E

nfin, le grand jour était arrivé ! Caelan et Flynn avaient beau avoir avancé la date, au nom de raisons purement stratégiques, la jeune femme avait tout de même eu le sentiment qu'il n'arriverait jamais assez vite. Elle avait d'ailleurs eu l'impression que le temps prenait un malin plaisir à se distordre un peu plus à mesure que le jour tant attendu arrivait. Néanmoins, ils y étaient enfin, et tout était prêt. Rien ne devait venir gâcher ce qui promettait d'être le plus beau jour de sa vie. Et pourtant...

Alors qu'elle s'avançait vers l'autel dans la robe blanche et élégante qu'elle s'était choisie pour l'occasion, souriant au passage à tous les invités de l'assemblée, rayonnante comme jamais, elle n'imaginait pas que quoi que ce soit puisse véritablement rendre ce moment difficile ou douloureux. Caelan savait bien que l'avenir ne serait pas forcément heureux, qu'on leur mettrait sans doute de nombreux bâtons dans les roues, mais à l'heure actuelle, elle n'y pensait absolument pas. Elle était focalisée sur l'instant présent, où tout semblait juste parfait. Quand elle croisa le regard des jumeaux, elle leur adressa un sourire plus large encore. En cet instant, elle réussissait à s'en convaincre sans mal : ils dépasseraient toutes les épreuves et tout irait pour le mieux. Et quand elle posait les yeux sur l'homme qu'elle s'apprêtait à épouser, c'était plus évident encore, à la vérité.

Flynn était magnifique dans son costume de marié, et en un regard, elle savait qu'elle pourrait retomber régulièrement amoureuse de lui. Encore et encore. Il était toute sa vie, et elle était heureuse de la lier à la sienne pour toujours. Une fois devant l'autel, la cérémonie commença. Caelan était si rayonnante qu'elle s'en sentirait presque émotive. Elle se sentait à deux doigts de fondre en larmes, mais de larmes de joie. Il n'y avait plus que de l'émotion autour d'elle et en elle. Elle réalisait à quel point elle avait attendu ce moment. Non pas qu'elle en doutait. Mais l'anticiper et le vivre, ce n'était pas du tout la même chose. Le vivre, c'était beaucoup, beaucoup mieux. Ou du moins ça l'était au début.

Car tandis que la cérémonie progressait, alors qu'ils venaient d'échanger leurs voeux, la jeune femme commit l'erreur de jeter un oeil dans l'assistance et de constater que s'y trouvait un intrus que Caelan n'aurait jamais eu l'idée d'inviter, même dans ses pires cauchemars. Septimus Weasley était là. Qu'est-ce que Septimus Weasley foutait là ? Peu importe ses motivations, Caelan ne savait l'interpréter autrement que comme un mauvais signe. Et elle était loin encore de s'imaginer à quel point elle avait raison.

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I

l existe plusieurs formes de silence, certains, respectueux, se contentent de s'imposer quand l'attention se focalise sur un spectacle particulier, qui a le don de transcender tout le reste. C'était le silence qui régnait jusqu'ici sur l'assistance, un silence ravi, un silence, pour ainsi dire, festif, et que rien ne semblait devoir gâcher... mais le silence qui venait de lui succéder n'avait plus du tout la même teneur, sans aucun doute possible. C'était un silence stupéfait, voire indigné, teinté d'incompréhension, et pour cause. La question était plus rhétorique qu'autre chose. Pourquoi s'opposerait-on à leur union ? Il n'y avait pas la moindre raison pour que ce cas de figure se produise bel et bien, et la jeune femme n'y croyait pas une seule seconde. Seulement, elle ne s'était pas imaginé non plus que Septimus se pointerait ici le jour de leur mariage. Ca ressemblait à une sinistre farce. Il avait été engagé par les Potter ou quoi ? Ou bien il se vengeait bêtement parce que lui-même galérait à organiser son propre mariage ? Aucune idée, mais quoi qu'il en soit, Septimus était bel et bien là, debout face à une assistance stupéfaite, semble-t-il prêt à en découdre.

-Qu'est-ce que tu fais là ? dit Caelan avant de lui laisser le temps de dire quoi que ce soit.

