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ill, l'air de rien, commençait à se familiariser avec sa vie à Pré-au-Lard. Elle ne perdait pas de vue ses objectifs (il en était même absolument hors de question), mais elle pouvait reconnaître qu'il y avait quelque chose d'agréable dans le fait de ne plus vivre dans un petit appartement mal isolé du coeur de Londres pour une maison dans un village. Déjà, Carlotta était si souvent en vadrouille que Will avait souvent la maison pour elle toute seule, ce qui n'était pas pour lui déplaire (même si on faisait pire que Carlotta comme colocataire, à plus d'un titre, elle l'amusait, même si un fois encore, elle savait bien qu'elle ne devait pas se laisser abuser par cette pensée), ensuite, le calme de la vie villageoise n'avait rien de déplaisant en soi (même si ce côté tout le monde connaît tout le monde vous interdisait quelque peu l'anonymat). Elle avait tout le loisir de s'installer posément et de réfléchir comme il se doit à la suite des opérations, à la manière dont elle allait s'y prendre pour mettre ses plans encore vague en opération. Déjà, elle avait les deux pieds dans le monde des sorciers, et clairement, c'était un excellent point pour elle.

Cependant, et même si elle avait fait des progrès, elle se savait posséder encore certaines lacunes sur lesquelles il semblait important qu'elle travaille encore. Et pour cela, rien ne valait le fait de capter au hasard les conversations des sorciers qui venaient tranquillement siroter leurs bièraubeurres aux Trois-Balais. C'était devenu une coutume chez elle, à heure plus ou moins fixe. Elle se trouvait une table un peu à l'écart (suffisamment pour ne pas attirer l'attention mais assez proche pour que les conversations alentours ne lui échappent pas), et sous prétexte d'être plongé dans l'un ou l'autre bouquin chipé à la bibliothèque de Carlotta et épiait tranquillement ses voisins. Et parfois, oui, incidemment, sa lecture pouvait l'intéresser, et alors, elle faisait d'une pierre deux coups.

En l'occurrence, elle était installée à son spot habituel, et comme il n'y avait pas grand-monde alentours, elle s'était surprise à oublier ses petites sessions d'espionnage pour seulement se focaliser sur sa lecture et rien d'autre. Enfin si, sa lecture et sa bièraubeurre. Elle pouvait peut-être au moins reconnaître ça aux sorciers, ce n'était pas mauvais du tout, leur machin, et quand il faisait encore un peu froid comme ce jour, ça ne faisait pas de mal. Absorbée par sa lecture, elle ne prêta pas, pour cette fois, attention aux personnes qui allaient et venaient dans le pub. Au moins, cela allait éviter que ces derniers se sentent dévisagés ou autres. Elle ne vit donc pas le jeune homme qui entra aux Trois-Balais ni ne le vit se rapprocher d'elle.

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ill manqua de sursauter en entendant la voix du jeune homme qui lui faisait à présent face s'adresser à elle. Manifestement, elle s'était totalement laissée absorber dans sa lecture, au point de ne plus réellement prêter attention aux bruits et mouvements alentours. Grossière erreur de sa part, certainement, étant donné qu'elle était supposée adresser une importance toute particulière aux rumeurs pour en dénicher la substantifique moelle et s'en servir dans son intérêt. Enfin, qu'importe... Elle leva les yeux de son ouvrage et les posa sur le jeune homme qui venait de s'adresser à elle. De l'assurance, un sourire et un ton charmeur, et tout l'apanage du garçon parfait qui va avec. Will pouvait difficilement le nier sans faire preuve d'une immense mauvaise foi, le jeune homme était particulièrement... attirant. Et il n'était jamais déplaisant de se laisser aborder par un homme attirant. Même si Will s'en défendrait sans doute en d'autres circonstances, d'autant qu'elle était là pour fouiner, certainement pas pour se laisser conter fleurettes, il ne manquerait que ça. Elle mit un certain temps avant de lui répondre, le considérant de haut en bas, de bas en haut, avant de daigner enfin prendre la parole dans un haussement d'épaules qui se voulait plus indifférent qu'il ne l'était réellement.

-On est dans un pays libre, faites ce que vous voulez.

