Ignatius aimait son travail, il adorait passer énormément de temps au ministère de la magie, passer du temps dans ses papiers, passer du temps… à travailler. Parce que c’était l’une des choses qu’il maitrisait bien et actuellement encore, c’était en quelque sorte l’une des choses qu’il avait bien en main. Une des choses qu’il maitrisait et donc qu’il ne pensait pas voir un peu… exploser dans tous les sens. Et pendant un moment, ça avait été quand même une sorte de bulle de secours pour lui, un refuge, un endroit où il se sentait bien et même en quelque sorte le seul endroit où il se sentait pleinement bien. Pas un endroit où il devait prendre sur lui pour une quelconque raison, où il devait se retenir de penser certaines choses, où il devait se rendre compte que toute sa vie ou presque était quand même fondé sur des trahisons, des mensonges et de la violence. Bref, un refuge.

Mais en même temps, depuis que Carlotta avait prit une place si importante dans sa vie – lui permettant quand même d’oublier un peu ses sentiments pour Lindsay, qui étaient bien différents de ceux qu’il ressentait pour la jeune femme officiellement sa… petite amie donc –, Ignatius devait bien avouer qu’il ne se sentait pas bien que dans son bureau. Il se sentait toujours bien dans son bureau et il adorait toujours autant travailler, mais il appréciait aussi quand il ne se trouvait pas dans son bureau et pouvait passer du temps en compagnie de Carlotta donc. Ça se ressentait d’ailleurs. Ils étaient loin d’être du genre à passer tout leur temps ensemble, en grande partie parce qu’ils avaient quand même des habitudes de solitaires et pas mal de chose à gérer au quotidien, mais Ignatius ne passait pas tout son temps à son travail à se noyer dans ces histoires de portoloin, il passait plus de temps en dehors de son bureau maintenant. Cela dit en cet instant précis, Ignatius était plongé dans ses dossiers, dans son bureau, à travailler d’arrache-pied comme il le faisait toujours. C’était quelque chose qu’il avait beaucoup de mal à gérer autrement, il se devait d’être parfait dans son travail. Et au fond, le jeune homme savait que ça avait un trop grand rapport avec le fait qu’il voulait satisfaire pleinement ses parents, qu’il voulait être un parfait enfant… et même encore maintenant, il s’en voudrait sans doute trop de décevoir Wilhelmina Tuft alors qu’elle ne méritait pas du tout qu’il s’inquiète pour ça.

Il était donc plongé dans son travail, quand on frappa à la porte. Rien d’étonnant en soit, parce qu’il avait quand même souvent des personnes qui venaient dans son bureau. Il ne prit pas la peine de se lever, se contentant d’inviter la personne à entrer. Et quand la porte s’ouvrit, cependant, il se leva bel et bien de son siège.

« Oh salut ! » Dit-il avec toujours cette maladresse qui avait tendance à l’agacer quand il se retrouvait devant Carlotta et qu’il ne savait pas trop comment faire les choses. « Tout… va bien ? »

Il était surpris, vraiment, parce que c’était la première fois qu’elle venait le voir dans son bureau et que clairement, il ne s’y était pas du tout attendu.

Avant même de répondre à sa question, Carlotta vint se blottir dans ses bras. Autant dire, qu’elle n’avait pas besoin de dire quoi que ce soit pour que le jeune homme comprenne qu’elle n’allait pas si bien que cela. En même temps, le jeune homme s’en doutait un peu au vu de la situation, parce qu’elle venait le voir dans son bureau alors qu’elle ne s’était pas annoncée, ça voulait quand même tout dire. Il ne pouvait donc que comprendre qu’elle n’allait pas si bien que cela, et forcément il s’inquiétait. Mais pour commencer, le jeune homme se contenta de serrer un peu plus son étreinte, attendant du moment qu’elle prenne la parole.

