Le silence est le meilleur avocat des morts

Ravena était anxieuse, c’était la première fois qu’elle se trouvait dans une telle situation. La première fois qu’elle avait besoin d’un avocat. Elle ne s’y connaissait pas du tout dans ce domaine, mais elle s’était débrouillée par elle-même, parce qu’elle n’avait pas le choix. Elle avait pris un avocat qui parait-il avait bonne réputation dans le milieu, et qui était plutôt bon dans son domaine. Elle espérait que ce soit vraiment le cas, il n’y avait pas intérêt à ce qu’elle perde ce procès, d’autant qu’elle était innocente.

Elle avait donc contacté Kieran O’Connell, elle lui avait expliqué toute l’affaire et il avait accepté de la défendre. Elle ne savait pas s’il la pensait coupable ou innocente, mais ce n’était pas le plus important. La seule chose qu’elle voulait, c’était qu’il arrive à convaincre les jurys qu’elle n’avait strictement rien à voir avec la mort de ses précédents époux. C’était la première fois qu’elle allait le rencontrer en personne, jusque-là, elle avait seulement correspondu avec lui par hiboux. Elle ne savait pas du tout à quoi il ressemblait, mais elle ne pouvait pas vraiment le louper, puisqu’elle attendait devant son bureau.

Il était actuellement en rendez-vous avec un autre client, enfin, c’est ce que supposait Ravena, elle n’en savait rien, mais pour le moment, elle prenait son mal en patience. Elle gérait beaucoup moins bien cette situation qu’elle le disait à ceux qui lui posaient la question. Elle avait vraiment peur de se retrouver à Azkaban. Même si elle n’avait strictement rien fait, elle voyait bien comme tout le monde avait tendance à l’accuser, alors elle se disait qu’il en serait peut-être de même avec les juges.

Elle savait qu’elle devait rester confiante, et se dire que puisqu’elle était innocente, il n’y avait aucune raison pour que cela joue en sa défaveur, mais elle n’avait jamais eu de chance, la preuve, alors elle avait quelques doutes. Elle se leva quand la porte du bureau s’ouvrit, et s’avança pour serrer la main de celui qui devait être Kieran, elle présumait.

« Bonjour, maître O’Connell, merci de me recevoir. »

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Le silence est le meilleur avocat des morts

Mine de rien, Ravena était tout de même anxieuse. C’était la première fois qu’elle se retrouvait dans cette situation. Et elle espérait bien que ce serait la dernière. D’autant qu’elle ne pouvait s’empêcher de se demander si cet homme la pensait réellement innocente, ou s’il ne voyait en elle qu’un moyen de se faire plus d’argent. Elle avait pris soin de se renseigner sur lui, de manière professionnelle, et elle en avait entendu du bien, mais elle n’était pas à l’abris d’un coup fourré.

Cependant, elle espérait tout de même qu’il serait un allié pour elle, et qu’elle n’aurait pas à le regretter. Elle avait désespérément besoin de personnes qui étaient de son côté. Et elle voulait que Kieran O’Connell le soit, complètement. Mais elle ne pourrait s’en faire une idée que quand elle l’aurait rencontré en personne. Jusqu’ici, ils n’avaient parlé que par courriers, elle lui avait fourni tout ce qu’il lui avait demandé, et elle comptait bien continuer de coopérer de la sorte. Parce qu’elle était innocente, et qu’il était hors de question qu’elle soit déclarée coupable. Elle avait simplement jouée de malchance, ou alors, elle portait malheur à tout son entourage. Elle ne savait plus à force, mais elle n’avait tué personne, pas volontairement. Et n’avait jamais souhaité leur mort non plus.

Elle espérait que cet échange, le premier qui serait direct, se passerait bien. Elle espérait qu’il y aurait un bon feeling entre eux. Parce que c’était important. Elle avait besoin de pouvoir lui faire confiance, et elle espérait qu’il saurait la convaincre de le faire. Mais convaincre, cela faisait partie de son métier, n’est-ce pas ?

"Bonjour, Mrs Crabbe, ravi de vous rencontrer enfin en personne. J'ai longuement examiné votre dossier mais je vais avoir besoin de vos lumières sur quelque point. Avant de commencer, est-ce que vous voulez boire quelque chose ? J'ai du thé, du café si vous voulez."

D’un premier aspect, Kieran était cordial avec elle. Elle avait craint de tomber sur un homme froid, et mécanique. Mais elle sentait émaner de lui, une certaine humanité, et une certaine chaleur, et c’en était rassurant pour elle. Elle se raccrochait à n’importe quoi, mais c’était déjà cela. Elle s’installa, comme il le lui intima, toujours un peu nerveuse, mais désireuse de faire avancer toute cette affaire, et d’enfin, s’en extirper.

« Eh bien… oui, je ne dirai pas non à une tasse de thé. Merci. Je répondrai à toutes vos questions, bien évidemment. »

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Ravena n’était pas très à l’aise, c’était un fait. En même temps, elle n’était pas dans une position très confortable. Même si en soit, cet homme était censé être son allié, elle était tout de même nerveuse. Cependant, elle savait qu’elle devait se montrer un minimum confiante, et elle devait surtout donner envie à cet homme de la défendre. Certes, elle le payait pour se services, mais il fallait qu’il croit un minimum à son plaidoyer. Et qu’il ait réellement envie de la sortir de ce traquenard dans lequel elle n’avait absolument aucune once de responsabilité.

Mais elle était consciente qu’il allait falloir le prouver. Là où elle avait de la chance, c’est que ses anciennes belles-familles allaient devoir trouver des preuves de sa culpabilité, et comme elle n’avait rien fait, ce serait complexe. A moins de fabriquer de fausses preuves, évidemment. Mais bon, au lieu de penser à ce que donnerait l’attaque, autant se concentrer dès à présent sur la défense.