Pays libre, pays libre, c'était sans doute vite dit. Il était truffé de contraintes qu'un oeil attentif pouvait rapidement constater et plus rapidement encore juger et jauger. En l'occurrence, Will ne se sentait pas réellement libre, prisonnière des circonstances. Mais de circonstances qu'elle comptait quand même faire jouer en sa faveur. Après tout, elle ne se serait peut-être pas déplacée pour rien. Ca faisait partie de son plan, de se rapprocher de l'ennemi pour mieux le comprendre et l'analyser... Certes, c'était à double tranchant, et elle ne devait pas se laisser abuser par certains, peut-être trop avenants et sympathiques pour être vraies (des personnes comme Carlotta... et peut-être comme le jeune homme qui lui faisait face). Au fond, il était normal qu'elle le laisse s'asseoir face à elle, question de pure stratégie, rien d'autre... Enfin, il était plus probable qu'elle se cherche des excuses, en réalité, mais elle n'était certainement pas capable de l'assumer en ces termes. Elle referma son livre après avoir mémorisé la page à laquelle elle s'était arrêtée et reporta un regard très attentif sur son interlocuteur.

-Je m'appelle Will, se présenta-t-elle.

De toute évidence, puisqu'il s'installait avec elle alors que tant d'autres places étaient vacantes, c'était qu'il voulait faire plus ample connaissance avec elle, et elle-même avait tout intérêt à faire plus ample connaissance avec lui. Par pure stratégie entendons-nous bien. De la stratégie et rien d'autre.

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e jeune homme - qui de toute évidence était également un beau parleur - se nommait donc Terrence. Un nom peut-être trop commun pour qu'elle puisse dénicher sur lui quelque information que ce soit sur cette simple information, mais en même temps, elle avait le sentiment que si elle voulait en apprendre plus sur le jeune homme, elle n'aurait pas à aller chercher très loin, il semblait plus que disposé à bavarder avec elle, de toute évidence... pour des raisons qui paraissaient assez évidentes, pas besoin d'aller chercher bien loin... ce qui signifiait qu'elle pourrait potentiellement considérer un bon pourcentage des informations qu'il daignerait lui fournir comme du baratin mais ça ne l'inquiétait pas outre mesure, elle pensait en avoir assez vécu à présent pour savoir démêler aisément le vrai du faux... et puis, bon, au-delà des considérations du genre, elle devait quand même l'admettre, ça ne la dérangeait pas tant que ça de passer du temps avec ce Terrence et de susciter l'intérêt d'un si beau jeune homme, même si elle ne doutait pas du fait qu'il devait pondre le même baratin pour chaque fille qu'il rencontrait. Etant donné qu'il n'y avait pas beaucoup d'autres jeunes femmes dans le pub à part elle à cette heure-ci, c'était seulement tombé sur elle. Il lui demanda d'où elle venait, avant d'ajouter qu'il se serait forcément souvenu d'elle si il l'avait déjà croisée. Non mais... quel baratineur ! Elle était manifestement tombée sur un expert en la matière, mais ceci dit, loin de l'incommoder, ça l'amusait beaucoup. Terrence avait apparemment de la suite dans les idées, et ça, elle aimait plutôt.. même si dans tous les cas, elle ne devrait apprécier aucun trait de caractère chez aucun sorcier.

-Normal, je viens tout droit du paradis, je suis tombée de mon nuage y a une heure ou deux, là..., répondit-elle alors, ce qui était sa manière de lui faire comprendre qu'elle avait déjà eu droit à des discours du genre. S'il voulait la convaincre, il allait falloir en faire un peu plus... et en fait, quelque part, ça ne lui déplairait pas tant que ça, qu'il veuille en faire plus. Elle esquissa un léger sourire. J'habite ici, à Pré-au-Lard, si vous m'avez jamais croisée, c'est que je ne dois pas être si mémorable que ça.

Ou pas. Il était en fait logique qu'il ne l'ait jamais croisée, puisqu'elle n'avait découvert le village sorcier qu'il y a peu, et y vivait depuis moins longtemps encore, mais mieux valait laisser penser à son interlocuteur le contraire. Devoir se justifier de sa vie avant Pré-au-Lard exigerait d'elle l'élaboration de mensonges qu'elle n'avait pas forcément envie d'adresser pour l'heure à son interlocuteur. Ca viendrait plus tard, et bien assez vite.

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errence, loin de s'offusquer de son humour, semblait plutôt y goûter, et Will devait bien admettre qu'elle appréciait, si le jeune homme s'était contentée de se vexer pour si peu, elle ne l'aurait clairement pas tenu en grande estime, loin s'en faut, mais à la place, il rebondissait sur son trait d'esprit avec un autre, et elle ne parvint qu'à sourire sans même le chercher quand le jeune homme affirma qu'il se serait forcément souvenu d'un ange comme elle. Elle était convaincue qu'il aurait très bien pu la croiser dans les rues du village et ne pas même lui adresser un regard (l'inverse, en revanche, n'aurait sans doute pas été vrai, il était très difficile de passer à côté de Terrence, qui avait apparemment plus ou moins tout pour lui) et qu'elle ne devait l'intérêt qu'il lui portait qu'aux circonstances, mais ça ne la dérangeait pas pour autant. Il avait de la suite dans les idées, et ça, ça lui plaisait vraiment beaucoup. Terrence la questionna à nouveau, passant au tutoiement, ce qui lui allait très bien. Ils devaient avoir sensiblement le même âge, il ne servait à rien de rester sur ces civilités qui instauraient une distance complètement inutile.