Ce qu’elle fit, elle prit la parole en affirmant qu’elle n’allait pas vraiment bien. Ce que Ignatius avait compris, mais il se demandait surtout ce qui lui arrivait. Mais la jeune femme ne mit pas longtemps avant de se montrer plus explicite, de lui dire ce qui arrivait. Elle revenait du département de la justice magique et elle avait la date de son procès. D’accord… Ignatius sentit son cœur se serrer. Ils savaient bien ce qui allait arriver, elle allait être envoyé en prison. Ce n’était pas quelque chose qu’ils ignoraient en soit, depuis les évènements d’Halloween. Forcément, au vu de ce qu’elle avait fait, il était évident qu’elle allait payer les conséquences de ses actes. Ignatius ne savait pas vraiment comment les choses allaient se passer, comment Carlotta allait s’en sortir, mais en même temps ce n’était pas comme s’ils pouvaient ignorer ce qui allait arriver. Même si forcément, le jeune homme se sentait un peu mal là.

« Non, non, ça peut attendre. » Répondit-il quand elle affirma qu’ils pouvaient en parler plus tard parce qu’il devait quand même avoir du travail. Il en avait bien sûr, quand on avait une position comme lui c’était évident qu’on avait toujours énormément de travail, mais en même temps tout de suite Ignatius n’avait aucune envie de se préoccuper de son travail. Il avait envie de se concentrer sur Carlotta et sur ce qui l’attendait. Même s’il savait bien ce qui allait arriver, il le savait depuis qu’elle avait fait son acte à halloween, mais ce n’était pas pour autant évident de le gérer maintenant. Parce que forcément, si Carlotta se retrouvait en prison, Ignatius devait bien avouer qu’il ne savait pas vraiment comment ça allait s’en sortir. C’était égoïste sans doute de penser comme ça, mais en même temps il ne pouvait pas complètement l’ignorer. « Quand est ton procès du coup ? » Demanda-t-il. En soit, ce n’était pas si important que ça mais Ignatius avait quand même envie de savoir quand elle allait passer devant le magenmagot, quand elle allait connaître son sort, quand lui-même allait connaître son sort. Cela dit, il ne se contenta pas de cela, puisqu’il reprit dans la foulée. « Est-ce que je peux faire quelque chose ? »

Il ne savait pas ce qu’il valait mieux qu’il fasse en cet instant précis.

Quand Ignatius entendit la date du procès, en réponse à sa question évidemment, il sentit un frisson parcourir son corps. C’était le but, évidemment, de connaître la date, mais le fais de l’entendre prononcer cette fameuse date ne faisait que rendre concret réellement la situation. Le 20 décembre, elle allait passer devant le magenmagot et ensuite, les choses allaient s’enchainer. Même si le jeune homme avait envie de croire qu’il était possible qu’elle échappe à la prison, il savait parfaitement qu’il ne devait pas se faire d’illusion. Il était évident que la jeune femme allait passer du temps en prison, la question était de savoir si elle allait passer beaucoup de temps à l’ombre ou non. Ça devenait donc encore plus concret, juste avant noël, et ensuite elle allait donc passer un temps en prison. Ignatius devait se faire à cette idée, ça n’était pas spécialement évident, mais il se devait de se faire à cette idée. Tant que ce n’était qu’une idée, qu’une éventualité, il pouvait éventuellement se dire que ce n’était que loin… sauf que ça devenait de plus en plus réel.

Ignatius afficha un léger sourire en coin quand sa petite amie lui affirma qu’il était encore là et qu’elle ne voyait pas ce qu’elle pourrait lui demander de plus. Et pourtant, Ignatius aimerait vraiment pouvoir faire quelque chose de concret pour elle, il aimerait pouvoir… en fait faire n’importe quoi pour la sortir de là, mais en même temps il savait bien que c’était en grande partie parce qu’elle défendait ses convictions qu’elle en était là. On pourrait croire qu’elle était psychologiquement instable et qu’elle aimait l’idée de finir en prison, mais Ignatius savait que ce n’était pas le cas. Elle avait simplement une force de conviction qui la poussait à prendre des risques.

