L'amitié est lente à mûrir

Maisie ne savait pas si actuellement, ils faisaient de grandes avancées, mais en tout cas, ils ne procrastinaient pas. Le « ils » faisait bien entendu allusion à l’Ysbridion, et à la Résistance par extension, mais Maisie n’avait pas tendance à s’occuper beaucoup d’eux. Ils étaient mignons ces petits (et moins petits), ils voulaient bien faire, se rendre utiles, et ils ne servaient pas à rien, loin de là. Mais Maisie n’était toujours pas encore totalement convaincue de leur réunification, et elle n’était pour le moment, pas prête à changer d’avis. Mais elle travaillait tout de même avec eux, parce qu’elle n’avait pas le choix, et elle ne le faisait pas de mauvaise volonté, elle avait largement passé l’âge des gamineries.

Mais quoiqu’il en soit, elle n’avait pas l’impression que qui que ce sot chômait, et c’était une situation plaisante. Il faut dire, qu’ils avaient beaucoup à faire en même temps, ils ne jouaient pas à un jeu, c’était la réalité, l’avenir qui en découlait. Tout le monde en avait conscience, et c’était une excellente chose. Pour le coup, ils étaient tous sérieux, elle n’avait rien à redire.

Mais Maisie, même avec toute la bonne volonté du monde, ne pouvait pas être non-stop dessus. Elle faisait ce qu’elle pouvait avec les moyens qu’elle avait. Etant donné qu’elle ne travaillait pas, elle avait plus de temps à donner, mais étant donné sa santé mentale fragile, elle ne pouvait pas trop prendre le risque de se surmener. Si elle devenait plus faible, l’autre aurait plus de chance de prendre le dessus, et ce serait une très mauvaise chose. Cela avait déjà été le cas il y a quelques mois, et elle n’avait aucune envie que cela recommence. Mais fort heureusement, elle n’avait pas repris le contrôle depuis le dernier incident. Mais Maisie restait tout de même dans l’angoisse, et l’appréhension.

Pour le coup, elle avait décidé de ne pas trop penser à tout ça, d’essayer de se détendre, et c’est pour cette raison qu’elle s’était rendue aux Trois-Balais. Cela faisait longtemps qu’elle n’y avait pas mis les pieds, et elle ne serait pas contre une bièraubeurre. Une fois à l’intérieur, elle remarqua assez rapidement Henry, assis à une table et semblait-il, concentré. Elle n’avait pas envie de le déranger, mais elle ne pouvait cependant pas ne pas le saluer.

« Bonjour Henry »

black pumpkin

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Maisie n’avait pas du tout envie d’interrompre Henry dans son travail, parce qu’il était assez évident qu’il était en pleine concentration et en plein travail, mais en même temps, elle aurait trouvé cela un peu déplacé de ne pas aller le saluer alors qu’elle l’avait vu. Après tout, elle appréciait beaucoup Henry. C’était quelqu’un qu’elle connaissait depuis longtemps, un peu comme Bradley, à la différence qu’avec Henry, il n’y avait pas eu cette espèce de cassure au fil des années. Ils avaient continué de se croiser avec Henry, de se voir parfois, et de prendre le temps de discuter tous les deux. Mais d’une manière générale, Maisie appréciait les deux frères Fitz.

D’autant plus que maintenant, ils œuvraient pour la même victoire. Henry faisait partie de la résistance, donc ils travaillaient ensemble, depuis que leurs deux groupes avaient été assemblés. Henry faisait partie des membres de la résistance en qui Maisie plaçait le plus de confiance, et d’espoirs, parce qu’il était plus mûr, et parce qu’elle le connaissait depuis un moment, et ce n’était pas plus mal qu’elle ne soit pas composée que de petits jeunes.

-Oh, Maisie, je ne t'ai pas du tout vue arriver. Tu vas bien ? Tu veux t'installer à ma table ? Désolé, j'ai toujours tendance à m'étaler quand je travaille.