-Je planifie minutieusement ma vengeance contre les assassins de mes parents, répondit-elle d'un ton détaché quand son interlocuteur lui demanda ce qu'elle faisait ici. Et si elle se permettait de lui apprendre si négligemment la vérité, c'était qu'elle était convaincue du fait que, dans tous les cas, son interlocuteur ne la croirait pas. Non, en fait, je fais rien de particulier, je cherche juste un sens à mon existence, comme tout le monde. La première réponse était plus vraie que la seconde, même si les deux étaient correllées. Cela dit, elle n'avait rien de plus à dire à son interlocuteur. Elle n'avait pas de travail, plus de famille, vivait sur l'héritage de ses parents et squattait une sorte d'activiste intégriste qui au rythme où elle allait passerait sans doute les prochains mois en prison. Au final, répondre sans répondre, c'était encore une manière de détourner le sujet. Bon, c'est pas tout ça de vouloir refaire tout mon curriculum vitae, mais toi alors ? D'où tu viens ? Qu'est-ce que tu fais ? Où tu vas ? Qui es-tu ?

Une fois de plus, elle s'exprimait d'un ton léger, mais le fait est que le jeune homme l'intriguait beaucoup. Et si elle pouvait se protéger derrière mille et un prétextes, le fait est qu'elle avait vraiment envie de faire sa connaissance. Ce jeune homme lui plaisait bien. Peut-être même un peu trop, mais elle n'y pouvait rien. Celle qu'elle était avant de peaufiner ses plans de vengeance n'hésitait jamais à faire la conversation avec de parfaits inconnus, surtout quand ils étaient séduisants. Et ça, ça lui était visiblement resté.

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ontrairement à ce que Terrence pouvait bien affirmer, Will ne considérait pas que le début de leur conversation lui ait permis de déterminer qui il était vraiment. Elle partait dans tous les cas du principe qu'une première conversation, une première approche, ne pouvait pas suffire à déterminer l'essence d'une personne... et c'est ce qu'elle découvrait vouloir déterminer à l'heure actuelle, même si sa curiosité était toute naturelle et difficile à contrôler. Car que savait-elle de lui, à l'heure actuelle ? Elle savait qu'il s'appelait Terrence, soit. Mais un nom n'était rien qu'un nom, et ne devait pas signifier grand-chose en soi. Elle savait aussi qu'il avait de la conversation et était du genre grand dragueur devant l'éternel. Mais il se pouvait que ce ne soit qu'une façade, en soi. Et c'était découvrir ce qui se dissimulait peut-être derrière cette façade éventuelle qui l'intéressait réellement. Il évoqua son nom de famille... Mais non, Will n'en avait jamais entendu parler. Le devrait-elle ? Apparemment, cette famille devait avoir sa petite réputation, mais si Will en apprenait de plus en plus, ce n'était pas à ce point-là, elle devait manifestement encore s'améliorer sur certains points, mais il était encore temps de rectifier un peu le tir. Il ajouta qu'il travaillait au ministère. Ce semblait être monnaie courante parmi les sorciers. Il fait dire que le ministère recoupait encore beaucoup de choses. Elle aurait beaucoup de questions à poser sur son seul métier mais elle les retint quand le jeune homme lui affirma qu'il suivait seulement son destin. Ben tiens.

-Je crois pas au destin, répliqua-t-elle alors, plus pour le plaisir de contrarier un peu le baratin de son interlocuteur même si elle ne mentait pas forcément non plus. Disons plutôt qu'elle n'aimait pas trop la notion de destin car ça devait vouloir dire qu'on ne pouvait rien décider de ce que la vie nous réservait, et ce n'était pas un sentiment très plaisant. Si tu es là ici et maintenant, c'est que tu l'as voulu, le destin n'a rien à voir avec ça. Et c'était peut-être un peu présomptueux de le dire mais peu importe, après tout, il ne faisait pas semblant de s'intéresser à elle, elle ne faisait pas semblant de ne pas s'en rendre compte, c'était de bonne guerre. Je n'ai jamais entendu parler des Fern. Qu'est-ce que je suis supposée savoir sur ta famille ?

