L

a nouvelle était tombée tel un couperet. Avec une douleur identique et significative, sans le moindre signe avant-coureur. Un moment, elle se trouvait tranquillement chez elle, vaquant à ses occupations, le moment suivant elle recevait un courrier urgent qui lui apprenait que son fiancé se trouvait à Sainte-Mangouste, dans un état critique. Elle n'y comprenait rien, elle n'avait absolument rien vu venir. Elle ne savait rien de plus, si ce n'est le numéro de chambre de son futur mari (si tant est qu'il survive à "l'accident" qu'il avait paraît-il subi). Ni une ni deux, elle s'était précipitée à l'hôpital sorcier, ce qui n'eut dans un premier temps qu'une utilité très moyenne, parce qu'on lui refusait l'accès à la chambre de son futur mari... Elle dut attendre deux heureuse qui lui parurent en durer cinquante, à tourner en rond, encore et encore... sans obtenir plus de précisions sur ce qui avait bien pu se passer. Personne n'avait réussi à lui répondre précisément concernant la situation, elle allait devoir attendre de pouvoir parler à son époux pour pouvoir se faire une idée de ce qui lui était arrivé et de l'état où il se trouvait. On avait su la rassurer quand même en lui affirmant que Septimus allait s'en sortir, mais ce ne serait jamais que quand elle pourrait trouver son futur mari qu'elle parviendrait à se rassurer complètement.

Quand on lui permit de rejoindre la chambre où Septimus était hospitalisé, elle dut se faire violence pour ne pas tout simplement courir jusqu'à la chambre en bousculant un ou deux médicomages au passage. Quand elle pénétra dans la pièce, Septimus était réveillé, allongé dans son lit, et il n'avait malheureusement pas l'air bien en point... en même temps, il fallait s'y attendre. Cedrella fit les derniers pas qui la séparaient de Septimus au pas de course et alla s'asseoir près de lui, serra la main de son fiancé dans les siens. Ses mains tremblaient. Elle était complètement dépassée par ce qui était encore en train de se produire. Elle n'avait rien compris à ce qui lui était arrivé, mais ce qu'elle comprenait, c'est qu'il s'en était fallu de peu pour perdre l'homme qu'elle aimait pour toujours... et ça, c'était la pire épreuve qu'on pourrait lui faire endurer au monde.

-Comment tu te sens ? demanda-t-elle, la voix aussi tremblante que son corps tout entier. Elle était frissonnante, fébrile... Qu'est-ce qui s'est passé ?

Elle se doutait qu'elle ne devrait pas harceler d'office son fiancé de question, mais elle avait peur, trop peur pour se taire. Que Septimus se trouve là face à elle ne la rassurait qu'en partie, il lui en faudrait davantage pour parvenir à retrouver un semblant de sérénité.

code by Mandy

E

lle se doutait que Septimus ne se sentirait pas au meilleur de sa forme. On le lui avait dit, son futur mari aurait très bien pu y passer et il ne devait qu'à une chance immense le fait d'être encore en vie, capable de lui parler, alors il aurait été impensable qu'il ne souffre pas... même si elle aurait préféré. L'entendre lui affirmer qu'elle avait mal partout, eh bien ça lui faisait du mal. Certes, ça n'avait sans doute aucun rapport avec la douleur que lui-même devait ressentir, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir le coeur serré et la peur au ventre. Il s'en était sorti, d'accord, mais de justesse. Et s'il ne devait pas avoir autant de chance une prochaine fois ? D'accord, c'était un accident... Mais si ce n'en était pas un ? L'animosité de sa famille avait tendance à la rendre paranoïaque, peut-être. Mais si c'était à juste titre, pour une fois ? Elle aurait bien pu le perdre aujourd'hui, devenir veuve avant même de se marier. Son coeur ne l'aurait jamais supporté, jamais elle n'aurait su s'en remettre. Et elle avait peur de voir un autre épisode du genre se reproduire. D'accord, elle savait qu'elle devait se contenter de communiquer à Septimus tout son amour et surtout pas ses angoisses. Mais les deux étaient étroitement liés, aussi cela n'avait absolument rien de simple, tout au contraire. Septimus ne se souvenait plus de ce qui lui etait arrivé, mais savait au moins qu'il y avait eu une explosion, quelque chose du même type... Elle ne devait pas l'ennuyer avec ça. L'essentiel, c'était qu'il soit en vie, c'était absolument tout ce qui importait... même si que pour qu'ils continuent de se profiter de la présence l'un de l'autre, il allait nécessairement falloir qu'ils se fassent du souci.