Au fond, elle s'en fichait, de ce qu'il faisait là, elle voulait jusqu'il s'en aille. Personne ne l'avait invité à ce mariage. Et il était d'ailleurs l'une des dernières personnes qu'elle voulait voir à cette cérémonie. Il lui avait brisé le coeur, elle avait mis un temps fou à s'en remettre, et avant que Flynn ne revienne dans sa vie, elle avait bien cru qu'elle ne serait jamais capable de tomber amoureuse à nouveau. Bref, elle l'avait rayé définitivement de sa vie, ce qu'il avait lui-même fait bien avant elle, et la dernière chose qu'elle puisse vouloir à présent, c'était s'imposer sa présence le jour le plus important de sa vie. Elle ne voulait pas de lui ici, elle ne voulait pas de lui tout court, et elle se sentait profondément emmerdée par le tour qu'étaient en train de prendre les circonstances.

En fait, elle n'aurait même pas dû lui demander ce qu'il foutait ici, elle aurait dû le virer d'office. Mais elle n'y pouvait rien, elle était curieuse, malgré tout, elle avait envie, besoin de comprendre de quoi il retournait très précisément, et ce qui l'avait motivé à venir jusque-là alors qu'il était évident que sa présence ne changerait rien au bon déroulement du mariage. Au mieux ce serait une anecdote qu'ils se raconteraient encore dans dix ans quand ils reviendraient sur le plus beau jour de leur vie. Au pire, ce serait un moment déplaisant qu'ils effaceraient bien vite de leur mémoire.

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N

on mais... non... mais... quoi ? C'était hallucinant d'absurdité, cette histoire ! La dernière fois où Septimus et Caelan s'étaient adressés la parole devait remonter à un an environ si ce n'est plus, et ils n'avaient fait que s'envoyer chier tout au long de la discussion. La jeune femme était incapable de croire que le jeune homme s'était tout à coup réveillé avec une réminiscence stupide de sentiment pour elle, le tout pour venir gâcher son mariage... C'était vraiment n'importe quoi. Et en plus d'être sacrément étrange, c'était surtout sérieusement embarrassant, cette histoire. Et ça la foutait dans la pire situation possible.

Elle s'apprêtait à épouser l'homme de sa vie, et voilà qu'un ex surgi de nulle part venait créer un esclandre. Elle avait de la chance de s'engager auprès de l'homme le plus juste et le plus confiant qu'elle connaissait, car elle se doutait que ne serait-ce que dans l'assemblée, certains allaient se poser des questions sur la nature de sa relation avec Septimus alors que leur histoire était morte et enterrée, et cela faisait des années qu'il en était ainsi.

Et le pire, c'est qu'il n'y allait vraiment pas de main morte. Déjà, qu'il lui dise qu'elle était magnifique, c'était gênant, mais d'accord, après tout, elle espérait bien qu'elle était magnifique, elle avait mis des heures à se préparer pour être la plus belle possible. Mais c'était quoi ces grandes déclarations d'amour ? Genre maintenant il l'aimait ? Vraiment. Non mais... n'importe quoi. Et ils seraient faits l'un pour l'autre ? Non seulement c'était absurde et Caelan n'éprouvait absolument plus le moindre sentiment pour son ex, mais en plus, c'était franchement abusé de lui sortir ce genre de chose après l'avoir largué comme une merde à l'époque sous prétexte que l'amour ne se commandait pas et qu'il était fait pour une autre. Si son couple avec la reine des glaces battait de l'aile, c'était leur problème, mais Caelan, de son côté, s'en fichait royalement, elle ne voulait plus de Septimus dans sa vie, et encore moins à un moment à ce point crucial de son existence.

-Va t'en, répliqua-t-elle sèchement.

Caelan n'avait aucune envie de provoquer une scène le jour de son mariage, mais elle était bien incapable de prendre des pincettes avec Septimus quand ce dernier cherchait à gâcher le meilleur moment de sa vie.

-Tu te ridiculises pour rien, là.

Il se rendait compte, au moins, qu'il était ridicule, là ? Elle l'espérait, en tout cas. Elle tourna vers Flynn un regard désemparé. Elle avait le sentiment que Clyde Hornby, pas loin, se retenait difficilement de pleurer de rire, quant aux jumeaux, elle se sentait encore plus mal de leur imposer ça. C'était n'importe quoi...