Elle ne devrait pas être à ce point curieuse. Ou si, elle le devait, mais pas pour les motifs qu'elle avait à l'esprit à l'heure actuelle, et qui avaient peu à voir avec ses projets de vengeance. C'était simple de l'affirmer. Plus difficile, en revanche, de l'assumer.

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ill aurait-elle vraiment dû connaître les Fern ou son jeune interlocuteur n'était-il que trop présomptueux ? Elle avait du mal à le déterminer. Il n'était pas improbable qu'elle n'ait pas encore été suffisamment bien briefée sur les familles sorcières les plus influentes de Grande-Bretagne. Elle se nota mentalement de rattraper cette erreur, d'ailleurs, qui lui éviterait peut-être quelques déconvenues par la suite. En attendant, Terrence poursuivit, évoquant la famille Black. Ah, les Black, en revanche, elle en avait effectivement entendu parler, et elle ne considérait pas forcément que ce point jouait en faveur de son interlocuteur. Elle se laissait peut-être un peu trop influencer par l'opinion de Carlotta, elle ne pouvait pas mentir là-dessus, mais en même temps, elle ne le pensait pas non plus, car le credo de cette fameuse famille parlait pour lui-même, en même temps "toujours pur". Les Black, l'archétype des sorciers qui avaient certainement attaqué et assassiné ses parents. Et Terrence en parlait avec légèreté, s'associait à leur nom sans honte. Pire encore, il se vantait, de toute évidence (son attitude fière en disait long du moins) de son statut de sang pur... Sang pur... Will n'imaginait pas expression plus dégradante et méprisante que celle-ci, qui considérait donc le sang moldu comme impur, sale, perverti. Forcément, la jeune femme était particulièrement sensible sur le sujet et n'appréciait pas spécialement... Cette réponse la braqua. Elle avait trouvé Terrence amusant, séduisant, charmant, elle se voyait contrainte à présent, et très brutalement, il est vrai, de réviser son jugement. Il n'était finalement pas différent de tous les autres. Quelque part, tant mieux, sans doute... Elle devait le haïr comme n'importe quel sorcier de son entourage, mais elle devait bien le reconnaître, elle aurait été capable de se laisser séduire. Plus maintenant.

-Oh..., dit-elle froidement. Son visage se ferma aussitôt et le moindre sourire disparut de son visage. Alors tu es de ces sorciers qui considèrent les moldus comme une sous-espèce à erradiquer, c'est ça ? répliqua-t-elle, qui estimait que son résumé était plutôt juste... même si forcément biaisé par ses propres opinions. Tous les sorciers n'étaient de sang pur n'étaient pas forcément des assassins en puissance, ne rêvant que de tuer des sorciers à tour de bras. Mais c'était comme ça qu'elle le voyait, elle n'y pouvait rien. Et tu en es fier ? ajouta-t-elle en l'observant assez sévèrement.

Ses bras s'étaient croisés sur sa poitrine. La gestuelle de Will en disait souvent long sur le fond de sa pensée. Elle cherchait le plus souvent à contrôler cet aspect de sa personne, sachant que ça pourrait aisément la trahir, mais en l'occurrence, elle n'avait pas envie de faire l'effort de contrôler ses faits et gestes. Le jeune homme l'avait clairement échaudée.

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A

u fond, on pouvait dire de Will que ses a proris concernant les sangs purs n'étaient pas forcément différents de ceux que pouvaient avoir ces mêmes sang purs vis-à-vis des moldus comme elle ou des "sangs de bourbe", comme certains les appelaient. Elle allait sans doute vite en besogne en affirmant qu'ils étaient, tous autant qu'ils étaient, racistes envers ceux qui ne possédaient pas de talent magique... A ce titre, elle était peut-être un peu trop influencée par Carlotta. C'était l'inconvénient au fait d'avoir pour référence première une personne aussi... radicale que la jeune activiste. D'un autre côté, au vu de sa propre expérience, elle n'avait aucun mal à rester cantonnée à ses positions. Elle ne devrait pas être en soi si surprise de découvrir que le jeune homme était de ces individus-là, il avait eu quelque chose d'un peu... aristocratique qui aurait dû lui mettre la puce à l'oreille... Elle avait bien compris que les grandes fortunes sorcières se partageaient entre les familles dites de sang pur, mais il y avait une différence entre le fait d'appartenir à une de ces familles et le fait de s'en vanter, et c'était là qu'elle se voyait incapable de ne pas se braquer contre son interlocuteur, si séduisant pouvait-il être par d'autres aspects en revanche.