- Ne t'excuse surtout pas, répondit-elle, s'en voulant un peu de ne pas être capable de plus de maîtrise d'elle-même. Son interlocuteur avait besoin de son présence, pas de ses angoisses. J'ai juste eu... tellement peur de te perdre. Elle se pencha vers lui et déposa ses lèvres sur les siennes, en espérant que ce contact ne lui ferait pas trop de mal. La jeune femme avait très envie de se serrer contre lui, mais elle savait bien que ça n'aurait rien d'une bonne idée. J'ai eu peur que tu partes... et j'ai eu peur que ce soit ma faute.

D'accord, elle devrait se taire, et juste savourer le fait de pouvoir parler à son futur mari, de pouvoir serrer ses mains dans les siennes, de pouvoir poser ses lèvres sur les siennes. Mais elle avait besoin d'exorciser sa terreur, tout simplement, pour ne plus y penser ensuite, si c'était possible.

code by Mandy

A

u fond, c'était certainement Septimus qui avait raison et Cedrella qui se faisait des films inutilement, le jeune homme n'avait jamais été que la cible aléatoire d'un malheureux accident, le genre d'accident qui aurait très bien pu arriver à n'importe qui d'autre. Il s'était retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, et il n'y avait rien à comprendre d'autre de la situation. Oui... normalement, oui... sauf que la jeune femme n'avait pas été capable de raisonner de la sorte dès l'instant où on lui avait appris que son fiancé avait été hospitalisé à Sainte-Mangouste. Ce n'était sans doute que pure paranoïa de sa part, mais elle n'avait pensé qu'à une chose, alors : à sa famille, qui leur faisait vivre un enfer et qui cherchait par tous les moyens à les séparer, à empêcher leur union. Au fond, c'était sûrement idiot. Sa famille était composée de personnes complètement cinglées... mais de là à chercher à tuer Septimus... c'était sûrement aller trop loin... mais dans la peur de perdre l'homme de sa vie, elle s'imaginait tout et n'importe quoi. Elle venait de vivre ce qui était clairement son pire cauchemar (même si le pire du pire aurait encore été que Septimus ne survive pas à l'accident), elle avait du mal à supporter la situation, elle avait du mal à raisonner convenablement.

-Non t'as raison, sans doute pas mais... Mais elle n'arrivait malgré tout pas à garder cette pensée pour elle-même, elle avait besoin de la partager, même si c'était totalement fou, même si... Rien, il allait la raisonner, lui assurer que jamais ses soeurs ne seraient capables de la faire tant souffrir... Et il allait se rétablir, tout reviendrait à la normale, alors. C'est juste que quand j'ai appris que tu étais à l'hôpital, j'ai eu peur que ma famille y soit pour quelque chose...

Elle prit une grande inspiration. Non, en fait, elle aurait dû garder cette pensée pour elle-même. Mais elle partageait tout avec Septimus, elle n'aurait certainement pas pu garder pour elle une réflexion aussi grave, même si c'était sans doute n'importe quoi, elle avait besoin de le partager. Même si elle espérait que Septimus ne cèderait pas à la même paranoïa qu'elle. Il était évident qu'ils devaient se montrer méfiants, aux aguets, mais il était quand même préférable qu'ils ne se laissent pas dévorer par leur angoisse. Ils devaient vivre la période la plus heureuse de leur vie. Hors de question de gâcher ça. Cet épisode devait seulement leur rappeler la valeur de ce qu'ils avaient.