Maisie ne lui en voulait pas du tout de ne pas l’avoir remarquée, après tout, il était concentré sur ce qu’il faisait, donc c’était totalement compréhensible. Néanmoins, elle se sentait un peu gênée de l’interrompre, et elle avait l’impression de le déranger. Ce n’était peut-être pas le cas, mais Maisie avait plutôt tendance à tout le temps se convaincre que sa présence dérangeait tout le monde.

-Tu voudras un thé ? Un café ? Je t'invite !

Elle s’installa cependant en face d’Henry, puisque ce dernier le proposait. De son côté, elle n’avait absolument aucune raison de refuser, et puis, cela lui ferait également plaisir de discuter un peu avec Henry. Mine de rien, cela commençait à faire un moment qu’ils ne s’étaient pas vus dans des conditions propices à une conversation un peu moins grave et sérieuse qu’en temps normal.

« Je veux bien un thé, merci. Mais je ne veux pas t’interrompre dans ton travail, tu avais l’air concentré, et occupé. »

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Maisie n’avait pas du tout envie de déranger son ami. Elle voyait bien qu’il était en plein travail, et elle n’y connaissait pas grand-chose, en écriture, mais elle se doutait que quand on avait de l’inspiration, il ne fallait pas la brider, parce qu’il était possible qu’elle ne revienne pas. Certes, Henry ne semblait pas fâché, mais elle savait qu’il était quelqu’un de vraiment gentil, alors il n’osait peut-être pas signifier qu’elle était en train de déranger…

Oui bon, elle voyait un peu tout, tout noir, mais elle n’y pouvait rien, c’était plus fort qu’elle. Mais il fallait tout de même qu’elle croit Henry, si jamais il s’avérait qu’elle ne le dérangeait vraiment pas, elle n’avait pas de raison de remettre sa parole en doute. Elle ne pourrait pas dire qu’elle connaissait Henry par cœur, mais ils s’étaient déjà côtoyés, et cela même avant ces histoires de Résistance. Elle connaissait peut-être un peu mieux Bradley qu’Henry, même si Bradley n’était pas non plus un livre ouvert pour elle, mais cela ne faisait rien, elle appréciait tout de même Henry.

-Au contraire, j'ai grand besoin d'une pause, tu arrives à point nommé. D'ailleurs j'aurais déjà dû m'arrêter depuis un moment, quand je force trop, je fais vraiment n'importe quoi.

Elle lui adressa un petit sourire. Elle ne pouvait pas vraiment le contredire, il savait définitivement mieux qu’elle dans quelles conditions il travaillait le mieux. Maisie avait lu quelques livres de Henry, comme ça, par curiosité, et elle avait vraiment apprécié. Elle aimait beaucoup son style, et ce qu’il racontait. Il n’exerçait vraiment pas une profession facile, mais il était très bon dans son domaine. Ce n’était que son avis, mais l’avis des lecteurs était important, alors elle estimait que cela avait tout de même un léger poids. Et elle était sûre qu’elle était loin d’être la seule à avoir cette opinion-là.

-Alors, comment vas-tu ?

Oula, question habituelle, mais que Maisie détestait. Soit elle mentait, la plupart du temps, et quand dans de rares cas elle disait la vérité (avec certaines personnes seulement) elle devait ensuite se confondre en explications. Mais bon, elle devait passer par cette question à chaque fois qu’elle voyait quelqu’un, alors elle avait l’habitude, mais elle était en général pressée de passer à autre chose.

« Je vais bien, un peu fatiguée, mais ça va je ne me plains pas. Et toi ? Tu m’as l’air bien occupé par ton boulot. »

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Mine de rien, Maisie est tout de même contente de tomber sur Henry. Elle ne le voyait pas extrêmement souvent, parce qu’ils avaient des vies très différentes, mais il y avait tout de même des choses qui les rapprochaient, comme leur combat contre Voldemort. Bon, Maisie n’avait jamais été très enthousiaste à l’idée de faire équipe avec la Résistance, mais pour le moment, cela ne leur avait pas porté préjudice, alors tant mieux si elle s’était trompée.