-Dès l'instant où tu considères que ton sang est "pur", c'est qu'il y a un problème, répliqua-t-elle, qui n'avait pas spécialement envie d'entendre davantage les arguments de son interlocuteur, même s'il le faudrait sans doute, en réalité. Ca sous-entend que tous ceux qui n'ont pas le même patrimoine génétique que le tien sont des personnes impures...

Bon, c'était différent d'avoir du mépris pour une catégorie de personnes (et à ce titre, Will savait de quoi elle parlait, elle avait souffert d'autres formes de préjugés et de condamnations avant qu'il ne soit question d'opposer sa vision à celle des sorciers), et que d'avoir dans l'intention de l'annihiler, là-dessus, il est clair qu'elle extrapolait quand même carrément, mais la jeune femme n'y pouvait absolument rien, c'était forcément un sujet sensible pour elle puisque c'était des individus comme ceux de la famille de Terrence, fiers au possible de leurs origines et de leurs sang, qui avaient assassiné ses parents (et elle ne savait pas à quel point elle pensait juste en l'occurrence). Elle fixa un moment le jeune homme, puis reprit.

-Si je t'apprenais que je suis une moldue, qu'est-ce que tu ferais ? demanda-t-elle alors en le regardant dans le blanc des yeux.

C'était bête de sa part que de risquer sa couverture par pur orgueil, mais c'était l'un de ses défauts majeurs. Quand elle était énervée contre quelque chose, elle avait bien du mal à se taire à ce sujet.

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ilhelmina s'était attendue à à peu près n'importe quelle réponse de la part de son interlocuteur, mais certainement pas à celle qu'il eut le... culot ? de formuler. Elle s'était dit qu'il lui rirait peut-être au nez en rejetant la possibilité qu'elle soit une moldue, parce que c'était impossible, après tout. Ou bien qu'il mentirait avec aplomb juste dans l'espoir de parvenir à ses fins. Ou encore qu'il supposerait qu'elle disait vrai et quitterait la table sans demander son reste. Mais non, à la place, il se contenta d'affirmer qu'il trouvait ses yeux magnifiques et qu'il avait envie de lui voler un baiser. Elle avait peine à croire que la manière dont elle le regardait puisse le rendre fou alors qu'elle était clairement en train de le toiser avec le plus de mépris possible.... ce qui est sûr, c'est que personne n'avait jamais eu l'aplomb de la draguer avec autant de réserve jusque-là. C'était comme s'il n'avait absolument rien écouté à ce qu'il venait de dire. Ou bien il s'en foutait ? Elle s'imaginait blablater dans le vide depuis ces dernières minutes pendant que lui n'entendrait que du vent, focalisé qu'il serait sur les lèvres qu'il se serait donné l'objectif d'embrasser. C'était bel et bien le cas. Will était assez désorientée. Elle ne savait pas trop si elle devait s'amuser de tant d'aplomb ou juste être offusquée. En tout cas, il est clair qu'il ne suffisait pas de lui dire ça pour qu'elle cède et se précipite vers lui pour l'embrasser à pleine bouche. C'est sûr qu'il était plutôt beau garçon et qu'elle le trouvait à son goût, tout du moins physiquement, mais elle n'était pas à ce point désespérée quand même.

-Ca marche vraiment, ta méthode, là ? demanda-t-elle alors en laissant bien entendre combien elle la trouvait hasardeuse, si ce n'est absurde. En même temps, vu que ce qu'il recherchait était assez évident, il devait bien croiser de temps en temps l'une ou l'autre demoiselle aux "ambitions" similaires, mais clairement, elle n'en était pas. N'essaie même pas, le prévint-elle alors en s'écartant un peu ne serait-ce que pour rendre ses lèvres un peu moins accessibles à celles du jeune homme qui, de toute évidence, n'avait pas froid aux yeux, loin de là. Je crois que je te fais perdre ton temps et toi le mien, tu devrais peut-être essayer de vendre ton baratin à quelqu'un d'autre, dit-elle en balayant le pub du regard. Bon, il n'y avait pas l'embarras du choix, ceci dit. C'est peut-être pour ça qu'il avait fini par jeter son dévolu sur elle, en désespoir de cause. Mauvaise pioche. Ou pas.