-Je sais vraiment pas ce que je deviendrais si je devais te perdre... Et j'ai constamment peur que ça arrive, alors là, c'était juste... trop... Comme si je te portais malheur...

code by Mandy

C

edrella parvint à esquisser un fin sourire face aux propos de son interlocuteur. Ca lui faisait vraiment du bien d'entendre ça, surtout maintenant, alors qu'elle se voyait à ce point chamboulée et avait été confrontée à ce qui ne pouvait qu'être la peur de sa vie. Elle avait du mal à croire être la meilleure chose qui soit jamais arrivée à Septimus compte tenu de toutes les galères dans lesquelles elle l'avait entraîné bien malgré elle. Sans elle, Septimus mènerait sans doute une vie bien plus simple et équilibrée et ne serait pas devenu la bête noire (encore plus qu'avant) de toutes les familles de sang pur... et pourtant, il ne lui en tenait pas rigueur, elle savait qu'il le pensait vraiment. Tout comme elle-même considérait qu'il était lui aussi la meilleure chose qui lui était jamais arrivée. Elle n'avait jamais vécu qu'à moitié avant qu'il ne fasse cette entrée fracassante dans sa vie sentimentale, qui devait absolument tout changer. C'est vrai, elle avait renoncé à beaucoup de choses, mais en contrepartie, elle vivait heureuse, heureuse comme elle n'aurait jamais pensé mériter l'être. Il était toute sa vie, l'homme qui comptait le plus au monde pour elle, et elle ne pouvait tout simplement pas se résoudre à le perdre. Cette pensée lui tordait les entrailles, était source pour elle d'une immense souffrance, mais l'entendre la consoler et lui témoigner tout son amour était en revanche source d'un bonheur puissant et vif, indubitable. Jamais elle n'avait tant aimé, et si elle devait le perdre, jamais plus elle n'aimerait. Idée insoutenable. Enfin, il ne fallait pas se focaliser là-dessus. Il était là, bien vivant, c'était absolument tout ce qui pouvait bien importer. Elle hocha la tête, un peu remise de ses émotions.

-Je sais...

Ou pas, puisqu'elle n'arrivait pas à s'empêcher de douter, encore et encore. Non, elle ne savait peut-être pas, finalement. Elle savait qu'il ferait tout pour rester auprès d'elle, et elle auprès de lui, mais tout pouvait s'arrêter si vite. D'accord, leur rencontre singulière avec Ginny semblait devoir leur prouver qu'ils avaient encore de belles et nombreuses années devant eux, mais comment être sûr que cet avenir soit encore le leur ? Non, elle ne devait pas douter, elle devait se reposer sur la seule certitude qui lui était encore permise : elle aimait son fiancé, elle l'aimait plus que tout, et elle était prête à tout pour lui. Elle serra encore plus fort sa main dans la sienne.

-Je vais plus te lâcher d'une semelle, maintenant, tu vas m'avoir sur le dos constamment.

Elle essayait de faire de l'humour, mais la vérité, c'était qu'elle était encore très angoissée. De pouvoir le perdre, comme ça, si facilement, en quelques secondes, c'était une perspective vraiment éprouvante.

code by Mandy

C

edrella tentait de se détendre et de profiter seulement de la compagnie de l'homme qu'elle aimait et qui était là, bien en vie, auprès d'elle. Ce n'était pas simple, parce que la pression avait beaucoup de mal à retomber, mais la présence et les paroles de son futur mari réussissaient quand même à l'apaiser. Inutile de ruminer tout cela encore et encore. C'était du passé, ce n'était qu'un accident, et maintenant, ils étaient là, ensemble, tous les deux, se répétaient combien ils s'aimaient et pouvaient tout surmonter, c'était là-dessus qu'il fallait qu'elle se concentre, Là-dessus et rien d'autre. La jeune femme sourit quand Septimus affirma avec optimisme qu'il y avait quand même du bon à cette situation. C'était définitivement la qualité que préférait la jeune femme chez son fiancé. Quand elle-même avait tendance à voir les choses en noir, Septimus apportait de la lumière, un angle plus positif. Ils se complétaient, comme toujours, et là, il lui permettait de se sentir un peu mieux. Ce qu'elle pouvait l'aimer ! Ce qu'elle se sentait bien avec lui. Non, définitivement, elle ne pouvait pas perdre son futur mari, hors de question... Elle avait trop besoin de lui.