Quoiqu’il en soit, elle était bien contente de pouvoir échanger quelques mots avec Henry. Elle le connaissait depuis des années, mais ils n’étaient pas non plus les meilleurs amis du monde, mais elle savait tout de même l’apprécier, et elle imaginait que c’était la même chose de son côté. Ou alors, il était simplement trop poli et gentil pour ne pas montrer qu’elle le gênait. Mais comme il lui avait assuré que ce n’était pas le cas, alors elle allait le croire, puisqu’elle n’avait aucune raison de remettre sa parole en doute.

En tout cas, elle espérait qu’ils puissent tous les deux passer un bon moment. Mais il n’y avait pas de raison que cela ne soit pas le cas. A moins bien sûr que son double décide de se pointer, mais elle ne préférait ne pas songer à des scénarios catastrophes tout de suite, elle voulait profiter de ce moment.

-On peut dire ça, oui. Enfin, j'ai fait le plus gros, techniquement. Mais ce bouquin m'a donné plus de fil à retordre que la plupart de mes autres ouvrages.

Maisie n’y connaissait absolument rien en écriture. Jamais elle n’avait écrit de livre, et elle ne comptait pas le faire un jour. Elle n’avait sans doute aucun talent pour cela, et elle préférait donc laisser cela aux autres, surtout qu’elle n’aurait rien à raconter. Mais Henry, ce n’était pas la même chose. C’était son métier, et il le faisait avec brio. Du moins, c’est l’avis qu’elle avait là-dessus. Elle ne savait pas donc pas ce que cela voulait dire vraiment de faire le plus gros, mais elle estimait que cela devait signifier qu’il ne lui restait qu’un travail d’ajustement, et de peaufinage, mais elle se trompait peut-être.

« Pour une raison particulière ? Je suis en tout cas convaincue que ce sera encore un très bon livre. J’ai toujours beaucoup apprécié ta plume. »

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Maisie ne tentait pas du tout de le brosser dans le sens du poil. Ni de le flatter inutilement. Elle était juste sincère. Son avis n’avait peut-être pas grande valeur, elle n’était pas critique littéraire, et elle ne pouvait pas non plus dire qu’elle avait dévoré des centaines de livres. Elle avait eu une carrière très chronophage, même si elle s’était achevée assez prématurément. Depuis qu’elle n’était plus Auror, elle avait eu plus de temps pour elle, du temps à tuer, alors elle avait pris le temps de lire. Mais bon, elle n’était pas non plus une bibliothèque ambulante.

Mais pour autant, elle appréciait échanger avec les auteurs. Elle n’en avait pas spécialement l’occasion très souvent, mais puisqu’elle en connaissait un, c’était toujours ça de pris. Et Henry était un très bon auteur pour elle, elle était sincère quand elle lui disait qu’elle avait toujours beaucoup apprécié sa plume. C’était le cas. Elle appréciait sincèrement sa façon d’écrire, et elle avait beaucoup apprécié chacun des ouvrages qu’elle avait lus et qui étaient signés d’Henry. Mais elle comprenait qu’il soit un peu sous pression, ou soucieux de ne pas proposer quelque chose qui le satisfaisait. Après tout, on était souvent les plus intransigeants et les plus durs avec nous-mêmes.

-Je te remercie. Disons que cet ouvrage est… mon plus personnel. C’est difficile à expliquer, j’imagine que ça ne se remarquera même pas à la lecture, d’ailleurs. Mais… Je t’en offrirai un exemplaire quand il sera sorti, si tu veux. Je te jure que ce n’est pas pour me vanter, mais je pense que le sujet serait capable de t’intéresser.