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ilhelmina était étonnée de voir son interlocuteur rester. Elle s'attendait à ce que le jeune homme, en constatant qu'il n'avait pas ses chances avec elle, n'insiste pas davantage et décide d'aller voir ailleurs, mais ce n'était pas le cas. Il restait là, il insistait. Soit il était persévérant et n'aimait pas "perdre", soit il avait vraiment envie de faire sa connaissance et s'y prenait juste d'une manière déplorable. Dans tous les cas, s'il se montrait un peu plus... vrai, dans les prochains temps de la discussion, elle pourrait envisager de reconsidérer son point de vue sur lui. Dans tous les cas, elle n'avait rien de mieux à faire que de lui consacrer du temps. Sans se l'avouer, il était assez possible que cela ne lui déplaise pas tant que ça que de se laisser séduire... Mais pas de n'importe quelle manière non plus. Bref, elle attendait de savoir ce qu'il avait à dire et quelle approche il allait adopter dorénavant vis-à-vis d'elle. Au moins il avait l'intelligence de rebondir sur la question qu'elle avait posé précédemment, et ce n'était pas une mauvaise chose en soi. Même si ça les engageait forcément sur un terrain quelque peu dangereux. En tout cas très glissant, c'est certain.

-Je n'attends pas que tu me dises ce que j'ai envie d'entendre. Ou ce que tu crois que j'ai envie d'entendre, répondit-elle sans cesser de le fixer.

Est-ce qu'elle n'en jouerait pas, sachant que son regard ne lui déplaisait pas selon ses propres dires ? Peut-être, peut-être... Il se pouvait après tout qu'elle ne soit pas aussi insensible qu'elle le prétendait non plus. Mais pas au point non plus de tout accepter, et en l'occurrence, sa prochaine réponse pourrait être assez déterminante.

-Je veux que tu me dises ce que tu penses réellement.

Pour être séduite, il devrait logiquement avoir du fil à retordre, parce qu'elle ne devrait pas se laisser tenter par la présence de quelque sorcier que ce soit. Mais elle jouait peut-être un peu trop le jeu en fin de compte... malgré quelques potentiels ratés, il faut bien le dire. En attendant, Terrence l'intriguait réellement sans qu'elle puisse dire exactement pourquoi, d'ailleurs. C'était juste comme ça... Il l'intriguait et elle voulait en apprendre plus sur lui. Pas pour l'image qu'il daignait dévoiler de lui, et qui lui paraissait par certains aspects biaisés. Est-ce qu'il était juste ce jeune aristocrate qui pensait n'avoir qu'à croiser les doigts pour obtenir qui il voulait, ou n'était-ce qu'une façade, qui renfermait d'autres choses, plus intéressantes ? C'était ce qu'elle avait envie de comprendre et de découvrir, s'il lui en laissait l'occasion.

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ne fois de plus, Will avait le sentiment que Terrence se dérobait à ses questions, et ça avait tendance à la contrarier. Elle ne saurait expliquer pour quelles raisons exactement, mais elle s'intéresser sincèrement à l'opinion du jeune homme et elle avait envie de creuser sous la surface, de comprendre ses vraies intentions, ses vraies aspirations, et il y faisait obstacle. Peut-être qu'il n'aimait pas être mis à nu (pas de cette façon, du moins), mais ça donnait à la jeune femme le sentiment de ne pas savoir précisément à qui elle avait affaire... et elle n'aimait pas ça. Elle avait besoin de cerner les gens, et encore plus quand ces personnes lui apparaissaient comme autant d'ennemis potentiels. Puisque Terrence était un sorcier, il en faisait naturellement partie. Ce qui n'était pas forcément juste de sa part, au passage, parce que la jeune femme de son côté était loin de se dévoiler et de se montrer honnête envers son interlocuteur. Il y avait deux poids, deux mesures, somme toute. Mais ça, elle ne pouvait rien contre.

En attendant, il n'avait sans doute pas tort en affirmant que puisqu'il se trouvait toujours là en face d'elle, c'était sans doute un bon indicateur de ce qu'il pensait. Mais elle n'en était pas certaine. Elle était convaincue du fait qu'il ne la croyait pas une seule seconde quand elle avait présumé qu'elle était une moldue. A partir de là, il était simple d'arguer tout et n'importe quoi. Et qu'il soit capable de draguer une moldue ne faisait pas forcément de lui une meilleure personne. Le jeune homme avait tout l'air d'être un collectionneur. Peut-être qu'il se moquait de la nature de la chair tant qu'elle avait ce qu'il fallait où il fallait, puisqu'il ne la reverrait pas de toute façon... C'était peut-être le souci de Will. Elle n'avait pas envie d'être considérée comme du gibier au tableau de chasse du jeune homme. Elle avait envie de compter pour lui, d'une façon ou d'une autre. C'était absurde parce qu'elle venait de le rencontrer, mais on a tous envie de faire forte impression sur les personnes que l'on rencontre, surtout quand elles savent si bien aiguiser notre intérêt de leur côté, non ?