-Je ne vais plus jamais te laisser partir de chez nous, après ça, dit-elle en souriant doucement.

Elle plaisantait, bien sûr, mais elle le pensait quand même bel et bien. Elle s'était souvent plainte de l'absence de son mari. Elle savait très bien pourquoi il passait tant de temps au travail, elle savait pertinemment qu'il l'aimait, certes, mais que c'était pour elle, surtout, qu'il agissait ainsi, pour lui offrir la plus belle des vies possibles. Elle ne lui en demandait pas tant, mais elle savait bien que pour son futur mari, ça ne changeait rien. Alors oui, elle qui s'était plainte de ne pas avoir assez de temps avec Septimus (ce qui n'avait fait que s'aggraver après l'arrivée de Ginny dans leur vie), elle comptait bien en profiter au maximum, mais elle préférerait, si ça ne tenait qu'à elle, que tous les jours soient des jours où elle pourrait profiter constamment de la présence de cet homme qu'elle aimait tant. C'était se montrer trop exigeante, sans l'ombre d'un doute, mais elle l'assumait. Septimus était sa raison d'être, son oxygène, comment pouvait-on espérer survivre ne serait-ce que quelques minutes sans son oxygène.

-Tu sais quand tu pourras sortir ?

Elle n'avait pas interrogé les médicomages à ce sujet. Elle avait été trop pressée de pouvoir enfin retrouver Septimus pour s'attarder sur ce genre de considérations. Elle n'avait qu'une hâte : qu'il sorte enfin afin de pouvoir le bichonner au maximum. Elle n'avait pas eu besoin de cette épreuve pour savoir combien elle tenait à lui, mais tout de même, cela le lui confirmait.

code by Mandy

C

edrella ne se sentait pas franchement rassurée d'entendre que les médicomages n'avaient pas su dire précisément à Septimus à quel moment il pourrait quitter l'hôpital. Certes, son fiancé paraissait optimiste, et il avait vraiment l'air d'aller bien, et il n'y avait aucune raison, donc, que cette situation s'éternise, mais elle n'aimait vraiment pas ça, pas plus que d'entendre qu'il avait encore quelques examens complémentaires à passer. Qu'est-ce que ça voulait dire, exactement ? Est-ce que c'était la routine ou bien fallait-il présumer de quelque chose de plus grave. Oui, évidemment, elle s'inquiétait pour rien. C'était plus fort qu'elle, en l'occurrence, parce que la jeune femme n'était pas totalement remise de ses émotions. Et elle était bien incapable d'oublier, dans le même temps, que Septimus aurait tout à fait pu y passer et avait une chance monstrueuse d'être encore là, à ses côtés. Difficile de ne pas être paranoïaque et de ne pas s'inquiéter d'un rien pour la peine. Cedrella espérait de tout coeur, en tout cas, que ce ne serait effectivement pas long, comme son fiancé semblait vouloir le croire. Elle ne se sentirait complètement bien que lorsqu'on lui apprendrait que le jeune homme était parfaitement en état de rentrer chez lui. D'autant plus qu'une chambre d'hôpital n'était en effet et définitivement pas le décor le plus agréable au monde. Cedrella savait que Septimus essayait surtout de détendre l'atmosphère, mais elle ne pouvait tout de même qu'être d'accord avec lui : cet endroit était de ceux où personne n'avait envie de s'attarder. Cedrella, en même temps, ne connaissait personne pour apprécier la blancheur et la froideur des hôpitaux. Ces endroits étaient des mouroirs... desquels, heureusement, certaines personnes ressortaient vivantes. Ce qui ne rendait pas les lieux moins glauques et déplaisants.