Un ouvrage plus personnel, cela ne la surprenait pas tant que ça. Parce qu’elle savait que la vie d’Henry avait été plus mouvementée qu’en temps normal, ces derniers mois. Après tout, l’écriture était aussi une sorte de thérapie, et s’il voulait délivrer un message en plus de cela, c’était l’un des moyens les plus efficaces. S’il avançait que cet ouvrage devrait lui plaire, elle se fiait à son jugement. Elle ne trouvait pas cela prétentieux de sa part, elle pensait qu’il était convaincu de ce qu’il disait. Elle lui adressa un sourire bienveillant, et un brin taquin.

« Avec plaisir. Et entre nous, tu peux très bien te permettre de te vanter si l’envie te prend. Je ne le répèterais pas ne t’inquiète pas, je ne voudrais pas porter atteinte à ta réputation. »

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Maisie était tout de même admirative du travail de Henry, et de tous les auteurs d’une manière générale. Ecrire, ce n’était vraiment pas quelque chose qu’elle pourrait faire. Déjà parce que son inspiration n’allait pas loin, et ensuite, parce qu’après trois mots, elle ne saurait déjà plus quoi écrire. Sans oublier que les trois mots écrits seraient d’une qualité lamentable. Alors… non, ce n’était pas pour elle. Mais c’était une très bonne chose que ce soit la voie pour certains autres, qui avaient un réel talent, comment Henry. Même si elle concevait que parfois le talent ne suffisait pas, et que cela restait quelque chose de très difficile. Elle en était totalement consciente.

-Je pense que ma réputation est déjà faite dans tous les cas. Je ne me fais pas beaucoup de souci pour ça.

Il n’avait pas tort, ce n’était pas un tout jeune écrivain, alors, le public le connaissait. Mais la presse à scandales n’était cependant jamais loin. Et si elle pouvait avoir une victime à se mettre sous la dent, elle n’hésitait pas. Le fait que Henry soit l’oncle de Pomona Fitz, une des criminels officiels de la mort de l’ancien ministre n’avait pas dû l’aider non plus. Mais bon, tout cela était présenté sous le signe de la plaisanterie, et la légèreté, mais cela n’empêchait pas qu’il y ait tout de même un fond de vérité dans leur discussion. Mais Maisie n’était pas la meilleure pour avoir des conversations légères, c’était plus simple pour elle avec les gens qu’elle connaissait bien.

-Bon, et toi, alors ? Comment ça se passe, ton travail ?

Maisie n’avait pas retravaillé depuis qu’elle avait quitté le bureau des Aurors. Elle n’était pas assez stable pour un emploi, et il n’y avait rien qui la tentait. Et aussi horribles ses parents avaient pu être avec elle, ils lui avaient tout de même laissé un bel héritage, qui assurait ses besoins pour le restant de ses jours, alors elle n’avait pas besoin de travailler pour ça. Elle ne tournait cependant pas en rond, il y avait l’Ysbridion, la Résistance… tout ce qui allait avec.

« Eh bien, en fait je ne travaille plus depuis longtemps maintenant mais… ça va. »

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Maisie n’en voulait pas à Henry de ne pas tout savoir de sa vie, c’était totalement normal. Ce n’était pas comme s’ils étaient les personnes les plus proches qui soient. Il est vrai que cela faisait un moment qu’elle connaissait les Fitz, quels qu’ils soient, mais elle n’avait de relation privilégiée ou très profonde avec aucun d’entre eux. Chacun avait sa vie, ses occupations, ses préoccupations… il était normal de ne pas s’occuper de ce que faisaient tous ceux qui étaient autour. Maisie savait ce que faisait Henry, mais parce que ce n’était de notoriété publique.

Enfin bref, ce n’était pas un concours ou quoi, et elle ne lui en tenait pas rigueur. Elle n’estimait pas que sa vie soit particulièrement intéressante pour que les autres s’y intéressent vraiment. Oui, elle avait accompli des choses par le passé, tentait de continuer à le faire de manière plus secrète, mais elle n’était pas la seule. Elle tentait juste de trouver sa place, de rendre ce monde meilleur comme elle le pouvait, et ce n’était pas ce qu’il y avait de plus évident, et Henry en savait quelque chose.

