Le moins que l'on puisse dire, c'est que Tina ne s'était pas attendu à ça. Oh, elle avait vu les signes précurseurs, mais elle ne s'était pas imaginée que cela prendrait de telles proportions, et elle s'en voulait un peu, pour tout dire, de ne rien avoir remarqué, de ne pas avoir deviné les choses pour palier au souci avant que la situation ne s'envenime un peu plus.

Elle savait qu'Hyppolite avait du mal, dernièrement, à supporter les absences fréquentes de son père, et le fait qu'il se soit senti délaissé au profit d'Adrian (même s'il n'avait selon elle aucune raison de penser de cette manière) n'arrangeait rien, mais elle ne s'imaginait pas que ça finirait pas avoir une incidence directe sur ses résultats scolaires et sur son comportement en classe.

Il faut dire que l'année précédente, si Norbert était déjà aussi souvent en vadrouille, les résultats d'Hyppolite n'en patissaient pas, et Tina n'avait jamais eu aucune raison de le réprimander, en tout cas pas à ce sujet. Mais elle avait été convoquée à Poudlard.

C'était la première fois qu'elle mettait les pieds dans l'école de magie. C'était assez étrange. Poudlard ressemblait sur certains points à Ilvermorny... En un peu moins moderne, peut-être, mais même si elle s'y rendait pour la toute première fois, elle avait l'impression de l'avoir connu, sans doute parce que son mari lui en avait beaucoup parlé. Tant qu'à faire, quitte à visiter le château, elle aurait voulu que ce soit dans d'autres circonstances. Mais ce qui était fait était fait, tant pis. Ce n'est pas comme si elle pouvait y changer grand chose maintenant. Elle allait devoir jouer son numéro de mère autoritaire avec Hyppolite, elle n'avait pas vraiment le choix.

Elle n'aimait pas être cantonnée à ce rôle, mais cela arrivait assez régulièrement, ou plutôt à chaque fois qu'Hyppolite se comportait mal (ce qui arrivait quand même plutôt rarement, heureusement pour elle), puisque c'était bien plus souvent elle qui était présente, il faut le dire. Norbert était parti accompagner Jacob aux Etats-Unis, alors c'était elle qui avait dû prendre son après-midi pour se rendre à Poudlard. Quitte à négliger son travail une après-midi, elle aurait préféré que ce soit pour une autre raison. Ce n'était vraiment pas le plus simple de s'entendre répertorier les différentes erreurs de comportements de votre fils, elle avait le sentiment d'être réprimandée au même titre. À juste titre, peut-être. Elle n'avait pas été suffisamment attentive à l'état d'Hyppolite. Son comportement, elle en était sûre, était un rappel à l'ordre, une manière de réclamer leur attention. Il avait réussi.

Il avaient à peine parlé jusqu'à atteindre le hall. Il fallait libérer le dialogue avant qu'ils n'y aillent. Dans un léger soupir, elle s'arrêta, posa son regard sur Hyppolite.

"Hyppolite... Dis-moi ce qui se passe."

-C'est rien. Je vais travailler plus dur, c'est promis.

Tina esquissa un léger sourire, elle était incapable de se montrer trop sévère avec son fils. Elle savait qu’elle manquait d’autorité, parfois, ou plutôt quand il s’agissait de lui (parce que, quand elle le voulait, elle pouvait être d’une rigueur redoutable), et surtout là, parce qu’elle savait que sa mauvaise volonté ne venait pas de nulle part, et elle s’en sentait un peu responsable.

De plus, elle était convaincue que les sermons qu’il venait d’entendre sous les yeux de sa mère l’avaient déjà bien travaillé. Quand, tout penaud, il lui promettait qu’il allait travailler plus dur, Tina savait très bien qu’il le pensait vraiment, qu’il s’en voulait. Mais ses résultats et son attitude ne s’amélioreraient pas s’ils ne parvenaient pas à résoudre le vrai nœud du problème, et c’était forcément quelque chose de difficile à dénouer. Tina devinait de quoi il était question et elle n’était pas sûre d’avoir toutes les solutions en main. Mais ce qui était sûr, c’est que si Hyppolite ne prenait pas la peine d’en parler, s’il gardait tout ça pour lui, la situation ne pourrait aller qu’en empirant, et ce ne serait bon pour personne, à commencer par le principal concerné.