-En tout cas, moi, je ne bouge pas d'ici tant qu'on ne t'aura pas autorisé à rentrer chez nous.

C'était décidé, et elle ne changerait absolument pas d'avis sur la question. Elle serait bien incapable de rentrer chez eux tant que Septimus serait ici. Elle ne ferait rien sinon tourner en rond dans leur appartement trop vide, et ça la rendrait forcément dingue. Il n'en était tout simplement pas question. Elle savait qu'on ne la laisserait sans doute pas tenir la main de Septimus tout le temps qu'il serait là, surtout s'il devait passer une autre batterie d'examen, mais ça ne l'empêcherait pas de rester dans son sillage. Réaction excessive et inappropriée, peut-être, mais elle ne se voyait pas faire autrement que d'agir de la sorte dans tous les cas. L'émotion ne retombait pas, l'inquiétude était toujours présente, et la seule chose qui était susceptible de réellement la rassurer, c'était la présence de son fiancé à ses côtés.

code by Mandy

C

edrella répondit au sourire de son fiancé par un autre. Le voir sourire avait le don de la rassurer, de l'apaiser. Même s'il en faudrait bien davantage pour qu'elle revienne sur l'immense inquiétude qu'elle avait éprouvée, elle se sentait au moins rassurée, soulagée... Septimus allait véritablement s'en sortir, et même si le voir sur un lit d'hôpital lui serrerait forcément le coeur, elle laissait progressivement s'évaporer l'idée qu'il lui échappe, qu'elle doive vivre sans lui... ce qui lui serait très clairement impossible. C'est vrai qu'elle passait ses journées sans lui quand il travaillait, mais si ils n'en avaient pas l'obligation, elle passerait tout ce temps avec l'homme qu'elle aimait. Elle ne l'expliquait pas, elle ne savait comment le justifier, c'était juste... comme ça... parce qu'elle l'aimait, parce qu'il était toute sa vie, et donc, oui, forcément, sa place était avec lui jusqu'à ce qu'il soit en état de revenir à la maison, puisque de toute manière, pour sa part, elle n'avait rien d'autre que lui ou presque dans sa vie.

-Tu ne pourras jamais être seul tant que je serai là, dit-elle avec malice avant de venir déposer doucement ses lèvres sur celles de son fiancé. Et je serai toujours là.

Et peut-être qu'un jour il en aurait assez... Cedrella n'avait pas envie d'être étouffante, trop souvent sur le dos de Septimus, mais le fait est qu'elle ne se lassait jamais d'être à ses côtés, alors de quel droit s'en priverait-elle ? D'autant plus que, en l'occurrence, il était d'une importance certaine qu'ils veillent l'un sur l'autre, qu'ils se soutiennent et ne se lâchent tout simplement pas d'une semelle... C'était comme ça qu'ils avanceraient et domineraient l'adversité, comme ça et pas autrement.

-Il faut juste que tu apprennes à regarder devant toi avant de te jeter la tête la première dans toutes les explosions sur ton chemin.

Ce n'était pas spécialement drôle, comme humour, mais lui faire comprendre à quel point il comptait pour elle, c'était aussi lui soutenir que vivre sans lui serait à ses yeux une entreprise infernale. Avant lui, elle avait eu toute une vie, bien réglée, par trop monotone et sans surprise, en abandonnant cette vie pour vivre passionnément son idylle avec lui, elle avait tout laissé derrière elle, sans espoir mais surtout sans volonté de retour (car au fond, elle le savait, si ses soeurs étaient aussi virulentes, c'est parce qu'elles espéraient son retour, et cette pensée lui arrachait le coeur). S'il devait disparaître du tableau, elle serait tout à coup seule, démunie, le coeur meurtri, sans plus de place où que ce soit. Cette pensée pouvait glacer le sang même de la si bien nommée reine des glaces.