-Désolé, je suis vraiment à côté de la plaque. Après, l'absence de travail officiel ne veut pas spécialement dire absence de labeur, je te vois mal passer tes journées à te tourner les pouces.

Elle lui adressa un petit sourire. Pour elle, il n’y avait pas matière à s’excuser, ce n’était rien. Et il est vrai qu’elle ne restait pas sans rien faire. Elle avait la chance de pouvoir compter sur l’héritage laissé par ses parents malgré eux, et de ne pas avoir besoin de travailler pour vivre correctement, et à côté de ça, elle avait le temps pour d’autres choses.

Le plus clair de son temps passait pour l’Ysbridion, et la Résistance à présent, mais malheureusement, elle passait aussi pas mal de temps à Sainte-Mangouste, beaucoup trop à son avis, mais elle n’avait pas la main mise là-dessus, ce qui était tout le problème.

« Il n’y a pas de mal, ne t’en fais. J’essaye de m’occuper autant que possible, c’est vrai. Je n’ai pas trop le temps de m’ennuyer, et ce n’est pas plus mal. Ça me fait penser, j’ai revu Bradley il n’y a pas si longtemps, c’était étrange, on ne s’était pas parlé depuis des années. »

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Maisie ne savait pas si elle faisait bien de parler de Bradley à Henry. Elle ne connaissait pas la relation entre les deux frères en détails, mais elle ne pensait pas mettre les pieds dans le plat pour autant. Elle abordait le sujet sans arrière-pensée, juste parce que cela lui revenait à l’esprit, et que cela pouvait faire un sujet de conversation. Elle ne savait pas que leur relation était un peu… chaotique. Et étant donné qu’elle était fille unique, elle n’avait pas forcément toutes les armes pour comprendre les relations fraternelles. Elle ne saurait dire si cela lui aurait plus d’avoir un frère, ou une sœur. Ses parents avaient été horribles, alors elle n’aurait souhaité à personne d’autre de les avoir pour parents, mais les choses auraient été peut-être moins difficiles pour elle. Enfin bref, ce n’était pas du tout le sujet.

-On a ça en commun.

De toute évidence, les deux frères n’étaient pas très proches. Bon, ce n’était pas si grave. Mais elle sentait presque de l’amertume, et de la tristesse, dans la voix de Henry. Peut-être qu’il le vivait mal. Après tout, Bradley était un homme compliqué, et assez secret. Maisie ne le connaissait pas parfaitement, et Henry le connaissait sans aucun doute mieux qu’elle, mais elle percevait tout de même qu’il était un homme aux multiples carapaces, et qu’il n’était donc pas facile de se frayer un chemin jusqu’à lui. Sans enlever le fait que les deux frères étaient bien différents. Même si cela ne signifiait pas qu’ils devaient se taper dessus, mais ils avaient peut-être plus de mal à se comprendre. Et la situation actuelle ne devait pas arranger les choses, étant donné que Bradley semblait avoir tendance à se refermer.

-Enfin j'exagère, je l'ai revu il n'y a pas si longtemps. Pour l'entendre m'accuser d'avoir tué sa fille. Comment va-t-il ?

Maisie était assez surprise par cette déclaration. Elle ne voyait pas vraiment pourquoi Bradley avait accusé Henry d’une telle chose, mais tout cela relevait d’histoires de famille, dont elle n’avait absolument pas connaissance, et elle n’avait donc pas toutes les cartes en main pour tout comprendre. En revanche, elle pouvait répondre à la question de Henry. Bradley n’allait pas bien, mais personne ne pouvait le lui reprocher. Evidemment, il ignorait le fait que sa fille soit toujours en vie, mais ce n’était pas comme si Maisie aurait pu le lui dire.