Oui, il allait travailler plus dur, sans doute, mais il garderait cette crainte, cette tristesse, cette amertume. Tout allait s’envenimer. C’était des choses qu’ils pouvaient encore corriger, des choses pour lesquelles Norbert et elle pouvaient l’aider. Alors elle comptait bien le faire et y parvenir tant que c’était encore possible. Hyppolite était juste un adolescent en manque de repères, ce n’était pas grand-chose, ça arrivait à tout le monde, ça lui était arrivé aussi quand, après la mort de ses parents et encore bien trop jeune, elle avait dû veiller sur sa petite sœur comme une mère le ferait pour sa fille, et comme Queenie l’avait fait pour elle, au final.

"Ce n’est pas ce que je te demande", répondit-elle alors.

Il avait esquissé sa question, il n’avait de toute évidence pas envie d’y répondre, mais Tina ne comptait pas lui laisser le choix à ce sujet. Il allait devoir mettre des mots sur ce qu’il ressentait, même si ça ne lui plaisait pas, même si ça le mettait en difficulté. C’était de cette manière qu’il progresseraient convenablement. De cette façon et pas autrement.

Elle le fixa un instant, elle voulait que les mots sortent, mais elle allait sûrement devoir l’aider un peu, et elle ne savait pas vraiment si elle était douée pour ça ou non. Elle ne l’était sans doute pas, en fin de compte.

"Je te connais, Hyppolite, je vois bien que quelque chose ne va pas, alors dis-moi ce qui se passe."

Elle savait ce qui se passait, au final. Mais elle voulait l’entendre le dire.

-C'est rien...

Non, justement, ce n'était pas rien. Les mauvaises notes et les défauts de comportements, en soi, n'étaient pas gravissimes, contrairement à ce que pouvait peut-être laisser entendre Tina sans vraiment le vouloir.

C'était la première fois qu'elle se trouvait confrontée à une situation du genre, et elle essayait de faire de son mieux. Être un maman, c'était un travail constant, à chaque fois qu'on pensait avoir tout intégré, on découvrait de nouvelles situations, de nouveaux cas de figure, et il fallait trouver comment faire en sorte de s'en sortir avec.

Tina voulait faire de son mieux pour le bien d'Hyppolite. Mais par moments, elle craignait un peu d'être dépassée. Un peu comme maintenant, en fait.

Non, ce n'était pas rien, et Tina, les bras croisés, attendait que son fils en dise un peu plus.

-Tu sais déjà ce qui se passe.

Si elle savait déjà ce qui se passait ? Malheureusement oui. Ça faisait bien longtemps que les Dragonneau avaient mis le doigt sur le problème. L'ennui n'était pas tant de l'identifier, c'était plutôt de le résoudre. Et à ce sujet, rien n'était acquis encore, bien au contraire. Ils peinaient à s'en sortir. parce qu'ils ne pouvaient pas changer grand-chose.

Tina ne dit rien malgré tout. Elle pensait qu'il était important que son fils s'exprime. Et pour s'exprimer, il s'exprima. Au point de désarmer un peu Tina. Il acceptait de se plier au jeu, et il le faisait peut-être un peu trop bien.

-J'en ai marre que papa soit jamais là, et même quand il est là, j'en ai marre qu'il passe son temps fourré avec ses créatures, j'en ai marre qu'Adrian cherche à me voler mon papa tout le temps. J'en ai marre de tout.

Voilà, il avait exprimé son ras-le-bol généralisé. Et elle ne découvrait rien. C'était bien qu'il exprime les choses comme il les ressentait, mais Tina se sentit soudain dépassée par cette accumulation. Regardant autour d'elle, elle trouva une place où ils allaient pouvoir s'asseoir tous les deux. Il semblait urgent qu'ils aient une conversation ensemble. Cette urgence transcendait toute autre considération.

"Tu sais, c'est difficile pour ton père aussi d'être si souvent absent. S'il avait le choix, il préfèrerait rester avec nous." En tout cas l'espérait-elle. "Et Adrian ne cherche pas à te voler ton père. Ça a été compliqué pour lui aussi, d'être éloigné de sa mère."

Elle lui sortait un discours auquel il s'attendait sans doute déjà. Le plus dur allait sûrement être de le convaincre de sa grande sincérité. Car sincère, elle l'était en effet, elle pensait ce qu'elle disait, mais il fallait sans doute plus que des mots pour apaiser les craintes d'un enfant qui se sentait délaissé.

-Mais comment tu peux les défendre sans arrêt, comme ça ? Ça te fait rien, à toi, que papa soit jamais là ? T'aurais pas envie qu'il prenne un peu de temps pour nous ?

Hyppolite avait mit un certain temps avant de prendre la parole et d'oser s'exprimer sur ce qui lui tenait à coeur, sur ce qui lui faisait du mal, mais maintenant, il semblait inarrêtable.