code by Mandy

C

edrella savait pertinemment que la situation ne prêtait pas à rire, et honnêtement, elle était loin d'être amusée... elle était en vérité très inquiète, et il lui faudrait bien plus longtemps pour oublier son angoisse. La jeune femme savait que dans les prochains temps, elle ne pourrait s'empêcher de s'inquiéter du moindre fait et geste de son futur mari. Et elle savait aussi qu'elle serait morte d'inquiétude à chaque fois qu'il quitterait l'appartement. Quoi qu'il en soit, il ne savait rien d'exprimer à voix haute ce qu'ils pensaient tous les deux tout bas. Ils savaient pertinemment ce qu'il en était, ils savaient parfaitement que cette situation n'inspirait pas la sérénité. Alors autant faire comme si, ne serait-ce que parce que la vie devait continuer, d'une manière ou d'une autre. D'ici quelques jours, Septimus serait de retour chez eux, et la vie reprendrait son cours normal, avec son lot de joies et de contrariétés... et elle avait hâte d'y être.

-Je vais contrôler le moindre de tes pas, tu vas voir, dit-elle en serrant sa main plus fort dans celle du jeune homme.

Elle espérait, d'ailleurs, qu'elle saurait ne pas se montrer trop insistante au point d'en devenir désagréable. Loin d'elle l'envie de lui causer du tort, mais il fallait se faire une raison tout de même... Elle ne pourrait pas être sur son dos tout le temps. Et elle tenterait de ne pas l'être au passage.

-Tu as besoin de quelque chose ? demanda-t-elle alors, qui tant qu'ils étaient là comptait bien être aux petits soins pour son fiancé. Tu veux que je demande à ce qu'on t'apporte quelque chose à boire ? A manger ?

Même si un séjour à Sainte-Mangouste n'était jamais une partie de plaisir quoi qu'il en soit, elle tenait à faire en sorte qu'il se sente le mieux possible. Après l'épreuve qu'il venait de vivre, alors qu'il avait dû voir sa vie entière défiler devant ses yeux, alors que lui-même devait avoir peur pour sa vie... il fallait qu'elle réussisse à lui faire oublier ce moment pour de bon pour qu'il se remette et lui reviennee en pleine forme.

-Je peux peut-être te rapporter quelque chose, aussi, de quoi t'occuper ? Il y a des livres que tu voudrais que je te ramène ?

Même si elle faisait tous les efforts possibles pour cela, elle avait été si habituée à être servie par le passé qu'elle avait parfois du mal à se mettre au service des autres... mais quand elle était avec Septimus, ce n'était pas la même chose, et surtout avec tout ça. Il méritait qu'on l'aide, qu'on le soutienne, qu'on le rassure... Rien d'autre n'avait d'importance à l'heure actuelle.

code by Mandy

C

edrella ne savait que faire pour aider l'homme qu'elle aimait à se sentir mieux, et c'était extrêmement frustrant pour elle. Bien sûr, elle avait bien conscience du fait qu'il n'y avait pas grand-chose à faire de plus que ce qui avait déjà été mis en oeuvre. Il n'y avait pas des centaines de solution. Il fallait simplement laisser le temps au temps (si c'était possible), ni plus ni moins, et bientôt, Septimus serait de nouveau sur pieds et cette horrible histoire ne serait qu'un lointain souvenir qu'ils ne tarderaient pas à occulter pour se concentrer sur l'essentiel : l'organisation de leur mariage, le fait qu'ils étaient en vie et en pleine forme.

Il n'empêche, elle aurait aimé pouvoir, d'un claquement de doigt, rendre à Septimus une santé de fer. Merlin, elle serait même prête à porter la moitié voire la totalité de son fardeau pour qu'il ne souffre plus du tout, mais c'était impossible. Elle gardait encore quelques vieilles habitudes tenaces, elle s'en rendait bien compte : elle avait été habituée à obtenir ce qu'elle voulait dans l'instant où elle le réclamait, mais il y avait des cas de figure où ce n'était tout simplement pas possible, et elle était présentement confrontée à l'un d'entre eux.

