchait à en jouer. Très mauvaise idée. Ces derniers temps, et pour bien des raisons, Orpheus était particulièrement à cran, c'est rien de le dire, et il ne fallait définitivement pas trop le chercher.

-Qu'est-ce que tu recherches, exactement ? Autant me le dire tout de suite, je déteste les personnes qui tournent autour du pot, il n'y a rien qui m'insupporte davantage. Il adressa un regard très attentif à Jester, et l'observa de haut en bas et de bas en haut. Il croisa les bras et reprit la réponse. Il s'est passé quelque chose entre toi et Despina ?

Il est partagé entre curiosité, dégoût, agacement, rage, et quelque chose d'autre, une idée qui point au coin de son esprit et qu'il garde pour lui pour le moment, mais conserve tout de même non loin. Si Despina a été sa voisine de cellule, alors ils se sont peut-être évadés en même temps, ce qui signifie donc que Jester sait peut-être où se trouve son épouse et pourra lui permettre d'entrer en contact avec lui. Ce serait une piste encourageante.

   

   

code by Mandy

   

D

ans les conditions insalubres d'Azkaban, Orpheus s'attendait honnêtement à ce qu'il se passe absolument tout et n'importe quoi, surtout lorsque l'on découvrait que de prétendus adeptes de la justice tels que Diggory se permettaient d'accorder des passe-droits à certains prisonniers. Bien sûr que dans leurs conditions d'incarcération, il n'aurait probablement rien pu se passer de physique entre Despina et cet homme, ça ne voulait pas dire qu'ils n'auraient pas pu développer une relation quelle qu'elle soit, obscène ou émotionnelle, voire même les deux. Quoi qu'il puisse en être, imaginer un homme de la trempe de Jester Bulstrode rôder autour de sa femme lui donnerait presque la nausée.

-Tu viens précisément de te contredire, répliqua Orpheus d'un ton mauvais quand son interlocuteur affirma qu'il ne s'était rien passé entre eux juste après avoir admis que les deux s'étaient beaucoup parlé depuis leur cellule pour conjurer la folie.

Orpheus pouvait-il vraiment se permettre de le blâmer pour cela ? En théorie non, surtout si cela avait pu permettre à son épouse de conserver un semblant de santé mentale, mais il était incapable de l'entendre de cette oreille. Il ne voulait tout simplement pas imaginer le moindre lien affectif, fut-il amical, entre la femme qu'il avait épousé et ce criminel notoire que le mage noir estimait être, par ailleurs, de la plus grande vulgarité... Non, c'était au-dessus de ses forces que de concevoir une chose pareille.

-Bon sinon, à part m'apprendre que tout le personnel de prison se serait envoyé ma femme comme une vulgaire catin - ce qu'elle n'est pas, elle qui vaudra toujours mille fois l'immonde raclure que tu es -, penses-tu avoir quoi que ce soit de pertinent à dire ?

Si Orpheus se montrait si incisif, c'est bien sûr qu'il se sentait affecté, notamment parce qu'il avait toujours considéré Hermès Diggory comme une menace, et cette menace semblait à présent se confirmer, à son très grand désarroi. Mais il n'allait certainement pas le laisser entacher sa réputation, sous aucun prétexte... Même s'il pouvait parler, lui qui avait clairement trompé sa femme, au point même de mettre sa maîtresse enceinte (mais pour ce qui était de balayer devant sa porte, on ne peut pas dire que le jeune homme ait jamais été le plus doué, loin de là).

-Donc maintenant, tu vas me dire ce que tu recherches et cesser de tourner autour du pot.

Le ton de sa voix était devenu plus menaçant, et pour cause, Orpheus n'avait pas la moindre envie ni intention de se laisser dicter sa conduite par un homme qui lui laissait définitivement présumer du pire. Très peu pour lui. Il allait parler, et sans plus faire de mystères. c'était un ordre, oui, que son interlocuteur lui donnait en le regardant dans le blanc des yeux.

   

   

code by Mandy