C'était une bonne chose, parce qu'il fallait crever l'abcès, mais pas simple à gérer pour Tina, parce qu'elle avait du mal à savoir de quelle manière répondre à son fils. Elle aurait aimé que Norbert soit là pour pouvoir se défendre aussi, pour pouvoir expliquer à son fils que ses inquiétudes n'avaient pas lieu d'être... mais il n'était pas là, justement. Et cela confortait forcément le jugement d'Hyppolite.

Elle ne lui en voulait pas, tout comme elle ne voulait pas en vouloir à Norbert pour ses très nombreuses absences, qui étaient liées à un travail prenant, qui était toute sa vie, et auquel elle ne se voyait vraiment pas lui demander d'y renoncer. Il en souffrirait trop. Et eux aussi, par extension.

Comment elle faisait pour le défendre sans arrêt ? C'était bien simple. Elle l'aimait. Et elle le comprenait. Elle l'avait accompagné depuis assez longtemps, l'avait suffisamment suivi dans ses aventures pour comprendre qui il était, pour savoir que sa difficulté à se montrer démonstratif ne signifiait pas qu'il n'éprouvait pas une affection sincère pour elle, tout comme il aimait infiniment son fils. Il était à part. Norbert Dragonneau était un homme exceptionnel. Et ce n'était pas toujours simple de faire avec personnalité si hors du commun. Mais il était ce qu'il était.

Bien sûr, qu'elle aimerait que Norbert prenne plus de temps pour elle, pour eux, et elle espérait bien qu'un jour, il mettrait fin à ses incessants voyages et saurait adopter un mode de vie ne serait-ce qu'un tout petit peu plus sédentaire, sans lui demander de l'être complètement non plus. Bien sûr qu'il lui manquait quand il n'était pas là, évidemment qu'elle préfèrerait l'avoir à ses côtés. Mais elle ne comptait pas se plaindre... C'était le meilleur équilibre qu'ils avaient pu trouver, et ils étaient heureux. Maintenant, elle voulait que son fils parvienne à l'être aussi. Et ce n'était pas encore gagné.

Et si Adrian n'était pas aussi embêtant, peut-être que sa mère aurait pas cherché à se débarrasser de lui.

La compassion que Tina daignait adresser à son fils se dissipa en entendant ses mots et elle lui adressa pour la peine un regard sévère. Il se serait arrêté à sa remarque précédente, elle se serait montrée plus clémente. Plus maintenant.

"Sa mère n'a pas voulu se débarrasser de lui, et il serait temps que tu grandisses un peu, Hyppolite." Elle le regarda dans les yeux. "Les adultes doivent parfois faire des choix pour le bien de leurs enfants, c'est le cas de ta tante, et c'est aussi le cas pour ton père." Elle marqua une légère pause. "J'aimerais que tu fasses un effort avec Adrian."

Hyppolite Dragonneau a écrit:

 

♔

Hyppolite & Tina

“ C'est facile de faire des erreurs. Pas simple de les assumer ”

J

e sais que j'exagère, et que ce n'est pas la réalité. Je connais tata Queenie, et d'ailleurs je l'aime beaucoup, je sais qu'elle tient à mon cousin et qu'elle l'a pas fait pour l'embêter ou parce qu'elle le supporte plus, mais je préfère présenter les choses de cette manière. Je suis en colère et je suis un sale gosse, alors je présente les choses de la manière qui m'arrange, c'est finalement aussi simple que ça. On ne se refait pas, j'ai envie de dire. Quand maman me dit qu'il faudrait que je grandisse un peu, je me rembrunis. Elle a raison, mais ça fait pas du bien à entendre pour autant. C'est vrai que mon comportement est contradictoire. Je veux qu'on me traite en adulte, mais je me comporte comme un gosse. Mais d'un autre côté, je suis, un gosse. Du haut de mes douze ans, j'ai encore pas mal de choses à apprendre, et parce que j'ai douze ans, je prends certaines choses à coeur, j'agis comme je le fais, je suis impulsif et borné. Et mes parents peuvent bien me le reprocher, je sais que j'ai de qui tenir. Et eux aussi doivent le savoir, d'ailleurs. Grand mal m'en fasse. Je secoue vivement la tête quand maman m'assure que c'est pour mon bien que mon père agit comme il le fait. Qu'on puisse expliquer l'attitude de tata vis-à-vis d'Adrian, ça je peux bien le comprendre, d'accord, mais l'attitude de papa, par contre, je vois pas en quoi elle me concerne, je le trouve totalement égoïste. C'est le gros défaut que je lui reproche, et je pense pas que c'est un moindre reproche, au contraire.