« Trop pour moi ? » Demanda-t-il, en appréciant ce qu’elle lui disait bien sûr, mais en décidant de ne pas aller dans ce sens. « C’est toi qui prends tous les risques. » C’était elle qui défendait des convictions, c’était elle qui risquait d’aller en prison, c’était elle qui allait se retrouver enfermé dans une cellule avec des détraqueurs autour d’elle. « Moi je… je me contente de ne rien pouvoir faire. » Ajouta-t-il avec un léger pincement au cœur.

Il avait envie de faire quelque chose, il aimerait bien pouvoir éviter à sa petite amie tout ce qu’elle vivait, même si tout ce qu’elle vivait était quelque chose qu’elle avait cherché aussi. C’était assez particulier tout ça, il aimait ce côté de Carlotta, même si en même temps… il détestait de se sentir à ce point impuissant. Et se dire que prochainement, elle allait devoir s’éloigner de lui, alors qu’il se sentait si bien avec une personne. Ce qui n’était pas évident du tout, il avait cru pendant longtemps que tout cela n’était pas fait pour lui.

« J’aimerais pouvoir t’épargner… tout ça. » La prison, le procès, ce genre de chose.

Ignatius aimerait évidemment permettre à Carlotta de ne pas avoir à subir les conséquences de ses actes, à pouvoir éviter le procès, la prison qui risquait de suivre ensuite. Mais la jeune femme avait des arguments en béton pour ça, ça faisait partie du « jeu ». Le jeune homme ne pouvait évidemment pas la contredire quand elle affirma que si elle n’assumait pas la conséquence de ses actes, alors ceux-ci n’auraient aucun impact. Forcément, à voir les choses ainsi, Ignatius ne pouvait pas vraiment dire quoi que ce soit. Mais il savait que même si Carlotta assumait les conséquences de ses actes, ça ne voulait pas dire qu’elle pouvait supporter la présence des détraqueurs une nouvelle fois à Azkaban. Dans l’idée, il faudrait qu’elle ne soit plus punie pour ce qu’elle faisait, parce qu’il n’y aurait plus de secret magique… Oui, plus le temps passait, plus Ignatius était quelque peu mitigé sur la question.

Enfin, si au moins Ignatius pouvait juste lui permettre que ça soit moins éprouvant comme épreuve simplement en étant là, il en était heureux. Ça ne voulait pas dire que c’était plus facile pour autant, mais au moins, il avait un peu le sentiment de pouvoir faire quelque chose, d’être utile à quelque chose. Même si concrètement, il ne faisait pas grand-chose, si sa simple présence lui faisait du bien, ça le rassurait. Pour seule réponse, Ignatius afficha un léger sourire, avant que Carlotta ne vienne enrouler ses bras autour de sa taille et déposer des lèvres sur les siennes.

« Évidemment. » Répondit-il, vivement, quand Carlotta reprit la parole pour lui demander s’il allait l’attendre. Sa réponse était donnée sous le ton de l’évidence, parce qu’à aucun moment le jeune homme ne s’était même posé la question, tellement c’était bien évidemment le cas. « Je serais toujours là. »

Ça lui semblait évident, mais en même temps Ignatius réalisait que si Carlotta lui posait la question, c’était juste qu’elle avait besoin d’en être assurée. Mais Ignatius n’avait pas du tout pu envisager le contraire. En soit, il savait parfaitement dans quoi il s’engageait avec elle, il savait ce qu’elle faisait et ce qu’elle était prête à risquer pour la cause qu’elle défendait, ce qu’il trouvait toujours admirable. Alors même si à choisir, il préférerait qu’elle n’ait pas besoin de se retrouver en prison, il savait parfaitement pourquoi elle faisait tout cela. Même si au fond, si elle devait décider de se concentrer uniquement sur une carrière plus stable et sans effractions aussi évidente de la loi, ça l’arrangerait quand même énormément, il savait bien que si elle faisait ce genre de chose, elle ne serait plus celle qu’elle était.

« Enfin… si tu veux toujours de moi, je serais là. »

Peut-être qu’elle… pourrait changer d’avis quand elle retrouvera sa liberté ensuite.