« Pas très bien. Il est très touché par la mort de sa fille, même s’il ne veut pas en parler. Il essaye de tenir le coup, mais c’est évident que ce n’est pas simple pour lui. Pour personne de son entourage. »

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Maisie n’avait pas grand-chose à dire sur Bradley, à part qu’il lui avait semblé qu’il n’allait pas très bien. Mais ce n’était pas étonnant. Il avait perdu sa fille, enfin croyait l’avoir perdue, dans des circonstances plus que traumatisantes. Il n’avait pas vraiment voulu parler avec elle de ses problèmes, de ce qu’il ressentait vraiment, mais il ne fallait pas être un génie, ou le connaître par cœur pour se rendre compte que ça n’allait pas. Pourtant, fut une époque ou Maisie connaissait vraiment très bien Bradley. Ils s’entendaient bien, passaient du temps ensemble, mais la vie, les différents chemins pris, avaient changé toutes ces perspectives.

Au moins, ils avaient pu renouer un peu, même si leur conversation n’avait pas été très joyeuse. Que ce soit concernant Pomona, ou bien d’elle-même. Elle s’était un peu confiée à Bradley concernant sa double personnalité, sa bête noire, son cauchemar. Encore aujourd’hui, elle se demandait si elle avait bien fait, et elle avait tendance à se dire que l’avenir le lui dirait. Si Bradley décidait de l’éviter, eh bien, elle aurait sa réponse. Mais bon, elle ne voulait pas non plus l’accabler, il avait d’autres chats à fouetter que ses problèmes mentaux. Et Maisie n’avait envie de devenir un poids pour personne.

-Oui, c'est compréhensible. J'apprécie de savoir qu'il a quelqu'un avec qui en parler. Bradley peut être sacrément borné et renfermé, ça me soulage de savoir qu'il a quelqu'un en qui il a suffisamment confiance pour discuter de tout ça.

Elle ne se trouvait cependant pas d’une grande aide. Elle ne pensait pas avoir été un réel soutien, surtout que leur rencontre avait été fortuite, mais peut-être qu’en parler, même quelques secondes à quelqu’un d’extérieur avait fait du bien à Bradley. Elle ne parierait pas dessus, mais bon, Henry devait connaître son frère, alors il savait comment ce dernier fonctionnait. Même si de ce qu’elle savait, leur relation n’était pas parfaite, loin de là. Mais étant fille unique, elle ne pouvait pas vraiment mesurer tout cela.

« Oui, mais tu sais, on s’est croisé totalement par hasard, ça faisait des années qu’on ne s’était pas vus et il ne s’est pas vraiment confié, je lui ai posé deux questions et il a voulu changer de sujet. »

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Maisie ne se voyait pas mentir à Henry, et lui dire que Bradley et elles étaient les meilleurs amis du monde. Ils avaient été proches du temps de l’école, puis ils avaient fait leur vie. Ils s’étaient retrouvés par hasard maintenant, et elle ne savait pas s’ils allaient construire une vraie amitié ou non. Même si Bradley avait émis l’envie qu’ils se revoient, et qu’elle prenne aussi le temps de revoir Esther, ce n’était pas une garantie que les choses allaient se faire. Mais bon, Maisie ne pouvait pas en attendre seulement après Braldey, elle pouvait aussi prendre ses responsabilités. Mais ils étaient tous les deux en période de deuil, et elle ne voulait pas s’imposer. Déjà qu’elle ne garantissait pas être la meilleure compagnie possible, elle ne voulait pas les importuner.

-Oh, je vois...

Henry semblait déçu, et en un sens, Maisie pouvait le comprendre. Même quand il y avait des tensions, ce qui, elle pensait, était assez courant entre deux frères, il était normal qu’ils se soucient l’un de l’autre. Même s’ils ne le disaient pas explicitement, et ne voulaient surtout pas que le concerné le sache. Maisie ne connaissait pas Henry sur le bout des doigts, mais elle pensait de lui qu’il était quelqu’un de prévenant, et de concerné, quand il était question de sa famille. Même si le torchon brûlait depuis un moment entre les deux Fitz, il lui avait démontré depuis le début de cette conversation qu’il se faisait du souci pour Bradley, et à juste titre.