-Il fait pas d'efforts avec moi non plus, je réplique en croisant les bras quand ma maman me demande de faire des efforts avec mon cousin. D'accord, je fais preuve de mauvaise foi. La vérité, c'est que s'il a arrêté de faire des efforts avec moi, c'est parce que je n'en ai fait aucun avec eux, parce qu'il m'agace et qu'il me rend totalement jaloux. Mais y a des choses que je sais, j'ai pas envie de les dire pour autant, j'ai pas envie de les assumer parce que je suis pas encore prêt à me remettre en question. Il y a beaucoup trop de colère en moi pour ça. Et papa fait rien pour moi, ou pour toi, tout ce qu'il fait, c'est juste pour lui.

Je ne suis pas du tout en train d'arranger mon cas, mais là, je suis incapable de répliquer différemment.

         

(c) Fiche by WILD BIRD, textures by Dayanna & gifs: Tumblr

       

-Il fait pas d'efforts avec moi non plus.

Porpentina se retint de lever les yeux au ciel quand son fils lui donna cette réponse, non sans une certaine mauvaise foi. D'accord, elle voulait bien croire qu'Adrian ne faisait plus vraiment beaucoup d'efforts avec Hyppolite, ces derniers temps, mais il faut dire qu'il ne l'avait pas accueilli à bras ouverts pour commencer, il ne lui avait pas laissé l'occasion d'imaginer qu'ils puissent bien s'entendre tous les deux.

Adrian était éloigné de tous ses repères, loin de sa mère. Hyppolite aurait dû le comprendre et le soutenir, mais il avait préféré faire sa mauvaise tête, comme très souvent. En attendant, il ne pouvait pas dire de son cousin qu'il ne faisait jamais d'effort. Tina serait même tentée de dire que son fils devrait prendre exemple sur lui, quelquefois, mais elle savait que ça envenimerait les choses (à juste titre).

Elle fut tentée de répliquer quelque chose, mais le garçon poursuivit dans sa lancée. Hyppolite était visiblement inarrêtable quand il s'y mettait. D'un autre côté, c'était tant mieux, car Hyppolite en avait gros sur le cœur, et il était très important qu'il parle.

- Et papa fait rien pour moi, ou pour toi, tout ce qu'il fait, c'est juste pour lui.

Là, Tina ne pouvait pas le laisser parler ainsi. Qu'Hyppolite se sente seul, qu'il éprouve un sentiment d'abandon, qu'il veuille voir son père plus souvent, ça, elle pouvait complètement l'entendre et parfaitement le comprendre, mais qu'il doute de la sincérité et de l'affection de Norbert...

Elle l'observa un instant. Elle tenait à lui faire changer d'avis, c'était même très important à ses yeux, mais elle ne savait trop encore de quelle manière s'y prendre. Hyppolite était si borné ! Puisqu'il avait dû hériter d'un grand défaut de ses deux parents, il avait visiblement fallu qu'il s'agisse de celui-là. Elle s'en serait bien passée, cette fois.

"Ce n'est pas parce qu'il a des fois du mal à... extérioriser ses sentiments qu'il se moque de nous ou qu'il est égoïste." Elle marqua une légère pause. "Le jour de ta naissance, il a traversé le globe pour pouvoir te serrer dans ses bras, il a refusé de quitter l'Angleterre tant qu'il n'aurait pas assisté à tes premiers pas. Quand il a appris que tu étais admis à Poufsouffle, je l'ai vu pleurer de joie." Elle esquissa un fin sourire. "Tu es tout pour nous." Avant d'ajouter, un peu plus sévère. "Alors sors-toi cette idée de la tête."


[/color]

Tina savait que Norbert lui-même n'apprécierait pas forcément qu'elle donne à leur fils toutes les informations personnelles qu'elle venait de lui dresser, mais elle sentait qu'Hyppolite avait besoin d'être rassurée, alors elle cherchait des mots qui puissent vraiment avoir suffisamment d'impacts sur lui... et elle pensait avoir réussi à toucher une corde sensible, en cet instant.

Elle savait que la confiance qu'Hyppolite plaçait en ses parents, et en son père surtout, ne se rétablirait pas aussi rapidement, qu'il allait falloir du temps avant tout autre chose, mais c'était un début, déjà que de le faire réfléchir et de l'inviter à un semblant de dialogue, ce qui lui manquait cruellement le reste du temps.

-Si tu veux...