"Je voudrais, tout d'abord, que nous revenions sur l'état de vos relations avec chacun de vos maris, un par un. Il ne faut rien me cacher. Je devine que la plupart de ces unions, si ce n'est toutes, ont été motivées par des considérations financières ou liées à votre statut de sang, c'est monnaie courante dans ces milieux, personne ne vous le reprochera. Mais je dois tout savoir. S'ils étaient violents, s'ils avaient des amants, si vos relations étaient... platoniques ou non. Je sais que ces questions vont vous sembler indiscrètes, et il n'est pas dans mon intention de me montrer intrusif. Mais chaque détail compte."

Ravena hocha la tête. Elle se doutait qu’il lui faudrait en dire un peu plus, même si ça ne lui plaisait pas forcément. Non pas que cela lui cause de la peine, elle ne jouait pas les veuves éplorées parce qu’aucune de ces unions n’avait été choisie par elle, et elle s’était juste pliée aux désirs familiaux. Bien sûr, elle était peinée parce qu’elle trouvait ça triste qu’ils soient morts dans de telles circonstances, mais son cœur n’était pas brisé pour autant. Cependant, elle n’était pas spécialement à l’aise pour évoquer tout cela, mais bon, elle n’avait pas vraiment le choix.

« Oui, je comprends. Hum, Elias n’était pas très démonstratif. Nous avions vingt ans d’écart, et sa première épouse était morte en couche, et je pense que le changement ne lui plaisait pas spécialement. Je ne pense pas cependant, qu’il avait des amantes. Il était plutôt solitaire et nos rapports étaient… cordiaux tout au plus. Pour ce qui est du devoir conjugal, hm, cela a dû arriver une ou deux fois. » En même temps, il était mort quelques mois seulement après leur mariage, et aucun des deux n’était vraiment désireux d’aller vers l’autre. « Concernant Phineas, il était très différent. Il me voyait plus comme un objet que comme une épouse. Il lui est arrivé d’être violent, et j’essayais de l’éviter le plus possible. Il ne demandait jamais mon avis, et se contentait de faire ce qu’il avait envie. » Il faut dire qu’elle avait gardé un très mauvais souvenir de son second mariage, et n’avait absolument pas pleuré la perte de cet époux qui l’avait terrifiée pendant deux ans. « Et pour Marcus, c’était un homme gentil mais qui fréquentait les mauvaises personnes. Il courrait les femmes, souvent, même celles qui étaient mariées, et avait tendance à jouer d’importantes sommes d’argent, qu’il perdait souvent. Je dirai que nous étions plus amis qu’autre chose. Est-ce que c’est suffisant ?»

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Le silence est le meilleur avocat des morts

Ravena n’était vraiment pas à l’aise en ce moment. Devoir ainsi exposer toute sa vie, son intimité, ce n’était pas un exercice auquel elle était habituée. Elle avait été élevée dans un modèle de pudeur, et de sobriété. Elle savait que Kieran ne cherchait pas à jouer les voyeurs, d’ailleurs sa vie ne l’intéressait sûrement pas à titre personnel, et qu’il avait besoin de ses éléments pour le procès, pour mieux comprendre comment les choses étaient arrivées, aussi, elle tentait de faire de son mieux, mais elle ne savait pas jusqu’où elle devait aller. Elle tâtonnait un peu, sans être réellement sûre d’être sur la bonne voie, mais elle tentait tout de même d’expliquer ses différents mariages à Kieran de la façon la plus claire possible. Mais ce qui était clair pour elle, ne l’était pas forcément pour l’avocat.

Ravena se sentait un peu mise à nue, devant un étranger ou presque. Mais elle se doutait bien que ce serait encore pire au procès, parce que tout cela serait exposé devant des dizaines de personnes. La jeune femme ne savait pas si elle serait capable de supporter tout cela. Mais elle supporterait encore moins la prison, elle le savait. Alors elle n’avait pas d’autre choix que de prendre sur elle. En soit, elle l’avait toujours fait, à chacun de ses mariages, chacune des réflexions de sa famille, à chaque regard qu’on lui lançait dans la rue, mais là, elle avait le sentiment que c’était une marche vraiment haute à gravir, et toute cette situation la fatiguait réellement. Une vraie fatigue physique qu’elle tentait de combattre pour être au mieux de ses capacités, mais ce n’était pas si simple.

"Non mademoiselle Crabbe, je m'en excuse d'avance, mais ce ne sera pas suffisant. Cependant, c'est un début. Je vais devoir connaître le moindre détail de votre vie, même les plus insignifiants, il faut que je puisse m'avancer sur la moindre faille que l'accusation pourra exploiter. Mais nous reviendrons dessus plus tard. Parlons des différents héritages que vous avez touchés. De quelle manière les avez-vous dépensés ? Que vous en reste-t-il ?"

Ravena était dépitée de savoir que ce n’était pas assez, même si au fond d’elle, elle n’était pas vraiment surprise. Il était normal que Kieran ait besoin de détails, c’était ainsi qu’il exerçait son métier, ainsi que les choses fonctionnaient. Mais elle était tout de même soulagée, du moins pour le moment, qu’il lui pose d’autres questions, auxquelles elle pouvait plus facilement répondre.

« Je comprends. Je n’ai rien utilisé pour des dépenses exagérées uniquement pour vivre. Mais mon dernier époux a souvent utilisé de cet argent pour jouer. Et à sa mort, j’ai dû rembourser certaines de ses dettes. Il m’en reste tout de même une partie. »

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