-Je suppose que tu ne te souviens pas des questions exactes que tu lui as posées ?

Maisie fut d’abord un peu désarçonnée par sa réponse, avant de finalement la comprendre. Même si y répondre n’était pas simple. Elle pourrait se contenter de lui sortir des questions improvisées sur le tas, mais ce ne serait pas honnête, et elle ne voulait pas prendre l’auteur pour un imbécile. Puisque même s’ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde, et qu’ils ne se connaissaient pas en détails, il restait un homme qu’elle appréciait, parce qu’il lui apparaissait appréciable.

« Tu en demandes beaucoup à ma mémoire. Mais je crois que… oui, en fait, ce n’étaient pas vraiment des questions. Je lui ai parlé de sa fille, je lui ai dit que j’étais désolée, et que s’il voulait en parler j’étais prête à l’écouter, mais que je ne voulais pas le forcer, et il m’a dit qu’il préférait éviter le sujet. »

-Désolé, ça n'a pas vraiment d'importance. J'aurais été plus rassuré de savoir qu'il était vraiment entouré, mais j'aurais dû m'en douter. Je le connais depuis toujours, après tout.

Henry avait le droit de poser des questions. Maisie ne se sentait pas oppressée. Du moins, elle ne trouvait pas les manières de l’auteur intrusives. Il pouvait bien se mêler de ce qu’il voulait, et juger de lui-même ce qui était, et ce qui ne l’était pas. En tout cas, Maisie voulait bien répondre à ses questions, si cela pouvait l’aider d’une quelconque façon, même si elle ne lui donnait pas forcément beaucoup d’espoirs, mais elle n’était pas réputée pour cela.

« Ne t’en fais pas, je comprends. C’est normal que tu te montres inquiet. Mais je ne l’ai pas trouvé… totalement abattu si ça peut te rassurer. Je sais qu’il y a un monde, entre ce que les gens montrent et ce qu’ils ressentent, mais je ne l’ai pas senti totalement au bord du gouffre. »

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Maisie n’avait pas envie de relayer de fausses informations à Henry concernant son frère. Elle pouvait comprendre que leur relation soit compliquée, et elle ne voulait pas s’en mêler. Elle ne connaissait pas le fond, et elle n’avait donc pas grand-chose à dire, et encore moins prendre parti. Elle avait une relation différente avec chacun d’eux, mais elle les appréciait tous les deux, alors elle se contentait simplement de rester à sa place. Elle tenta de dire avec exactitude ce qu’il s’était dit avec Bradley au sujet de Pomona, mais en réalité, il ne s’était pas dit grand-chose, puisque Bradley avait rapidement décidé qu’il était bon de changer de sujet, n’ayant pas envie d’évoquer le souvenir de sa fille unique qu’il croyait décidée. Ce que Maisie pouvait comprendre.

-Oui, je vois...

Maisie ne pouvait pas lui en dire plus sur le ressenti de Bradley. Il était loin d’être indifférent à la situation, ce qui était logique, mais elle était incapable de lui dire à quel point il était mal. Cela faisait longtemps qu’elle ne voyait plus Bradley, ils s’étaient recroisés par hasard, et elle ne savait pas lire entre les lignes, et elle était incapable de déchiffrer son état. Elle aurait aimé pouvoir aider davantage Henry, mais elle ne pouvait pas faire plus que maintenant, malheureusement.

-Je ne sais pas si ça me rassure vraiment. Mon frère est passé maître dans l'art de dissimuler ses émotions, c'est dur de se fier à ce qu'il laisse paraître - il faut dire qu'il a été à bonne école avec nos parents. Mais je crois aussi qu'il tiendra bon... Bradley est un roc, bien plus que je ne serais jamais capable de l'être moi-même. Je te remercie, je sais que ce n'est pas ton rôle de jouer les intermédiaires mais tout ça c'est... compliqué.