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V

oilà longtemps que Septimus et Cedrella ne s'étaient plus vus ou parlés. La dernière fois, ça avait été un cours laps de temps, et on ne pouvait pas dire que leur échange ait été cordial. Alors Caelan ne pouvait pas prétendre encore bien connaître Septimus, mais elle pensait l'avoir connu assez quand même pour savoir que le comportement qu'il affichait ne lui ressemblait absolument pas, c'était tout simplement incompréhensible, et ce à plus d'un titre.

Il ressemblait davantage à un robot qu'à un être humain, à répéter sans cesse qu'il l'aimait et qu'elle était la femme de sa vie, à s'avancer vers elle comme le dernier des desespérés. Caelan n'était pas seulement furieuse, elle était effrayée en cet instant. Septimus semblait hors de contrôle. Peut-être qu'il avait bu. Oui, ça devait être ça. Il semblait comme sous influence, réellement, et inarrêtable, surtout, si bien que les tentatives de Flynn pour arrêter le jeune homme pacifiquement semblaient vouées à l'échec.

L'assistance semblait totalement médusée, si bien qu'aucun d'eux n'intervenaient. c'était une véritable catastrophe, et qui risquait fort de leur coûter cher dans l'avenir. Caelan n'avait quoi qu'il en soit pas l'intention de se lasisser faire. Septimus avait tout intérêt à partir, et sur-le-champ. Il s'était suffisamment donné en spectacle comme ça. Elle voulait juste qu'il s'en aille, fermer cette parenthèse (car il ne pouvait s'agir que de cela, bien sûr, une parenthèse et rien d'autre, qu'elle espérait faire oublier à ses interlocuteurs le plus vite possible.

-Va décuver ailleurs, répliqua-t-elle avec hargne en s'emparant de sa baguette magique pour la pointer en direction de son ex.

Oui, elle avait sa baguette sur elle, même en robe de mariée, en tant que membre de l'Ysbridion, elle considérait devoir se tenir toujours prête peu importe les circonstances. Et visiblement, elle avait bien fait. Si le jeune homme ne devait entendre que la manière forte, eh bien soit, elle l'emploierait, elle s'en fichait. Il allait trop loin. Son comportement pouvait être taxé de harcèlement, et elle ne le laisserait certainement pas faire.

Si elle devait le stupéfixier devant toute une assistance pour qu'il leur foute enfin la paix, elle le ferait. Ce n'était pas comme ça qu'elle voulait procéder, mais c'était à ses yeux la seule façon d'agir : elle ne pouvait pas juste serrer les dents et attendre qu'il les laisse tranquille. Son comportement la mettait mal à l'aise. Elle avait vraiment peur de ce qui pourrait arriver, du mal qu'il pourrait lui faire, à elle ou encore à Flynn. Il était incontrôlable, elle avait vraiment peur, très peur que cette situation tourne mal et qu'ils essuient des conséquences qu'ils ne seraient juste pas capable d'affronter.

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C

ette scène était déjà terriblement embarrassante, mais pour couronner le tout, Septimus insistait, et lourdement, qui plus est. Il en faudrait plus pour gâcher ce que Caelan comptait bien voir être le plus beau jour de sa vie, elle y comptait bien, mais tout de même, elle se serait bien épargnée cette scène pathétique qui, en plus, risquait bien de lui porter préjudice plus tard. Non mais... pour qui est-ce qu'il se prenait, exactement, hein ? Il était pathétique... Et de mauvaise foi, en plus. C'était lui qui l'avait larguée comme une moins que rien à l'époque alors que, à ce moment-là, elle avait vraiment cru que c'était lui qu'elle épouserait plus tard. C'était lui qui avait piétiné ses sentiments, et voilà maintenant qu'il se permettait de débouler comme un cinglé pour gâcher la cérémonie de son mariage. Eh bien, qu'il essaie.

Elle n'avait pas attendu cet événement pour ne plus avoir aucun sentiment pour lui, si ce n'est une rancoeur tenace, mais si elle en avait gardé ne serait-ce que quelques fragments, ils se seraient immédiatement évaporés en cet instant. Il ne ressemblait en rien à l'homme qu'elle avait aimé. Il ne faisait montre d'aucun respect à son adresse, et ça, elle l'encaissait difficilement. Elle méritait mieux que ça, elle méritait mieux que lui. Et elle l'avait trouvé. Alors la moindre des choses, pour Septimus, à présent, ce serait de s'en aller. Elle ne pointait pas sa baguette sur lui pour faire jolie, elle avait bien l'intention de s'en servir s'il continuait comme ça.