Alors elle agirait dans la moindre mesure qui lui était accordée, notamment en apportant à Septimus le livre qu'il lisait, ce qui aurait au moins le mérite de l'occuper. Quand ils étaient tous les deux, c'est vrai qu'ils n'étaient pas particulièrement occupés à lire, ces derniers temps. Non, ils étaient bien davantage occupés à... d'autres choses. Elle aussi devrait peut-être décider de lire un peu, pour se changer les idées et daire passer plus vite cette situation ô combien horrible. Mais c'était au-dessus de ses forces, tout simplement.

Cedrella afficha un sourire en coin quand Septimus suggéra qu'ils demandent tout simplement aux médicomages de lui faire une petite place dans ce lit. Oh, comme elle aimerait. Elle n'avait vraiment aucune envie de rentrer chez elle, chez eux. Une fois là-bas, elle ne pourrait qu'attendre, se faire du mouron, et attendre encore que les heures de visite l'autorisent à nouveau à se trouver dans cette chambre. Malheureusement, ils n'avaient pas le choix. Cette situation horrible mettait leur patience à rude épreuve, mais c'était de toute évidence un moindre mal. Ils auraient vraiment pu subir bien pire que ce qu'ils avaient enduré. Elle aurait pu rentrer à la maison et ne jamais y retrouver son mari. Et ça... ça... vivre sans lui, c'était définitivement le pire supplice auquel on aurait pu la soumettre. En comparaison, cette situation était définitivement bien douce, en réalité.

-J'aimerais beaucoup. Mais je crois bien que ce serait contreproductif, si on veut te voir quitter ce lit le plus vite possible, ajouta-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

code by Mandy

C

edrella esquissa un fin sourire en entendant les propos de son fiancé. L'un comme l'autre s'y entendaient en matière de patience. Ils avaient dû attendre de surmonter leurs propres barrières pour être définitivement ensemble, quitte à en passer par plusieurs années de séparation, ils patientaient dans l'espoir de pouvoir se marier dans les meilleures conditions possibles... C'était incessant, pour eux. Constamment, il leur fallait... attendre. Mais leur expérience leur avait également appris que la patience savait être judicieusement récompensée.

Ce qui comptait, à la fin, au bout du compte, c'était qu'ils étaient ensemble, qu'ils s'aimaient... et rien, absolument rien ne devait jamais les séparer quoi qu'il advienne (en tout cas, en cet instant, elle savait être réellement sûre de cela sans rien deviner de ce qui pouvait bien les attendre au bout du chemin. Elle était amoureuse de lui, il était amoureux d'elle, que pourrait-il y avoir d'autre à comprendre exactement ? Ils s'aimaient, et quand ils rencontraient des obstacles, ils les dépassaient, c'était ainsi, et ils n'avaient de toute façon pas d'autre choix.

Elle aussi voulait bien admettre que dans certaines circonstances, patienter était tout de même une épreuve bien plus éprouvante que dans d'autres. En l'occurrence, elle avait vraiment envie d'envoyer balader tout le corps médical de Sainte-Mangouste pour ramener Septimus directement chez eux... mais c'était comme ça. Ce n'était pas le pire qu'ils avaient eu à éprouver. Cedrella supportait tout de même bien mieux de devoir attendre de le ramener chez eux que de penser le perdre pour toujours, ce qui avait été le cas quand elle avait appris que le jeune homme avait eu un accident qui aurait très bien pu lui être mortel.

-Tu seras récompensé comme il faut, ne t'en fais pas, répondit doucement Cedrella, un fin sourire au coin des lèvres.