Maisie ne savait pas si elle pouvait infirmer ou confirmer les paroles d’Henry. Elle ne connaissait plus aussi bien Bradley, alors Henry savait mieux qu’elle ce qu’il était capable d’endurer ou non, même si leurs rapports semblaient distendus. Mais elle pensait tout de même que Bradley était quelqu’un de fort émotionnellement, et qu’il saurait surmonter ce deuil, même s’il n’était pas véritable. Enfin, quoiqu’il en soit, elle espérait que cela irait aussi bien pour Henry que pour Bradley, car le premier ne semblait pas non plus en forme olympique.

« Ne t’en fais pas, ça ne me dérange pas. J’espère que les choses iront pour Esther et lui. J’ai bien compris que votre relation était compliquée, en tant que fille unique, je ne suis pas la plus à même de comprendre les liens fraternels, mais je peux comprendre que la situation soit délicate pour toi. »

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Maisie ne pouvait pas se permettre d’affirmer qu’elle comprenait parfaitement ce que vivait Henry, ou même Bradley. Elle n’avait pas de frère, ni de sœur, et ne vivait pas ce qu’ils vivaient. Maisie ne savait pas si elle était une personne empathique ou non, disons que cela dépendait des situations, mais elle était sensible à ce qu’ils traversaient malgré tout. Peut-être parce qu’ils étaient deux garçons qu’elle appréciait, et qu’elle tenait en estime, alors évidemment, elle était touchée de les voir aussi mal. Il n’y avait pas grand-chose qu’elle pouvait faire, elle ne pouvait pas régler leurs soucis d’un coup de baguette, sinon ce serait trop simple. Elle pouvait faire office de soutien, mais elle n’était pas certaine que ce soit suffisant pour autant, surtout que Bradley était beaucoup moins loquace que son frère sur ce qu’il traversait.

-Je l'espère aussi.

Maisie hocha la tête. Ils avaient beau être en froid, ou du moins avoir une relation complexe, ils ne se souhaitaient aucun mal, et c’était rassurant. Enfin, c’était le point de vue de Henry. Elle ne connaissait pas celui de Bradley, et elle n’avait pas parlé de Henry avec lui, mais même si elle savait qu’il était un homme très fier, elle ne le voyait pas souhaiter du mal à son frère. En tout cas, elle ne le voyait pas ainsi.

-Je ne suis pas sûr qu'avoir un frère ou une soeur suffise à comprendre les liens fraternels, honnêtement. Heureusement, je veux croire que ma relation avec Bradley n'est pas représentative de tous les liens entre frères.

Non, il est vrai que chaque relation fraternelle devait être différente, mais tout de même, Maisie ne connaissait ce sentiment de sang, de famille. Sa relation avec ses parents avait toujours été un brin chaotique, alors les liens familiaux, ce n’était vraiment pas son fort, en même temps, vu la famille qu’elle se payait, ce n’était pas étonnant, même si aujourd’hui, il ne restait plus qu’elle.

-Cette situation est dans tous les cas plus compliquée pour lui que pour moi, je ne me permettrais certainement pas de minimiser ce qu'il endure au profit de ce que je traverse...

Certes, Maisie ne pouvait qu’être d’accord sur ce point. Même si elle n’avait pas le nez dans ce qu’il se passait dans toutes les familles, ce n’était pas nécessaire pour savoir qu’effectivement, ils étaient dans une situation bien singulière, et ce n’était pas du tout une bonne chose. Elle espérait néanmoins que le temps ferait son affaire, et qu’ils réussiraient tous les deux à se remettre de cette épreuve, et à se retrouver un peu, même si évidemment, c’était bien plus facile à dire qu’à faire.

« Oui, tu as probablement raison. Je pense qu’il doit vivre l’une des plus douloureuses épreuves qui puissent exister. J’espère néanmoins que… enfin, que votre relation finira par s’apaiser, et que vous réussirez à discuter, et à vous rapprocher un peu. »

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