-Pourquoi tu es là, d'ailleurs ? Qu'est-ce que tu cherches à obtenir de moi exactement ? Elle n'était pas naïve, elle le savait très bien, et il s'était montré beaucoup trop explicite un peu plus tôt pour qu'elle ait le moindre doute à ce sujet, au passage. Tu ne m'auras pas, alors tu aurais peut-être intérêt à consacrer ton énergie à quelqu'un d'autre.

Mais quelque part, elle aimait bien qu'il s'acharne autant. Il ne faut pas le nier, c'était flatteur.

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atégorique, Will l'était bel et bien, beaucoup trop, même, elle était radicale et entière dans ses positions. Et elle l'était plus que jamais depuis la mort de ses parents. C'était un véritable problème, chez elle, elle était parfaitement incapable de se remettre en question. A aucun moment, elle ne prenait la peine d'admettre qu'il pouvait y avoir plus de nuances de gris dans ce monde que la vision très manichéenne qu'elle en avait. Aussi, oui, elle avait réussi à se convaincre, en quelques minutes de conversation qu'elle et Terrence ne dépasseraient jamais le stade du flirt tous les deux. De toute façon, c'était mieux comme ça. Elle le savait, elle ne devait pas sympathiser avec les sorciers, si elle le faisait, ça devait être du jeu, de la manipulation, rien d'autre... Bon, elle avait déjà le sentiment d'avoir dérogé à cette règle à plus d'une reprise depuis les débuts de son "infiltration". Elle pouvait bien faire preuve de mauvaise foi, prétendre par exemple qu'elle se servait de Carlotta uniquement parce qu'elle lui permettait d'avoir un logement facilement, mais ce serait un mensonge, bien évidemment que c'en serait un... Comme elle mentait en affirmant que Terrence ne l'invitait à aucun intérêt. Si ça devait être le cas, elle aurait mis un terme à cette conversation bien plus vite et bien plus radicalement, pour le coup. Là, elle laissait toujours à Terrence l'occasion de rebondir sur ces propos, elle faisait durer la conversation, et elle ne le devrait vraiment, vraiment pas.

-Je ne suis pas une chose, répondit-elle comme si elle n'avait pas compris alors qu'elle avait très bien cerné ce qu'il entendait parler, mais toutes les occasions de le refroidir étaient bonne à prendre. Et je ne suis pas facile non plus, précisa-t-elle dans un fin sourire.

Mais peut-être plus prompte à céder que ce qu'elle voulait bien admettre réellement. Elle n'avait, à vrai dire, pas vraiment envie qu'il s'en aille trop vite. Elle jouait à un jeu dangereux, mais elle avait envie de connaître et de comprendre son interlocuteur. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que le jeune homme n'était pas juste cette façade lisse et séductrice qu'il lui présentait jusqu'ici... Si ça se trouve, elle se trompait, mais elle avait envie de croire le contraire. Sauf qu'apprendre à se connaître, c'était un véritable risque.

-Tu veux me séduire ? Il va falloir que tu donnes un peu de ta personne. Je ne m'intéresse qu'aux personnes qui ont un minimum de... profondeur... Et pour l'instant, je ne vois qu'un charmant minois, rien d'autre.

Bon, d'accord. Lui reconnaître un charmant minois, c'était sans déjà bien trop le flatteur. Mais bon, ça avait le mérite d'être honnête, tout du moins.

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ill ne releva pas quand son interlocuteur évoqua le charmant minois qu'elle avait défini comme tel. Elle ne reviendrait pas là-dessus. D'une, elle se doutait qu'elle ne lui apprenait rien parce que si le jeune homme n'avait pas conscience d'avoir un physique avantageux, il ne jouerait sans doute pas les dragueurs invétérés avec tout ce qui bouge comme elle avait le sentiment que c'était le cas. De deux, s'il ne lui plaisait pas un tant soit peu physiquement, elle aurait mis un terme à leur discussion bien plus tôt, ce qui n'était pas le cas... c'est vrai, il était son type d'homme, et c'était flatteur que de susciter l'intérêt d'un jeune homme aussi bien fait, mais Will avait besoin d'un cerveau bien fait pour aller avec le physique de rêve... et dans l'idéal, il faudrait surtout que le jeune homme ne soit pas un sorcier mais ça, hein... Elle ne releva pas davantage quand il affirma que donner un peu de sa personne n'était pas pour le déranger. Le sous-entendu n'était pas bien difficile à comprendre en l'occurrence, et même si quelque part, elle l'avait sans doute cherché, elle n'avait pas l'intention de l'encourager pour autant. Elle était toujours déterminée à mieux comprendre et connaître ce jeune homme qui prenait tant de soin à conserver sa carapace que la jeune moldue ne pouvait s'empêcher de se dire que cela dissimulait quelque chose. Quand il affirma qu'elle se rendrait bien vite compte qu'elle avait besoin de lui, elle ne sut, en revanche, s'empêcher de sourire. Il ne manquait vraiment pas d'air... mais oui, c'était comme ça depuis le début. Et depuis le début, ça lui plaisait assez.