Elle déposa une nouvelle fois ses lèvres sur celles de son fiancé. L'avoir à ses côtés la réconfortait, la rassurait... et pouvoir déposer ses lèvres sur les siennes également lui faisait le plus grand bien. Le moindre de ses baisers pouvait être le meilleur remède au moindre mal, physique ou mental, qu'elle pourrait bien ressentir. Il avait sur elle un pouvoir auquel aucun autre ne saurait jamais prétendre, c'est une absolue certitude.

-Je t'aime, souffla-t-elle simplement avant de se serrer le plus doucement possible contre lui.

Elle le lui avait dit des centaines de fois, personne ne pouvait le savoir mieux que lui, mais elle ne se lassait jamais de le lui répéter malgré tout. Parce que c'était la pure vérité, et parce qu'elle considérait qu'en cet instant, cela ne pouvait que lui faire du bien d'entendre ces mots très précis qui devaient définitivement lui mettre du baume au coeur. Dans les circonstances actuelles, c'était ce qu'elle pouvait faire de mieux pour lui.

code by Mandy

C

edrella ne put s'empêcher d'afficher un doux sourire quand Septimus lui répondit qu'il l'aimait aussi. Elle le savait, il le lui avait bien assez prouvé pour que cela ne fasse aucun doute à ses yeux, mais ce n'était pas pour autant qu'elle n'appréciait pas d'entendre ces mots. C'était même tout l'inverse, à la vérité. Elle avait eu trop longtemps besoin de les entendre en se refusant de le faire, pourtant.

Maintenant, ce n'était plus nécessaire. Leur histoire était belle parce qu'ils étaient parvenus à dépasser l'adversité, parce qu'ils s'étaient prouvé de mille manières possibles que c'était en effet le cas. Elle savait qu'elle avait une chance incroyable d'être aimée d'un homme tel que lui, elle savait pertinemment qu'elles n'étaient pas si nombreuses, les femmes qui avaient ainsi les chances d'être à ce point adorées de l'homme qui partageait leur vie. Mais Septimus ne faisait pas que partager sa vie, il était sa vie. Elle l'avait su très tôt, trop tôt pour qu'il soit temps de se l'avouer alors, et elle n'aurait jamais aucune doute à ce sujet.

Oui, ils s'aimaient, et oui, elle le croyait, quand il disait qu'il l'aimerait pour toujours. C'était peut-être présomptueux de sa part que de s'imaginer qu'elle serait capable de le retenir quoi qu'il advienne, que leurs sentiments ne s'essoufleraient pas. Après tout, c'était le drame de beaucoup de couples que d'avoir à subir les ravages du temps, qui ne les épargnait pas et réduisait à néant même les histoires les plus sublimes... mais elle les pensait à part. Elle s'imaginait que ce qui s'appliquait aux autres ne s'appliquait pas à elle, vraiment pas. Elle s'en mordrait les doigts, et dans moins de temps qu'elle ne l'imaginait, mais pour l'heure, elle n'avait que des certitudes, des certitudes et rien d'autre. Cedrella et Septimus allaient s'aimer, s'aimer toujours, envers et contre tout, n'en déplaise aux aléas de la vie, même les plus terribles comme celui qui aurait pu coûter la vie du jeune homme, et n'en déplaise, bien sûr, à tous ceux qui cherchaient à leur mettre des bâtons dans les roues, et qui le faisaient en vain.

De toute évidence, ils n'avaient rien compris, ils ne comprendraient jamais rien, quoi qu'il advienne. Personne n'était plus à même de comprendre leur histoire qu'eux deux, et ce serait toujours le cas, invariablement, indubitablement, quoi qu'il puisse leur arriver. Elle y croyait dur comme fer en tout cas. Pour le moment. D'ici peu, elle se mettrait à remettre en cause sa plus grande certitude.

Cedrella, un temps, ne dit rien, elle se contenta de rester ainsi, dans les bras de l'homme qu'elle considérait comme son âme soeur, savourant leur proximité. Puis après un moment.

-Je devrais te laisser te reposer...

code by Mandy