Si, il avait besoin de décuver... enfin, elle l'espérait, parce que si, en plus, il n'était pas sous l'influence de l'alcool, alors c'était encore pire que tout ce qu'elle avait imaginé. Et non, il n'était pas à sa place. Et ça se voyait, d'ailleurs, il détonnait avec tout le reste. Sa présence n'était désirée par personne, ici, et encore moins par les deux principaux intéressés, cela va sans dire. Elle fronça légèrement les sourcils quand il parla de le faire disparaître, du fait qu'il ne pouvait pas exister sans elle. Il s'imaginait quoi, qu'elle allait le tuer en plein milieu de son mariage ou quoi ? Elle ne comptait pas le prendre en pitié en entendant qu'il ne pouvait pas vivre sans elle. Il ne l'aurait pas en jouant la carte du mélodrame, il ne l'aurait pas tout court. Il ne méritait pas que l'attention soit focalisée sur lui. Il ne méritait pas d'accaparer son moment. Qu'il fasse mine de vouloir se foutre en l'air si ça l'amusait, elle ne tomberait pas dans le panneau.

-Silencio ! lança-t-elle pour faire taire une bonne fois pour toutes le jeune homme avant de ranger sa baguette et de tourner le dos à Septimus pour poser les yeux sur Flynn, qui méritait bien davantage qu'elle se concentrer sur lui. On peut continuer, maintenant ? demanda-t-elle comme si rien ne s'était passé.

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C

aelan se sentait proche de l'implosion, et elle n'était clairement pas dans les meilleures dispositions du monde pour reprendre le cours de la cérémonie comme si de rien n'était. Dans le fond, elle aurait sans doute besoin d'une pause, le temps de reprendre ses esprits et de balayer cet événement déplaisant d'un revers de manche... mais il en était hors de question. Elle ne voulait pas que le comportement déplorable de son ex petit ami puisse avoir le moindre impact sur ce qu'elle voulait toujours considérer être le plus beau jour de sa vie.

Elle avait réduit Septimus au silence, et elle était à présent décidée à ne surtout pas lui adresser à présent ne serait-ce qu'un début de commencement d'attention. Heureusement, les quelques murmures derrière elle lui laissaient comprendre que le rouquin était isolé par certains invités et tenu à l'écart, et qu'il ne les importunerait donc plus. Elle préférerait, honnêtement, qu'il ait vraiment disparu de leur sillage pour poursuivre, mais une fois de plus, hors de question pour elle, de changer quoi que ce soit à ce qu'elle avait planifié sous prétexte que Septimus s'était amusé à venir y mettre son grain de sel. Elle refusait de se laisser affecter par son intervention, de quelque manière que ce puisse être.

Caelan plongea son regard dans celui de Flynn, qui avait pris sa main dans la sienne et lui demandait avec douceur comment elle se sentait. Sa considération à l'heure actuelle lui confirmait si besoin était que l'homme face à elle était définitivement la perle rare, sa perle rare, et qu'elle l'aimait par-dessus tout. Il suffisait que leurs regards se toisent pour que sa colère et son amertume disparaissent, et alors, il ne restait plus qu'une seule et unique certitude, puissante et inaliénable : elle aimait Flynn Bennet, plus que tout au monde, et d'ici quelques minutes à peine, elle deviendrait sa femme. Le reste, en comparaison, n'avait pas la moindre importance.

Elle hocha doucement la tête. S'il n'y avait toute l'assemblée devant eux et si cette étape ne devait pas techniquement advenir plus tard, Caelan s'emparerait sur le champ des lèvres de son fiancé. Elle mourait d'envie de l'embrasser et de se réfugier au creux de ses bras, mais chaque chose en son temps.

-Ca va, répondit-elle doucement en serrant plus fermement la main de Flynn dans la sienne. Tout va bien. On peut reprendre, dit-elle en adressant un regard entendu à l'homme qui officiait la cérémonie.

Ce dernier, désarçonné, écouta tout de même la futre mariée et reprit en effet où il s'était arrêté. Si tout allait bien, ce mariage allait s'achever sans encombre. Il n'était plus temps pour eux, à présent, que de se dire "oui" pour la vie, d'échanger leurs alliances, et de reléguer cet incident dans un coin de leur mémoire, pour l'heure où, avec la distance nécessaire, ils seraient capables d'en rire.

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