Un sourire s'afficha sur les lèvres de Tina, un sourire qu'elle essayait de ne pas montrer trop triomphant, déjà, rien n'était gagné, c'est vrai, mais quand même, elle appréciait d'entendre Hyppolite reconnaître que son père faisait peut-être plus d'efforts pour lui que ce qu'il pouvait bien prétendre.

Il voulait bien reconnaître que l'affection de ses parents était réelle, même si elle peinait à se montrer, quelquefois, et c'était un début, il constaterait peut-être plus facilement ces signes parfois discrets qui, forcément, lui échappaient. Il fallait qu'ils fassent des efforts d'un côté comme de l'autre, ils formaient une famille atypique, ce n'est pas pour autant qu'elle ne pourrait pas fonctionner.

- Mais il devrait me le dire, tout ça.

Là-dessus, Tina ne pouvait pas le contredire. C'était ce qui pêchait, bien souvent, avec Norbert, la communication. Tina aussi en avait fait les frais (d'autant qu'elle n'était pas particulièrement douée de son côté non plus), et certaines choses n'avaient pas forcément changé, d'ailleurs, Tina avait juste appris à faire avec, parce qu'elle aimait son époux autant pour ses qualités que pour ses défauts.

Mais Hyppolite tenait une place différente, auprès d'eux, et il devait être la meilleure raison du monde de corriger leurs défauts, au moins en sa présence.

"J'en parlerai avec ton père." dit-elle en esquissant un fin sourire. Et elle comptait en effet le faire. C'était une conversation qu'il fallait qu'ils aient de toute façon. Ils la reportaient sans arrêt, éludaient le sujet, mais au bout d'un moment, il fallait bien en passer par là. "Mais il faut que tu fasses des efforts de ton côté, d'accord ?"

Elle ne tenait pas à être convoquée à Poudlard une nouvelle fois du fait du comportement de son fils. Une fois suffisait.

[/color]

-OK, je ferai des efforts.

Tina opina du chef, satisfaite. Contente d'avoir su inviter son fils à se remettre en question et à lui promettre de faire des efforts. Est-ce que ces efforts seraient vraiment faits ? Et est-ce qu'ils porteraient leurs fruits, elle n'en savait rien, mais dans tous les cas, cette situation ne pouvait ni ne devait durer, il fallait qu'ils parviennent à débloquer les choses, et cela passait par le dialogue en même temps que par des efforts de chaque côté. Ils étaient trois à devoir en faire (oui, elle aussi, devait en passer par là).

Elle voyait bien que son fils ne mettait pas tout le cœur possible à l'ouvrage, mais ce n'était pas très grave, il était normal qu'il y oppose un peu de résistance. Tina avait envie que son fils parvienne à s'épanouir, à se sentir bien en famille comme à Poudlard, et pour le moment, elle constatait bien que ce n'était pas le cas. Il devenait nécessaire qu'ils dialoguent et qu'ils mettent de l'eau dans leur vin. Tina avait envie que, au retour de Norbert, lorsqu'ils se retrouveraient, la situation se soit apaisée, pour le mieux.

-Tu m'en veux ?

Tina sentit son cœur se serrer en l'entendant poser cette question. Elle se doutait qu'elle s'était montrée un peu sévère avec lui, mais en même temps, la situation l'exigeait, elle avait été convoquée jusqu'ici à cause du comportement d'Hyppolite, elle avait dû délaisser son travail en cours (et à l'heure actuelle, tout était urgent dans son travail et rien ne méritait d'être laissé en suspens), c'était son rôle de se montrer autoritaire quand la situation l'exigeait, même si elle avait toutes les difficultés du monde à le faire.

Non, elle ne lui en voulait pas, parce qu'elle savait qu'il n'avait pas agi sans raison. Elle savait qu'Hyppolite ressentait un vrai mal-être, et c'était plutôt à elle-même qu'elle en voulait, parce qu'elle aurait dû dénouer cette situation beaucoup plus tôt.

Tina fit doucement non de la tête. Hyppolite avait reçu sa leçon, elle ne voulait pas qu'il culpabilise inutilement. Elle voulait qu'il puisse reprendre le chemin de l'école l'esprit aussi serein que possible.

"Qu'est-ce que tu vas chercher là, bien sûr que je ne t'en veux pas." Pour joindre l'acte à la parole, elle serra Hyppolite dans ses bras. "Je vais devoir y aller", dit-elle dans un léger sourire. "Je t'aime."

Elle ne disait peut-être pas assez souvent à son fils qu'elle l'aimait, c'était l'une de ses erreurs. Là, elle se disait qu'il avait sûrement besoin de l'entendre, alors elle faisait ses propres efforts de son côté.