-Pour le moment, j'ai comme l'intuition que c'est plutôt toi qui a besoin de moi, observa la jeune femme, le regard malicieux. Et elle ne pensait pas se tromper, au passage, parce qu'il insistait tant et tant, il semblait si déterminé à la séduire qu'elle parvenait à penser que par certains aspects, il avait peut-être en effet besoin de sa présence... même si ce n'était certainement que pour satisfaire l'un ou l'autre désir pour le moins primitif. Je ne vois pas pourquoi j'aurais besoin de toi, je ne sais même pas qui tu es.

Elle en savait de plus en plus, c'est vrai, mais il y avait la façade et l'envers du décor, et si la façade ne la laissait pas insensible, comme elle avait bien voulu le reconnaître, ce n'était pas là-dessus qu'elle avait le plus l'intention de s'attarder. Elle en avait fait le tour (en quelque sorte). Il voulait insister, eh bien, elle insisterait aussi de son côté. Sans l'ombre d'une hésitation.

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Q

uelque part, Will était incapable de ne pas trouver attirante l'assurance avec laquelle son interlocuteur s'exprimait, et en même temps, cela la rendait curieuse. Est-ce que c'était tout ? Est-ce qu'il était seulement un jeune homme sûr de lui, lisse et séducteur, avec ce petit je ne sais quoi qui contraignait la gent féminine à ne pas lui être indifférente ? Ou se révélerait-il plus intéressant qu'il ne le laissait paraître ? Elle n'en savait rien, mais elle avait l'irrésistible envie de lui laisser sa chance, d'entendre ce qu'il pouvait bien avoir à lui dire, à lui apprendre surtout. Il ne tenait que lui de la convaincre du fait qu'elle finirait par avoir besoin de lui, sans l'avoir vu venir... Une remarque qui n'était sans doute qu'une énième accroche séductrice mais qui devrait trouver confirmation dans le futur. Le jeune homme ne réalisait certainement pas combien son petit discours allait se révéler prémonitoire, et elle non plus. Ils jouaient leurs destins sur une conversation en dents de scie, à laquelle ni l'un ni l'autre ne semblaient capables de mettre un terme. Quelque chose se jouait dans leurs regards, dans leurs attitudes, dans leurs sourires, dans l'inflexion de leurs voix. Des presque rien, mais qui avaient leur importance. Une importance que Will n'était pas capable de réaliser tout à fait. La seule chose qu'elle comprenait, c'est que son insistance à vouloir mieux connaitre son interlocuteur, comme une manière à se chercher un prétexte à ce qui faisait qu'il lui plaisait, dissimulait sans doute un peu plus que de la curiosité.

-Tout, répondit-elle, sans doute trop honnêtement, quand son interlocuteur lui demanda ce qu'elle voulait savoir de lui. C'était plus ou moins la vérité, elle espérait de lui une transparence qu'elle-même ne serait pas capable de lui rendre puisque même si elle était normalement d'un naturel sincère, sa nouvelle vie reposait entièrement sur un mensonge méticuleusement élaboré. Je me fiche du Terrence que tu montres à tout le monde et qui fait tomber les filles comme des mouches. Moi, je veux connaître le Terrence que tu ne montres jamais à personne. Bref, elle voulait qu'il se mette à nu... mais au sens figuré, précisons-le quand même (quoique, au sens propre...). Elle l'observa avec intensité. Tu dois bien avoir des rêves, des espoirs, des regrets, des faiblesses, pas vrai ?

Tout le monde en avait. Elle compris. Elle considérait même qu'elle en avait définitivement beaucoup trop. Et peut-être que ceux de Terrence la convaincraient qu'ils n'étaient définitivement pas faits pour se plaire en dépit de ce que laissaient supposer les apparences - ce qui vaudrait mieux, car elle jouait définitivement à un jeu dangereux qui allait à l'encontre de tous ses nouveaux principes. Peut-être pas.

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